Merci ma Chance, la BAM n’est pas qu’une salle de spectacle mais également un centre culturel. Situé au 30 Lafayette Avenue, dans le quartier historique de Fort Greene de Brooklyn, le Peter Jay Sharp Building est en bâtiment de style néo-Renaissance en forme de U, possédant une cour intérieure non-visible depuis la rue. Une base de granite supporte des briques aux couleurs crème garnies de terre cuite avec des détails de marbre dessus se retrouve tant dans la rue que dans les intérieurs. Je ne suis encore jamais arrivée ici aussi tôt. D’ordinaire, je n’y viens qu’à 18h pour jouer mon conte musical au Howard Gilman Opera House, de 20h à 21h30. Les choses sortent de l’ordinaire, néanmoins. L’explosion subie samedi dernier ne m’a pas empêché de vouloir aller piqueniquer lundi midi, au contraire je préférais manger dans un endroit qui ne risquant pas de nous tomber sur le museau comme l’a fait le resto, ni d’aller travailler lundi soir. Je n’ai ni le temps d’être blessée ni celui d’être malade. Merci ma Chance, l’un comme l’autre ne m’arrive que très rarement. Ce qui m’en fait revenir à mon premier remerciement : le fait que le BAM soit également un centre culturel et possède donc des salles secondaires à celles de spectacles. Salles où j’ai pu demander à passer des auditions pour un futur projet dont je n’ai rien dévoilé au moment de la demande. Après l’acceptation, j’ai expliqué qu’il s’agissait d’auditionner des gardes du corps supplémentaires, pour les grandes occasions. Nathan a été le premier à m’en parler, plus que conscient que, sans capacités surhumaines, son entrainement militaire et son excellence martiale risquent vite de se retrouver pris de court si on se retrouve face à des mutants ou autres dangers surhumains. Le boulot d’un garde du corps n’est pas de vaincre la menace mais de permettre à sa charge d’y échapper, certes, mais il préfère avoir des renforts ponctuels pour les grandes occasions ; ou les risquées. D’accord, nous n'étions pas au Summer Fest et il ne s’y est pas passé la même tragédie qu’au Jour des Héros… cependant si de nouveaux attentats analogues ou de simples super-criminels nous impliquent… Ou si je continue à vouloir rencontrer des super-héros qui n’apprécient pas la blague que je représente et y réagissent comme si j’étais une super-criminelle… Prendre les devants pour assurer nos arrières en ayant des atouts de côté, j’ai bien compris ce que Nathan ne disait pas ainsi. J’ai aussi compris que passer au travers d’une vitre sans pouvoir rien faire l’a marqué et je ne parle pas que de cicatrices dans son dos. Effectivement, si Bucky Barnes s’était avéré agressif lors de notre rencontre, on n’aurait pas pu s’en sortir sans casse ; et je ne parle pas des cicatrices sur l’arrière de ma pauvre Lucky Mobile. Pire, je veux user d’une excuse bidon pour rencontrer les Gardiens de la Galaxie et ils pourraient réagir très mal à ma tentative d’espionnage ; une réaction probablement juste mais possiblement disproportionnée. Si j’ai vraiment l’intention de m’amuser à côtoyer des gens comme ça… Enfin Bref, pour résumer la situation :
« Je comprends bien que ça te facilite le transit intestinal au point de t’en donner la colique et des envies d’alcoolique mais… c’est pas un signe de faiblesse que de l’admettre, lui ai-je assuré en le fixant droit dans les yeux et faisant une pause de plusieurs secondes. Au contraire, c’est une force : tu reconnais tes limites et ne laisse pas ta fierté t’en distraire. Merci.
- De rien, m’a-t-il répondu en soutenant mon regard. Du coup, on fait comment ?
- Nathan, ai-je dit en lui prenant la main dans la mienne et en lui offrant mes plus beaux sourires et regards, tu te débrouilles. »
Il trouve les contacts, on interviewe les contacts, Enzo rédige les contrats-types. Si on a besoin d’eux, on les appelle. S’ils répondent présents, ils en signent un. Ils sont payés un certain taux-horaire avec une prime s’ils se retrouvent en situation de danger réel et une autre accompagnée d’une prise en charge de leurs frais médicaux s’ils sont blessés. Ils s’engagent à suivre nos directives et à respecter mon image de marque sans quoi ils me doivent des dommages et intérêts. Ils se blessent pour moi, je paie. Ils me blessent, ils paient. Classique. Evidemment, Enzo saura poser quelques autres détails légaux qui me couvriront voire feront sauter tout garde du corps ne restant pas à sa place d’une manière ou d’une autre. Le contrat doit faire une vingtaine de pages, parce que je sais très bien que les quatre-vingt-dix qu’on peut faire dans la banque ça démotive rien qu’à la lecture.
L’idée comme la discussion ne date pas d’hier, ou de cette nuit, d’où que Nathan ait déjà eu des retours d’agences de prestation dans la protection à la personne. Ainsi, plus surprenant, que d’indépendants. D’un autre côté, les gardes du corps surhumains ne courent pas les rues et je veux pouvoir choisir ceux que j’engage, donc pas de package de plusieurs parce qu’ils savent travailler en équipe ; j’ai un agent et je sais comment ça fonctionne, on fait passer les moins bons en équipe avec les meilleurs. Une équipe est un plus, oui, mais ses membres seront aux ordres de Nathan donc ça peut causer des frictions s’ils fonctionnent trop en indépendants. Et ça je veux pas.
A chaque CV qui m’a été soumis, Enzo et moi avons fait des recherches internet sur la personne et l’un desdits indépendants nous a laissé, disons, bouches bée. Luke Hunt. Il est nouveau dans le métier, c’est un mutant qui "possède une force, une vitesse et une résistance accrue" qui lui permettent "d’être un meilleur protecteur et garde du corps pour n’importe qui". Sens plus développés "que la moyenne" qui lui permettent "d’être un meilleur chasseur et pouvoir retrouver les gens bien plus vite que n’importe qui". Quand j’ai lu ça, je me suis dit d’abord qu’il était effectivement très nouveau dans le métier : ni formation, ni mise en avant de ses capacités non mutantes. Ensuite, qu’il y a des sous-entendus qui me gênent franchement. Toute la partie sur la chasse, en fait. C’est un prédateur, pas un protecteur. A lire les "termes de ses contrats", j’avais presque l’impression qu’il était ironique. J’aurai balancé cela si la recherche internet n’avait pas dévoilé que le même Luke Hunt est le propriétaire de multiples galeries d’art à travers New York City et, d’après les informations que j’ai pu trouver, qu’il est parvenu à en dégager une fortune estimée à 500 millions de dollar. A défaut d’être sensible au mesurage de phallus pour trois raisons, les deux premières évidentes et la troisième liée au fait que j’hérite ma fortune à coup de dix millions par ans via des transferts de propriétés et d’actifs plutôt que de la gagner avec ce que je fais histoire de limiter les taxations, je suis épatée qu’un type qui semble parti de rien ait pu amasser autant en une vie. J’ignore combien vaut la Société de Conversation Orchent, qui se sert des prêts d’œuvres pour diminuer nos taxes, mais Luke Hunt a surement fait mieux. Pour m’être intéressée au système de taxation américain, je sais qu’il fonctionne par répartition tripartite comme en Suisse : un impôt fédéral, un d’Etat et éventuellement un local dans certaines villes ; dont New York City fait partie. Pour avoir amassé 500M de patrimoine sans bénéficier d’un héritage, Luke Hunt doit soit avoir une optimisation fiscale extrêmement performante, et dont je ne trouverai aucune information publique, soit il a dû posséder plus d’un milliard avant que les taxes ne lui en prélèvent plus de la moitié. Et je parle sur son seul patrimoine personnel, pas sur le chiffre d’affaires de ses différentes galeries qui dépend de l’entreprise de gestion et non de sa fortune à lui ; chiffre d’affaires devant donc s’élever à plusieurs milliards, lui. S’il n’y avait pas cette histoire inquiétante, je considérerais que le mec est un dieu de la spéculation qui a bien plus à faire sur les bourses alimentaires que dans l’art mais, comme m’a dit Papy, "l’art c’est quelque chose où tu ne comprends pas pourquoi les gens sont prêts à payer aussi cher pour et où tu comprends encore moins s’ils t’expliquent" ; et puis Luke Hunt a bien mieux réussi que moi donc je ne peux pas vraiment critiquer. Enfin, si : cette histoire de chasseur.
Sens plus développés "que la moyenne" qui lui permettent "d’être un meilleur chasseur et pouvoir retrouver les gens bien plus vite que n’importe qui". Chez un détective privé, s’eut été inquiétant. Chez un garde du corps, qui n’est pas sensé perdre la personne qu’il protège, c’est terrifiant. Et les termes de contrats : "pas de meurtres, de torture ou d’agression. Pas de protection de criminels". Nathan ne veut pas qu’on le croise. Le mec est peut-être un prodige de la spéculation sur l’art mais il sent le dérangé à plein nez. Enzo voudrait qu’on fasse suivre le CV aux autorités compétentes, NYPD surement. Nathan approuve totalement le fait de soumettre à des mecs possiblement corrompus des soupçons sur des créatures qui auraient intérêt à les corrompre et qui doivent représenter le meilleur des dangers publics dont on cherche justement à se protéger ; mais qu’attendons-nous ? Le niveau d’humour cynique et ironique est apprécié mais le problème reste entier. Surtout que si Luke Hunt a répondu personnellement à l’annonce, il doit connaitre mon identité ainsi l’éconduire équivaut possiblement devenir sa proie. "Encore ma Chance", selon Nathan. La mienne, pas la sienne, sinon il n’y aurait pas de majuscule. Je suis dubitative quand au retour de Chance, en effet, mais je suis également confiante qu’entre Chance et talent on va s’en sortir. Nathan a remis sur le tapis mes inventions : le seul moyen de se protéger efficacement selon lui. Non. Je voulais construire des solutions, pas des armes, et on peut justifier l’existence de toute arme comme dissuasion ou moyen de se défendre ; on peut même les utiliser ainsi. Cependant, à partir du moment où l’arme existe, il y aura des gens pour détourner son usage offensivement. Je ne veux pas que cela arrive avec mes bidouillages. Ils devaient être une réponse rêvée à des problématiques réelles, pas des problèmes réels à des problématiques… malheureusement réelles aussi. On vit dans un monde de dieux et de monstres, je ne veux pas en créer de supplémentaires pour me sentir en sécurité.
