« Les secours vont arriver, nous confirme Enzo avec plus de froideur que nécessaire, rabaissant son téléphone mais le gardant en main. Méthode rencontre en foret avec fermeture des portes si possibles.
- Faut qu’on sécurise la zone sinon on ne pourra pas agir auprès des blessés, répond Nathan, toujours à l’observation de la scène. What the… »
Occupée avec l’observation satellite de la zone et le recadrage afin de pouvoir commencer le déploiement des @robeez, je ne les écoute pas réellement jusqu’au juron étouffé. Là, mon instinct et ma curiosité me disent de relever le nez.
« Quoi ?!
- Y’a un mec qui fait du rodéo téléporté !
- Pardon ?! »
Sans doute est-ce parce qu’il est mon avocat et que j’ai un minimum de bon sens mais je suis d’accord avec lui : pardon ?! Une panthera unica c’est entre 40 et 55kg. L’inconnu fait pas du rodéo, il fait du catch ! J’en serais presque à plaindre le léopard qui ne joue pas avec sa catégorie de poids mais je m’en abstiens car il y a encore tout un tas de gens plus lourds qui sont tout autant en panique et ont potentiellement fait plus de blessés que lui durant le bazar.
Laissant là ma paire de deux essayer de faire du bluff plus efficacement qu’au poker, je me concentre sur le contrôle du terrain. On a un mutant "avec" nous, et un téléporteur qui plus est. Si on était capable de se coordonner, ça serait génial. Du coup on va partir du principe qu’on y arrivera pas ; d’autant qu’il était à l’autre bout du couloir, logiquement. Dans le nôtre, on a les oiseaux marins, qui représentent une menace secondaire si l’on excepte Les Oiseaux d’Hitchcock et Les Pingouins de Madagascar, qui sont des manchots pas manchots d’ailleurs. En somme, à part le Grizzly qui fait l’angle du bâtiment et nous sépare du reste, nommément la zone tempérée d’où provenait le léopard, on est plutôt safe sur notre position. Merci ma Chance.
Cela signifie aussi que les blessés faits avant nous doivent se trouver dans la zone tempérée ainsi que, au pire, dans le couloir qui mène à la zone tropicale. Couloir d’où ne proviennent plus de cris humains tant les singes des neiges hurlent forts. Trois moyens pour y aller : passer par l’intérieur, qui s’accompagne des risques d’attaque de l’ours s’il sort, passer par l’extérieur, qui s’accompagne des risques de croiser encore des mouvements de foule en provenance de l’ouest, et rester sur place en attendant que les @robeez arrivent. Dans les premiers secours, on se protège, on avertit et on agit auprès des victimes. On est bien installés, là, non ?
Merci ma Chance.
Et remercie ma Chance : si le couloir qui passe devant le Grizzly et devant la partie arctique va jusqu’à la zone tropicale, le territoire tempéré est à ciel ouvert. Cela va me faciliter le déploiement.
« Employés sur zone, averti Nathan en sortant de son couvert et en rangeant son glock pour éviter toute mécompréhension. Pas de fusils hypodermiques.
- Pistolet ?
- T’es conne. @robeez ?
- Oui. Au deux. »
Les choses sont un petit peu plus compliquées que cela, en vrai. Non sur ma bêtise mais bel et bien sur les @robeez. Le territoire tempéré est, comme toute zone analogue, couvert de foret. Des feuillus. Ça rend l’observation satellite impossible et je vais donc devoir me contenter des transmissions des @robeez synaptiques pour essayer de guider les ouvrières. L’IA de Queenie étant plus que capable de calculer les trajectoires, je ne crains pas tellement les collisions ; juste réussir à donner les bonnes indications.
Sourcils froncés, je regarde l’écran de mon téléphone où la vision Google Maps s’accompagne de pleins de petits points de localisation de différentes couleurs ; les groupes d’@robeez. Cliquer sur un, c’est accéder au système audiovisuel de l’élément de coordination ; la synapse. C’est elle qui sert de relais de contrôle, et exclusivement de cela, entre les @robeez et Queenie ; sachant que l’on est connectés à celle-ci via nos téléphones et qu’elle nous entend comme nous voit grâce à eux. D’où que je lève régulièrement la main droite pour la faire entrer dans le champ de ma caméra téléphonique pour faire un chiffre avec les doigts et déclarer l’une des syllabes de commandes avant de tracer un trait sur la carte ou sur le visuel voire de sélectionner un individu. Puisque le contrôle va devoir se faire au visuel, autant avoir deux paires d’yeux.
