"Quelle solitude. De se dire, Que la morsure, Du temps n’est rien... Dessine-moi un mouton. Le monde est triste sans imagination. C’est ça. Dessine-moi un mouton, Apprivoiser l’absurdité du monde. " Mylène Farmer & Laurent Boutonnat
Samedi 24 aout 2024. A l’aube.
Il était encore très tôt, le soleil n’allait pas tarder à se lever et inonder la Terre de ses puissants et chauds rayons. Et le monde, dans quelques heures, se remettrait à tourner. Le calme et la tranquillité de Central Park était incomparable. Le matin, juste avant l’aube, tout était si … reposant. C’est pour cela que je m’étais levée aux aurores. La veille au soir j’étais sortie sur N-Y et contrairement à d’habitude, je n’étais pas rentrée au manoir. Peut-importe les rumeurs qui courriraient à mon sujet si jamais quelqu’un s’en rendait compte. Je n’étais plus à un téléphotin près.
J’avais pris une chambre d’hôtel, assez luxueuse je devais bien l’admettre et j’avais passé ma soirée avec moi-même. J’avais pris du temps pour moi. J’en avais besoin. Oui, je revenais à peine de vacances mais l’ambiance tendue au manoir ne m’aidait pas vraiment.
Est-ce que j’avais loué une chambre dans un cinq étoiles dont la fenêtre de ma chambre donnait directement sur Central Park ? Oui. Est-ce que j’avais dépensé une somme folle juste pour une nuit ? La réponse était encore oui. Tout comme je pouvais répondre oui à : « Est-ce que tu as laissé une somme astronomique au room service ? » ou bien encore « Est-ce que tu as pris un bain très long et très chaud ? » « Est-ce que tu as fait des soins au spa ? » Oui. Au moins deux.
Enfin. Bref. J’avais dépensé sans compter.
Et ..c’était le soir, nue dans mon bain, mon ventre rebondi dépassant de la mousse blanche immaculée au parfum de vanille et des pétales de fleurs, le regard perdu par la fenêtre donnant sur Central Park, que je me suis dis que je n’avais pas vu de lever du soleil dans la grosse pomme depuis bien longtemps…
Il n’en fallait pas plus pour que, une fois sortie du bain, enveloppée dans un peignoir plus doux que les nuages, je ne trouve, armée de mon smartphone l’heure du lever du soleil et que je programme mon réveil deux heures avant.
C’est totalement nue que je m’étais endormie dans les draps. J’adorais cela mais … A l’Institut, je ne pouvais pas vraiment me le permettre. J’avais toujours cette crainte que quelqu’un me surprenne en tenue d’Eve. Comme si on n’avait pas déjà tout vu diraient les mauvaises langues. Mais peut importait. Et d’autant plus avec le joli ventre que j’arborais depuis le début du mois.
Réveillée par mon réveil j’avais enfilé une tenue de ma composition, une petite salopette en jean un simple tee-shirt marinière griffée d'une grande marque française avec des manches travaillées un peu bouffantes en dessous. Et aux pieds, une simple paire de basket d’un blanc immaculé.
C’est comme cela que j'étais descendue, que j’avais réglé ma note, indécente, et que j’avais fini par me promener alors que le jour pointait à peine dans Central Park. Au détour d’une bifurcation, je m’engouffrais dans sur un petit sentier m’éloignant du cœur névralgique du parc. Je n’avais pour compagnon que des écureuils et des petits oiseaux, là, assise sur un gros rocher, le regard perdu dans une trouée des arbres, guettant le lever du soleil.
"Have you ever looked at a tiger and thought you ought to cover it up? You are an exquisite creature, Raven. All your life the world has tried to tame you. It’s time for you to be free."
