« La confiance vient de la discipline et de l'entraînement. » - Robert Kiyosaki
16.09.2024, matin, QG secret d’Hydra à une heure de route à l'ouest de New-York
Le reflet que j’observais dans le miroir ne m’accordait aucune émotion. En même temps, il m’était défendu de ressentir quoique ce soit et pour cause, mes supérieurs étaient bien décidés à faire de moi une arme capable de me battre contre le soldat de l’hiver et de remporter ce combat en prenant en compte le simple fait qu’apparemment, l’homme tenait à ma personne. Du moins à la version de moi-même que j’étais avant d’accepter le reconditionnement.
Passant un filet d’eau froide sur mon visage je relevais à nouveau les yeux pour m’observer et me juger. J’avais le teint pâle ressemblant davantage à une petite chose fragile qu’à une véritable agente d’Hydra. Extérieurement, je ne laissais transparaitre aucune espèce d’émotions, mais intérieurement je bouillonnais de rage contre moi-même d’avoir été aussi naïve et frêle. Je m’autorisais encore plusieurs secondes de dévisagement dans le miroir avant de finalement sortir de ma chambre pour me rendre directement vers la salle d’entrainement.
Marchant en silence, j’approuvais le futur entrainement dont j’allais être dispensé. Et j’en étais même presque honorée dans le sens où mon futur instructeur était un des meilleurs éléments de l’Hydre. A peine quelques minutes plus tard, j’entrais alors dans la salle dans accorder un seul regard à ceux qui se trouvaient d’ores et déjà sur place pour s’entrainer. Dans le mutisme le plus total, je me dirigeais vers mon casier pour prendre mon équipement de base sans arme afin de me mettre en condition pour les combats à venir.
Une fois prête, je me rendis non loin de l’entrée de la salle, attendant patiemment mon instructeur. Je n’eus pas à attendre bien longtemps puisqu’il ne tarda pas à se pointer alors que je me mettais aussitôt au garde à vous, les jambes droites, fixes et rapprochées, les bras le long du corps, le regard fiwa un point imaginaire au loin de la pièce.
Cela fait un moment que tu feuilletais ce dossier qui était dans ta main droite. Ta main gauche quant à elle tenait un sac avec du matériel d'équipement à l'intérieur. Tu étais habillé dans un uniforme noir malléable et pratique pour une situation sportive. En effet, Von Dichstrauss, un haut gradé de l'organisme t'avait demandé de former sa nouvelle « protégé » selon, ses dires. Le commandant est un homme qui semble apprécié de manipuler son petit monde et il semblerait qu'il a trouvé une nouvelle marionnette : Cette personne dont les informations figurent dans ce dossier. June Campbell un agent atypique qui avait fait des siennes avant. Désormais, le conditionnement a fait effet, selon les paroles du superviseur. Tu dois voir cela de tes propres yeux de toute façon. Ton visage rempli par de nombreuses cicatrices de brûlures de guerres dérive vers cette femme qui est au garde à vous. Tu es donc arrivé à destination de la salle d'entrainement, plus précisément à l'entrée.
« Agent Campbell je suppose… »
Tu t’arrêtes alors en face de la brune et tu prends le temps d’analyser son regard. Celui-ci ne trahit aucune expression ni aucune émotion. Tu as presque l’impression de voir ton regard au féminin. Tu n’étais pas trop habitué à être reçu et salué de la sorte. En général, tu étais le maître des corvées, celui qui reçoit les instructions et qui les appliquent sans se poser de question. Cette fois-ci les rôles allaient être différent, cette fois-ci il allait falloir que tu ordonnes et cette fois-ci il allait falloir que quelqu’un t’obéisse. Il est à noter que Campbell possède un atout majeur dans sa manche, elle possède un lien étroit avec Barnes et avec des progrès elle pourrait sans aucun doute mettre fin au soldat de l’hiver. En revanche, son teint pâle trahissait une certaine limite physique. Ce n’est pas un problème, tu as connu des assassins talentueux avec une physiologie pas très impressionnante. Ton observation vient alors à nouveau sur son dossier, une tablette tactile avec sa photographie et des informations complémentaires.
