Raven est finie mais ne l’admet pas encore. L’infirmier, dans sa tentative de la rassurer, lui énonce néanmoins qu’elle va devoir être évacuée. Diablo est sur la fin. Il a néanmoins encore une tâche et demi à accomplir. La situation est tendue. Ça passe ou ça casse mais I’m the Lucky One : ça va passer.
« Je pourrais transporter deux personnes… trois peut-être, déclare le téléporteur, mais pas plus.
- Deux suffira, le rassure-je, ou du moins tente-je de le rassurer. J’ai déjà les @robeez là-bas. »
Je n’apporterais rien à y aller physiquement. Sachant que je comprends pleinement le doute lorsque je vois Diablo vaciller et s’appuyer contre le mur après sa dernière téléportation. Il a besoin d’une pause, oui. Espérons que l’injection d’adrénaline s’il y a danger compensera cela, sachant que s’il n’y a pas danger il n’aura pas à dépasser ses limites. L’agent Muller prend les devant et dégage le truc corrodé pour découvrir ce qui doit être un accès aux égouts ; ce qui expliquerait en partie l’odeur insupportable des Slimes et ne me fait pas avoir envie de savoir ce qu’ils ont consumer… surtout que j’en ai une excellente idée à présent. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se mange… beurk.
Mes @robeez sont suffisamment proches pour entendre son diagnostic, lequel m’arrange : on ne peut pas aller plus loin, il faut juste sécuriser ce point. Chose que l’agent énonce également et que son acolyte marron, en plus d’être verte de ses actions de bleue précédentes, s’empresse de faire. Comme on sécurise la zone ? Avec un champ de décharges électrostatiques ! Y’a pas de câbles entre ses mini-pièges à tank, ce qui signifie qu’ils doivent tous posséder un potentiel électrique différent et maintenu ainsi malgré le courant électrique qui se transfert de l’un à l’autre ! Enfin Bref, pas le moment de geeker… même si je veux définitivement savoir comment ça marche. Et que je me doute qu’on me l’expliquera pas. Juste que je ne suis plus certaine que l’agent Brown soit une électrokinésiste. Je me prends à soupçonner le génie technologique. Faut que j’obtienne son numéro. Enfin Bref².
Laissant là la sécurisation qui me distrait plus que je ne l’y suis utile, j’entreprends de faire un tour des @robeez d’observation des Slimes. Le tentaculaire semble rendre l’âme, ou au moins perdre conscience, ce qui me fait à la fois craindre qu’il ne fasse le mort donc soit encore dangereux et espérer qu’on puisse le récupérer par la suite. Quand on aura les renforts et le matériel nécessaire. Niveau espoirs, il faut qu’ils ne soient pas noyés par l’ardeur des soldats du feu.
C’est le cas de la baguette de Slime, qui se dissout dans et sous l’eau. Il y aura surement des échantillons à récupérer dans l’étang également mais je pense pas tellement que celui-ci puisse faire le mort…
La flaque continue son écoulement au plus loin de nous et s’en va vers l’enclot des léopards des neiges, évacué par ceux-ci depuis un moment même s’il est possible qu’il y en ait un d’anesthésié pas trop loin. Je sais plus. Y’a pas d’humains, ça c’est sûr.
Ce qui différentie avec la situation du Slime rebondissant qui découvre que rouler c’est plus rapide et le fait de bon cœur à direction de la sortie que représente son entrée et qu’on vient de fermer quoi qu’il arrive. Je resélectionne le groupe d’@robeez proche du groupe d’alliés et active le transmetteur vocal.
« Boule de Slime en approche, émet la synapse, audible par-dessus les bourdonnements de ses collègues et elle-même. Faites attention à vous. Et à elle. Double sens. »
Diablo est chargé de la sécurité et je lui fais confiance pour continuer à le mener à bien comme il l’a fait jusqu’ici. Je demande aussi aux agents de ne pas être agressif envers le Slime, même s’il y a une forte probabilité qu’il se grille tout seul si mon anticipation de son point de fuite est bonne. Voilà qui me fait me tendre en plus de mon odeur corporelle : est-ce que je laisse le point de fuite ou est-ce que je laisse l’électrisation dans l’intention de récupérer ce qui restera ? Mon cœur me dit de laisser fuir. Mon intellect me dit de laisser s’électriser. Mon visage, mes épaules et mes paupières se baissent.
