Appuyé contre la cloison, faisant face à la porte du bureau de Hill, je me surprends à avoir la boule au ventre. L'opération ne s'est achevé que la veille, et je ne suis pleinement remis de mes blessures que depuis quelques heures. Je me sens épuisé, fatigué, mais je tiens à être là. Les quelques agents venus à mon chevet m'ont dit que Hill souhaitait me voir, dés que je serais rétabli. J'ai senti alors que j'allais passer un mauvais quart d'heure. Comme si ce n'était déjà pas le cas actuellement. Je vois cette mission comme un véritable fiasco. Certes, la mutante a été sauvée et nous avons pu capturer l'un des Héritiers. Mais... (Car il fallait bien un mais dans cette histoire) La cheffe du camp ennemie avait été tuée, l'Agent Goode était mort et je passe sur tous les autres incidents qui ont été provoqués par ma négligence...
Bon sang, je vais passer un mauvais quart d'heure. Je ne cesse de penser à Goode, et à sa famille. Je n'ai pas encore été voir son épouse. Je sais déjà ce que je vais lui dire, je vais lui promettre qu'il n'a pas souffert, qu'il est mort en héros mais... Bon sang, il est mort par ma faute. J'ai pleuré comme un enfant, le visage contre l'épaule de ma fille, quand j'ai appris la nouvelle. J'aurais du prévoir ce qui allait arriver, je n'aurais jamais du l'envoyer devant. Quant aux multiples blessés : Rocket, Clark, Emy, Jade... Ils doivent tellement me haïr à présent. Ils doivent en vouloir au SHIELD de leur avoir donné un si mauvais chef. Et l'agent Paul... Pourquoi n'ai je pas remarqué ce changement chez lui ? Un usurpateur a pris son identité et son uniforme, le temps de l'opération... Pourquoi ? Sans doute pour dérober des documents qui auraient pu être très utiles au SHIELD. Je ne l'ai pas vu, malgré mon œil cybernétique. Je ne l'ai pas vu... Bon sang.
Tant de choses à me reprocher... Je crains désormais pour ma carrière. Durant cette longue heure d'attente, j'ai eu le temps d'envisager toutes les possibilités : Rétrograde, renvoi, simple blâme, condamnation judiciaire, prison... Enfin... Je suis sans doute parti un peu loin avec ma nervosité. Mais j'ai décidé de m'attendre à la fois à tout et à rien. Je sais qu'Hill et Fury doivent être furieux de mon travail, et je ne m'attends pas à des félicitations. Prendre de flèches dans le buffet pour sauver un raton laveur n'aura surement rien d'héroïque à leurs yeux. Pour eux, tout ce qui compte, c'est l'objectif... D'un autre côté, je me demande. Est ce que Moira aurait fait mieux ? Sans doute, elle est de niveau sept. Elle a été formée pour ça. Mais sa négligence matérielle l'a conduite à être écartée de la mission... Mais si elle avait vérifié son masque, si elle avait continué... Je n'ose pas imaginer ce qui aurait pu arriver. Voilà au moins l'un des sujet sur lequel je serais intraitable : Quoiqu'on me dise, elle n'avait à mes yeux rien à faire sur le terrain.
La porte s'ouvre sur l'un des assistants de Hill. Son regard est froid, terne, me donnant ainsi un premier point de vue sur ce qui m'attends. Je soupire doucement, réajuste mon cache oeil et ma cravate avant d'entrer.
Je me sens comme un porc que l'on mène à l'abattoir. Quelle triste pensée.
Lundi 30 Septembre – 09 : 13 A.M. Salle de réunion, Hélipoteur
Hill n’est pas populaire auprès des agents du S.H.I.E.L.D.. Lors de son recrutement, seuls les agents de niveau 8 ou plus ont compris pourquoi elle était choisie comme Adjointe par le nouvellement promu Directeur Fury, à la place de Phillip Coulson. Coulson s’était distingué comme agent depuis les années 90 et servait de bras droit à Fury depuis une décennie tandis qu’Hill était récemment arrivée de l’U.S. Army. Alexander Pierce, ancien Directeur du SHIELD promu afin de rejoindre le Conseil de Sécurité Mondiale, avait besoin de quelqu’un n’étant pas proche de son successeur pour le surveiller. Inconsciente de cette réalité, la grande majorité des agents s’était contentée de plaisanter amèrement que "si le directeur Fury voulait une assistante bonnasse, il aurait au moins pu prendre l’agent Romanoff" ; jamais en présence de ladite agente, évidemment. Quant à Hill, elle se retrouvait à 26 ans en direction adjointe de l’organisation secrète la plus puissante au monde avec un directeur ne lui faisant pas confiance et donnant toutes ses missions à l’Agent Coulson tandis que le reste de l’organisation la considérait au mieux comme une étrangère et au pire comme une voleuse pistonnée. Ce n’est qu’après l’Invasion Chitauri et la Bataille de New York, ainsi que sa trahison secrète envers le Conseil suite à la décision de lancer une bombe nucléaire sur la ville, qu’Hill avait gagné la confiance de Fury. Sa réputation d’efficacité n’était cependant pas à faire.
