D'un royaume à l'autreRemy LebeauUn Gambit spécial ? La demande lui fit lever le sourcil, dans un mélange d'étonnement et d'amusement. Ainsi il venait suffisamment souvent et pouvait se targuer d'une certaine notoriété si il avait son propre cocktail au bar. Et, quittant des yeux le bel homme pour observer le barman à l’œuvre, Malady pouvait clairement voir que la composition donnait envie, en plus d'être originale.
Son attention revint bien vite à Gambit et à la réponse plus qu’intrigante qu'il donna à sa question. Le concept de joueur professionnel lui était extrêmement alien, puisque la quasi-totalité des métiers présents sur sa planète avait une fonction militaire directe ou indirecte. Elle n'était pas naïve néanmoins et savait bien que cela était plus une conséquence de la guerre entre Asgard et Svartalfheim qu'une réelle différence culturelle.
La notion de trophée égratigna un peu son égo, mais elle ne discernait pas de volonté sexiste dans ses propos. C'est donc avec un sourire connivent qu'elle accueillit cette information, levant sa coupe en imitant le geste de Gambit. Le contact de leurs deux verres la surprit - c'était la première fois qu'elle trinquait - mais cette surprise se transforma en allégresse et c'est avec un sourire encore plus large qu'elle répondit à Gambit.
- Cain, Alisson Cain.
Elle se pencha vers l'homme et murmura la suite.
- Un pseudonyme, tout comme le vôtre. Mais ne vous inquiétez pas, je ne suis là que pour passer un bon moment... je vous en dirais plus quand nous serons dans un environnement un peu plus... privé.
Se reculant, elle but une gorgée de sa boisson. Un peu légère en alcool à son goût, mais c'était là un problème mineur devant le mélange de saveurs qui s'offraient à elle. Il n'y avait pas à dire, les Midgardiens savaient pertinemment ce qu'ils faisaient en matière d'alcool. D'un geste lent, elle reposa sa coupe pour mieux se concentrer sur son interlocuteur. - Dites-moi Gambit, quel est votre jeu d'argent préféré ? Je vous avoue que cet embarras du choix devant nous me donnerait presque le tournis. Il me faudrait un homme avec de l'expérience, pour m'aider à choisir la bonne table et le bon jeu.
C'était également parce qu'elle ne désirait pas essayer un type de jeu en particulier. Que ce soit purement des jeux basés sur la chance ou sur ses compétences diverses et variées, elle n'en avait cure. L'elfe noire était venue pour l'expérience en elle-même.
Avec un mouvement gracieux, elle reprit une gorgée de sa boisson, très intéressée par ce que Gambit aurait à lui proposer, que ce soit une table de jeu ou celle de sa chambre.
Elle blâmait l'alcool pour cette pensée là, mais n'était pas dupe - ce qu'elle venait de boire était l'équivalent d'un début de bière pour elle.
Remy vit passer un bref étonnement sur le visage si particulier de sa compagne du soir lorsque leurs deux verres s'entrechoquèrent doucement. Peut-être se surprenait-elle elle-même de se retrouver à trinquer si vite avec lui, elle n'avait pas l'air d'être le genre de femme à se laisser séduire par un inconnu. Et pourtant…
Le Cadien avait hâte d'en apprendre plus sur elle. Il obtint un nom et un prénom, puis la confession que ces informations étaient fausses. Il aurait été mal placé pour l'en blâmer, vu qu'il utilisait lui aussi fréquemment un pseudonyme - ou un nom d'artiste, comme il préférait le dire. Il hocha la tête et adressa un sourire complice à "Alisson" lorsqu'elle lui promit de lui en dire plus quand ils seraient dans un cadre plus privé.
Comme un verre que l'on trinque se doit d'être bu, il savoura la première gorgée de son cocktail. Il sentit le piment descendre dans sa gorge mais n'esquissa pas de grimace : il avait l'habitude des plats très épicés et appréciait cette sensation. Alisson ne semblait pas non plus troublée par sa boisson qui contenait pourtant l'un des alcools les plus forts au monde. Il se dégageait d'elle une impression de force et de puissance. Ce n'était clairement pas une femme qui devait se laisser marcher sur les pieds. C'était d'ailleurs elle qui menait la conversation et Remy répondait volontiers à ses questions et ses sous-entendus.