Je ne sais pas combien de secondes j’ai pour décider.
« Cessez le feu, cris-je aux pompiers pour me donner le temps de réfléchir, alors que je ne l’ai pas. Enfin l’eau. Enfin vous m’avez comprise ! »
Les deux Slimes mobiles semblent hors de portée et je ne veux pas qu’ils infligent à l’immobile le même sort qu’au dernier. Maintenant, force est de constater qu’ils peuvent n’en faire qu’à leur tête. Et que je n’ai pas le temps de la leur prendre, la tête. Juste à me prendre la mienne.
Je continue de le faire en tâche de fond en sélectionnant un groupe d’@robeez relativement massif afin de leur commander un "Ery" puis de sélectionner le Slime inerte aux tentacules fondus. Les cinquante drones s’en vont planter leurs dards dans la matière et l’aspirer pour échantillonnage. J’espère que ni l’acidité du Slime ni l’engouement des pompiers ne me couteront mes créations mais j’en risque un petit nombre dans ces hypothèses. Cela permettra également de vérifier si le truc fait le mort ou pas du tout.
« Agents, si le Slime tente de s’échapper par les égouts, pourriez-vous le laisser faire ? »
C’est demandé. J’ai le visage grave et concentré sur mon écran, prêt à avertir les policiers sur la route au-delà du mur si jamais la boule de Slime trouve un moyen de franchir le second et devient une menace pour les premiers. Tout en faisant cela, j’évalue les dégâts : matériels, lourds ; animaux, lourds à modérés ; humains, inexistants. Des blessés oui mais pas des morts. Voilà qui me fait pousser un soupir de soulagement.
Assise les fesses dans l’herbe je n’arrive pas à me remettre du choc électrique. Habituellement j’encaisse mieux que cela, ou du moins mon temps de récupération est beaucoup plus rapide. Cependant, j’ai mis tellement d’énergie à tout faire pour protéger les enfants que je ne me sens plus capable de rien.
Même marcher me semble une douloureuse épreuve, et sans aide, je n’y arrive pas. Heureusement Kurt et l’infirmier sont là, cependant j’arrête mes bénédictions mentales pour le dernier. Il veut m’emmener à l’hôpital.
Mon sang se glace alors qu’il appelle de l’aide pour me mettre sur une civière. Je secoue la tête vivement, en levant le bras devant moi pour bien faire comprendre que je refuse. Et que personne n’ose me contredire car, muée par la peur je pourrais faire des choses que je regrette.
- Hors. De. Question.
Cette fois ci je hache les mots par fatigue, mais également par pur procédé verbal pour bien faire comprendre qu’il n’y avait pas moyen que j’aille à l’hôpital. De toute façon ils ne pouvaient pas m’embarquer contre ma volonté. J’étais lucide, je parlais plus ou moins, j’arrivais à réfléchir plus ou moins, à me mouvoir plus ou moins mais j’avais encore assez de force pour casser les bras qui oseront s’approcher de moi ça j’en étais sure.
Déjà que sous forme humaine je refusais catégoriquement, alors … Sous forme bleu pas moyen. Je levais un peu la tête pour faire dépasser mes yeux du grand chapeau sous lequel je me cachais. Mon regard …. on aurait dit un tigre prêt à bondir sur sa proie. Que personne n’ose s’approcher de moi. Il y avait beaucoup mieux à faire comme s’occuper des boules de Slime qui avait encore changer de couleur, mais je devais bien avouer que je ne suivais plus rien de ce qu’il se passait. Ils étaient seuls. Ils étaient une multitude. Ils allaient y arriver.
Raven & Co ; N-Y City.
(c) ANAPHORE
Undisclosed
desires
"Have you ever looked at a tiger and thought you ought to cover it up? You are an exquisite creature, Raven. All your life the world has tried to tame you. It’s time for you to be free."
Kurt s'attendait bien sure a la réponse de Raven lorsque les secouristes affirmèrent qu'ils devaient l'emmener a l'hôpital pour une échographie. C'était pour le bien des bébés, mais le jeune mutant n'avait pas le temps de tenter de la convaincre avec cet argument, étant déjà appelé a téléporter deux agents vers le point d'entrée et le probable point de fuite des Slimes, ou du Slime? Impossible de dire si ils étaient plusieurs ou un seul.