Les salles de réunion du S.H.I.E.L.D. se ressemblent toutes : un espace métallique et éclairé artificiellement, du fait de leur présence au sein d’un porte-avion modifié, avec une table triangulaire capable d’accueillir une dizaine de personnes et un large écran d’affichage des données. Lorsqu’Hill convoque des agents, la position est toujours la même. Elle est à la place de la présentatrice, dos à l’écran et au sommet du triangle. La personne convoquée est à l’autre bout, de l’autre côté de l’immense symbole du S.H.I.E.L.D. qui se trouve au centre du plan de travail de verre. Cela force à hausser le ton pour se faire entendre et, pour beaucoup d’agents, crée également du malaise. Les lumières sont réduites au minimum pour faciliter également cette impression d’interrogatoire. Parmi les nombreuses blagues des agents du S.H.I.E.L.D. se trouve celle que l’Agent Hill aurait les corps de nouvelles recrues lui ayant déplu enterrés sous le parquet de son bureau, au Triskelion. Evidemment, cela est faux : les équipes de nettoyage ont vérifié. Deux fois.
Après s’est fait rappeler à l’ordre une nouvelle fois et avoir appris la durée de sa mise à pied, l’agent de niveau 4 Patrick Paul finit par enfin pouvoir sortir de cette pièce. Les convocations sont généralement données à cinq minutes d’intervalle, forçant les convoqués à attendre en silence dans le couloir que la personne précédente termine de se faire remettre en place. Certains ont déjà osé exprimer qu’ils avaient mieux à faire qu’attendre, ce qui est vrai pour l’Agent Hill également ; sachant qu’elle n’est pas en tort dans l’affaire. Concernant Patrick Paul, il a brisé la formation de son trinôme, premier problème, pendant suffisamment de temps, second problème, et avec suffisamment de distance, troisième problème, pour se faire neutraliser, quatrième problème, et qu’un agent ennemi puisse usurper son équipement, cinquième problème ! Il devrait s’estimer heureux d’une mise à pied disciplinaire, non conservatoire, et passera par un stage de remise à niveau à l’Academy of Operation à son retour.
Désormais qu’ils en ont terminé, Patrick Paul peut retourner à son dortoir pour empaqueter ses affaires. Il prendra le premier Quin-jet au-départ… principalement car la proposition d’Hill de lui donner un parachute et de le balancer par-dessus bord a été refusée par le Directeur Fury. Incertain de s’il s’agit d’un trait d’humour sarcastique ou d’une réelle proposition, Paul ne le demande pas et se contente de signaler à l’Agent Baskerville, qui passe après lui et attend à la porte, que c’est à son tour. Il n’y a pas d’assistant au S.H.I.E.L.D. pour une raison simple : c’est une organisation basée sur la gestion de l’information et les assistants n’auraient jamais les niveaux d’accréditation requis pour gérer les données de leurs supérieurs. Même si la Directrice Adjoint Hill peut sembler être l’assistante du Directeur Fury, ce n’est officiellement pas le cas. Et quiconque insinuerait le contraire serait reçu.
« Agent Baskerville, salut-elle d’une voix forte afin de se faire entendre à travers la pièce. Asseyez-vous. »
Sur le bureau de verre, devant elle, elle termine de fermer un dossier papier. Un autre, identique d’apparence, se trouve à son côté. Elle l’ouvre.
« Je sais que cela sera désagréable, reprend-t-elle avec une expression neutre mais pas froide, cependant racontez-moi votre version des événements concernant la mission Fawkes. »
Elle a le rapport écrit sous les yeux et le lit en parallèle du récit afin de comparer les éléments donnés.
L'agent Hill me fit entrer. J'hésite un instant, regardant l'agent Paul s'éloigner, la mine sombre. Je l'ai à peine reconnu, tant son expression paraît défaite, dépitée. Il a visiblement passé un très mauvais moment...
J'entre donc dans cette pièce que j'ai toujours trouvé sinistre... Non seulement à cause de son agencement mais aussi à cause de sa réputation. Tout ici invite à la peur, au malaise. La légende raconte que, sous mes pieds, se trouvent les jeunes recrues qui ont eu le malheur de déplaire à l'agent Hill. Personnellement, je n'y crois pas. Ce n'est pas du genre de Hill de laisser des traces et des cadavres derrière elle... Elle les auraient fait disparaitre autrement, si par malheur cette légende était vraie. Contrairement à une jeune recrue, j'ai l'expérience avec moi, et je ne compte pas me laisser manger tout cru. Hill va devoir mériter ma défaite. Je sais que j'ai beaucoup de choses à me reprocher, mais je ne suis pas le seul à être en faute. J'entre donc, et j'obéis en m'asseyant face à Hill. Une énorme table nous sépare, rendant cette entrevue d'autant plus formelle et intimidante. Je ne me laisse cependant pas démonter et inspire doucement, attendant la suite. Hill prit alors la parole, me disant que cela allait être désagréable. J'incline la tête, sans un mot. Elle me demanda ensuite de raconter ma version des faits.