« Le poker, indubitablement. Ici on ne retrouve que des jeux qui demandent de réelles qualités humaines, qu'il s'agisse de jeux de cartes, de dés ou même d'échecs. Patience, audace, force mentale, prise de risque, capacité d'analyse et d'adaptation… Mais vous semblez déjà posséder toutes ces qualités, sur ce plan je n'aurais pas grand chose à vous apprendre. »
La réponse lui était venue naturellement et il l'avait formulée avec un singulier mélange de passion et de nonchalance, accompagné de son sourire charmeur. S'il était certain qu'il affectionnait particulièrement ce casino pour son professionnalisme et ses jeux qui ne laissaient que peu de place au hasard quand on s'y connaissait un minimum, il faisait pourtant également passer le message qu'il n'avait pas spécialement envie de rejouer ce soir. Tout en complimentant la dame au passage, bien évidemment.
« Il y a néanmoins toute une zone du casino que vous ne connaissez pas, et que vous ne pourriez pas connaître sans moi. »
Il but une nouvelle gorgée de son cocktail, marquant volontairement une courte pause pour faire monter la curiosité d'Alisson, avant de désigner le plafond d'un geste élégant de la main et de poursuivre :
« Savez-vous ce qu'est une suite royale ? En plus d'être la combinaison la plus forte au poker, elle désigne un espace de vie, généralement luxueux et privé, qui en l'occurrence pour ce lieu se trouve au premier étage, et dont je suis le seul à avoir la clé. »
Ce n'était pas tout à fait vrai, plusieurs membres de la Cour des Joueurs possédaient une carte d'accès à l'étage, mais aucun d'eux n'était présent ce soir. La suite royale était en tout cas la propriété permanente et exclusive de la guilde des voleurs, et son Prince y avait amené plus d'une conquête.
D'un royaume à l'autreRemy LebeauGambit répondit à son pseudonyme par un sourire, ce qu'elle compta comme étant une petite victoire - il aurait pu mal le prendre.
Le coude du bras avec lequel elle tenait le verre posé sur le comptoir, Malady écouta avec un réel intérêt la réponse de son interlocuteur. Son point de vue était unique de par son métier et elle ne fut pas déçue - c'était le côté humain qui l'intéressait. Prenant une note mentale de tout ce qui lui était dit, la reine de Svartalfheim pensait déjà à faire découvrir à ce qui restait de son peuple les divertissements terriens. Fort heureusement pour elle, Gambit sut la distraire en la flattant sans vergogne. Son égo n'était normalement pas assez développé pour céder à ce genre de compliments, mais, dans l'esprit de cette soirée, elle ne put retenir un petit rire.
- J'en doute, très cher, mais je vous remercie pour ces compliments.
Son visage souriant se dota rapidement d'une expression intriguée devant sa remarque. Une zone du casino qu'elle ne connaissait pas ? Faisait-il référence aux fameuses zones VIP ? Il lui avait pourtant semblé que Gambit avait manifesté un désir d'arrêter le jeu d'argent pour aujourd'hui.
La suite piqua vivement la curiosité de Malady. Lorsqu'elle avait consulté des sites pour apprendre les règles des différents jeux d'argents et les us et coutumes des casinos, cette notion de suite royale n'était jamais apparue. Mentait-il ? Elle en doutait, même si elle était incapable de lire le bluff de cet homme. Le sujet était tout de même assez anodin, dans le sens où une suite privée dans les locaux d'un établissement offrant des divertissements basés sur le pari n'était pas très surprenant. Pourquoi mentir sur l'existence de cette pièce ?
Elle décida de mettre sa méfiance de côté. L'homme avait beau être d'un charisme presque criminel, il ne semblait pas faire preuve de mauvaises intentions pour autant. Et de toute façon, elle saurait se défendre au besoin.