Le mois d’aout touchait presque à sa fin. Nous étions le 24 août et Malicia s’était réveillée bien avant les premiers oiseaux. En fait, elle était légèrement angoissée et stressée. Parce qu’elle avait fait une rencontre qui allait peut-être changer sa vie, mais pour l’instant, elle préférait ne pas y penser. La jeune femme avait besoin de se retrouver un peu seule, de retrouver ses marques dans Central Park comme elle le faisait depuis qu’elle était revenue du Snap. C’était un endroit où elle avait ses repères et qui lui permettait de se remettre les idées en place. Comme aujourd’hui. Après avoir pris un café et manger une tartine, Malicia sortit de chez elle au moment où les premiers rayons de soleil pointaient le bout de leurs nez. Elle avait prit sa mallette contenant tout son nécessaire de peinture et de dessin. Elle avait aussi enfiler ses gants sur ses mains même si elle était habillée d’un débardeur et un pantalon en toile un peu long. Oui, elle jouait un peu avec le feu, mais les températures dans la Grosse pomme étaient trop chaudes pour rester en long toute la journée…
La ville se réveillait doucement avec les différentes personnes qui allaient travailler ou qui rentraient du travail. Malicia salua quelques personnes dont elle ne connaissait pas le prénom mais dont elle avait l’habitude de voir lorsqu’elle sortait de chez elle. Oui, il y avait beaucoup de ces personnes qu’elle croisait tous les jours et qu’elle salua. C’était un petit rituel entre eux. La plupart de ces personnes répondaient à ses salutations, ce qui rendait Malicia heureuse. Les autre qui ne répondaient pas, la jeune femme arrêtait de les saluer avec le temps. De toute façon, il était impossible de changer les habitudes des gens non ? La mutante marcha de chez elle jusqu’à Central Park, une longue promenade qui lui permettait de voir le quotidien de ses voisins. Puis, Central Park se dévoila devant elle et déjà, elle se sentait déjà mieux.
Malicia marcha lentement dans les allées du parc. Elle le connaissait par coeur maintenant, à force de venir tous les jours. Elle avait aussi ses petites habitudes et certains petits restaurateurs qui se trouvaient dans le parc avaient aussi leurs habitudes avec la jeune femme. La plupart lui permettait de manger gratuitement si elle leur faisait un peu de pub. Elle avait même redessiner la bannière de l’un d’entre eux et ce dernier avait été très content et lui avait offert plusieurs repas. C’était ce genre de chose qui faisait que Malicia continuait son travail de peindre. Bien sûr, si elle l’avait vraiment voulu, elle pourrait être une grande artiste, mais son pouvoir était trop dangereux pour qu’elle soit totalement investi. Alors, le fait de vendre ses tableaux à ceux qui venaient au parc et à petit prix, lui permettait de survivre et c’était tant mieux.
Alors qu’elle décida de suivre un petit sentier qu’elle connaissait bien, Malicia se rendit compte qu’elle n’était pas la seule à être réveiller tôt ce matin. Une jeune femme se tenait sur un gros rocher, perdue dans ses pensées. Elle était belle, le soleil donnait une lumière particulière a la scène. Malicia aurait pu sortir l’un de ses tableaux pour dessiner, mais elle ne le fit pas tout de suite. Elle choisit plutôt de prendre le plus de détails possible avant de sortir une feuille et un crayon et de se placer un peu plus loin. La jeune femme ne semblait pas l’avoir entendu et ne bougeait pas alors elle pu faire rapidement son dessin. Un rapide croquis qu’elle décida de montrer à la jeune femme. Malicia s’approcha, son dessin entre ses mains qui n’était plus gantés pour le moment parce qu’elle ne les supportait pas. Elle se disait que si la jeune femme attrapait la feuille sans la toucher, ça devrait le faire. Elle jouait sans doute avec le feu, mais la chaleur commençait déjà à se faire sentir alors que ce n’était même pas midi.
« Excusez moi… »
Malicia se plaça devant le rocher de la jeune femme et lui montra le dessin.
« Je voulais juste vous montrer le rapide dessin que je viens de faire de vous… Je suis artiste, enfin, je dessine et peint beaucoup ici à Central Park… Et je dois vous avouer qu’avec le soleil et votre position, cela rendait trop bien alors je me suis permise de vous dessiner… J’espère que ça ne vous dérange pas… »
Dans cette position, Malicia n’avait pas vu que la jeune femme avait le ventre légèrement rebondi. Enceinte ? C’était sans doute récent… Enfin, la mutante ne savait pas au fond, elle n’aurai sans doute jamais l’occasion d’en vivre l’expérience…
"Quelle solitude. De se dire, Que la morsure, Du temps n’est rien... Dessine-moi un mouton. Le monde est triste sans imagination. C’est ça. Dessine-moi un mouton, Apprivoiser l’absurdité du monde. " Mylène Farmer & Laurent Boutonnat
Totalement perdue dans mes tristes pensées je n’avais absolument pas remarqué un peu plus en contrebas, qu’une jeune artiste en herbe était venue se poster en toute discrétion non loin de moi pour venir croquer mon portrait. Assise sur mon rocher, en pleine réflexion intense je fus perturbé après un temps indéfinie par une jeune femme, toi, qui venait s’excuser.
