[Terminé] L'instant de vérité

L'instant de vérité

Bucky et Clint

Le mois de juillet avait été beaucoup plus calme que les deux mois précédents, et pour être honnête, je ne m'en plaignais pas. Assez peu de missions sur le terrain, pas de super-vilain dévastateur à l'horizon, et surtout, pas de crise mondiale immédiate à gérer. Comme si le mal était parti en vacances. Je ne restais évidemment pas inactif, j'en étais tout bonnement incapable. Je ne pouvais m'empêcher de penser que ce n'était que le calme avant la tempête… il était donc difficile pour moi de lâcher du lest.  

J'aurais aimé pouvoir profiter de ce répit pour prendre quelques jours auprès de ma famille, mais tant que Wanda n'aurait pas repris totalement le contrôle, je ne voulais pas les mettre en danger. J'ignorais où ils se trouvaient, et c'était mieux comme ça. Mais bon sang ce qu'ils me manquaient tous les quatre…
Alors je me plongeais dans le boulot, comme d'habitude. Seules les tâches changeaient, évoluaient : des recherches théoriques, des études de dossiers d'agents et de futurs agents, de la formation au terrain pour les petits jeunes… Encore et toujours plus de responsabilités.

Nous étions en stand by, mais nous avions du coup du temps pour prévoir le plan d'action contre la Sorcière Sombre. Je m'étais enfin décidé à contacter Charles Xavier, suite à la visite de sa sœur, avec qui il était bien plus simple et agréable de discuter. Le courant passait beaucoup moins bien avec le télépathe, mais la collaboration était malheureusement nécessaire. Je devais toutefois reconnaître qu'il avait bossé son sujet, et que ses idées tenaient la route. De mon côté, je jouais les intermédiaires auprès du S.H.I.E.L.D. et des Avengers. Aujourd'hui, fallait que j'aille causer avec Barnes.

On se parlait pas souvent, lui et moi, pas parce qu'on ne voulait pas, mais parce que l'occasion ne s'était pas particulièrement présentée. Depuis qu'il avait intégré les Avengers, plus de six mois plus tôt, on avait été ensemble sur le terrain que lors du Jour des Héros. Je suivais de loin son évolution et je le saluais poliment quand on se croisait dans les couloirs de la base, mais ça n'allait pas plus loin. L'un comme l'autre n'étions pas de grands bavards. D'ailleurs quand je l'avais contacté hier pour lui dire qu'il fallait que je le voie, la conversation avait été très courte et efficace, et il n'avait suffit que de quelques mots pour que je me retrouve ce matin à toquer à la porte de son appartement.

Barnes me sourit en ouvrant la porte, de ce genre de sourire qu'on offre par convention sociale. Alors que de mon côté j'hésitais sur la façon dont je devais lui dire bonjour - devais-je l'appeler Barnes ? Bucky ? James ? - lui ne prit pas la peine de s'embarrasser de salutations. Il se décala simplement pour me laisser entrer, et me demanda dans la foulée si je voulais boire quelque chose. Je lui rendis donc simplement son sourire et répondis :

« Un café, si tu as. »

Les mains fourrées dans les poches de mon pantalon - je m'étais vêtu sobrement, jean sombre et tee-shirt noir - je pénétrai dans l'appartement, mes yeux analysant rapidement la pièce, par habitude. Mon regard s'attarda quelques instants sur le vieux pépère vautré dans le canapé, qui me regardait aussi, mais sans agressivité. Il avait l'air bien plus serein que son maître.

« T'as pas à être sur la défensive avec moi, tu sais ? On est dans le même camp, depuis notre première rencontre. »

J'estimais important de lui rappeler ça dès le début. Il devait tellement être habitué à se méfier de tout le monde, à s'attendre à être mal considéré, mal jugé. Ce serait pas le cas avec moi.

Codage par Never Utopia

L'instant de vérité

Bucky et Clint

Je m'adoucis quelque peu lorsque le vieux toutou prit la peine de s'extirper de son canapé pour venir renifler mon pantalon et me dire bonjour. J'avais toujours bien aimé les chiens, dans ma jeunesse je voyais pas mal de chiens errants qui venaient chercher un peu de nourriture et de chaleur dans notre cirque. Lorsque le labrador toucha ma main avec sa truffe, je lui souris et pliai les jambes pour me baisser et me mettre à sa hauteur, avant de commencer à le gratouiller derrière les oreilles.

« Salut toi. »

Je relevai la tête vers Barnes et perdis mon sourire quand il m'annonça que j'allais être en colère. Allons bon. Il m'avoua alors qu'il avait vu Wanda, depuis qu'elle avait basculé, qu'il l'avait même vue plusieurs fois. Qu'il avait gardé ça pour lui, sans savoir pourquoi. Mouais. Moi j'avais une bonne idée de la raison de ce silence. Mais j'allais lui laisser le temps de digérer son aveu avant de faire mes commentaires. Gardant une parfaite poker face, je lui répondis :

« Va faire les cafés, on en reparle après. »

Toujours accroupi, je l'observai quitter le salon, puis me relevai lorsque le chien suivit naturellement son maître dans la cuisine. Je restai encore quelques instants sur place, avant de finalement les rejoindre, et attendre que le café ait fini de couler. Je le remerciai pour la tasse qu'il me tendit, humai la bonne odeur du café sans y tremper les lèvres pour le moment, et repris la parole.