Finissant le fond de son verre, autant pour le faire patienter comme il l'avait fait pour elle que pour de montrer qu'elle était prête à passer à autre chose, Malady s'adressa d'une voix sensuelle et faussement innocente à Gambit : - Je dois admettre que vous avez su stimuler ma curiosité, Gambit. Que puis-je vous offrir pour que vous acceptiez de me faire visiter cet endroit ?
Bien qu'intéressée par l'aspect privé de la chose, Malady était autant transie par l'idée de découvrir un côté caché de la vie terrienne, même insignifiant. On aurait pu penser que toutes ces portes dérobées et secrets à moitié avoués auraient pu rebuter une elfe noire comme elle, produit d'une race très monolithique et étrangement transparente. C'était cependant sans compter l'amour qu'elle portait à la découverte de nouvelles races, de nouvelles façons de penser.
Les compliments de Gambit firent mouche puisqu'Alisson répondit à la flatterie par un rire léger. Leur échange se passait au mieux. Remy n'était pas accroc qu'au sexe, il aimait tout autant ce qui précédait l'acte charnel, tout le processus de connaissance de l'autre et de séduction. Les mots charmeurs, les œillades complices, les gestes galants, les délicieux sous-entendus. Il maîtrisait tout cela à la perfection, et la belle y répondait très bien également.
Elle termina son verre rapidement, ce qui impressionna Remy même s'il n'en montra rien, puis avoua sa curiosité vis-à-vis de la suite royale. La question qu'elle posa le fit sourire et illumina de nouveau son regard d'un éclat malicieux. Que pouvait-elle lui offrir ? Une réponse était sans doute évidente, voire attendue. Ce ne fut pourtant pas celle qu'il lui donna.
« Votre histoire ! Vous m'intriguez, Allison. Je désire en savoir plus sur vous. »
Et lorsqu'il désirait quelque chose, il finissait toujours par l'obtenir. Presque toujours.
Si elle avait déjà vidé son verre, lui n'avait bu que deux gorgées de son cocktail. Il prit donc son verre en main et se leva, tendant son bras pour qu'elle le prenne à nouveau. Ils repassèrent ainsi devant la table de poker où leurs anciens compagnons de table jouaient toujours, ce qui donna l'occasion à Remy d'adresser cette fois un clin d'œil à Campbell qui se renfrogna et baissa la tête pour fusiller ses cartes du regard.
Remy conduisit Allison sur le côté de la salle jusqu'à un escalier dont ils gravirent les marches ensemble, avant d'arriver devant une porte verrouillée par une serrure magnétique. Il sortit une carte de la poche intérieure de sa veste, la passa dans le lecteur qui émit un petit bip et une lumière verte, puis il ouvrit la porte et s'écarta pour laisser la dame passer devant, lui permettant ainsi de découvrir les lieux.
La pièce principale de la suite royale était un grand salon très lumineux entouré de plusieurs portes fermées. L'endroit était à la fois luxueux et élégant. Un grand lit était directement visible au fond de la pièce, mais Remy désigna les canapés au centre du salon, invitant sa conquête du soir à prendre place, avant de s'asseoir à ses côtés. Ce qu'il avait dit avant de monter n'était pas des paroles en l'air.
« Bien ! A présent que nous sommes seuls, "Allison"… Me direz-vous qui vous êtes vraiment ? »
Il avait hâte d'en apprendre plus sur elle, de percer son mystère. Il s'attendait à une histoire atypique et était prêt à tout entendre.
D'un royaume à l'autreRemy Lebeau La réponse de Gambit à sa question tendancieuse la fit sourire à nouveau. L'elfe noire appréciait l'intention derrière celle-ci - bien plus que la réponse qu'elle allait devoir fournir, en tout cas. - Ce sera avec plaisir, mon cher.
Leurs consommations ayant déjà été réglées au préalable, Malady prit le bras de son compagnon et le suivit sans attendre, ravie de pouvoir découvrir un nouveau pan du casino. Comprenant qu'ils allaient passer à nouveau devant la table de Campbell, la reine se contenta de regarder devant elle, l'ignorant superbement.
