Voir ma fille heureuse est la seule chose qui compteDepuis un petit moment, j’avais remarqué qu’Emma n’était pas au top. Elle aimait bien la vie à l'institut mais je savais que rester ici tous les temps la peinait beaucoup. Alors je décida de faire quelque chose que je savais allait lui plaire. Elle me parlait beaucoup d’aller voir des concerts et elle me parlait encore plus d’une certaine Lucky One. Alors sans hésiter, j'ai pris deux billets pour son concert et prépara la surprise.
Un soir, j’appela un taxi et je monta avec Emma. Je donna l’adresse au chauffeur grâce à un petit papier et il commença a rouler.
"Où est ce qu’on va?”
“C’est une surprise, profite juste de la ballade tu sera pas déçu.”
après une quinzaine de minutes de voiture, on descendit et je payai le chauffeur avant de me diriger vers le BAM Opera House suivit par Emma qui se demandait bien pourquoi on était venu la. On entra et nous nous asseyons à nos places et lorsque le concert débuta je vis la joie dans les yeux d’Emma.
Malgré ma connexion mentale quasi constante avec elle, je ne pouvais pas entendre le concert en lui même mais voir Emma aussi heureuse était la seule chose qui comptait à l'heure actuelle. En rentrant dans l'opéra, j’avais bloqué ma télépathie pour n’être que dans l’esprit d’Emma car vu la foule immense qu’il y avait, je savais que j’allais vriller bien trop rapidement.
Le concert durait le temps normal d’un concert mais malgré la joie sur le visage de ma fille, le temps commençait à devenir un peu long alors il m’arrivait de sortir pour prendre l’air et pouvoir relâcher mon esprit sans isolement mais je ne restais que quelques minutes, craignant trop pour ma fille.
A la fin du concert, Lucky One s'apprêtait à partir quand elle se mit à parler aux gens. Toujours dans l’esprit d’Emma, je pouvais savoir ce qu’elle disait grâce à Emma qui répétait ce que Lucky disait dans sa tête. Elle eut le plus grand sourire du monde et je ne compris qu’après avoir écouté ses pensées que je compris que Lucky venait de tirer le numéro du ticket d’Emma.
Avec une certaine euphorie, on se leva pour se diriger vers l’équipe de sécurité, en marchant on voyait beaucoup de gens assez déçu de ne pas avoir eu son numéro tiré. Grâce à un pressentiment et les vibrations autour, je vu assez vite un homme se rapprocher d’Emma pour essayer de lui arracher le ticket des mains et sans hésitation je coura pour asséner un coup de genou directement dans la cage thoracique de l’homme.
L’homme fut projeté en arrière et deux agents vinrent vers nous, un venant tenir l’homme et l’autre me tenir moi. Je voyais que l’homme parlait mais c’était inutile.
"Lâchez la, elle me défendait. Lâcher la, elle ne vous entends pas espèce d’abruti.”
Je vis Lucky ainsi que deux agents a côté d’elle parler.
“C’est l’homme qui s’en ai prit a eux et la femme l’a neutraliser”
Voir ma fille heureuse est la seule chose qui compte
Jeudi 08 aout – 09 : 31 P.M.
Immédiatement après que la calculatrice ait exécuté la fonction aléatoire et que j’ai énoncé le ticket gagnant du soir, les gens commencent à bouger. Parmi les premiers rangs, une adolescente d’une quinzaine d’années au style vestimentaire Street laissant comprendre la classe moyenne s’excite en compagnie d’une pré-trentenaire en chemise et pantalon, ce qui la rapprocherait plus de la classe moyenne supérieure. J’ai un petit sourire à constater cela, très curieuse de ce que la force inexpérimentée pourra retirer de notre rencontre, et attends avec impatiente que les rideaux nous voilent à notre public pour pouvoir me détendre un coup. Contrairement aux autres, ma soirée n’est pas finie et mon horaire reste pressé : je n’ai qu’une demi-heure pour me nettoyer et me changer, sachant que si je prends moins c’est toujours plus pour mes invités. Mon cœur bat encore la chamade suite au spectacle et au face à face final tandis que ce dernier comme les projecteurs m’ont bien fait suer, au sens propre qui ne l’est pas ; propre. Ce qui me ferait suer au sens figuré, plus propre que le précédent, serait que mon fier parfum ne soit capable de correctement dissimuler mes odeurs derrière les siennes. Persil, sauge, romarin et thym n’ont pas qu’une fonction symbolique liée à leurs significations dans le langage des fleurs et à la référence à la ballade anglaise qui m’a inspirée, ils doivent aussi éviter qu’on ne puisse plus me sentir moi tant on me sent ; ce qui m’arrive très vite, personnellement. Evidemment, quand je sens trop je le sens plus ; dans deux sens du terme, d’ailleurs…
Pas le temps que les rideaux se referment, les choses sont parties en live malgré l’absence de caméra. Un homme est renvoyé sur son siège, même si je ne suis pas sure qu’il soit sien, par la femme en chemise et pantalon qui semble pratiquer le Muay Thaï ; j’en ai des notions grâce à Nathan, qui l’a inclus dans son art mixte avec une douzaine d’autres disciplines martiales. Après, je pratique pas même si je sais que coudes et genoux sont rarement autorisés par les arts martiaux et qu’un coup aussi haut implique une pratique de techniques assez poussées. Cela n’empêche pas les agents de sécurité de venir faire leur travail et je regarde la situation commencer à dégénérer, abasourdie.
Bouche entrouverte, épaules basses, à ma fatigue et ma sueur s’ajoute la tristesse face à la malfaisance et l’envie. Je jette un regard à Mike, qui me prend la main à la calculette et hausse épaules comme sourcils d’un "on n’y peut rien" qui se veut rassurant, alors que la situation entreprend de se régler malgré les cris de l’adolescente. Puis l’un des agents de sécurité me prend à parti, m’impliquant pour m’expliquer.