« Tâche de changer d’avis avant que l’un de nous meurt, ça serait bête de rater ça, hein ? »
Parfois, il y a des phrases qui me marquent à vie. Souvent, je les trouve toute seule ; mes pensées du jour. "J’ai le croupion tellement bordé de nouilles que je pourrais m’en faire un trône mais j’ai pas envie d’en être la reine". "Comme disait Berlioz, le compositeur par l’aristochat, la chance d’avoir du talent ne suffit pas ; il faut aussi le talent d’avoir de la chance". Parfois, ce sont d’autres personnes qui les trouvent. "L’art c’est quelque chose où tu ne comprends pas pourquoi les gens sont prêts à payer aussi cher pour et où tu comprends encore moins s’ils t’expliquent". "Tâche de changer d’avis avant que l’un de nous meurt, ça serait bête de rater ça, hein ?"… Je pense que s’en est une.
J’y repense sans arrêt dans cette salle de danse. Parterre adapté, miroir avec barre horizontale sur le mur du fond, une table avec deux chaises d’origine et deux de plus récupérées dans la salle d’à côté. C’est ici que l’on va mener les interviews. C’est ici que l’on va rencontrer physiquement Luke Hunt. J’ai la gorge légèrement nouée et le cœur légèrement serré mais je sais qu’il ne nous arrivera rien ici. L’objectif étant qu’il ne nous arrive rien en conséquence de ce qui arrivera ici. J’ai des idées, toujours, et il me faut les transformer en plan pour neutraliser la menace. Pas l’affronter, pas la vaincre, la neutraliser. Nathan tend à la promesse de destruction mutuelle, logique armée sensément dissuasive et totalement favorisée par les USA : les citoyens ont moins de chance de s’agresser entre eux s’ils peuvent s’entretuer et les pays ont moins de chance de se déclarer la guerre entre eux s’ils peuvent s’atomiser. Trop Guerre Froide pour moi. Technique de dernier recours, en somme, mais militaires et gardes du corps sont un outil de dernier recours : idéalement, ils font de la figuration. Et en parlant de figuration, de garde du corps et de militaire…
Nathan a sa tête des instants de réflexion intense, lesquels s’accompagnent souvent d’un besoin de soulager sa vessie. Son mètre quatre-vingt-cinq semble un peu plus petit alors qu’il a la tête penchée vers l’avant, fixant ses bras croisés aux muscles dissimulés dans deux paires de manches : celle de sa chemise blanche, au col ouvert, et celle de sa veste gris foncé, totalement ouverte, toutes deux d’une taille trop grande, afin de facilité les mouvements. Son pantalon de toile est assorti à la veste et ses chaussures sont des baskets de cuir destinées à essayer de toucher un public aisé qui ne jure que par les chaussures de ville. A l’arrière de sa ceinture se trouve une petite matraque électrique. D’ordinaire, je trouve son visage gentil mais il a présentement cette dureté acquise dans les épreuves de l’armée. Au centre, ces yeux bleus sont froids. Concentrés. Sa bouche plate est pincée et l’encadrement de pilosité châtain de trois jours qui encadre ses lèvres comme son visage entier ne suffit pas à radoucir. J’imagine que c’est cette expression qu’il a lors d’une fusillade ou d’un combat à mains nues ; jamais vu d’assez prêt et je ne m’en plains pas. Je l’ai déjà vu étaler une dizaine d’autres pratiquant de MMA, moyennant des techniques interdites par les sports de combat. Avec ses 26 ans, il est au pique de sa forme physique.
Enzo est assis à la table, positionnée face au miroir afin que l’on puisse au mieux observer notre candidat. Il est légèrement plus grand et pas mal plus fin que Nathan, avec un mètre quatre-vingt-sept. Vêtu d’un costume trois pièces à la veste et au gilet du même gris carrelé que son pantalon de toile, sa chemise blanche fait contrepoint mais n’est guère visible puisqu’une cravate, disparaissant sous le gilet, vient également la dissimuler. Ses cheveux mi-longs bruns lui tombent sur les épaules et son visage marque par son nez proéminent et sa mâchoire forte plus que par ses yeux marrons qui inspectent le plan de travail qu’il a préparé : exemplaires du contrat-type, carnet de notes pour lui, quatre petites bouteilles d’eau indiquant les places… Il approche de la trentaine et a ce que j’appelle "le charme italien et la classe anglaise".
Je les dévisage tout deux à travers le miroir, dans lequel je termine de composer mon expression. Avec mes talons hauts, je monte au mètre quatre-vingt. Les escarpins noirs sont surplombés d’un jean assorti, tout comme celui de ma veste de tailleur. Tous sont légèrement plus gris que mon soutien-gorge, lequel est pleinement visible du fait de mon absence de chemise. J’ai enlevé celle-ci et l’ai rangée afin d’évaluer la réaction des candidats à mes excentricités physiques et comportementales. Nathan a beau être clair sur le fait qu’il me sauterait bien, il n’a jamais eu un geste déplacé ou un regard trop appuyé alors même que l’on partage littéralement la même chambre. Il en va de même pour Enzo, si ce n’est qu’il me trouve trop insupportable pour être baisable et qu’il a toujours préféré ma sœur ; la plus intelligente des deux. Néanmoins, si me voir trop peu couverte déconcentre trop la personne, je prends le compliment mais pas forcément celui qui le fait. Et s’il y a un mot déplacé à ce propos, c’est les deux qui peuvent aller se balader. Artiste et danseuse, je ne suis pas pudique ; je fais ce que je veux et s’il y en a pour faire des commentaires, ils peuvent aller les faire ailleurs. Ou mieux, s’entrainer à les garder pour eux ; ça permettra peut-être qu’un jour quelqu’un les gardes eux. Réflexion faite, je défais même l’unique bouton de ma veste et retire l’élastique qui maintenait mes cheveux roux en queue de cheval, les laissant se balader à leur guise ; ils sont polis, eux.
« Bon, dis-je pour casser le silence alors que l’horloge que j’observe dans le miroir n’est pas capable de sonner l’heure du rendez-vous. Jo, tu vas le chercher ? »
Je suis Suisse, je n’arrive jamais en retard. Ni en avance d’ailleurs. J’arrive toujours à l’heure que je prévois. Sauf quand il y a des embouteillages ou que je ne me stresse pas sur l’horaire. Aujourd’hui, le rendez-vous était à 9h. Enfin, 09 : 00 A.M. comme ils disent. Entre ça et l’absence de rez-de-chaussée, on s’y perdrait dans le temps et l’espace.
Après m’être retournée, je m’en vais accueillir un candidat plus impressionnant encore que Nathan. Candidat que Nathan a dû accueillir poliment et professionnellement, quoi qu’un peu froidement. C’est lui le mec sérieux qui se fait du souci pour moi, l’artiste excentrique qui pense en mouvement et à elle d’abord.
« Bonjour monsieur Hunt, dis-je en avançant vers lui avec le sourire, d’abord toute entière puis de la main seulement pour une poignée qui, pour ma part, est énergique et tendue. Puis-je vous appeler Luke ? Je suis Lucky, Luke. Et ceci est une référence francophone à un homme qui tire plus vite que son ombre. Le faites-vous ? »
Ma voix est mélodieuse et mon parlé italien, rapide, s’accompagne d’un accent français qui explique surement la référence se voulant humoristique. Mes yeux d’un vert d’eau sont vifs et observateurs, tout aussi avides de détails que ma main ne l’est durant les instants de notre échange. Celui-ci terminé, j’indique de la main ainsi libérée la chaise face à Nathan et Enzo, tous deux debout derrière leurs chaises. Le second s’en vient même pour une poignée de main.
« Enzo Lombardi, l’avocat. Enchanté. »
Il accompagne son geste de la main d’un mouvement de tête et d’un sourire puis retourne son attention vers moi.
« Asseyez-vous, je vous en prie. »
Mes deux collègues le font, Enzo s’en allant prendre l’un des documents préparatoires ; le CV de Luke Hunt, tel qu’il nous l’a communiqué. Nathan, lui, me surveille alors que je papillonne sur le flanc de la table en détaillant Luke Hunt sans me cacher, tête penchée et pas marqué par le son de mes talons ; quoi que le sol le diminue légèrement.
« Voulez-vous vous présenter d’abord, demande cordialement Enzo, ou préférez-vous que l’on vous pose des questions directement ? »
Depuis que j’avais décidé de me racheter et de devenir moins meurtrier dans ce que je faisais, les contrats étaient moins fréquents ou c’était encore pour tuer mais à part celui que j’avais eu avec Rowles et que j’avais finit par faire gratuitement, j’avais enfin trouver une opportunité de travail. Un job de protection pour une star, ce n’était pas les trucs que je préférais faire mais en ce moment je m’ennuyais vraiment alors je n’allais pas le laisser passer.
Je n’avais pas perdu mes habitudes et avait effectué quelques renseignements pour m’assurer qu’il n’y aurait aucune mauvaise surprise. Et après de nombreuses recherches, je constatait qu'à part de l’excentricité et une petite folie elle était complètement blanche. Je n’avais donc aucun souci à me faire de ce côté. C’était le jour de l’entretien, levé à 6h pour être à 7h et partir dans la foulée. J’arriva la bas avec 20 minutes d’avance et attendis donc tranquillement en inspectant le lieu où elle avait décidé d’ou aller se passer l’entretien. C’était un centre culturel où se passaient de nombreux spectacles en tout genre. Elle avait dû choisir cet endroit car c’était un endroit qu’elle aimait bien et où elle se sentait bien.