Il fallait dire qu'elle avait aussi d'autres chats à fouetter. Bien qu'elle comptait dire la vérité à Gambit, il restait le problème de la formulation. Comment amener le sujet sans casser ce qui s'était formé entre eux ? Une épineuse question à laquelle elle réfléchit jusqu'à passer le seuil de la suite royale, sous l'impulsion de son séduisant guide. L'endroit, bien que richement décoré, était lumineux et loin d'être surchargé en mobilier.
Elle suivit le geste de Gambit, s'asseyant sur le canapé en croisant ses jambes, son attention concentrée sur la question qui lui était posée. Un sourire regagna son visage devant la formulation de l'homme à ses côtés et elle répondit d'une voix douce mais sérieuse :
- Vous rappelez-vous des tragiques évènements de Londres en 2013 ? Un vaisseau alien et leur leader affrontant Thor ?
Elle marqua une légère pause, attendant d'entendre la réponse de Gambit à sa question. - Et bien c'était malheureusement mon père, un despote sur notre propre planète. Je m'appelle Malady Malekithdóttir, reine de Svartalfheim. Je suis venue sur votre planète dans l'espoir de pouvoir négocier avec Thor un sauvetage de ce qui reste de mon peuple. Et en attendant que cette rencontre puisse se faire, j'essaie d'en apprendre plus sur la Terre.
D'un petit rire, elle ne put s'empêcher de faire une remarque : - Désolé, je sais que ça fait beaucoup. Vous pouvez toujours m'appeler Allison ou Malady, comme vous le souhaitez. Je ne suis aujourd'hui qu'une terrienne parmi les autres.
Ce qui n'avait évidemment rien de négatif, mais elle ne souhaitait pas que Gambit la traite différemment parce qu'elle était reine ou même qu'il puisse être intimidé par son statut - ce qui ne semblait pas être le genre de la maison, mais elle ne désirait pas prendre de risques.
Elle lui laissa poser autant de questions qu'il le souhaitait, avant de réajuster sa pose sur le canapé. Décroisant puis recroisant ses jambes, Malady décida elle aussi d'assouvir sa curiosité.
- Et vous Gambit, quelle est votre histoire si vous êtes disposé à m'en faire part ? Mais surtout, quel prénom charmant se cache sous ce pseudonyme ?
Si ce dernier ne souhaitait pas répondre, elle ne s'en vexerait pas. Après tout, ceci n'était pas les prémices d'une romance, mais simplement d'un bon moment passé entre deux personnes avec des atomes crochus.
Remy s'assit donc à côté d'Allison, gardant son cocktail en main. Il aurait pu lui proposer un autre verre, la commode dans un coin du salon regorgeant de bouteilles en tous genres, mais il ne voulait pas la distraire et avait hâte d'entendre son histoire. Elle commença par une question qui le fit brièvement réfléchir, à la recherche de souvenirs bien trop imprécis.
« Vaguement. »
Il n'avait que seize ou dix-sept ans à l'époque et ne s'intéressait que très peu à ce qui se passait en dehors de la Louisiane. Il savait bien évidemment qui était Thor - tout le monde le savait depuis l'attaque évènement des extraterrestres à New York en 2012 - mais le cadien ne faisait clairement pas partie des groupies des Avengers et ne s'occupait pas de savoir quels actes héroïques ils accomplissaient.
Lorsque la belle révéla que l'alien envahisseur de Londres était son père, Gambit haussa les sourcils de surprise, mais son expression se mua rapidement en une mine amusée qui signifiait clairement "je le savais !" Il avait clairement eu des doutes, mais elle les avait habilement dissipés en répondant justement à sa question piège sur les conséquences du onze septembre. Elle était douée.