Mon regard surprit, se posa sur le visage de la jeune femme et mes traits montraient bien la surprise quand à ton discours. Un fin sourire s’étira sur mes lèvres alors que je glissais une main dans mes cheveux en me penchant un peu vers l’avant pour observer le visage de la jeune femme.
- Un portrait ?
Ce n’était pas la première fois que l’on me dessinait ou bien me peignait mais cela faisait tellement longtemps. La dernière fois devait remonter aux années 70 à Paris sur les bords de la Seine. « Sous le pont Mirabeau coule la Seine, Et nos amours, Faut-il qu’il m’en souvienne, La joie venait toujours après la peine. Vienne la nuit sonne l’heure, Les jours s’en vont je demeure. » furent les mots qui me revinrent en tête, poésie prononcée le matin dans le lit de l'artiste avec qui j'avais passé la nuit. Mais tout cela était bien loin désormais.
- De moi ?
Poussée par la curiosité, je me laissais glisser le long du rocher pour atterrir devant la jeune femme. J’étais assez curieuse de savoir comment tu avais retranscrit mon expression, mon corps peut-être, avais-tu laisser ton crayon parcourir l’arrondi de mon ventre. Soudainement, je fus prise d’une furieuse envie de me prendre en photo. Jusqu’alors, je n’avais absolument aucune photo de moi enceinte. Et, j’en venais subitement à le regretter. A peine je serais rentrée au manoir, je me posterai devant un miroir, et je me prendrais en photo sous tous les angles. J’aurai voulu des photos un peu artistiques, mais je devais faire avec les moyens du bord. Et je me voyais mal aller voir un photographe professionnel et changer d’apparence devant lui, passant de blonde à bleue pour immortaliser ses instants.
- Je suis très curieuse, c’est un de mes nombreux défauts.
Enonçais-je avec amusement, alors que je tendais la main pour prendre le dessin que tu venais de faire de moi. Sans penser à mal, ma main effleura la tienne pendant quelques secondes, provoquant un raté dans mon rythme cardiaque et un malaise soudain qui me prenait.
Pour ne pas perdre l’équilibre je saisis ta main mais ce fut pire. Ma bouche s’entrouvrit pour laisser passer de l’air alors que la peau de ma main en contact avec la tienne devenait bleue. Et chaque seconde à ton contact, le bleu remontait dans mon bras alors que j’avais l’impression de que mes poumons rétrécissaient à chaque seconde passées à ton contact. Même ma tête était douloureuse, j’avais l’impression que mes souvenirs cherchaient à s’évaporer et sortir de mon crâne. En pagaille de nombreux moments de ma vie semblaient se manifester dans la douleur.
Les lèvres entrouvertes, pétrifiée, comme si je cherchais à reprendre mon souffle mon corps parti en arrière contre le rocher que je venais de quitter, je n’allais pas tarder à m’effondrer ...
"Have you ever looked at a tiger and thought you ought to cover it up? You are an exquisite creature, Raven. All your life the world has tried to tame you. It’s time for you to be free."
