[Terminé] Everybody's full of Sugar Honey Ice & Tea ft. Morgan Morbius

« C’est pas possible de guérir si bien d’une maladie, hé ! Vous me prenez pour un jambon ? » La comparaison le fait sourire avec amusement car il est loin de se douter que Thomas soupçonne quelque chose de véritablement précis ; il garde alors son air détendu, se contentant d’hocher son menton de gauche à droite en disant, d’un ton léger : « Non, je n’oserai pas. » Il s’apprête à poursuivre en disant que des gens guérissent tous les jours de maladies graves — et heureusement d’ailleurs, mais l’attitude de son interlocuteur le met de nouveau mal-à-l’aise…

Thomas retire ses lunettes en affichant une mine suspicieuse, obligeant Morgan a esquissé un geste de recul en fronçant brièvement ses sourcils, n’osant même pas lui répondre, de peur d’attiser de nouveau sa curiosité. Mais, force est de constater que Thomas n’a pas besoin de plus : il esquisse un pas en avant, Morgan un pas en arrière, en fronçant davantage ses sourcils, gêné de ce rapprochement soudain. Non pas qu’il s’imagine des choses mais, eh, l’espace personnel, ça lui dit quelque chose ? « Qu’est-ce que vous regardez comme ça ? » Heureusement que Morgan est bonne pâte, d’autres auraient rapidement épuisé leur patience avec une telle intrusion…

« Depuis quand l’hôpital transforme les mourants en mutants, hein ? »  Qu’est-ce qu’il raconte, celui-là ? Fronçant légèrement les sourcils, un peu surpris de l’accusation, il rétorque sans trembler : « Je ne suis pas un mutant. » Il ne ment pas, alors son visage ne laisse rien trahir ; il y a mutation génétique, mais il n’est pas un mutant comme on l’entend. C’est différent. La vraie question est : est-ce que Thomas considère les mutants comme des erreurs de la nature ? Avec tout ce qu’il se passe en ce moment, difficile de ne pas se montrer méfiant devant son attitude. « Je ne vous cache pas que cette conversation me met mal-à-l’aise, en tous cas… » dit-il en haussant ses sourcils, laissant échapper un petit rire nerveux tout en faisant un pas sur le côté, juste au-cas où. Il est plutôt nerveux, le Thomas, et il a un penchant pour la violence alors… Il est préférable de rester prudent.

Il est têtu, celui-là. Morgan a beau insister sur le fait que, non, il n’est pas un mutant, le tatoué revient à la charge sans se départir de son idée, qui n’est certes pas tout à fait fausse. Mais comme il ne se considère pas comme un mutant, n’étant pas né avec cette mutation génétique, il ne se sent pas concerné ; peut-être parce qu’il ne l’est pas depuis assez longtemps pour se reconnaître dans ce terme.

Après avoir été examiné sous toutes les coutures par l’œil inquisiteur de Thomas, Morgan recule inconsciemment d’un pas en fronçant les sourcils, visiblement mal-à-l’aise d’avoir été passé au scanner. « Loin de moi l’idée de vous offenser m’sieur le docteur, j’avais oublié que c’était dangereux ici. » Le seul qui semble dangereux, ici, c’est lui. Il comprend mieux pourquoi il a fait preuve d’une telle violence à l’égard du directeur du super-marché, même si ce dernier n’est peut-être pas aussi innocent qu’il voulait le faire croire. « Pourquoi dangereux ? » demande-t-il en haussant l’un de ses sourcils, les mains toujours dans les poches de son sweat, en regrettant un peu de s’être attardé dans cette conversation…

Cela ne fait pas assez longtemps qu’il est sorti du Raft, et il y a fort à parier que la grâce obtenue par le SHIELD a fait la Une des journaux, sous l’indignation des familles des victimes. Alors, même si Thomas affirme ne pas être son ennemi, il reste un peu sur ses gardes. Le tatoué insiste, il veut savoir et le ton de sa voix change pour quelque chose qui ressemble étrangement au désespoir… Est-ce qu’il est lui-même victime d’une mutation qui malmène son quotidien ? À première vue, cela ne se voit pas… Les rôles s’inversent car c’est désormais Morgan qui le dévisage, son regard tombant pour remonter le long de sa silhouette, à la recherche d’un indice. « Ce que vous avez ? » Il pose la question mais devine fort bien qu’il était sur le bon chemin ; l’animal enragé qui se tient devant lui est bien victime d’une mutation dont il aimerait se défaire.