Il n'avait jamais entendu parler de "Svartalfheim" et n'était clairement pas certain de retenir le nom. Ce qui importait était qu'elle venait d'une autre planète et qu'elle était reine de son pays là-bas. Une reine alien… Il allait ajouter une reine alien à son palmarès. Il hocha la tête plusieurs fois, mi-pensif mi-impressionné, et finit par répondre :
« Eh bien eh bien… Enchanté… Malady... »
A sa façon de prononcer son véritable prénom, on sentait que quelque chose le dérangeait… et pour cause, en français le mot "maladie" n'était pas vraiment flatteur. Il se garda bien cependant d'évoquer ce point, ne tenant pas à la vexer alors qu'elle venait de se confier si ouvertement à lui. Le terme existait aussi en langue anglaise, mais il était beaucoup moins usité. Peut-être n'avait-elle pas connaissance de sa signification ici.
« Pour vous dire la vérité, vous n'êtes pas la première alien que je rencontre. J'ai déjà eu l'occasion de passer une excellente soirée avec une jeune femme venue d'ailleurs. Elle n'avait rien à voir avec vous, mais c'était une rencontre très intéressante. »
La comparaison n'était pas pertinente tant les deux femmes étaient à l'opposé l'une de l'autre, mais il en avait parlé pour faire comprendre à Malady que sa révélation n'était pas un choc pour lui, que sa nature alien ne le dérangeait pas, bien au contraire. Il était ouvert à tous types d'expériences, même les plus exotiques. Surtout les plus exotiques, à vrai dire.
Quant à lui raconter sa propre histoire… c'était là bien plus délicat. Il l'estimait passionnante, emplie de rebondissements, de drames et d'aventures épiques, mais il ne pouvait pas la révéler ainsi à une inconnue. Son titre de Prince des Voleurs ne serait donc pas dévoilé, même s'il en mourrait d'envie.
« Oh, mon histoire n'a sans doute rien de passionnant comparée à la vôtre… Une histoire d'amour qui s'est mal terminée, une trahison, un exil, beaucoup de voyages… pour finalement m'installer ici et monter ma petite affaire… Gambit est un surnom tiré d'une stratégie dans un jeu terrien très connu. Il me correspond bien, mais si vous y tenez, vous pouvez m'appeler Remy. »
Les présentations étant désormais faites, même si l'un comme l'autre aurait certainement eu bien des choses à raconter, Remy prit délicatement la main de Malady dans la sienne et lui fit un élégant baise-main, à la française, sans que ses lèvres ne touchent sa peau.
D'un royaume à l'autreRemy LebeauLa puissante poker face de Gambit se brisa pour un instant lorsqu'elle révéla sa vraie nature. Elle put clairement lire la surprise sur ses traits, avant que celle-ci ne se mue en quelque chose de différent. De l'amusement ? La raison lui échappait mais c'était là une des meilleures réactions possible à cette déclaration.
L'elfe offrit un sourire en demi-teinte à Gambit lorsque celui-ci prononça son nom. Sa signification midgardienne ne lui échappait pas, puisqu'elle était identique à sa version asgardienne. Oui, dès lors qu'il avait connu son genre, son père l'avait traité comme une peste dont il ne se remettrait jamais. Elle avait su s'y habituer en une cinquantaine d'années, mais son spectre semblait même encore surgir de la bouche des autres lorsqu'ils comprenaient la signification de son prénom. Fort heureusement pour elle, la déclaration suivante de Gambit eut le don de la sortir de ces idées noires.
Une autre alien ? Un sourcil interrogateur se leva.
Ses connaissances du royaume midgardien était encore très vague. Mais il lui semblait - notamment via ses discussions avec l'agent Barton - que Thor et les gardiens de la galaxie étaient les seuls aliens présents sur Midgard. Peut-être était-ce l'un ou l'une d'entre eux ? L'idée de lui poser la question lui vint, mais elle préféra lui laisser cette part de mystère. Il n'était pas dit qu'elle ne le découvrirait pas toute seule de toute façon.
Le propos sous-jacent ne lui échappa pas. A défaut d'avoir l'habitude de fréquenter des aliens, Gambit pouvait au moins se targuer d'en avoir l'expérience. Tant mieux. A l'âge d'or de son peuple, le physique des elfes noirs avait régulièrement surpris - mais rares étaient ceux qui s'étaient avérés déçus de l'expérience. Et elle comptait bien faire en sorte qu'il ne fasse pas partie de ceux-là.
