[Terminé] Look me in the eye & Tell me what you're hiding from me

Le visage de la jeune femme se décompose à la simple vision de l'arme.

Ses yeux ne cessent de se porter sur le pistolet, puis sur mes yeux au regard aussi froid qu'un glacier. Je suis conscient que je lui fais beaucoup de mal, et cela m'en fait aussi. Je souffre cruellement de la voir pleurer, de la voir aussi malheureuse, mais je fais cela pour la protéger. La protéger d'Hydra, de mon monde, de moi même. Je pense ne pouvoir jamais faire de mal à la jeune femme, car elle m'a sauvé la vie, mais qui dit que d'autres ne tenteront pas d'attenter à sa vie dans le simple but de me faire souffrir ? Je dois pour cela l'éloigner de moi, faire croire que nous ne sommes plus amis... Mais comment faire survivre une amitié naissante avec de tels propos, avec de telles révélations ? Gabriela est une femme forte, il est vrai, mais elle fait preuve d'une telle fragilité émotionnelle... Je vois littéralement son visage se décomposer lorsqu'elle entends mes raisons sur la présence de cette arme dans ma veste. Je dois lutter pour conserver cette même expression, froide, stoïque, alors que tout mon être m'ordonne de la prendre dans mes bras, de la serrer contre mon cœur.

Je lève un sourcil surpris quand elle me demanda si j'avais fait du mal à Rocket. Je lui demande : Tu connais cet animal ? Puis je vois l'expression de mon amie changer. Avec un cri de désespoir elle m'arracha mon arme des mains et se releva pour me faire face. Elle la braqua tout d'abord sur moi, tout en me disant en balbutiant qu'elle ne me laissera pas leur faire du mal, et qu'elle ne me laissera pas me détruire. Je reste immobile, face au canon de mon arme braqué sur moi, mais je ne suis pas inquiet. Gabriela ne tirera pas, et, même si elle le faisais, je ne bougerais pas. Qu'elle le fasse, cela ne me fera ni chaud ni froid. Je laisse même échapper un froid sourire, tout en la regardant dans les yeux. Je lui réponds alors : C'est quelque chose qui te surpasse Gabriela. Ne te mêle pas de ça.

Ce qu'elle fit ensuite eu le don de me surprendre. Elle braqua l'arme sur sa propre personne. Le regard plus déterminé que jamais, elle pointa le canon de l'arme sur sa propre poitrine, et je la vis frissonner au contact du froid métal. Elle me répéta qu'elle ne me laissera pas leur faire du mal, ni mourir, et que si je ne renonçais pas à cette folie, je devrais lui passer sur le corps, et m'en prendre à elle avant de m'attaquer aux autres. Je fronce les sourcils et, toujours aussi calme, je me relève. Je jette un œil autour de moi. Nous avons bien de la chance d'être quasiment seuls, sinon la police serait déjà autour de nous, avec l'un de ses membres en train de me passer les menottes tandis que l'autre essayerait de calmer Gabriela.
Je m'avance vers elle, tout doucement, sans un mot. Mon regard n'est plus aussi froid qu'il l'était quelques minutes plus tôt, mais toujours aussi déterminé. Sans une seule once d'hésitation, je pose une main sur l'arme, et je glisse l'autre entre le canon et sa poitrine. Elle ne veut pas me faire de mal, pas vrai ? Alors elle ne tirera pas, car la balle traverserait ma main... Et la tuera par la même occasion. J'espère sincèrement qu'elle ne le fera pas. Je tente le tout pour le tout. Je m'avance encore d'un pas, collant presque mon corps contre le sien, posant mon front contre le sien. Je lui souffle ces quelques mots : Tu es une femme forte Gabriela. Loin de moi l'idée de te sous estimer. Je lâche l'arme, pour poser ma main à l'arrière de sa tête. Mon corps dissimule le pistolet des regards, et on pourrait nous prendre pour un couple enlacé. Je reprends alors : Mais il m'en faudra plus pour me faire renoncer. Garde l'arme, Gabriela. Puisse t'elle te rappeler ce jour, ce jour où tu as promis de te dresser sur le chemin du Baron Zemo.

EPSILON

Je sens peu à peu mon cœur se fissurer un peu plus à chaque nouvelle larme qui coule sur les joues de Gabriela.

Mais je n'ai pas le choix. Je veux qu'elle comprenne qu'il est impossible pour moi de regarder en arrière, de renoncer et de commencer une nouvelle vie, une vie où je pourrais rebâtir ce qui a été détruit... Non, j'en suis incapable, pas avant d'avoir réduit au néant tout ce qu'ont entrepris les Avengers et le SHIELD. Je ne peux pas m'arrêter là, pas alors que je suis dans ma pleine lancée... Je ne peux pas m'arrêter, car ce serait signer la fin de mon existence, de ma liberté, et les Avengers pourraient tranquillement vaquer à leurs occupations alors que tant de monde souffrent encore par leur seule et unique faute. Gabriela doit comprendre cela, et je n'ai pas d'autre choix que de lui faire peur. Mon arme est l'un des éléments déclencheurs qui, je l'espère, vont faire s'effondrer les espoirs de la jeune femme, ces espoirs pour que je retrouve la raison...