Malicia avait profité du moment où Raven était perdue dans ses pensées pour la dessiner. Parce qu’elle aimait ces moments perdus dans le temps où les personnes semblaient se figer dans l’univers. C’était magnifique. Alors, elle avait prit ses crayons et avait griffonner quelques lignes sur la feuille pour finalement arriver au résultat final : le portrait de la jeune femme. Alors, elle s’approcha d’elle pour le lui montrer. Pour une raison qui lui échappait, Malicia n’avait pas remit ses gants et elle allait sans doute le regretter assez rapidement. La curiosité de l’autre jeune femme la poussa à descendre de son rocher pour venir devant elle. Elle lui dit alors qu’elle était très curieuse et que c’était l’un de ses nombreux défauts. Est-ce que c’était un défaut de vouloir voir ce qu’on avait dessiner de vous ? Malicia n’en était pas certaine. Alors la blonde tendit sa main vers elle et d’un coup, leurs peaux se touchèrent et ce fut instantanée. La jeune femme sursauta, comme si son rythme cardiaque venait à changer de rythme. Malicia voulu l’avertir, mais elle s’accrocha un peu plus à elle et là, la mutante vit qu’elle n’était pas la seule à être une mutante. La main de la jeune femme venait de changer de couleur. Une couleur bleue. La couleur remontait jusqu’à son bras. Malicia se doutait bien que ce n’était pas pour rien si la jeune femme avait un silhouette semblable à la sienne. Le bleu ne devait pas se voir en temps normal. Alors, elle décrocha les doigts de la jeune femme de son bras. Il fallait qu’elle le fasse, elle vit passé quelques souvenirs dans son esprit, mais elle essaya de ne pas se concentrer dessus. Il fallait qu’elle aide la jeune femme. Elle était pétrifiée. Depuis quelques temps, Malicia savait qu’elle pouvait toucher une deuxième fois la personne donc elle avait prit les pouvoirs sans la tuer. Elle l’avait compris tardivement, une fois, cela s’était produit lorsqu’elle était avec Remy, mais elle n’avait pas retenter l’expérience. Alors Malicia rattrapa la jeune femme en évitant qu’elle se cogne contre le rocher derrière elle et l’allongea sur le sol.
« Je suis désolée… Désolée… »
Elle lui dégagea le visage de ses cheveux. La couleur bleue n’avait pas disparu, au contraire, elle était maintenant toute bleue… Une mutante. Malicia se doutait bien qu’elle-même avait prit les pouvoirs de la blonde, mais elle ne s’en servit pas. Ce n’était pas la peine, dans quelques heures, ils auront disparu. Elle tapota doucement la joue de la jeune femme pour la faire revenir à elle. Il était agréable de ne pas tuer quelqu’un en le touchant même si, pour le moment, elle avait déjà fait beaucoup de mal. Elle espérait seulement que le bébé n’allait pas en souffrir…
« Réveillez vous s’il vous plait… Je suis désolée… »
"Quelle solitude. De se dire, Que la morsure, Du temps n’est rien... Dessine-moi un mouton. Le monde est triste sans imagination. C’est ça. Dessine-moi un mouton, Apprivoiser l’absurdité du monde. " Mylène Farmer & Laurent Boutonnat
La bouche légèrement entrouverte, les yeux toujours là aussi mais un peu comme ternis comme si un voile était posé sur mes prunelles qui commençaient à se teinter de noir et de jaune. J’essayais d’aspirer un peu d’air comme je le pouvais. Mon esprit lui était ailleurs, coincé entre la douleur, la survie mais aussi des souvenirs qui se heurtaient dans ma tête.
Ma mise à mort lorsque je n’étais qu’une petite fille, ma rencontre avec Charles dans sa cuisine, nos moments passés ensemble à lire à l’ombre d’un arbre dans le parc du manoir, ma rencontre avec Hank, puis celle avec Erik, la plage à Cuba, Emma, Azazel, la solitude en Europe loin de ceux que j’aimais, Trask et son entreprise folle, Logan, la douleur revenant dans ma jambe à l’endroit même où Erik m’avait tiré dessus, puis Apocalypse, en passant par quelques bribes de ces derniers mois, des visages, celui de Jean, Rocket, Peter.
Tous ces souvenirs m’envahissaient et je n’arrivais absolument pas à empêcher tout ceci d’arriver. Le déclenchement avait du être notre contact soudain une information ressurgit dans mon subconscient, mais j’étais tout bonnement incapable de m’exprimer.
J’essayais de contrôler cet afflux d’informations qui sortaient de je ne sais où alors que presque mon corps entier était devenu bleu. Adieu mes vêtements, seul encore mon visage et mes cheveux étaient humains alors que le bleu se rependait sur mon cou lentement. Comme si oui, je luttais pour essayer de rester moi-même. Mais après tout, n’était-ce pas sous ma forme bleue que j’étais le plus moi ?