- Je vois que vous n'avez pas menti sur la qualité de vos trophées, mon cher Gambit. J'espère être à la hauteur.
Le ton était faussement innocent, alors que ses lèvres se dessinaient en un sourire amusé. Elle devait admettre elle-même que si les aliens étaient aussi rares sur Midgard, arriver à passer une soirée avec deux d'entre eux relevait de l'exploit.
Malady écouta ensuite le récit de son compagnon, avec un bref éclat de rire devant la nonchalance avec laquelle il évoquait une vie qui semblait au moins tout aussi remplie que la sienne. L'origine de son surnom l'intéressa beaucoup - et elle en fit d'ailleurs une note mentale - mais certainement pas autant que son prénom. - Enchanté, Remy. Votre vie a l'air aussi intrigante pour moi que l'origine de votre surnom. Réservons donc ce sujet pour une prochaine fois.
Cela ne l'engageait évidemment à rien. Cependant, elle ne voyait pas d'inconvénient à le revoir de temps en temps si cela ne le dérangeait pas - c'était pour cela qu'elle était restée vague sur la date.
D'un élégant geste, Remy se saisit de sa main pour... ne pas l'embrasser. Le geste était singulier, même si le jeu de séduction lui semblait évident. Pendant un court instant, une expression singulière passa sur son visage. Une sorte de joie de la découverte, comme si elle avait été séduite pour la première fois. Cet instant devait être bien plus reminiscent de son expérience avec l'autre alien, même si Malady reprit tout de même rapidement sa contenance.
Elle n'avait pas de geste équivalent à lui faire. Cela avait été perdu avec la culture de son peuple; il ne restait aujourd'hui plus qu'un signe militaire discret et au sous-entendu très explicite. Jugeant vulgaire son utilisation, elle préféra poser trois doigts (pouce, index et majeur) à hauteur du genou de Remy en les descendant lentement, son regard fixé au sien.
- Vous êtes si élégant, très cher. Il vous faudra m'enseigner ce beau geste.
Sa voix était devenue bien plus suave, avec une note bien plus assurée et amusée qu'auparavant. La séduction n'était pas nécessairement son fort, mais ce qui venait après...
Elle espérait être à la hauteur ? Remy n'avait aucun doute là-dessus. Elle semblait bien plus assurée que la jeune et candide Mantis. Elle était une reine, après tout. Au vu de sa carrure, elle avait dû participer à des batailles, voire mener des troupes au combat. Elle avait le charisme, l'assurance et l'intelligence subtile des dirigeants, tout en étant ouverte au partage et à la découverte. Remy ne pouvait pas savoir si ce profil plaisait aux autres membres de son peuple, en tout cas sur Terre, pour les hommes qui n'avaient pas peur de relever des défis, elle devait avoir du succès. Il lui répondit donc en toute franchise :
« Je n'en doute pas une seconde. »
Il avait résumé sa propre histoire en quelques phrases volontairement vagues et faussement nonchalantes. S'il était loin, bien loin d'avoir tout révélé, il avait toutefois donné quelques éléments qui laissaient clairement entendre qu'il n'était pas un terrien banal et ordinaire. Son récit fit rire la reine qui sembla beaucoup l'apprécier. Elle aurait sans doute aimé en savoir plus, évoquant d'ailleurs la possibilité d'en parler une autre fois, mais cela n'arriverait probablement pas, si intéressante soit sa compagnie.
Si le séducteur profitait de chaque instant passé avec ses conquêtes, il ne les recontactait jamais après le temps passé ensemble. Fut un temps, c'était pour protéger son cœur brisé depuis quelques années. Depuis qu'il avait retrouvé sa femme, c'était pour protéger son mariage. Il pouvait coucher avec qui il voulait, oui, mais il ne s'autorisait pas à développer des sentiments pour une autre personne que son âme sœur, qu'il aimait depuis l'enfance et chérirait jusqu'à sa mort. Tout cela, il ne l'avoua bien évidemment pas à Malady.
