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 [Terminé] Renouer avec la liberté

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MessageSujet: [Terminé] Renouer avec la liberté [Terminé] Renouer avec la liberté EmptyDim 11 Déc 2022 - 18:40



Renouer avec la liberté
17/10/2024 AVEC @Célestine Orchent


« Je suis la plaie et le couteau ! Je suis le soufflet et la joue ! Je suis les membres et la roue, et la victime et le bourreau ! » (Charles Baudelaire)



Combien de jours, combien d’heures ? Depuis quand était-il ici, dans cette prison perdue au milieu de l’océan ? Et combien de temps allait-il y rester, surtout ? Il savait qu’il méritait sa place dans cette cellule étroite, dans cette chambre où l’intimité n’est qu’une illusion perdue et où les gardes arpentent sans cesse les couloirs, menaçants et froids, presque autant que les murs gris. Il s’était rendu de lui-même au S.H.I.E.L.D, ne voulant plus mettre la vie de ses concitoyens en danger, mais n’avait nullement anticipé qu’il se retrouverait dans un endroit aussi sordide…

Peut-être avait-il cru, naïvement, que sa bonne foi lui éviterait un traitement aussi cruel, mais il s’était fourvoyé. Sans qu’il ne puisse réellement comprendre ce qu’il se passait, les évènements s’enchainant à une vitesse folle, Morbius avait été envoyé au Raft pour y être enfermé. Tout d’abord tenu par une camisole de force qui, la première nuit, l’avait maintenu éveillé, il avait passé les premières heures à regretter son choix. Cette sensation d’étouffement et d’impuissance l’avait littéralement enragé, et il avait fallu l’intervention de plusieurs hommes pour l’empêcher de rompre ses liens. Ensuite, après une batterie d’examens et d’entretiens, le traitement avait changé : on l’avait placé dans une aile plus confortable de la prison, où il disposait d’une cellule comportant tout le mobilier d’une chambre simple, mais ô combien appréciable après la camisole de force.

Désormais, le Vampire était nourri avec du sang sur ordre du S.H.I.E.L.D (du moins, c’est ce qu’il avait compris), et ses journées étaient rythmées par les lectures qu’il pouvait obtenir par le prêt des livres détenus à la prison, seul échappatoire à cette vie de captivité, ainsi que les dessins qu’il disposait autour de son lit. Tous, ou presque, représentaient sa fille… Qu’est-ce qu’elle devait penser de lui, à présent ? Son arrestation avait été rendue public, ses méfaits également. Il ne le savait pas encore, mais Odette avait entamé des démarches pour obtenir la garde de Roxianne. Il allait perdre sa fille, après avoir perdu tout le reste. Sa réputation. Son métier. Sa maison. Sa liberté. Désormais, il ne lui restait plus rien.

Assis sur son lit soigneusement bordé, un livre de philosophie entre les mains, il avait le nez plongé entre les pages de son bouquin quand il vit, à travers la vitre composant le mur de sa chambre, une silhouette arrêtée devant sa cellule. Fronçant légèrement les sourcils, car ce n’était pas encore l’heure du repas — l’un des rares repères temporels ici, Morbius avait refermé son livre en levant le menton vers la personne qui se présentait à lui, et qui était encore derrière la vitre. Était-ce une nouvelle personne venant jauger de sa dangerosité ? Ne sachant pas à qui il faisait face, l’homme en tenue de détenu s’était levé en reculant légèrement, abandonnant son livre écorné sur le lit avant de dire, poliment : « Bonjour… » Le prisonnier n’avait pas l’air dangereux, bien moins qu’il pouvait l’être en tous cas, et apparaissait même curieusement affable : ne sachant que faire de ses mains, il les avait d’abord jointes contre son ventre avant de les appliquer sur ses hanches, puis de les envoyer dans son dos. Il avait l’air, surtout, perdu. Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait mais toutes les expertises le disaient : le sujet n’était en rien malfaisant, ni même malintentionné. Il avait certes occasionné beaucoup de victimes, mais d’une certaine façon, il en était une aussi. Qui Celestine venait voir ? La victime, ou le bourreau ?

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CaelestisAgent du S.H.I.E.L.D. Niveau 7S.W.O.R.D.’s H.B.I.C.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Renouer avec la liberté [Terminé] Renouer avec la liberté EmptyLun 12 Déc 2022 - 11:58




Renouer avec la liberté

En 1960, l’ingénieur allemand Adolf Eichmann a été arrêté et mis en examen pour ses crimes. Le procès de l’homme en charge de la logistique du génocide a été lourdement couvert par les médias. Beaucoup d’anticipation a été construite autour du Nazi qui allait apparaitre face au public. Le visage d’Eichmann a été rendu public pour que les gens puissent "regarder le Mal à la télévision". Si beaucoup s’attendaient à voir le visage d’un monstre fanatique, ils découvrirent un bureaucrate ennuyant. La philosophe Hannah Arendt, survivante de l’Holocauste, était l’envoyée spéciale du journal The New Yorker au tribunal. "Terriblement normal et terrifiant de normalité" furent ses mots pour le décrire. La raison pour laquelle cette normalité était terrifiante est simple. N’importe qui peut commettre le mal. Commettre le mal n’est pas un trait inhérent à une personnalité, contrairement à la représentation que l’on peut s’en faire. Il y a des raisons pour le Mal. Il y a des circonstances dans lesquelles des gens normaux peuvent faire le mal. Sans excuser Eichmann, Arendt a écrit que ses intentions n’étaient pas malicieuses. L’homme faisait juste son travail et essayait de le faire au mieux.

Entre 1960 et 1963, le psychologue américain Stanley Milgram a fait une expérience visant à évaluer le degré d’obéissance d’un individu devant une autorité qu'il juge légitime. Il voulait analyser le processus de soumission à l'autorité, notamment quand elle induit des actions posant des problèmes de conscience au sujet. L'expérience était présentée comme une étude scientifique de l'efficacité de la punition sur la mémorisation. Les participants étaient des hommes et des femmes de 20 à 50 ans, issus de tous les milieux et avec différents niveaux d'éducation. L'expérience telle que présentée avait trois participants. Premièrement, un élève qui s'efforçait de mémoriser des listes de mots et recevait une décharge électrique en cas d'erreur. Secondement, un enseignant qui dictait les mots à l'élève et vérifiait les réponses. En cas d'erreur, il envoyait la décharge électrique. Troisièmement, un expérimentateur qui représentait l'autorité. L'expérimentateur et l'élève étaient en réalité deux comédiens. L’objectif était de savoir jusqu’où l’enseignant ferait souffrir l’élève tant qu’il conservait l’approbation de l’expérimentateur. Milgram a qualifié à l'époque ces résultats "d’inattendus et inquiétants", avec 62,5% des enseignants capables d’atteindre la dose électrique maximale, létale, malgré la douleur qu’ils croyaient infliger. Les quelques protestations qu’ils pouvaient donner à leur expérimentateur ne changent rien à ce fait.

Pour que les personnes ordinaires soient amenées à faire le mal, le plus simple est d’institutionnaliser le Mal.

Les institutions ont cette habitude à se positionner comme naturelles, dénuées de biais et apolitiques. Les gens ordinaires peuvent faire le mal de façon ordinaire par des moyens ordinaires. L’ordinaire étant défini par la société dans laquelle ils vivent et les sociétés pour lesquels ils travaillent.

Je travaille pour le SHIELD.

Je suis dédiée à mon travail et à la défense des valeurs pour lesquelles je m’y suis engagée : la prévention et la protection. Je ne serais cependant pas une employée dédiée à mon travail sans considérer les implications nécessaires pour achever mes tâches. Il ne s’agit pas d’être limitée par la morale ou l’éthique. Elles m’indiffèrent. Je n’ai pas besoin d’une vision bienpensante de ma personne afin de réclamer de la reconnaissance sociale et sociétale. Non, il s’agit de ne pas être corrompue par le pouvoir que je détiens.

Je suis assise à l’arrière d’un Quinjet. Ses stabilisateurs s’enclenchent afin d’amorcer l’atterrissage vertical au sein du Raft. C’est, pour moi, un symbole de corruption et de Mal ordinaire.

