Les cimetières sont remplis de gens irremplaçables.

Décidément, les mots de ce mystérieux personnage avaient le don de t’apaiser et de te donner un semblant de réponse. Il s’efforçait de répondre à chacune de tes interrogations avec sincérité et empathie. Il t’affirme qu’il est tout à fait normal que tu n’acceptes pas encore la mort de Shane, cela prendra du temps, en effet, mais combien au juste ? Seul l’avenir te le dira. Tu fus tout de même extrêmement surprise lorsque l’homme au parapluie t’affirme qu’il avait « plusieurs décennies de vie » à son actif. Il paraissait bien jeune pourtant. C’est comme s’il avait l’expérience d’un centenaire voir plus. Franchement, les similitudes avec Logan apparaissent à chaque moment de cette conversation. Tu ne pouvais t’empêcher d’avoir un sourire lorsqu’il te déconseille de le prendre comme professeur, qu’il était lui-même un mauvais enseignant. Tu restes persuadé qu’il se trompe sur ce sujet.

« Oh bien au contraire… Je suis persuadée que vous vous sous-estimez sur ce point. »

La suite était vraiment intéressante. Comme tout le monde, l’homme aux griffes et aux yeux jaunâtres avait pensé à la fin de sa propre vie et comment cela se passerait. Pour cela, c’était normal. Toute personne a sans doute déjà pensé à cette éventualité durant son existence. Cependant, lorsque le moment était venu pour lui de passer l’arme à gauche, il risquait toujours d’y avoir un dommage collatéral, quelqu’un qui pourrait succomber avec lui. C’est pour cela qu’il s’est surpassé et a refusé l’offre de la faucheuse à mainte reprise. Il te demande si tu le comprends, qu’il ne s’en fasse pas, le parallèle est très compréhensible. Il ne faut pas penser à ceux que l’on a perdu, il faut se concentrer sur ceux qui sont encore parmi nous et les protéger. Malgré son passé tumultueux et qui n’a sans doute pas été toujours blanc. Il s’agit sans aucun doute d’un homme de devoir et de principe qui a appris à mettre en jeu sa propre vie pour préserver celle des autres.

« Je vous comprends, monsieur… C’est honorable de votre part de protéger les autres ainsi. Moi je n’en ai pas été capable, mais vous êtes quelqu’un d’inspirant. Même si vous pensez sans doute le contraire de vous. »

Petit à petit, tes yeux qui avaient une blancheur presque fantomatique revinrent à la normale. Tes iris, ne tarde pas à réapparaitre et cela signifie également que la pluie commence doucement à s'arrêter. Tu avais trouvé quelques réponses à tes questions et une certaine lueur d'espoir dans les ténèbres de tes doutes. Pour la première fois depuis votre conversation, tu prends l'initiative de te relever. Comme si le temps du chagrin avait pris fin pour cette journée. Avec l'aide de ton bras, tu sèches tes larmes. Tu prends également le temps de regarder derrière toi un peu plus loin pour apercevoir la sortie du cimetière, une voiture y était garée. Cela devait être la sienne. Le noir semblait vraiment être sa couleur de prédilection et tu t'interrogeais même sur le fait de savoir si sa maison était noire à l'extérieur et à l'intérieur. Tu chasses cette idée grotesque de ton esprit et tu te tournes définitivement vers ce bienveillant personnage.

« C’est votre voiture là-bas je suppose ? Je peux vous y raccompagner. Je vous dois bien ça. » Tu marques un léger temps de pause cherchant son prénom. « En plus, je ne crois pas avoir eu la politesse de me présenter ni de vous demander comment vous vous appelez. Moi, c’est Ororo… Enchanté. »

Tu reprends ton sac afin de le placer sur ton épaule. Rien n’empêche de faire encore quelques pas avec lui le temps du chemin jusqu’au véhicule. De plus, cela pourrait être l’occasion de placer un nom sur ce visage. Tu appréciais savoir avec qui tu parlais et qui était aussi gentil avec toi. Question de politesse.