« Zo, coop’.
- Ok.
- Les singes font le bazar et les lions de mer s’y mettent, constate-je avant d’envoyer des paquets de 50 @robeez encercler leurs positions.
- Tu penses que le Propofol va faire effet ?
- Singes et léopards, oui. Lions de mer… »
Non, je ne me souviens pas du poids de ces bestioles. Elles ne sont ni des félins, ni des inspirations de peluches m’ayant rendue curieuse.
« Intimidation d’abord, on pique jusqu’à ce que ça tombe ensuite.
- C’est ça.
- Asseyez-vous, nous avertit Nathan, toujours en vigilance sur la situation immédiate. Sait-on jamais que les hiboux sortent de la volière, autant qu’ils passent par-dessus. »
Obtempérant, je me laisse glisser dos contre le mur sans quitter mon écran des yeux ; jusqu’à ce que mes lunettes de soleil ne glissent à leur tour sur mon nez. En voilà une idée qu'elle est plutôt bonne ! D’ici une minute ou deux, on va avoir des injections de sédatifs à délai d’action de 30 à 50 secondes et durée d’action de 5 à 10 minutes (sur des humains, évidemment, et à dosage correct, évidemment aussi, autant dire qu’on y va à vue de nez avec le lait d’amnésie). Dommage que la douleur à l’injection puisse être importante… mais on fait avec ce qu’on a.
« Zo, singe et lion. M’occupe des léos.
- Ok.
- Si t’as un indice sur ce qui s’passe.
- Oui.
- Panique animale ?
- Cause ?
- A trouver.
- Merci. »
Je vais me permettre de plaindre les blessés se trouvant encore proches de l’enclos des léopards. Y’en a deux avec des lacérations sévères et je ne sais pas combien de renversés voire piétinés avec au mieux des hématomes et au pire des fractures… pour les survivants. Après les gris pâles de l’animal évadé, ce sont des insectes blancs qui vont commencer à leur passer au-dessus. Tout d’abord, je vais tâcher de guider les @robeez pour l’intimidation : humain ou bestiole, personne n’aime quand une nuée d’insectes se dresse sur son chemin. Cela devrait me permettre de maintenir les animaux dans leur enclos ou de faire rater les sauts de ceux qui tentent d’en sortir. Quant à ceux qui réussiraient, c’est l’injection, ou plus exactement les dix injections, de sédatif auquel ils auront droit. Voilà qui devrait offrir le temps nécessaire à l’action auprès des victimes. Reste à transmettre l’idée. Là, même si les @robeez synaptiques peuvent transmettre ma voix moyennant voxcodage, je pense que ça va pas être la même limonade. Heureusement que les américains ont un haut taux de formations aux premiers secours et on est New York : au bout d’un moment, ils sont signés quoi ! Après, il en reste pas des masses en bon état.
« Pratique des premiers secours demandée, émettent certaines @robeez dans la nuée, audibles par-dessus le bourdonnement. Pratique des premiers secours demandée. »
Pour les individus au niveau de l’enclos des lions de mer, dans le jardin central, l’essaim vient former une barrière volatile et grouillante afin d’essayer de parer à l’évasion prochaine des animaux. Pour ceux qui forceront le passage, ce sont des nuées de 50 @robeez qui leur fondront dessus afin d’injecter les sédatifs puis de se replier. Les blessés étant également présents du fait des chutes et des bousculades, la demande étrangement faite mais parfaitement logique dans la présente situation sera également répétée.
Au niveau des singes, l’essaim se positionne au-dessus de l’eau du côté des bâtiments. La situation est la plus complexe mais l’intervention est prête également ; pas groupe de 10, cette fois.
Enfin, pour les plus observateurs, une quatrième nuée vient se poser sur les toits vitrés du bâtiment devant les enclos des manchots et des oiseaux marins.
La situation semblait des plus critiques. Tous les animaux devenaient fous, et j’ignorai encore la raison. Mais c’était visiblement les seuls à le sentir. Cela n’affectait pas les êtres humains ou les mutants. Un raz de marée ? Un tsunami ? Peut-être … Alors que je courais en direction des cages qui présentaient pour moi le plus de risques, je vis Kurt disparaitre pour aller s’occuper d’un léopard des neiges qui semblait faire régner la terreur.
Il le maitriserait sans soucis, je ne m’inquiétais pas pour cela. Et d’ailleurs alors que j’analysais la situation, debout sur un banc, alors que la foule semblait vouloir toute fuir dans une même et unique direction, celle de la sortie. Mes yeux se plissèrent en voyant un grizzly qui semblait lui aussi vouloir sortir de sa cage.