Le Raft est une prison sous-marine créée dans le seul rôle de détenir et d’incarcérer des super-individus.
Premier point : prison. Le système carcéral des Etats-Unis, puisque le Raft est géré par l’US Marshal Service et l’US Navy, est entrepreneurial. Il cherche à collecter des fonds étatiques, non privés, et sa clientèle n’est donc pas le produit qu’il stocke mais les Etats qui attendent une certaine capacité de stockage. L’idéal de Justice et l’aspect temporaire d’une prison sensée préparer la réinsertion sont secondaires. Voir inexistant, pour le Raft. Mettre tous les prisonniers à l’isolement permet d’éviter d’avoir à s’embarrasser des espaces liés à l’activité communautaire d’une population générale. Peut-être est-ce pour cela que les cellules d’un même étage sont disposées de manière à pouvoir voir les autres : afin de créer l’illusion qu’il ne s’agit pas d’un isolement.
Second point : sous-marine. Avoir un centre de détention isolé du reste du monde est une bonne idée. L’entourer d’eau, ou de désert comme ce fut le cas pour la prison du SHIELD avant l’insurrection de l’Hydra, permet de neutraliser les tentatives de s’échapper de l’intérieur. Les détenus n’ont nulle part où aller. Sauf s’ils ont un téléporteur ou un appui extérieur. Je dirais bien que l’aspect sous-marin a été pensé pour éliminer l’appui extérieur mais Captain America a prouvé l’incompétence des geôliers dans le domaine. L’idée est donc utilisable mais mal utilisée. Sans parler de l’ingénierie nécessaire à la mettre en place.
Troisième point : le rôle. Détenir et incarcérer des super-individus. Avec un tel titre, impossible pour Thaddeus Ross, ancien Lieutenant-Général de l’US Army désormais Secrétaire d’Etat, d’être bien loin. Difficile de savoir si la haine de "Thunderbolt" Ross provient du fait qu’il n’ait jamais réussi à contrôler les supersoldats qu’il a créé, depuis Hulk jusqu’à l’Abomination, ou que Robert Banner était l’amant de sa fille. Si je comprends l’aspect exclusivement sécuritaire, je considère également les biais du chef de projet. Comme Emil Blonsky l’a prouvé, il n’est pas question de réinsertion pour les surhumains. Même lorsqu’ils sont d’anciens héros de guerre qui ont été drogués lors d’un projet de supersoldats et ont perdu le contrôle de leurs capacités nouvellement acquises.
Soyez juges de ces faits.

Mes chaussures de ville sont de cuir et plates. Elles appuient sur le plancher métallique fait d’un alliage de titane lorsque je me lève. Je reste là. Des mains, je chasse les plis du pantalon de toile, de la chemise blanche et de la veste de tailleur fermée par-dessus. Ensuite, je resserre le chignon roux qui me dégage le visage. Enfin, je récupère de la droite mon attaché-case et de la gauche le siège de camping pliant dont je jette la sangle deux points sur mon épaule. Avant même que je ne sois au pied de la rampe, c’est ce détail de ma personne qui arrête mon guide et ses deux gardes du corps en tenu d’intervention. Je n’ai aucun commentaire à faire sur le rangement de cette zone de débarquement ainsi est-il encouragé à ne pas en faire sur mon propre matériel. Son rôle est de me remettre l’inutile badge d’invité puis de m’escorter jusqu’à l’ascenseur, que son propre badge déverrouille, afin de me conduire jusqu’aux prisonniers qui m’intéressent. Restons-en là.

Chaque étage du Raft est un octogone avec un ascenseur et sept cellules. Celles-ci sont, à mes yeux, le plus gros travail d’ingénierie du lieu. Elles sont mobiles. Leur première pièce "à vivre", ou "à attendre de mourir" selon le point de vue, contient un lit sur la partie gauche et un tabouret devant le passe-plat intégré au mur sur la partie droite. Une double porte sur le mur du fond permet d’accéder à une petite salle de bain, incluant douche, toilettes et évier. Tout est prévu pour que rien ne ressorte, humainement parlant. De visu, s’il m’est possible de voir les jointures de maintient de la cellule, je n’arrive pas à comprendre comment le Raft peut les éjecter dans l’océan à l’instar de l’Héliporteur. Je suppose néanmoins que c’est l’idée, si jamais le surhumain devient dangereux.

Mon guide me sort de ma contemplation, incapable de voir ce que je vois au sein de son lieu de travail. Que cela soit physiquement ou intellectuellement. Il m’amène jusqu’à la cellule puis ses deux gardes et lui attendent. L’homme de la cellule attend aussi. Il se lève quand j’arrive. Il serait plus grand de douze centimètres, même si je venais jusqu’à lui en m’approchant des barreaux de sa cage. Je ne le fais pas. Une vitre blindée protège les barreaux de lui et ceux-ci sont sensés encore le ralentir s’il la franchit. Mon problème en vient, outre ses capacités physiques et surtout sensorielles améliorées, au fait qu’il y ait une légère montée entre nous.

L’homme recule en abandonnant sa lecture. Je m’installe pour les miennes.

« Bonjour, déclare-t-il à défaut d’autre chose, sans sembler se rendre compte de l’ironie ou du sarcasme de sa déclaration.

- Docteur. »

Je pose l’attaché-case. Je me déleste de la chaise de camping comme on ôte son fusil. Je l’écarte puis la pose à son tour. Je m’assois.

Je récupère l’attaché-case. Je fais sauter ses loquets d’ouverture comme on arme son fusil. Je l’ouvre pus en sort un stylo effaçable et un dossier papier. Je le referme et m’en sers comme tablette.

« Agent Orchent, dis-je en regardant l’homme, prête à lui parler. SHIELD. »

Il est inutile de montrer la plaque. Je ne serais pas arrivée jusqu’ici sans être ce que je prétends. Sachant que je ne prétends pas grand-chose. Les informations sont à mon usage, pas au sien.

« Donnez-moi votre version des faits, dis-je avec neutralité, indifférente à ce qu’il prenne cela pour une demande ou un ordre. Vous l’avez déjà donnée, certes, à d’autres. »

Faire répéter la version des faits permet de voir les éléments qui changent et qui restent les mêmes. Le faire sur plusieurs interviews et possiblement par plusieurs interlocuteurs permet de croiser des données qui sont toujours subtilement différentes. Ensuite, on peut souligner ses différences. Approfondir.



 
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MessageSujet: Re: [Terminé] Renouer avec la liberté [Terminé] Renouer avec la liberté EmptyLun 12 Déc 2022 - 17:21



Renouer avec la liberté
17/10/2024 AVEC @Célestine Orchent


« Je suis la plaie et le couteau ! Je suis le soufflet et la joue ! Je suis les membres et la roue, et la victime et le bourreau ! » (Charles Baudelaire)



 « Docteur. » La salutation, bien que polie, rebondit avec fracas contre son coeur déjà durement malmené par les récents évènements. Cela fait bien longtemps que plus personne ne l’a appelé ainsi, et il y a fort a parier qu’il ne pourra plus jamais jouir de ce titre à l’avenir… Il ne s’en formalise pas réellement, préférant songer qu’il s’agit là d’une maladresse involontaire plutôt que d’une réelle jouxte visant à le blesser, car bien que froide, la jeune femme ne lui apparaît pas comme frontalement hostile. Ainsi, il fait l’impasse sur la dénomination qu’elle lui accorde, et s’estime presque heureux de pouvoir l’entendre une dernière fois ; baissant légèrement le menton en raclant discrètement sa gorge, suffisamment pour qu’elle ne puisse pas l’entendre derrière la vitre, le fameux docteur sur le déclin passe machinalement ses mains sur sa tenue de prisonnier, dans un souci inconscient de bien paraître. Il n’y a aucune manipulation ou tentative malveillante derrière ce geste, mais il semble évident que l’homme captif souhaite faire bonne impression, ou du moins prouver sa bonne foi.

Elle s’installe en silence et, pour ne pas la troubler, il garde le silence aussi, se contentant de suivre ses gestes du regard ; puisqu’elle est désormais assise (sur une chaise de camping ?! Le personnel du Raft ne pouvait donc pas lui donner une chaise décente ?), Morbius l’imite et reprend place aux pieds de son lit pour lui faire face, d’une certaine façon. Il n’a pas oublié ses bonnes manières, c’est déjà ça.