Je prends quelques secondes pour réfléchir. Quoi dire ? Quoi faire ? Obéir, de préférence, Hill a les moyens de m'expédier au fond du trou, de faire de moi un simple agent tout juste bon à faire du café pour ses supérieurs. Il ne servira à rien de nier la réalité, de dire que rien n'était de ma faute, de tout rejeter sur celle du Shield et de ma femme. Je me dois d'assumer l'entière responsabilité de ce qu'il s'est passé, mais je ne compte pas tout endosser. Le Shield a commis une erreur de taille, et je compte bien le leur rappeler. Je pose les mains sur la table et croise les doigts avant de prendre la parole. D'une voix neutre et claire, je lui dis : La mission ne s'est pas déroulée comme prévue, Agent Hill, mais nous avons pu accomplir la plupart des objectifs. Nous avons sauvé la mutante et capturer l'un des criminels qui a orchestré sa capture. En revanche, nous avons rencontré plusieurs difficultés dues à diverses négligences matérielles et d'un manque d'anticipation qui ont causé de multiples blessures et des pertes dans nos rangs. J'ai dû prendre le commandement de l'équipe sans y être pleinement préparé, étouffer dans l'oeuf un début de mutinerie des héros et tenter d'accomplir ce qui nous a été ordonné. La résistance ennemie était de taille et je n'ai pas su exploiter toutes les capacités de notre matériel, comme les grenades qui nous avaient été fournies, par exemple." J'évoque également l'une de mes premières erreurs : ouvrir une deuxième brèche à l'entrepôt, ainsi que le fait que je n'ai pas su remarquer que l'agent Paul avait été remplacé à notre insu. Ensuite, je résume la mission, vu de mes propres yeux. Cela fait plus de fautes que de réussites, mais je prends tout de même le temps de souligner : "Ce qu'à ordonner notre supérieur a en parti été accompli, et ce, malgré le fait que nous ayons perdu des le début notre meneur. Je suis prêt à assumer chacune des fautes qui ont été commises durant la mission, mais je vous demande de prendre en compte le fait que j'ai pris le commandement sans avoir reçu la formation nécessaire. Nous aurions dû avoir un renfort avec un agent de niveau sept habilité et en état d'effectuer la mission. De plus, les héros n'étaient psychologiquement pas prêts à assumer leurs charges. Leur rébellion nous a fait perdre un temps précieux, malgré leurs actions qui, à terme, nous ont été plus que bénéfiques."
Je brûle de lui dire que mettre Moira à notre tête était une effroyable erreur, mais j'en ai assez dit pour le moment, cela viendra plus tard. J'attends de voir quelle sera la réponse de Hill... Je redoute le pire.
Lundi 30 Septembre – 09 : 15 A.M. Salle de réunion, Hélipoteur
Hill écoute tout en lisant. "La mission ne s’est pas déroulée comme prévu" ne la fait pas réagir. L’accomplissement de "la plupart des objectifs" non plus. Leur énoncé, idem. "En revanche", elle relève les yeux. Brièvement. "Divers négligences matérielles", elle recommence à lire. "Manque d’anticipation", elle continue de lire. "Multiples blessures et des pertes dans nos rangs". Sa mâchoire se serre, même si la distance dissimule bien ce fait.
Transfert de commandement. Négligence matérielle.
Début de mutinerie héroïque. Manque d’anticipation.
Résistance ennemie de taille. Manque d’anticipation.
Incapacité à exploiter toutes les capacités. Négligence matérielle et manque d’anticipation.
Perte de l’Agent Baskerville, Moira. Négligence matérielle.
Préparation à assumer chacune des fautes commises. Manque d’anticipation.
Demande de prise en compte du manque de formation. Négligence matérielle.
Renfort d’un agent de niveau 7. Négligence matérielle.
« Agent Baskerville, les héros ne sont jamais vraiment prêts. C’est à nous de les diriger correctement pour qu’ils le soient. Ce que vous avez fait. »
Hill relève le nez de l’écrit pour fixer son interlocuteur de ses yeux bleus. Ses mains sont toujours sur chaque feuillet, posées à plat, et son dos est droit ; ni en avant, ni en arrière.
« Suite à la neutralisation de votre commandant, vous auriez dû vous replier et laisser l’escouade Fishig prendre le relai. Cela étant, l’absence de passif commun avec les héros aurait complexifié le transfert d’autorité. »
Hill énonce des faits. Ni des reproches, ni des encouragements. Des évidences.
« Suite à la neutralisation de votre commandant, vous n’auriez pas dû évoquer un sujet personnel, souligne-t-elle avec un reproche, cette fois, avant de revenir à une explication. L’Agent Baskerville 2 avait le respect des héros ainsi vous placer en opposition avec elle vous a attiré leur défiance. »
Retour à l’énoncé de faits.
« Vous n’êtes pas celui obsédé par le congé maternité à venir, cependant vous avez augmenté vos difficultés. Vous n’êtes pas formé au commandement, cependant vous pouvez apprendre de vos erreurs. »
Une pause durant laquelle Hill se tient immobile à fixer l’Agent Baskerville.
« Quand à l’incapacité à exploiter toutes les capacités de votre équipe et la résistance ennemie de taille… »
Les mains d’Hill glissent sur le papier pour venir croiser leurs doigts. Le buste d’Hill, lui, se penche légèrement en avant. Les paupières se plissent. Le regard, lui, devient plus perçant. Le reste de l’expression est inchangé. Impassible.