Après un petit moment d’attente, un homme vint vers moi et me dit de le suivre jusque dans une pièce ou se trouvait Lucy Orchent ainsi que deux hommes dont un ressemblait beaucoup à son garde du corps et qui n’avait pas l’air de beaucoup m’aimer vu le regard qu’il me portait. A peine arrivé, madame Orchent s’avança vers moi et me serra la main énergiquement. Elle me demanda si elle pouvait m’appeler Luke avant de faire un blague et une petite référence à Lucky Luke.
Avait dit je en lui adressant un sourire sincère. Elle me montre la chaise où m'asseoir et avant de me diriger vers cette chaise son avocat vint me serré le main.
“Enchanté moi aussi”
Dit je avant de m’asseoir suite à la parole de madame Orchent. Je sentais que je les intriguais beaucoup et j’avais remarqué que madame Orchent m’observait mais je n’y fit pas attention.
Il me demanda si je voulais me présenter ou si je préférais les questions et j’avais une certaine préférence.
“Vous pouvez me poser des question, c’est mieux qu’une longue présentation ennuyante.”
Non contente d’avoir le droit à une poignée de main décevante d’un point de vue analytique et pas le droit à un regard curieux sur ma tenue ce qui est légèrement vexant, j’ai le droit à un "madame Orchent" en plein museau qui témoigne de sa rigidité et n’ai pas le droit à une réponse à la question qui importe le plus dans ma présentation ; à savoir si Luke Hunt tire vite ou non. Mon sourire vacille un peu, même lorsqu’il me sourit également, et j’entreprends de le disséquer malgré les déconvenues. Grand front, nez imposant, yeux qui me semblent grands, menton aigu ; profil morphopsychologique cérébral et latéro-nasal, qui suggère une cognition à prévalence intellectuelle et émotionnelle. Costume sur mesures avec gilet, cravate épinglée et chemise haut col, le tout totalement noir : critères de la classe sociale supérieure en représentation avec volonté de souligner la tête et donc l’intelligence, tout en ayant un aspect mystérieux voire morbide par surutilisation du noir ; lequel se trouve également dans cette pilosité entretenue mais fortement présente puisqu’elle encadre son visage et le perce au travers du marron foncé de ses yeux. La cravate est de soie, donc cher en plus du costume. Les chaussures, elles, sont à l’égal du reste. Jusque-là, il n’a rien de surprenant et colle effectivement plus à un membre de la mafia cherchant à faire parti des élites notables qu’à l’inverse. Pour quelqu’un dans l’art, il ne sait pas manier les couleurs. Outre l’association d’idée avec la mafia qui me ramène à une possibilité de blanchiment d’argent pour justifier que ses galeries d’art aient rapporté autant d’argent en aussi peu de temps, il faut également tenir compte d’un autre détail morphopsychologique au-delà de son profil. Sa carrure. Nathan s’entraine quotidiennement pour avoir un poids équivalent aux nombres de centimètres qui lui font dépasser la centaine et, tout charmant qu’il soit, c’est un bœuf. Sauf que Luke Hunt est légèrement plus grand que lui et, à défaut de savoir à quel point il est sculpté sous les deux ou trois épaisseurs de vêtements qui restreignent ses mouvements, il me semble plus massif encore. Une armoire à glace, contenant probablement du whisky ; non que Luke Hunt ait l’air alcoolique mais peu de boissons ont une connotation aussi classieuse. Du vin ? Rouge alors.
« Vous pouvez me poser des questions, c’est mieux qu’une longue présentation ennuyante.
- Hunt, c’est un pseudonyme ou un nom de famille, demande-je immédiatement tout en notant mentalement que le refus de présentation n’est pas motivé par une volonté de rapidité mais par l’anticipation de l’ennui ; ce qui est possiblement un trait de son caractère, souvent constaté chez les personnes atteintes du trouble de la personnalité antisociale, et une motivation à ne pas rester dans la confortable vie du spéculateur artistique, même si la spéculation demande des compétences d’anticipation et de réactivité beaucoup plus intenses qu’on ne le croit surtout lorsqu’on implique des négociations et de l’acquisition à but spéculatoire, ce qui pourrait expliquer qu’il joue les gardes du corps et donc être une motivation par nécessité de stimulation que l’art n’arriverait pas à lui apporter. Dans le second cas, c’est lié à la profession de vos aïeux ? »
L’origine des noms de famille est souvent quelque chose de très intéressants à étudier. La pléthore de "Smith" des anglosaxons vient du fait que cela signifie "forgeron" et qu’il y en avait un dans quasiment chaque ville, la reproduction intergénérationnelle donnant "la famille du forgeron" puis juste "la famille forgeron" ; quoi qu’en français, on parle des familles "Fabre" ou "Lefèvre", toutes aussi courantes. Hunt pourrait donc signifier chasseur et qu’il soit hérité ou adopté fournirait également des indices conséquents. Je n’ai jamais réussi à savoir ce que signifiait réellement Orchent, d’ailleurs, mais c’est un hors sujet dans mon hors sujet alors on va peut-être revenir au sujet ; chose à laquelle Luke devrait m’aider. Pour peu qu’il y réponde réellement, cette fois.
Mon interruption passée, Enzo reprend la menée de l’entretien jusqu’à tant qu’on la lui pique à nouveau.
« J’ai votre CV sous les yeux et, monsieur Hunt, sachez que nous sommes curieux du choix de présenter exclusivement vos capacités, disons-le clairement, inhumaines. »
Une pause, durant laquelle nous regardons tous trois sa réaction ; faciale, notamment, même si la position de ses jambes comme celles de ses mains m’intéresse au plus haut point. Je cherche la présence d’une montre afin de confirmer la main directrice et de déduire le sens des refrains gestuels alternatifs mais j’ai quand même 90% de chance qu’il soit droitier et donc que l’interprétation soit la classique.
« Que vous soyez mutant ou optimisé ne nous regarde pas, c’est votre vie privée. Néanmoins, nous sommes curieux de vos compétences professionnelles. »
Toujours dans son évaluation froide, Nathan s’avance sur sa chaise pour marquer son intérêt. Recruter sa future équipe avec des individus possiblement plus dangereux que lui ne lui plait pas, même lorsqu’il n’est pas question que lesdits individus soient dangereux pour nous ; ce qui est présentement le cas.
« Si vous avez besoin de temps de réflexion voire d’un papier où poser vos idées, nous vous les fournirons avec plaisir. »
Pour accompagner sa proposition, il avance son propre carnet de note sur lequel repose son stylo bille effaçable par friction. De mon côté, je continue mon observation dans l’espace en essayant d’anticiper celle dans le temps. M’arrêtant dans le contournement de Luke qui me mène vers Nathan, je me permets une moue pensive.
L’analyse graphologique est une compétence avec laquelle j’ai du mal. J’ai essayé de m’y mettre durant mes études philologiques sur les mythologies, histoire de comprendre la personnalité de l’auteur et son sentiment sur ce qu’il écrivait – très utile pour savoir si l’auteur chrétien qui retranscrit le folklore païen est dans une curiosité et une volonté de préservation de savoirs ou au contraire veut christianiser voire démoniser tous ces récits souvent plus vieux que sa propre religion. Sauf que je me suis retrouvée à faire trop de trucs en même temps et que j’ai vraiment pas tout retenu… la traduction étant déjà assez complexe, même avec l’aide de professionnels du domaine puisque mon apprentissage des langues mortes est à peu près au même stade qu’elles : mort. Etant que je ne souhaite pas partager, ni que l’un de mes deux compères rencontre.
"Tâche de changer d’avis avant que l’un de nous meurt, ça serait bête de rater ça, hein ?"
Pensée intrusive bonjour, dans trois sens du terme : bonjour tu arrives, bonjour tu m’agaces et bonjour tu repars.
Après avoir mise mes mains sur mes hanches, activant la posture de puissance et les modifications hormonales liées, je me rapproche de Luke avec curiosité ; notamment s’il écrit. Pas de sourire, juste un petit nez en trompette relevé avec un intérêt enfantin. Je ne fuirais pas son regard d’ailleurs mais respecterai une distance de tranquillité si elle m’est demandée d’une manière explicite. J’ai encore à analyser sur sa manière de parler, afin de confirmer s’il est réellement taciturne et essayer d’extirper d’autres informations des mots qu’il emploi, tout comme sa manière de se tenir.
The Lucky One
Dernière édition par Lucy Orchent le Dim 20 Mar 2022 - 13:16, édité 2 fois
Madame Orchent me posa la première question, me demandant si Hunt était un pseudonyme ou mon nom de famille. J’avoue que ce n’était pas la question que je pensais qu’elle poserait en premier mais j’avais choisis les questions alors je ne pouvais qu’y répondre.
“Oui Hunt est bien mon nom de famille que je porte depuis un bon moments”
Elle enchaina directement en me demandant si c’était lié à mes ancêtres et surtout à leur métier, pouvant faire croire que ma famille était anciennement une famille de chasseurs. Je trouvais la question assez drôle et très intéressante car c’était la première fois que l’on me posait cette question.
“Non mon nom de famille n’est pas lié à mes ancêtres enfin de ce que j’en sais, mes parents faisaient partie de l’empire vers les années 1900 et je n’ai pas suivi leur voie.”
Ce n’est qu’après avoir parlé que je me rendis compte de ce que je venais de dire, j’avais parlé de mes parents et avait évoqué la date de 1900 ce qui remontait à plus de 100 ans en arrière.