Genoux pliés, mains jointes dans le vide entre ses deux jambes, il l’observe sans rien dire puisqu’il ne se sent pas en position de parler, un peu intimidé par cette femme au charisme glacial, mais également par les circonstances. La situation lui est un peu humiliante, lui est prisonnier, elle détenant le pouvoir de l’expédier en Enfer à la fin de leur entretien. Mais en Enfer, n’y est-il pas déjà ?  « Agent Orchent. SHIELD. » Il s’en doutait un peu, alors il se contente de hocher son menton de haut en bas sans grande surprise, tout en retenant son nom de famille. La dénommée Orchent lui demande sa version des faits, chose qu’on lui demande pour la énième fois, et il ne peut s’empêcher de soupirer malgré lui face à cette requête. Encore une fois, il va devoir relater ses propres méfaits ; cela ne l’enchante guère car c’est également humiliant et effroyablement accablant, mais il sait qu’il n’a pas le choix.

Alors il se lance, en levant parfois son menton vers elle pour jauger de son expression : « Je ne suis né avec une maladie auto-immune, une maladie orpheline. Il n’y avait pas de traitement, déjà à l’époque, et je n’aurais jamais dû atteindre l’âge que j’ai aujourd’hui. J’ai passé ma vie à chercher un remède, pour moi mais aussi pour les autres. J’en ai fait mon métier, peut-être, dans l’espoir de parvenir à trouver une solution… J’ai tenté toutes sortes de choses, mené des expériences par dizaines, toutes se sont soldé par des échecs. Toutes. Jusqu’à la dernière… » Il se doute qu’elle n’a pas fait le déplacement pour entendre le récit de sa vie, alors avant qu’elle puisse dire quoique ce soit en ce sens, il poursuit en entrant dans le vif du sujet. « Du sang de chauve-souris radioactive. En janvier, il y avait eu de bons résultats sur les souris alors, en juillet, j’ai décidé de passer à la vitesse supérieure. Je me suis injectée le sérum parce que mes dernières analyses montraient une dégradation de mon état alors… Foutu pour foutu, il fallait tenter le coup. Mais j’ignore ce qui s’est passé. Je me souviens juste m’être réveillé, plus tard, dans la rue, j’étais couvert de sang. Tout était confus, mais j’étais vivant. Vivant et plein d’une énergie que je n’avais jamais éprouvé avant. Je pouvais marcher sans béquille, mon corps ne me faisait plus mal à chaque mouvement, je pouvais même courir ! » Un instant, il s’arrête pour planter ses yeux dans ceux de la jolie rousse, et celle-ci peut voir à quel point ce simple sentiment de mobilité et de liberté avait été euphorisant. Lui qui n’avait jamais pu marcher sans souffrir, lui qui avait été malade depuis sa naissance, qui n’avait jamais eu une vie normale… Il avait eu l’impression de renaître et ne peut le nier en cet instant. Pour preuve, il porte un drôle de sourire aux lèvres, mais ce dernier s’éteint rapidement alors qu’il reprend la parole, d’une voix morose et lourde de culpabilité : « Je me suis rapidement rendu compte que la nourriture humaine n’était plus pour moi, j’étais même incapable de boire de l’eau. Quand j’avais faim, c’est du sang que je voulais. Du sang humain. Je ne pouvais pas le contrôler. » Il presse ses lèvres l’une contre l’autre tout en baissant les yeux vers ses pieds, sincèrement honteux de ces révélations trop souvent répétées. « Je sais que j’ai tué des personnes innocentes, et je le regrette sincèrement. J’aurais dû mourir, c’est ce qui était prévu pour moi. » N’ayant jamais été croyant, il commence pourtant à croire qu’il a été maudit par une volonté divine bien plus forte que lui. Il aurait dû mourir mais il a contré les plans de l’univers alors, à présent, il doit vivre avec cette malédiction.

Après quelques secondes de mutisme, il relève finalement son visage vers mademoiselle Orchent, l’une de ses mains venant froisser sa peau blanche — qui n’a plus vu la lumière du soleil depuis août, pour lui demander, sans grand espoir d’obtenir une réelle réponse : « Est-ce que je peux avoir des nouvelles de ma fille ? Est-ce qu’elle va bien ? »

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MessageSujet: Re: [Terminé] Renouer avec la liberté [Terminé] Renouer avec la liberté EmptySam 24 Déc 2022 - 13:35




Renouer avec la liberté

Je ne regarde pas la réaction à ma salutation. Si elle doit être riche d’informations, j’ai autre chose à faire. Je le fais. Agir comme les autres et priver Michael Morbius de son avenir m’indiffère, tant que c’est fait pour des raisons valables et non par un mal ordinaire, mais je ne saurais le priver de son passé. Dans les mérites comme les horreurs. Les futurs sont faits de possibles, le passé de faits.

Lorsque l’on se refait face, moyennant la différence de niveaux due à la légère montée qui nous sépare, le Docteur est assis également. Toujours doublement plus petite que lui, je note néanmoins la préparation à une discussion qui pourrait être étonnamment courte. Je vois la lassitude, aisée à anticiper, dans la jointure des mains entre les jambes. Tout comme je vois le manspreading qui reste présent, malgré tout. Je regarde le dos aussi, sa courbure, avec un point de vue facilité par l’angle du lit.

Je vois le malaise, sur son visage, dans ses épaules, au niveau de ses mains. Il est adéquat.

Je vois la lassitude, sur son visage, dans sa tenue, dans son soupir. Elle est prévisible.

Il agit, néanmoins. Tout comme il m’observe ponctuellement, au rythme de son récit. Il attend mon sentiment sans savoir que les pierres de mes ressentis ont été noyées par le passé et érodées sous l’écoulement du temps.

Prologue. Naissance avec maladie orpheline auto-immune sans traitement. Je sais.

Chapitre premier. L’expérience réussie. Tenter le tout pour le tout avant qu’il ne soit trop tard. Les mois d’études auraient dû permettre de détecter une modification génétique de l’ampleur de celle qui s’est produite. Je pense, considérant la nature radioactive et non génétiquement modifiée, qu’il s’agit plutôt d’une expression épigénétique d’une mutation déjà présente – après tout, les radiations sont impliquées dans l’apparition du Gène X, ce qui amène à poser des questions vis-à-vis de Hulk – que la création d’une nouvelle. Quant à la modification de la mutation, c’est une possibilité. Tant que l’ADN du sujet n’est pas séquencé, les hypothèses sont invérifiables.

« Je me souviens juste m’être réveillé, plus tard, dans la rue, j’étais couvert de sang. Tout était confus, mais j’étais vivant. Vivant et plein d’une énergie que je n’avais jamais éprouvée avant. Je pouvais marcher sans béquille, mon corps ne me faisait plus mal à chaque mouvement, je pouvais même courir ! »

L’euphorie qu’il ressent et démontre n’est pas différente de celle de certains tueurs en série lorsqu’ils ont été convaincus par leurs interrogateurs qu’ils pouvaient être compris dans leurs actes. Je tiens en compte la condition du sujet qui découvre la vie, n’ayant eu le droit qu’à la survie jusqu’à lors, mais reste une question qu’il ne se pose probablement pas : est-ce que cela valait la peine ?

Mon impassibilité insensible gâche son sourire. Elle lui rappelle le prix, le prix qu’il a fait payer à d’autres. Nous viendrons sur ce point, lorsqu’il aura fini son sommaire.

Chapitre second. La bête. Le vampire. La honte, qui diffère légèrement de la culpabilité. Du remord. Du regret. Il sait qu’il "a tué des personnes innocentes et le regrette sincèrement". Il aurait "dû mourir, c’est ce qui était prévu pour lui". La formulation a autant de sens que les paroles. L’égocentrisme est pleinement visible : Morbius a tué des personnes innocentes, elles passent après lui. Morbius aurait dû mourir, c’est ce qui était prévu pour lui. Quid des autres ? Quid de ses victimes ? Il se voit comme la victime, les autres sont presque des anecdotes. Considérant que l’Humanité abat chaque année 70 milliards d’animaux d’élevage pour lui fournir sa viande, c’est un raisonnement compréhensible. Si l’on admet que l’Humanité est sa proie.

« Est-ce que je peux avoir des nouvelles de ma fille, demande-t-il en se concentrant sur sa relation avec elle, non sur son identité à elle, sans me surprendre ni m’émouvoir. Est-ce qu’elle va bien ? »

Je continue de le fixer dans l’œil gauche. L’œil de l’émotion. L’œil qui prédomine chez lui. Il me tend un point de pression avec l’amabilité d’un désespéré. Je l’ajoute à la liste, déjà bien fournie.