Ventre arrondi, couchée au sol, presque totalement bleue, recroquevillée, tu me touchas à nouveau. Au niveau des joues, et alors qu’une larme perlait sur mon visage, et après de très longues secondes ou minutes je l'ignorai, enfin, je repris une respiration presque normale.
Ma bouche aspira tout l’air possible, dans un mouvement de survie alors que je portais une main à la ma gorge et que je me mis à tousser comme si je cherchais à dégager mes voix respiratoires. Mes yeux furent attirés par la peau bleue qui était visiblement plus qu’apparente sur mon corps.
Un regard légèrement paniqué se porta sur toi qui me surplomba, mes yeux se fermèrent et je détendis mes muscles comme je pouvais pendant quelques secondes avant de reprendre l’apparence que j’avais tout à l’heure dans ma petite salopette et ma marinière avant de rouvrir enfin les paupières pour t’observer de mon point de vue.
- Tu ….es….. Mal….icia ?
A nouveau mes premiers mots me brulèrent la gorge, j’avais l’impression que quelqu’un avait essayé de m’étrangler, comme avec Apocalypse et ce n’était pas, et de loin, une sensation agréable.
"Have you ever looked at a tiger and thought you ought to cover it up? You are an exquisite creature, Raven. All your life the world has tried to tame you. It’s time for you to be free."
Malicia panique un peu. Elle a toujours du mal à comprendre son pouvoir. Elle espère seulement que le bébé n’allait pas en souffrir. Parce qu’elle voit bien le ventre arrondi de la jeune femme maintenant. Les souvenirs de la mutante se passent aussi dans la tête de Malicia, mais elle essaya de ne pas y prêter attention. Il faut que la jeune femme bleue se réveille, qu’elle reprenne conscience. Elle veut savoir les dégâts qu’elle a faite… Elle espérait aussi que personne n’allait passer dans le coin parce que voir une femme bleue allait sans doute faire parler. Heureusement pour les deux jeunes femmes, ce n’était pas le cas. Malicia avait appris qu’elle ne pouvait pas réutiliser son pouvoir deux fois sur la même personne, du moins, pas dans un laps de temps aussi cours. Alors, elle avait aidé la mutante en face d’elle a s’allonger et lui avait tapoter les joues pour la faire revenir à elle. Malicia avait sursauté lorsque la jeune femme avait reprit sa respiration d’un coup, pure survie. Elle la vit tousser et elle posa une main sur son épaule pour lui faire comprendre qu’elle était là. La couleur bleue ne la dérangeait pas du tout, mais la jeune femme semblait être dans un état de stress. Elle ferma les yeux et semblait se concentrer pour reprendre son apparence d’avant. Malicia était un peu plus haute que Raven alors elle avait posé les yeux et la mutante bleue lui demanda alors si elle était Malicia. Comment savait-elle ? La brune recula un peu avant de lui demander :
« Comment… comment avait vous su ? »
Elle ne connaissait pas la femme devant elle et elle semblait la connaitre. Est-ce que son identité avait fuité ? Même si elle n’avait jamais chercher à se cacher, peut-être que quelqu’un avait parlé ? Remy ne l’aurait pas fait. Est-ce qu’il y avait quelqu’un d’autre aurait parler ? La jeune femme commençait à se monter la tête toute seule. Elle prit une respiration avant de regarder la jeune femme et lui dire :
« La sensation ne va pas rester… C’est désagréable, mais ça va partir d’ici quelques minutes. Je suis désolée, normalement, je ne touche personne… »
Elle finit par s’asseoir à coté de la mutante avant de lui dire :
« Et oui… Je suis Malicia… Comment me connaissez vous ? »
"Quelle solitude. De se dire, Que la morsure, Du temps n’est rien... Dessine-moi un mouton. Le monde est triste sans imagination. C’est ça. Dessine-moi un mouton, Apprivoiser l’absurdité du monde. " Mylène Farmer & Laurent Boutonnat
Le choc était rude. J’avais beaucoup de mal à me remettre de ce choc bien que je fasse tout pour récupérer le plus rapidement possible. J’adaptais ma respiration, en tentant de faire diminuer mon rythme cardiaque. Un peu comme une sorte d’autohypnose ou de transe.
