En voyant le soulagement sur le visage de son papa, Earwen se sentit très fière de son initiative. Plus aucune raison de laisser une migraine gâcher la balade. Alors que la jeune fille savourait l'instant, mains dans la main avec son papa, le bruit de la cascade ne tarda pas a se faire entendre, quand Aemon lui dit apercevoir celle ci. Earwen chercha des yeux, essayant de se hisser sur la pointe des pieds, mais ne vit absolument rien.
Pressant le pas, la jeune fille tira sans le vouloir son père par la main, ne pensant pas qu'il pourrait avoir du mal a suivre. Une fois arrivé devant la cascade, Earwen s'immobilisa, laissant enfin le temps a son pauvre papa de respirer. Ils restèrent un instant a l'admirer, cote a cote, dans un très beau moment de complicité. Cela faisait bien longtemps que la jeune fille n'avait pas pu passer du temps avec son père, d'une part parce qu'elle passait beaucoup de temps a étudier sans vraiment oser sortir, et d'autre part, a cause du travail de ses parents qui leurs prenait beaucoup de temps.
Un peu perdu tout de même quand a la marche a suivre, Earwen laissa son papa prendre les devants, le regardant faire. Elle sourit au chant du rossignole et imita bientôt son père, trempant doucement ses mains dans l'eau fraiche. Alors qu'il faisait chaud, la sensation était des plus agréable, c'est pourquoi, Earwen agita pendant quelque instants ses mains dans l'eau claire avant d'en prendre une petite quantité qu'elle porta a sa bouche, Faisant le voeu qui lui venait le plus spontanément a l'esprit a cet instant: parvenir a contrôler ses pouvoirs, afin que ceux ci ne représentent plus un danger.
"j'ai fait mon vœu papa"
Dit-elle, avant de se relever, visiblement un peu trop vite, puisqu'elle glissa sur le bord et, ne pavanant pas a se rattraper a temps, elle tomba a la renverse en poussant un petit cri de surprise, pour finalement se retrouver avec le derrière dans l'eau. Earwen ne s'était pas blessée dans sa chute, mais se retrouvait a présent complétement trempée, des pieds a la tête...
Samedi 20 juillet 2024, 20h. La migraine finit par disparaitre, aussi soudainement que lorsqu'elle est arrivée.
C'est hélas mon quotidien depuis de nombreuses années. Depuis mon opération, il ne se passe pas une journée sans que je sois sujet à de fortes migraines qui me laissent tantôt transi de souffrance, tantôt aussi inutile et faible qu'un lapereau. Ma plus grande crainte est d'en avoir une lors d'évènements importants, et ça n'a pas loupé car, le jour où j'ai épousé Moira, j'ai manqué de rater la cérémonie. Couché sur mon lit, vêtu de mon plus beau smoking, j'étais incapable de faire quoi que ce soit. Heureusement qu'un collègue est arrivé avec un médicament miracle, un comprimé que je prends depuis ce jour, car il est radical avec les maux de tête. Malheureusement, j'ai tendance à souvent l'oublier, car je le prends souvent pour le laisser à un endroit, avant d'oublier ce que j'en avais fait. Ma femme et ma fille sont heureusement là pour me porter secours. Earwen avait donc pris une plaquette de cachets dans son sac avant de partir, et c'est avec reconnaissance que j'avalais un comprimé.
Nous arrivons donc à la cascade, après avoir marché un long moment main dans la main. Cela faisait longtemps qu'Earwen et moi n'avions pas partagé un tel moment de complicité. Depuis mon retour à la vie, j'avais pris conscience d'avoir loupé plusieurs grands moments de sa vie, et cela me déchirait de la voir s'éloigner de moi alors qu'elle devenait une femme et découvrait ses pouvoirs. Je me suis naturellement rapproché de mon fils qui, ayant partagé avec moi la disparition causée par le snap, avait repris le cours de sa vie là où elle s'était arrêtée. Je suis heureux de voir qu'Earwen est toujours autant attachée à moi. La cascade apparait devant nos yeux ébahis et je décide de prendre les devants pour montrer à ma fille comment s'y prendre avec la cascade. Jouant le jeu de la légende, je m'incline avant de plonger mes mains dans l'eau. Je bois une fraiche gorgée qui me fait un bien fou et laisse ma fille s'avancer à son tour.