« Je suis l’agent Anthony Master, on m’a chargé de votre entrainement et de votre formation dans le combat. Cependant, lorsque vous vous adresserez à moi ce sera par le titre d’instructeur, lorsque vous penserez à moi ce sera par le nom d’instructeur, lorsque vous parlerez de moi à vos supérieurs ce sera le mot instructeur qui sortira de votre bouche. Suis-je assez clair ? »
Elle avait beau être conditionnée pour obéir, il fallait tout de même poser ce cadre qui est très important. Les familiarités n'avaient pas leur place au sein de l'octopode. Être familier, c'est déjà faire dans les sentiments et faire dans les sentiments c'est être exposé à l'erreur. Si la brune avait assimilé cela, alors tant mieux pour elle. Dans le cas contraire tu lui ferais comprendre avec des manières moins orthodoxe. Tu n'es pas un sadique dans l'âme, tu n'éprouves d'ailleurs aucun plaisir dans la cruauté, mais disons plutôt que tu fais ce qui doit être fait pour la gloire de Hydra. Tu respires pour l'hydre, tu réfléchis pour l'hydre et tu mets en place tous les moyens à ta disposition pour la victoire de l'hydre. Tu n'avais pas besoin de conditionnement, tu as baigné dans cette organisation, toi le fils d'un agent d'Hydra. Tu t'approches alors de Campbell, tu continues à garder ce regard face à cette tablette que tu tiens entre tes mains.
« J'en apprends beaucoup sur vous. Indiscipline, prise d'affection envers l'ennemi, faiblesse morale… » À mesure que tu énumères les adjectifs qui sont inscrits sur le dossier numérique tu tournes autour de l'agent, comme un serpent qui tourne autour de sa proie. « Alors, dites-moi Campbell, est-ce que je vais perdre mon temps aujourd'hui ? »
Ta voix était froide. Au risque de se répéter, tu savais qu’elle était sous conditionnement, néanmoins il s’agissait là d’un test. Comment allait elle réagir ? Tu termines ton tour de la personne pour revenir en face d’elle lui montrant les informations qu’il y avait sur ce dossier. L’air de lui dire de vérifier par elle-même.
« La confiance vient de la discipline et de l'entraînement. » - Robert Kiyosaki
16.09.2024, matin, QG secret d’Hydra à une heure de route à l'ouest de New-York
Alors qu’il entre dans la salle d’entrainement, je ne peux m’empêcher de regarder le visage de mon instructeur. Homme d’action semble-t-il de l’Hydre, il a dû souffrir de maintes missions passées pour avoir cette apparence très marquée. Pour autant, mon regard ne s’attarde pas plus de quelques secondes, supposant alors qu’un tel regard sur qui que ce soit n’était pas digne de mettre à l’aise une personne et encore moins digne d’une agente. C’est donc la plus impassible qui soit que j’acquiesce à ses paroles pour décliner mon identité. Mon regard reste alors vide de toute émotion, c’est une des conséquences de ce conditionnement dont j’ai fait l’objet. Cela me permet alors de ne plus avoir à réfléchir et surtout à me poser de questions sur les véritables natures des autres.
Je le regarde du coin de l’œil alors qu’il lit des informations me concernant, je l’imagine tout du moins. Mais, lorsqu’il reprend la parole, mon regard se pose à nouveau sur un point fixe, écoutant avec intérêt sa présentation pour finalement y répondre d’une voix calme et posée :
« Très clair Instructeur. »
Rapide, concis, déterminé, c’est la nouvelle agente Campbell que je voudrais qu’il voie. J’imagine qu’il doit connaître mon dossier et mon impertinence passée mais j’espère que son opinion sur moi pourra changer… Il reprend la parole et je constate qu’en effet, il a lu mon dossier. Il tourne autour de moi mais je ne bouge pas d’un pouce gardant le regard figé, vers un horizon qui me semble bien lointain tout à coup. Que répondre à ces mots ? La sincérité tout simplement serait la meilleure des réponses mais je ne ressens plus rien alors je préfère jouer carte sur table :
« La personne décrite dans ce dossier n’existe plus grâce au commandant Von Dichstrauss donc non, votre temps sera apprécié et constructif, mon instructeur. »
En terminant ma phrase il se retrouve devant moi et mon regard croise le sien. Je plonge alors dans ses yeux noisette pour y lire de la défiance. C’est un test que j’espère avoir réussi mais surtout j’ai à cœur de pouvoir plaire au commandant qui attends de moi une mission de la plus haute importance : avoir la peau du soldat de l’hiver. Cette mission est alors ma priorité et si pour en arriver là, je dois m’entraîner avec cet instructeur, je le ferais avec beaucoup d’intérêt.