Ce fut la téléportation de trop, Kurt avait besoin d'un temps de récupération. Les agents qu'il venaient de transporter installèrent ce qui ressemblait a un piège électrifié sur la bouche d'égout et il pria pour ne pas avoir a assurer une autre téléportation en urgence qui aurait raison de son endurance.
«Boule de Slime en approche, Faites attention à vous. Et à elle. Double sens.» Un regard vers la boule en question qui pouvait être éviter par un pas de coté. Mais c'est un nouvel ordre de Lucy qui allait changer la donne. Elle voulait laisser le Slime s'échapper. En même temps, elle avait pu obtenir son échantillonnage. Mais la créature d'origine inconnu ne serait-elle pas dangereuse en ville? C'était la crainte a avoir a la laisser s'échapper par les égouts et mettre a sac un autre lieu publique. Kurt laissa les agents prendre la décision sur ce point, ne se sentant pas habilité pour assumer une tel responsabilité
L'infirmier resta muet quelques secondes face au refus catégorique de sa patiente. Il ne s'était pas attendu à un tel rejet. Cependant, ce n'était pas la première fois qu'il avait affaire à quelqu'un qui refusait les soins. Les raisons étaient diverses : impossibilité de payer les frais médicaux, peur des aiguilles, peur des blouses blanches, ou simplement "ne pas croire" en la médecine. Il n'avait pas vraiment le temps de tenter de l'amadouer tant qu'il n'était pas certain que les bébés étaient en sécurité, il usa donc directement de l'arme sentimentale :
"Madame, vous avez reçu un choc électrique énorme. Même si je peux entendre leurs cœurs maintenant, rien ne m'assure qu'ils passeront la nuit. Il faut absolument faire un échographie, vérifier qu'il n'y a pas de séquelles. Est-ce que vous pourriez vous pardonner s'ils étaient blessés, handicapés ou pire, juste parce que vous ne voulez pas aller à l'hôpital ?"
Il n'aimait clairement pas user de ce genre d'argument et jouer sur les sentiments, mais sa vocation n'était pas de laisser tomber les gens dans le besoin, donc il devait en passer par là, même si ça allait à l'encontre de ses convictions. Il indiqua d'un geste aux brancardiers qui arrivaient de rester à distance, et attendit le verdict.
Pendant ce temps, une boule bleutée aux reflets irisés désormais roulait de plus en plus vite, n'étant à présent plus gênée par les lances à eau que les pompiers avaient accepté d'arrêter, faute de pouvoir encore lutter. À une centaine de mètres, deux agents écoutaient les instructions des abeilles robot, ce qui était déjà bien étrange en soi, et l'agent Mullins leur répondit avec un air interrogateur :
"Vous voulez quoi ? Attendez, on ne va pas laisser s'échapper cette chose après tout ce qu'elle vient de faire ! Pourquoi vous voulez qu'elle fuie ?"
L'agent Brown ne pipait pas mot mais acquiesça à la question de son supérieur, tout en gardant à l'œil la boule bleue qui roulait plus ou moins dans leur direction. Cette fois, elle était prête à saisir le mutant bleu à bout de force pour l'emmener à l'écart si c'était nécessaire.
La flaque continuait paisiblement sa route vers l'enclos vide des léopards, reprenant un peu de volume à mesure qu'elle s'éloignait du lieu de conflit. Son teint tirait encore sur le vert, mais le bleu dominait de plus en plus sa texture gélatineuse qui semblait réduire à néant toute l'herbe sur son passage, laissant une parfaite piste que n'importe qui pourrait suivre sans peine.
Une forme de calme était revenu dans le zoo déserté. Les animaux qui n'avaient pas pu s'enfuir s'étaient tus, cachés dans leurs abris tandis que la menace s'éloignait. Les lances à eau avaient cessé leur flux incessant, et les @robeez, générant le seul bruit notable aux environs, purent prélever leurs échantillons sans peine : il semblait que l'aspect caustique des restes du fragment tentaculaire en était réduit à son minimum et ne présentait plus de danger.
Raven n’a pas l’intention de se faire emmener à l’hôpital et je ne m’en préoccupe pas.
Diablo est à bout et ne prend aucune initiative.
L’agent Mullins m’interroge : pourquoi ?