Voilà un adversaire à ma taille. Heureusement le grizzly n’était pas l’ours le plus gros, alors peut-être que …
- Kurt ! Dans l'enclos de l'ours, emmene moi !
D’un mouvement de tête, alors que le jeune homme finissait d’étourdir sa monture, je lui demandais de me téléporter à l’intérieur de son enclos où l’ours semblait devenir fou. Une seconde plus tard, une fois Kurt, sorti à l’extérieur, mon apparence de jeune fille blonde se transforma en un ours Kodiak dépassant largement celui dont je pénétrais le territoire. Personne n’avait du me voir, et de toute façon, tout le monde était beaucoup trop afféré à sauver la peau de ses fesses. Ha si …. Tiens des soigneurs. Rare et courageux. Tant pis.
A quatre pattes, sous la forme de cet ours immense, je fermis les yeux un court instant pour me concentrer et être capable d’imiter le cri de cet animal. Le grizzly se tourna vers moi sans comprendre ce qu’il lui arrivait. Peut-être qu’il chercherait à attaquer le nouveau venu dans son enclos plutôt que de vouloir à tout prix s’en échapper.
La tête ensanglantée, il me regarda, et je pus lire le désespoir et surtout la peur dans son regard. Mais ce n’était pas ma présence qui l’avait rendu dans cet état. J’avançais alors de quelques pas dans sa direction. Laissant à nouveau échapper un son sourd, indiquant sa grotte d’un mouvement de la tête. Allait-il suivre ma direction ? M’attaquer ? Ou bien continuer de vouloir s’échapper par tous les moyens ?
Raven & Co ; N-Y City.
(c) ANAPHORE
Undisclosed
desires
"Have you ever looked at a tiger and thought you ought to cover it up? You are an exquisite creature, Raven. All your life the world has tried to tame you. It’s time for you to be free."
Un léopard de maitrisé, une dizaine d'autres prêt a suivre l'Example de leur camarade en franchissant la barrière de leurs enclos et les hurlements assourdissant des singes qui n'arrangeaient pas vraiment l'état d'alerte. Dificile de savoir qui d'entre ces derniers et les visiteurs criaient le plus fort. Dans la panique, Kurt ne fit pas attention au fait qu'il avait retrouver sa forme originelle suite a sa lutte contre le léopard, qui avait eu raison de sa montre holographique. Il n'eu pas le temps de paniquer lui même, ou du moins, pas a cause du fait d'être exposé tel qu'il était a la vue des visiteurs, de toute facon trop occupé a fuir pour s'en préoccuper, car les grognements de l'ours le rappelèrent au moment présent. Si celui ci continuait sur cette voie, c'est lui qui sortirait de son enclos et dans ce cas, il y aurait déjà plus de masse a téléporter. Mais Raven avait une autre idée...
"Tu es sure ? C'est dangereux, tu as vu le bestiau ?!"
Inutile. Le jeune mutant connaissait suffisamment bien Raven pour savoir qu'il ne valait mieux pas raisonner celle ci quand celle ci avait prit une décision, aussi déraisonnable qu'elle soit. Il ne chercha donc pas a argumenter d'avantage et la téléporta dans l'enclos du grizzly:
"Bonne chance. Je reste dans le coin !"
Il se téléporta tout de même a l'extérieur et resta attentif a ce que faisait Raven, prêt a évacuer celle ci en urgence en cas de complications, avec ou sans son accord. Une étrange nuée d'insecte survola la foule et Kurt resta un moment fixé dessus, se demandant d'où ils pouvaient bien venir, quand une voix féminine sembla provenir de l'essain. Les premiers secours. Pour le jeune mutant, c'était une première: il n'avait jamais rien vu de tel. A ce moment la, il fut prit dans une bousculade et Une fois au sol, il eu tout juste le temps de se téléporter en hauteur pour éviter d'être piétiné, restant accroché a un des poteaux qui portait les panneaux d'indication, au dessus de la foule. De la, il pouvait voire ou en était Raven, alors qu'il chercha des yeux l'origine des curieux insectes secouristes
L'arrivée soudaine de nuées d'insectes de provenance inconnue suffit à faire céder ce qu'il restait de courage aux employés du zoo. Face à ce nouveau problème, ils étaient encore plus impuissant que face à des animaux en panique. Si quelques uns s'arrêtèrent dans leur fuite lorsqu'une voix retentit, semblant provenir de l'essaim, ils n'écoutèrent presque pas ce qui étaient dit et prirent les jambes à leur cou, jugeant que la situation était définitivement ingérable.