« C’est l’homme qui s’en est pris à eux et la femme l’a neutralisée. »
Je le fixe un instant puis fais l’effort de me recomposer ; The Show Must Go On. Next time, curtain.
Après avoir laissée la calculatrice à mon partenaire, je m’avance pour franchir les rideaux qui se referment effectivement. Je m’approche du bord de la scène où retournera la machine à l’origine de tout cela. Okay, je l’ai aidée. Cependant, la responsabilité en va à monsieur Smith pour sa tentative de vol à l’arrachée et à madame Doe pour sa réussite d’agression ; l’un comme l’autre pouvant finir au poste s’ils ont quelques connaissances en droit malgré qu’ils aillent tous deux de travers. Arrivée au-dessus d’eux, je m’accroupie et pause une main sur le rebord de la scène. Mon saut pour en descendre est groupé, forcément puisque ma robe ne me permet pas énormément de liberté des jambes, mais au moins me retrouve-je au niveau de tout le monde. Une inspiration buccale, un soupire alors que je passe les yeux d’un visage à l’autre. Le mien, de visage, est doux. Fatigué mais doux. Je ne suis pas ici pour condamner. Je ne sais pas vraiment pourquoi je suis ici mais, quitte à y être, j’agis avec sincérité.
« Ça va, demande-je à l’adolescence d’abord puisqu’elle n’a rien demandé de son côté ; enfin, outre qu’on lâche sa grande sœur. Plus de peur que de mal ? »
J’attends une réponse courte avant de passer au plus amoché, dans les deux sens du terme.
« Et vous ? »
A nouveau, j’attends une réponse brève puis je reprends.
« Vous êtes décevant, vous savez ? On est ici pour partager de la joie et vous tentez de la voler à autrui… »
Je le laisse méditer là-dessus quelques secondes, n’étant pas intéressée par une justification et passant à la troisième partie.
« Et vous ? »
Même pause.
« La violence est rarement la meilleure réponse et jamais le meilleur exemple. »
J’évite de m’attarder sur le sujet, car je n’attends pas de réponse particulière, puis recule d’un pas en levant mes deux mains, paumes ouvertes, pour embrasser les trois protagonistes du geste.
« Vous, dis-je en désignant la femme d’une main avant de bouger celles-ci, l’attention de la femme comme ma main, vers l’homme, excusez-vous envers lui et vous, continue-je en ramenant mon autre main vers l’homme pour répéter mon manège vers l’adolescente tout en le maintenant lui en joue d’un index, excusez-vous envers elle. Peut-être que cela gâchera un peu moins la soirée de tout le monde. »
D’un geste souple, je fais glisser mes impolis mais impératifs index pour désigner de l’un la femme et de l’autre l’homme dont j’attends les excuses. Je ne sais pas si je vais les obtenir mais entre les quatre membres de la sécurité qui sont ici et le soupire que je connais très très bien qui souffle au-dessus de ma tête, témoignant que Nathan n’a rien eu à faire des rideaux pour venir voir ce qui se passe, je pense que j’ai les arguments pour.
« Et vous, conclurais-je si les excuses se passent comme je l’entends, me retournant complètement vers l’adolescente et lui tendant les deux mains paumes ouvertes pour qu’elle puisse les prendre tout en lui souriant avec optimisme, Je promets de faire de mon mieux pour que la soirée vaille le dérangement. »
J’espère vraiment que ma transpiration ne se sent pas trop parce que pour l’instant je suis partie pour aller à Scaborough Fair plus qu’à la salle d’eau.
Voir ma fille heureuse est la seule chose qui compteTenu par les agents de sécurité, je voyais Emma crier sans pour autant entendre ce qu’elle disait et je faisais mon possible pour me retenir de me libérer des agents par la force et la prendre dans mes bras. Je vis Lucky s’approcher d’Emma et lui parler avant de regarder les agents de sécurité et qu’ils me lâchent enfin , je pris directement Emma dans mes bras pour la rassurer.
“Oui, ça va. Cet homme nous a agressés pour avoir mon ticket.”
Je vis Lucky parler a l’homme que j’avais frapper pour défendre Emma et peu après se tourner vers moi et me parler. Je ne savais pas ce qu’elle disait et ça se voyait sûrement sur mon visage, tant il était entre la tristesse et la colère. Elle parla beaucoup sans que je sache de quoi elle pouvait parler. Elle s’approcha même d’Emma et lui prit les mains tout en lui souriant avec un sourire que je sentais sincère et attentionnée. Je restais derrière Emma en me demandant de quoi il pouvait bien parler et je ne pu m’empêcher de penser à ce que l’homme aurait pu faire à Emma si je n’avais pas été là et ça se voyait tant mon regard était dans le vide alors que j’étais plongé dans mes pensées.
“Ça ne sert a rien de lui parler, ma mère est sourde et muette. Elle ne parle que la langue des signes que je connais un peu même si je ne suis pas parfaite dedans.”
Elle se tourna et me dit que je devais m’excuser envers l’homme que j’avais frapper. Je ne voyais pas trop pourquoi je devais le faire mais je m'exécuta pour ne pas risquer la chance de passer du temps avec Lucky a Emma.
Après m’être excusé, je me tourna vers Lucky et ne pu m’empêcher de réaliser que l’odeur de transpiration venait d’elle. Après tout c’était normal après le concert qu’elle venait de faire.