Mes épaules sont basses.
Ma face est basse.
Mes paupières sont basses.
« Laisse-le mourir. »
Je suis prise d’un frisson. Depuis mes poignets jusqu’à ma gorge. La chair de poule lui succède. Je déglutis. Je rouvre les yeux et j’appuis sur le transmetteur.
« Si la décharge ne le tue pas, vous l’aurez acculé. Il attaquera. On n’est pas en état pour un second round. »
Et ils sont hors de portées des lances à eaux. Sans soutien. Sans réel contrôle du terrain que celui empêchant le Slime de s’enfuir. Slime qui grossit. Slime qui verdit. Slime dont les autres parties semblent réellement mortes. Les @robeez prélèvent sans peine les échantillons de l’inanimé tandis que le dissout ne doit pas être dans un meilleur état. Si l’électricité avait pu capturer les Slimes en fuite, j’aurais accepté. Mais il y a déjà eu suffisamment de morts pour aujourd’hui. Aucun humain, non. Mais une esplanade pleine de phoques écrasés par les véhicules d’intervention. Mais des singes et des pandas consumés. Pour ce que je peux voir.
J’inspire profondément, par le nez.
« Belle justification. »
Je me tourne vers Nathan. A mon côté, il me regarde désormais que les pompiers ont arrêté de tirer à défaut d’accorder son attention à son téléphone. Son visage est fermé. Impassible. Professionnel. Il n’a pas donné un ordre. Il a donné un conseil. Je ne l’ai pas suivi. Il est déçu. Moi aussi.
« Tu ne peux pas sauver tout le monde. En particulier l’ennemi.
- Notre travail auprès du SHIELD est de s’assurer qu’ils ne soient pas nos ennemis, proteste-je froidement.
- Bonne chance pour les convaincre après ça. »
Je soupire, lui pas. Il a raison. J’ai trouvé une belle justification tactique au fait que je voulais juste éviter un mort de plus ; la moitié de la colonie de Slime y est déjà passée et j’ai le pressentiment que cela créera des problèmes par la suite. Quoi qu’on fasse. C’est comme avec la Forêt Sombre en guise de réponse au Paradoxe de Fermi : prendre le risque de dévoiler son existence c’est prendre le risque d’être assassiné par surprise par ceux qui ne l’ont pas fait. Ne pas annihiler une civilisation qui n’a rien en commun avec la nôtre c’est prendre le risque, présent ou à venir, qu’elle nous annihile. Le seul moyen d’être certain que les Slimes ne fassent plus le moindre mal c’est de les exterminer ; de leur faire du mal. C’est une façon de penser que je désapprouve. Si les règles de l’évolution s’appliquent pareil à tous les organismes, et il n’y a pas de raisons que l’adaptation et la sélection le fassent différemment où que l’on soit dans l’univers, alors le fait d’être sociable est un avantage évolutif. Abeilles, fourmis et espèces conscientes le prouvent. La société galactique à laquelle appartiennent les Gardiens de la Galaxie est basée sur la coopération et non la destruction mutuelle. On peut y arriver si on prend le risque et le chemin le plus difficile. Sauf que cette décision n’est pas mienne à prendre : c’est celle des deux agents. Ont-ils obtempéré ? Ont-ils évité le risque immédiat et créé le risque à venir ? J’ai déjà des plans pour limiter le risque à venir. Cela fait plus d’un mois que j’ai donné lesdits plans à l’agent Carthew.
« I’m the Lucky One. »
Je rabaisse le regard sur mon téléphone pour voir si la barrière électrostatique a été éteinte ou si elle est toujours active. Ainsi que les conséquences que cela implique.
J’étais hors jeu. Je ne pouvais pas aider pour le moment alors je laissais la main. Ce n’était pas dans mes habitudes mais Lucy avait déjà pris le leading de cette mission. Cela amuserait sans doute bien mes détracteurs qui disaient que j’avais du mal à laisser le contrôle et à lâcher prise. Tiens. Dans les dents bande de mauvaises langues. Même avant d’être électrocutée et miraculeusement toujours en vie je n’avais pas fait des pieds et des mains pour imposer mes idées. J’étais peut-être un peu partie sans demander mon reste mais c’était déjà un progrès non ? Et puis si ces imbéciles du S.H.I.E.L.D n’étaient pas intervenu je ne saurai pas assise dans l’herbe à menacer du regard le pauvre infirmier qui tente de me faire admettre à l’hôpital.