La foule avait désormais vidé totalement les lieux et il ne restait plus personne à l'exception de Raven, Kurt, Lucy, Enzo et Nathan, ainsi que les deux personnes qui avaient été gravement blessées par le léopard et qui tentaient de se traîner tant bien que mal vers la sortie malgré la perte de sang conséquente. Au loin, entre les cris des singes et le vrombissement des @robeez, on pouvait parfois distinguer des sirènes de police, d'ambulance et de pompiers. Les secours n'allaient pas tarder.
Les essaims n'eurent pas d'effet intimidant que sur la foule : les animaux, face à cette nouvelle menace, nettement plus visible que celle qu'ils tentaient de fuir, tâchèrent de s'éloigner de ces nuées, abandonnant par la même occasion leurs tentatives d'évasion. Cependant, les singes comme les lions de mer se blottirent tous hors de l'eau, à distance respectable des insectes robots, visiblement terrifiés.
Dans son enclos, le Grizzly devait faire face à un nouveau venu : un autre ours, nettement plus gros que lui. L'animal était terrifié et désormais acculé, percevant cette intrusion comme une menace. Il se dressa de toute sa hauteur sur ses pattes arrière, levant ses pattes avant et rugissant à l'encontre de l'intrus, cherchant à l'intimider. Il était acculé et prêt à attaquer si l'intrus approchait, peu importait sa taille.
Du côté des léopards, l'arrivée de l'essaim les avaient contraints à descendre de l'arbre et à se réfugier dans le fond de leur enclos. Ils avaient l'air de fixer anxieusement quelque chose dans leur enclos, qui devait se trouver quelque part au centre. Certains poussaient même des cris plaintifs.
Lucky, minette, je sais que pas mal de tes neurones sont déshydratés mais va quand même falloir les utiliser. Oui, j’emplois les @robeez à effrayer les animaux et j’oublis au passage que les humains sont des animaux donc que les syllogismes veulent que j’effraie aussi les humains ! La gueule de bois est légère et la mauvaise foi importante mais j’ai les deux.
Après, j’ai aussi mon avocat qui m’interroge rhétoriquement.
« Qu’est-ce qu’ils font ces cons ? »
Lesquels spécifiquement ?
« Si tu veux parler des employés, ils font un repli stratégique, déclare un Nathan qui est blasé par la situation à défaut d’être étonné. Si tu veux parler du téléporteur, il vient de se transformer en gros ours dans l’enclos du grizzly. Il doit vraiment aimer le rodéo.
- T’es sur que c’est pas du catch ?
- Tu veux aller leur demander ?
- Euh…
- Merci.
- Un partout la balle au centre. »
Je suis multitâche, même si inclure un peu de reste de soirée dans le lot signifie que je ne fais pas forcément tout bien. Merci ma Chance, d’un côté mon contrôle de zone commence à fonctionner et à maintenir les bestiaux dans les enclos et d’autre part il n’y a pas l’air d’avoir de piétinés ; juste les deux lacérés. Moins de blessés c’est toujours un plus et une paire, si on réussit à récupérer le téléporteur, ça se met rapidement à l’abris. Certes, ils se trainent par terre et ils vont chopper toutes les saloperies possibles dans leurs blessures mais on verra les infections une fois qu’ils auront survécu ; chose pour laquelle ils sont encore plus motivés que nous.
« On a deux blessés au niveau des léopards, nulle part ailleurs, avertis-je. Va falloir bouger. Vous me suivez ?
- Oui.
- Non. »
Délassant mon écran des yeux, je fixe mon avocat. C’est pas le moment de jouer aux trois avis et il le sait.
« Les animaux fuient quelque chose. Les singes attaquaient l’eau. »
Par ma Chance, j’ai des frissons à cette information. Si c’est dans l’eau, c’est arrivé par les égouts. C’est possiblement n’importe où sous le complexe. Et suffisamment gros pour que tous les animaux le perçoivent aux vibrations, comme un tremblement de terre. Si on peut éviter de faire face à un truc contre lequel je ne pense pas les @robeez très efficace, ça serait cool. C’est mort de chez mort, on va avoir un truc du genre.
« Okay. Lu, avis.
- C’est de la litière.
- Constructif.
- C’est sous terre, c’est gros et c’est en train de remonter.
- On récupère les deux gus et on se casse. Zo, tu ouvres la marche.