“Merci en tout cas d’être venus voir comment j’allais, je suis fan de vous.”:copyright: 2981 12289 0
Voir ma fille heureuse est la seule chose qui compte
Le premier geste effectué par la grande sœur est d’attraper la petite dans les bras, mu par une volonté de protection et de la rassurer. Voilà qui complique mes désignations mais permet de calmer la situation alors je n’ai pas à me plaindre ; de plus, je ne jugerais jamais durement une marque d’affection positive comme celle-ci, à l’inverse de la négative comme l’attaque précédente. Attaque motivée par une explication que m’est refournie, par l’adolescente cette fois, mais, comme j’ai la réponse quand au fait qu’elle aille, je continue mon manège. Manège auquel la grande sœur réagit d’un abaissement et rapprochement des sourcils malgré une remontée de leur partie interne, d’un plissement et d’une tension des paupières ainsi que d’une tension des lèvres accompagnée d’un abaissement de leurs coins. Tristesse et colère. Oui ben ma poulette il va falloir ravaler sa fierté et contenir son mécontentement parce que le problème ici c’est justement le manque d’éducation et de contrôle de ses émotions. Allez, vous êtes des adultes, agissez comme tel même si je dois tout vous expliquer comme des enfants ! Moi je me tourne vers l’adolescente, comme prévu, et elle m’apprend que ça sert à rien de parler car sa "mère" – pardon ? – "est sourde et muette" – évidemment ! –, ce qui m’amène à récupérer mes mains pour tâcher de me souvenir de comment on signe… Ouh, boupidou, ça fait des années ça. Pas autant que l’âge que devait avoir la mère prématurée pour avoir une quinzaine de différence avec la fille en avance, mais quand même. Ou alors c’est une question d’adoption, la mère et la fille pas le langage des signes et moi ; puisque justement je le retrouve pas tellement. Mais je m’y retrouve, la preuve :
« Euh, Jo, dis-je sans même lui accorder un regard, consciente à son soupir précédent qu’il se trouve encore plus au-dessus de moi que d’habitude. Ça fait longtemps que t’as vu Morgane ? Parce que, niveau signes, je suis surtout capable de dire que le chien mange et dort actuellement, ce qui n’est pas franchement utile dans la conversation. »
J’ai appris à signer étant bébé, pour encourager le développement de la cognition et de l’expression, et m’y suis remis au moment où Nathan sortait avec une muette du nom de Morgane, mais je dois avouer que, même sans le Snap – qui ne compte pas niveau durée –, ça fait plusieurs années que j’ai pas pratiqué. D’autant que je pratiquais la méthode simplifiée de la langue des signes, pas l’internationale, donc potentiellement j’aurai eu un discours assez limité malgré tout. Mais moins qu’actuellement. Et op, un nouveau truc à retravailler prochainement.
Dans son costume gris à veste ouverte sur chemise bleue, Nathan atterrit derrière moi avec souplesse et soupir puis entreprend de m’assister. Il est le plus grand et le plus large d’épaule parmi nous, le plus court de cheveux et long de barbe même si les deux sont coupés très court, encadrant son visage gentil aux yeux bleus.
Les choses vont ainsi dans mon sens, que je considère comme le bon, et les excuses sont faites sans que j’ai à insister ou à demander aux mecs de la sécurité d’être de bons hommes de mains à défaut d’être aptes à régler la situation par eux-mêmes. Pas plus mal que je sois intervenue, en fait, puisqu’ils n’auraient probablement pas eu ma pédagogie. Si-si, c’était pédagogique !
« Merci en tout cas d’être venus voir comment j’allais, je suis fan de vous.
- De rien minette, lui réponds-je avec le sourire en lui offrant le surnom, générique certes mais signifiant tout de même. Et contente que ce que je fasse vous plaise. »
On va pas se mentir ni mentir à qui que ce soit, plaire est mon métier. Je dirais presque que c’est mon gagne-pain mais, on va pas se mentir encore une fois, à environ 3.772,5$ la soirée d’une heure et demi, j’ai pas de quoi devenir riche. D’ailleurs, dans les chiffres, je ne touche que 609$ par soir, tout comme Enzo, Nathan et Mike, là où les cachets des musiciens sont à 600$. C’est après que la magie de l’optimisation fiscale entre en jeu, sachant que découvrir l’existence des 3.163,5$ de dividendes nécessite de gagner deux procès, un au Royaume-Uni puis un autre en Suisse… ou que Wikileaks fasse les comptes.
Je prendrais bien la minette par le bras pour qu’elle marche à mon côté mais je trouve que je sens beaucoup trop pour le faire. Ça et je préfère éviter une éventuelle mauvaise réaction de sa mère, même si je ne suis absolument pas menaçant.
« Vous préférez que je vous tutoie ou tu préfères que je te vouvoie ? Perso, j’aime quand c’est réciproque. »
Tout en écoutant la réponse de la minette, je me tourne vers sa mère et désigne la première d’un doigt, puis moi, Nathan et elle avant de faire marcher mon index et mon majeur puis d’enfin les tendre un instant vers le bord de la salle opposé au voleur repentant ; auquel je dis aurevoir d’un signe de tête, d’ailleurs, avant d’effectivement commencer ma marche à côté de la minette.
« Comment vous appelez-vous/t’appelles-tu, lui demande-je une fois que nous sommes hors de portée d’oreilles non concernées – les agents du BAM et le voleur, pour ne pas les nommer. Et, c’est votre/ton premier spectacle ? »
Même si je ne présente pas la moitié de ce qui m’est arrivé, c’est assez pratique d’avoir sa biographie disponible en DVD et sur internet à travers A Lucky Story ; quoi que les sites ne payent pas forcément les droits d’auteurs. Après, je ne mise pas sur les produits dérivés pour m’enrichir donc aucun souci à ce qu’on me regarde gratuitement, tant qu’il y a des gens pour payer le spectacle et me permettre de rembourser ma banque.