Un long moment, à nouveau je restais sans rien dire, juste me contentant d’hocher la tête à tes paroles rassurantes m’indiquant que la situation associée à la douleur ne devrait pas durer trop longtemps.
Les yeux clos, la respiration plus ou moins calme j’attendais que le moment passe avant de reprendre la parole. Et lorsque ce fut à peut près le cas, ou dirons-nous, plus ..supportable je rouvris les yeux, cherchant la jeune femme du regard.
Tu étais assise à mes côtés, comme pour surveiller que je ne faisais pas une sorte de mauvaise réaction à ton toucher, si l’on pouvait faire un autre type de réaction en te touchant à vrai dire. Evidemment tu te demandais comment je connaissais ton identité. La réponse était assez simple mais pas pour toi tu n’étais pas télépathe à ce que je sache. Enfin … Tout dépendait de qui tu avais touché ces dernières heures.
- Je suis …
Je marquais une petite pause essayant réfléchir soigneusement à mes mots, bien que le fait d’avoir énoncé ton identité, ne devait pas me placer spécialement dans une position de confiance mutuelle.
- La sœur du professeur Charles Xavier. Raven Darkhölme. Votre future collègue de travail.
Alors que je me redressais pour venir en position assise tout en appuyant mon dos contre la paroi du rocher sur lequel j’étais perché un peu avant, je tendis la main avec un petit sourire, encore un peu secouée par notre rencontre et notre premier contact. Mais normalement cette fois ci je ne risquais rien. Enfin… du moins je l’espérais.
- Je suis enchantée de faire votre connaissance. Ce n’est pas forcément la meilleure méthode mais ..
Mes épaules se haussèrent légèrement alors que je tendais toujours la main dans ta direction, consciente du risque que je prenais. Que nous prenions à vrai dire.
"Have you ever looked at a tiger and thought you ought to cover it up? You are an exquisite creature, Raven. All your life the world has tried to tame you. It’s time for you to be free."
Malicia se sentait mal comme chaque fois qu’elle touchait quelqu’un sans le vouloir. Cela était de plus en plus souvent ces derniers temps, comme si elle ne faisait pas attention… Il y avait eu Remy il y a un peu plus d’un an, Rocket dernièrement puis la jolie dame devant elle. Ce n’était à chaque fois pas voulu, mais elle demandait si on essayait pas de lui dire quelque chose derrière ces différents accidents… La mutante observa son homologue reprendre ses esprits. Chaque personne réagissait différemment et cette fois encore ce n’était pas la même chose. La jeune femme blonde en face d’elle semblait vraiment avoir du mal à s’en remettre. Elle essayait de reprendre son souffle, d’avoir une respiration tranquille. Malicia lui expliqua que ça n’allait pas durer longtemps, le contact n’avait été que bref. Heureusement d’ailleurs… Quand la jeune femme ouvre de nouveau les yeux, la mutante est assise à ses cotés, veillant à ce qu’elle se remette doucement. Puis, elle lui demanda comment elle la connaissait. Elle avait froncé légèrement les sourcils parce qu’il y avait de plus en plus de personne qui la connaissaient et ce n’était peut-être pas la meilleure des choses qui puisse lui arriver… mais elle choisit d’écouter la jeune femme qui lui annonça qu’elle était la soeur de Charles Xavier, Raven, qu’elle était sa future collègue. Malicia plaqua subitement ses mains contre sa bouche. Oh non… ça commençait très mal cette histoire. Raven lui dit alors qu’elle était enchantée de faire sa connaissance, mais ce n’était sans doute pas la meilleure des méthodes.
« Oh mon dieu… Je suis vraiment désolée de vous avoir affligé ce mal… Je me sens encore plus mal… Je ne suis même pas à l’institut que je fais déjà n’importe quoi… Qu’est-ce que Monsieur Xavier va en penser ? Oh non oh non… »
Dans sa tête, c’était déjà la panique. Elle avait espéré ce poste parce qu’elle pouvait avoir de l’aide de la part des autres membres de l’institut, mais si elle s’en prenait déjà à l’un d’eux, avant même d’être dans les locaux, ça n’allait pas le faire. Malicia se rendit compte que Raven avait tendit la main vers elle pour la saluer. La jeune femme savait qu’elle ne risquait pas de lui faire mal une seconde fois puisque son pouvoir ne semblait marcher qu’une seule fois sur une même personne pendant plusieurs heures. Elle tendit sa main doucement et serra celle de Raven en lui disant :
« Vous ne risquez rien. Pour une raison que j’ignore, je ne peux pas utiliser deux fois de suite mon pouvoir sur la même personne ou même sur une autre personne… »
Malicia se concentra légèrement et le bout de ses doigts devenaient bleues comme ceux de Raven, mais ils reprirent leur couleur naturel assez rapidement car elle n’était pas bleue de nature comme Raven.