Le baise-main fonctionna à merveille. Il utilisait souvent cette élégante technique en préambule, car elle le faisait passer pour un gentleman ou un romantique auprès de ses conquêtes. Ce qu'il était, en vérité. Il aimait séduire et ne se montrait jamais hypocrite avec celles et ceux qui trouvaient grâce à ses yeux. Il sourit à la reine et sentit monter doucement l'excitation au creux de son bas ventre lorsqu'elle initia à son tour le contact physique en posant ses doigts sur sa jambe.
« Cela vient de France, un pays de l'autre côté de l'océan. Ils appellent ce geste un « baise-main », un baiser sur la main. Je le pratique comme un geste de séduction, mais pour eux c'est avant tout une élégante démonstration d'affection et de respect. »
C'était une délicate entrée en matière, mais à présent il avait hâte de passer à la vitesse supérieure. Gardant la main de Malady dans la sienne, il se rapprocha d'elle, la fixa avec un regard empli de désir et demanda d'une voix suave et malicieuse :
« Comment embrasse-t-on dans ton monde ? »
Il n'allait tout de même pas embrasser une reine sans son autorisation. Il lui laissait donc habilement l'initiative du premier baiser, et verrait bien par la suite si elle souhaitait mener la danse ou si elle le laisserait la guider pour lui montrer comment les terriens faisaient l'amour.
D'un royaume à l'autreRemy LebeauMalady nota l'explication de Gambit et surtout le nom du pays en question. Il serait bon de visiter plus d'un bout de Midgard pour s'en faire une meilleure idée. Et qui sait, elle trouverait peut-être d'autres gentlemen de son calibre - bien qu'elle en doutait quelque peu.
Mais le bel homme chassa rapidement ses pensées en s'approchant d'elle, faisant battre son cœur un peu plus vite, alors qu'une chaleur diffuse se propageait en elle. Le désir était aussi présent dans ses yeux que dans ceux qui n'étaient maintenant plus qu'à une dizaine de centimètres de son visage. Elle se perdit un instant dans ses yeux bleus si délicats, avant de se reprendre lorsqu'il s'adressa à elle d'une voix qu'elle qualifiait sans peine d'enivrante.
Comprenant aisément l'invitation de Remy, la Svartálfar se rapprocha à son tour, faisant d'abord un détour par l'oreille droite de son interlocuteur. D'une voix suave, elle susurra : - Je crains de ne pas trop te dépayser... pour l'instant.
Malady avait eu l'occasion de voir plus d'un couple New-yorkais s'embrasser et n'avait vu là aucune différence fondamentale avec la façon de faire sur sa planète. Elle n'excluait pas que Gambit ait un autre tour dans son sac, comme avec le baise-main de tout à l'heure.
Elle recula pour se positionner devant lui et l'embrassa dans un premier temps avec douceur, avant de devenir plus passionnée. Sa main gauche le poussa délicatement pour qu'il s'allonge sur le canapé, la reine des elfes noirs faisant de même tout en prenant appui sur son bras droit pour ne pas l'écraser. Une fois allongé, elle commença à embrasser son cou, tandis que sa main gauche, maintenant libre, remontait le long du torse de Remy, en passant sous son haut.
Sa bouche remonta jusqu'à son oreille pour susurrer à nouveau :
- Canapé ou lit ?
Elle recommença à embrasser son cou, attendant sa réponse pour continuer les hostilités. Tout comme lui, elle désirait vérifier qu'il était encore partant avant que les choses ne commencent vraiment.
Malady voulait s'amuser un peu avant de lui laisser la main, ce que la plupart des elfes noirs préféraient faire, cela leur permettant de ne pas avoir à gérer leur force et de pouvoir apprécier un peu plus le moment. Leur partenaire était sûr de passer un bon moment et ils pouvaient ainsi relâcher leur concentration. Si Remy était à la hauteur, cependant, elle ne se priverait pas de reprendre la main pour lui offrir des sensations qu'il ne serait pas prêt d'oublier - sans lui briser quoique ce soit bien sûr.