Mais elle réagit de manière très surprenante. Elle menace de se donner la mort si je ne lui promets pas de me tenir tranquille, d'éviter d'attaquer ses amis. Je comprends alors qu'elle a le bras bien plus long que ce qu'elle ne laisse présager. Elle connait Bucky, elle doit surement aussi avoir des amis au sein du SHIELD, ou au sein des mutants. Dommage. Mais je ne peux pas. Ils ne seront que des tristes sacrifices pour une noble cause, pour un monde sans super soldats, sans Avengers, sans mutants, sans organisation surpuissante... Je m'approche d'elle, et elle se détends progressivement dans mes bras, alors que ma tête se pose doucement contre la sienne. Je tiens l'arme avec mes deux mains, et laisse l'une d'elle s'interposer entre le canon et elle pour mettre l'autre sur sa tête, dans une douce et rassurante caresse. Je la sens se détendre, alors que son regard sombre ne quitte pas le mien une seule seconde. Je lui dis de garder l'arme, afin qu'elle puisse se rappeler du jour où elle a choisi de se dresser en travers de mon chemin.

Elle se raidit soudain. Sa main se posa sur mon buste, et elle m'avoua qu'elle n'en voulait pas. Elle me dit qu'elle ne voulait blesser personne et qu'elle tiendrait sa promesse de tous nous protéger. Je lâche un soupir. Elle agrippe mon vêtement avec désespoir, comme si elle craignait que je m'en aille. Je caresse doucement l'arrière de sa tête tout en reculant la mienne pour la regarder. Je lui souris et lui dis : Je sais que tu sauras faire le bon choix Gabriela. Garde l'arme, j'y tiens. Elle t'aidera plus que tu ne le penses. Protège tes amis, protège les de ma fureur. Il est trop tard pour moi. Je recule d'un pas, lâchant l'arme mais je ne fais rien de plus. Je reprends donc, en souriant tendrement : Comme je l'ai dis, tu es une femme forte, Gabriela. Et tu as quelque chose que tes amis n'auront pas. Et c'est grâce à ce quelque chose que tu pourras tous les sauver. Crois moi.

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Pourquoi ?

Pourquoi tout doit finir dans le sang ?

C'est une question que je me pose tous les jours. Et la réponse vient d'elle même : tel est notre destin, à chaque être humain. Nous naissons dans le sang et la douleur, par forces pleurs et cris, et nous quittons ce monde de la même façon, nous ne pouvons rien changer à cela, si ce n'est la manière dont nous souhaitons vivre entre ces deux moments fatidiques... J'ai fais mon choix. Je vengerais ceux qui ont injustement péri. Ma femme, mon fils, les milliers de Sokoviens qui ne voulaient qu'une chose : vivre. J'ai fini par comprendre que c'était là ma destinée. Alors que je me noyais dans mon chagrin, dans mes larmes, j'ai alors su que je devais agir. Je ne pourrais pas les faire revenir, mais je pourrais les venger, faire payer ceux qui sont responsable de ce massacre. J'ai à la fois réussi et échoué, mais je ne m'arrêterais pas là...

Gabriela finit par comprendre. Elle sait à présent que rien ne m'arrêtera. Je vois ses larmes dans ses yeux, je vois son désespoir, son impuissance et cela me brise le cœur. Je voudrais lui dire que ce n'est pas la fin, qu'il y a encore de l'espoir, mais c'est inutile, car ce serait un odieux mensonge. Cela doit se terminer ainsi, je triompherais ou je mourrais, rejoignant ma femme et mon garçon. Je caresse l'arrière de la tête de la jeune femme, lui demandant de garder l'arme pour protéger ses amis de ma fureur, car il était trop tard pour me sauver moi. Elle secoua la tête, bredouilla un semblant de protestation avant de se taire. Je m'écarte d'elle, ses doigts finissent par lâcher le tissu de mon manteau. Elle est désespérée, me supplie, mais je reste de marbre, esquissant cependant un petit sourire qui se voulait le plus rassurant possible.

Je lui dis alors qu'elle est une femme forte, et qu'elle possède quelque chose que les autres n'ont pas, qui fait qu'elle pourra tous les sauver. Elle réfléchit rapidement avant de me dire qu'elle avait la foi, elle croit qu'il n'est pas trop tard, qu'elle pourra tous nous sauver et qu'elle ne me laissera pas mourir. Je garde le sourire et, tout en me détournant d'elle, je lui dis : Ce n'est pas ça Gabriela. Tout le monde peut avoir la foi. Non. Tu possède quelque chose d'encore plus rare : ma profonde sympathie. Je ne pourrais jamais te faire de mal, quoiqu'il arrive. Sert toi de cela pour protéger tes amis. Je marche alors, me dirigeant vers la pénombre et, tout en la saluant de la main et d'un sourire, je prononce ces ultimes paroles : Prends soin de toi Gabriela. Je m'enfonce dans la nuit, disparaissant, laissant la jeune femme avec mon arme entre les mains. Je suis confiant, elle saura s'en tirer, même si notre séparation me brise le cœur. Jusqu'à notre prochaine rencontre, je serais hanté à la fois par son sourire et par ses larmes. Reste en vie Gabriela, continue de faire sourire les Hommes.

EPSILON