« J’ai sans doute absorber une petite partie de votre pouvoir, mais sans plus puisque vous avez réussit à reprendre l’apparance que vous aviez. Dans mon cas, je peux colorer mes doigts de votre bleue, mais sans plus. »
Elle lâcha doucement la main de sa future collègue et lui rajouta :
« Je déteste utiliser mon pouvoir, surtout quand ce n’est pas voulu. Je déteste mon pouvoir et je me déteste parce que je fais toujours du mal à tout le monde, même quand je ne le veux pas… »
Oui, Malicia était négative, mais c’était trop. Elle venait d’utiliser son pouvoir sur une femme enceinte ! Ce n’était pas anodin !
"Quelle solitude. De se dire, Que la morsure, Du temps n’est rien... Dessine-moi un mouton. Le monde est triste sans imagination. C’est ça. Dessine-moi un mouton, Apprivoiser l’absurdité du monde. " Mylène Farmer & Laurent Boutonnat
La panique se lisait vraiment sur ton visage et s’en était presque drôle à voir. Tu devais surement te demander si tu ne venais pas de perdre un emploi que tu n’avais pas encore occupé. Et encore … Je n’avais pas rajouté que j’étais en quelque sorte le bras droit de Charles, et que les X-Men étaient sous ma supervision. Mais peut-être que tu n’étais absolument pas au courant de l’existence même des X-Men. Ce qui pouvait être quelque chose de parfaitement compréhensible.
- Oh ne vous inquiétez pas pour mon frère, il n’en saura rien. Nous allons garder cela entre nous …
Je t’adressais un petit clin d’œil complice alors que je serrais ta main dans la mienne, amusée de voir subitement le bout de tes doigts devenir bleus, comme l’était les miens sous ma forme normale.
- Je suis … Métamorphe, je peux prendre l’apparence de n’importe qui, je n’ai pas exactement tout compris sur le fonctionnement de votre pouvoir mais ne soyez pas surprise si jamais vous changez subitement d’apparence, même si… Normalement il faut le vouloir pour le faire. Enfin… Cela dépend…
Ma voix était légèrement perplexe car en vérité je ne m’étais jamais vraiment questionné sur la façon de contrôler mon pouvoir à part la volonté. Ou … Lorsque mes émotions étaient trop fortes ou que je subissais un choc il pouvait m’arriver de redevenir bleue. Non, effectivement tout devait résider dans mon esprit et ma volonté seule.
- Vous n’y êtes pour rien .. Je vous avez dit, je suis curieuse c’est un de mes nombreux défauts … Mais … Ne dites rien aux autres ils s’en rendront compte bien assez tot !
Un doux rire s’échappa d’entre mes lèvres alors que machinalement je posais une main sur mon ventre pour m’assurer qu’il était bien là. Le choc avait du être rude pour eux aussi, ou peut-être que j’avais réussi à tout transférer sur moi ? Je l’ignorai, et je n’avais absolument aucun moyen de le savoir.
- Parce que … attendez. Vous arriveriez à me rendre sans pouvoir si notre contact était prolongé ?
Cette question, qui juste au moment de ton énonciation n’avait pas forcément trouvé un écho venait de le faire. Que ferais-je si je n’avais pas de pouvoir ? Si je restais bleue ? Arriverais-je à vivre de la manière dont je le faisais ? Ou serais-je dans plonger dans les affres de la dépression de ne plus me reconnaitre et ne plus être moi-même ?
"Have you ever looked at a tiger and thought you ought to cover it up? You are an exquisite creature, Raven. All your life the world has tried to tame you. It’s time for you to be free."