Il est toujours intriguant d'observer les effets du conditionnement. Tu aurais été plutôt curieux de connaitre l'agente avant l'opération pour avoir un aperçu d'un avant et d'un après. Enfin bon, ce n'est pas très grave et tu ne te concentres pas sur cette question fugace. La brune reste concise à la moindre remarque et réflexion et ne s'attarde sur aucun détail. Lorsque tu lui as demandé de respecter la hiérarchie elle t'a répondu de manière affirmative. Lorsque tu lui as posé des questions sur ses fautes passées, Campbel t'a affirmé que son « ancienne elle » avait disparu grâce à Von Dichstrauss. Cela est un bon signe, tu n'as pas tellement besoin de battre le fer pour le rendre plus malléable. Ton élève était quelqu'un qui allait droit au but et avec qui il allait sans aucun doute être facile de travailler. Enfin, tu n'es pas à l'abri d'une mauvaise surprise et il a été observé que le conditionnement pouvait s'effriter avec un choc émotionnel ou quelque chose d'autre, il allait falloir rester vigilant là-dessus.
« Nous verrons ça… Suivez-moi. »
Tu emboîtes alors le pas et tu rentres totalement dans la salle d'entraînement. Il s'agissait d'une salle à l'allure grisâtre qui était équipé de tout matériels pour une formation. En réalité dans cette base il y avait deux salles de formation. L'une pour le tir à distance et l'autre pour le combat rapproché. Vous étiez présent dans la salle de combat. Au-dessus d'un mur il y avait un grand téléviseur. Tu en avais fait la demande pour le besoin de l'instruction et il semblerait que ton souhait a été exaucé. Tant mieux, tu rassembles tes affaires, posant la tablette afin d'ouvrir ton sac et d'y extraire une manette. Tu actionnes alors le bouton « play » et les vidéos se mettent alors en route. Il s'agissait des vidéos du Soldat de l'hiver pendant ses entraînements. Les images s'échangent en boucle et vous pouviez voir tous les deux les différentes techniques qu'il utilisait. Avec la nature de ton don, tu avais toujours besoin d'observer des techniques en vidéo.
« James Barnes. Un homme qui a fait partie des divers projets liés au soldat de l'hiver. Un homme qui nous a été extrêmement utile. Nul doute qu'il aurait pu éclairer Hydra de ses capacités exceptionnelles. » Tu marques une pause, tu tentes de garder ton calme par rapport à lui. Puis tu continues. « Malheureusement, Barnes a choisi la voie de la dissidence et a tourné le dos à notre glorieuse organisation. Il est désormais une cible, votre cible. »
Il se trouve que tu avais déjà travaillé avec le soldat de l’hiver lors de diverses missions et que tu l’avais revu il n’y a pas si longtemps. En effet, lorsque tu devais traquer le gardien de la galaxie nommé Rocket, le soldat d’une autre époque lui était venu en aide. Tu dois contenir cette colère désagréable qui monte en toi et ton élève ne doit absolument rien remarquer. Quel gâchis, lui qui était d’une telle efficacité, voilà qu’il se retrouve à se chercher une liberté inexistante. En revanche, il se trouve que l’octopode possède un cadeau empoisonné pour lui. Ce cadeau se nomme June Campbell et c’est un cadeau que tu dois former. Tu poses alors la manette et tu viens récupérer un poignard de combat, dont la lame est émoussée afin de ne pas blesser gravement ton élève. Tu observes les vidéos et tu mémorises les diverses techniques au couteau : ses positions, son timing le mouvement de ses articulations et de ses muscles. Rien ne semble t’échapper.
« Qu’est-ce que vous ressentez lorsque vous le voyez Campbell ? » Ton regard se pose à nouveau sur ton élève. « Vous pouvez me le dire que vous avez encore de l’affection pour lui, je ne vous en voudrais pas… »
Tu fais tournoyer le manche de la lame dans ta main. Oui, ça aussi tu le savais. Le commandant t’en avait informé, les deux possédaient des liens amicaux par le passé. Par ses paroles tu souhaitais voir la solidité du conditionnement, comme un artisan qui testait la solidité d’un pont. Ton regard se fige une dernière fois sur les vidéos. Tu as bientôt terminé d’apprendre, l’entraînement n’allait pas tarder à débuter.
« La confiance vient de la discipline et de l'entraînement. » - Robert Kiyosaki
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Il semble convaincu de mes dires et cela est bien ainsi. Je n’aurais pas apprécié me confondre en excuses pour justifier un potentiel comportement passé. Visiblement je ne le connaissais pas d’avant et c’était également un bon point. Après il semble bien plus qualifier que moi. Je n’exclue donc pas que mon ancienne version puisse le connaître au moins de nom. A son ordre, j’obéis sans discuter et le suis donc dans le milieu de la salle.