« J'vais t'aider un peu en faisant les questions-réponses, pour commencer. Pourquoi tu n'as rien dit pour Wanda ? Parce que tu as toujours des sentiments pour elle. Et c'est réciproque. Est-ce que je t'en veux pour ça ? Non. Est-ce que c'était stupide de ne rien dire ? Oui, probablement. Ca aurait pu nous faire gagner du temps. Alors je t'écoute, raconte-moi c'qui s'est passé. Tu as parlé avec qui, déjà ? Wanda, son double maléfique, les deux ? »

Quelques mois plus tôt - ça me paraissait avoir eu lieu il y a une éternité - lorsque j'avais proposé à Barnes de rejoindre les Avengers sur la demande de Fury, je lui avais glissé quelques mots par rapport à Wanda. Après les avoir vus s'embrasser dans la cuisine, j'avais mis ma casquette de grand-frère en expliquant à Bucky qu'il avait intérêt à être sérieux et que s'il faisait souffrir Wanda, il aurait affaire à moi. Même si je lui avais fait comprendre que j'avais rien contre l'idée qu'ils soient ensemble, je pouvais comprendre qu'il ose pas trop m'en parler, mais c'était pourtant capital qu'on aborde le sujet aujourd'hui.

Codage par Never Utopia

L'instant de vérité

Bucky et Clint

« Sans sucre, merci. »

J'aimais boire mon café noir, sans sucre, lait ou autre additif qui dénaturait le goût. Je le buvais aussi une fois qu'il avait un peu refroidi, le préférant presque froid à brûlant. Je laissai donc la tasse tranquille pour le moment, et je l'avais pris plus par politesse que par réelle envie.

Je me doutais que Barnes n'accueillerait pas mon analyse avec le sourire, mais j'étais homme à aller droit au but, quitte à froisser quelques sensibilités. Je faisais des efforts niveau diplomatie depuis quelques temps, mais ça ne changeait pas mon caractère. Il réagit quasiment du tac-au-tac en me corrigeant, prétextant qu'il avait eu des sentiments pour elle fut un temps, mais qu'à présent il ne savait plus trop où il en était. Mouais, admettons. Par contre, je ne pouvais pas accéder à sa requête de ne pas en parler, puisque c'était précisément la raison de ma venue aujourd'hui.

Je lui laissai néanmoins un peu de répit et le suivis dans le salon pour prendre place dans le canapé. Il fallait déjà qu'il me raconte ce que Wanda et son double avaient bien pu lui dire. Je l'écoutai avec attention, les yeux fixés sur son visage. Malheureusement, il ne m'apprit pas grand chose. Je savais déjà tout ça, grâce aux conversations avec Xavier. Mais au moins, j'aurais pas besoin de lui expliquer cette partie-là, s'il était déjà au courant. Le fait que Wanda lui en ai parlé lui permettrait peut-être d'accepter plus facilement de s'impliquer dans la suite du plan.

« J'voulais surtout te parler d'elle, et de c'qu'on a mis en place. J'suis au courant pour les effacements de souvenirs. Y'en a certains qui ont pu être restaurés, et ils te concernaient. C'est pour ça que j'viens t'voir. »

Allez, c'était parti pour le discours de motivation. C'était vraiment pas ma partie préférée, et clairement pas ce que je maîtrisais le mieux, à mon sens en tout cas. Mais je m'étais fait à l'idée que c'était mon job, dans cette affaire, de coordonner les alliés et les proches de Wanda, pour mener ensemble un dernier plan d'action qui devrait mettre fin une bonne fois pour toutes à toute cette histoire.

« Ecoute, j'vais pas y aller par quatre chemins, on monte un plan pour sauver Wanda, et on a besoin de toi. Alors j'm'en fous pas mal que t'aies des états d'âme ou que tu hésites sur tes sentiments. Parce que si elle se bat pour nous, elle mérite aussi qu'on se batte pour elle. Et j'ai besoin de savoir que tu te battras avec nous. »

Mouais, c'était pas trop mal. Ptet un peu trop de répétitions, mais j'espérais avoir fait passer les idées importantes. J'espérais surtout qu'il allait être d'accord et partant pour aider Wanda, parce que s'il refusait, il allait falloir qu'on revoie tout le plan, et on était pas sûrs qu'une autre solution soit aussi efficace. J'étais on ne peut plus sincère et sérieux quand je lui disais qu'on avait besoin de lui.

Codage par Never Utopia

L'instant de vérité

Bucky et Clint

Barnes parut surpris que je sois au courant pour les effacements de souvenirs. Ca me paraissait pourtant normal que je sois informé de tout ce qui touchait à Wanda, puisque j'étais la personne la plus proche d'elle dans l'équipe. Du moins, c'était ce que je pensais jusqu'à ce que j'apprenne qu'elle était venue voir Barnes plusieurs fois, et qu'ils avaient toujours des sentiments l'un pour l'autre. D'ailleurs je me demandais s'ils n'avaient vraiment fait que discuter… mais c'était pas mes affaires. Je préférais de toute façon la savoir dans les bras de Bucky plutôt que dans ceux de cette ordure de Loki.