« Développez, Agent Baskerville. »
S’il n’a pas identifié tous les points problématiques, il en reste deux d’identifiés à traité avant de pouvoir dépasser sa "zone de confort". Car, il doit en être bien conscient, il est dans sa zone de confort actuellement. Le plus difficile reste à venir.
Voilà, c'est chose faite, j'ai répondu à sa question, mais Hill n'en a pas fini avec moi, mais je m'y attendais.
Je croise les doigts sur la table, afin de dissimuler mon angoisse. Je dois rester le plus serein possible, et ce n'est pas facile, car sans mon oeil cybernétique, il m'est difficile de voir le visage de l'Agent Hill correctement. Elle a du faire exprès de se placer à bonne distance de moi, c'était clairement voulu. Elle cherche ainsi à imposer sa position et son pouvoir sur ses subalternes, tout en leur donnant un sentiment d'impuissance et de faiblesse. Bien joué Hill, c'est réussi, mais je ne compte pas me laisser bouffer sans me battre. Je suis perdant, je le savais dés le début, mais autant abîmer un peu mon adversaire avant d'y laisser ma peau. J'expose donc mon propre compte rendu, et Hill écouta, en silence, impassible. Je lutte pour ne pas trembler, je ne dois pas, ce serait lui faire un beau cadeau.
Hill me dit que les héros ne sont jamais vraiment préparés à ce qui les attends, et que c'était à nous de les diriger, de les guider pour que tout aille pour le mieux. J'hoche la tête quand elle souligna le fait que j'avais su commander les héros, les remettre dans le droit chemin. Restant silencieux, j'attends la suite. Je ne fus pas déçu. Elle me dit que, suite à la neutralisation de Moira, j'aurais du me replier et attendre que l'agent Fishig prenne le relai, même si cela aurait complexifié le transfert d'autorité à cause du manque de passif avec les héros. Je plisse mon seul œil valide, et rétorque alors, conscient que rien ne m'autorisait à prendre la parole en cet instant : Où était il dans ce cas ? Pourquoi ne s'est il pas manifesté quand Moira s'est retirée ? Il nous avait à l'écoute pourtant, pourquoi n'a t'il rien dit ? Je reconnais cependant la faute de mon épouse, qui aurait du vous consulter avant de me transférer le commandement.
J'ai parlé sous le coup de la colère. Colère qui ne se fait que plus grandissante à chaque seconde. Je la retiens tant bien que mal, et reste le plus calme possible, mais hélas, les quelques mots que je viens de prononcer m'ont sans doute trahi. Hill me rappela alors que je n'aurais pas du mettre mes problèmes personnels sur le tapis lorsque ma femme a préféré abandonner la mission, me disant que c'était là ce qui avait causé des difficultés, en particulier avec les héros. Elle me dit que je n'avais certes pas été formé au commandement, mais que je pouvais toujours apprendre de mes erreurs. Je lâche un sourire crispé. Elle est bien bonne celle là. Je réponds alors, en souriant d'abord puis en laissant exploser ma fureur : Puisqu'on parle de Moira, je tenais juste à souligner le fait que c'était une énorme erreur de la laisser partir en mission. Depuis quand laisse t'on des femmes enceintes aller sur le terrain Agent Hill ? Ne me dites pas que c'est à cause de ses pouvoirs, ou de sa nature, ou de son statut, cela ne change rien au fait qu'elle attend un enfant et que, dans tous les cas et à ses yeux, ce dernier passera en priorité avant tout le reste. On en a eu la preuve flagrante ! Je soupire et me calme avant de reprendre : J'ai moi même fait une erreur en évoquant ce sujet très personnel pendant la mission, mais je ne suis pas le seul fautif de ce qu'il s'est passé. Nous aurions du avoir Fishig dés le début.
Hill me demanda ensuite de développer sur deux autres points : la résistance ennemie de taille et le fait que je n'ai pu exploiter le plein potentiel de notre équipe. Je sens le regard perçant de l'Agent, mais son expression reste impassible. Bon sang, ce n'est pas bon. Je croise à nouveau les doigts et lui réponds, de nouveau calme : Des lances flammes, des fusils d'assaut dissimulés derrière des meurtrières, un mutant, voilà une infime description de ce qui nous attendait. Ajoutez à cela le sol recouvert d'huile qui a pris feu, le fait que nous étions dans un couloir étroit limitant nos mouvements et faisant de nous des cibles faciles. Même si nous étions entrainés au combat, nous n'attendions pas une telle résistance ni un terrain aussi compliqué. J'espère avoir répondu à ses attentes... Visiblement non, vu son regard.
Lundi 30 Septembre – 09 : 16 A.M. Salle de réunion, Hélipoteur
La création d’un rempart manuel chez l’Agent Baskerville, geste faisant écho au sien, déclenche un petit plissement de lèvres et d’yeux à Hill. Rien de plus. Rien de moins. Rien qui ne dure.
L’interruption l’amène à faire silence le temps que la colère et les postillons tentent de traverser la table pour l’atteindre. Hill écoute. Hill observe. Hill ne répond pas. Elle a autre chose à dire et le fait.
Une nouvelle vague s’élance à travers l’espace sombre au-dessus du symbole du S.H.I.E.L.D. avec le mal-être d’un homme, d’un couple peut-être, pour le propulser. Les sourcils de l’Agent Hill se lèvent néanmoins à son nom, à cette accusation directe, et son masque se décompose pour laisser paraitre le fait qu’elle ne soit pas convaincue. Elle écoute en silence la seconde interruption, le second accès de colère, avec son geste similaire à celui de son interlocuteur.