Elle m'imite et fait son vœu. Je souris quand elle me le dit. Je lui réponds : Quel qu'il soit, je suis sur qu'il se réalisera ma chérie. Un craquement me fait redresser la tête. Aussi alerte qu'un faucon en pleine chasse, j'observe les environs, usant de mon œil pour déterminer l'origine du bruit. Mes instincts de soldat prennent le dessus et je ne me rassure que lorsque je suis persuadé que ce n'était qu'un animal. Je sursaute quand j'entends un grand "PLOUF" et je vois ma fille assise dans l'eau, trempée jusqu'aux os. Je laisse échapper un rire franc et jovial avant de commencer à retirer mes chaussures. Je dis à ma fille : Tu as une drôle de manière de me dire que tu as envie de te baigner Earwen !
Après lui avoir donné le cachet miraculeux, Earwen vit avec soulagement les traits sur le visage de son père s'apaiser au bout de quelques minutes. Au moins, la balade ne serait pas gâchée.
Main dans la main, le père et la fille marchaient sur le chemin paisible, accompagné par le chant des oiseaux. Un doux moment, comme on aimerait en avoir plus souvant.
Au moment d'arriver à la cascade et son étendue d'eau claire et limpide, Earwen avait sans hésitation imiter son papa, en trempant ses mains dans l'eau fraiche après une petite courbette pour en boire une gorgée, quand au moment de se redresser, la jeune fille glissa sur une pierre humide et se retrouva les quatre fer en l'air et les fesses dans l'eau, le tout sous les rires de son papa. Baissant les yeux, le visage de la jeune fille s'empourpra
"J'ai glisser papa..."
Earwen se redressa et en voyant père toujours hilare, elle remit ses mains dans l'eau afin de l'éclabousser généreusement, avant d'essayer de le faire tombé à l'eau à son tour
"Tu vas voire!"
Dit elle en riant à son tour, trempée mais heureuse. Alors qu'elle était depuis plusieurs semaines plongée, plus que de raison, dans ses révision, la jeune fille avait bien besoin de cette escapade qui était comme une bouffée d'oxygène dans un quotidien assez angoissant ou elle se sentait comme un fardeau pour sa famille
J'ai quand même du mal à croire que ma fille est presque une femme. Elle parait encore si enfantine, si immature... J'ai l'impression de la voir enfant, s'extasiant devant un moineau qui s'était posé devant elle... Elle a des réactions tellement innocentes pour son âge, si bien que j'espère secrètement qu'elle restera ainsi, jeune, pure, naïve (mais pas trop). Je sais que j'aurais du mal à la laisser partir pour cet institut. Moira prétends que c'est bien pour elle, qu'ils lui apprendront à maitriser ses pouvoirs. Moi, j'ai plus l'impression qu'ils vont m'enlever ma petite fille, qu'ils vont la transformer pour qu'elle puisse servir les intérêts de ce chauve à roulettes. Je n'ai rien dit à Moira, car, étant une mutante elle même, elle a plus son mot à dire que moi sur ce sujet. Il faut choisir ce qu'il y a de mieux pour notre fille après tout... Depuis quelques temps, surtout depuis mon retour, depuis ces cinq ans d'absence, tellement de choses ont changé. Moira fait comme si rien ne s'était passé, Cirth non plus, mais l'évidence est là. J'ai quitté ce monde, et j'ai beaucoup de mal à y retrouver ma place, même si, en apparence, je l'ai toujours occupée. Mon propre caractère s'est retrouvé quelque peu modifié. Mes migraines se faisant toujours aussi fréquentes, je suis beaucoup plus irritable, plus facilement. Moi qui suit d'un naturel serein, je me retrouve à préférer me taire plutôt que d'affronter les choses calmement. Voilà pourquoi je n'ai rien dit quand Moira a fait les démarches pour que notre fille aille dans cette école.