Malicia se demandait si elle ne venait pas de faire une boulette… Parce que s’en prendre à la soeur de Charles Xavier, c’était peut-être un peu trop risquer même si elle n’avait pas fait exprès… La panique se lisait sur son visage et Raven s’en était sans doute rendu compte. Cette dernière lui dit alors que son frère n’allait rien dire pour la simple et bonne raison qu’il n’allait pas le savoir, que cela allait rester entre elles. Malicia ne savait pas si elle allait réussir à mentir, mais elle se promit de ne rien dire.
« D’accord, cela peut rester entre nous… Vous allez bien quand même ? »
Malicia sert la main de Raven et elle se rend compte que ses doigts deviennent bleus, du moins, le bout. La mutante lui dit alors qu’elle est métamorphose, qu’elle peut prendre l’apparence de n’importe qui. Elle lui dit alors qu’elle n’avait pas compris son pouvoir, mais si elle devait se changer en bleue subitement, elle ne devait pas s’en inquiéter, il fallait le vouloir pour que ça fonctionne… Enfin, cela dépendait. Malicia se disait que sans doute une forte émotion pouvait déclencher un pouvoir comme cela avait été le cas avec elle lorsqu’elle avait découvert son pouvoir, c’était le coup d’une émotion.
« Je vais faire attention, normalement, ça ne devrait être qu’une question d’heures. »
Malicia s’excusa encore une fois auprès de Raven. Elle détestait de plus en plus son pouvoir, mais elle s’était promis d’au moins essayer de demander de l’aide à Charles Xavier. Et puis, elle l’aidait aussi en prenant le poste de professeur d’Arts Plastiques. Ce serait un nouveau défi pour la jeune femme qu’elle allait relever avec un peu d’appréhension mais elle avait accepté pour pouvoir changer un peu de vie. Raven lui dit alors qu’elle ne devait pas dire aux autres que la mutante était trop curieuse. Les autres s’en rendront compte assez rapidement. Malicia eut un petit sourire avant d’hocher doucement la tête pour dire qu’elle acceptait. Elle regarda la future maman posée sa main sur son ventre. La brune espérait vraiment qu’elle n’avait pas fait de mal au bébé… Ce serait la pire des choses. Elle avait bien sûr déjà tuer des gens, mais tuer un enfant sans le vouloir… Elle préférait ne pas y penser et Raven l’y aida en lui posant des questions sur son pouvoir. Malicia, toujours assise, bougea un peu mal à l’aise.
« En soi, vous ne perdez pas votre pouvoir. En fait, je fais une « copie » de vos pouvoirs, mais si j’avais prolongé le contact, vous auriez pu tomber dans l’inconscience pendant un long moment. Peut-être même que vous n’auriez pas pu vous servir de votre pouvoir… Et si j’avais maintenu encore plus longtemps… et bien… vous ne seriez plus là pour parler… »
Malicia baissa les yeux sur ses mains. C’était vraiment une malédiction ce pouvoir et elle espérait vraiment que Charles puisse l’aider. Elle continua :
« Cependant, une fois que j’ai touché quelqu’un, peu importe la durée, je ne peux plus être un danger pour une autre personne, du moins pendant un certain temps. Si je prends la conscience ou le pouvoir de quelqu’un, je ne peux pas utiliser mon pouvoir sur une autre personne, pas dans l’immédiat. C’est pour cela que j’ai pu vous serrer la main. Mais si nous attendons quelques minutes, quelques heures, je pourrais de nouveau vous faire du mal… »
Malicia regarda autour d’elles. Personne ne semblait faire attention aux deux femmes et c’était tant mieux. La jeune femme regarda de nouveau Raven et lui dit :
« Depuis que j’ai découvert mon pouvoir, je n’ai jamais pu être aux cotés de quelqu’un, connaitre l’amour… Toutes ces choses me sont interdites. Si c’est pour voir la personne que vous aimez plonger dans le coma a chaque fois que vous le toucher, ce n’est pas la peine. Je vis toute seule depuis mes dix sept ans. Ce n’est pas le luxe, mais bon. Je vis de mes tableaux depuis ce temps sauf pendant le snap… J’ai perdu cinq années de ma vie, mais rien n’a changé… jusqu’au début du moins. J’ai rencontré votre frère et je pense que les choses vont changé pour moi. Je vais peut-être comprendre mon pouvoir… »
Accueil