« Michael Morgan Morbius, commence-je lentement, détachant chaque syllabe comme si elle pouvait contenir des informations à l’instar du discours précédent. Docteur en biochimie spécialisé en biologie cellulaire, hématologie et immunologie. Prix Nobel de chimie 2023 pour la création de sang artificiel. »

Une pause, alors que je descends mes yeux vers le dossier que j’ai sur les genoux.

« Atteint d’une maladie auto-immune rare qui amène son système immunitaire à réagir. Le principe de faire surchauffer son corps en partant du principe que l’organisme intru décèdera avant le nôtre perd de l’efficacité lorsqu’il n’y a pas d’intru. »

Il n’a pas parlé de ses réussites, seulement de ses difficultés. Il a espéré m’émouvoir, comme si j’y arrivais encore. Mon trouble a ses avantages et je suis suffisamment intelligente pour le percevoir.

« Dans la nuit du 27 au 28 juillet, disparait. 30 juillet, porté disparu à la police. 8 août, arrêté par la NYPD. Dix jours. Neuf victimes. »

Dans ma lecture de faits, je prends une inspiration buccale.

« 10 août, s’évade de la prison temporaire avant son transfert auprès d’autorités compétentes. 28 août, se rend à la SHIELD. Dix-huit jours. Nombre de victimes reconnues : "une vingtaine environ". Nombre probable de victimes considérant le premier ratio de 0,9 victimes par jour : 25,2 avec une marge d’incertitude de degré 3,00. »

On quitte les faits pour des théories, temporairement, sachant que je n’ai pas besoin d’aller jusque-là. C’est cependant instructif pour la situation.

« Si vous êtes reconnu coupable de meurtre lors de votre procès, vous prendrez une vie d’emprisonnement par victime. Vous pourriez essayer de faire passer en meurtre au second degré, pour obtenir la possible libération après 10 ans, mais mais votre évasion précédente vous vaudra 20 ans. De plus, c’est improbable que cela vous soit accordé considérant les circonstances desdits meurtres. Vous pourriez aussi axer votre défense sur la "double personnalité", ce qui revient à plaider la folie, afin d’atterrir dans une institution spécialisée plutôt qu’en prison. Vous auriez le choix entre finir votre vite à l’Institut Ravencroft ou ici même, en somme. »

Sans bouger la tête, tournée vers le document, je relève les yeux vers lui.

« Pensez-vous que l’Institut aurait de quoi vous nourrir ? »

Question simple, n’attendant qu’un "oui/non" comme réponse, et presque rhétorique, puisqu’il doit comprendre un point important ici. Une fois le mot entendu, je relève le visage entièrement.

« Je ne pense pas avoir besoin de vous présenter Henrietta Lacks. »

Afro-américaine morte en 1951 d’un cancer du col de l’utérus à développement très rapide. Ses cellules tumorales isolées par biopsie sont les premières cellules humaines à avoir pu être cultivées in vitro avec succès. Dans les bonnes conditions, elles ont la particularité de se multiplier sans limite. Ainsi, les Cellules HeLa sont utilisées dans les laboratoires de recherche du monde entier. Elles ont permis la mise au point d’un vaccin, l’étude des tumeurs et des virus, des avancées dans le clonage et la thérapie génique…

« Etant cancéreuses, ses cellules ne sont pas cultivables pour les transfusions. Pour nourrir un vampire, en revanche… qu’en pensez-vous, Docteur ? »

Le sang artificiel créé par le Docteur Morbius est une révolution. Il a mérité son Prix Nobel puisque, une fois les coûts de production devenus raisonnables, il pourrait ainsi régler les problèmes de manque de sang dans le milieu médical. Plus besoin de don de sang, on pourrait en produire.

« Vous voulez des informations sur Roxianne, reprends-je après une pause pour écouter sa réponse à mon point précédent, je veux des clarifications sur votre dossier. »

Est-ce mal d’ainsi utiliser la petite fille ? Cela répond à un besoin. Aucun de nous n’aura rien sans rien donner. Il est important, pour la suite, que le Docteur comprenne cela. De plus, si j’ai des bonnes nouvelles concernant l’avenir de mademoiselle Morbius, elles ne le seront pas pour le Docteur. On m’a prévenue qu’il ne serait bientôt plus son père. L’information, bien que logique et corrélée, sera peut-être plus douloureuse encore que le procès qui se profile. Après, si je suis prête à mettre la Justice sur la table des négociations, cela me déplairait encore plus de le faire d’une jeune enfant. Ses traumas me semblent déjà suffisant à ce qu’on lui foute la paix.

« Que pouvez-vous me dire de vos dix premiers jours de chasse, Docteur ? »



 
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MessageSujet: Re: [Terminé] Renouer avec la liberté [Terminé] Renouer avec la liberté EmptyDim 8 Jan 2023 - 15:46



Renouer avec la liberté
17/10/2024 AVEC @Célestine Orchent


« Je suis la plaie et le couteau ! Je suis le soufflet et la joue ! Je suis les membres et la roue, et la victime et le bourreau ! » (Charles Baudelaire)



Après sa longue tirade, durant laquelle il avait formulé un discours mille fois répété depuis le début de sa détention, relatant la genèse de son existence jusqu’à cette nuit l’ayant conduit à devenir un monstre assoiffé de sang, il avait pris une légère pause, sans véritablement changer de position. Il ne s’attendait pas à lire de la compassion dans les yeux de son interlocutrice, car il avait rencontré suffisamment de personnes du S.H.I.E.L.D, au fil des semaines, pour comprendre qu’il n’en aurait point de leur part, et il ne cherchait donc pas à produire cette émotion chez madame Orchent, quoi qu’elle ait pu en penser.
           Et si elle prit le temps d’écouter ses mots, madame Orchent ne sut comprendre ce qu’il disait : non, il ne se voyait pas comme une victime, et encore moins comme l’unique victime de ses méfaits. Si ses victimes n’avaient été que des anecdotes, pourquoi se serait-il dénoncé ? Pourquoi se serait-il rendu de lui-même après avoir attaqué Raven ? Assis de l’autre côté de la vitre, au bord de son lit de prisonnier, il attendait une réaction de la part de la rousse, qui nourrissait des idées erronées à son sujet, sans qu’il ne puisse le savoir. Et c’était sans doute mieux ainsi car, il n’aurait peut-être pas accepté de poursuivre l’entrevue. Elle partait, déjà, avec un jugement biaisé de sa personne. Si elle croit qu’il n’est qu’un homme égoïste voyant ses victimes comme des anecdotes, à quoi bon continuer à parlementer ?

Et puisque madame Orchent n’avait pas réagi tout de suite, il en avait profité pour formuler une demande qu’il n’avait, jusqu’ici, jamais osé poser : il voudrait avoir des nouvelles de Roxianne, sa fille. Mais lorsque la rousse prit enfin la parole, ce ne fut pas pour lui en donner : elle commença plutôt sa propre tirade, qui consistait à dresser un portrait du docteur Morbius, dans un résumé qui reprenait ce qu’il avait déjà énoncé précédemment.
           Ne comprenant pas vraiment pourquoi elle faisait ça, Morbius avait froncé ses sourcils sans la couper, attendant simplement qu’elle finisse de dire ce qu’il savait déjà. Ce qu’il ne savait pas, c’est comment allait Roxianne, et c’est ironiquement tout ce qu’il désirait savoir. Mais il n’était pas en position d’exiger quoique ce soit alors il se contente d’écouter en silence, jusqu’à ce qu’elle annonce le nombre de victimes probables qu’il a provoqué. Vingt-cinq. Elle venait de dire vingt-cinq ?! Le nombre lui semblait démesuré, et il avait perdu de sa contenance en fronçant ses sourcils, ses paupières se mettant à battre rapidement, trop rapidement, tout comme les battements de son coeur d’ailleurs. Vingt-cinq. Vingt-cinq. Vingt-cinq. Il croyait une dizaine, et c’était déjà insupportable. Vingt-cinq. Vingt-cinq. Vingt-cinq. Non, non, non, non, non ! Pas possible. Pas. Possible. Elle continuait de parler, annonçant les peines encourues : il ne l’écoutait pas, bien qu’il l’entendait. Une vie d’emprisonnement se mêlait au nombre énoncé, et cela lui paraissait dérisoire. Il avait tué vingt-cinq personnes. Il n’arrivait pas à assimiler l’information.