Etant donné que je suis déjà en tenue, je n’ai pas de quelconques affaires à poser contrairement à lui. Je reste donc à une distance raisonnable alors que l’on s’approche d’un écran accroché au mur. En position droite, je plaçais mes mains jointes dans mon dos tout en l’observant allumer l’écran et en actionnant les premières images. Je reconnus aussitôt l’homme présenté à l’écran. Il était ma cible, la raison de mon conditionnement et de mon entraînement en ce jour, il était ma prochaine mission : James Buchanan Barnes. Mon regard se posa sur l’écran alors qu’aucune réaction ne se fit sentir. Je ne ressentais rien pour cet homme et si un quelconque sentiment avait été ressenti par le passé, ce n’est plus le cas aujourd’hui. En tout cas, pour l’instant. Je le sais le conditionnement est soumis aux chocs et s’effrite avec le temps. Si un jour, je l’ai en face de moi, j’ignore encore quelle sera ma réaction. J’entends les paroles de Master mais ne bouge pas. Il a raison et ne m’a pour l’instant pas demandé mon avis. De ce fait, je garde les yeux sur l’écran en silence.
Finalement il s’adresse à moi, me faisant baisser les yeux pour l’observer lui alors qu’il fixe toujours l’écran, une lame à la main. Je remarque aussitôt la similitude de son mouvement de poignet. En quelques secondes, il a assimilé la façon dont Barnes manie les armes. C’est impressionnant. Cependant, je ne m’attarde pas dessus et préfère lui répondre en le regardant lui et non l’écran.
« J’ai conscience qu’il y a eu un lien entre lui et moi avant le conditionnement. Mais je n’ai aucun souvenir de ce lien. Pour moi désormais il est une mission pour le commandant Von Dichstrauss, rien de plus… »
J’hésite un instant à lui parler de ma crainte mais préfère jouer franc jeu. Quittes à me compromettre.
« En revanche, je connais également les faiblesses d’un conditionnement comme celui que j’ai pu recevoir. Si le voir à l’écran ne me touche pas, je n’ai aucune idée de ma réaction face à lui directement. Mais j’ai conscience de cette faiblesse qui peut me porter préjudice. »
Pour toi, la jeune Campbell était bénie par son conditionnement. Elle t'affirme qu'elle n'a plus aucun souvenir des relations exact qu'elle entretenait avec le soldat de l'hiver. Tout ce qui comptait pour elle, c'était de mener à bien la mission qui lui était confiée. C'est une bonne chose, elle n'a plus à se soucier de quoique ce soit, elle n'a plus à se tracasser de sentiments inutiles et surtout elle n'a plus à se poser de question sur le sens de sa vie et perdre du temps avec des réflexions inutiles. Au final, ce conditionnement lui allait comme un gant. Elle était enfin à la place qui était la sienne et c'était tant mieux. Néanmoins, sa seconde explication te fait réagir. Tu tournes ta tête vers elle, très lentement. Tes yeux scrutaient le moindre de ses faits et gestes. Tu t'approches alors d'elle comme un alligator qui s'approche doucement de sa proie. Une faiblesse qui pourrait lui porter préjudice ? Est-ce qu'il y aurait une faille dans le redémarrage de sa conscience ? Il aurait mieux valu qu'elle s'abstienne de cette explication.
« Ainsi donc, vous ne faites pas confiance au travail de Hydra sur votre nouvelle vous ? Vous avez des doutes… Les doutes sont un obstacle à votre victoire, les doutes ne vous feront jamais gagner… Vous devez avoir confiance, confiance en notre glorieuse organisation, confiance en votre nouvelle personnalité et surtout confiance en mon apprentissage… »
Sans prévenir garde tu te retournes de plus belle afin d'assener un coup de pied circulaire dans le plexus de ton élève. La force est maîtrisée, mais la technique est présente. Elle doit sans aucun doute sentir son souffle se couper en un clin d'œil. Pourtant, tu as une sensation étrange. Normalement, sous la douleur, le visage se crispe par réflexe surtout dans un moment de surprise comme celui-là. Ce n'est pas son cas ? Ah oui, il est vrai que la brune possède des talents qui ne sont pas négligeables, mais c'était aussi ton cas. Tu entames une course contre elle et un jeu d'attaque et de défense s'installe entre vous. Elle pouvait voir que tes mouvements étaient exactement les mêmes que ceux de Barnes. Le couteau émoussé que tu possédais avait la fâcheuse tendance à changer de main d'un seul coup ce qui rendait tes mouvements très difficiles à analyser. Finalement, la lame s'arrête tout près de la gorge de l'agente, la touchant pratiquement. L'entraînement venait de commencer.
