Il allait forcément faire l'association entre les mots balles, missions, terrain... C'était certain.
Ezekiel garde cependant le sourire, et me demanda si je suis militaire. Je secoue la tête, avec une petite moue, et lui réponds : Plus vraiment.. Perdre un oeil aurait pu signer la fin de ma carrière ou, du moins, celle que je consacrais au terrain, aux missions, au dépassement de soi. J'aurais cependant pu finir dans des bureaux, mais je n'aurais souhaité cela pour rien au monde. La routine ? Très peu pour moi. Je me dis avec une certaine aigreur que j'aurais du m'engager chez les Marines, ça aurait été pas mal comme vie, quoiqu'éprouvant et dangereux, mais c'est ce qu'il me faut. Le jeune homme me demanda si j'ai des douleurs à cause de la perte de mon oeil. Je réponds alors, avec une petite grimace : Pas tant de douleurs au final, si ce n'est les migraines à répetition, je dirais plutôt une sensation de gêne, de manque. J'ai des démangeaisons sous la paupière, et je dois me retenir d'y mettre le doigt. Je ne te cache pas que la vision et le ressenti n'est pas très agréable... J'ai un oeil de verre, actuellement, mais il ne me va pas, c'est froid, c'est... Mort. J'ai parlé avec mon coeur...Voilà pourquoi j'ai hâte de retrouver un oeil cybernétique, malgré les risques de migraines fortes. Je me sentirais plus entier une fois qu'il sera installé. Ezekiel, qui n'est pas dupe, me demanda si je bosse pour le SHIELD.
Je l'observe quelques secondes avant de répondre. Pas le moindre changement de réaction, juste un sourire. Je mets cela sur le compte de sa curiosité. Je pense que je n'ai rien à craindre et, dans son état, il sera bien incapable de se défendre. Je lui réponds alors, en détournant le regard et avec une petite moue : En effet... Ils m'ont récupéré après mon accident. Ils m'ont donné un travail, un oeil... Et ma femme. Après tout, si je n'avais pas été embauché par le SHIELD, je n'aurais jamais pu rencontrer Moira, et tomber amoureux de son corps parfait, de ses yeux magnifiques, de son sourire, de sa voix... Je demande ensuite à Ezekiel comment il s'est fait sa blessure. Il me répondit qu'il avait été roué de coups et m'avoua qu'il ne savait pas pourquoi, il ne s'en souvenait pas. J'hoche la tête, compréhensif, et plonge quelques secondes dans le menu du restaurant, laissant un petit silence s'installer entre nous. Je lâche cependant un rire sincère et bon enfant quand il me demanda si le Shield pouvait faire quelque chose pour sa jambe foutue. Je lui réponds, avec un sourire : Il y a moyen ! Dis toi qu'ils ont un caisson capable de régénérer les chairs et de guérir les plus graves blessures. J'ouvre les deux premiers boutons de ma chemise et lui montre l'une de mes cicatrices : C'est une pointe de fleche qui a fait ça, j'en ai deux autres sur le torse. Celle ci a percé mon poumon. Je montre ensuite ma cheville, où la cicatrice est plus laide : Et ça c'est une brulure. Je suis resté sur une flaque d'huile enflammée. Le caisson a tout guéri, je n'en revenais pas... Je lui demande ensuite ce qu'il me conseillait sur la carte. Il me répondit, et j'hoche la tête. Je lui réponds : Je ne suis pas trop difficile. Tant que c'est consistant, je suis heureux. Je vais prendre la viande tiens. Nous en avons pour un moment, mais tant mieux, si je peux me changer les idées avec un potentiel nouvel ami, je ne vais pas cracher sur l'expérience.