Si bien que, ne tenant plus en place, il s’était levé de son lit pour faire deux pas dans la pièce (qui ne permettait pas vraiment d’en faire plus), tournant le dos à madame Orchent jusqu’à ce qu’elle demande, si l’Institut Ravencroft aurait de quoi le nourrir. La question, quoique réthorique, lui semblait déplacée ; il s’était alors à demi retourné vers elle en fronçant ses sourcils, ayant l’air de lui demander si elle était sérieuse. Mais bien trop atterré par la révélation qu’elle venait de lui faire, il s’était de nouveau assis sur le lit, au milieu de ce dernier, étant donc de profil face à la rousse. Silencieux. Elle continuait de parler, mais lui ne répondait pas. Les genoux pliés, les mains suspendues dans le vide entre ses deux jambes, il contemplait le sol en essayant de se ressaisir, malgré la lourde culpabilité qui tombait sur ses épaules. Vingt-cinq victimes. Il méritait assurément les peines de prison qu’elle venait d’annoncer, et ne chercherait donc pas à leur échapper. « (…) qu’en pensez-vous, Docteur ? » Il n’avait pas écouté un seul mot de ce qu’elle avait dit, et n’avait pas non plus cherché à prétendre le contraire : gardant de nouveau le silence, il avait mollement hoché son menton de gauche à droite d’un air désabusé, l’une de ses mains venant froisser sa barbe brune.

Elle n’était peut-être pas satisfaite de cet échange qui n’en était pas un, puisqu’elle était la seule à parler pour l’instant, alors elle avait établi un chantage qu’il jugeait répugnant, mais auquel il ne pouvait se soustraire. Elle voulait des informations complémentaires, et il n’aura des nouvelles de sa fille qu’en échange de ces dites informations. Il avait baissé de nouveau le menton, retenant mal un sourire ironique, presque désabusé. Tout ceci le dépassait assurément, mais il voulait absolument savoir comment se portait son enfant, alors il n’avait pas vraiment d’autres choix.

Après un court moment de silence, sans lever les yeux vers la rouquine, il avait repris, d’une voix morne : « Je me souviens que j’avais faim. Les premiers jours, surtout. Une faim incontrôlable. » Commença-t-il à dire en glissant compulsivement sa main dans ses longs cheveux rattachés en un chignon à l’arrière de son crâne, ses pensées s’emmêlant quelque peu dans son crâne, rendant son discours difficile. Il lui fallait organiser ses idées et ses souvenirs, et dans le tumulte, c’était presque douloureux. « Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait, j’étais totalement perdu. Je m’endormais à un endroit et je me réveillais parfois à un autre, avec la sensation de faim qui avait disparu. J’ai rapidement compris que j’avais besoin de sang, de sang humain… Mais je ne voulais pas faire de mal à qui que ce soit, alors j’ai voulu retourné dans mon laboratoire pour boire le sang artificiel que j’ai créé. Ça a soulagé ma soif mais… La première fois, pour 6h seulement. La deuxième prise, pour 4h. Et ainsi de suite. Ce n’était pas suffisant. C’est pour ça que je me suis échappé de prison : la faim. » Tournant enfin son menton vers madame Orchent, il lui avait demandé, visiblement très atteint moralement : « Que voulez-vous savoir, précisément ? »

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MessageSujet: Re: [Terminé] Renouer avec la liberté [Terminé] Renouer avec la liberté EmptyDim 15 Jan 2023 - 19:41




Renouer avec la liberté

« Nombre de victimes reconnues : "une vingtaine environ". Nombre probable de victimes considérant le premier ratio de 0,9 victimes par jour : 25,2 avec une marge d’incertitude de degré 3,00. »

Voilà qui choque le Docteur. 25,2 avec une marge d’incertitude de degré 3,00. Cela donne un nombre entre 22,2 et 28,2. Entre la vingtaine avouée et une trentaine possible. 0,9 victimes par jour peut sembler étrange mais inclut des journées où il a tenté de se restreindre, perturbant ainsi le cycle de nutrition. Cela considéré, il est impossible d’écarter la probabilité qu’on n’ait pas retrouvé tous les cadavres. Non, ce qui aurait dû lui sembler étrange se trouvait juste avant : dix jours. Il n’arrive pas à se concentrer.

Lorsque je remonte les yeux vers lui, il est agité. Ai-je mis le doigt sur un trauma ou l’ai-je créé ? Cela serait préférable, à moyen ou long terme. Pour lui. Pour moi, cela ne changerait rien. Quoi qu’il arrive au Docteur aujourd’hui, ma vie continuera comme si de rien était. C’est là le piège, c’est là la facilité de faire le mal.

A ne pas confondre avec faire du Mal.

Créer de la difficulté peut sembler faire du Mal, voire faire du mal, mais peut également être nécessaire à changer de paradigme. D’un paradigme de voir sa fille, de garder son point de vue, Michael Morbius se retrouve face à ce que les autres voient de lui. Plus important encore, ce que les chiffres disent de lui. Moyennant le degré d’incertitude énoncé, les chiffres semblent objectifs. Contrairement aux gens.

Suis-je sérieuse quand au fait de vous expédier dans une institution psychiatrique plutôt que dans cette oubliette sous-marine, Docteur ? Je le suis. Ne serait-il pas mieux pour vous de recevoir le soutien de professionnels de la psychiatrie habitués aux cas de méta-humains plutôt que de rester ici ?

A défaut d’une réponse, cela a le mérite de vous calmer. Retour à la case départ, d’une certaine façon. Comme à chaque tour de plateau, néanmoins, nous sommes différents du précédent. Seulement, les émotions du Docteur ont limité sa cognition. Quel dommage qu’il soit interdit de fumer ici, cela lui serait doublement utile.

Je sidère Michael Morbius car il n’est pas capable de voir aussi loin dans le temps que moi. C’est très probablement cela qui l’a amené ici. Se rendre est l’acte moral à faire mais la moralité est rarement l’action la plus intelligente. La plus efficace. Il aurait fallu poser des conditions à sa reddition. Qu’elles soient acceptées et que la parole donnée soit tenue est une autre histoire. Cependant cela aurait amélioré les chances d’éviter cela. Est-ce que je serais venue ainsi si cela avait été le cas ?

Sans doute.

Est-ce que cela l’aurait préparé à une négociation ?

En effet.

Le Docteur se soumet. Sa posture déjà vaincue s’affaisse encore avec son visage. Au moins sa voix me parvient-elle.

La faim. Les premiers jours. Une faim incontrôlable. Il a besoin de se caresser, de se soutenir, pour en parler.

L’incompréhension. L’errance. S’endormir à un endroit. Se réveiller à un autre, repu.

La compréhension. Besoin de sang humain. La moralité. Ne pas faire de mal. Retourner au commencement. Chercher des solutions. Se rendre compte que sa création, qu’importe le prix Nobel, ne pouvait pas le sauver.

La prison. Le retour de la faim par inadaptation des locaux. D’où l’importance de la question sur Ravencroft.

« Que voulez-vous savoir, précisément ?

- Tout ce que vous vous souvenez avoir fait,
réponds-je franchement, au jour le jour. »

Un instant de silence alors que je prends une inspiration, lèvres entrouvertes. Puis j’enchaine.

« 27 juillet. 28 juillet. 29 juillet. 30 juillet. 31 juillet. 1er août. 2 août. 3 août. 4 août. 5 août. 6 août. 7 août. Déclaré disparu durant dix jours. Réellement disparu durant douze jours. Voilà qui réduit le nombre de victime quotidienne de 0,9 à 0,75. »

Erreur, d’inattention ou volontaire. Erreur tout de même.

« 10 août. 11 août. 12 août. 13 août. 14 août. 15 août. 16 août. 17 août. 18 août. 19 août. 20 août. 21 août. 22 août. 23 août. 24 août. 25 août. 26 août. 27 août. 28 août. Voilà qui réduit le nombre probable de 25,2 à 23,25. »

La marge d’incertitude est bonne, le NYPD n’a pas foiré son analyse là-dessus. Le reste par contre… l’administration. Considérer de la date de déclaration à la date d’arrestation, non pas de la date de disparition. De plus, ne pas tenir en compte des cycles chronobiologiques responsables des périodes de chasse, même s’ils sont perturbés par les tentatives de ne pas se nourrir. Tentatives qui expliquent le fait qu’il y ait moins d’une victime par jour, sans doute.