« Réflexes photographiques. Je suis capable d’imiter et de reproduire les techniques de combat d’un simple coup d’œil. Vous devez comprendre maintenant pourquoi le commandant a fait appel à moi pour votre formation. Vous pouvez voir en moi un parfait mannequin de combat si vous préférez. »
Tu estimais qu’il était bien qu’elle comprenne ta façon de combattre. Cela lui donnerait un repaire, même si celui-ci était maigre. L’affrontement continue, tu répètes les assauts encore et encore avec une vélocité sans pareille. Elle pensait sans doute avoir quelques échauffements avant de commencer. Tu estimes qu’au moment fatidique de son entrée en contact avec le soldat de l’hiver elle n’aurait guère le temps de se préparer. Ce n’est sans doute pas une débutante totale et elle avait sans doute acquis un entraînement solide avec l’hydre. Cependant, lorsque l’on te combattait au corps à corps. On avait cette désagréable sensation d’avoir affaire à l’opposant que tu étais en train de copier. Est-ce que cela était le cas avec l’agente ? Tu y réfléchiras plus tard. Tu viens alors te baisser soudainement afin de faucher les pieds de ton élève. Ton but est clairement de la faire tomber au sol. Tu prends le temps de l’observer, ton intention n’est pas de lui faire mal pour le plaisir, ton intention est d’en faire une tueuse à sang froid, comme toi.
« Qu'est-ce qui se passe ? Je n'ai ni la force surhumaine de Barnes, ni son bras bionique. Je ne suis qu'un humain tout ce qu'il y a de plus banal… Si vous avez des difficultés envers moi, le soldat ne fera qu'une bouchée de vous ! Relevez-vous et désarmez-moi, c'est un ordre ! »
Il fallait sans doute la stimuler par des directives. Son conditionnement le lui obligeait. Peut-être même qu'elle allait montrer ce dont elle était réellement capable avec cette interjection. Même si cela n'allait pas être aisé pour elle, tu étais considéré comme étant l'un des meilleurs combattant au corps à corps de l'organisme.
« La confiance vient de la discipline et de l'entraînement. » - Robert Kiyosaki
16.09.2024, matin, QG secret d’Hydra à une heure de route à l'ouest de New-York
Visiblement mon explication ne lui plait pas. J’aurais dû m’en douter mais j’ai voulu être honnête. C’était une tare de mon ancienne moi et je comprends maintenant que cet aveu de faiblesse pourrait me faire plus de mal que de bien. Mais tandis que je relève mes yeux vers mon instructeur, il se tourne lentement vers moi et son regard me fait déglutir avec difficultés. Je crains alors de l’avoir énervé et même si je n’ai pas l’impression d’avoir si mal agit que cela, j’ai ce gout amer d’échec qui se pointe dans mon esprit. Je dois être plus forte que cela.
« J’ai toute confiance en notre organisation. Ce sont eux qui m’ont forgés et je leurs doit tout et … »
Le coup qu’il m’assène me stoppe dans mon élan. Si aucune douleur n’est ressentie, mon corps lui parle tout seul et ma respiration se bloque rapidement. La bouche légèrement ouverte, je reste comme figée, partagée entre la sensation étrange de la douleur qui aurait dû être là mais qui n’est pas là et la surprise d’une tel geste envers moi. S’agit-il d’une forme de punition pour ce que je viens de révéler. Je me dois de ne pas trop réagir puisque finalement j’estime mériter un tel châtiment. Mon instructeur est un homme froid certes mais juste, s’il estime que je mérite ce coup alors autant l’encaisser. Je me redresse après quelques secondes et esquive avec difficultés les coups et autres attaques qu’il me porte. Rapidement j’ai une sensation de déjà-vu. Pas dans la situation mais dans les gestes. Pourtant je n’ai aucun souvenir de Barnes. Mais la vidéo tourne encore à l’écran et du coin de l’œil je remarque qu’il exécute à la perfection les gestes de l’ancien Soldat de l’hiver. Mon manque d’attention me met alors dans une fâcheuse posture lorsque je sens la lame dans mon cou.
