[Terminé] How to save a Life

Annandale-on-Hudson, comté de Dutchess, New-York



Paumes ouvertes, coeur fermé, yeux plissés par le soleil, elle avance en bordure de l’allée pavée qui conduit au cimetière de la ville, effleurant du bout des doigts les fleurs penchées qui caressent l’intérieur de ses mains. Les pétales trébuchent sur les écorchures de ses phalanges, glissent le long de ses doigts espacés comme sur un toboggan de chair meurtrie, titillent l’espace sous ses ongles avant de plier sous le vent, tandis qu’elle poursuit son chemin, droite et déterminée, sans croiser une autre silhouette ; en ce début d’après-midi ensoleillé, la rue est déserte, comme si tous fuyaient cet endroit funeste, ce jardin des ombres. Le vieux grillage jadis noir, désormais rouillé, élimé à certains endroits, grince lorsqu’elle pousse l’une de ses portes pour s’infiltrer sans bruit à l’intérieur : elle interrompt sa marche en solitaire, parcourt rapidement cet espace qui n’appartient plus aux vivants, où ces derniers ne sont que des visiteurs passagers, se demande combien de larmes ont ici été versées avant de froncer durement ses sourcils, désorientée par le soleil venu un instant l’aveugler. Comme une forêt de pierres tombales aux formes diverses, choisies avec soin par ceux qui restent, le cimetière lui apparaît comme un véritable labyrinthe de souvenirs silencieux. Un soupir discret s’échappe de ses lèvres et elle s’avance enfin de quelques pas dans l’axe principal, lit les noms inscrits sur les sépultures en marbre ou en pierre, jette un regard méprisant aux vierges veillant sur les morts, mains jointes autour d’un chapelet, oeil larmoyant et tête courbée ; devant cette statue religieuse, figure maternelle bienveillante, elle remue légèrement le nez avant de détourner le regard, agacée. Mais la rousse poursuit sa marche, poursuit sa quête. Elle enfonce ses mains dans les poches de sa veste en jean volé dans un magasin quelques jours plus tôt, s’acharne sur le chewing-gum sans goût qu’elle mastique au point d’en avoir mal à la mâchoire, et finit par trouver la tombe tant recherchée.


« Salut, m’man. » Le cimetière est silencieux, seul le vent siffle entre les branches des arbres qui plient sous le voyage du vent tiède, et ses cheveux tirés en arrière par une bourrasque révèlent son visage clos, inexpressif, tendu, crispé, contracté ; elle se tient debout en silence, mais le silence hurle au fond d’elle. Ainsi contenue dans un corset intérieur, la mâchoire serrée, les dents collées et le corps tendu, elle lève ses yeux bleus vers les deux photographies encerclées dans un cadrage ovale, incrustées à même la pierre tombale ; elle découvre le visage de ses parents, tous deux bien plus jeunes que le jour de leur mort, apprêtés, souriants, heureux. Le cliché, en noir et blanc, démontre un paysage où la mort n’existe pas, et où elle non plus n’existe pas. Peut-être aurait-il mieux fallut qu’elle ne vienne jamais au monde.
Elle inspire lentement, mais l’air s’infiltre péniblement dans la cavité de ses poumons car elle est tant crispée que même le fait de respirer est douloureux. Elle se penche, s’agenouille, sort ses mains de ses poches, les tend vers la pierre tombale pour essuyer la poussière recouvrant le visage de ses parents, repousse les fleurs séchées déposées par une âme inconnue puis effleure, du bout des doigts, les contours de leurs figures, comme une caresse quémandant le pardon, comme un aveu de culpabilité, comme un regret qu’on ne peut effacer. « Salut, papa. » Elle baisse les yeux sur le bout de ses baskets abîmées, mordille le coin de sa lèvre tremblante, vient appuyer sur ses paupières menaçantes durant quelques secondes puis se reprend, dans un sourire incontrôlé : « J’avais les mots exacts de ce que je voulais vous dire mais… Je ne me rappelle pas, je suis désolée. » Je suis désolée. Pour ça. Et pour tant d’autres choses. Confuse, l’esprit en désordre, le coeur quelque peu bouleversé, elle tord sa bouche d’un côté puis de l’autre, joue brièvement avec la bordure de sa veste avant de s’agenouiller correctement face à la tombe de ses parents, sans se douter qu’elle allait avoir de la visite…

-J’espère que c’est une blague, tu allais vraiment aller la chercher sans m'en parler, vous alliez vraiment partir sans moi... ? dis-je d’un ton furieux.