Ma fille me parait si enfantine, si innocente, alors qu'elle me dit qu'elle a glissé. Je souris et m'écarte doucement en riant lorsqu'elle tente de me faire tomber. C'est plaisant de la voir rire ainsi, alors qu'elle a été plongée dans ses révisions et dans l'angoisse des examens ces dernières semaines... Pour ma part, je n'ai guère eu le temps de m'occuper de ma famille, car les recherches pour retrouver le Baron Zemo ne font que s'intensifier de jour en jour. Je décide donc de prendre un peu le frais et, après avoir retiré mon polo et mon pantalon, j'entre dans l'eau avec un soupir de soulagement avant de m'asseoir à même le sol, savourant la fraicheur de la source. Je dis à Earwen : Tu avais raison de tomber dedans, on y est très bien. Après un moment durant lequel, en silence, j'écoute la nature autour de moi, je m'allonge dans l'eau et demande à ma fille : Tu n'as toujours pas répondu à ma question.
Après quelques instant a chahuter, moment pendant lesquels, malgré toute sa bonne volonté, Earwen n'était pas parvenu a faire tomber son père dans l'eau, ce fut finalement lui qui décida de la rejoindre, la complimentant sur le fait qu'une baignade était agréable, ce qui était vrais. D'une part, par le paysage magnifique et apaisant, la clarté et la fraicheur de l'eau et le charme du lieu, mais surtout, parce qu'elle se trouvait avec son papa, dans l'un des trop rares moments partagés avec lui.
Quand il s'allongea dans l'eau en lui disant qu'elle n'avait pas répondu a sa question, Earwen comprit qu'elle ne pourrait plus l'esquiver bien longtemps, mais voulait prendre son temps pour répondre, trouver ses mots et maitriser ses émotions de peur, la peur d'elle même, de ce qui grondait en elle...
"Il n'y a pas grand chose a dire tu sais ? Les révisions se passent bien et on se chamaille beaucoup moins avec Cirth. Myrah s'est enfin décider a ne plus manger mes chaussons"
Ce n'était pas tout. Ce n'était pas cette routine qui l'angoissait, au contraire, celle ci avait même tendance a la rassurer en lui offrant un cocon confortable. Mais la peur était la, les doutes aussi.
S'allongeant a son tour dans l'eau, Earwen se rapprocha de son père et vint poser sa tête contre l'épaule de celui ci, avant de se confier sur un sujet beaucoup plus personnelle et spécifique...
"L'autre jour sur Alfheim, j'ai comprit que j'étais une des héritière potentielle du trône. Mais je n'ai rien d'une princesse, et encore moins d'une reine. Je n'ai pas ce qu'il faut pour ca. Cirth mériterai ce titre bien plus que moi et lui au moins n'est pas un danger publique"
Toujours blottie contre son papa, elle continua en regardant les nuages qui filaient avec lenteur dans le ciel bleu azure
"L'autre jour au centre commerciale, quand j'ai perdu le contrôle et que je suis tombé sur Loki... j'aurais jamais attirer son attention si j'avais pu me contrôler ce jour la. Depuis, j'ai peur qu'il me retrouve et qu'il s'en prenne a vous"
Earwen se tue par la suite, en se demandant si elle avait bien fait d'avouer cette confidence. Mais la peur des conséquences était si lourde a porter que cela forçait la jeune fille a travailler jusqu'à l'épuisement pour ne pas y penser. C'est la raison pour laquelle Aemon l'avait retrouvé ce matin, endormit sur ses feuilles de révisions
Je m'allonge dans l'eau fraiche, et lâche un soupir de soulagement. Qu'il est bon de sentir la fraicheur sur sa peau ! Qu'il est bon de se retrouver en si parfaite harmonie avec la nature ! Je souris en sentant les bouches avides des petits poissons qui s'occupent déjà de débarrasser mes jambes et mes pieds de leurs petites peaux mortes. Allez y, ne vous gênez pas ! Je profite de ce bien être pour relancer ma fille sur la question que je lui avais déjà posé deux fois et qu'elle esquivait en changeant de sujet. Ma fille me connait pourtant, elle sait que je ne lâche pas aussi facilement l'affaire. Elle finit par céder et me dit que ses révisions se passent bien, malgré le fait qu'elle se dispute souvent avec Cirth. Je lâche un soupir et lui réponds : Je parlerais à Cirth, mais essaye de te dire que cette situation n'est pas facile, autant pour lui que pour toi. Si ce n'est plus pour lui. Il a pris tellement de retard comparé à toi... Lui et moi, nous nous comprenons plus aisément. Mon fils s'est beaucoup rapproché de moi depuis notre retour car nous avons tous les deux été volatilisés par la force de Thanos. Ils se chamaillent de plus en plus souvent depuis notre retour d'Alfheim... J'essaye de tempérer, mais ce n'est pas facile quand nous avons un jeune garçon désabusé et une jeune femme qui ne demande qu'à déployer ses ailes pour s'envoler...