Voir ma fille heureuse est la seule chose qui compteJe les regardais alors qu’il était en train de parler sans que je ne puisse entendre ce qu’ils disaient. C’est alors qu’un grand brun atterrit derrière Lucky et malgré qu’il n'avait pas l’air hostile, il n’avais l’air très commode mais c’était la plupart du temps un atout pour les gardes du corps car une bonne image imposante peut déjà un peu dissuadé d’attaquer. De mon côté, je savais que si il se passait la moindre chose, je pouvais m’occuper de tous les gardes présents ici et je n’hésiterais pas si Emma se retrouvait en danger ou autre.
Je n’aime pas trop penser comme ça mais j’avoue être encore un peu méfiante et un peu sous la colère de ce qui s’était passé. Je sais que s' il n’y avait pas eu de garde pour nous tenir, il se serait relevé et j’aurais frappé une deuxième fois.
“Oui j’aime beaucoup ce que vous faites.”
Lucy parlait avec Emma et je voyais la joie sur son visage ce qui me fit me sentir un peu plus calme et moins méfiante même si le gros bras à côté de nous n’aidait pas trop.
“Vous pouvez me tutoyer, ça ne me gêne pas, ça me plaira aussi de pouvoir vous tutoyer.”
On commença à marcher alors qu’elles étaient encore en train de parler. J’aurais voulu me connecter télépathiquement pour leur parler ou au moins entendre ce qu'elles disent mais je savais qu’une telle connexion pourrait perturber surtout si on n'en avait jamais subi. Je savais qu’Emma était habituée mais c’était son moment alors je la laisse tranquille.
“Je m’appelle Emma Ranevskaia et la c’est ma mère Azael Ranevskaia.”
Avait dit Emma en me pointant du doigts avec un grand sourire que je lui rendis.
“Oui c’est mon premier spectacle, c’est ma mère qui m’en a fait la surprise tout a l’heure.”:copyright: 2981 12289 0
Voir ma fille heureuse est la seule chose qui compte
La minette aime beaucoup ce que je fais, cela me fait toujours très plaisir. J’agis primairement parce que cela me plait mais si ce n’est pas le cas des autres c’est, d’une certaine manière, une perte. Sans avoir l’espoir de changer leurs vies, j’escompte y apporter de la joie sur le moment, qu’importe la forme, et leur donner matière à s’enjailler dans le temps, par anticipation et souvenir. La joie est mon émotion de cœur et je ne serais plus vraiment moi si je la perds un jour. J’ai déjà très vite tendance à garder un souvenir amer ou à me focaliser sur des défauts que très peu voient, lorsqu’on parle de mes créations, ainsi de savoir que la joie a été transmise et appréciée me fait me dire que, même si je peux toujours faire mieux, j’ai fait suffisamment. Chaque spectacle est un tour de magie, difficile à apprécier lorsqu’on en connait les coulisses, mais si la magie opère sur les spectateurs alors c’est réussi. La magie a opéré, vis-à-vis de l’adolescence, et cela me ravi.
« Vous pouvez me tutoyer, ça ne me gêne pas, ça me plaira aussi de pouvoir vous tutoyer. »
J’ai un petit rire et opte pour le tutoiement. J’aime quand c’est réciproque, comme dit, ainsi n’ai-je ni préférence ni souci avec tutoiement ou vouvoiement tant que les deux partis emploient le même. Derrière moi, Nathan s’échine à traduire en langage des signes la conversation sans que je sache s’il le fait correctement ; puisqu’il est derrière moi.
A mon côté, la minette se présente en tant qu’Emma Ranevskaia, un prénom que j’adore et un nom que je ne saurais pas orthographier, avant d’en faire de même pour sa mère Azael. Je me retourne vers cette dernière, suivant le doigt et l’intention de la première, et lui sourit avec un acquiescement en me disant que j’ai réussi à retrouver le signe de l’amitié mais toujours pas de quoi faire des phrases utiles pour la conversation silencieuse. Frustrant. Heureusement, mon attention est vite détournée de la mère et de mes neurones par la fille et les siens : puisqu’elle me partage sa mémoire et les événements qui l’ont amenée ici. Ou plutôt la personne.
« Jo, dis-je en me retournant un instant vers Nathan, remercie-la pour son expertise en matière de surprise. »
De biais, je souris et acquiesce un instant après qu’il ait traduit mon remerciement. Je m’en retourne à nouveau assez rapidement, histoire de continuer à marcher droit et droit vers la sortie de salle latérale.
« J’aime beaucoup Emma, et pas que pour les jeux de mots. Mais si je dois t’en faire un qu’on ne t’a surement jamais fait, c’est Ema Nymton. Avec un seul M, pour que ça marche. C’est un pseudonyme internet que j’aime utiliser quand je veux rester anonyme tout en signifiant que je le suis, anonyme. »
"Ema" est une variante de "Emma" que l’on retrouve en espagnol, portugais et plusieurs langues slaves à ma connaissance. Evidemment, mon jeu de mot ne fonctionne qu’en anglais mais il est plus recherché, et moins vexant, que les classiques "Emma poire", "Emma tronche" et autres variations de l’objet possédé. Le principe du jeu de mot est le même mais en plus moi : il va dans le sens inverse des blagues habituelles, puisqu’il désigne une négation de possession et non une affirmation.
« Ema Nymton, si tu inverses les lettres ça donne Not My Name. »
C’est moins recherché qu’une anagramme et on n’est pas vraiment dans du cryptage mais j’ai fait ça pour m’amuser, pas pour faire compliqué. On n’est pas non plus sur du niveau de la Glossia, un langage codé fictif qui utilise l’idée générale et non le sens des mots, même si je ne l’emploi pas beaucoup puisque j’aime jouer sur les mots justement.