Interlocuteur qui finit par se calmer. Par comprendre intellectuellement les évidences que son cœur colérique lui cache. Ainsi donc, l’Agent Hill continue.
Incapacité à exploiter toutes les capacités de l’équipe. Résistance de taille ennemie. Les deux données.
Lance-flammes. Résistance ennemie de taille.
Fusils d’assaut. Résistance ennemie de taille.
Meurtrières. Résistance ennemie de taille.
Mutant. Résistance ennemie de taille.
Mutant, la seule réelle surprise.
Sol recouvert d’huile qui a pris feu. Faux.
Couloir étroit limitant leur mouvement et faisant d’eux des cibles faciles. Vrai.
« Même si nous étions entrainés au combat, nous n'attendions pas une telle résistance ni un terrain aussi compliqué.
- Vous êtes entrainés au combat, souligne l’Agent Hill, énonçant un fait. Certes, un agent de Niveau 4 peut être comparé à un membre du S.W.A.T., dont la formation inclue les opérations antiterroristes ou à haut risque impliquant notamment des sujets barricadés, mais un agent de Niveau 6 doit être meilleur encore. »
Un instant de silence, alors qu’elle s’avance un peu plus du buste pour fixer l’Agent Baskerville dans les yeux.
« Vous n’êtes pas membre d’une S.T.R.I.K.E. Team et elles auraient été plus adaptées, accepte la Directrice Adjointe, mais elles auraient mis trop longtemps à être déployées depuis Washington. »
Hill se repositionne, droite sur son siège.
« Si vous souhaitez bénéficier de stage au sein de l’Académie d’Opération, je vous simplifierai les démarches, énonce-t-elle, factuelle. Maintenant… »
Un silence.
« Lance-flammes. Fusils d’assaut. Armement déjà connu au moment de l’intervention. Vous aviez des grenades fumigènes voire incapacitantes, deux boucliers balistiques et un L.M.D. par escouade. Négligence matérielle. Partielle. »
Les grenades ont été trop peu utilisées, les boucliers et le L.M.D. ont correctement fait leurs offices.
« Meurtrières. Considérant le nombre de tirs qui ont atteints les personnes se trouvant derrière comparé à celui que le couvert lourd a arrêté, votre entrainement aux armes a nullifié cette difficulté. »
Cela aurait pu être un compliment, considérant la précision des tireurs du SHIELD, cependant c’est largement nuancé par le fait que cela contredit une excuse donnée.
« Etre à pouvoirs, corrige-t-elle, puisque la nature mutante de l’individu appréhendé, bien qu’établie par échantillonnage génétique, n’est pas censée être connue de l’Agent Baskerville et qu’Hill ne souhaite pas d’amalgame raciste. Imprévu, en effet. Si l’Agent Carthew n’avait pas tuée la seule cheffe connue avant l’opération et que ladite cheffe n’était pas antipathe, nous ne l’aurions jamais su. »
Ce n’est pas un reproche. Ni envers l’Agent Baskerville, ni envers l’Agent Carthew. Le Directeur Fury a volontairement insisté sur le visage de la personne à sauver au détriment de la personne à capturer afin que les agents soient, inconsciemment, plus préoccupés par la survie d’Hunter que l’arrestation des officiers des Masques.
« L’effet de surprise vous a malmené, soit. Vous avez néanmoins fait preuve d’héroïsme… mais la formation était une nouvelle fois rompue. »
Toujours pas un reproche. Pas envers l’Agent Baskerville. Néanmoins, cela fait deux fois que ses trinômes n’agissent pas en équipe. Un problème qu’il n’a pas évoqué.
« Concernant la cage d’escalier piégée, vous avez réussi à vous en sortir. Au prix de blessures, c’est un fait, mais vous n’avez pas eu de morts. C’était pourtant l’étape la plus difficile à franchir. »
Tactiquement parlant, la cage d’escalier devant le bunker était plus dangereuse que le croisement au sortir des dortoirs. C’est peut-être pour cela que les Agents déployés ont été plus prudents ; en plus des niveaux d’adrénaline obscurcissant le jugement plus bas malgré les deux épreuves déjà traversées.
« Couloir étroit limitant vos mouvements et faisant de vous des cibles faciles. Ce n’est pas ce qui vous a posé problème.
Vous avez subi vos blessures dans la cage d’escalier, parce que c’était un sacrifice tactique intelligent à faire, et dans le couloir, parce que vous avez été pris de court par le télékinésiste.
Vous avez subi votre mort parce que vous avez avancé sans vous préoccuper de deux réservoirs de lance-flammes à vos pieds.
Vous ne pouviez pas savoir que les Masques allaient tirer sur les leurs ? Qu’auraient pu faire d’autres les deux spécialistes restants ? Vous regarder avancer sans rien faire ? »
Sentant l’interruption venir, Hill lève un doigt.