Tout à coup, un air attristé passe sur le visage de Morgan quand il presse ses lèvres l’une contre l’autre, cherchant comment formuler la sentence qu’il s’apprête à prononcer. « Je ne suis pas spécialiste du gène X, mais je n’ai jamais entendu quelqu’un être ‘’guéri’’ d’une mutation. Cependant, je pourrai me renseigner, sans parler précisément de votre cas. » Il a mimé les guillemets avec ses doigts pour la notion de guérir, car il ne la trouve pas adéquate dans cette situation mais c’est peut-être parce qu’il ne connaît pas celle de son interlocuteur. « Il y a cependant toujours moyen d’atténuer les effets d’une mutation indésirable, disons. Quelle est votre mutation, Thomas ? » En cet instant, il a oublié la méfiance et la curiosité de son vis-à-vis, car il fait ce qu’il aime et ce pourquoi il est doué : aider les autres.

« Bah, avec tous ces trucs anti-mutants qu’il y a partout en ce moment… » Les Héritiers, et tous les idiots qui se sont affilés à eux par la suite, propageant la haine et l’intolérance à l’égard des porteurs du gène X, comme au temps des chasses aux sorcières. Le Docteur était au Raft lors de ces exactions, aussi, il n’a pu avoir qu’un oeil retardataire sur les sombres évènements : lorsqu’il est sorti de sa prison hautement sécurisée, les attentats étaient passés depuis quelques semaines, et les commémorations en l’honneur des victimes, faîtes. « Je comprends. » Affirme-t-il néanmoins d’une voix apaisée, en saisissant à présent la légitime méfiance de son interlocuteur, dont il l’a contaminé ; ils n’ont peut-être aucune raison d’être méfiant l’un envers l’autre, après tout ?

L’homme qui lui fait face est donc mutant — cela explique la force décuplée, et l’effort que Morgan a dû fournir pour le repousser du vieil homme blessé, mais il est tout de même surpris puisqu’il pensait que son flair lui permettait de détecter les mutations… Le sang des mutants, pour lui, a une odeur  toute particulière, différente des humains dépourvus de pouvoirs. Des effluves qu’il ne peut détecter pour l’heure, même en se concentrant sur celles qui émanent de la peau tatouée ; est-ce que son odorat n’est pas aussi performant qu’il le croyait ? « Hmm hmm, le gène X. Ok. Et vous pouvez savoir pour moi…mais… » La phrase suspendue l’oblige à arquer l’un de ses sourcils tandis qu’il plisse légèrement ses paupières, à la fois curieux et impatient. « Je suis pas un mutant. Enfin je suis pas…né comme ça. » Voilà qui complique à la fois les choses, tout en les simplifiant ; il n’est pas porteur du gène X, raison pour laquelle le flair du Vampire ne détecte rien d’anormal dans son sang, en revanche, cela signifie que, comme lui, la mutation a opéré sur le tard, et pas d’une voie dès plus naturelle sans doute. « C’est-à-dire ? » Ses mains s’enfoncent dans les poches de sa veste tandis qu’il commence sérieusement à se demander sur qui il est tombé.