« Y'a quelques semaines, une mutante est venue me voir. Apparemment c'est une vieille amie à toi, elle s'appelle Raven Darkhölme. Elle dirige un groupe de mutants qui s'fait appeler les X-Men, et qui collabore avec le S.H.I.E.L.D. pour des missions spéciales sur le terrain. Bref, elle a un frère télépathe, qui connaît bien Wanda. Apparemment c'était son confident avant que… ça parte en couilles. Ils m'ont expliqué que la Sorcière Sombre est venue les attaquer plusieurs fois, mais qu'ils ont de leur côté réussi à restaurer des souvenirs manquants, et que l'plus important te concernait toi. J'ai pas demandé les détails, mais c'qu'on sait maintenant, c'est que t'es la clé pour la faire revenir. »

J'essayais d'amener les choses en douceur, vraiment, mais ce genre de révélation, quelle que soit la façon dont elle était formulée, lui mettrait nécessairement un poids sur les épaules. J'étais pas certain du tout que mon petit discours de motivation avait fonctionné, l'homme était pas simple à déchiffrer. Je notai que pour le moment il ne refusait pas mais n'acceptait pas non plus. Je comprenais bien ça, j'aurais sans doute réagi pareil : hors de question de m'engager dans un truc aussi gros sans connaître d'abord les détails du plan.

Alors je lui expliquai tout ce qu'on avait prévu, dans les moindres détails. Je ne mâchai pas mes mots, insistant à la fois sur les risques encourus, mais aussi sur toutes les précautions qu'on avait prévues. Je lui détaillai le plan en toute transparence, estimant qu'il était important qu'il soit au courant de tout pour pouvoir prendre sa décision. Lorsque j'eus fini de tout expliquer, mon café avait enfin atteint une température raisonnable à mon goût, alors je le bus d'une traite avant de poser ma tasse près de celle de Bucky et d'enfin lui demander :

« T'en penses quoi ? »

Codage par Never Utopia

L'instant de vérité

Bucky et Clint

Décidément, le Soldat de l'Hiver était très surpris par tout ce que je lui annonçais, comme si c'étaient les révélations du siècle. Pour moi, c'était pourtant évident que Bucky et Wanda s'appréciaient beaucoup. Ils avaient tous les deux un passé lourd à porter, ce qui avait probablement mis des bâtons dans les roues de leur relation, mais ces deux-là se tournaient autour depuis des mois. Mais comme souvent dans ce genre de cas, c'étaient les principaux concernés qui étaient les derniers au courant.

« Tu comptes beaucoup pour elle. Et de manière générale, tu vaux plus que c'que tu penses. »

Une petite piqure de rappel de temps en temps, ça pouvait pas lui faire de mal. D'autant plus depuis que son meilleur ami, son pilier, celui qui l'avait toujours soutenu contre vents et marées, se trouvait alité dans une maison de retraite, beaucoup moins en mesure de le soutenir.

Une fois que j'eus expliqué le plan, Barnes me parut moins renfrogné. On planchait dessus depuis plusieurs semaines, on avait envisagé pas mal de possibilités. Tout ne se passerait évidemment pas comme on l'avait prévu, c'était la différence entre la théorie et le terrain, mais on était prêts à parer à toute éventualité, à condition que toutes les conditions soient réunies. Aussi, quand il m'annonça que je pouvais compter sur lui, je me sentis sacrément soulagé.

« Merci. Elle t'a dit qu'elle se battrait, elle me l'a dit aussi, faut qu'on s'accroche à ça. »

Je n'étais pas non plus un grand optimiste, j'étais plutôt du genre pragmatique et réaliste. Je voulais croire au retour de Wanda, je voulais y croire de tout mon cœur, car je savais ce qui devrait arriver si on échouait. Mais ça, c'était LA partie du plan dont seuls Rocket et moi étions au courant, et que je ne pouvais certainement pas dévoiler à Bucky. Il n'aurait pas compris, et aurait probablement tenté de nous en empêcher s'il l'avait su.

Je restai quelques instants silencieux, tournant mon attention vers le chien qui s'était affalé dans le canapé. Mais en réalité, mon esprit encore bien préoccupé. J'étais venu voir Barnes pour deux raisons, et le deuxième problème n'était pas plus plaisant que le premier. Je pris donc un petit moment pour réfléchir à la façon d'aborder le sujet, avant de me décider à faire comme d'habitude : aller droit au but, mais tout en tâchant de ne pas foncer dans le mur non plus.

« Y'a un autre truc qui fait que j'suis venu t'voir aujourd'hui… Rocket m'a contacté y'a quelques jours pour me dire qu'Helmut Zemo l'avait trouvé et l'avait interrogé sur les Avengers. Il m'a dit qu'il te l'avait dit. Qu'est-ce que tu comptes faire ? »

Codage par Never Utopia