« Agent Baskerville, concernant le S.H.I.E.L.D., votre gestion de l’escalier puis de l’entrée dans le bunker est satisfaisante. Vous avez réussi à garder les héros sous vos ordres et à entrer avec deux agents blessés seulement. L’un a été placé en sécurité et vous-mêmes avez continué la mission malgré le handicap. »
Coudes sur la table, Hill s’avance du buste et joint ses mains en un poing devant elle. Son regard ne cesse de fixer son interlocuteur.
« Les pouvoirs, les capacités et le commandement de l’Agent Baskerville 2 vous auraient sans doute permis de faire mieux. Néanmoins, vous aviez réussi à bien faire. Maintenant… vous ne vous attendiez pas à assez de choses.
Si beaucoup de commandants n’ont qu’un pistolet, que l’arme secondaire possédée par tous leurs commandés, c’est car leur rôle n’est pas de tirer. C’est de comprendre la situation et de donner des ordres. Vous n’y êtes pas formé et n’avez pas eu cette approche.
Aviez-vous néanmoins besoin qu’on vous explique que, en mission, la prudence, l’analyse de son environnement et le contrôle de l’initiative sont primordiales, Agent Baskerville ? »
Au-dessus de ses poings unis, le commandant Marial Hill vous fixe dans les yeux.
Je l'ai littéralement provoquée. Je l'ai appelé par son nom, je l'ai mise devant le fait accompli, hurlant presque ma fureur envers elle et notre organisation, et elle n'a pas bronché ! C'est pas humain ça ! Non... C'est juste Hill. Je me calme, afin de ne pas aggraver mon cas. Je suis déjà dans de beaux draps, et cette démonstration de ma colère ne va pas arranger mes affaires. Je dois me montrer patient, calme, respectueux, si je veux pouvoir m'en sortir et éviter de me retrouver à devoir lui faire le café. J'avoue que ce serait pour moi une grande humiliation. Le café, j'ai l'habitude qu'on me l'apporte !
Je réponds à ses questions, et cela ne lui plait pas. Je m'y attendais, et ses réponses fusent, cassantes, déroutantes. Elle me reproche de n'avoir pas été aussi bon que devrait l'être un agent de mon niveau. Elle compara un agent de niveau quatre à un membre du SWAT, et me dit que j'aurais du être encore meilleur. A cette comparaison, je ne peux m'empêcher de baisser les yeux. Elle n'a pas tort, même si cela me tue de le reconnaitre. Si je suis arrivé aussi haut, c'est grâce à mes compétences. En l'espace d'une mission, j'ai cependant prouvé que je n'étais pas digne de mon rang. Elle me dit cependant qu'un membre d'une STRIKE team aurait été plus adapté, mais que cela aurait prit trop de temps pour les déployer. J'ignore si elle dit cela pour me consoler, ou pour m'enfoncer, mais cela ne me soulage guère.
Elle me proposa un stage au sein de l'Académie d'Opération, et je lui renvoie un regard froid en guise de réponse. Elle sait où elle peut se le mettre son stage. Non, ce n'est pas de cela dont j'ai besoin. Je dois me remettre en question, savoir ce que je vaux vraiment, et m'entrainer en conséquence. Ce n'est pas un stage qui va m'aider pour le moment. Je me tais cependant la laissant parler. Elle se lança alors dans une analyse de mes derniers propos. Elle évoqua les lances flammes, les meurtrières, la cage d'escalier... Enfin, les obstacles divers et variés que nous avons rencontrés sur notre chemin. Elle souligna cependant mon héroïsme, et le fait que j'ai pu continuer à mener le groupe malgré ma blessure à la cheville. Repensant soudain à cette affreuse douleur, je me sens pâlir. C'est du passé, mais ce n'était pas agréable.
Cependant, elle me reprocha d'avoir subi une perte car j'avais négligé les réservoirs de lance flammes à mes pieds. Ils ont explosés, et c'est ce qui a tué Goode. Bon sang, il est mort par ma faute. Je m'en doutais, mais Hill vient de m'en apporter la confirmation. Pâle, je déglutis et baisse les yeux une nouvelle fois. Que dire face à cela ? S'excuser ne le ramènera pas. Je serre les dents, pris de remords et d'une affreuse honte. C'est donc cela être un chef ? Devoir assumer chacune des fautes de son équipe et les pertes qui peuvent en être les conséquences ? Pourquoi a t'il fallu que Moira me désigne ? Elle avait confiance en moi, et je lui en suis reconnaissant pour ça. Je l'aime pour ça. Mais c'était une erreur...
Hill me dit que j'avais réussi à bien faire, mais me reprocha mon manque d'anticipation. Evoquant l'équipement d'un chef, puis son rôle, elle me demanda s'il était utile de me rappeler que la prudence, l'anticipation et l'analyse sont des notions primordiales en mission ? Ce ne sont pas des choses que l'on apprends en devenant un chef, on l'assimile dés notre entrée dans les rangs, même au grade le plus bas. Hill me fixe, attendant une réponse de ma part. Pâle, je relève légèrement la tête pour lui dire : Non, agent Hill... Je le savais, mais je n'ai pas été à la hauteur. Je joins mes mains, entremêlant mes doigts entre eux. Je lui demande alors : Je suppose que vous avez déjà pris votre décision... ? Que va t'il m'arriver maintenant ?