« Ma peau, mes os…c’est pas gênant. » C’est pas gênant d’en avoir ? De quoi il parle ? « Enfin si mais c’est supportable au quotidien, je m’y suis habitué.  » Il s’est habitué à QUOI ? Ostensiblement, le tatoué  évoque de supposés problèmes comme s’ils étaient évidents pour le reste du monde mais, en l’état actuel de leur conversation, Morgan n’arrive pas à saisir ce qui cloche avec sa peau et ses os, outre la force prodigieuse dont il est doté. « La vue, c’est plus chiant. Ca donne mal à la tête, et le soleil est putain d’insupportable parfois. J’ai l’impression que ça se développe aussi. Mais le pire…le pire, c’est les sons. J’entends tout, toujours. Jamais droit au repos. Plus le temps passe, pire c’est. Ces trucs, là… » Donc cela touche les sens ; la vue et l’ouïe précisément. « Les autres sens sont également touchés ? » Demande-t-il d’un air concerné, en pliant ses genoux quelques secondes, avant de balayer la rue d’un regard circulaire, à la recherche d’un endroit où s’asseoir puisque, visiblement, ils n’ont pas fini de converser et, en l’occurence, cette conversation l’intéresse grandement.  « Ca réduit un peu, mais c’est pas efficace à cent pour cent. » dit-il en désignant les appareils qui ornent ses oreilles, et qui l’oblige à pencher sa nuque pour les observer. Il a l’air de vraiment souffrir de cette situation… Ce qui explique, sans nul doute, la colère. « J’ai l’impression de devenir complètement taré à mesure que le temps passe. Je dors plus…j’ai des hallucinations parfois…j’ai tout testé, rien ne marche. » « Vous n’êtes pas taré, Thomas. » tente-t-il de le rassurer, sincère dans sa démarche, en affichant un sourire qui se veut à là fois confiant et réconfortant. « Vos hallucinations sont auditives ou visuelles ? Ou les deux ? » Si elles sont psycho-sensorielles, cela peut sûrement s’apparenter à des acouphènes songe-t-il tout d’abord ; cela se soigne, surtout si elles ne sont pas pleinement installées, mais reste à savoir si l’hallucination ressemble à de la musique, des bruits blancs ou même une voix. « Et je commence à m’habituer à ces trucs, donc je sais que dans quelques années, ils serviront plus à rien.  » Un pincement de lèvres désolées, car Thomas a raison. « J’ai besoin d’aide…de votre aide. Si vous êtes médecin, vous avez fait voeu d’aider votre prochain, non ? Alors…vous allez pas me laisser tomber, hein ? » Il prend une fine inspiration en sentant, bien évidemment, toute la détresse que cet homme porte en son coeur. Cela ne le laisse pas indifférent, bien sûr, mais il ne s’est jamais occupé d’une autre mutation que la sienne alors, est-il la meilleure personne pour lui porter secours ?

Homme de sciences, il lui faut reconnaître qu’il a déjà quelques pistes en tête pour tenter de remédier aux problèmes de Thomas ; mais son problème à lui réside dans le fait qu’il n’a plus son laboratoire à disposition, et encore moins son argent à porter de mains. Son laboratoire a été saisi, toutes ses recherches ont été récupérées par le SHIELD, et ses comptes en banque sont gelés. Il ne va pas tarder à les récupérer, mais pourra-t-il en faire ce qu’il souhaite ? « J’aimerais vous aider, Thomas, sincèrement. Mais je me dois d’être honnête : j’ai besoin de tout savoir pour tenter de trouver une solution à vos problèmes. Je ne suis pas spécialiste mais ce que vous me décrivez ne me semble pas être sans solution. » Un nouveau regard circulaire, il passe la pointe de sa langue sur ses lèvres avant de jeter un regard à la montre qu'il porte à son poignet. « Je ne peux malheureusement pas rester... » La faute à ce foutu bracelet électronique qui lui impose des horaires de sortie. « On peut se retrouver, ici, demain ? » Une fois l'accord trouvé pour les retrouvailles, le Vampire accorde un dernier sourire à son acolyte du jour avant de prendre congé, regagnant rapidement son appartement pour ne pas se faire taper sur les doigts par le S.H.I.E.L.D.