Mais avant d’y repenser plus que ça, l’avocat repris en disant qu’ils étaient curieux que je n’ai présenté que mes capacité mutantes. Il finit sa phrase et je remarqua que les trois étaient en train de m’observer sûrement pour étudier ma réaction à cette phrase. Je ne dis rien jusqu'à ce qu’il reprenne en disant que ma nature ne les regardait pas mais qu’il était curieux de connaître mes compétences professionnelles.
Je réfléchissais à pourquoi j’avais fait ça et il me demandait si j’avais besoin de l’écrire en me tendant un carnet et un stylo.
“Non je n’en ai pas besoin, c’est très simple la plupart des gens préfère voir ce qui rend différent les candidats et on me posait plus de question sur ma nature mutant qu’autre chose alors j’ai fini par ne plus mettre que ça.”
Je regarda madame Orchent dans les yeux alors que je voyais qu’elle avait le regard concentré sur moi avant de reprendre.
“Mais ça se voit que vous êtes bien différent des gens normaux et je vois aussi que vous prenez cet entretien très au sérieux, ce qui est assez rassurant. Ce qui ne l’est pas c’est votre méfiance envers moi même si cela peut se comprendre. Et je dois dire que je vois clairement que votre avocat et votre garde du corps sont très proche de vous madame Orchent, je peux sentir son animosité envers moi de la part de Nathan et si j’étais un humain j’aurais de quoi m'inquiéter car vous êtes efficace et très fort pour un humain lambda.”
Marquant une pause le temps de regarder les trois à tour de rôle.
“Pour ce qui est de l’expérience professionnelle et mes compétences, j’en ai bien plus que ce que Nathan ne pourra jamais atteindre. Je n’ai jamais raté aucun contrat et la seule fois ou j’ai échoué à protéger quelqu’un je l’ai fait payer au coupables et je n’ai plus jamais refait l’erreur. Je comprend que je n’aide pas a avoir une confiance aveugle en moi surtout vu ce que je viens de dire mais quand je suis dans un travail rien ne peut me perturber. Si ma franchise et mon allure ne vous va pas , vous n’avez qu’un mot a dire et je partirais pour laisser la place à un autre.”
Je suis surprise lorsque Luke m’interrompt entre deux phrases pour répondre à la première partie de ma question, cependant il ne saurait me perturber plus que je ne le fais moi-même. Est-ce du stress que d’ainsi répondre trop vite ? Je n’en vois aucun. Ce que je vois, en revanche, c’est que "Hunt" est un nom de famille qu’il "porte depuis un bon moment" ; donc pas celui avec lequel il est né, même si "un bon moment" est étrange considérant qu’il doit être entre la trentaine et la quarantaine. Et puis arrive la seconde partie de la réponse.
« Non mon nom de famille n’est pas lié à mes ancêtres enfin de ce que j’en sais, mes parents faisaient partie de l’empire vers les années 1900 et je n’ai pas suivi leur voie. »
Ma surprise se transforme en choc, perturbant bel et bien mon analyse cette fois. Je me décompose. Je tourne le regard vers un Nathan blasé et un Enzo qui fait de son mieux pour nous faire gagner du temps en poursuivant l’entretien comme si on ne venait pas de nous balancer une bombe à la figure. Bazar, ma posture de puissance ne va pas être capable de combattre les montées de stress à ce niveau-là. Néanmoins, les éléments s’intègrent à la structure de données que j’établis dans mon esprit : parents 1900, enfants pour l’entre-deux-guerres, le mec a plus d’un siècle et cela temporise l’accumulation d’argents, même si elle reste exceptionnelle, tout en ajoutant largement à son côté inhumain. Un immortel. Je dirais bien que c’est un problème mais tu décapites, tu coules la tête dans du plomb et tu balances dans l’océan et je suis certaine que le problème est réglé. Dommage, rien qu’imaginer la théorie me donne des frissons donc je sais que je ne passerais jamais à la pratique. Après, les frissons ne viennent pas que de là.
"La plupart des gens préfère voir ce qui rend différent les candidats", c’est si éminemment triste que cela signifie qu’une mutation ou une transformation prévale sur l’individu et ce qu’il a concrètement travaillé pour obtenir ; là où la mutation n’est qu’une loterie générique et l’optimisation une horreur humaine, lorsqu’elle est infligée contre la volonté de l’optimisé – tactique idiote s’il en est puisqu’il faut s’assurer sa loyauté ensuite, là où un optimisé volontaire la donnera plus facilement. Cela étant, Luke Hunt est un mutant ; et on ne s’intéresse qu’à cela. J’ai peur, oui, mais je suis attristée également. Même du point de vue de ce mutant, c’est sa mutation qui le définit en tant qu’individu.
Il me regarde. Je ne fuis pas son regard. Je n’ai pas le réflexe, en fait.
C’est alors que Luke Hunt lâche les vannes qui contiennent un flot de paroles. "Bien différents des gens normaux". "Prendre l’entretien très au sérieux". "Assez rassurant".
« Ce qui ne l’est pas c’est votre méfiance envers moi même si cela peut se comprendre. »
Il dévoile son analyse. Me dévoile son analyse, plus précisément. Enzo et Nathan sont définis par rapport à moi, à leurs capacités que j’utilise. Cela n’empêche pas d’avoir fait le lien ; celui qui nous unis. Lorsqu’il est question de l’animosité de "Nathan" envers Luke, le premier se fend d’un sourire. De quoi se plaint-il ? Certes, il a le droit à son surnom alors qu’il n’a rien donné tandis qu’Enzo a le droit à rien alors qu’il a tout donné et que j’ai le droit à me faire appeler comme ma mère alors que j’ai donné mon surnom… mais on est à égalité du coup, personne n’a ce qu’il veut. Nathan a néanmoins un compliment sorti du bleu, qui l’amuse. Moi, j’ai trop de stress pour relâcher la première réplique qui me vient : c’est bien que Luke Hunt commence à faire de la flagornerie à Jonathan Shepard aussi, c’est lui qui va être son supérieur hiérarchique et non moi. Le truc, c’est qu’on est sûr de l’humain lambda et de l’opposition humain-mutant. Le truc, c’est que la pause de Luke Hunt lui permet de s’assurer qu’on soit tous les trois pendus à ses lèvres. Et on l’est, même si Enzo est le plus impassible d’entre nous.
« Pour ce qui est de l’expérience professionnelle et mes compétences, j’en ai bien plus que ce que Nathan ne pourra jamais atteindre. »
Et pan, dans la tronche. Un instant je te lèche les pompes et le suivant je t’envois les miennes dans le museau. Nathan ne le prend pas mal, il le sait, donc il le fait avec la seule chose qui lui reste dans bien des situations : l’humour.
« Je n’ai jamais raté aucun contrat et la seule fois où j’ai échoué à protéger quelqu’un je l’ai fait payer aux coupables et je n’ai plus jamais refait l’erreur. »
S’il avait été question que j’engage Luke Hunt à un moment donné, il vient de détruire cette possibilité. Pas parce qu’il a échoué une fois à protéger quelqu’un, l’échec est humain. Parce qu’il a "fait payer aux coupables" et que cela sous-entend exactement tout ce que je crains d’un être comme lui. Pas de loi autre que la sienne et celle de la violence. Il n’est pas question de ne pas avoir une confiance aveugle en lui. Néanmoins, qu’il veuille une confiance aveugle n’a rien d’étonnant. Il est question de ne pas avoir peur de lui. Ça partait mal et ça s’empire.
« Si ma franchise et mon allure ne vous va pas, vous n’avez qu’un mot à dire et je partirais pour laisser la place à un autre. »
Son allure est celle d’un "i", tout noir avec un peu de pâle au niveau du visage, mais mon instinct de survie me dit qu’il vaut mieux de taire. Je sais gérer mon stress même s’il me bloque pas mal actuellement et je ne suis pas celle qui agit le mieux sous pression.
« Je vous aime bien, ricane Nathan en s’adossant à son siège sans décroiser les bras ou perdre son sourire. Niveau allure, Lucky vous relookera si ça lui pose problème. Ça serait un honneur, d’ordinaire sa poupée Barbie c’est bibi. Niveau franchise, je vais me permettre d’en réclamer un peu plus. »
L’une des choses fascinantes avec Nathan, c’est sa réaction à la peur. Je suis toujours incertaine de savoir si son courage en tient de la bravoure ou de la stupidité. Néanmoins, c’est le genre de personne qui envisage le fait que ses pires peurs se réalisent comme quelque chose d’utile car cela le rendrait invincible de désespoir. Si on lui prend tout, il n’a plus rien à perdre. Evidemment, il donnerait tout afin de protéger les siens mais il sait qu’il survivrait à leur perte et qu’il aurait alors une liberté d’action inégalée et inégalable. Je pense que cela fait partie de sa philosophie et de ses considérations vis-à-vis de la destruction mutuelle assurée, mais je n’en suis pas sure. Je ne vais que rarement dans de tels retranchements avec lui. Pour ne pas dire que ça doit être la seconde fois que je le vois ainsi. La première, c’était avec Morgane ; une de ses ex-petites amies, muette, dont le cœur avait attiré l’attention d’un délinquant et où la concurrence affective entre celui-ci et Nathan a tourné à la possibilité de destruction mutuelle et au fait que la fille, à raison, finisse par s’enfuir.
« Un autre vous suivra, vous n’êtes pas le seul à avoir postulé, dit-il en s’approchant de nouveau, décroisant ses bras pour déposer ses avant-bras sur ses cuisses. Mais les autres, si on les prend pas, on n’a pas à craindre de représailles. Ils sont au-dessous la loi. Vous, vous semblez au-dessus. »
Je suis d’accord et pas d’accord : personne n’est au-dessus de la loi, il s’agit juste d’arriver à l’interpréter de manière créative pour qu’elle nous serve au mieux, mais il y en a qui choisissent de tricher. De ne pas respecter les règles. Après, c’est un détail que je tais.