« Qu’est-ce que cela change, demande-je froidement mais pas agressivement. Deux vies, Docteur. Peut-être trois. »

Qu’est-ce que deux vies d’épargnée sur plus d’une vingtaine ? Approximativement 10%. 8,69%, si je ne me trompe pas dans mes arrondis.

« Ceux qui vous ont arrêté la première fois ont vu un monstre. Ceux qui vous ont arrêté la seconde fois aussi. Vous l’avez vu aussi. »

Je joins mes mains pour cacher les feuilles du rapport de la NYPD. Je penche le buste en avant et je lève les yeux vers vous, Docteur.

« Ce que je veux savoir, c’est la sentence que vous trouvez appropriée pour vos crimes. »

Une pause, alors que j’attends que vous me regardiez pour conclure.

« Ce que je veux savoir, c’est si vous avez dédié votre vie à vous sauver vous-même, Docteur. »



 
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MessageSujet: Re: [Terminé] Renouer avec la liberté [Terminé] Renouer avec la liberté EmptyMer 18 Jan 2023 - 23:05



Renouer avec la liberté
17/10/2024 AVEC @Célestine Orchent


« Je suis la plaie et le couteau ! Je suis le soufflet et la joue ! Je suis les membres et la roue, et la victime et le bourreau ! » (Charles Baudelaire)



Vingt-cinq. Vingt-cinq victimes. Difficile de ne pas accuser le coup. De ne pas s’accuser soi-même. De ne pas se sentir faillir, de se décomposer sous le choc, sous la nouvelle terrifiante qui fait de vous un monstre, plus que vous ne l’êtes déjà. L’idée qu’elle puisse mentir ne l’effleure même pas, il ne se cherche aucune excuse et ne vagabonde même pas dans un déni provisoirement salvateur. Il ne cherche plus à être sauvé.

Abattu, aussi bien physiquement que mentalement, il est assis au bord de son lit de prisonnier avec les genoux pliés, ses mains fines et meurtrières tombant entre ses deux jambes tandis que sa nuque, aussi courbée que son dos, plonge son menton vers le sol. Ses pensées s’emmêlent, s’engourdissent, et il a tour à tour envie de pleurer et de hurler en même temps mais il n’en fait rien, n’en ayant même plus la force ni le courage. Il passe sa main tremblante sur ses paupières pâles, qui aimeraient bien se fermer pour toujours. N’est-ce pas ironique ? Lui qui a fuit la mort, lui qui l’a défiée et battue en un sens, aimerait aujourd’hui qu’elle vienne lui rendre visite. Mais ce n’est pas la mort qui lui fait face, mais une femme qui va décider de son avenir embrayé, noyé sous ses méfaits : il se sait foutu, il n’espère plus aucune clémence, aucune possibilité de revoir la lumière du jour, de retrouver une vie presque normale.

Il avait recommencé à parler mais, ne trouvant plus ses mots, étant incapable d’organiser une pensée logique et structurée pour lui répondre, il préfère lui laisser l’entrevue : qu’elle lui pose les questions qu’elle souhaite et il lui fournira les réponses. Mademoiselle Orchent souhaite connaître tous ses souvenirs, et il est tenté de demander pourquoi ils ne font pas venir un télépathe : les choses seraient plus simples pour tout le monde. Mais il imagine qu’elle ne souhaite pas lui faciliter les choses, à lui, et il la comprend.

Elle énonce des dates et un nombre potentiel de victimes, mais il ne réagit pas vraiment. Que peut-il dire ? Il n’a pas su réagir la première fois, il ne va pas le faire maintenant. Il se contente de rester immobile, assis, le visage penché vers le bas, non pas pour l’attendrir mais parce qu’il ne sait faire autrement pour le moment. « Qu’est-ce que cela change, deux vies, Docteur. Peut-être trois. » Est-elle sérieuse ? Il est intérieurement révolté par les mots qu’elle prononce, mais il lui faut quelques secondes pour réagir, sans violence aucune. Il tourne simplement son menton vers elle et, plantant ses iris bleutés dans les siens, lui répond d’une voix calme mais chevrotante, malmenée par une émotion vive : « Tout. Cela change tout. J’ai tué des gens qui ne m’avaient jamais rien fait, qui avaient une famille, des amis, une vie… Je leur ai noté la vie mais je les ai aussi arrachés à celles des autres, de ceux qui les aimaient. Plus j’ai tué, plus j’ai fait de victimes. Alors deux vies, peut-être trois comme vous dites, cela change tout vous comprenez ? » Qu’importe dans le fond, il n’a pas besoin qu’elle comprenne. Alors, il reprend sa position initiale, en fermant les yeux quelques secondes pour tenter de s’apaiser intérieurement. Et, de nouveau, il a envie de pleurer mais il se retient. « Ceux qui vous ont arrêté la première fois ont vu un monstre. Ceux qui vous ont arrêté la seconde fois aussi. Vous l’avez vu aussi. » La dernière phrase le bouscule, et les larmes qui avaient empli ses yeux sont libérés, non pas en tirant mais en fine pluie découlant sur ses joues. Il ne cherche pas à les effacer, car son chagrin n’émet aucun bruit : il pleure en silence, non pas sur son sort, non pas sur sa vie de prisonnier condamné, mais sur les victimes qu’il a semé. Malgré lui. S’il avait su… « C’est vrai, je l’ai vu. Mais ne croyez pas que c’était un autre : je suis le monstre. Il n’y a pas d’autre coupable, sinon moi. La faim me rendait aveugle, sourd et cruel, mais c’était moi. Je ne veux pas me cacher derrière quiconque. Ce ne serait pas juste pour toutes les victimes. » Et justement, la sentence appropriée pour ses crimes… Il n’a pas besoin de réfléchir bien longtemps avant de donner sa réponse, d’une voix qui n’admet point l’hésitation ou le doute. « Si j’avais tué un membre de votre famille, voudriez-vous me voir libre, mademoiselle Orchent ? Les familles des victimes ne voudront pas que je sorte de prison. » Il avait déjà, visiblement, accepté cette issue. Il allait finir sa vie en prison. Une sorte de petite-morte, en somme.

« Ce que je veux savoir, c’est si vous avez dédié votre vie à vous sauver vous-même, Docteur. » Il attend quelques secondes avant de tourner son menton vers elle, prenant une fine inspiration tout en redressant ses épaules pour appuyer son dos contre le mur derrière lui, se fichant pas mal d’être avachi. Au point où il en est. « Honnêtement ? Oui. Je ne voulais pas mourir, à l’époque. Et je ne trouvais pas juste qu’il n’y ait aucune remède pour les gens comme moi. Car je n’étais pas le seul à souffrir de cette maladie, vous savez ? Mais pas assez pour qu’on mobilise des recherches, alors adolescent j’ai décidé que ce serait mon combat. Je voulais sauver toutes les personnes dans une situation similaire à la mienne. Et, oui, je voulais me sauver aussi bien sûr. Je ne peux pas le nier. » Il se doutait que ce n’était pas le discours qu’elle voulait entendre, mais il n’était pas assez menteur pour lui servir de beaux discours. Elle n’aurait que la vérité, la sienne.

Après quelques secondes, ne lui laissant pas le temps de répondre, il avait surenchérit sans la quitter des yeux : « Est-ce que je peux avoir des nouvelles de Roxianne, s’il vous plaît ? »

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MessageSujet: Re: [Terminé] Renouer avec la liberté [Terminé] Renouer avec la liberté EmptySam 11 Fév 2023 - 10:32




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« Ce que je veux savoir, c’est si vous avez dédié votre vie à vous sauver vous-même, Docteur. »

Il attend quelques secondes avant de tourner son menton vers moi.
J’ai les mains jointes pour cacher les feuilles du rapport de la NYPD.
Il attend quelques secondes avant de prendre une fine inspiration.
J’ai le buste penché en avant pour manifester mon intérêt.
Il attend quelques secondes avant de redresser ses épaules pour appuyer son dos contre le mur, derrière lui.
J’ai les yeux levés vers lui.

Il attend quelques secondes pour faire face.
Il attend quelques secondes pour me faire face.

Puis il répond.