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Les cimetières sont remplis de gens irremplaçables.

Lorsque tu lui avais affirmé avoir échoué dans la protection de celui qui t'était proche, l'homme au parapluie se contente d'ajouter que ce n'était rien de ne pas y arriver du premier coup. Lui-même avait sans doute faillit à cette tâche et c'était pour cela qu'il pleurait également la mort de son ami. En revanche, il reste persuadé que les choses ne seront pas pareilles la prochaine fois. Tomber et se relever, essayer et re tenter le coup une nouvelle fois. Ces concepts étaient des choses qui pouvaient t'aider à tenir le coup face à tout ce qui t'est arrivé. Tu avais toujours eu cet esprit de battante qui était en toi et cela depuis ton enfance, lorsque tu te débrouillais dans les rues du Caire en Egypte. Tu étais habituée à être persévérante dans ton quotidien. Mais, depuis la mort de ton élève les choses ont pris une tournure bien différente. Tu étais un peu hésitante envers toi-même et tes capacités. Cet homme en noir allait sans doute être ce réveil, cette lueur d'espoir.

« Espérons que les choses soient différentes la prochaine fois, oui. »

Lorsque tu t'étais présentée sous ton prénom le mutant t'informe que cette maladresse de ta part n'était rien, mais qu'il prenait quand même bonne note de ton identité à consonance africaine. Le fait qu'il trouve que ton prénom est joli fait en sorte que tu ne peux pas t'empêcher de sourire à sa remarque. « La beauté » tel était l'étymologie de Ororo, celle que ta mère a choisi de te donner avec l'accord de ton père. Tous les deux t'aimaient tellement et désormais, ils ne sont malheureusement plus de ce monde également. Pour ce qui est de toi, tu avançais dans cette vie tumultueuse et tu pouvais même mettre un nom à ce visage si intriguant et salvateur. Luke Hunt, lui aussi possède une étymologie qui contraste avec ses habits plutôt sombres. Cela vient du latin « lux » et signifie la lumière. Lorsqu'on connait le personnage, ce prénom lui va plutôt bien également. Tu ne pouvais pas t'empêcher de faire le rapprochement avec son nom de famille.

« Oh merci ! Mais, le vôtre m’intrigue également, Luke Hunt. Celui qui chasse la lumière… »

Tu ne pouvais pas t'empêcher d'avoir un léger rire, non pas par moquerie, loin de là. Mais, tu te disais que tu partais un peu loin parfois. Enfin bon, c'était quelque chose d'intéressant à souligner. Tu espères seulement qu'il a accepté cette lumière et que désormais elle puisse briller de mille flammes dans son cœur. Vous voilà en train de faire un petit bout de chemin ensemble jusqu'à la sortie de ce cimetière, lieu de toutes les angoisses et de toutes les tristesses. Tu aperçois alors un homme sortir de sa voiture. Un chauffeur personnel ? Et bien… Monsieur possède des moyens plutôt confortables. Tant mieux, tu lui souhaites même le double. La gentillesse de Luke continua même jusqu'à te raccompagner où tu le souhaitais. Il se permit même de dire qu'il te devait bien cela, que tu l'avais supporté. N'importe quoi… C'est le contraire qui s'est produit, c'est lui qui t'est venu en aide et qui a dû endurer ton chagrin, pas l'inverse.

« Oh tout va bien, je vous remercie… Je suis venu en transport en commun vous n’avez pas à vous inquiéter sur ce sujet. En plus, vous ne m’avez pas dérangé, pas le moins du monde. Et puis, je suis trempé jusqu’aux os, je risque bien de salir votre banquette. Non, ne vous dérangez pas pour moi. »

Vous voici devant la voiture et tu aperçois alors le chauffeur commencer à ouvrir la porte. Vous vous arrêtez et tu lui adresse un dernier sourire de gratitude. Peut-être était-il temps que vos chemins se séparent à la sortie de ce cimetière ? Sans doute qu'il allait insister et dans ce cas-là tu ne pourrais pas lui en tenir rigueur, ni refuser d'ailleurs. Question de politesse.