« Le problème, c’est que ça ferait de nous des complices au mieux, des victimes au pire. »
Cette fois, je dis rien. Enfin, j’ai déjà rien dit la dernière fois mais je me suis comprise. Ce qui est peut-être une chance.
« C’est un peu mon boulot d’éviter ça. Encore que les complices, c’est le sien, dit-il en désignant de la tête Enzo à son côté, lequel le regarde avec une levée de sourcils surprise puis blasée et le regard du "merci mais non merci de m’éclabousser avec tes âneries". Lui il veut remplir une grille comparative avec les autres candidats. Prendre le meilleur, objectivement. Vous l’êtes, je vous crois. »
J’accorde un regard à un Enzo qui a beaucoup à redire à ce qui s’échange mais s’en abstient, comme moi, tout en devant admettre que Nathan synthétise vachement bien la manière de fonctionner.
« Moi par contre, je vous vois comme une bombe à retardement. Probablement plus dangereux pour nous que pour un hypothétique agresseur qui irait au-delà du fan problématique. Et ça ne signifie pas que vous n’êtes pas dangereux pour lui.
- Ce que signifie mon collègue, finit par intervenir Enzo en s’avançant à son tour sur son siège et en posant des deux avant-bras contre la table tandis que ses mains deviennent bavardes devant lui, c’est que, pour des gens certes différents de la norme mais étrangers au milieu auquel vous appartenez, les mutants et les optimisés, vous êtes effrayant. »
La diplomatie est un art, que j’ai tendance à parodier mais que je respecte beaucoup quand Enzo se décide à en faire. Le fait qu’il soit le moins émotionnel de nous, comme le prouve sa mâchoire, l’aide surement dans le domaine. Il est calme et, quitte à s’être fait impliquer, il reprend l’initiative pour essayer de tempérer ; ce qui n’est pas mon fort et encore moins celui de Nathan, dont j’ignore le point de chute du discourt.
« Je suppose qu’en langage soft, ça ce dit comme ça, confirme Nathan avec sarcasme.
- Comprenez-nous bien, nous ne portons pas une critique mais exprimons une perception. D’une part, l’aspect effrayant nuirait à l’image de The Lucky One, chose qui est problématique à un niveau contractuel mais vous ne pouviez pas le savoir. »
Une pause, pour me jeter un regard auquel je réponds par un autre en mode "ah mais oui mais tout ce que tu dis tout ça". Fais ton job !
« D’autre part, nous nous posons des questions sur votre condition de Super, si je puis me permettre de l’exprimer ainsi, mais aussi d’individu… individuel ? Vos capacités sont un atout mais elles ne vous définissent pas, pour nous. Votre expérience et vos compétences témoignent d’un parcours de vie et d’un investissement de votre part, là où votre mutation est un hasard génétique. Utile, certes, ayant influencé votre personnalité, sans doute, mais vous n’êtes pas limité à ces pouvoirs, n’est-ce pas ? »
Pour le coup, c’est moi qui aurais des choses à redire et qui m’en abstient, tâchant de me concentrer sur l’observation du langage corporel de Luke Hunt. J’aurai tendance à dire que c’est justement le parcours de vie qui pose problème de ce qu’on en anticipe mais peut-être Enzo est-il justement en train de mener son enquête dessus. Pour le reste, notamment l’impact réciproque de l’apparence sur le mental et du mental sur l’apparence, mutation entrant dans la catégorie apparence, c’est la base de la morphopsychologie ; donc +1.
Lorsque je parle de mes parents et des années 1900, je vois bien que Lucky est réellement choqué, elle qui gardait un regard attentionné sur moi tourne le regard vers ses collègues comme pour leur demander s' ils avaient entendue la même chose. Il fallait dire que ce n’était pas sur mon cv et que peu de personne était réellement de mon âge plus qu'avancer. Pendant tout mon discours, je sens les trois concentrés et qui m'écoutent réellement. Et après avoir parlé il y eu un léger blanc interrompue par Nathan qui se mit a ricaner en disant qu’il m’aimait bien. Il continua en disant que pour mon allure, madame Orchent pourrait largement arrangé ça mais que c’était niveau franchise que ça manquait, il en réclamait plus sans s’être demandé avant s’il avait vraiment d’en avoir.
Je le laissai parler en me disant que je répondrais à tous après ses belles paroles, il reprit d’ailleurs en disant que je n’étais pas le seul à avoir postulé et dit un truc qui me fit perdre le temps d’un instant mon calme. Il insinuait que je serais capable de m’en prendre à eux si je venais à être refusé. A ces mots, ma main se contracta pour ne pas laisser sortir un poil ou une griffe qui aurait définitivement clos cet entretien. Il continua en me traitant comme un vulgaire criminel et se complimenta en disant que son job était d'éviter ça. Il continua en me dénigrant et c’est à ce moment la que son collègue l’avocat reprit la parole en essayant de calmer la situation.
Il disait que ce n’était pas de la critique mais qu’il essayait de me faire comprendre leurs point de vue. Il disait que j’avais un aspect effrayant et que ça pourrait nuire à l’image de Lucky, et qu’il se posait pleins de questions sur ma condition de super. Il dit que mes capacités étaient un atout mais n’était pas ce qui me définissait. Il disait que mes expériences et mes compétences montraient un parcours et un investissement de ma part en ajoutant que ma mutation était un hasard génétique. En me demandant ensuite si je n’étais pas limité à ces pouvoirs.
Pour décompresser et éviter de briser la table sur laquelle nous parlions je me leva et regarda au travers de la fenêtre comme pour chercher mes mots.
“Si je n’avais qu’un truc a dire en premier c’est que Nathan a une bien trop grande gueule et qu’il devrait songer à ce qu’il dit et à qui il dit. Ne prenez pas ça comme des menaces, bien au contraire j’essaie de vous montrer et de vous expliquer. Nathan a eu raison sur quelques trucs mais est éloigné de la vérité générale. Si vous la voulez la voila, j’ai actuellement 119 ans et ai passé l’entièreté de ma vie à traquer les meurtriers, les violeurs et autres criminels horribles pour les faire payer comme la justice n’aurait pas réussi à le faire. J’ai participé à bon nombres de guerre pour protéger ce pays et d'autres pays. Si vous avez peur que des représailles vienne s'abattre sur vous, vous n’avez aucune inquiétudes à vous faire car je n’ai jamais touché un innocent et que j’ai laissé cette vie derrière dans l’espoir de me racheter”
Faisant une pause le temps de me retourner vers eux.
“Vous qui parler de mes dons, enfin si on peut appeler ça comme ça vous êtes bien loins de la vérité. Ma mutation n’est pas un hasard génétique, j’ai subi des expériences mutagènes liées à un animal pour essayer de me transformer en arme mais j’ai refusé cette vie d’esclave et d’arme personnelle pour les russes.”
Regardant ma main tout en faisant sortir mes griffes en tournant ma main en voyant les poils jaune commencer a sortir avant qu’ils ne disparaissent.
“Je ne suis pas limité à mes pouvoirs mais ça fait un bon moment que je les ai alors je ne peux pas faire quelque chose sans les utiliser même sans le vouloir. Désolé si je fais trop effrayant mais quand on vit autant de temps, on ne peut pas vivre avec de la joie. J’ai vu mes amis mourir, que ce soit de vieillesse ou de mort non naturelle alors j’ai arrêté de vraiment m’attacher et j’ai choisi l’aspect permettant de tenir les gens éloignés de moi. Et par expérience, ce n’est pas l’aspect qui définit l’efficacité d’un garde du corps.”
“Et Nathan vous qui parliez de ma dangerosité, si j’avais vraiment voulue du mal à l'un d’entre vous vous ne seriez pas là à me parler actuellement, j’ai conscience que ce n’est pas rassurant mais vous connaissant vous avez du faire des recherches sur moi et ne rien trouver ce qui a dû vous énerver ou vous faire peur ou alors vous savez trouvé et c’est pour cela que vous êtes comme ça.”
Good cop, bad cop est une expression anglaise assez célèbre mais qui m’a toujours questionnée ; et pas que pour le jeu de mots. Comme souvent, les traductions perdent la polysémie de l’original. En effet, good cop, bad cop peut tout aussi bien vouloir dire "gentil flic, méchant flic", désignant alors leur comportement envers leur interrogé, que "bon flic, mauvais flic", désignant alors leur comportement envers leur profession. Pour moi, la différence crève les yeux : la première interprétation cherche à placer un flic du côté de l’interrogé en posant à ce dernier la menace du second, ce qui est connu et assez peu subtile, tandis que la seconde cherche à opposer un flic compétent et un flic incompétent, l’interrogé ayant alors à prendre le parti pour l’un ou pour l’autre. En effet, le flic compétent devra temporiser le collège incompétent et c’est donc généralement vers lui que l’on se tournera, car plus diplomatique et pouvant donner l’avantage à l’interrogé. Je suis pas flic, donc j’ignore s’il y a une vraie interprétation, et j’ai jamais vraiment été interrogée non plus, la seule fois où j’ai été arrêtée pour conduite en état d’ébriété j’ai réussi à m’en sortir avec une pirouette dont je suis fière et qui a amené le flic m’ayant arrêtée à me raccompagner chez moi plutôt qu’en cellule de dégrisement. Non, je ne parle pas de corruption. Cette histoire est néanmoins hors sujet alors je vais plutôt m’en retourner au good cop, bad cop d’Enzo et de Nathan. Lequel fonctionne très bien.