Histoire de que pas avoir à passer sous les loges le temps de rejoindre la mienne, de loge, les premières désignant les compartiments privatifs séparés des autres tribunes et placés sur les flancs du cadre de scène tandis que la seconde désignant mon compartiment privatif au sein des coulisses, je remonte la colonne de sièges la plus à droite jusqu’au niveau des deux doubles portes avant de traverser la rangée de sièges crèmes, fort heureusement relevés entre leurs accoudoirs et contre leur dossier. Malgré ma ferme croyance dans le théorème du hamster, "quand la tête passe tout passe", je dois faire attention à ce que la partie volante du bas de ma robe reste avec moi plutôt que d’aller batifoler dans un coin de siège qui me coincerait. Les quatre portes étant déjà ouvertes, je me retourne pour attendre les trois autres, à savoir mes deux invitées et Nathan, sachant que le dernier me fixe en me demandant du regard si je ne fais pas exprès de les faire ainsi crapahuter. Bien évidemment que non, je sais que j’y vais à défaut de savoir où je vais !
Je ne tire pas la langue à mon ami, préférant tendre la main à Emma puis à Azael afin de les aider à s’en sortir pour ne rien faire à celui qui, à partir d’ici, devra nous emmener à mon antre. C’est bête mais je n’ai jamais fait le chemin depuis le parterre, ou n’importe quel étage lié au foyer du public, jusqu’à ma loge. Je suis toujours passée par l’arrière-scène et les coulisses. Néanmoins, j’ai une demi-heure d’avance sur ma rencontre spectatrice et la découverte de nouvelles personnes qu’elle implique tout comme je me perturbe très bien toute seule alors laisser le guide faire le guide pour une personne de plus ne me gêne pas. Seule mon éventuelle odeur me gêne. Cependant, j’espère psychoter dessus toute seule comme cela je ne me perturberai que moi !
« Par ici, déclare et signe Nathan une fois la pole position prise, me laissant comprendre qu’il ne fera pas guide et traducteur en même temps ; chose qui signifie qu’il est un mauvais guide touristique !
- Minette, peux-tu me faire la traduction pour pas laisser ta mère hors de la conversation ? Meerci. »
Un couloir en U entoure la partie de la salle destinée au public et on entreprend de s’avancer dans celui-ci, où des groupes discutent encore dans leur chemin vers le foyer des spectateurs et la sortie. On se fait vite remarquer, notamment par des groupes descendants les escaliers qui mènent aux étages et qui ne nous tournent pas le dos dans leur marche, ainsi Nathan doit commencer à placer entre lui et moi ses mains comme des excuses souriantes mais fermes.
« Excusez-nous, demande-t-il en employant un double sens qui me fait sourire même si j’anticipe déjà l’attroupement si l’on ne parvient pas suffisamment rapidement au couloir latéral menant aux coulisses dont les doubles-portes précises que c’est réservé au personnel.
- Schwarzy, dis-je alors que je me place dans le dos de Nathan, lequel réagit immédiatement pour lever l’un de ses deux bras afin que je passe dessous et tendent les deux mains comme le sourire à l’encontre de la foule alors que mon garde du corps marche derrière moi, sa seconde main faisant signe à la foule de s’aligner alors que la première se rabaisse dans mon dos. Bonjour, comment allez-vous ? Merci à vous d’être venu. »
De sa première main, Nathan me touche le dos.
« Excusez-moi, dis-je à la personne que je gratifie de mon sourire et d’une poignée de mains où les deux miennes sont apposées sur la sienne, afin de pouvoir passer à la suivante. Bonjour, comment allez-vous ? Merci à vous d’être venu. Excusez-moi… Bonjour, comment allez-vous ? Merci à vous d’être venu. Excusez-moi… »
Alors que les gens s’attroupent dans le couloir et se bloquent mutuellement le passage, je continue mes salutations une à une en me décalant sur le côté vers le couloir secondaire qui nous intéresse. J’évite de compter le nombre de personnes que je croise quand je fais cela parce que les chiffres montent souvent à plusieurs dizaines, heureusement le couloir n’est pas énormément large ainsi ne dois-je pas avoir dépassé la quinzaine quand j’arrive à l’extrémité.
« Bonne soirée, dis-je en faisant coucou de la main à tout le monde pour donner le temps à Emma et Azael de passer derrière moi avant que Nathan ne revienne au-devant pour éviter qu’on soit suivi. Contente que ça vous ait plu et merci à vous d’être venu ! »
Je fais quelques pas en arrière avant de me tourner vers mes deux invitées, le cœur battant mais le sourire toujours présent, et de les inviter à reprendre la marche pour nous éloigner de la foule.
« C’est une technique que j’ai piquée à Arnold Schwarzenegger, dis-je avec fierté et complicité. Bon, lui il enchaine "comment allez-vous" par "oh, vous avez de la poigne", sachant qu’un compliment permet généralement de ne pas vexer les gens, mais bon avoir de la poigne face à lui et en avoir face à moi c’est pas la même histoire de gants ; même s’il s’agit de prendre des gants, en effet. Puis de toute façon c’est la faute de l’accompagnant, c’est lui qui donne le signal de départ. »
Je m’interromps en me disant que je suis peut-être un peu allée vite en besoin, non-pas au niveau des autres spectateurs mais au niveau d’une Emma qui a tout à traduire pour sa mère.
Voir ma fille heureuse est la seule chose qui compteLucy et Emma parlaient et l’homme qui nous suivait me traduisit ce que Lucy disait, elle me remerciait de mon expertise en matière de surprise et ça me fit un peu rire. Il fallait bon nombre d’expertise quand on avait une enfant et j’étais assez fière de moi en voyant la joie dans le regard d’Emma. Les deux parlaient et j’étais heureuse de les voir aussi proches et surtout le bonheur que je pouvais voir sur le visage d’Emma.