Encore une chose de plus à mettre sur ma liste contre le S.H.I.E.L.D → ils ont au sein de leur rang des agents stupides et incompétents. Hauts les cœurs Célestine. On n'est pas prête de travailler ensemble et je dois dire que cela ne me dérange pas tant que cela. Le discours de l’infirmier me donne un haut le cœur cette fois ci. Il essaye de jouer sur ma fibre maternelle et sur la santé de mes enfants. A vomir. Pas de chance. Il est tombé sur moi. Et dire que je suis têtue serait … assez faible pour me désigner.
- Je. Refuse.
Deux mots. Très clairs. Très simples. Pas besoin de plus. Je devais économiser mes forces pour protéger mes enfants et reprendre une forme humaine le plus rapidement possible même si sous le manteau de Lucy et le chapeau d’une inconnue je faisais moins tâche, bleue, que je ne le pensais.
Pendant ce temps, la joyeuse bande s’activait autour du Slime dont le temps était compté.
Raven & Co ; N-Y City.
(c) ANAPHORE
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"Have you ever looked at a tiger and thought you ought to cover it up? You are an exquisite creature, Raven. All your life the world has tried to tame you. It’s time for you to be free."
Alors qu'il récupérait doucement à l'arrière de la confrontation, Kurt suivait des yeux les mouvements des différents morceaux du Slime qui semblait plus ou moins chercher à se reconstituer. Particulièrement une boule, de la taille d'un ballon de foot qui semblait doucement virer du vert au bleu, créant ainsi des reflets irisés. "Bleu c'est bien" disait Lucy. Cela voulait il dire qu'avec cette couleur azuré, le Slime ne représentait plus une menace?
"Apparemment, s'il est bleu, c'est bon signe. Ca veut dire qu'on peut le laisser partir... je crois."
Dit-il à l'adresse des deux agents, espérant que Lucky savait ce qu'elle faisait en donnant ses ordres « Si la décharge ne le tue pas, vous l’aurez acculé. Il attaquera. On n’est pas en état pour un second round. » arguments imparable, en tout cas, lui n'était plus en mesure actuellement d'assurer la sécurité de qui que ce soit. Il était donc hors de question de subire un ultime excès de colère du Slime.
Les deux agents semblaient réfléchir, notamment Mullins qui semblait être pris d'un sacré dilemme. D'un côté, il était certain que la créature poserait d'autres problèmes une fois qu'elle se serait échappé, ce qui retomberait sur lui à coup sûr. D'un autre côté, l'argument de Lucy était recevable : presque tout le monde était épuisé, et une blessée, qui plus est par leur faute. Il devait admettre qu'en tant qu'Agents du SHIELD, ils n'avaient pas brillé cette fois.
Il jeta un regard à sa subordonnée qui lui répondit d'un simple hochement de tête, et Mullins se résigna à suivre la décision de Lucy. Il fit retirer le piège qui retrouva sa place dans les poches de l'agent Brown.
"Au moins écartons-nous de sa trajectoire." dit-il à l'intention du mutant téléporteur, "Bon signe ou pas, mieux vaut éviter les risques."
La boule de Slime s'était en effet nettement rapprochée pendant la cogitation de l'agent. De plus, ses mouvements erratiques étaient devenus plus fluides, devenant visiblement capable de se tenir à une direction plutôt que d'errer aléatoirement. Ce n'était ni leur direction ni celle de la bouche d'égouts qu'il prenait, laissant une traînée d'une incroyable propreté dans son sillage. Arrivé à une vingtaine de mètres d'eux, il avait soudainement viré au sud-ouest, se dirigeant vers les grilles séparant le zoo de la rue, comme s'il évitait la bouche d'égout.
Les @robeez permettaient de constater que la direction en question ne comprenait pas de forces de police : celles-ci étaient concentrées au niveau des entrées et sorties du zoo, pas les barrières grillagées dont les interstices étaient à peine assez grands pour laisser passer un lézard. Malgré l'impossibilité de bloquer tout le zoo, la police avait cependant pris soin de mettre en place une déviation, aussi n'y avait-il ni véhicule, ni passants.
