[Terminé] Visite à domicile [feat.Loki]

Fenris ouvrit les yeux, réveillée par le filet de lumière transperçant la pénombre de sa tanière. Sondant visuellement et olfactivement son environnement immédiat, elle grogna un peu en se dressant sur ses pattes. S'approchant de l'entrée de son repaire, elle se métamorphosa sur le chemin, revêtant son enveloppe humaine. Offrant ainsi son corps nu à la nature, elle renifla l'air encore imbibé de pétrichor. L'humidité de la nuit recouvrait encore la forêt alors que l'astre solaire poursuivait sa course en côtoyant la cime des arbres. Les jours rallongeaient. C'est ce que la Louve avait déduit depuis qu'elle avait rejoint Midgard. Ces derniers étaient également plus chauds. Quoi qu'il en soit, la Louve se perdit quelques minutes en contemplation de son territoire. Le coin était parfait. Suffisamment isolé pour avoir la paix vis à vis des Midgardiens, difficile d'accès pour décourager le plus déterminé des randonneurs, il était donc  également exempt de toute ingérence humaine. En quelques mots, un petit coin de nature paradisiaque. Sans parler de la présence de cette grotte s'enfonçant légèrement dans le sol et alimentée par une source naturelle. La parfaite tanière pour une Louve digne de ce nom.

Interrompant finalement ses observations après avoir inspirer profondément, Fenris décida qu'il était temps de faire un brin de toilette. Rentrant dans sa tanière, elle se rapprocha d'un petit bassin naturel. Ce dernier était alimenté par un filet régulier s'échappant d'une fissure de la paroi en pierre. S'accroupissant, elle fixa un instant la source. D'où pouvait-elle bien provenir ? Elle n'était pourtant qu'à deux mètres de profondeur et la première source d'eau en surface était à plusieurs kilomètres. Il devait s'agir d'un mystère de la nature. Mystère qui ne serait sûrement pas résolu ce matin-ci.

Récupérant le précieux liquide directement par le petit jet dans le creux d'une main, la Louve commença par se mouiller la nuque et le visage avant de poursuivre en se nettoyant les bras et le torse. Appréciant l'effet rafraichissant, amplifié par la brise qui s’engouffrait dans sa tanière, la lupine fronça brièvement les sourcils. Son regard s'était posé sur l'une des nombreuses ecchymoses parsemant son enveloppe humaine. Contrairement à ses autres formes, les séquelles de son affrontement avec le brocoli rugissant y étaient bien visibles. Nulle touffe de poil ne pouvait les masquer. Bien sûr, toutes ces marques étaient superficielles. Le Fléau des 9 Royaumes n'avait à souffrir d'aucunes fractures ou hémorragies, la douleur ressentie était anecdotique. Cependant... les marques étaient bien là, entachant son enveloppe humaine. Ils étaient les témoins d'un nouveau revers, du moins c'est ce qu'il lui avait semblé en s'extrayant des eaux glacées de l'Hudson. Le monstre vert était-il également marqué lui aussi ? Ou bien son enveloppe était intacte ? Ce dernier était résistant, oui, mais jusqu'à quel point ? Ses crocs avaient bien réussi à transpercer sa peau. Que lui manquait-il donc pour dominer cette anomalie monstrueuse ? Soufflant en fermant brièvement les yeux, Fenris balaya ces questions de son esprit, pressentant que de telles réflexions ne feraient que lui donner des maux de tête.

Achevant sa toilette, elle s'ébroua un peu en se relevant et se laissa sécher. Une odeur bien connue parvint cependant jusqu'à ses narines alors qu'elle s’apprêtait à choisir sa tenue du jour parmi les quelques vêtements qu'elle s'était procuré. Ceux qui sentaient le moins étaient bien évidemment plébiscités. " Cela fait...longtemps. Toi pas... venir voir moi. " Dit-elle simplement sans daigner se retourner. Ramassant finalement deux hauts différents, elle finit par faire face à l'intrus. " Lequel ? Moi...bientôt...avoir besoin... autre. Toi savoir ? " Sa garde-robe était limitée et malheureusement, Fenris n'avait pas encore bien saisi les notions de "lessivage". Un des inconvénients de la vie en pleine nature. Ça et d'être une Louve qui progressait lentement et à son rythme sur le chemin de l'apprentissage des usages Midgardiens.