(c) Padsky
Ezekiel Ranevskaia The Master Of Chess Leader du Devil's Club
« Puisque la beauté est rencontre, toujours inattendue, toujours inespérée, seul le regard attentif peut lui conférer étonnement, émerveillement, émotion, jamais identiques. » (François Cheng)
La piste militaire n’est pas exclue, mais la réponse d’Aemon le laisse un peu curieux : plus vraiment ? Donc il l’a été mais a probablement été blessé au combat… Peut-être dans un autre pays, ce ne sera pas étonnant puisque l’armée américaine est engagée presque partout où elle le peut. Mais cela est un autre sujet, un sujet qu’il n’a pas vraiment envie d’aborder car le moment est tout de même appréciable. « Je vois. » Souffle-t-il en affichant un sourire sincère, avant de détourner la conversation sur les possibles douleurs liés à la blessure de son sauveur : au fur et à mesure des paroles, Ezekiel ne peut s’empêcher de grimacer en tenant plus fermement son menu, se murmurant tout bas qu’il est bien heureux de n’être injurié à la jambe, lui. Démangeaisons, oeil de verre, sensations de gêne, de manque… Cela le ferait presque relativiser. Presque. « C’est l’oeil de verre qui te donne tout ça ? Tu devrais l’enlever, hein. Il vaut mieux n’avoir qu’un oeil que tout ça. » Chaque problème à sa solution : il se permet de distiller des conseils alors que lui-même n’écoute personne.
Mais son visage change diamétralement d’expression lorsqu’il croit comprendre quelque chose d’intéressant. L’homme assis en face de lui, l’homme qui l’a aidé à fuir l’hôpital, l’homme qu’il a invité au restaurant, serait un agent du S.H.I.E.L.D. Il ne laisse rien paraître, il est malin, et il sait que si l’homme fait partie de cette organisation, c’est qu’il l’est aussi. Ne pas sous-estimer son adversaire. Alors, l’air de rien, feignant la curiosité du citoyen lambda, il relance le sujet: grands bienfaiteurs, le S.H.I.E.L.D. lui a donné un travail, un oeil plus ou moins fonctionnel d’après ce qu’il a compris et, plus surprenant encore, sa femme. Ce dernier point le laisse un instant pantois, et il penche son menton sur le côté en fronçant légèrement les sourcils. Donner n’est peut-être pas le mot adéquat. Dit ainsi, il donne l’impression d’avoir reçu un cadeau mais Ezekiel se doute que c’est une formule abusive. Du moins, il l’espère. « Ils sont drôlement généreux dis-moi. » Haussant de nouveau ses sourcils, il se replonge dans le menu du restaurant avant de plaisanter à propos de sa propre blessure : non, jamais de la vie il n’acceptera leur aide mais Aemon lui délivre des informations intéressantes, tout en apportant des preuves avec ses propres cicatrices. « Wouah… Si chaque hôpital pouvait avoir un truc similaire, ce serait pas mal, non ? N’est-ce pas un peu égoïste de garder ça pour eux ? » Il y aurait sans doute moins de morts, mais il se reprend rapidement, ne voulant pas que son aversion pour l’organisation soit palpable. Heureusement, il a dit « pour eux » et par « pour vous », n’incluant donc pas son interlocuteur dans le lot.
Le serveur revient pour prendre leurs commandes et, finalement, Ezekiel décide de prendre un peu de tout : du poisson, des légumes, de la viande, une soupe et de la friture. Ils ont commandé pour un régiment mais, au moins, cela leur laisse l’opportunité de discuter un peu plus longtemps. Alors que le serveur s’éloigne, Ezekiel appuie son dos contre sa chaise tout en joignant ses deux mains sur la table, un fin sourire ornant ses lèvres. « Tu ne travailles pas aujourd’hui ? Je ne voudrai pas que tu sois en retard par ma faute… »
TROUBLE NEVER LOOKED SO DAMN FINE ᭸ I came back and brought the crown with me. I might, just might kick your butt, go run amok then paint my nails. Never learned to raise my hand, was too busy raising hell.
Je me dois de ne pas lui laisser trop d'indices. Je sais que la simple allusion au SHIELD en rebute plus d'un.