La flaque, quant à elle, venait d'entrer dans l'enclos des léopards qui soit n'étaient plus présents, soit étaient inconscients. La flaque ne s'intéressa pas à eux, persistant obstinément dans sa trajectoire qui allait, tôt ou tard, l'amener à l'extérieur du zoo.
_______________
L'infirmier dut se résoudre et accepter son échec. Cette patiente n'était pas raisonnable, mais c'était son choix, lui ne pouvait que le suivre. Il soupira pour évacuer son stress et tâcha de rester professionnel malgré l'immense envie qu'il avait de la gifler pour lui remettre les idées en place. Son métier lui demandait de faire abstraction de ses sentiments personnel, ce qu'il fit plutôt bien.
Après avoir laissé à la mutante des compresses hydratantes et une crème pour soigner ses brûlure, il s'abstint de lui recommander quoi que ce fut et repartit avec les brancardiers vers son ambulance. Ce n'est qu'une fois dans le camion, à l'abri des autres oreilles, qu'il pesta copieusement dans des propos qu'il serait malvenu de relater ici...
Le piège a été retiré, c’est un soulagement. Le Slime a changé de direction, c’est une surprise.
A-t-il identifié la présence humaine comme une menace ? Possible. Probable. Problématique. Avantageux aussi, pour l’heure.
Des @robeez continuent de suivre la boule de Slime alors que celle-ci s’en va vers un point de fuite dénué d’humains. Impressionnant qu’elle soit capable de le percevoir et j’ai déjà plusieurs hypothèses sur le comment. Maintenant que le danger n’est plus présent, la curiosité revient. L’étude arrivera. Pour l’heure, il s’agit de terminer ce qui arrive ici. Cela à l’air plutôt bien parti pour la boule alors je change de fenêtre d’observation pour m’en passer aux @robeez qui suivent la flaque.
Elle s’en va vers le premier point de fuite, si ma mémoire est bonne : l’enclot des léopards des neiges. Il y en a au moins un d’anesthésié sur la partie piétonne, le premier à s’être échappé. Quoi qu’il me semble être bien plus proche de l’enclos à grizzli. Je sais plus si d’autres se sont échappés et ont été anesthésiés sur la trajectoire adoptée par la boule bleue striée de vert. Mon visage se plisse alors qu’yeux et sourcils se froncent. J’ai pas envie que des chats meurent mangés ! Enfin, encore moins que la moyenne des animaux.
« Merci ma Chance, souffle-je de soulagement lorsque je constate que la flaque ignore les carpettes involontaires ! C’est fini…
- Je dirais plutôt que ça vient de vraiment commencer. »
Je quitte mon téléphone pour fixer mon ami. Ne m’en déplaise, je sais qu’il a raison. J’ignore pourquoi le SHIELD n’a pas réussi à localiser les Slimes en un mois et quelque. Certes, ma proposition de drones capables d’analyser les odeurs était un investissement important mais cela valait le coup non ? Pour trouver les odeurs des Slimes, tout filtrer était la méthode D mais, à partir du moment où les lieux de stockage de curiosité sous les ponts ont été localisés, il aurait dû être possible de remonter jusqu’à la colonie qui les alimentait. Une équipe cynophile aurait peut-être même suffit ! Après, dans l’improbabilité où les Slimes n’aient pas d’odeur, la surveillance de leurs nids aurait dû permettre d’en observer et donc d’en pister. Est-ce que l’agent Carthew et le SHIELD n’ont pas pris l’espèce au sérieux ? J’en sais rien. Je suis celle qui semble en savoir le plus dans cette histoire et je ne sais pas grand-chose. Après, comme souligné par Nathan, les choses devraient s’accélérer à présent. Litière, j’ai déjà Rocket à accompagner et j’ai besoin de me jeter à corps perdu dans quelque chose qui me fasse du bien pour pas craquer de mon côté. Il faut forcément que tout s’accumule en même temps. Forcément !
Je pali alors que j’autoalimente ma tension. Prendre conscience de cela me permet d’essayer de me calmer et de ne pas me perdre dans mes pensées. J’ai décidé de jouer sur le long terme mais je ne dois pas être aveugle au présent et il me reste à faire. Après quelques pas, je surplombe Raven avec un visage aussi doux que j’y parviens.