- Reçu. »
Délaissant son téléphone mais le gardant une nouvelle fois, mon avocat se relève. Je le sais car j’en fais de même. Ce qui nous permet de rattraper Nathan, qui bondit d’un coup. Comme Enzo mène, on sait qu’il faut passer par l’extérieur ; chose cohérente puisque les lions de mer sont coincés par les @robeez et qu’on a un combat de cage entre ursidé à éviter. Après, est-ce qu’on réussira vraiment à l’éviter considérant que le chemin le plus court vers les léopards des neiges et les blessés passera à une volière et un mur de l’enclos problématique ? Et on pare aussi du fait qu’on va devoir longer le parc des singes qui est rempli d’eau ?
« Stop, ordonne-je vivement avant de me tourner vers Nathan. Jo, il nous faut le téléporteur.
- Lu…
- Je veux aller demander, le coupe-je froidement, sentant mon cœur battre à tout rompre face à la peur et l’adrénaline. Tu prends la tête et la porte.
- Al Capone.
- Yep, confirme-je, ayant la référence de celui qui a déclaré "on obtient plus facilement en demandant poliment avec une arme à la main qu’en demandant juste poliment". Zo, sit’.
- Reçu.
- Go. »
Nathan franchit l’angle dans le sens inverse de ce qui était prévu quelques secondes plus tôt. Longeant le couloir face à l’enclot des manchots et autres oiseaux marins, toujours très occupés à vouloir s’échapper, on avance vers celui de l’ourse. A mi-chemin, on a la double-porte menant au jardin central et Nathan bifurque afin de la maintenir ouverte ; l’exacte inverse de ce qu’on nous a conseillé mais tant pis. Arrêtés sur cette position, Enzo et moi reprenons nos téléphones.
Je sélectionne rapidement le groupe d’@robeez sur le toit et trace du doigt un chemin les faisant revenir vers le jardin puis lève mon poing fermé face à ma caméra téléphonique. Un "Paul" plus tard et je me désigne moi. Le clique ensuite pour avoir l’affichage audiovisuel d’une @robeez synapse sur mon téléphone et j’entreprends d’avancer afin de voir au mieux l’affrontement entre les ours.
Les drones suivent le trajet puis s’en viennent passer autour de Nathan pour investir le couloir. Si mes calculs sont bons, je dois en avoir 2.500 à ma protection actuellement et ça fait un sacré nuage qui vole derrière moi. Ça pourrait être classe si j’avais pas l’impression de faire la plus grosse connerie de ma vie et ma Chance sait que j’en ai faite des belles.
Lorsque je pense pouvoir désigner correctement le grizzly et éviter la confusion avec le kodiak, qui est pourtant sacrément plus gros, je lève mon point fermé et prononce un sec "Val" avant de désigner de l’index l’ours que je veux occuper. La fourrure le protègera des piqures mais j’ai pas besoin de le neutraliser, juste de libérer de la marge de manœuvre au téléporteur.
Je continue de frissonner alors que l’essaim improbable me vole autour afin de s’approcher de sa cible. Je ramène mon téléphone à ma bouche pour réactiver la transmission vocale du groupe contrôlé.
« Regroupement, répète ma voix altérée alors que j’espère que le téléporteur zoomorphe me remarque une fois son adversaire aux prises avec les @robeez ; je suis un peu la seule humaine dans le couloir et je suis habillée avec une veste longue couleur Playmobil, litière ! Regroupement. S’il vous plait. »
Ma tête se hoche en direction de Kurt pour lui dire de ne pas s’inquiéter pour moi. Et je savais que de toute façon il ne serait pas loin si j’avais un besoin urgent de me sortir de la situation. J’étais certes plus grande que le grizzly mais je n’étais nullement handicapée par mon poids, qui lui restait le même, ainsi que ma vélocité, ma force et tout le reste.
Bingo. Au moins ma stratégie a fonctionné. L’intrusion d’un nouveau venu dans son enclos à perturbé l’ours, qui en oublie sa volonté de fuir en défonçant au passage son enclos. L’avantage c’est que son attention est maintenant focalisée sur moi. Il se dresse sur ces pattes arrière, voulant montrer sa supériorité. Je comprends, je suis celle qui s’est introduite dans son territoire.
A mon tour, je me dresse sur mes pattes arrières et je pousse un rugissement histoire de lui montrer qu’il ne va pas avoir la supériorité sur moi et que je ne me laisserai pas faire. Mais le plus perturbant reste encore à venir... Des robots abeilles surgissent un peu de nul part et se mettent à parler. La surprise se voit sur mon visage, ou du moins dans le regard de l’ours aux yeux jaunes que je suis.