Visite à domicile

Repère de Fenris, au surlendemain du Jour des Héros, @Fenris & Loki Odinson

Sa couverture avait volé en éclats. Cela faisait longtemps que Loki s’y attendait et s’y était préparé. Depuis son premier jour au QG des Avengers sous la peau de son demi-frère Thor, chaque instant passé là-bas, en compagnie des amis du Dieu du Tonnerre, était non seulement un supplice pour lui tant il rêvait de les étrangler ou de les empoisonner, mais également un défi et non des moindres. Pour certains, comme Barton, il savait quelles étaient les relations entre eux et Thor mais pour d’autres, comme le raton-laveur intergalactique répondant au nom de Rocket, Loki n’en avait aucune idée. Avec ceux-là, il avait l’impression d’avancer sur des braises. Le moindre mot, le moindre sourire ou geste de la part de ce faux Thor à leur égard aurait pu signer l’arrêt total du subterfuge qu’il avait monté, si ces connaissances-là avaient commencé à se dire que jamais Thor n’aurait dit cela ou agit de la sorte envers eux. Mais c’est finalement celle qui faisait battre son cœur de glace qui mit fin à la ruse, ou plutôt son alter-ego maléfique, durant les célébrations données le Jour du Héros.

Loki avait eu un mauvais pressentiment et s’était arrangé pour faire savoir à son élève aux crocs et aux griffes acérés, Fenris, qu’en cas de problème, elle devrait s’assurer qu’il puisse s’échapper car tous ses dons et pouvoirs n’auraient été d’aucune utilité face à ceux, combinés des Avengers et autres Super-Héros…Il le savait…Il avait déjà vécu la chose…Et effectivement, avec l’attaque de la Sorcière Sombre, on somma Thor de venir aider ses camarades, de faire appel à ses pouvoirs. Dès lors, il fut contraint de tomber le masque et c’est non sans avoir du se battre, user de ruse et de tours de passe-passe, que Loki, le vrai Loki, avait pu s’enfuir grâce aussi au concours de Fenris. Avant de disparaître grâce au Tesseract, Loki s’était retourné vers la Louve et l’avait vu vaillamment combattre contre l’infâme chose verte répondant au nom de Hulk. Pourtant, il la laissa seule face à la créature et disparut dans un nuage bleuté.

Ce n’est que le surlendemain matin qu’il réapparut dans une forêt dense, près de la tanière de la Louve. Il lui avait dit qu’il viendrait la voir en personne cette fois, sans user de projection astrale ou d’autres moyens détournés pour la contacter sans avoir à se déplacer de lui-même. La loyauté n’était pas son fort mais Fenris, elle, lui était loyale et l’avait prouvé en obéissant et en combattant pour lui permettre de s’enfuir. Il lui devait donc bien de venir la voir, ne serait-ce que pour voir si elle était encore entière après un tel combat. Il s’approcha néanmoins prudemment de son repère car, même sous son enveloppe humaine qu’il lui avait conféré pour pouvoir plus aisément se fondre parmi les Midgardiens, Fenris restait une bête sauvage, imprévisible et féroce. Mains jointes dans le dos, il pénétra dans la grande caverne, ses yeux s’habituant rapidement à la pénombre à mesure qu’il s’enfonçait dans la pierre. Il finit par la voir, près d’un petit point d’eau, en train de finir sa toilette matinale. Il ouvrit la bouche pour la saluer mais les sens de la Louve l’avaient déjà senti. Ses lèvres se refermèrent en un sourire malicieux avant de répondre : « En effet ». Puis Fenris se retourna, désignant deux hauts pour finaliser sa tenue, ne sachant lequel choisir. L’un était de couleur grise, l’autre bleu clair. Loki fit une grimace et, d’un geste de la main, changea le haut bleu en un haut vert foncé : « Celui-là » dit-il en le désignant du doigt. « Le vert te sied tant au teint ma chère ». Il lui laissa le temps de passer le haut et s’assit sur un rocher : « Il me semble important de venir te voir…Tu as affronté un adversaire de taille et pourtant tu es là et je n’ai pas entendu la moindre rumeur sur la mort de la chose verte. L’as-tu blessé ? T’a-t-il blessé ? » s’enquit-il.