“Oh je connaissais pas mais c’est très drôle. Pis ça donne un bon casse-tête à ceux qui essaient de deviner d'où vient le pseudo.”
On suivit Lucy a travers les sièges pour arriver deux portes grandes ouvertes, elle nous fit un signe pour qu’on la suive. J’avais eu quelques doutes sur cette femme mais plus je passait de temps plus je pouvait sentir qu’elle était gentille et était sincère. L’homme qui nous accompagnait signa pour dire qu’il fallait aller par là.
“Oui aucun souci madame.”
C’est alors qu’on entra dans un couloir où bon nombre de fans attendaient Madame Orchent, je la voyais fou de joie, la saluant et elle qui répondait avec un sourire plus que sincère. Elle serrait des mains, faisant coucou, leurs parlait alors que son garde du corps faisait son job en se mettant de façon à pouvoir empêcher quoi que ce soit. On voyait que les deux étaient proches et qu’ils avaient l’habitude de faire ça. On finit par arriver à passer après quelques minutes j’avais entouré Emma de mes bras alors que l’on passait derrière madame Orchent pour rejoindre un endroit plus calme.
Alors que nous étions plus au calme, Lucy se mit à parler à Emma qui traduisit en même temps aussi vite qu’elle le pouvait ce qui me fit sourire, sourire qui était adressé autant à Lucy pour son histoire assez drôle et a Emma qui essayait d’impressionner madame Orchent en signant au plus vite. Emma rigola à l'histoire après avoir fini de tout me traduire.
“C’est une bonne technique.”
Je signa a Emma pour qu’elle puisse traduire à Emma.
“Ma mère dit que vous avez l’air d’être proches et d’avoir l’habitude de faire ça.”:copyright: 2981 12289 0
Voir ma fille heureuse est la seule chose qui compte
La mère rigole au compliment, la fille rigole au jeu de mot, je suis contente. Quand au casse-tête de comprendre mon jeu de mot, c’est souvent ainsi lorsqu’on m’implique : pour comprendre ce qui se passe dans ma tête il faut se casser la sienne, de tête, alors que la mienne, de tête toujours, se porte très bien malgré le mal de tête qu’elle peut provoquer ; chez les autres, essentiellement. Lorsque j’imagine mon esprit, je vois un lac alpin : une grande étendue d’eau à la surface placide mais aux entrailles agitées par des poissons et les courants apportés par les affluents dont le bleu renvoi à celui des cieux qui le surplombe, uniquement séparés de lui part les verts et les gris de montagnes qui s’élèvent vers eux comme se reflètent en lui. Après, je me doute qu’une mer ou un océan fonctionneraient également bien, voire mieux puisqu’ils connaissent des tempêtes, mais je suis de Suisse et niveau mer on est pas mal limité.
S’assurer que la mère suive, celle d’Emma pour le coup, est une mission que la fille accepte avec un "madame" qui me fait tiquer. "Madame Orchent", ou plus exactement "Madame Ganis-Orchent", c’est ma mère ! Je suis bien trop jeune pour avoir l’air d’une "madame" ! Emma demoiselle, ce qui est un jeu de mot aussi et se prononce avec l’accent lourdaud, risque d’avoir du "madame" aussi vis-à-vis de la réciprocité précédemment convenue ! "Madame", si je n’avais pas à m’occuper d’une foule j’aurais eu le temps d’être vraiment faussement outrée correctement !
La foule passée, je suis moi aussi passée à autre chose. Des explications techniques. J’apprends aussi souvent que possible et retiens principalement lorsque je suis en capacité de réutiliser les choses. L’Entertainment est un milieu utile pour cela, puisqu’on peut littéralement user de tout et de n’importe quoi, tandis que mon appartenance au post-modernisme m’amène à penser que tout a déjà été fait et qu’il s’agit désormais de reprendre du vieux pour recréer de la nouveauté. D’où le fait que je n’ai écrite aucune chanson de mon spectacle, me limitant à des reprises bien plus intéressantes à mon sens même s’il faut en payer les droits d’auteur. Tout comme celle de Schwarzy, sauf que je ne lui paie rien à lui. Mes respects, au mieux.
« C’est une bonne technique, approuve madame Emma avant de signer à Azael.
- Je trouve aussi, acquiesce-je avec le sourire, d’où que j’ai piqué. Toujours apprendre des autres.
- Ma mère dit que vous avez l’air d’être proches et d’avoir l’habitude de faire ça.
- Avec Schwarzy ? Nan, je l’ai croisé que… deux fois je crois. »
Lorsque Nathan, qui a terminé de demander à la foule de s’en aller par l’intervention d’autres agents de sécurité pour le relayer, revient vers nous je comprends que c’est de lui dont il était question.
« Ah, Jo… Oui. On a un peu grandi ensemble et il m’a déjà sauvée la vie.
- Et elle ne me payait même pas encore à l’époque, se vante-t-il avec un sourire avant de recommencer à signer.
- On ne parle pas du canyoning, lui dis-je avec un sourire amusé, consciente de la curiosité qu’il y a à parler de ce qui reste le pire moment de ma vie malgré la féroce concurrence de l’explosion mutante de samedi dernier ou des effrois que m’ont causé L’Elsa, la Gelé ou encore Luke Hunt.
- C’est toi qui le fera, pas moi, confirme-t-il avec connivence alors qu’il cherche à reprendre la tête du groupe. Après moi, je vous prie. »
Le couloir est plus calme et mène à un autre qui se conclu sur une double-porte "Personnel seulement" que Nathan ouvre puis tient le temps que l’on passe toutes les trois. A l’abri des coulisses et donc des rencontres de ceux qui n’ont rien à y faire, on a le loisir de reprendre une marche plus tranquille et bruyante.