Ses mots me rappellent à l’ordre et je pose alors mon regard sur lui. Ses pouvoirs sont étonnants mais je n’ai pas le temps de m’y attarder puisqu’il attaque à nouveau et je suis rapidement en difficulté. J’esquive, je suis sur la défensive mais je ne parviens pas à attaquer. Pourtant j’oublie rapidement qui il imite et je rentre dans le sujet de l’exercice et du combat. Il ne me ménage pas et je dois avouer que c’est un traitement que j’apprécie. Je ne suis pas une petite chose fragile, je sais me battre et je riposte tant que je peux même si c’est compliqué. Et puis il fait une parade qui me fait perdre l’équilibre, je tombe lourdement sur le sol. Aucune douleur mais à nouveau ce sentiment d’échec et cette hargne qui commence à se réveiller en moi. Je dois lui montrer ce dont je suis capable.
A ses mots, je jette sur lui un regard plus déterminé et volontaire à la réussite de cet exercice. D’un mouvement du bassin, je me remets sur mes deux jambes et n’attend pas qu’il attaque à nouveau. A la place je glisse jusqu’au sac pour attraper une arme à mon tour, elle n’est pas tranchante puisqu’il s’agit d’une matraque mais cela ne m’empêchera pas de pouvoir attaquer et me défendre avec. Je fonds alors sur mon instructeur et la « partie » peut reprendre. J’attaque en premier, cela sera à lui d’esquiver et je contre ses attaques sans le laisser me toucher. Je ne veux pas me retrouver à nouveau au sol alors je profite de mes atouts. Je suis fine et souple, cela me permet de me mouvoir et de me retrouver rapidement dans son dos la matraque en travers de sa gorge que je serre doucement pour ne pas lui faire mal mais suffisamment pour l’empêcher de bouger :
« Comme ça mon instructeur ? »
Le sourire aux lèvres, même s'il ne peux pas le voir, je suis légèrement défiante et je sais que cela promet une suite d’exercice à la fois intéressant et constructif. Je retire la matraque et lui assène à mon tour un coup de pied à l'arrière du genou pour le faire tomber. Je recule d'un pas et le regarde alors que je le contourne pour me remettre face à lui.
Ce n’était pas trop tôt. Son regard venait enfin de changer, une flamme combattive se reflétait dans ses iris. Les injonctions sont donc importantes pour la stimuler et faire en sorte qu’elle puisse avoir du répondant. Elle se redresse et va chercher une matraque d’un geste expert dans le sac que tu avais mis en place. Elle s’adapte à son environnement, c’est une bonne chose. L’exercice reprend alors, cependant tu n’arrives pas à répondre à ses assauts. Il faut dire qu’elle ne t’en laisse pas l’occasion. Tu écarquilles les yeux lorsqu’elle passe sur ton flanc avec l’agilité d’un félin. Elle se retrouve face à ton angle mort et vient alors te neutraliser avec son arme en serrant ton cou. Ton élève te demande si c’était bien comme cela qu’il fallait s’y prendre et te déséquilibre avec un coup de pied sournois. Ni une ni deux, te voilà à terre. Elle était talentueuse, tu ne pouvais en aucun cas dire le contraire. Nul doute, qu’elle t’avait bien eu sur ce coup-là.
« En effet, c’est comme cela qu’il faut procéder… »
Tu restes au sol, allongé et les yeux tournés vers le plafond. Tu observes Campbell du coin de l'œil qui se replace face à toi. Son insensibilité envers la douleur était perturbante. C'est comme si l'agente ne ressentait plus rien autant au niveau émotionnel qu'au niveau du touché et de la douleur. Cela lui apportait un avantage certain, ne pas se rendre compte des coups et d'ignorer le poids de la souffrance. En revanche, il y avait un revers à cette médaille. L'affliction est un sens d'alerte, elle permet de savoir les limites du corps humain. Le corps de Campbell n'est plus en alerte et elle peut recevoir un très mauvais coup sans s'en rendre compte. De plus, lorsqu'elle a resserré son étreinte sur ton cou, tu avais senti qu'elle ne souhaitait pas te faire vraiment mal. Elle souhaite te ménager ? Non, aucune chance… Ta vie lui importe peu. C'est bien plus profond que cela. Tu émets l'hypothèse qu'elle ne souhaite simplement pas faire du mal aux autres. C'est encré en elle, c'est une preuve de faiblesse…
D'un mouvement du bassin, tu te remets sur tes deux jambes et n'attend pas qu'elle attaque à nouveau. Eh oui, tu l'avais tout de même observé pendant son coup d'éclat et il se trouve que tu apprends plutôt vite des autres. Cela a toujours été le cas et désormais, Campbell pouvait voir comme un air de déjà vu, encore... Tu viens échanger ta lame avec une deuxième matraque dans ton sac et les coups recommence à pleuvoir. Tu avais son rythme de combat, tes articulations étaient les mêmes que les siennes. Tu n'avais pas autant de souplesse et d'agilité qu'elle, vous n'étiez pas du même gabarit. Cependant, tu arrivais à te débrouiller. Tu te retrouves rapidement derrière son dos, la matraque en travers de sa gorge, tu ressers avec sévérité l'étau sur son cou. Ce n'était pas ton genre de ménager les personnes que tu affrontais, que ce soit en entraînement ou sur le terrain. Tu viens alors chuchoter à son oreille des mots à glacer le sang.
