Rowles avait commencé à noter SHIELD sur son carnet, mais à la réponse de sa patiente, il cessa de l'écrire et fit une petite croix à côté. Si on pouvait croire que cette croix indiquait une erreur, elle signifiait en fait tout l'inverse pour le professeur. Il avait visé juste, la réponse et l'attitude de sa patiente en était la preuve. Elle ne s'était sans doute pas aperçue de ce léger pincement des lèvres, ni de la façon dont ses doigts s'entremêlaient alors qu'elle tâchait de rester vague pour noyer le poisson. Mais lui pouvait le voir.
Toutefois, il ne fit aucune remarque à ce sujet. Miss Ranevskaia n'était pas la première à lui mentir et il n'avait aucune raison de la blâmer pour cela. Chacun cultive son jardin secret et n'y laisse entrer que bien peu de gens. Rowles était un étranger pour elle, et bien que professionnel, il n'avait pas sa confiance, ce qui était bien normal.
Puisque le sujet ne pouvait être approfondi concernant l'affiliation de son épouse, il décida de changer son fusil d'épaule. Il sentait qu'ils commençaient à effleurer la raison de la venue de sa patiente, et que sa fille et la relation avec sa femme étaient principalement en cause. Il devait donc recentrer le sujet :
#Je comprends. C'est donc vous qui êtes principalement en charge de l'éducation de la jeune Emma. Comment s'acclimate-t-elle de cette situation ?#
Mettez-vous à l'aise, vous êtes entre de bonnes mains désormais
Mentir comme cela même si j’avais appris avec mon père et que ce n’était pas la première fois que je le faisais, ça restait un truc que je détestais et qui me stressait. Il notait toujours sur son carnet et j’avais l’impression que même si je voulais savoir ce qu’il écrivait, il avait su faire la part entre ses pensées et ce qu’il écrivait. En fait il le faisait à la perfection, c’était assez étonnant pour quelqu’un de si pas habitué à cela. Les gestes typiques de stress que je faisais, je ne les remarquais qu’après avoir parler. Mes doigts avaient été tordus autant que possible sans que je ne m’en rende compte et par chance il décida de changer de sujet, un sujet qui j’espérais me ferait moins stresser mais je me trompais.
“Oui c’est moi qui passe le plus de temps avec Emma et elle a l’air de bien s’acclimatée a cela, elle voudrais plus voir ma femme mais je la sais heureuse et on a de bon rapport donc nous communiquons beaucoup.”
Pour essayer de dissimuler un peu le stresse qui m’a pris en parlant des derniers sujets, je me remet correctement sur la chaise avec les mains sur mes jambes avec mes paumes collé à mes genoux et je jette malgré moi des regards autour de moi.
L'approche était la bonne. Même si sa patiente était avare en termes de mots, son langage corporel était particulièrement éloquent. Peu à peu, il approchait du but. Comme elle n'avait pas fermé le sujet du comportement de sa fille, le psychologue décida d'aller plus avant. Il nota rapidement "malaise" et "Emma" sur son carnet, ce qui lui rappellerai plus tard qu'il y avait eu un malaise et une évasion sur le sujet.
#C'est heureux#, commença-t-il en remontant ses lunettes, #Lui arrive-t-il de réclamer sa seconde maman ? Ou de se montrer boudeuse ou triste lorsqu'elle ne vient pas ? Comment se passent les retrouvailles en général ?#
Plusieurs questions qui avaient plus pour but de faire s'effriter la barrière de protection qu'elle érigeait entre eux que d'obtenir de réelles réponses, mais chaque réponse apporterait ses éléments pour continuer la discussion et ouvrir de nouveaux sujets.
Mettez-vous à l'aise, vous êtes entre de bonnes mains désormais
Le professeur nota sur son carnet avant de revenir vers moi, lui parler me faisait du bien enfin si je pouvais appeler ça parler, j’aimerais tellement pouvoir lui parler vraiment et ne pas lui imposer cette situation car peut être cela le dérangeait mais ne disait rien. Il posa des question qui me bousculèrent un peu car je n’y avais jamais penser mais même si j’avais un excellent lien avec elle, Emma adorait quand même Sif. Je ne savais pas répondre à ces questions, cela me mettait quelque peu mal à l'aise. Une gêne que j'essayais de dissimuler mais j’étais sûr qu’il l’avait remarqué.
“A vrai dire, cela fait un certain moment que Sif et Emma ne se sont pas vu, un peu a cause de moi je dirais, car même si nos travail sont prenant, cela fait trop longtemps que je n’ai pas emmener Emma faire un tour avec moi.”
J’étais tellement bouleversé par ces questions que j’avais accidentellement dit son prénom, moi qui avait tout fait pour ne pas griller sa couverture, je venais de le faire. Tout se bousculait dans ma tête et je ne savais pas quoi faire, il m’avait été chaudement recommandé mais je ne savais pas qui c’était vraiment et si je pouvais lui faire confiance. Moi et Sif gardions le secret pour protéger les filles mais je venais de faire une grosse bourde et je ne savais quelles conséquences il y aurait.