« Que faites-vous dans la vie ? Si c’est pas indiscret, bien sûr. Si ça l’est, on devrait pouvoir échanger des informations indiscrètes. »
Ce qui est à moi est à moi, ce qui est aux autres est négociable sachant que j’ai la fâcheuse tendance à considérer le bien d’autrui comme le mien.
Ma loge ne tarde pas à arriver, une porte de plus parmi celles qui percent un couloir circulaire aux murs décorés d’affiches sous verre représentant des artistes, des spectacles et des festivals ayant eu lieu au BAM à travers les années. Nathan ouvre la porte et je prends le relais pour guider mes invitées dans une pièce d’un peu moins de dix mètres carrés qui prend une forme de L du fait d’une sous-pièce fermée. Sur la première partie, visible depuis la porte, il y a un petit salon avec deux canapés et une table basse. Les murs au-dessus et au fond sont couverts de photographies et d’articles sur de précédents artistes. De son côté, la partie restreinte est occupée par une maquilleuse et des armoires au côté de laquelle se trouve la porte vers la sous-pièce hébergeant une toilette et un évier.
« Installez-vous ici, dis-je en désignant le canapé le plus proche, celui qui fait dos au petit couloir d’entrée, je vous prie. »
D’ordinaire, j’ai une demi-heure pour reprendre mon souffle, enlever la robe, passer aux toilettes, me faire une toilette de chat et enfiler autre chose afin d’accueillir le détenteur du numéro chance dans les meilleures conditions possibles mais là je vais devoir bien prendre sur moi. The Show Must Go On, comme on chante. Cette journée aura été inhabituellement difficile, entre la violence de ce matin et celle de ce soir. A choisir, je reprends cette seconde parce que d’une elle n’est pas de ma faute et de deux j’ai pas l’impression d’être en danger face à un énième surhumain. Cette semaine aura été spéciale par rapport à ça : en cinq jours, j’ai croisé quatre surhumains dont trois m’ont mis en danger. J’ai eu l’idée avec la rencontre de ce matin, entièrement de ma faute contrairement aux autres, d’un raisonnement et d’une présentation pour essayer de ne pas céder à la peur croissante des individus à pouvoirs et de partager cet antiracisme mu par ma volonté d’essayer de voir les individus au-delà de leur seule dangerosité… mais à tout enchainer, ça use.
Je m’assois un peu lourdement sur le canapé face à mes invitées, regardant par habitude Nathan qui reste dans le couloir d’ordinaire, dans leurs dos, afin de ne pas se mêler de la conversation tout en pouvant aisément intervenir, et d’un angle que les invités ne voient pas, au besoin. Le hic étant que ce soit, il a été impliqué comme traducteur et qu’Azael pourrait très mal réagir puisqu’elle ne l’entend pas derrière elle. Du coup, je lève une main pour lui indiquer avec deux doigts de venir s’assoir à côté de moi. Je me décale donc plus ne plus être au milieu de MON divan et me contente de ma salive pour tâcher de réhydrater ma gorge. Maintenant que je m’assois, j’ai l’impression de me prendre une chappe de plomb sur le corps ; le proverbial coup de barre se transforme en coup de filet chez moi, ce soir ! Heureusement, je tiendrais le coup, ou les coups puisqu’il s’agit du proverbial coup comme de celui de barre et de filet, sans coup férir ! Evidemment, on ne parle que de coup au sens figuré, pas au sens m’arrivant dans la figure…
« Comme c’est votre premier spectacle et que vous n’avez pas vu le mien, de premier spectacle, vous ne connaissez pas encore ma biographie, dis-je avec aimabilité avant de marquer une pause souriante pour que Nathan traduise. Des questions ? »
Voir ma fille heureuse est la seule chose qui compteMadame Orchent répondis d’abord en pensant que je parlais d’Arnold Schwarzenegger puis compris que je parlais de l’homme qui nous avait accompagné depuis la scène. Elle répondit à Emma qu’ils avaient grandi ensemble et qu’il lui avait déjà sauvé la vie, Emma me traduisit tout ça pour que je sois dans la conversation autant que possible. l’homme continua en disant qu’elle ne le payait même pas à cette époque et ça me fit sourire. On reprit le pas alors que l’homme menait le groupe, de notre côté Madame Orchent nous demanda ce qu’on faisait dans la vie en ajoutant une phrase qui me fit rire.
“Ma mère travaille en tant qu’infirmière dans une école pour surdouée, je l’ai suivi et intégré cette école. C’est une école assez cool avec beaucoup de gens sympas."
On continua dans le couloir avant d’arriver à une qui donnait sur la loge de madame Orchent, l’homme ouvrit la porte et elle nous guida dans sa loge. elle nous indiqua un petit canapé en nous demandant de nous installer ici. Emma et moi s'asseyons sur le canapé en regardant tout autour pour admirer sa loge. Elle s’asseya devant nous et fit signe à son garde du corps de venir sûrement pour qu’il puisse traduire et qu’Emma puisse se concentrer sur elle.Elle reprit en disant qu’on ne devait pas avoir lu sa biographie étant donné que c’était notre premier concert et nous demanda si on avait des questions.
“Oui c’était mon premier concert mais je l’ai trouvé géniale, ça a été un peu dur pour nous ces derniers temps entre ma disparition à cause du snap et notre passée un peu dure, on avait pas l’occasion de faire des concerts ou d’autre trucs dit normaux.”