On a bien fait de ne pas prendre la caméra habituelle pour les entretiens d’embauche, utilisée pour revoir les réactions principalement mais qui aurait sans doute mis une barrière, sachant qu’un téléphone en enregistreur vocal est suffisant à créer ce dont on a besoin pour détruire Luke Hunt s’il s’en prend à nous ; et, considérant son comportement, je ne doute pas que Nathan ait agit ainsi. Franc, oui, mais d’une façon "mauvaise" qui pousse son interrogé dans ses retranchements. Et qui fonctionne tellement bien que ça risquerait de finir mal si nous n’avions justement pas la protection de la lumière. Je vois la contraction de la main, geste de colère par excellence, mais les choses ne peuvent pas aller bien au-delà lors de cette rencontre : l’éclairage officiel et le nombre de gens au courant de ce qui s’y passe, l’interview de Luke Hunt nous protège de tout ce qui pourrait s’y passer. La difficulté est d’étendre cette protection dans l’espace et le temps. Très clairement, ce que Nathan fait peut sembler contreproductif mais c’est justement son rôle : le "mauvais flic", l’incompétent. Quand on se pose et qu’on prend du recul pour analyser cela, je pense qu’on peut en déduire plus d’un demi-millier de mots là où le comportement semblait totalement naturel, précédemment. Même l’appel à Enzo, fait sous couvert de cette incompétence qui ne se perçoit pas elle-même, n’en reste pas moins un appel. Un appel sur lequel le "bon flic" rebondit dès qu’un mot le lui permet, obtenant à son tour le dénigrement de son collègue et étant du fait placé d’autant plus facilement au côté de l’interrogé.
Interrogé qui se lève, m’amenant à m’écarter tandis que mes deux compères restent assis et tendus. Interrogé qui s’extrait de la scène, regardant l’extérieur par la fenêtre pour prendre du recul. Interrogé qui cherche ses mots et les donne avec la sincérité demandée.
Nathan sait qu’il est une grande gueule et l’accepte comme un compliment. De nous tous, c’est peut-être lui qui le prend le moins comme une menace et le plus comme une explication ; ou Enzo, dont le calme semble imperturbable. De mon côté, je me cacherai bien derrière eux mais je suis de l’autre côté de Luke Hunt et c’est utile. Je flippe, oui, totalement. Notamment parce que je réalise que dans sa manœuvre, Nathan ne s’est pas limité à avoir raison sur "quelques trucs" tout en restant éloigné de la vérité générale : peut-être a-t-il éloigné Luke Hunt de la vérité générale, en assumant sur lui toute l’agressivité que le mutant aurait pu avoir sur nous tous, vis-à-vis de nos craintes et de nos soupçons. Il a exploité son sentiment et la réaction sentimentale de Luke pour nous protéger, Enzo et moi, et c’est encore un truc qui me prouve que j’ai bien fait de le vouloir lui comme garde du corps ; et je me demande jusqu’où il est dans cette logique de destruction mutuelle. Luke pourrait tout aussi bien essayer de l’atteindre lui en passant par nous, puisqu’il a déduit nos liens, mais peut-être Nathan peut-il miser sur le fait de l’atteindre lui pour m’amener moi à changer d’avis. "Tâche de changer d’avis avant que l’un de nous meurt, ça serait bête de rater ça, hein ?" J’ignore jusqu’où va sa stratégie, je sais juste qu’il en a une. Ce que je constate aussi, c’est qu’il obtient la vérité qu’on voulait ; possiblement le moyen de pression.
« Si vous la voulez la voilà, j’ai actuellement 119 ans et ai passé l’entièreté de ma vie à traquer les meurtriers, les violeurs et autres criminels horribles pour les faire payer comme la justice n’aurait pas réussi à le faire. J’ai participé à bon nombres de guerre pour protéger ce pays et d'autres pays. Si vous avez peur que des représailles viennent s'abattre sur vous, vous n’avez aucune inquiétude à vous faire car je n’ai jamais touché un innocent et que j’ai laissé cette vie derrière dans l’espoir de me racheter. »
Okay, là c’est moi qui devrais prendre des notes ; chose qu’Enzo n’a pas l’indélicatesse de faire, doigts croisés devant lui pour verrouiller son buste de tout mouvement involontaire, et que Nathan fait peut-être sans le paraitre, via enregistreur vocal. De mon côté, mes mains sur mes hanches me paraissent aussi pâles que je dois l’être. Pour être optimiste, la situation est mieux que ce qu’on avait craint : oui, Luke Hunt est un dérangé dangereux, ou dangereux dérangé selon le point de vue, avec un fantasme de justice et un casier judiciaire qui devrait être long comme mes deux bras, mes deux jambes et peut-être le câble que Nathan a failli lui faire péter, mais on ne correspond pas à ses proies et il a laissé "cette vie derrière lui dans l’espoir de se racheter". Et pour ça il protège des riches ?
Je ne pouvais pas regarder son visage ainsi je n’ai pu essayer de capter les micro-expressions témoignant de ses émotions primaires, chose déjà difficile à faire lorsqu’on est de face et justifiant l’emploi d’une caméra afin d’essayer de comprendre au mieux ce qui s’est passé. Néanmoins, quand il se retourne vers nous, je dois avouer que je ne sais pas trop quoi penser : ça ne va pas trop vite pour moi mais c’est sacrément dense. Que cela soit d’un point de vue humain ou philosophique, puisque moralement le tour est très vite fait. Légalement aussi.
« Vous qui parlez de mes dons, enfin si on peut appeler ça comme ça, vous êtes bien loin de la vérité. »
Enzo n’a jamais parlé de don et je le vois tiquer un instant à cette formulation qui en dit plus sur Luke et sa réinterprétation des paroles de mon avocat que sur nos pensées à nous. Néanmoins, l’interrogé expose la sienne, de pensée, même s’il la nomme "vérité". Il a déjà démontré son orgueil, ce qui est une faiblesse aussi classique qu’exploitable et possiblement déjà exploitée par Nathan. Enfin Bref, Luke Hunt n’est pas un mutant mais un optimisé qui se dit mutant ; chose qui va nous valoir quelques commentaires de droite de la part de Nathan, sur le fait que lorsque chacun est libre de définir sa réalité à sa guise plus personne ne peut plus vivre dans la même, mais on verra plus tard. De toute façon, j’ai à lui parler du fait qu’il soit ma Barbie car je suis intéressée. Enfin Bref, hors sujet. Luke. Optimisé. Arme biologique. Absence de loyauté parce qu’expérimenter sur des gens non-consentant c’est être con sentant puisqu’on se complique la vie en cas de réussite du fait des notions de loyauté pensées précédemment. Si je commence à faire des boucles mentales, on n’a pas fini.
Tous les trois, Nathan, Enzo et moi suivons le regard de Luke vers sa main et serrons nos gorges lorsque celle-ci nous témoigne que toutes les capacités inhumaines ne sont pas présentes sur le CV. Enzo est écœuré, je dirais, même s’il se recompose assez rapidement. Nathan se redresse et prend une grande inspiration mais n’est pas surpris plus que cela, ni dégouté d’ailleurs. Et moi, malgré mon instinct de survie, je meurs d’envie de faire une biopsie. Non seulement les mecs ont réussi à créer une hybridation génétique chez Luke Hunt mais en plus ils ont réussi à lui offrir un contrôle épigénétique de celle-ci ! Le mec est un Pokémon ! Ethique 0, talent 100. Après, la structure anatomique me semble féline et je ne connais aucun félin qui puisse vivre un siècle donc ça n’explique pas tout mais il me faudrait probablement disséquer des bouts de Luke Hunt jusqu’à l’échelle moléculaire pour avoir une chance de tout comprendre. Comment arriver à un contrôle épigénétique ? C’est que qui m’épate le plus. Il doit falloir l’intervention d’une bactérie, comme pour modifier le code génétique artificiellement, ou alors ils ont réussi à exploiter la capacité du génome à se modifier via les expériences du système immunitaire, chose qui implique surement de l’ADN de chauve-souris et…
« Je ne suis pas limité à mes pouvoirs mais ça fait un bon moment que je les ai alors je ne peux pas faire quelque chose sans les utiliser même sans le vouloir. Désolé si je fais trop effrayant mais quand on vit autant de temps, on ne peut pas vivre avec de la joie. »
Je ne perçois pas le rapport entre les deux phrases mais je comprends la signification de chacune. "Celui qui vit par l’épée périra par l’épée" disait Homère, le poète grec pas le Simson, et c’est sans doute un sentiment analogue pour l’optimisation. Je déglutis à la suite du discourt. Pas parce que je sais ce que cela fait de voir ses amis mourir ; j’ai eu la chance d’être la morte du lot, pour Nathan et Enzo. Pas parce que je sais ce que cela fait d’arrêter de s’attacher ; je suis un chat, "suis-moi je te fuis et fuis-moi je te suis" ou, comme dit Nathan, "elle est belle la bestiole fière et indépendante". Pas non plus parce que je sais ce que ça fait de tenir les gens éloignés de soi ; je me suis lancée dans une aventure aux USA pour retrouver la seule personne qui compte et qui est encore éloignée de moi. Non, je me sens mal car j’imagine ce que ça lui fait à lui. Cela ne l’excuse pas. Cela ne le justifie pas. Cela le déshumanise. Peut-être plus même que son optimisation.
« Et, Nathan, vous qui parliez de ma dangerosité, si j’avais vraiment voulu du mal à l'un d’entre vous, vous ne seriez pas là à me parler actuellement. J’ai conscience que ce n’est pas rassurant mais, vous connaissant, vous avez dû faire des recherches sur moi et ne rien trouver ce qui a dû vous énerver ou vous faire peur ; ou alors vous savez trouvé et c’est pour cela que vous êtes comme ça. »
Sur la grande majorité des candidats retenus, on n’a rien trouvé qui sorte de l’ordinaire. Cela ne nous énervait pas, au contraire : c’était ce qu’on souhaitait trouver. Non pas des gens sans histoire mais des gens avec une histoire sans histoires. Nuance qui peut sembler fine mais qui est cruciale. Avoir une première impression de qui ils étaient, de pourquoi ils faisaient ce qu’ils faisaient. Avoir des théories à confirmer et infirmier, le moment venu, par leur présentation et nos questions. Ce qu’on a fait ici, en somme.