« Passe quand même faire un tour chez le gynéco en qui tu as confiance, d’accord ? »
Inutile de se battre pour cela. Plus professionnel que moi vient d’y échouer et l’état de ses enfants n’a qu’une importance par compassion, pour moi. Je peux pas tout gérer, quand bien même j’aimerai. D’autant que notre relation est bien plus ambigüe que celle avec Rocket et que Raven est bien plus susceptible de m’envoyer chier.
« Merci pour la preview d’un défilé de mode, tâche-je de dire avec un fin sourire. Je te veux encore plus comme modèle maintenant. »
Il me semble lui avoir déjà dit que la métamorphose est mon pouvoir préféré. Par contre, j’ai pas encore dû évoquer le fait que je comptais négocier pouvoir m’essayer à la sculpture sur métamorphe, en conscience qu’elle refuserait de le faire, afin d’obtenir qu’elle utilise sa métamorphose pour me faire toutes les tenues d’un défilé de mode. Si le fait qu’elle soit enceinte gâche pas mal son physique, j’aurais bien aimé qu’elle fasse le défilé sous forme bleue : j’ai déjà exprimé que sa forme naturelle est une œuvre d’art, jouant sur la complémentarité des couleurs primaires comme sur l’association des textures, et c’est quelque chose que j’aurai bien utilisé pour canaliser ma créativité comme lui faire comprendre qu’elle peut être appréciée pour sa véritable apparence. Après, dans l’état où je suis, je me dis que c’est un doux rêve qui n’arrivera jamais.
Regard dans le vide sur fond d’Elsa floue, je reste plusieurs secondes à réfléchir avant de me détourner. Je dois parler aux agents. Ainsi qu’à Diablo. Ils devraient revenir à pied vu la fatigue de celui-ci. Téléphone toujours en main, je fais quelques pas vers eux.
« J’espère que vous êtes venus en véhicule, dis-je à Diablo lorsque l’on arrive au niveau de l’autre. Si non, voyez avec Enzo pour qu’il vous serve de chauffeur avec mon bus. Enzo, c’est le chevelu. »
J’attends sa réponse avant de le laisser aller jusqu’à Raven, quoi qu’il puisse le faire même s’il ne me dit rien puisque je vais pas l’empêcher de faire quoi que ce soit alors que je propose mon aide, puis de me tourner vers les agents du SHIELD. Eux, j’aimerai les garder loin de l’Elsa jusqu’à nouvel ordre.
« Les échantillons devraient nous permettre de traquer les Slimes, leur explique-je. Le SHIELD est sensé travailler sur des drones à traqueur odorifique depuis… fin septembre, je dirais. Je suis consultante, je n’ai pas toutes les informations. »
Je suppose bien qu’eux non plus. L’agent Carthew doit être la mieux renseignée puisque c’est elle qui m’emploie et s’occupe logiquement de l’affaire. Je ne doute pas qu’elle ait tenu ses engagements et qu’il y ait des explications sur l’absence de communication à propos des avancées ; incluant la probable absence d’avancées. Il faut bien dire qu’entre les découvertes sur les Masques et l’interpellation de Luke Hunt ayant abouti au contentieux avec Joseph Rowles, j’ai légèrement fait plus que ma consultance. Dans tous les sens, ce qui est un double sens d’ailleurs. J’ai des regrets mais surtout de la fatigue, actuellement.
« Je vais vous suivre avec des @robeez pour vous fournir les échantillons. Mes prochains rendez-vous sont aux 18 heures… 06PM… mais je peux les manquer. En revanche, ce n’est pas le cas de ceux de demain. »
Avec ma main libre, je viens saisir le poignet qui tient mon téléphone et j’accorde un regard aux Slimes en fuite à travers l’écran. Mes épaules sont basses et je sais que je suis partie pour des heures de débriefing avec le SHIELD. Encore.
