[Terminé] I can lose everything but not you

La faute enfin déliée, soupçonnée par l’esprit somme toute logique de la jeune femme qui le pensait mort, ne sonna le soulagement que pour un bref instant dans l’esprit du Soldat, qui redoutait à présent de subir le courroux qu’il aurait pourtant mérité ; ses yeux bleus, pris au piège dans la grotte de ses paupières quelque peu cernées, ne cessaient de battre avec inquiétude tandis qu’il la dévisageait avec grand intérêt, essayant de voir apparaître les premiers éclairs de sa fulgurante colère dans le ciel de son si beau visage mais… Pour l’heure, la météo demeurait pensive, ce qu’il jugeait être un présage inquiétant. Ils se tenaient tout près l’un de l’autre, si bien qu’il entrevoyait fort aisément le soulèvement désormais paisible de sa respiration et que l’odeur suave de sa peau venait chatouiller ses narines, mais quand bien même ses pensées formulèrent l’hypothèse qu’elle pourrait très bien le gifler en réaction à son odieux mensonge, il ne fit aucun geste pour se reculer, bien trop heureux de baigner en sa présence, de sentir sa peau contre la sienne, son parfum remplir sa respiration et sa douce voix murmurée à ses oreilles. Patiemment, l’amoureux attendit qu’elle lui délivre le fond de sa pensée, ne cessant de caresser sa main avec son pouce métallique et ne cessant de la bercer du regard, comme d’une volonté inconsciente de l’apaiser davantage. Il n’était pas parfait — n’avait jamais promis de l’être, suffisamment conscient de ses tares pour ne pas tenter de les dissimuler, mais il s’efforçait de veiller sur elle(s), de la protéger et de la rassurer, en espérant parvenir à ériger un monde de douceur au milieu du chaos qui les entourait.

Enfin, alors que sa main féminine remontait jusqu’à la joue brunie du Soldat, la belle rousse fit entendre sa voix dans un éclot tendre, qui ne put que le faire sourire l’espace de quelques secondes ; absorbé par ses traits gracieux et soucieux de sa réaction, il n’avait pas vraiment réalisé qu’elle s’était encore rapprochée de lui. Et avant même qu’il ne puisse lui répondre, la belle rousse pencha son menton en sa direction pour que leurs lèvres se frôlent dans un baiser presque timide, qui fit frémir le coeur du cyborg. Tels des papillons prenant enfin leur envol après des années de captivité, le palpitant de Bucky avait tremblé sous des sentiments euphoriques qui l’avait poussé à reculer son menton de quelques degrés tandis que sa main, humaine, glissait jusqu’à la nuque de Wanda. De ses yeux amoureux, voilés par la tendresse profonde et sincère qu’il éprouvait pour sa belle, il l’avait contemplée de manière admirative durant quelques secondes avant de lui murmurer, tout bas : « Et je ne te laisserai plus partir. Je ne vous laisserai plus partir. » La promesse soufflée fut scellée sans attendre, car le brun s’était à son tour penché au-dessus de sa bien-aimée pour l’embrasser de nouveau avec douceur, bien qu’une passion dévorante eut rapidement emporté leurs lèvres dans un ballet amoureux qui eut raison de leurs respirations. L’étourdissant baiser laissa l’empreinte d’un sourire quiet sur sa bouche, sourire qu’il adressa à la jolie rousse en se reculant de nouveau, sa main chutant dans son dos pour qu’elle se rapproche encore plus de lui, car elle ne serait jamais assez près de son coeur, qui réclamait tant sa présence. « Je suis tellement heureux que tu sois là, si tu savais. Je vais te sortir de là, je te le promets. » Il ne savait pas encore comment, songeait que ce ne serait pas une mince affaire, mais il était déterminé à libérer celle qu'il aimait.