Et sans lui laisser le temps d’enchainer, je poursuis :

-Non ! Non non et non et utilise le Gherkin comme plug si tu n’es pas content mais c’est hors de question que je reste ici ! Et s’il faut que je te crame chaque poil que tu as ou revoles une moto pour vous suivre, crois-moi, je le ferais !

Oui, comme d’habitude, je gueule contre le Perfect Boy mais dans les couloirs, j’ai eu l’écho de la mission. Aller la chercher, aller récupérer Jean… Il est hors de question qu’on me laisse à la traine, pas après ça, pas après la promesse que je lui ai faite. Même en rampant, j’y serais aller.
Et pourtant, même si je cache et contiens, on peut voir que je ne suis pas au mieux de ma forme. Un nouveau bandage cache ma main à nouveau blessée, cautérisé lorsque j’en ai eu la force. Des marques parsèment mon corps, des égratignures, des bleus, des pansements un peu plus conséquent en partie camoufler par mon sweat qui protège les plaies externes. Et si je n’ai pas à nouveau des côtés brisés, j’ai des douleurs à plusieurs endroits lorsque je bouge, dû à mon tabassage en bonne et due forme et à ce qui en a suivi…
Mais quoi qu'il en soit, qu’importe mes blessures, je lui ai promis, je lui ai juré, et je serais là à ses côtés : Alors je marche à côté du Perfect Boy, ne le lâchant pas d’une semelle. S’il avait été aux chiottes, j’aurais pu faire le piquet devant la porte pour l’attendre. Je le suis, et ne lui laisse pas le choix. Je viendrais, qu’il l’accepte ou non.
Face aux autres personnes qu’on rejoint, je restes plutôt silencieuse. Je n’ai pas envie de laisser éclater ni ma colère, ni mon inquiétude. On va aller la chercher et on va la ramener. Cette fois-ci en tout cas, je ne reviendrais pas sans elle et si je suis sûre d’une chose concernant Scott malgré le peu d’amour que j’avais envers lui, c’est que lui non plus ne renoncerait pas. Alors, je le suis face à celle connue ici pour être Raven dont je n’avais entendu que quelques mots et rumeurs lors de mon premier passage ici et celui que j’avais vu arriver justement le jour de mon départ…
Je comprends que les deux connaissent Jean, à des niveaux différents, mais au moins, je suis rassurée dans un sens, qu’ils soient aussi concernés par ce qu’il se passe.

Bref, à côté, avec ma tête de gamine des rues, et ma tronche pas en forme, je faisais pâle figure, mais je retiens et ma souffrance, constante ou ponctuelle, et ma fatigue que je ne peux qu’à peine nier. Mais face aux deux autres, si je fais comprendre que je ne ferai pas demi-tour, cela est bien moins… virulent qu’avec Scott. Peut-être qu’il me le reprochera un jour mais peu m’importe…
Alors, je les suis, essayant de suivre la cadence, un pas à l’arrière malgré mes efforts. Cependant, même si je tente de faire comme si de rien n’étant, je ne peux m’empêcher de sentir mon coeur s’emballer et un sale frisson parcourir mon dos.
Non… reste calme. Tu viens aider une amie, tu dois rester calme.
Je continue à marcher, à l’unisson des deux autres et le membre du boys band, cachant ma main bandée dans la poche de mon sweat alors que nous approchons d’elle … Jean.
Cette fois-ci, je ou plutôt "on" ne repartira pas sans toi.