Qu’est ce qu’est encore que cette merde ? C’est de ça dont tout le monde à peur ? Des putains d’abeilles robots ?!
C’est encore un geek psychopathe qui a passé trop de temps dans la cave de sa mère qui a fabriqué cela ? Un futur génie du mal et du crime ?
Je pivote alors légèrement en direction des abeilles, les griffes de mes pattes arrière grattant la terre de l’enclos, je lâche un nouveau rugissement. Qui est l’ennemi que je dois neutraliser maintenant ? L’ours ? Ou les abeilles ?
Raven & Co ; N-Y City.
(c) ANAPHORE
Undisclosed
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"Have you ever looked at a tiger and thought you ought to cover it up? You are an exquisite creature, Raven. All your life the world has tried to tame you. It’s time for you to be free."
Perché en équilibre en haut de son panneau d'indication, Kurt avait une vue relativement dégagé sur la zone, ce qui permettait de faire le point sur la situation. D'un coté, Raven, qui parvenait a attirer l'attention du Grizzly, a défaut de l'intimider. Celui ci fut bien plus impressionné par l'essaim robotique qui avait étrangement colonisé les lieux, effrayant a la fois le personnel du zoo, les derniers visiteurs, les blessés et les animaux.
Concernant le jeune mutant, celles ci avaient plutôt tendance a l'intriguer et du haut de son perchoir, il ne tarda pas a voire celle qui semblait en avoir le contrôle. Une jeune femme aux cheveux roux flamboyant. C'était la voix de celle ci qui se faisait entendre venant de la nuée d'insecte technologique. C'était confus, mais Kurt cru comprendre plus ou moins ce qui était en train de se passer.
Tout en se téléportant a plusieurs points stratégiques en hauteur, il s'arrangea pour être suffisamment près de Raven pour que celle ci puisse l'entendre:
"Raven! Je crois que les bestioles robotiques sont de notre coté!"
En faisant un nouveau tour d'horizon du regard, il aurait jurer de voire les animaux regarder tous dans la même directions, que cela soit vers l'eau, ou le centre de leurs enclos.
"Il y a quelque chose la sous terre! C'est peut être ca qui leurs fait peur!"
Dit-il, en pensant avoir une vague idée de se qui se tramait juste la, en dessous. Sous terre, sous l'eau. C'était grand et, a en juger par la réactions des animaux dans leurs enclos respectifs, c'était hostile. Une sorte de frisson glacé avait parcouru le dos du jeune mutant en comprenant qu'il avaient affaire a une réelle menace que les pensionnaires du zoo avait perçu bien avant eux, expliquant leurs comportement agressif
L'une des deux victimes, un homme d'âge moyen en habit du dimanche désormais ruiné, venait de s'évanouir en apercevant qu'on courait vers lui. Ce mince espoir venait d'avoir raison de son adrénaline qui le maintenait éveillé malgré le sang qu'il avait perdu. Le second, un jeune homme d'environ 20 ans, n'avait pas vu cette arrivée providentielle, occupé qu'il était à se concentrer sur sa fuite rampante en tâchant d'ignorer son environnement pour ne pas céder à la peur.
Le grizzly devait à présent faire face à deux menaces : un ours d'un côté qui ne semblait pas vouloir le laisser partir, et un essaim bourdonnant derrière lui. Il retomba lourdement sur ses pattes avant et commença à se baisser en signe de soumission, face contre terre, attendant le jugement du nouveau dominant de son petit enclos.
C'est alors qu'un nouvel événement se produisit : venant de l'est du parc, au delà de l'enclos des singes et des léopards, on entendit un grand fracas, puis le bruit de dizaines d'ailes tandis que les occupants des enclos des flamants roses fuyaient à tire d'aile une volière qui venait de céder. Le vent porta également, quelques minutes plus tard, une odeur nauséabonde que toute personne ayant expérimenté une remontée d'égout connaissait bien.
L'arrivée de cette odeur marqua également un nouvel élan de panique chez les animaux. Les léopards bondirent de leur "cachette" pour tenter de s'éloigner le plus possible de la source de l'odeur, ignorant l'endroit qu'ils surveillaient peu de temps avant. Les singes faisaient de même, jetant désormais branches et cailloux à l'essaim dans l'espoir de créer une ouverture. D'ailleurs, plusieurs singes commencèrent à monter les uns sur les autres pour former une échelle instable qui, si elle était tendue entre leur arbre et le bord de leur enclos, pourrait parfaitement servir de passerelle pour tous les autres.