« Honnêtement ? Oui, déclare-t-il, confirmant mon diagnostique fait quelques minutes avant et ne m’amenant à aucune réaction. Je ne voulais pas mourir, à l’époque, poursuit-il en explicitant le fait qu’à présent ce soit le cas ; un problème, puisqu’un tel comportement est contre-productif à bien des égards. Et je ne trouvais pas juste qu’il n’y ait aucune remède pour les gens comme moi. Car je n’étais pas le seul à souffrir de cette maladie, vous savez ? »

Les coins de mes lèvres se plissent légèrement.

« Mais pas assez pour qu’on mobilise des recherches, alors adolescent j’ai décidé que ce serait mon combat. Je voulais sauver toutes les personnes dans une situation similaire à la mienne. Et, oui, je voulais me sauver aussi bien sûr. Je ne peux pas le nier. »

Je souris. C’est discret. C’est inquiétant. Il en est enfin là où je veux qu’il en soit.

« Est-ce que je peux avoir des nouvelles de Roxianne, s’il vous plaît ? »

Mon sourire disparait.

Il ne s’agit pas de lui. Tout comme il ne s’agit pas de moi. Ni de Roxianne. S’il faut réellement utiliser celle-ci pour arriver à quelque chose, soit.

« Vous vous êtes guéris au prix de nombreuses vies. Roxianne fait partie de celles que vous avez détruites. »

Nous revoilà à ce qu’il considérait précédemment. Face au sous-entendu qu’il avait peut-être tué deux personnes de moins que ce dont il était accusé et que cela changerait peut-être aussi sa vie, il a répondu que cela changeait "tout". Tout d’abord, j’ai pensé que c’était synonyme du fait que cela ne changeait rien : il avait tué des gens mais il avait détruit des vies. 25 ou 23 personnes mortes, c’était toujours entre une cinquantaine et une centaine de vies brisées. Dont celle de Roxianne. Ensuite, il a considéré que "deux vies, peut-être trois […], cela change tout […]". Est-ce que je comprends ?

Il a vu le monstre. Il a intériorisé le monstre. Il n’y a pas d’autre coupable, sinon lui. Il a expliqué comment. Il a expliqué pourquoi. Il ne veut pas se cacher derrière quiconque car "ce ne serait pas juste pour toutes les victimes".

« Vous parliez de Justice, Docteur, reprends-je calmement en fermant le dossier de la NYPD. Vous parliez de sauver toutes les personnes dans une situation similaire à la vôtre. »

S’il avait tué un membre de ma famille, aurais-je voulu le voir libre ? J’aurais voulu le voir suffisamment capable pour que la personne reste morte.

« En quoi serait-il juste de vous laisser mourir, comme vous le souhaitez, plutôt que de vous forcer à continuer à essayer de guérir les autres ? »

N’est-ce pas plus de faire des dégâts et de les fuir dans une oubliette sous couvert de Justice ? Plus facile que de continuer à se battre pour les autres alors que, à raison, ils nous ont tourné le dos ?

« Il faudra des années de thérapie à Roxianne pour "aller bien", réponds-je en me redressant sur mon siège de camping. Ce qu’elle devra apprendre, c’est à tirer du bien de cette destruction. A se reconstruire. »

Ma déclaration est optimiste. Elle part du principe que l’impact psychologique sur la construction de la demoiselle n’amène pas celle-ci à des troubles du comportement ou de la personnalité ; chose qui nécessitera un accompagnement compétent. Avec les moyens suffisants, cela finit toujours par se trouver. Sans les moyens suffisants, il est possible que cela ne se trouve jamais. Roxianne s’accrochera-t-elle à son souvenir de Michael Morbius et deviendra-t-elle une Antigone ? Roxianne rejettera-t-elle son souvenir pour se diriger vers l’extrême opposé ? Cela aurait-il de l’importance pour les gens qui jugeront son nom ? Le meilleur qui puisse lui arriver est de changer celui-ci. Action en cours.

« Madame Johnson a entamé les démarches pour obtenir la garde de Roxianne. Cela permettra de sortir la demoiselle des services sociaux et, possiblement, de lui offrir les ressources pour guérir. »

J’énonce des faits. Je n’ai ni d’avis à donner ni d’avis tout court sur ceux-ci. Je sais ce qu’ils vont faire au Docteur. J’hésite à être franche du fait. Hésitation de courte durée.

« Ni la garde ni la tutelle ne seront suffisantes à protéger Roxianne de vos actions. S’il me fallait conseiller madame Johnson, la meilleure option est l’adoption. Roxianne Johnson, voilà qui diminuerait la pression sociale que vous lui léguez. »

Cela fait mal, je me doute. J’en serais désolée si cela n’était pas juste.

« Il est trop tard pour changer cela, Docteur, rappelle-je par anticipation qu’il redevienne émotif à ne plus comprendre les subtilités. Cependant, vous pouvez encore essayer de sauver les vies pour lesquelles vous vous êtes battu. Retrouvez un sens dans ces tourments. »

Pourquoi la morale devrait-elle être seule détentrice du Bien et du Mal lorsque les mathématiques sont capables de retraduire l’ensemble de l’univers ? Vous avez fait du Mal, Docteur, tâchez à présent de faire plus de Bien malgré lui.



 
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MessageSujet: Re: [Terminé] Renouer avec la liberté [Terminé] Renouer avec la liberté EmptySam 11 Fév 2023 - 16:12



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17/10/2024 AVEC @Célestine Orchent


« Je suis la plaie et le couteau ! Je suis le soufflet et la joue ! Je suis les membres et la roue, et la victime et le bourreau ! » (Charles Baudelaire)



Il l’a fait, il a répondu à chacune de ses questions avec une honnêteté qu’il soupçonne de ne pas être toujours à son avantage mais, qu’importe, tout ce qu’il veut c’est obtenir des nouvelles de sa fille. Encore une fois, après son monologue mille fois répété devant mille visages différents, il réclame ce que mademoiselle Orchent s’obstine à lui refuser : le sujet de Roxianne n’a, jusqu’ici, obtenu aucune réponse. Mais il persiste, car il veut savoir comment elle va et il a besoin d’entendre qu’elle va bien, qu’elle est à l’abri et qu’il aura, peut-être, un jour, le droit de la revoir, quand bien même ce n’est qu’en photos. Mais ce n’est pas du tout le discours qu’elle lui rend… « Vous vous êtes guéris au prix de nombreuses vies. Roxianne fait partie de celles que vous avez détruites. » Les mots sont durs, douloureux, et le percutent de plein fouet à la manière d’un coup de poing venu se plaquer contre le milieu de son visage, rebondissant en écho contre son coeur torpillé. Il encaisse difficilement la froideur avec laquelle elle lui adresse ces quelques mots, mais il n’en dit rien. De toute façon, il ne se sent pas capable de parler.

Sa langue est paralysée, sa gorge est nouée, ses yeux sont embrouillés par les larmes venues troubler sa vue. Il papillonne longuement des cils tandis que son menton se baisse, intimant le mouvement à son corps tout entier : d’abord ses épaules chutent de quelques degrés, courbant son dos qui s’arrondit puis sa nuque qui, cessant de résister, s’abaisse jusqu’à ce que son menton puisse presque toucher son buste. Ça fait mal, mais il sait qu’elle dit la vérité alors il ne rajoute rien. De toute façon, que peut-il dire ?

Elle continue néanmoins de parler, puisque lui ne dit rien, mais il n’est pas sûr de comprendre où elle veut en venir, sans nul doute que son esprit n’est plus tout à fait en état de répondre à ce genre de questions. Sa respiration est difficile, il a l’impression que l’air a du mal à s’infiltrer dans ses poumons et à parcourir le chemin pour faire normalement fonctionner son corps mais il s’y emploie, et cela occupe toute sa concentration, cela lui évite de trop s’éparpiller dans ses pensées devenues douloureuses, et fatalistes. Inspirer. Expirer. Ce ne devrait pourtant pas être si difficile. Mais il a l’impression que son coeur est en train d’être froissé, qu’on lui arrache des morceaux et que cette sensation de vide douloureux est en train de s’installer pour combler les parties manquantes. C’est donc ça, la sensation éprouvée par un parent à laquelle on arrache un enfant ? « Je… Je comprends. » Odette a toujours été là pour prendre soin de Roxianne, même bien avant tout ces drames ; au moins il y avait toujours une figure familière près d’elle. Savoir qu’Odette a demandé la garde de sa fille lui procure un sentiment contraire, car il est à la fois rassuré et affligé, la première étant guidé par l’amour qu’il lui porte et, l’autre, par l’égoïsme qu’il ne peut réprimer. Il aurait aimé que les choses se passent autrement, qu’il puisse la voir grandir, l’aider à devenir quelqu’un en ce monde, suivre sa propre voie… Se rendre compte qu’il ne la reverra probablement jamais est plus douloureux qu’il ne l’aurait imaginé.