La gêne qu'éprouvait sa patiente n'échappa pas au regard acéré du psychologue. Sans la quitter des yeux, il nota le nom de "Sif" dans le carnet ainsi que "rencontre éloignée". Il notait aussi mentalement qu'elle avait éludé ses questions et n'avait répondu à aucune d'entre elles, mais en apportant d'autres informations essentielles : elles ne s'étaient pas vues depuis un moment et, visiblement, Miss Ranevskaia se le reprochait.
Toutefois, Rowles était un psychologue, non un inquisiteur, et l'instant de panique que traversait sa patiente devait être remédiée avant de passer à la suite de cette conversation. Comme beaucoup de ses patients traversant des situations difficiles, voir étant soumis aux pressions de groupes extrémistes, elle se méfiait et craignait que ce qu'elle dise porte à conséquence. Il était de son devoir de la rassurer sur ce point.
#Miss Ranevskaia#, commença-t-il en croisant les genoux, #Vous n'avez rien à craindre de moi, je peux vous l'assurer. Tout ce que se dit dans cette pièce est rigoureusement soumis au secret professionnel. Rien de ce que vous direz ne sortira de cette pièce à moins que vous n'en fassiez la demande expresse.
Je comprends vos craintes et elles sont légitimes, mais si vous avez fait la démarche de venir me voir aujourd'hui, c'est parce que vous savez que vous avez besoin d'aide. Mon rôle est de vous aider. Rien de plus, rien de moins. La façon dont je peux vous aider ne dépend que de vous.#
Le psychologue se leva alors et se dirigea vers l'armoire qui se trouvait sur le côté de la pièce. Il l'ouvrit, dévoilant ainsi un petit ensemble de bouilloire et cafetière, accompagnés de divers sachets de café et de thé.
#Puis-je vous offrir un café ou un thé pendant que nous faisons une petite pause ?#
Mettez-vous à l'aise, vous êtes entre de bonnes mains désormais
Le professeur reprit la parole en disant que je n’avais rien à craindre de lui et que tout ce qui se dirait dans cette pièce serait soumis au secret professionnel et qu’il ne parlerait que sous ma demande. Je sentais qu’il était sincère et honnête mais pleins d'idées me vinrent en tête et la panique repartait de plus belle.
Il m’assura comprendre mes craintes et il disait que si j’avais fait la démarche de venir le voir c’est que j’en avais besoin. Il me dit que son rôle était de m’aider et que cela dépendait de moi. Mais plus je réfléchissais plus je pensais que je venais de faire une erreur, pas seulement d’avoir parlé de Sif mais d’être venu le voir. Je connais le pouvoir de mon père mais beaucoup pourrait le sous-estimer. Le professeur me dit qu’il gardera le secret mais est ce qu’il garderait le même discours devant mon père et sa torture. Je sais que non et j’en avais déjà assez dit.
Ses paroles me firent revenir à la réalité et il me proposa de faire une pause et une collation.
“Écoutez vous être très gentil et avez vraiment été à mon écoute mais je pense que ce rendez vous était une mauvaise idée. J’ai dit trop de trucs qui n'auraient pas dû être dit et en plus de mettre ma famille en danger, je vous ai aussi mis en danger et j’aurais dû y penser avant de faire ce rendez vous.”
Je commença a me lever sans le quitter des yeux, l'air un peu paniqué.
La situation devenait soudainement hors de contrôle d'une façon que le professeur n'avait pas anticipé : elle se sentait en danger, là, en sa présence. Elle avait besoin d'aide. Bien plus qu'il ne l'avait estimé. Et parce qu'elle avait aussi désespérément besoin d'aide, à présent elle voulait fuir pour se mettre à l'abri. Avec le peu qu'elle avait daigné lui dire, il était difficile pour Rowles de comprendre la nature du danger en question, mais il était assez présent pour qu'elle estime qu'un cabinet de médecin n'offre pas une protection suffisante.
Bien sûr, il voulait la retenir, mais il ne pouvait pas non plus la forcer à rester. De toute évidence, quel que soit le danger qui pesait sur elle et sa famille, il était assez important pour qu'il se sente le devoir d'intervenir. Il songeait au nombre trop grand de femmes battues, d'enfants blessés et autres victimes d'abus qu'il avait pu rencontrer. Tous avait ce même point commun : la peur, la certitude de ne pas être à l'abri au point de nier ses propres souffrances dans l'espoir d'en subir moins. C'était une boucle infernale qui devait être brisée dès que possible pour s'ouvrir la voie vers le soulagement.
Mais comment la convaincre ? Son laïus n'était pas suffisant, il avait même produit l'effet inverse. Il fallait réussir à tourner les mots correctement. Il n'aurait pas le droit à l'erreur.