« Pour mon amie, pouvez-vous la laisser aller consulter afin de vérifier la santé des bébés avant de prendre sa déposition ? »
J’ai le numéro de Raven depuis hier et la certitude que le SHIELD le sait déjà ; au moins les agents dédiés à la récolte d’informations par invasion de la vie privée. A partir de mon téléphone, ils peuvent avoir le sien. Je sais suffisamment comment les logiciels d’espionnages fonctionnent pour savoir que c’est aisé. Ce que je ne sais pas c’est si Raven me laisserait dans la merde en refusant de se présenter à une convocation du SHIELD après ce que les agents lui ont fait. Je ne pense pas, d’une part parce qu’elle me mettrait en défaut et d’autre part car ça serait stupide puisqu’elle pourrait être poursuivie pénalement pour son refus d’obtempérer et qu’elle a beaucoup trop à cacher pour ainsi attirer l’attention sur elle. D’où ma demande. Cela ne signifie pas que celle-ci sera acceptée puisque Raven a refusé l’évacuation médicale et que c’est peut-être contre la procédure de la laisser, ainsi que Diablo, partir avant d’avoir pris les dépositions. Tout comme ce n’est pas forcément dans la procédure de ne pas arrêter de suite un criminel qui se rend ou de refuser l’emploi des laboratoires du SHIELD au profit de laboratoires privés pour les analyses après cette arrestation. Autrement dit : est-on vraiment à ça prêt ?
J’étais ferme. J’étais catégorique. Il était hors de question que je me rende à l’hôpital. La seule personne qui faisait mon suivi c’était Lynda. J’irai faire une échographie de contrôle dès que nous serions rentrés à la maison et qu’elle serait disponible. Histoire d’être sûre que tout allait bien pour les bébés. Peut-être aussi pourrait-elle regarder mes brulures pour le moment j’étais encore sous le choc elles ne me faisaient pas souffrir. Mais ce n’était qu’une question de temps. Juste histoire que l’adrénaline redescende et que je retrouve mes esprits et ma perception de la douleur.
Il était clair et net que ma réponse n’enchantait absolument pas l’infirmier. Mais il n’avait pas à se soucier de moi, j’avais pris ma décision seule et je l’assumerais jusqu’au bout. Il n’était pas encore né l’être humain qui me verrait me rendre à l’hôpital pour me faire soigner. J’aurai toujours trouvé une solution … un vétérinaire par exemple. C’était bien les vétérinaires.
Je récupérais les produits pour mes blessures d’un hochement de tête, en répondant un petit merci mais … Je voyais sur son visage qu’il prenait sur lui pour ne pas me secouer et m’enfermer de force dans une ambulance direction l’hôpital le plus proche. Je les fourrais dans les poches du manteau de Lucy en grimaçant légèrement lorsque je bougeais. Ca y est. Je commençais à ressentir la douleur de mes brulures. D’ailleurs je ne préférais même pas muter au risque d’avoir mal.
Mes idées s’éclaircissaient un peu au fur et à mesure du temps mais je n’étais plus du tout dans la mission. J’étais le petit boulet, à côté d’un lampadaire, les fesses dans l’herbe.
Kurt finit par venir dans ma direction, je l’interroge d’un regard muet en lui demandant d’un simple regard comment il va puis je tends la main vers le lampadaire et je m’accroche comme feraient les singes pour me redresser. Une fois debout, mes jambes tremblent, et une douleur me transperce le corps je retiens un petit cri et je m’accroche de toute mes forces à ce maudit lampadaire. Il me faut quelques longues secondes avant de pouvoir le serrer un peu moins et de tenter de marcher. Je ne suis pas stable et chaque pas tire sur mes brulures mais j’ai connu pire.
Je lance un regard à Lucy alors qu’elle parle d’une consultation avant une déposition. Pour le moment ils peuvent toujours courir. J’ai autre chose à faire. Je cherche d’ailleurs du regard les deux incompétents du S.H.I.E.L.D et je les foudroie du regard. Récemment, je n’avais regardé personne de la sorte. Mon regard, jaune était si intense et si remplis de sous-entendus qu’il ne laissait entendre que très peu d’interprétations, mais il pouvait y avoir : « Je vous retrouverai ». « Je vous le ferai payer ». « Vous allez souffrir. » « Incapables » et d’autres joyeusetés du genre.
Avec des efforts importants et l’aide d’un soutient humain je me dirigeais vers la sortie du parc. Enervée contre moi-même de n’avoir servi à rien sur la fin de cette mésaventure.
Raven & Co ; N-Y City.
(c) ANAPHORE
Undisclosed
desires
"Have you ever looked at a tiger and thought you ought to cover it up? You are an exquisite creature, Raven. All your life the world has tried to tame you. It’s time for you to be free."
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