« Vous voilà à la merci de votre ancienne vous. Une personne inutile à notre cause, une personne qui se permettait de mordre la main qui l'a nourri et une personne qui n'a pas hésité une seule seconde à sympathiser avec l'ennemi. Ne me dites pas que vous allez perdre face à cette ancienne June Campbell… Ce serait une véritable insulte envers votre amour propre, du moins j'ose espérer… »
Erreur… Elle est censée avoir été reconditionnée, elle n'éprouve plus aucun amour propre. À moins que ? Pour le moment, la symbolique était intéressante. Tu représentais son ancienne personnalité et tu espérais la faire tomber dans ses derniers retranchements. Cela allait permettre de savoir si son lavage de cerveau est réellement solide, mais également si ses talents allaient refaire surface. Paradoxalement, tu commençais à éprouver un certain intérêt à l'exercice.
« La confiance vient de la discipline et de l'entraînement. » - Robert Kiyosaki
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L’avantage finement acquis fut de courte durée et même si mon instructeur semblait content de mes prouesses, il y a une part de défiance en lui que je décèle bien malgré moi. Prête à me remettre en selle, je garde mes bras en position défensive, prête à attaquer ou à parer ses actions alors que je le regarde se relever.
Sa remarque me perturbe sans le faire. Il n’a pas pu copier mes gestes aussi rapidement. Je le sais redoutable en face à face mais je n’ai fait qu’un seul mouvement. Il attrape une matraque également et finalement il bouge comme moi. C’est très déstabilisant. Je tente de rester impassible mais je ne peux refreiner un froncement de sourcils. L’instant suivant, tel un félin, il s’est glissé jusque dans mon dos et me maintien bien plus fermement que je ne l’ai fait précédemment. Surprise, je manque très rapidement d’air et une de mes mains se pose sur la sienne sans pour autant me dégager car j’écoute ses paroles.
Je ne peux pas le voir, il reste dans mon dos mais je peux largement sentir sa présence sur moi, même si le touché n’est pas perceptible. Ses mots me provoquent et je pense qu’il devine que cela entraînera une réaction venant de ma part. Il a tout à fait raison et je réplique aussitôt. Je lève ma jambe pour l’abattre avec force sur son pied – force relative vue mon gabarit mais cela permettrait au mieux de le distraire. Ma main posée sur la sienne, glisse rapidement en dessous pour la pousser avec vigueur avant que mon coude parte en arrière pour l’atteindre à l’abdomen. Je me défais ainsi de ses entraves et me retourne face à lui pour attraper sa matraque d’une main et redonner un coup de coude vers le haut dans son menton. Il ne veut pas être ménagé, très bien, je ne vais pas le ménager malgré une voix intérieure qui me souffle de ne pas pousser trop le vice puisqu’il reste mon instructeur. Je la fais taire et continues mes attaques. Il en pare certains, pas toutes. Il attaque également, j’en pare certaines mais pas toutes également. Jusqu’à un coup qui me fais chuter et cogner la tête la première.
Je m’écroule au sol et la sensation d’étourdissement, je me relève quasi aussitôt, pourtant quelque chose ne vas pas. Je crains d’avoir atteint une limite que je n’avais pas appréhendée. Je regarde mon instructeur et tente de lire des réponses dans son regard. Ce que j’ignore c’est que j’ai cogné violemment mon visage et que j’ai l’arcade qui saigne sans que je m’en sois rendu compte.
« Je suis prête mon instructeur, je peux poursuivre… »
La tête me tourne mais je ne veux pas faiblir. Je ne suis pas faible et j’aimerais lui prouver, qu’importe les douleurs ou blessures potentielles.