Elle m'avoua ensuite qu'elle avait pris conscience de son statut, et qu'elle n'avait rien d'une reine ou même d'une princesse, car son pouvoir est bien trop dangereux. Je secoue la tête et lui réponds : Ne dis pas de bêtises. Une fois que tu seras à l'institut, tu apprendras à maitriser tes pouvoirs et je sais que tu y arriveras. Tu tiens de ta mère, tu saura les maitriser aussi bien qu'elle. Ma fille s'était à son tour allongé dans l'eau et avait posé sa tête sur mon épaule. J'entoure les siennes de mon bras dans un geste protecteur, le visage tourné vers le ciel. Je lui dis ensuite, en souriant : Toi et ton frère avez plus l'air d'être princesse et prince que votre père. Non mais tu les as vu ? Ils me regardaient comme si j'étais un animal de foire ! J'ai toujours du mal à avaler cela. Je suis conscient de mon statut. Je suis un Prince, mais juste par le titre, car je n'ai aucune responsabilité, ni aucun privilège qui incombe à ce rang, et cela me va très bien !
Earwen me dit ensuite que l'autre jour, au centre commercial, elle avait perdu le contrôle en rencontrant Loki, le dieu de la Malice. Elle se reproche d'avoir attiré l'attention sur nous. Je souris et rétorque : Piètre Dieu. Qu'il vienne ma chérie, il ne pourra pas nous faire grand mal. Tu n'as rien à te reprocher, tu n'as fait que te défendre face à un puissant ennemi, et je suis fier de toi, quoi que tu en penses.
Earwen leva les yeux vers le visage de son père lorsque celui-ci annonca qu'il voulait parler à Cirth. Tout en souriant, la jeune fille voulu le rassurer: elle maîtrisait presque très bien la situation avec son frère.
"Ne t'inquiète pas pour ça papa. Je ne lui en veut pas, je sais que je ne suis pas un cadeau et on finit toujours par se réconcilier, c'est le plus important. C'est normal de se disputer entre frèreet sœur, tant qu'on oublie pas qu'on tient l'un à l'autre pas vrais?"
La leune fille tenait, dans la mesure du possible se débrouiller seule la plupart du temps, que ça soit pour ses devoirs, ses révisions ou juste l'organisation de sa chambre, elle aimait par dessus tout faire les choses à sa façon et ses relations avec Cirth n'échappaient pas à la regle. Ses parents avaient déjà, selon elle, leurs propres soucis à régler et sauf cas d'urgence, Earwen était plutôt autonome et débrouillarde. La, aujourd'hui, c'était de tendresse dont elle avait besoin c'est pourquoi, au lieu de parler des tracas du quotidien, elle préférait profiter de l'instant, blottie contre son papa dans l'eau claire. Elle laissa échapper un petit rire en évoquant le voyage à Alfheim:
"Et moi alors, qu'est ce que je devrais dire? J'ai passé tout le temps a essayer d'imiter maman, alors que he me sentais très cruche. Je crois que c'est Cirth qui s'en ait le mieux sortit"
Si les tracas étaient là, et il avait suffit de quelques mots pour les faire remonter la surface, les regret, les peurs, les angoisses... même si son papa tenta de la rassurer.
"Tu as raison! Vous avez raison tout les deux avec Maman. A l'institut, j'apprendrai a contrôler mes pouvoirs et si Loki repasse à l'attaque, je me laisserais pas faire non plus! Je me battrai par tout les moyen !"
Tout juste entrée dans l'adolescence, la jeune fille était déjà prête à se battre pour protéger sa famille, malgré les maigres moyens dont elle disposait.