Je n'ai pas envie de gâcher l'instant. Je me sens bien, je suis avec un homme que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam, je suis clairement en danger, mais je m'en fiche. Je suis sur de ma force et de mes capacités et je n'ai qu'une envie : me détendre, oublier pendant un instant que je suis un père de famille et un époux aimant, un homme maintenu enchainé par ses responsabilités familiales et professionnelles. Aujourd'hui, je suis Monsieur tout le monde, je sympathise avec le premier venu et cela me plait, je me sens vivant, je me sens entier. Je n'avais pas fait cela depuis la naissance des jumeaux. Mon nouveau compagnon me conseilla de retirer mon œil pour m'éviter tous ces désagréments. Je lui souris et lui réponds en secouant la tête : Vaut mieux pas, je serais réformé sinon. Je tiens à garder mon boulot... Même s'il m'use un peu plus chaque jour, il faut bien payer les factures et l'école des enfants.
Nous continuons à parler, et je lui dis par exemple que mon travail m'a donné un œil et ma femme. Je souris en repensant à ce moment où j'ai croisé le regard de cette superbe jeune femme blonde, qui semblait sortir tout droit d'un conte de princesses et de chevaliers. Je suis tombé fou amoureux et, encore aujourd'hui, je l'aime plus que la vie, même si elle commence sérieusement à me pomper l'air en ce moment. Je l'aime et cela ne changera pas, je ne veux pas me séparer d'elle, je dois simplement trouver un moyen de relâcher la pression sans qu'elle soit à côté... Parce que son insouciance, sa positivité extrême me rends parfois malade comme un chien. Comment peut on être aussi Bisounours ? Je chasse ces pensées que je ne garde que pour moi. Jamais je n'oserais lui dire ça. Elle a du courage, certes, elle est une agente du SHIELD renommée et talentueuse, mais parfois j'ai bien envie de chasser ces arcs en ciel qui se promènent devant ses yeux, surtout ceux qui persistent depuis qu'elle a appris sa grossesse.
Le jeune homme me parla de sa blessure et j'évoque le caisson qui a permis de régénérer mes chairs. Il m'avoua qu'il trouvait cela égoïste et je souris tristement. Je réponds en haussant les épaules : Le budget n'est pas le même pour tout le monde, hélas, c'est bien dommage en effet. Je n'en dirais pas plus, je ne peux pas me le permettre. Ezekiel me demanda si je travaillais, et se reprocha de me mettre en retard. Je lui réponds en souriant : Ne t'inquiète pas, je travaille là bas depuis tellement d'années que j'estime pouvoir me permettre quelques heures de répit. Je le rattraperais ce soir, ou ce week end, ça m'évitera d'avoir les caprices de madame sur le dos. Je l'aime, crois moi, mais une femme enceinte il y a rien de plus fatiguant.
(c) Padsky
Ezekiel Ranevskaia The Master Of Chess Leader du Devil's Club
« Puisque la beauté est rencontre, toujours inattendue, toujours inespérée, seul le regard attentif peut lui conférer étonnement, émerveillement, émotion, jamais identiques. » (François Cheng)
Être réformé pour s’ôter quelque chose de non essentielle à la survie et qui cause de la souffrance ? Ezekiel, qui a déjà une bien piètre opinion du SHIELD, fronce lentement ses sourcils en redressant ses épaules, sentant une certaine nervosité envahir ses veines. Ils le dégoutent de plus en plus, mais il ne faut pas qu’il laisse apparaître cette haine à la surface de leur conversation, pour ne pas braquer l’homme qui se tient devant lui. Quoique. Lui aussi semble en avoir gros sur le coeur à propos de ses patrons. « C’est injuste. » Dit-il d’une voix calme en prenant son verre entre ses doigts pour détourner son attention, poursuivant ensuite : « Ton bien-être devrait passer avant tout. » Il ne disait que la vérité, non ?
Loin de se douter des problèmes personnels que rencontrent son nouvel ami — il vaut mieux car il n’est pas de bon conseil, encore moins en matière de relation amoureuse, quoique relation tout court, Ezekiel avale le contenu de son verre d’une seule traite, sans tressaillir. Ces temps-ci, il boit un peu plus que de raison, et ce ne serait presque pas un problème s’il ne mélangeait pas alcool avec les médicaments ; faut dire que le cocktail est explosif. Un peu trop, même.