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C'est dans les moments de tristesse que l'on pouvait faire des rencontres atypiques et pleines de bienveillance. Malgré une partie de la population qui était malsaine, tordu et mauvaise il y avait toujours des gens bienveillants, salvateurs et à l'écoute. C'était le cas pour Luke Hunt qui avait semblerait-il compris l'étymologie malicieuse de son nom et prénom. Il t'avait dit qu'il ne l'avait jamais vu ainsi, mais que cela lui allait plutôt bien. C'est paradoxal, car il a beau chasser la lumière elle reviendra sans aucun doute à chaque fois en lui. Du moins, c'est ce que tu pouvais lui souhaiter. Vous voilà face à face et son chauffeur semble attendre. Il semble ne pas contester ta décision de repartir en transport, mais il souhaite quand même garder le contact, avec l'aide d'une carte. « Hunt Exposition » … Il t'explique que si tu souhaites avoir envie de contemplation il serait ravi de t'accueillir dans son établissement, eh bien… Luke Hunt possède un musée d'œuvres d'arts ? Cela te surprend.

« Luke Hunt. Un homme de gout et d'affaire… Vous êtes décidément plein de surprises ! »

Tu lui souris et tu ranges cette carte dans ton sac. Peut-être que tu y feras un tour à l'occasion. Pour le moment il était temps de faire ces adieux à l'homme au parapluie. Un homme d'affaire qui malgré la mort de son ami a su se relever et ouvrir un commerce fructueux. Il a su rebondir et tu espères en tout cas qu'il se sent épanouis dans ce qu'il fait. Il te tend d'ailleurs son objet qui sert à protéger des averses. Il t'affirme que le temps est étrange, mais qu'il est magnifique en cette période. Tu baisses les yeux et tu rougis avec un peu de honte. Il avait sans doute percé à jour ton pouvoir. Franchement, la générosité de ce monsieur ne connait-elle aucune limite ? Enfin, tu avais refusé qu'il t'accompagne en voiture. Tu finis par accepter son second cadeau et tu l'aperçois en train de monter dans son véhicule et de s'asseoir sur la banquette arrière avant que son chauffeur face de même. Cela annonçait définitivement les adieux.

« Bonne route Luke et… Merci pour tout. »

Un sourire se dessine alors sur son visage et la voiture démarre, roule et commence peu à peu à disparaitre vers l'horizon. Tu lèves la main afin de saluer une dernière fois cette âme de bonté et tu commences à tourner les talons vers la direction opposée. Petit à petit tu te mélanges à la foule et tu attends le prochain bus quelque part, tu ne sais pas vraiment où à vrai dire. Tu maîtrises le vent et comme lui il arrive que tu décides d'aller là où le destin décide de t'emmener. Les gens autour de toi sont concentrés soit sur autre chose, soit sur leur téléphone. Toi tu décides de regarder simplement le ciel et tu y aperçois une éclaircie. Un rayon de soleil s'infiltre dans les nuages qui se dispersent peu à peu et tu commences à sourire naïvement. Tu étais assez sensible à la beauté du ciel autant le jour que la nuit. Pour le spectacle final la pluie que tu avais créée et l'humidité qui était encore présente se mélange à la lumière du soleil afin de former un joli arc-en-ciel qui se trouve un peu plus loin. Tes yeux semblent subjuguer et hypnotiser par cet évènement de toute beauté.

« Une météo tumultueuse, mais magnifique… »

Est-ce que c'était un signe d'espoir ? Tu te remets à penser à voix haute et une dame plutôt âgée te dévisage légèrement. Elle doit être en train de juger ton côté un peu niait face à la scène. Le transport en commun arrive finalement à l'arrêt prévu et tu commences à ton tour à monter dans le véhicule, te mélangeant aux usagers de la grande pomme. Les portes se referment et le bus s'en va. La vie reprend son cours petit à petit.

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