Elle accepta de l'embrasser. Le baiser fut au départ doux et tendre, puis devint vite plus passionné, plus fougueux, alors que leurs langues dansaient ensemble dans leurs bouches. Remy avait toujours apprécié le « French Kiss ». Ce n'était pas toujours du goût de toutes les américaines, mais la plupart se laissaient prendre au jeu et finissaient par ne plus pouvoir s'en passer. On pouvait exprimer tellement de passion et de désir dans ces baisers.
La reine mena la danse dans un premier temps, accompagnant Remy pour qu'il s'allonge dans le canapé. Il la laissa l'embrasser dans le cou, une zone particulièrement érogène chez lui qui fit instantanément monter son excitation d'un cran. Il ferma les yeux pour apprécier pleinement les caresses de la reine sur son torse, et ses nouveaux baisers dans son cou. Prêt à s'abandonner entièrement à elle, il rouvrit les yeux lorsqu'elle lui demanda s'il préférait continuer sur le canapé ou dans le lit.
« Comme... vous voudrez... votre altesse... »
Il avait dit cela dans un souffle, son esprit lui murmurant que le lit serait bien plus pratique, son corps lui susurrant qu'il n'avait aucune envie de bouger pour le moment. Il laissa donc la reine s'amuser avec son corps durant quelques minutes, puis quand il n'y tint plus, n'ayant à présent plus que l'envie de lui arracher ses vêtements, il amorça un mouvement pour se redresser. Une fois debout, il en profita pour retirer sa chemise, puis enlever le haut de l'alien, se demandant si ses singulières marques noires zébraient l'entièreté de son corps.
Il ne fallut que quelques pas et quelques instants de plus pour qu'ils se retrouvent tous deux nus comme des vers. Il la poussa alors en douceur pour qu'elle s'allonge sur le lit et la chevaucha pour à son tour la couvrir de baisers, de caresses de ses mains et de sa langue. Mais alors qu'il aventurait sa tête entre ses cuisses, il marqua un temps d'arrêt, puis se redressa, fixant Malady avec un regard interloqué.
« Tu... Tu n'as pas de... »
Il vérifia à nouveau, palpa en douceur la zone sensible avec ses doigts pour s'assurer qu'il n'avait pas mal vu, ou que ce n'était pas dissimulé d'une quelconque façon. Une autre théorie lui vint à l'esprit, bien sinistre, mais fort heureusement pour elle, non, à bien vérifier, non, elle n'avait pas été excisée. Elle n'avait tout simplement pas de clitoris. Ravalant sa salive, il fit de son mieux pour expliquer les raisons de sa surprise :
« Les femmes humaines ont une sorte de petit bouton, juste là, qui a pour unique fonction de leur procurer du plaisir... »
Les femmes du peuple de Malady n'avaient donc pas été conçues ainsi, le sexe ne devait peut-être leur servir que pour la reproduction et non pour le plaisir. Comme les animaux. Cette pensée refroidit quelque peu les ardeurs du grand amateur de sexe qu'était Remy. Mais pourtant, elle ne semblait clairement pas insensible à ses caresses, et elle n'avait pas l'air de vouloir tenter l'expérience avec lui dans le but d'assurer la survie de son espèce. Et si jamais c'était le cas, de toute façon elle serait déçue car Remy était toujours extrêmement prudent avec toutes ses aventures et ne couchait jamais avec qui que ce soit sans porter un préservatif.
« Est-ce la pénétration seule qui te procure du plaisir ? Si non, il va falloir que tu me guides. »
Si les préliminaires étaient inutiles pour elle, autant entrer sans plus attendre dans le vif du sujet. Mais s'il existait d'autres façons de faire monter en douceur le plaisir en elle, il voulait bien tenter de la satisfaire, en suivant ses indications. Il était en tout cas certain que cette expérience serait hors du commun, et encore, il n'était probablement pas au bout de ses surprises...
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