Ces retrouvailles, longtemps espérées, lui donnèrent de drôles de sentiments au ventre ; il avait souvent trouvé que l’expression des papillons étaient risibles, mais sans nul doute parce que jamais l’amour n’était venu toquer à sa porte pour le bouleverser ainsi. Wanda avait été une véritable tempête, un chaos de douceur et de malentendus qui l’avait plongé dans un chagrin immense, mais il ne regrettait rien de ces moments de colère et de douleur, car il appréciait davantage la présence de celle qui faisait battre son coeur en cet instant. Il n’y avait plus de rancoeur, les fautes étaient pardonnées. Il n’y avait plus de douleur, la peine ayant été effacée. Il ne subsistait que ce délicat sentiment presque flottant, qui n’existe qu’aux prémices des plus belles histoires d’amour : la sensation de légèreté car le coeur, gonflé d’amour, virevolte quelque part dans la cage thoracique, et la certitude d’être à la bonne place, avec la bonne personne, pour l’éternité.

Le baiser avait uni à la fois leurs lèvres et leurs coeurs, qui battaient à présent à l’unisson : un instant, peut-être avaient-ils oublié qu’ils se trouvaient dans un endroit sordide, une prison perdue au milieu des vagues sans cesse enragées, et non pas dans le cocon confortable que leurs simples corps avaient formé. L’un près de l’autre, l’un pour l’autre, leurs mains s’étaient accrochées et leurs lèvres ne se décollèrent que lorsqu’ils furent contraints de respirer ; Bucky avait alors posé un regard brumeux mais terriblement amoureux sur sa belle sorcière, qui lui promettait de ne jamais le quitter. Cette promesse, qui avait ravi son coeur battant à tout rompre, fit également éclore un tendre sourire sur ses lèvres encore parfumées du goût des siennes ; il n’a pas besoin de lui retourner le serment, car elle sait que son engagement auprès d’elles est accompli, et que jamais rien ne pourra le détruire. « J’espère bien. » Avait-il articulé tout près de sa bouche délicieuse, profitant des caresses qu’elle lui offrait ; il s’état toutefois étonné de sentir les douceurs que ses phalanges déposaient sur sa main robotique, si bien qu’il avait détourné machinalement le regard vers celle-ci, en fronçant légèrement ses sourcils. « Est-ce que tu… » Est-ce qu’elle utilisait ses pouvoirs pour lui donner cette douce sensation ? Finalement, il n’avait pas envie de savoir, il n’avait pas envie de briser la magie de cet instant. Redressant alors son visage pour la regarder de nouveau, il lui offrit un sourire suave avant de se reprendre, d’une voix apaisée : « Qu’importe. »

Et ils avaient des sujets bien plus importants à aborder, comme la condition des deux Sorcières, prisonnières, éloignées du monde, éloignées de tout. Wanda et Willow faisaient preuve de bien plus de lucidité que lui sur la question, et il était admiratif du courage et de la résolution qu’elles témoignaient, elles allaient affronter les conséquences de leurs actes, même si la responsabilité de l’une ne pouvait être reconnue. Néanmoins, il n’avait rien dit, l’écoutant parler jusqu’à ce qu’elle achève son discours, se contentant d’entrelacer leurs doigts comme pour lui signifier qu’il allait rester à ses côtés, le temps qu’il faudrait. Remontant leurs mains liées, il avait embrassé le dos de sa main avant de lui répondre, glissant sa main libre - et humaine, sur sa joue pour replacer correctement une mèche de ses cheveux derrière son oreille. « Tu as raison… Nous finirons par nous retrouver, et je vais t’attendre, peu importe le temps que cela prendra. » Comme pour les arracher au moment délicat qu’ils vivaient — le premier depuis longtemps ! les coups reprirent contre la vitre et Bucky avait soupiré en tournant son menton vers eux, réalisant que de nombreux agents étaient à présent dans le couloir. « Il va falloir que j’y aille… »  Il n’avait aucune envie de quitter sa belle, mais il n’avait pas vraiment le choix. Mordillant le coin de sa lèvre, Bucky avait glissé l’un de ses bras dans le dos de Wanda, et l’autre dans le creux de ses genoux, pour la soulever contre son torse afin de la déposer de nouveau sur son lit défait, songeant que c’était bien plus confortable que le carrelage froid. Prenant alors le temps de lui dire au revoir, il se pencha au-dessus d’elle pour embrasser son front, ses deux mains se glissant sur ses joues tandis qu’il lui murmurait, à elles seules : « Je vous aime. »