Mais il ne lui faut que quelques secondes pour réagir : sa tête, toujours orientée vers le bas, se hoche finalement de haut en bas tandis que des larmes coulent le long de ses joues et qu’il admet, sans fausse note : « Vous devriez lui conseiller ceci, alors… Pour le bien de Roxianne. » Il en souffre, mais le bien-être de sa fille passe avant tout le reste. Car elle est et restera sa fille, jusqu’à la fin. Aucun changement de nom et aucun papier ne pourra jamais changer l’amour qu’il lui porte.

Ravalant difficilement sa salive, il essuie ses joues humides d’un geste rapide de la main avant de se tourner vers la rousse, qui vient de lui dire quelque chose de très surprenant. Il peut encore essayer de sauver des vies ? De retrouver du sens dans ces tourments ? De quoi parle-t-elle ? Fronçant légèrement ses sourcils en l’observant, exprimant ainsi toute l’incompréhension que cette conversation lui octroie, il reste quelques secondes ainsi, à chercher le sens caché derrière ses mots. Reniflant discrètement, il essuie ses joues une seconde fois avant de demander, d’une voix chevrotante et tremblante d’émotions : « Je ne comprends pas ce que vous voulez dire… » Il essuie ses joues mais les larmes continuent de couler ; il cesse donc de vouloir les intercepter, et se concentre sur les paroles de mademoiselle Orchent. « Vous dîtes que je pourrais… Que je pourrais reprendre mes travaux ? » Cela ne le console assurément pas de la perte de sa fille, mais cela lui donne un nouvel espoir. Elle a raison. Donner du sens.

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MessageSujet: Re: [Terminé] Renouer avec la liberté [Terminé] Renouer avec la liberté EmptySam 18 Fév 2023 - 14:54




Renouer avec la liberté

Je regarde la crise se faire.
Je regarde la compréhension se faire.
Je regarde l’ambivalence émotionnelle se faire.

Je ne laisse rien paraitre de mon côté.

Je sais ce que j’ai fait.
Je sais pourquoi je l’ai fait.
Je sais que c’est dur. Comme le monde.

Je le savais avant de le faire.

Reste à ce que ce ne soit pas fait pour rien.

« Vous devriez lui conseiller ceci, alors, souffre Michael Morbius, à propos de l’adoption de sa fille adoptive. Pour le bien de Roxianne. »

Je devrais. Je n’avais pas l’intention de me mêler de l’histoire de la petite fille en venant ici. Elle ne m’intéresse pas vraiment. Cependant, qu’est-ce qu’un conseil ? Qu’est-ce que cela me coutera ? Un appel, une rencontre. Une demande de permission à mes supérieurs, sans doute. Je peux faire ce que je veux des déchets enfermés au Raft, histoire qu’ils soient productifs par recyclage, mais m’occuper de civiles… j’inspire par le nez.

Je le ferais, même si je ne suis pas venue là pour ça.

Je suis venue ici pour le Monstre. Je dirais bien que j’ai une décision à prendre le concernant mais elle est déjà prise.

Mon silence est la seule réponse face à l’incompréhension sanglotante, puisqu’il est besoin de finir d’outrepasser l’émotion pour en libérer la cognition. Qu’il s’essuie. Qu’il se donne le temps. Je ne suis pas pressée. Mon objectif est d’éviter le mal ordinaire sur lequel tout le monde s’accorde concernant le Docteur, lui-même inclus, afin d’essayer d’en dégager du bien.

Donner du sens à la souffrance.

La majeure partie des gens cherchent des coupables et non des solutions. Avoir un coupable, avoir un bouc émissaire, avoir un Pharmakos, cela signifie qu’ils n’ont rien à remettre en question et quelque chose à haïr, à blâmer. Les rites d’expiation sont possiblement aussi anciens que les communautés humaines. Je ne les juge pas. Je ne les pratique pas non plus, cependant.

« Vous êtes un prix Nobel de chimie, rappelle-je avec simplicité, toujours légèrement posée en avant et cachant des mains les avis des autres sur l’affaire Morbius. Sans la mauvaise presse conséquente de vos actions, votre sang artificiel aurait pu résoudre le problème du don du sang. »

Reste à savoir ce que les civils penseront de l’histoire et si l’émotion n’impactera pas trop l’intellect. D’autant plus qu’une bonne partie des gens serait capable de refuser l’emploi du sang artificiel "créé par un monstre" jusqu’à ce qu’elle en ait elle-même besoin. Là, beaucoup de beaux discours disparaitront face à la nécessité.

« Plutôt que d’attendre la mort dans cette oubliette, la SHIELD peut vous offrir l’alternative de dédier votre vie à son service. »

La recherche médicale n’est pas la priorité de l’organisation cependant celle-ci a approuvé un programme d’ingénierie pédagogique destinée à l’intégration de supposés extraterrestres alors que seulement deux individus étaient connus de ses services ; individus étant potentiellement le même, sans que cela ne soit alors vérifiable. Mobiliser des fonds pour étudier des maladies orphelines en parallèle d’autres travaux ne doit pas être impossible. Seront-ils suffisants ? Probablement pas. Les Ressources Humaines pourront alors répondre aux demandes avec leur habituelle expertise : dites-nous de quoi vous avez besoin et nous vous expliquerons comment vous en passer.

« Cela reste une peine, souligne-je avant de me redresser sur le dossier de ma chaise de camping, toujours neutre. Evidemment, vous serez affecté à d’autres travaux selon le jugement de votre agent de probation. »

Certes, il est moins question de période de probation que de vie de probation mais c’est mieux que la vie d’enfermement. Surtout lorsque l’on peut continuer à faire ce qui nous animait.

« Vos capacités à refuser les missions qui vous seront confiées seront restreintes, explique-je franchement, énonçant l’évidence. Cela étant, la SHIELD n’est pas aussi monstrueuse que ce que les civils pensent. »

Il est monstrueux de soustraire à la justice un tueur en série pour s’en faire un consultant, c’est indiscutable. Cependant, notre objectif premier reste de protéger l’Humanité sans la contrôler. Subtilité que beaucoup ne comprennent pas, même après des événements comme ceux du Snap. Être les gentils ne sert à rien si nous n’avons pas l’efficacité de protéger ceux qui se pensent ainsi. Sachant que la majeure partie de la population humaine n’accomplit nul bien. Elle existe juste comme le système lui demande d’exister.

« Pour votre bien être moral, je ne serais pas votre agent de probation. »

Il n’y a rien de personnel dans la déclaration. Ce n’est un reproche ni envers Morbius ni envers moi. Travailler ensemble ne serait guère optimal.

« Je me chargerais néanmoins de trouver quelqu’un dont les valeurs éthiques sont compatibles avec les vôtres. »

J’ai déjà une piste, laquelle a le bonus non négligeable d’avoir déjà encadré la réhabilitation de tueurs professionnels par le passé. A court terme, nous referons de vous un chercheur, Docteur. A moyen terme, nous ferons peut-être de vous un agent. A long terme, nous ferons peut-être de vous un miracle. Vous n’avez pas ce qu’il faut pour faire parti de mon projet, cependant, et je vous épargne la mort plus rapide qu’il représenterait pour vous. Vous pouvez apporter plus qu’une arme, Michael Morgan Morbius. Reste à savoir si vous l’accepterez.

« Vous aurez le droit à un entretien préliminaire avec lui si vous le désirez. Si non, vous pouvez accepter dès maintenant. Dans les deux cas, vous devrez respecter des obligations d'assistance et de contrôle. Incluant suivi GPS et collier inhibiteur. »

J’en ai pratiquement fini ici, même si ma gestuelle n’a pas réellement bougé et que je reste détachée. Si la SWORD n’a pas avancé, la vie de Morbius est potentiellement changée à nouveau tandis que celle de Roxianne s’en retrouvera également influencée. Je ne gagne rien mais je n’ai pas perdu pas mon temps. J’ai fait ce qui me semble adéquat, non pour la morale mais pour éviter le mal ordinaire. Reste à voir si cela aboutira sur un quelconque bien. L’avenir le dira.



 
Caelestis
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