@Jean Grey & @Scott Summers &  @Raven Darkhölme &  @Rocket Raccoon

HOW TO SAVE A LIFE

Penché au-dessus de la tombe de ses parents, le Phoenix repoussait d’une main distraite les feuilles mortes qui recouvraient les lettres ancrées dans le marbre de leur sépulture, comme une caresse pour se faire pardonner de ses méfaits ; il ne pouvait décemment pas échapper à la culpabilité qui était la sienne, héritée par la maladresse de ses pouvoirs incontrôlés lorsqu’il était (bien qu’il fut toujours) un simple enfant dépassé par ses propres capacités. Comment aurait-il pu savoir que sa volonté de faire taire les grésillements de la radio allait provoquer la mort de ses parents aimants et bienveillants ? Ils n’avaient jamais su que c’était sa faute… Ou peut-être que si, finalement. Le Phoenix avait l’impression que la Terre entière le savait et le rendait coupable, et quand bien même la Sorcière Sombre lui avait accordé un sursis en accusant Charles à sa place, il ne pouvait décemment pas se cacher perpétuellement dans le déni. Lui, mieux que quiconque, connaissait l’honteuse et odieuse vérité.
« Je vous demande pardon, je ne voulais pas… »
Le bruissement du vent entre les feuilles des arbres avait étouffé la portée de sa voix qui, soufflée d’un ton étranglé, avait seulement ricoché contre leur tombe comme un secret ; mais ils l’avaient entendu et ils savaient, il ne pouvait en être autrement. Ce moment aurait dû être apaisant, celui tant attendu du recueillement et du deuil achevé mais, le Phoenix ne parvenait pas à calmer ses pensées agitées : il avait préparé un discours, longuement réfléchi à une tirade sincère et touchante dans laquelle il présentait ses excuses, ses regrets, sa faute… Mais en cet instant, alors qu’il se trouvait face à la dernière trace de leur présence sur Terre, il était incapable de parler à ses parents disparus. C’était peut-être ça, au fond, la définition de la mort pour une orpheline ; une telle sidération, une telle solitude, que tout perdait sens. Même les mots.
ㅤLe brouhaha de ses pensées avait fait décliné sa vigilance qu’elle n’avait guère entendu le vaisseau qui se posait non loin, transportant à son bord des alliés de Jean. La nuque courbée, le corps incliné vers la tombe de ses parents, le Phoenix ne bougeait pas, immobile sous le vent qui soulevait ses mèches rousses dans son dos ; les yeux rivés sur le marbre gris, il remuait à peine sa main contre la sépulture, effleurant du bout des doigts le marquage de leur identité gravée dans l’éternité, jusqu’à ce que…
« Jean … »
Le Phoenix avait sursauté en reconnaissant cette voix masculine qui l’avait arraché à sa contemplation mélancolique, formant une expression d’étonnement contrarié sur son visage : les mâchoires serrées, la bouche entrouverte et les sourcils froncés, il s’était redressé à la vitesse de l’éclair en parcourant rapidement du regard les personnes présentes en face de lui. Eh bien ! Ils étaient tous là, ou presque. Raven. Rocket. Scott. Kath’ (elle était toujours vivante, celle-là ?). Il ne manquait que Charles pour parfaire ce tableau de l’amitié mais, heureusement qu’il n’était pas venu. Le Phoenix n’avait aucune envie de le voir ; encore moins que les autres, du moins.

Une fois que la surprise fut passée, le Phoenix avait remué son menton de gauche à droite tout en souriant d’un air mesquin, presque désabusé par l’audace qu’ils avaient de troubler ainsi son recueillement. Faisant quelques pas pour se rapprocher d’eux tout en maintenant une certaine distance, il s’était placé à côté de la tombe de ses parents tout en reprenant son masque de froideur impassible, leur lançant alors d’une voix méprisante :
« Vous formez une belle équipe, je suis impressionnée. Vous êtes venus mourir en groupe ? »
Mauvais à souhait, il avait penché son menton sur le côté tout laissant ses yeux prendre une teinte dorée pendant qu’il faisait mine d’attendre une réponse, avant de réaliser qu’il se trouvait à côté de ses parents… Un grognement s’extirpant de sa bouche, le Phoenix avait pincé ses lèvres sous la frustration et la colère, mêlée d’une tristesse équivoque, avant de finalement se détourner d’eux pour regarder la sépulture du couple Grey, ses deux mains se joignant sur le devant de son corps amaigri.
« Partez. »
Ce n’était pas une demande mais un ordre. Et il ne comptait pas le formuler à nouveau.

Marcher avec la moitié du corps encore en mode kit de construction, c’est compliqué. Mais c’est à la volonté que je carbures à l’heure actuelle, à la volonté de la retrouver, de l’aider. Je lui ai promis, je lui dois cela, alors qu’importe la douleur, qu’importe le reste, je serais là, je lui ai promis.