Après une inspiration, Nathan se lève. Il se met au niveau de Luke, considérant leurs tailles similaires, même s’il reste derrière la table, à côté d’Enzo. Enzo qui le regarde faire puis me regarde-moi. La seule du côté de Luke, dans l’espace de cette pièce. Je le regarde aussi et fais un léger "non" de la tête. Nathan l’appellera s’il a besoin qu’il intervienne à nouveau, on lui laisse l’initiative.
« Vous n’aviez aucune raison de nous faire du mal, d’après vos dires. Jusqu’ici, tout du moins, déclare mon ami avec sobriété, sans que ce soit un reproche. Pour moi, l’aspect primordial qui défini un garde du corps est de savoir comment faire pour que son protéger soit en sécurité. Quand ledit protéger rentre dans un espace, le bon garde du corps doit savoir au plus vite comment le faire sortir des façons les plus sures possibles. Il ne s’agit pas d’être un expert du combat, il s’agit d’être un expert de la fuite. »
Nathan le fait en attirant l’attention sur lui et en étant conscience que, debout comme je le suis, courir vers la porte sera plus rapide pour moi. Une diversion. Est-ce que ça veut dire qu’Enzo est aussi mon garde du corps, vu qu’il fuirait avec moi ? Heureusement qu’ils sont rémunérés à l’intéressement, pas au salaire, sinon je devrais les payer plus régulièrement ; mais moins cher.
« Tout chez vous crie le danger. Donc je fais mon taff. Mon job n’est pas de gagner, c’est que Lucky ne perde pas. »
Nathan me regarde lorsqu’il m’évoque, m’amenant à acquiescer en me souvenant des fois où il m’a un peu trop littéralement sauvée la vie, puis il se tourne vers Enzo qui acquiesce sans pour autant se lever.
« Effectivement, c’est mon travail qu’elle gagne, confirme-t-il en écartant les pouces à défaut de le faire des mains. Cependant, je dois avouer être dans une position délicate. Pas par rapport à la menace que vous nous assurez ne pas poser, monsieur Hunt, puisque je vous crois. Non. Par rapport aux retombées négatives qui peuvent ressortir de cet entretien voire d’une collaboration entre nous.
- Pour ma part, dis-je en levant le doigt jusqu’à l’épaule, en baissant la tête et en avançant d’un pas, j’aimerai intervenir. Je pense que, légalement, on n’est pas morts. Et si ça peut rester ainsi sur tous les plans, ça m’arrangerait sacrément. C’est totalement improbable qu’on obtienne des aveux de multiples meurtres au cours d’une interview de recrutement, non ? »
Une pause et une pose, le temps que je tente un regard et deux paumes ouvertes vers tous les participants, puis inspiration et c’est reparti.
« Luke, dis-je en joignant les mains avec les index révolvers pointés vers lui, prêts à soutenir mes paroles à coup d’à-coups. Si vous voulez vous racheter, ce n’est pas en protégeant des gens qui le sont déjà que vous le pourrez. C’est en protégeant ceux qui ne le sont pas. Et c’est en ne devenant pas ceux de qui vous les protégez. Tuer un meurtrier, c’est être son égal. Nous sommes à l’Ere des Super-Héros, vous avez les compétences, les pouvoirs et les ressources pour en être un. Réfléchissez à ce que cela signifie. A quel code moral et éthique vous devez vous tenir pour réellement vous racheter ; que ce soit au niveau sociétal, philosophique voire religieux, cela ne regarde que vous. »
Au niveau des séries de super-héros, j’ai particulièrement aimé Jupiter’s Legacy. Outre le rappel qu’être un Super-héros est une activité dangereuse, possiblement létale, c’est l’une des rares séries où l’un des conflits était autour de ce que signifie être un Super-Héros. Ce n’est pas qu’un label et qu’une reconnaissance sociale, ce n’est pas qu’un pouvoir et qu’un devoir que l’on s’impose ou non. Qu’est-ce qu’un Super-héros ? Peut-être plus important encore, qu’est-ce qu’une bonne personne ? Doit-on être un héros pour être une bonne personne ? Pour moi, la philosophie n’est pas la recherche de vérité absolue. C’est la recherche de vérités personnelles. C’est la construction de son être intellectuel, tout comme la croyance est la construction de son être spirituel et l’apprentissage la construction de son être sociétal. Esprit, âme et corps. Le Ciel, l’Eau et la Terre. L’Oiseau, le Serpent et le Quadrupède. La symbolique de la trinité proto-divine. Mais je m’égare.
Je sépare doigts et mains pour les porter de nouveau à mes hanches, faisant face à mon stress avec la posture de puissance et la vivacité de mon esprit.
« Demandez-vous "En quoi puis-je aider ?" et "En quoi veuille-je aider ?". »
Nathan se leva pour me faire face et commença a dire que d’après mes dires, je n’avais aucune raison de leur faire du mal et cela était vrai. Ils m'avaient l’air de bonne personnes et j’avais de toute façon arrêté ces choses la. Il continua en m’expliquant que l’aspect primordial d’un garde du corps est de savoir comment fuir et pas d’être un expert du combat. Il avait raison et j'avais une certaine compétence dans la fuite que ce soit pour me protéger ou protéger autrui.
Il reprit en disant que chez moi tous criaient au danger et qu’il faisait donc son travail, qui n’était pas de gagner mais de faire en sorte que Lucky ne perde pas. On sentait dans ses paroles qu’il tenait à elle et qu’il serait prêt à tout pour elle. L’avocat reprit la parole en disant qu’il avouait être dans une position délicate, non par rapport à la menace que j’assure ne pas être mais par rapport aux retombées négatives qui peuvent ressortir de cet entretien ou d’une collaboration.
“Je comprend ce que le job de garde du corps signifie pour vous et vous avez raison même si on doit avouer qu’une maîtrise du combat peut être autant utile qu’un maîtrise de la fuite. C’est tout à votre honneur de tout donner pour que Lucky ne perde pas et ce serait un plaisir pour moi d’en faire de même.”
Je tourna mon regard vers l’avocat pour répondre à ce qu’il venait de dire.
“Dites moi, à quelle genre de retombée vous attendez-vous? Vous pensez que parce que vous ne me prendrez pas, je viendrais tous vous tuer? Comme une sorte de vengeance, je dois vous dire que j’ai bien d'autres choses à faire que venir me venger des gens qui ne m’ont pas offert un job et ça ne me viendrait même pas à l'idée."
Lucky finit par prendre la parole et commença par dire qu’il n'était pas mort et que ce n’était pas plus mal si ça continuait comme ça. Elle dit aussi que c’était totalement improbable qu’il obtienne des aveux sur de multiples crimes mais ce détail ne m’intéressait que très peu. Elle fit une pause et repris en disant que si je voulais me racheter ce n’était pas en protégeant des gens qui l’était déjà mais en protégeant ceux qui ne l’était pas.Elle disait que j’avais les pouvoirs, les compétences et les ressources pour être un héros et que je devais réfléchir à ce que ça signifiait. Elle finit par me dire que je devais me demander comment je pouvais aider et pourquoi je voulais l'aider.
“Je ne veux pas protéger les gens qui sont déjà protégés mais j’essaie de protéger tout le monde. Je suis venu vers vous car vous recherchiez mais si j’avais su que vous n’aviez pas besoin je ne serais pas venu. Vous pensez que je n’ai pas aidé des gens avant vous, protéger les gens ou les secourir? Ce n’était pas autant que la plupart des héros qu’on voit à la télé mais il m’est arrivé plusieurs de sauver et protéger des gens, travailler avec des héros connus comme le célèbre Rocket des gardiens de la galaxie, venir en aide pendant le jour des héros et bien d’autre chose. J’avais juste dans l’idée de sortir de ce que je faisais d’habitude en vous proposant mon aide”
Dans un élan de colère pas contrôler couplé au souvenirs de la dernière fois que j’ai vu Rocket, mes yeux passèrent au jaune alors que je parlais a Lucky.
“Mais je vois que vous n’avez pas besoin de moi pour ce travail.”
Ma levée de doigt n’est pas suffisante à ce que j’ai l’autorisation de parler, les mâles s’exprimant entre eux désormais. Je reste donc là à regarder Luke, mon doigt fané. Nathan n’a rien à dire à la vision de l’optimisé sur la maîtrise du combat, passant plus de temps à s’entrainer à se battre pour cultiver son corps qu’à s’entrainer à fuir pour sécuriser le mien, mais il acquiesce néanmoins ; chose qui, je l’espère, ne nuira pas à leur jeu de GCBC. Après, c’est leur partie pas la mienne et je fais la queue pour obtenir le droit de parler. Néanmoins, si la discussion est relancée sur les conséquences qu’il peut y avoir à être lié à Luke Hunt malgré ses activités, je ne parlerais jamais alors j’interviens un peu plus de force : litière, c’est moi la patronne des trois quarts de la salle actuellement et le dernier quart candidate !
Nanmého, les messieurs de 80kg on va écouter la demoiselle de 50 parce qu’elle connait le bouton pour vous faire diviser votre taille par deux d’un coup de genou ! Evidemment, la bienséance et l’absence de courage font que je ne dirais jamais cela à haute voix mais, voilà, je pense ce que je veux. Et je pense que ce que je dis est important.
La réponse de Luke l’est tout autant. Néanmoins, je dois avouer qu’elle cultive ma perplexité et je jette régulièrement des regards à un Nathan dont la pokerface est bien moins efficace que celle d’Enzo et qui retraduit une incompréhension grandissante. Si Luke ne veut pas protéger les gens qui sont déjà protégés mais "tout le monde", que fait-il à perdre du temps dans un recrutement pour protéger une personne bénéficiant déjà d’un garde du corps alors qu’il y a des quartiers avec des taux de pauvreté, de vol et d’agression impressionnants ? Oui, on a envoyé des annonces à des sociétés qui font de la protection à la personne leur business, afin de faire de l’argent, mais cela n’est pas vraiment comparable avec des gens qui cherchent déjà à avoir les moyens de vivre décemment.