Lundi 30 Septembre – 09 : 20 A.M. Salle de réunion, Hélipoteur
Que l’agent Baskerville baisse les yeux ou rende un regard froid ne fait pas ciller l’agent Hill. Ses appuis sont encore plus marqués qu’avant et il n’est plus de petit rempart devant elle.
Que l’agent Baskerville palisse à l’évocation de sa blessure ne fait pas ciller l’agent Hill. Son buste est légèrement plus avancé et son visage se trouve au-dessus du poing formé par ses mains, devant elle.
Que l’agent Baskerville baisse les yeux et palisse à l’évocation de l’agent Goode fait pincer les lèvres à l’agent Hill. Elle continue son rôle, néanmoins.
« Aviez-vous néanmoins besoin qu’on vous explique que, en mission, la prudence, l’analyse de son environnement et le contrôle de l’initiative sont primordiales, Agent Baskerville ?
- Non, agent Hill… Je le savais, mais je n'ai pas été à la hauteur. »
Sous son visage, le poing formé par ses deux mains se serre. Ses yeux, eux, continuent de fixer le fautif. Ses doigts, qui s’entremêlent.
« Je suppose que vous avez déjà pris votre décision… ? »
Une seconde de silence.
Deux secondes de silence.
Trois secondes de silence.
Quatre secondes de silence.
« Quels étaient vous objectifs primaires et secondaires, agent Baskerville ? »
Elle attend qu’il réponde avant de poursuivre. Elle ne veut pas de "mais" et coupe s’il y en a un.
« Les avez-vous accomplis, agent Baskerville ? »
Pareillement, elle lui laisse le temps de parler.
« Quel est le rôle pour lequel vous avez été formé, agent Baskerville ? »
Encore une fois, elle attend une réponse.
« Est-ce que cela vous a empêché d’accomplir vos objectifs, même partiellement, agent Baskerville ? »
Elle ne veut toujours pas de "mais" et est prête à interrompre toute insubordination sur ce point.
« Qu’est-ce que vous en concluez quant aux décisions possibles vous concernant, agent Baskerville ? »
J'attendais patiemment mais avec apréhension de connaitre la décision de Hill, ses prochains mots scelleront mon sort.
Mais je fus amèrement déçu. Hill jouait avec moi, enfin, c'est bien mon avis. Peut être cherche t'elle à m'aider au final ? Ce n'est hélas pas l'impression que cela me donne. Je fronce les sourcils, essayant de rester calme. Je ne serais pas plus avancé si je m'énerve une nouvelle fois, et je risquerais d'aggraver mon cas. Je l'ai vu pincer les lèvres lorsque j'ai baissé la tête à la mention de Goode. Bon sang, j'ai tellement envie de fumer... Je gratte distraitement le dos de ma main, essayant de ne pas penser à ça et à cette nouvelle migraine qui prends naissance dans un coin de mon crâne. Je dois rester concentré, et répondre adroitement aux questions de Hill. Je n'ai pas droit à l'erreur, ou je suis fini.
Je lui demande alors si elle a pris sa décision, car nous avons fait le tour de la question... Non ? Quatre secondes interminables d'un lourd silence, durant lesquels nous nous regardons droit dans les yeux. Elle me demanda alors quels avaient été mes objectifs primaires et secondaires. Sans hésiter, comme un bon soldat, je réponds : Capturer les commanditaires et sauver la mutante. Pas besoin d'un mais, c'était ce qu'on nous avais ordonné. Fury avait été clair après tout. Elle enchaina, me demandant si ces objectifs avaient été accomplis. Je prends quelques secondes de réflexion avant de répondre : Partiellement. La mutante a été sauvée, et un criminel a été capturé. Pas de mais non plus. Ce sont les faits. Nous n'avons pas pu capturer la femme, elle a été abattue avant d'être maitrisée.
Elle ne me laissa pas un instant de répit, et demanda cette fois quel était le rôle pour lequel j'avais été formé. Sans hésiter, une nouvelle fois : Agent d'élite, spécialisé en combat et espionnage. Je n'ajoute rien de plus, c'est la définition même de mon grade et de ma fonction. C'est ce qui me plait après tout. Je vis pour être sur le terrain, l'action et l'adrénaline font battre mon cœur. Je n'ai cependant pas été formé pour commander, c'est à partir du niveau sept. Hill du entendre ma pensée car elle me demanda si ma formation avait été un obstacle pour accomplir ma mission. Je la regarde dans les yeux, me rendant compte alors que je m'étais cherché des excuses, que j'étais capable de commander, mais que j'avais échoué à cela. Je lui dis alors, en baissant les yeux : Non, agent Hill.
A quoi bon trouver des excuses lorsqu'on est coupable ? Je relève la tête, affrontant le regard sans expression de ma supérieure, et elle me demanda quelles sont mes conclusions. Je prends quelques secondes pour réfléchir et lui dis juste ces quelques mots : N'est ce pas à vous de la donner, agent Hill ? Des fautes ont été commises, mais cela aurait pu être pire. J'assumerais chaque erreur, même celle de mes subordonnés. J'assumerais tout, même la mort de Goode, dont je me sens maintenant responsable.
Lundi 30 Septembre – 09 : 21 A.M. Salle de réunion, Hélipoteur
L’agent Hill a les mains jointes en un poing, légèrement au-dessous du niveau de son menton pour ne pas perturber sa voix. Son buste est légèrement avancé, témoignant de la même attention que ses yeux d’un bleu pâle.