Lorsqu’elle parla du snap, je me rappela ces 5 années qui fut pour moi les pires que j’ai pu connaître, J’avais su ne pas tomber très bas et avait décidé de faire du bien et de ne pas rester sans rien faire mais je ne sais pas si j’aurais pu continuer à vivre si le blip n’avait eu lieu.
“Depuis le blip tout va mieux, mes deux mamans sont extraordinaires et j’ai beaucoup de chances même si leurs travaille font qu’il ne se voit pas souvent.”
Le fait qu’Emma parle de ça ne me dérangeait pas et je n’en avais pas honte, j’appréciais aussi qu’elle soit aussi à l'aise avec cela.:copyright: 2981 12289 0
Voir ma fille heureuse est la seule chose qui compte
Madame Ranevskaia est infirmière dans une école pour surdoués, j’acquiesce avec une pointe de curiosité sur leur manière d’aborder les cursus scolaires du fait. Israfil Omardha avait son interprétation bien personnelle, suivant les grandes étapes et nous signifiant quels étaient les apprentissages qu’on devait faire durant l’année avant de nous emmener à apprendre comment apprendre puis de nous laisser faire notre tambouille avec les objectifs. Maximiser l’apprentissage et la créativité, non les choses que l’on apprenait. J’ai pas à m’en plaindre. Quant à madame Ranevskaia juniore, elle est scolarisée là-bas et en est pleinement contente ; plus pour les autres étudiants que pour les cours, puisqu’elle parle des premiers.
« Es-tu HPI toi-même ou juste pistonnée ? »
La question est aussi spontanée que sincère et je ne vois pas le mal d’être pistonné, même si je comprends que ceux qui ne le sont pas puissent trouver cela injuste. C’est injuste. Cependant, l’entièreté de la vie est injuste et inégale. De plus, le piston est utile lorsque l’on maîtrise les poignées de mains.
Une fois installée, je retourne la curiosité vers moi avec habitude de celle-ci ; généralement, je suis le premier sujet d’intérêt des gagnants du numéro chance. Chose qui booste l’égo et réclame pas mal d’indiscrétion mais me convient parfaitement. L’échange d’informations indiscrètes évoqué tout à l’heure me permet de pas mal temporiser la discussion ; comme tout échange se voulant équivalent. Actuellement, j’obtiens bien plus que je n’ai demandé. Si je souris lorsqu’il est question d’avoir trouvé le conte musical génial, je perds rapidement mon contentement puisque les Ranevskaia ont eu des "derniers temps" assez durs. Emma a été Snapée, j’en prends considération avec une tristesse et une compréhension d’avoir été dans son cas. Le passé familial aussi était "un peu dur" et je ne pense pas qu’il soit agréable d’en parler. "Pas l’occasion de faire des concerts ou d’autres trucs dit "normaux"", je prends une inspiration nasale et acquiesce sobrement.
« Les épreuves et les difficultés nous apprennent la valeur qu’on donne aux choses, dis-je avec philosophie. Nous avons tous eu une seconde chance avec le Blip et il nous revient de l’utiliser correctement, maintenant qu’on sait la valeur de ce qu’on avait perdu. De ce qu’on a retrouvé. »
Evidemment, les Snapés ont la partie la moins difficile à mes yeux : on a à reconstruire avec les autres mais on n’a pas réellement perdu les choses. Les autres, les survivants, nous ont perdu et ont dû se reconstruire avant de voir cette reconstruction détruite avec notre retour. Ainsi doivent-ils se reconstruire à nouveau.
« Depuis le blip tout va mieux, mes deux mamans sont extraordinaires et j’ai beaucoup de chance même si leurs travails font qu’il ne se voit pas souvent. »
Si je suis impressionnée que tout aille mieux depuis le Blip, pour avoir une situation bien plus compliquée à présent que ma famille a évolué pendant cinq ans sans moi et doit remettre en question son deuil de ma personne, je n’acquiesce qu’au fait que les Ranevskaia soient homosexuelles. Une information comme une autre mais qui rend l’adoption, et donc le peu de différence d’âge, beaucoup plus probable. Après, la fin de la phrase m’interloque sur des problèmes de langues : je ne localise pas qui est le "il" qui ne se voit pas souvent. Entre le singulier, audible en anglais, et le masculin, je ne pense pas que cela se rapporte aux deux mamans et il ne me semble pas qu’il s’agisse des travails ; lesquels sont aussi au pluriel.
« Qui est "il", demande-je donc en me penchant en avant, anticipant qu’il s’agisse des mères et donc d’une faute d’anglais. Et tu es adoptée du coup ? »
J’ai un souci avec l’adoption, d’un point de vue évolutif comme culturel. Culturellement, d’accord l’éducation pourrait permettre de compenser la différence de classe sociale native si l’enfant est pris suffisamment jeune mais la lignée reste importante également et je ne suis pas certaine qu’un adopté puisse réellement sortir de cette condition bâtardisante ; au sens d’enfant illégitime. Scientifiquement, on existe pour reproduire nos gênes ainsi adopter ne devient logique que si on est dans cette incapacité or la technologie est en phase de régler le problème par modification génétique sur des cellules souches pour pouvoir produire des spermatozoïdes à base d’ADN féminin. Certes, cela coûte cher et une infirmière, même dans le privé, ne doit pas pouvoir se le payer mais on rentre dans la considération précédente, l’incapacité, et je ne suis pas dans son cas. Mon lignage est néanmoins complexifié par la séparation de l’héritage et je n’aurais pas forcément besoin d’avoir des enfants pour les perpétuer, lignage comme héritage, donc je verrais quand j’y serais.
Pour l’instant, je récolte des informations concernant les Ranevskaia dont les équivalents me concernant sont trouvables sur le net comme dans mon spectacle précédent… mais que l’absence de l’un et de l’autre me permettront de partager comme si cela n’était pas le cas !
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