#Miss, # commença-t-il en masquant son malaise, #J'ignore la nature du danger dont vous parlez et, à vous entendre, je ne doute pas qu'il est grand. Si vous pensez sincèrement que c'était une mauvaise idée de venir me voir, je ne vous retiendrai pas. Mais vous avez voulu venir. Vous êtes venue me voir. Vous avez trouvé le courage de venir, de parler, même si c'était peu.
La Miss Ranevskaia qui est entrée dans mon bureau plus tôt et celle d'à présent sont la même personne, mais l'une était guidée par une raison, une réflexion, un besoin, tandis que la seconde se laisse dominer par la peur.
Aujourd'hui est une opportunité pour vous de briser la boucle de terreur qui menace de vous perdre ainsi que votre famille. Même si ma porte sera toujours ouverte, pensez-vous que vous trouverez de nouveau la force de venir ?"
Ce n'était pas toujours bon de jouer sur les aspects négatifs d'une personnalité, mais jouer sur certaines cordes sensibles aideraient peut-être sa patiente à reconsidérer la situation. Il restait à savoir si son désir de protéger les siens surpasserait la peur dans laquelle elle vivait...
Mettez-vous à l'aise, vous êtes entre de bonnes mains désormais
Le professeur semblait surpris de mes gestes et essaya de me convaincre de rester et de parler avec lui mais je ne pouvais pas. Les risques étaient bien trop grands et il fallait que je parte d’ici avant de lui donner trop d’informations potentiellement dangereuses autant pour que pour moi.
“Vous ne comprenez pas, il n’est pas question de se faire dominer par la peur ou pas, il est question de votre survie et de celle de ma famille. Si mon père vient à vous trouver et que vous savez des choses il lui faudra peu de temps avant de vous faire parler. Si je reste ici, je mets en danger beaucoup trop de monde et il faut que je protège ma famille.”
Une idée me vint, sûrement une des pires qui ait pu me venir depuis très longtemps mais c’est tout ce qu’il me reste.
“Celle qui est entrée dans votre bureau n’a pas réfléchi à ses actes mais je sais ce que je dois faire maintenant et je compte bien le faire pour protéger ma famille. Vous êtes une personne et je ne peux rester plus longtemps car ce serait vous mettre en danger, j’en suis encore désoler que cet entretien finisse comme ça.”
#Soit, si vous pensez que c'est le mieux pour vous et votre famille, je ne vous retiendrai pas. Pour autant, vos problèmes ne cesseront pas d'exister. Il faudra que vous trouviez une solution, un jour ou l'autre.#
C'était peine perdue. Son discours était typique de ces personnes prises en otage, qui espéraient qu'en étant "sages", la souffrance leur serait épargnée. Hélas, rien n'était plus faux que cette pensée, mais l'en convaincre était impossible, du moins pour l'instant.
#Si vous changez d'avis, vous avez mes coordonnées. Quelle que soit l'heure ou le jour, n'hésitez pas à me contacter si vous en avez besoin.#
Rowles s'était dirigé vers la porte et l'ouvrit, laissant le passage libre à sa patiente. Il ne pouvait pas la forcer à rester, même si c'était nécessaire. Il ignorait quel genre de criminel était ce "père", mais il avait réussi à transformer la vie de cette femme en une enfer dont elle était persuadée qu'elle était incapable de sortir. Le professeur n'en resterait pas là. Il mènerait son enquête de son côté. C'était aussi son devoir...
Mettez-vous à l'aise, vous êtes entre de bonnes mains désormais
Le professeur me dit qu’il ne me retiendra pas si je pense que c’est le meilleur pour moi et ma famille. J’aurais envie de lui répondre que je ne suis pas sur qu’il serait en moyen de me retenir mais je ne dis rien. Il me dit aussi que mes problèmes ne cesseront pas d’exister et qu’il faudra que je trouve une solution.
“Oh ne vous inquiétez pas, je sais comment régler ces problèmes et il faut que je redevienne comme j’étais pour pouvoir le faire. Mes problèmes vont être réglés et ma famille sera en sécurité.”
Le professeur reprend une dernière fois la pensée pour me dire que si je change d’avis, je pouvais le contacter peu importe l’heure ou le jour.Je souris au professeur qui voulait vraiment m’aider mais je ne voulais pas le mettre en danger ou lui apporter des ennuis.
“Mieux vaut que je ne vous contacte pas pour vous et vos proches.”
Avais- je dit avant de partir, bien décidé à faire ce que je compte faire. Je sais que même si je n’aime pas cette facette de moi, c’est ce dont j’ai besoin pour assurer la sécurité de ma famille et mes proches.
Accueil
![[Terminé] Psychologie vs télépathie - Page 3 I4s4](https://zupimages.net/up/23/34/i4s4.gif)