Une réaction, voilà bien quelque chose que tu espérais d’elle. Il fallait la piquer au vif et tenter de faire en sorte qu’elle puisse atteindre un autre seuil dans le combat au corps à corps. Sur ce coup, tu ne vas pas être déçu. En effet, tu as eu à peine le temps de terminer ta phrase que tu ressens une vive douleur au niveau de tes orteils, son talon vient de percuter ton pied. Un tour de malice qui brise ta concentration et c’est à ton tour de manquer de souffle après que son coude vient frapper ton abdomen. Elle s’empare de ton arme et un mauvais coup vient percuter ton menton. D’ailleurs c’est assez fort pour y inscrire une marque rougeâtre. Une succession de coup se met en place entre vous et aucun des deux camps ne semble vouloir lâcher l’affaire. Cependant, tu remarques un angle mort dans sa garde et d’une béquille, tu viens à nouveau faucher ses jambes. Elle tombe à la renverse violemment, mais se relève d’une détermination exceptionnelle. Tu fronces les sourcils… Elle est blessée à l’arcade, mais elle veut poursuivre. Cette fille… Elle en a dans le ventre.
« Bonne réponse agente… Ne jamais abandonner pour la gloire de Hydra, c'est encore une fois comme cela qu'il faut procéder. »
Ton sang bouillonne et tu es pris dans cette confrontation, plus que de mesure d'ailleurs. Est-ce que c'est la combativité de la demoiselle qui est la cause de cela ou est-ce que tu ressens cette possibilité qu'elle a la capacité au fond d'elle de réaliser l'exploit de vaincre le soldat de l'hiver ? Tu n'en sais rien. Le fait est que cette adrénaline fait en sorte que tu te propulses à nouveau vers elle. Cependant, tu n'as pas le temps de terminer ton action. Deux mots viennent te stopper dans ta lancée. « Cela suffit ! » Tu tournes la tête et après avoir aperçu la personne qui vient de poser ces conditions, tu te places immédiatement au garde à vous, les mains derrière le dos. Oui, c'était bien le commandant Nicholae von Dichstrauss qui venait de faire son apparition. Il marche d'un pas calme vers sa protéger et d'une poigne légère vient inspecter son visage. Tu baisses les yeux et tu reconnais ta faute. Tu n'as pas su faire preuve de pondération.
« Franchement… Je t’avais demandé de ne pas faire preuve de tendresse envers elle. Mais, je n’imaginais pas que tu prendrais mes consignes avec autant d’ardeurs. »
« Mes excuses. Je pensais que… »
« Ce que tu penses m’indiffère au plus haut point! L’entraînement est terminé pour aujourd’hui. Ton superviseur t’attend et il a des choses à te dire. »
« Bien, commandant… »
Il n'y a pas à discuter et tu le comprends parfaitement. Tu tournes alors les talons et tu viens ramasser les matraques qui étaient au sol. Tu ranges le tout dans ton sac et tu viens couper l'écran avec la manette. Pour sûr, tu ne remets pas en cause le fait que tu devais faire preuve d'équilibre dans cet entraînement, mais tu pensais qu'en poussant autant Campbell dans ses retranchements ses capacités pourraient en être que plus affutées. Le commandant aurait-il peur pour l'agente ? Non… La compassion est un sentiment qui lui est parfaitement étranger. Il doit simplement craindre que l'on brise son nouveau jouet. Cependant, tu juges que cela compliquera sans doute la brune à devenir une meilleure arme au service de la cause. Elle est décidément mal tombée et ses aptitudes seront freinées avec l'influence de ce type. Les hauts gradés de l'hydre ont franchement la fâcheuse tendance à brider les exécutants comme toi, Swanson ou encore Campbell. Enfin, ce n'est sans doute pas comme cela qu'il faut voir les choses. Tu portes à nouveau ton sac sur l'épaule et tu te diriges simplement vers la sortie.
« Taskmaster. » La nouvelle interpellation du commandant te stop à nouveau dans tes pas, tu es dos à lui et à sa protégée et tu tournes simplement ta tête vers le côté. « Dis-moi, tu en as pensé quoi de ta nouvelle élève ? »
« Il y a du potentiel, c'est certain… »
« Ohoh, tu as entendu ça très chère ?! Ce n’est pas tous les jours que tu auras les louanges de cet homme, je peux te l’assurer. »
Il se trompe, ce n'est pas des louanges mais bien la réalité. Grâce à ton don, tu avais pu analyser de nombreuses capacités martiales et tu ne te trompais que très rarement du talent des personnes au niveau du combat. Elle était douée, cela ne fait aucun doute. Tu te tournes à nouveau et tu quittes totalement la salle d'entraînement. Tu touches ton menton qui te lance légèrement et qui étais marqué d'un hématome rougeâtre. Décidément, elle ne t'a pas loupé.
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