Les otaries reprirent de plus belle leurs assauts contre leur enclos en ignorant les @robeez, ce qui leur valut plusieurs piqûres qui finirent par en endormir plusieurs, sans pour autant décourager les autres. Seul le grizzly ne donna pas de réaction significative à l'odeur : ses oreilles se dressèrent et il cacha son museau dans ses pattes, sans quitter sa prostration face au dominant.
En même temps que l'odeur, plusieurs pandas roux, également échappés de leur enclos, arrivèrent à tout allure sur la place principale pour fuir le plus loin possible, ignorant les rares occupants humains qui s'y trouvaient pour filer sans demander leur reste. L'un d'eux, qui passa assez près de la Bande à Lucy, présentait une absence totale de pilosité sur la queue et une partie de son postérieur, exposant une peau rougie et irritée au possible.
Mais c’est qu’il me remarque pas l’empafé d’ursidé dimensionnel ! Okay, j’ai interrompu le concours de mesurage de carrure avec beaucoup de monde beaucoup plus petit mais, comme disait presque Coluche, quand les ours de 700kg disent quelque chose, ceux de 300 les écoutent. Attends, mais c’est pour ça que l’autre EUD m’écoute pas ! Arrête d’engueuler mes @robeez, t’entends pas ce que je te dis ! Et comment tu fais pour regarder dans ma direction et pas voir ma veste ? Mince, je ne me souviens plus de si les ours ont une vision chromatique ou achrome. Et aller…
Et… Et… Et…
Et je viens de voir un téléporteur à répétition venir se placer au plus proche et au plus loin de l’ours Kodiak. Sans doute veut-il lui parler sans prendre un coup d’ours ou d’abeille… mais du coup, ce sont deux personnes différentes. Merci ma Chance !
« Ey toi, hurle-je au téléporteur avant de me rappeler que j’ai un bouton pour que les @robeez parlent pour moi. Deux civils blessés devant les léopards. Evacuation immédiate demandée. »
Mon message énoncé, je lève la main libre pour l’agiter et espérer attirer l’attention de celui qui a probablement téléporté un ours ou un métamorphe dans la cage du grizzli pour s’en occuper. Je comprendrais plus tard, là on a deux personnes à évacuer !
J’espère ne pas sursauter si l’inconnu se téléporte à mon côté… après, le plus important reste de pouvoir lui montrer les deux civils suscités pour qu’il aille les extraire au plus vite. Une fois le canal audiovisuel d’une @robeez proche des léopards, j’ai l’occasion de voir que le plus vieux des deux s’est évanouie tandis que le plus jeune continue de ramper. J’ai aussi l’impression qu’une ombre coure vers eux et j’arrive pas à savoir si c’est une menace ou non. Ce qui m’importe, c’est de montrer ça au téléporteur.
« Faut les amener sur la Ve Avenue, qu’ils puissent rapidement être pris en charge, lui résume-je à l’occasion, misant sur mon souvenir géographique pour que ce soit bien la Ve qui soit juste devant le Zoo. J’ai l’contrôle du terrain et… »
Et un fracas assourdissant répandant une odeur innommable ainsi qu’un second round de panique.
« Et merde. »
Je vais vomir. Entre l’odeur, l’affrontement désespéré des animaux pour fuir malgré les @robeez et l’envie de m’évacuer avant tous les autres, je vais vomir. Et paniquer. Lions de mer, léopards et singes bravent les piqures des @robeez pour fuir le plus grand danger. A quelques mètres, le grizzli est en PLS avec un quart de l’effectif qui s’assure qu’il le reste. Je gaspille du temps et des munitions.
« Les civils, maintenant ! »
C’est un peu, beaucoup, passionnément, à la folie plus sec que nécessaire mais j’ai trop à faire. Deux ou trois humains passent avant, sachant que je crains que les renforts appelés ne finissent par être des dommages collatéraux. Délaissant le téléporteur comme son animal de combat, je retourne en trottinant vers Nathan tout en hurlant.
« Zo, regroupement singe-lion ! »
J’ai encore besoin des @robeez sur les léopards pour protéger l’évacuation des civils ainsi que de celles sur le grizzli pour que le kodiak puisse sortir de là. Je sais pas à quoi il peut servir mais ça viendra. Par contre, les singes et les lions de mer ne sont plus réellement des obstacles à l’évacuation… j’espère.