Alors, ce n’est pas un petit verre de cocktail chinois qui va le brusquer : c’est comme s’il venait de boire un jus de fruits. Raclant discrètement sa gorge au sujet du budget et du potentiel médical détenu par le SHIELD, il répond ensuite, en faisant machinalement tourner son verre vide entre ses doigts fins : « Parce que la vie de agents est plus précieuse que celle des autres ? » Évidemment, la question peut paraître agressive mais elle n’est en rien dirigée vers Aemon, mais plutôt vers le SHIELD lui-même. Ils pourraient sauver tellement de vies… Égoïste n’est pas un mot choisi à la légère les concernant.
Continuant de récolter des informations au sujet de son nouvel ami travaillant pour le SHIELD, il se montre même affable en s’inquiétant du potentiel retard qu’il lui inflige par son invitation : l’homme se montre très bavard, de quoi faire sourire le chevelu, même si cela passe par un sourire d’amusement. « Il parait que les femmes enceintes ont les hormones en ébullition ! Il ne faut pas lui en vouloir. » Se targue-t-il tandis que le serveur vient déposer leurs nombreux plats sur la petite table qu’ils occupent, recouvrant presque entièrement celle-ci : gourmand, il pique un morceau de viande dans un plat saucé avant de demander, l’air de rien et pour le mettre en confiance : « Vous êtes ensemble depuis longtemps ? Moi, j’suis célibataire depuis 2016 alors…Ces histoires de couples ça ne me dit rien, j’ai oublié ! »
TROUBLE NEVER LOOKED SO DAMN FINE ᭸ I came back and brought the crown with me. I might, just might kick your butt, go run amok then paint my nails. Never learned to raise my hand, was too busy raising hell.
Je l'aime bien, ce type. Il est du genre sincère et ne cache pas ses pensées. Cela me change bien du SHIELD.
La bas, tout n'est que faux semblants et dissimulation. Les informations sont cachées, distribuées au compte goutte à ceux qui en sont digne. Mais qu'est ce que la dignité aux yeux du SHIELD ? Il s'agit d'être soit dotés de pouvoirs, soit d'être le petit soldat parfait, comme je l'ai été pendant des années. J'aime bien ce type, oui, il me permet de souffler, de penser enfin qu'à moi même, de croire que je vaux mieux que ce que j'ai toujours pensé être. Avec lui, je ne suis plus le parfait petit père de famille, je ne suis plus le soldat, je ne suis plus l'agent, je suis juste moi, un type qui croit encore que l'avenir peut être changé, que le monde n'est finalement pas perdu et qu'on peut encore le sauver. Reste à savoir comment.
Nous parlons d'horaires de travail et je le rassure en lui disant que je pouvais me permettre quelques temps de repos, après tant d'années de bons et loyaux services... Enfin, je dis ça, mais je vais quand même devoir rattraper ces heures. Le SHIELD ne fait guère de cadeaux, sauf un drapeau américain sur le cercueil. Je lui parle de ma femme enceinte et il me dit, en riant que les femmes enceintes avaient les hormones en ébullition et qu'il ne fallait pas leur en vouloir. Je ris à mon tour et réponds : Je ne te le fais pas dire. Elle me réclame des fraises à deux heures du matin, ça me ramène presque seize ans en arrière, lorsqu'elle était enceinte des deux premiers... Un vrai bonheur certes, mais pas à longueur de journée ! J'aime mon épouse, plus que ma propre vie, mais j'ai quand même hâte qu'elle accouche. Quoique.. Ce ne sera que le début des ennuis.
Il me demanda si j'étais en couple depuis longtemps, et m'avoua n'avoir personne depuis 2016. Je réponds, en souriant : Cela fait un bon nombre d'années oui, je n'étais qu'un jeune agent du SHIELD, tout juste borgne, quand je l'ai rencontrée. Cela a été le coup de foudre immédiat... Je bois une gorgée de mon verre et lui demande : Depuis 2016 ? Tu ne trouves pas le temps long ? Quoique, tu peux toujours aller t'amuser à droite à gauche, tu es plus libre. Je ne suis pas envieux, quoique, juste un peu. Ezekiel est libre de faire ce qui lui chante, mais je ne lui envie pas la solitude. J'aime rentrer en sachant que ma femme sera là, et j'aime sentir sa présence dans notre lit.
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