- Encore faudrait-il que tu arrives à marcher correctement, petite nature.

Petite nature ? PETITE NATURE ??? Mais il se prends pour qui le playboy de boysband. Je m’apprête à répondre quand une violente douleur me prend, et je ne peux que la retenir en me mordant la lèvre, ce qui empêche un flot d’injure de déferler. Putain, je jure que je me vengerais de ce boyscout.  
Mais pour l’instant, je le suis, alors qu’il va vers le sous-sol mode batcave. Ma main toujours couverte d’un épais bandage pour cacher la nouvelle blessure faite lorsque je l’ai retrouvé, je la tiens contre moi, comme pour la cacher.
Je laisse l’autre se changer et monte dans l’avion, sous des regards pas convaincus voir agacée, celle qu’on m’a décrite comme étant la sœur de Charles. Au moins, je ne suis pas laissé sur le bas-côté… je m’installe sans dire un mot, faisant en sorte de ne rien faire ou dire qui aggravent mon cas de parasite actuel.
On fait un premier arrêt, à côté d’un autre vaisseau et je reconnais la mascotte que j’avais vu il y a longtemps, lorsque je me suis enfuie la première fois de l’Institut. Visiblement, c’est pour lui qu’on s’arrêtait. Il monte, salue tout le monde et enfin me voit … et le fait que je sois en piteux état n’est pas la seule chose qui le perturbe, vu comme il me dévisage de haut en cape. C’est le fait que je n’ai pas de costume slip-cape qui le défrise ?

"Est-ce que la demoiselle a juste le mal de l'air ou alors, vous avez vraiment emmener quelqu'un qui est sur le point de tomber d'épuisement ?"

Mais putain, on peut pas juste me lâcher. Au pire, qu’est-ce que ça peut leur faire que je tombe. Limite, Scott n’en serait que ravi, j’en suis sûre. Je lâche un soupir avant de retenir un grincement de dents.

-Je vais bien, dis-je d’un ton un peu sec pour clôturer ce sujet.

Le vol se passe sans un mot de plus, même si je vois par instant les regards se poser sur moi, me donnant envie de grogner. La situation est critique, je ne suis pas remise, je le sens bien et ils ont raison, aussi violent soit cet aveu pour ma volonté, je suis un boulet à l’heure actuelle pour eux et la mission.
Mais je ne peux pas. Je ne peux pas fuir encore, je ne peux pas rompre cette promesse. Alors malgré les douleurs, malgré mon souffle court, je suis là.
Je descends de l’avion, et je vois que la mascotte marche devant moi. Est-ce qu’il essaie de me protéger ? Il va voler dès le premier coup. Un sale frisson me passe dans le dos, frisson qui ravive les blessures. Je vois son geste, il veut vraiment que je reste à l’arrière ? Ah non, pas encore, pas une nouvelle fois. Je remets mon sweat et planque ma main encore bandée dans la poche, juste pour tenter d’avoir une certaine … j’en sais rien, façade ?
Une façade qui craquelle déjà lorsqu’on arrive tous face à elle, ou plutôt dos à elle. Si Scott n’avait pas rompu le silence, je l’aurais fait, je crois.
Elle ne s'attend pas à cette visite visiblement. Elle sursaute et se redresse vers nous, vers ce groupe insolite et pourtant lié.

« Vous formez une belle équipe, je suis impressionnée. Vous êtes venus mourir en groupe ? »

Mourir ? Je doute que ce soit au programme de n’importe lequel d’entre nous. J’ai un regard pour chacun, même Scott. Parce que même si je l’insulte mentalement environ tous les deux minutes … bah je le protégerai également…

« Partez. »

Partir ? Cela non plus n’est au programme de personne dans le groupe.

-Tu sais qu’aucun de nous ne le fera, dis-je, ou plutôt qu’on ne partira pas sans toi.

Moi grande gueule ? Faut pas que ce soit toujours le même qui se fasse remarquer.