Arrivée à la porte auprès de Nathan, je prends la tête physiquement en plus de mentalement et on avance de quelques pas à l’extérieur. Les vols d’@robeez commencent une patrouille en cercle afin de nous offrir un visuel à la recherche du danger.
« Je veux mon pistolet laser. »
Aucune réaction au commentaire de mon ami, je suis trop occupée à regarder via les @robeez pour essayer de me figurer la situation.
« Oh, des pandas roux. »
Okay, cette fois je lève le nez de mon téléphone. Voilà qui me permet de voir…
« On est d’accord que c’est pas un accident de masturbation ? »
J’ai un rire mais je promets qu’il est au moins à 80% nerveux. Les pandas roux, ça vient des pandas roux. Donc de la zone tempérée. A tous les coups, de là où le téléporteur est parti chercher les deux victimes plus la personne en train de courir. Par ma Chance, sors-les vite de là et toi avec sinon va falloir qu’on en fasse de même pour vous !
« Jo, SHIELD !
- Reçu. »
Voilà, il est utile à autre chose qu’au moral des troupes. En parlant de troupes, je sélectionne les @robeez du groupe léopard pour les repositionner en ligne suite à un "Paul". Elles sont les seules encore sous la canopée forestière et donc à pouvoir nous obtenir un visuel sur ce qui va nous arriver. Lorsque le kodiak n’est plus dans l’enclos, j’envois le groupe qui faisait la toilette du grizzli en renfort. Quant à ce dernier, sans humains autres que nous et après avoir perdu deux fois, j’espère bien qu’il ne sera plus une menace. A le voir replié sur lui-même et totalement soumis, j’ai un pincement au cœur. Ça dure environ une seconde : l’adrénaline n’aide pas et Enzo non plus.
« Lu, la promenade derrière le zoo… »
Je porte une main à ma bouche. On a tellement été sur le contrôle de la zone immédiate qu’on a pas pensé à celle à moyen terme.
« Toi sud ! »
Ouvrant la main devant la caméra de mon téléphone, je lui montre cinq doigts. Un "Paul" plus tard et je trace une ligne sur la carte afin de chasser les passants puis de faire un blocus sur la partie nord de Park Drive ; vis-à-vis du zoo. Enzo en fait de même avec le sud.
Mon cœur bat vite au point de me faire haleter. Je craignais avoir faite une grosse bêtise avant et cela a fait un flop. J’espère que ce qui va apparaitre sur l’écran de mon téléphone fera un flop aussi. I’m the Lucky One…
Kurt se téléporta près de moi, en hauteur. Sans que je ne lâche des yeux le grizzly. J’entendais ces paroles. Je pouvais certes y répondre avec ma voix humaine mais je risquais de perdre mon ascendant sur la bête face à moi si elle m’entendait parler avec une voix humaine. J’hochais la tête aux paroles de Kurt. Signe que j’avais pris en compte ces deux réflexions pertinentes. C’était déjà cela de moins concernant les abeilles. Un ennemi de moins à affronter dans un zoo rempli de bêtes sauvages totalement désorientées.
L’ours s’inclina face à moi. Signe de sa soumission. Entre les abeilles tueuses et moi il avait fait son choix. M’attaquer et prendre le risque d’être piqué par des abeilles, ou se soumettre et se calmer et affronter son destin.
Mon regard jaune l’observa de longues secondes avant que je ne décide de me laisser retomber à quatre pattes devant lui, acceptant sa soumission sans avoir besoin de nous battre. Mon museau se fronça tout de même face à l’odeur qui se dégageait au loin. Odeur précédée par un grand fracas. Quelque chose se passait et j’ignorai quoi. Il allait falloir le découvrir.
A nouveau je poussais un grognement, et d’un mouvement de tête j’indiquais à mon comparse soumis à fourrure sa caverne dans laquelle je lui sommais de se réfugier de mon point de vue de dominant. Alors que ce dernier obéissait, et y partait en courant presque pour aller s’y terrer, je reprenais forme humaine, une fois hors de son champ de vision.
- Kurt. Emmène-nous sur le point le plus haut que l’on puisse voir ce qu’il se passe !
Demandais-je à Diablo, debout dans l’enclos du grizzly, sous la forme blonde que je revetissais 90% du temps.
Raven & Co ; N-Y City.
(c) ANAPHORE
Undisclosed
desires
"Have you ever looked at a tiger and thought you ought to cover it up? You are an exquisite creature, Raven. All your life the world has tried to tame you. It’s time for you to be free."
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