Ma fille a beau être d'une très grande gentillesse, être exemplaire à tout instant, j'ai parfois l'impression qu'elle ne pense pas vraiment ce qu'elle dit. Pourquoi ? Est ce seulement une impression ? En tout cas, lorsqu'elle me parle de son frère, me disant qu'elle tient à son frère et que les tensions entre elle et lui ne sont que de normales disputes entre fratrie, j'ai l'impression qu'elle ne fait que me dire ce que, potentiellement, je souhaiterais entendre. Chercherait elle à me rassurer ? Ou le pense t'elle vraiment ? Je laisse mon regard glisser vers elle, pensif. Serait elle une manipulatrice ? D'un côté, cela lui sera utile plus tard, car elle pourra obtenir ce qu'elle veut sans mal, mais ça reste dangereux, et malsain. Soit elle est une manipulatrice, soit elle pense vivre dans un monde tout beau tout rose. Je doute de la deuxième possibilité, car elle a connu bien des malheurs en l'espace de quelques années, mais elle parait tellement innocente quand je la regarde... Elle me fait penser à son frère, qui lui reste un enfant. Mais elle a seize ans... Pourquoi ne fait t'elle pas preuve d'un peu plus de maturité ? A son âge, je faisais le mur pour aller fumer avec mes amis dans des soirées improvisées, j'avais les cheveux longs, je répondais à mes parents... Earwen n'est pas du tout ainsi, et c'en est presque frustrant, j'ai l'impression d'avoir raté quelque chose, ou au contraire d'en avoir trop fait.
Je lâche simplement un petit soupir. J'ai envie d'une cigarette, mais je vais attendre, car ce n'est ni le lieu ni le moment pour ça. Je parle alors de notre voyage dans ma belle famille, et lui dis que je ne me sentais pas à ma place parmi tous ces elfes, ce luxe, cette grandeur. Earwen me répondit qu'elle avait l'impression d'être passée pour une cruche lorsqu'elle essayait d'imiter sa mère, et me dit que son frère s'en était mieux sorti. J'hausse les épaules, dubitatif. Je lui dis : Ton grand père n'en a rien dit en tout cas. Il paraissait fier de vous avoir comme petits enfants. Je ne lui dis pas que ce n'était pas le cas pour moi, et que j'ai surtout rien fait pour créer un semblant de contact avec mon beau père. Depuis que je suis rentré, depuis que je suis revenu dans le monde des vivants... Je me sens différent, et quand quelque chose me contrarie, plutôt que d'essayer de régler cela avec sérénité, je reste à l'écart. C'est peu de temps après les présentations que j'ai repris la cigarette.
Nous parlons ensuite de ce qu'il s'est passé dans le centre commercial, et je sens la détresse de ma fille. Je tente de la rassurer mais, une fois encore, je me heurte à ce que je pense être soit de la pure naïveté, soit des faux semblants. Je ne sais plus quoi penser. Je lui réponds alors, en soupirant et en me redressant en position assise : Nous n'y sommes pas encore. Le jour où tu auras à faire ça n'est pas encore arrivé. Cela signifierait que j'aurais échoué.
Earwen regarda son père et vit bien l'expression de celui ci, pensif, voire soucieux lorsqu'elle assura que ça allait avec Cirth, malgré les dispute. Penchant légèrement la tête, elle finit par ajouter en soupirant
"Que veux tu que je te dises de plus? Que parfois j'ai envie de lui taper la tête contre un mur? Oui c'est vrais, il y à des moments où je suis jalouse de lui, parce qu'il lui suffit de faire les yeux doux pour avoir tous ce qu'il veut. Mais c'est mon frère, et je l'aime"
Naïve, la jeune fille l'était encore, ou plutôt, elle idealisait sa famille sans doute un peu plus que de raison. Son cocon protecteur au sein duquel elle parvenait peu à peu à se reconstruire. Elle ressentait dans cette unité un sentiment de plénitude, sans doute illusoire par rapport à la réalité, mais c'était à cette certitude qu'elle s'accrochait. Le jour où elle ouvrirait les yeux, la chute sera peut être dur, mais elle ne l'envisagait pas pour le moment, comme une forme de deni.