« Quels étaient vous objectifs primaires et secondaires, agent Baskerville ?
- Capturer les commanditaires et sauver la mutante.
- Les avez-vous accomplis, agent Baskerville ?
- Partiellement. La mutante a été sauvée, et un criminel a été capturé.
- Quel est le rôle pour lequel vous avez été formé, agent Baskerville ?
- Agent d'élite, spécialisé en combat et espionnage.
- Est-ce que cela vous a empêché d’accomplir vos objectifs, même partiellement, agent Baskerville ?
- Non, agent Hill.
- Qu’est-ce que vous en concluez quant aux décisions possibles vous concernant, agent Baskerville ?
- N'est-ce pas à vous de la donner, agent Hill ? Des fautes ont été commises, mais cela aurait pu être pire. J'assumerais chaque erreur, même celle de mes subordonnés. »
S’il ne fait aucun bruit, un bref ricanement amer s’empare des épaules et des lèvres de l’agent Hill.
« Vous assumerez donc le fait que l’agent Clark et vous-mêmes avez abandonné l’agent Paul parce qu’il a été trop lent, conclue-t-elle sans réelle question mais avec le premier réel reproche, sachant que la faute est partagée entre vous trois et l’agent Baskerville 2. »
Ceci est une erreur non-évoquée mais indigne et il n’y a plus d’amertume chez Hill. Seulement une lassitude blasée.
« Vous assumerez également l’infiltration de votre trinôme conséquente de cette erreur commune aux agents Paul, Clark et à vous-même. A l’occasion, remerciez l’infiltrateur de ne pas avoir tué votre coéquipier. »
La lassitude reste mais Hill n’est plus blasée. Elle reproche à nouveau, cette fois, sans pour autant hausser le ton.
« Enfin, vous assumerez le fait que l’agent Carthew ait quitté votre trinôme pour entrer seule et sans couverture dans une pièce. »
Le poing se brise et les doigts s’en vont se poser sur la table. Tendus, ils servent d’appui alors qu’Hill se lève. La posture n’est pas sans rappeler celle du Directeur Fury lors du briefing, se rendant imposante.
« Vos erreurs sont là. Manque de cohésion d’équipe amenant à ce que vous ne vous protégiez pas les uns les autres. Cela ne sera pas excusé. »
Même s’il s’agit là d’un symptôme qui se retrouve également impliqué dans la mort de l’agent Goode, puisque c’est le manque de prudence qui l’a amené à être dans la zone d’explosion, Hill ne condamne que pour ce qu’Aemon Baskerville était sensé être en capacité de faire. Oui, le S.H.I.E.L.D. demande à ses agents de se surpasser, parfois même de faire l’impossible, mais il serait contreproductif de condamner la non-réussite de cela. En revanche, le fait de manquer à des notions déjà connues.
« Cela ne sera pas sanctionné non plus. »
Hill se redresse et croise les bras, toisant l’agent Baskerville autant qu’elle le peut avec une froideur mêlée de quelque chose d’autre. Elle s’apprête à énoncer une évidence, cependant elle ne le fait pas comme un fait.
« Chaque mission voit le risque que tous les agents déployés ne reviennent pas, cela fait parti du job, rappelle-t-elle. Vous vous punissez déjà suffisamment pour apprendre de vos erreurs. »
L’agent Moira Baskerville a merdé en ne s’assurant pas que tous ses hommes étaient présents et en ne suivant pas ses propres ordres, alias vérifier son matériel. L’agent Patrick Paul a merdé en ne suivant pas le rythme quasiment impossible de son escouade, pourtant accomplit par les autres membres. Les agents Calvin Clark et Aemon Baskerville ont merdé en ne couvrant pas leur coéquipier trop lent, durant une durée suffisamment longue pour que quelqu’un le neutralise, le déshabille, se rhabille et se fasse passer pour lui. L’agent Emy Carthew a merdé en arrêtant de protéger ses coéquipiers pour s’élancer seule dans une pièce et abattre l’une des cibles à ramener vivante. L’agent Hill et le Directeur Fury ont merdé en n’organisant pas leurs unités de façon paramilitaire, s’étant limités aux habituels formations anti-terroristes. A l’exception peut-être de Goerges Goode et de Henry Haig, le premier étant décédé et le second ayant eu le rôle de babysitting des blessés, tout le monde a merdé. Inutile de parler des héros, qui ne sont de toute façon pas des professionnels.
« Agent Baskerville, ne confondez pas le fait d’être prêt à vous sacrifier et celui d’être sacrifiable. »
Le S.H.I.E.L.D. ne veut pas sacrifier de ses hommes, même s’il sait qu’en perdre est inévitable et qu’il tâche d’en tirer le meilleur parti lorsqu’il y a des morts. L’exemple de l’agent Coulson est parlant : jamais Nicholas Fury n’aurait tué son ami et bras droit mais il a utilisé l’acte de Loki pour unir les Avengers. Un mensonge, une manipulation, qui a sauvé le monde. Un mensonge, une manipulation, qui a permis de guider les héros. Aemon Baskerville n’a pas eu besoin de ça pour le faire.
« Si vous n’avez pas de question, vous pouvez disposer. »
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