« Vous pensez que je n’ai pas aidé des gens avant vous, protéger les gens ou les secourir ? »
Triple échange de regards puisque, pour le coup, c’est totalement ce qu’on pensait. Pas d’expérience sur le CV, pas d’expérience à valoriser. D’où l’indice supplémentaire quant à s’inquiéter sur les activités de Luke Hunt, le chasseur.
Après ce nouveau moment de doute très signifiant, j’écoute la comparaison avec les "héros de télévision" et je ne peux m’empêcher à sourire au name-dropping. Enfin un peu de normalité dans ces échanges ! Ça c’est à mettre sur le CV, c’est une référence qui a du poids. "2023, travail de protection en compagnie des Gardiens de la Galaxie". "2024, intervention bénévole lors du Jour des Héros".
« J’avais juste dans l’idée de sortir de ce que je faisais d’habitude en vous proposant mon aide. »
Et nous avions déjà supposé la motivation première comme l’ennui, motivation d’ailleurs confirmée précédemment. Néanmoins, c’est très intéressant cette volonté de "sortir de ce qu’il faisait d’habitude" ; tant vis-à-vis de l’ennui que vis-à-vis du portrait qu’il cherchait à nous dresser de lui. Ainsi, le monstre en quête de se racheter s’ennuie déjà dans cette tentative ? Ou la considère comme terminée ? Les indices récoltés jusqu’ici m’amènent à privilégier la première possibilité, tant parce que l’ennui est plus présent que parce que la façon qu’a Luke de s’exprimer sur son passé montre bien que celui-ci n’est pas derrière lui. A un niveau conscient comme inconscient. L’inconscient se voit à travers son CV et ses gestes. Le conscient à travers la façon dont il parle ; façon qui pourrait être totalement là pour nous tromper et nous manipuler mais je ne crois pas. Ce qui est justement le but d’une tromperie et d’une manipulation, qu’on ne croit pas que s’en est une.
« Mais je vois que vous n’avez pas besoin de moi pour ce travail. »
Il me fixe de ses yeux, inhumains. Félins. Je vois l’abaissement et le rapprochement de ses sourcils au-dessus de ces yeux. Je vois l’ouverture entre sa paupière supérieure et ses sourcils au-dessus de ces yeux. Je vois la tension des paupières autour de ces yeux. J’ai le cœur qui s’accélère et une remontée comme un rapprochement des sourcils, une ouverture des paupières, un tirement externe des lèvres et une ouverture de la mâchoire. Peur. Oh, je n’en suis pas à vouloir m’enfuir. Je n’en suis pas à ne pas oser m’enfuir non plus, d’ailleurs. Néanmoins, j’en suis à ne plus oser parler. Cinq soirs par semaine, je fais face à 2106 ou 2109 personnes, je sais plus ; à la fin de mon spectacle. Seule, quand Mike me renvoie la balle pour me donner le crédit qui m’est dû. C’est stressant, intimidant et effrayant. Cependant, cela l’est moins que faire face à Luke Hunt actuellement, à un mètre environ de lui. Je vois ses yeux, je me rappelle sa patte, je suis consciente qu’il a passé plusieurs fois la longueur de ma vie à tuer des gens. Je suis pas capable de faire face à ça.
« Luke, interpelle Nathan, froid. Assez. »
Mon ami a contourné la table et cherche à forcer l’autre à se tourner vers lui, à se détourner de moi. A me tourner le dos. Enzo aussi s’est levé, manifestant son inquiétude en appuyant ses dix doigts contre la table, bras tendus.
« Vous êtes un prédateur. Ça se voit sur votre CV. Ça se voit sur vous. »
J’ignore si Nathan a vu les yeux inhumains à l’aide des miroirs au fond de la pièce mais je ne suis pas certaine qu’il ait pu voir ma peur à moi considérant que Luke Hunt me dépasse en hauteur comme en largeur, me recouvrant de la totalité de sa silhouette noire lorsqu’il me fait face.
« Monsieur Hunt, nous nous demandons effectivement si vous contrarier ne nous met pas en danger. »
J’ignore si Enzo a vu les yeux inhumains à l’aide des miroirs au fond de la pièce mais je ne suis pas certaine qu’il ait pu voir ma peur à moi considérant que Luke Hunt me dépasse en hauteur comme en largeur, me recouvrant de la totalité de sa silhouette noire lorsqu’il me fait face.
« C’est ce que vous nous donner à penser, poursuit mon autre ami, récupérant le CV pour le regarder. "ce qui me permet d’être un meilleur chasseur et pouvoir retrouver les gens bien plus vite que n’importe qui". »
Une pause le temps de reposer la feuille et la plaidoirie continue. Enzo prend la bouteille d’eau, une main sur le corps et l’autre sur le bouchon, et parle en limitant les mains bavardes.
« Après une telle lecture, que penser de vos termes de contrats ? "Meurtre". "Torture". "Agression". "Criminel". Même à la négation, ce champ lexical n’appartient pas à celui de la profession de garde du corps. En vérité, il ne parle que de vous. »
Un regard à Nathan, lequel acquiesce doucement, et Enzo contourne la table à son tour tout en brisant la sécurité du bouchon. Son pas est lent, posé, tout comme ses paroles, et il approche Luke.
« Et sur internet, que découvre-t-on ? Une fortune importante liée à une activité très aléatoire mais qui pourrait parfaitement n’être que du blanchiment d’argent. Pour quelqu’un qui agresse, torture et tue.
- C’est même très bien trouvé, complimente sincèrement Nathan, immobile. Si les missions deviennent des ventes de tableaux, cela explique aussi bien les grosses sommes d’argent que l’irrégularité de celles-ci.
- Nathan, merci, reprend Enzo avec l’un de ses "la ferme" poli. Monsieur Hunt, vous voulez savoir le genre de retombées que l’on craint ? Destruction de nos vies, qu’elles soient par le biais d’attaques légales ou d’attaques illégales, littéralement ou au sens figuré, conséquentes à notre association avec vous et notre ignorance de ce que vous faisiez réellement. »
D’un geste souple, Enzo présente la bouteille d’eau ouverte à Luke.
« Vous disiez être capable de comprendre qu’on ne vous fasse pas confiance voire que vous nous fassiez peur, dis-je, cessant de me faire oublier alors que cela doit être l’une des tentatives les plus réussies de mon existence dans le domaine, tout en venant me placer à côté d’Enzo. Alors comprenez. »
Je n’ai pas parlé de la moitié, voire du quart, de ce dont j’aurai aimé parler mais je suis contente d’avoir réussi à placer un mot. Je me sens piégée, à présent, car tous les artifices et les conséquences qui permettent d’intellectuellement me sécuriser ne pèsent pas franchement lourd quand je me retrouve face à deux fois mon poids de noirceur et de pâleur mortuaire hybridé avec je-ne-sais-quel grand félin, un prédateur alpha, et chassant des êtres humains mieux protégés que moi je-ne-sais-combien-de-temps.
Je tiens plus la route… au point de me placer à côté d’Enzo pour trouver de la sécurité ! Mais je suis une cruche en porcelaine sur le passage d’un éléphant moi ! La configuration "Nathan en réserve et les autres en duo" c’est celle où Enzo finit violemment couché et moi je m’en sort par ma Chance et mon talent avant que le renfort n’ait le temps d’intervenir ! Et là c’est ni des mecs à qui on pique des feux d’artifices ni des gros lourds dans un bar ! Si ça se trouve, je vais vraiment devoir essayer de casser les parties génitales de Luke pour limiter la casse du reste… Je veux bien être une casse-bonbons mais je préfère pratiquer en conditions un minimum sécurisées, merci.
Nathan contourna la table et me détourna pour ne pas que Lucy voit mes yeux de félins. Il dit que j’étais un prédateur et que ça se voyait tant sur mon CV que sur moi. C’est alors que l’avocat repris en disant qu’il se demandait si le contrarier ne les mettait pas en danger. Il continua a dire bon nombre de conneries reprenant des phrase de mon CV pour se tourner ensuite sur ma fortune. Je finissais par ne plus l'écouter pour juste garder le contrôle sur la bête qui était au fond de moi. C’est la voix de madame Orchent qui me sortit de mes pensées et c’est là que je vis la bouteille d’eau tendue par Enzo.
Je donna un coup dans la bouteille qui se déchira en deux à cause de mes griffes.
“Vous parler sans penser aux conneries que vous pouvez déblatérer, mes yeux c’était un accident mais pourquoi je les cacherais, vous voulez voir qui je suis mais me demander d’arrêter quand c’est ce que je fais. Vous me demander comment je peux avoir autant d’argent avec juste des ventes d’oeuvre sans réfléchir au fait que je suis sur terre depuis plus d’un siècle, vous demander pourquoi j’utilise ce langage alors que je suis a moitié jaguar et que j’ai longtemps été tueur à gages et mercenaire."
Avait dit je en les regardant a tour de rôles avec les yeux d’un jaune éclatant. Je me tourna vers Nathan avec un regard toujours aussi jaune.
“Et toi ne me parle plus comme, c'était un accident mais peut être était ce une bonne chose.”
Je me tourna vers madame Orchent en laissant mes yeux jaune pour reprendre ma couleur normal.
“Vous me parlez de non confiance et de peur mais vous ne me connaissez pas et ne savez pas qui je suis en réalité car a votre avis qu’est ce que je gagnerais à vous tuer ou vous faire du mal? Encore moins de chance de revoir un jour mes enfants? Voir la déception de mes amis et de ma famille sur leurs visages?"
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