@Jean Grey & @"Scott Summers" &  @Raven Darkhölme &  @Rocket Raccoon

Ils étaient tous là, rassemblés comme une joyeuse équipe venue sauver celle qui s’était tragiquement perdue en chemin ; si le Phoenix fut tout d’abord surpris puis agacé de cette interruption au milieu de ce moment de recueillement, la résonance avec le sauvetage de Raven, quelques semaines plus tôt, ne pouvait que le faire sourire avec un amusement mesquin. Mais cette fois, il n’y avait pas Charles parmi le cortège, il n’était pas venu au secours de celle qu’il prétendait pourtant aimer comme sa propre fille… Une raison de plus de le considérer comme un traitre, un menteur, un scélérat. « Tu sais qu’aucun de nous ne le fera, ou plutôt qu’on ne partira pas sans toi. » L’audacieuse voix fut très rapidement l’objet d’attention du Phoenix qui, réalisant qu’il s’agissait du fameux moineau blessé, avait dessiné l’ébauche d’un sourire moqueur sur ses lèvres, alors que ses iris dorés lançaient déjà des éclairs mauvais. « Ainsi donc, tu es toujours vivante… Mais dans quel état tu es… » Faisant mine d’être compatissant, le Phoenix pencha son menton sur le côté tout en fixant Kath, envahissant ainsi son esprit pour raviver le souvenir d’une douleur dont elle devait encore se rappeler : celle de sa main, perforée par un morceau de verre sous sa seule volonté lors de leur dernier affrontement. Abandonnant la Londonienne à cette souffrance réanimée, largement ravivée par la télépathie qu’il détenait, le Phoenix se retourna alors vers les autres amis de Jean pour les toiser tour à tour : Rocket, Raven et Scott. C’est sur ce dernier qu’il jeta son dévolu, car le jeune homme à la visière rouge semblait vouloir en découdre avec lui afin de sauver sa belle ; le visage de Jean, d’ordinaire si doux et tendre, se fendit alors d’une expression mauvaise mais amusée, car un sourire faussement jovial avait envahi ses lèvres après les paroles de Rocket. « Vous auriez dû rester loin de moi… » Furent les dernières paroles qu’ils purent entendre, avant qu’une onde de choc ne se propage autour d’eux pour les faire reculer. L’Oiseau de Feu venait de souffler un vent de tempête…

Rocket, Raven, Scott et Kath furent alors violemment projetés en arrière, si bien que Cyclope fut envoyé contre le tronc d’un arbre et tomba inconscient à ses pieds. Un de moins, s’était dit le Phoenix en l’abandonnant à son sort, sa peau craquelant déjà sous des veinures dorées qui rougeoyaient d’une colère immense ; l’instant d’après, les pierres tombales autour d’eux commencèrent à sursauter, se soulevant de terre comme pour libérer les morts endormis sous eux, et même les arbres sillonnant le terrain du cimetière tremblotèrent comme si des mains puissantes essayaient de les extirper du sol. « P-A-R-T-E-Z. » La voix tonitruante du Phoenix résonna depuis les hauteurs sans qu’il n’ait ouvert la bouche ; le corps de Jean lévitait au-dessus du sol, mais elle semblait absente, inexpressive, figée dans un mutisme forcé, endolorie par une telle douleur qu’elle était désormais semblable à la pierre composant les tombes ouvertes, qui craquaient comme un squelette dansant.

Et alors que le sol tremblait, des dizaines d’os commencèrent à s’extirper de la terre, remontant vers la mutante qui venait de créer un véritable vortex autour de son corps. « Vais-je vous enterrer vivants… » Le Phoenix, laissant planer le doute sur son macabre dessein, pencha légèrement son menton sur le côté tout en figeant son regard absent sur Raven, qui portait la vie. « Oh, ma chère… Je crois que tes bébés vont te suivre dans ta tombe. » Et là, sur ces mots perfides, la malheureuse mutante fut piégée par les pouvoirs du Phoenix qui, l’immobilisant par la pensée, avait mentalement conduit quelques os à se présenter devant elle, juste au niveau de son ventre, qu’ils menaçaient de traverser d’une seconde à l’autre. « Dis le à ton frère, Raven. Dis à Charles qu’il est l’heure des adieux. » La courbure de ses lèvres se soulevaient d’un sourire narquois tandis qu’il attendait, patiemment, une réaction de la blonde : il n’y avait aucune hésitation dans sa voix, aucun doute sous sa volonté. Il allait les tuer. Tous. Et il avait décidé de commencer par la soeur de Charles.