La conversation était venu en fait à son grand père, le roi d'Alfheim. A ce moment la elle répondit avec franchise:
"Oui, c'était sympa, et ça faisait rêver aussi, mais je ne me suis pas senti à ma place. Mon monde, c'est la Terre. C'est la que je me sent heureuse"
Elle se tut suite à ces paroles, profitant autant que possible de l'instant présent. Earwen gardait toujours en tête la crainte de decevoir sa famille, que ce soit en relâchant ses efforts ou en se rebelant, comme beaucoup de jeunes gens à son âge. Sans doute parce que jusqu'à maintenant, elle n'avais encore jamais trouver de raison de se révolter contre l'autorité parentale
La jeune fille se redressa pour regarder son père en face lorsque celui ci la rassura sur le fait qu'elle n'aurait jamais à endosser le rôle de "sauveuse" envers sa famille, ayant eu un certain mal à comprendre les propos de ce dernier
Ah, enfin ! Je suis désolé de devoir provoquer ma fille pour la voir sortir de ses gonds, mais, au moins, je sais qu'elle est capable de riposter... Attendons cependant de voir ce que cela donnera à l'avenir. Les pieds dans l'eau, je la regarde du coin de l'œil alors qu'elle me dit qu'elle a parfois envie de taper la tête de son frère contre le mur, qu'elle ressent de la jalousie pour lui. Je souris, amusé, et passe mon bras autour des épaules de ma fille. Je lui souffle à l'oreille, d'une voix taquine : Jalouse de quoi ? Tu as hérité de la beauté de ta mère ! Tu feras tourner les têtes de tous tes futurs camarades de classe, crois moi... Je tourne alors la tête vers elle, pris d'un doute. Elle a seize ans. A son âge, j'avais déjà eu plusieurs petites copines. Je lui demande alors, en souriant : Maintenant que j'y penses... Tu n'as toujours pas présenté de petit ami ou de petite copine à ton vieux père... J'ai dis cela d'un ton tout aussi amusé, même si je suis sérieux. Ma fille est belle, et intelligente, je ne doute pas un seul instant qu'elle ai fait soupiré un ou même plusieurs cœurs.
La conversation part ensuite sur notre voyage familial, et je suis heureux de constater que ma fille est heureuse ici, sur Terre. Je souris et lui réponds : Je suis heureux de te l'entendre dire. Déjà que la distance entre l'Institut et la maison me parait horriblement grande, imagine si tu avais décidé de t'installer sur cette planète... Je ne l'aurais pas suivi. Je n'en aurais pas eu la force. La Terre est ma maison, elle m'a vu naitre et me verra mourir. Je passe une main dans mes cheveux, humidifiant ces derniers. Bon sang, la chaleur commence à devenir difficilement supportable, heureusement qu'il y a cet agréable point d'eau. Ma fille me dit alors qu'elle se battrait de toute ses forces contre nos ennemis, et je lui réponds qu'elle n'y est pas encore, que, si cela devait arriver, cela signifierait tout simplement que j'ai échoué dans ma tâche. Elle ne parut pas comprendre et me demanda ce que je voulais dire par là. Lâchant un soupir, je me relève et commence à renfiler mes habits.
Je reste un moment silencieux et, après une ou deux minutes, je finis par lui dire : Oublie ça ma puce. Concentre toi déjà sur ton apprentissage, c'est le principal. Laisse les malheurs à tes aînés... J'attends qu'elle soit prête pour commencer à prendre le chemin du retour à ses côtés. Nous marchons en silence encore un moment, profitant de la nature et de ses bienfaits. Je finis par lui souffler, dans un soupir : Je dois te remercier, Earwen, pour le soutien que tu apporte à ta mère. Cela l'aide énormément. Ce soutien lui est en effet d'un très grand secours pendant sa grossesse. Elle a l'air de plutôt bien la vivre, même si je sais qu'elle commence à ne plus supporter ma froideur à ce propos. C'est pour cela que je suis heureux qu'Earwen soit là. Sans le savoir, elle fait office de tampon, évitant que notre couple et notre famille finisse par se briser en mille morceaux.
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