Les visites du Dieu de la Malice étaient rares, du moins celles où il venait en personne. Une illusion, un simple message. Loki possédait de nombreux moyens pour la contacter sans avoir à se déplacer. Le malheureux devait déborder de travail. Néanmoins, son planning devait s'être allégé depuis que sa couverture auprès des Gardiens de Midgard avait volé en éclat. Heureusement, il avait pu s'enfuir, profitant du chaos provoqué par la Magicienne Rouge et perpétué par la Louve. Mais à quel prix ? Une nouvelle défaite pour le Fléau des Neuf Royaumes; Mais aussi, un retour aux sources. Ses souvenirs étaient revenus grâce une guérisseuse Midgardienne. Rien que d'y penser, la Louve ne pouvait s'empêcher de frissonner de plaisir. Ce chaos, ce sang bouillant dans ses veines, cette odeur de sang... Ils avaient fait remonter des souvenirs bien plus lointains, quand elle fut le fer de lance de sa maitresse Hela et du Père de Toute Chose pour conquérir les 9 Royaumes. De sublimes massacres. Il lui était donc possible de ressentir à nouveau tout ceci sur Midgard. Du moins... si Loki le permettait.

Loki. Ce dernier était là. En personne. Son sourire malicieux sur le visage. Visiblement insatisfait du choix qui lui était proposé par la Louve, il transforma le haut bleu en une couleur verte qui n'était pas sans rappeler les étoffes qu'arborait habituellement le Dieu de Jötunheim. Ce petit tour de passe-passe arracha un sourire en coin à Fenris. Choisissant le haut désigné par son mentor, elle le revêtu, dissimulant enfin ses attributs supérieurs. Loki avait raison, le vert foncé lui allait plutôt bien. Néanmoins, ce dernier n'était pas venu pour discuter mode. Il semblait plutôt curieux de son intégrité et de celle du monstre vert.

" Toi... être... surpris ? " Lui répondit-elle tout d'abord en haussant un sourcil. " Lui... taper... et mordre... fort. Mais... moi... conçue... par... Maitresse... Hela... et... Père de... Toute Chose. Moi... résistante. " Levant un de ses bras recouvert d'ecchymoses violacées, elle haussa les épaules. " Superficiel. Pour... douleur... moi... avoir... habitude. " S'approchant du rocher où s'était assis le Dieu de la Malice, tout en restant à bonne distance, Fenris s'approcha de l'entrée de sa tanière que les rayons solaires éclairaient. Démêlant ses cheveux avec ses doigts, elle continua à soulager la curiosité de son mentor. " Après... toi parti. Lui avoir... essayé de... noyer moi... dans rivière. En vain. Pas... cascade... vers néant.. .cette fois. " Repensant un instant à cet épisode, la Louve se crispa. Le traumatisme de la perte de sa Maitresse était encore là, indélébile. " Lui... coriace. Dommage. Moi préféré... continuer... détruire... ville. Chaos... sang... destruction. Moi... me sentir... comme... autrefois. Quand... moi... combattre... pour... Hela. Moi... majestueuse... gigantesque... véritable... Fléau. " Malheureusement, ce temps était révolu. Son souvenir avait disparu. Des Royaumes qui subsistaient encore, nul ne connaissait son nom. " Neuf Royaumes. Oublier moi. Moi... être...devenue...insignifiante. Faible. " Serrant le poing, la Louve se retourna vers le Dieu de la Malice. Plongeant son regard noir où jaillissait une lueur de frustration et d'ambition dans celui de son mentor, Fenris s'avança lentement. " Quand... toi venir... chercher moi. Toi... dire... aider... moi... venger... Thor. Aider... moi... redevenir... forte. Moi... vouloir... redevenir... Majestueux... Fléau... des Neuf... Royaumes. Moi... vouloir... chaos... sang... destruction... comme... dans ville. Moi... sentir... plus forte... là-bas. " Le Dieu de la Malice avait-il les moyens d'accéder à sa requête ? En avait-il seulement l'envie ? Ce dernier avait pris des engagements dans sa grotte, mais ils tardaient à être tenus. Certes, jusque-là Loki l'avait aidé, lui fournissant cette enveloppe humaine, des vêtements, des connaissances sur Midgard. Mais qu'en était-il de l'essentiel ? La Louve avait besoin d'en savoir plus. D'être assurée qu'elle n'était pas qu'un pion dont le Jötunn usait, sans rien en retour.

Fixant son mentor, attendant sa réaction et ses éventuelles réponses, La Louve se détourna pour s'enfoncer dans sa tanière, récupérant deux cuisses de cerf crues, pas encore faisandées. Elle attaqua la première à pleins crocs. Manger lui permettait de soulager partiellement sa faim inextinguible et de la calmer. Il s'agissait de ses dernières réserves. Elle devrait se mettre en chasse aussitôt Loki parti. Aucune évolution de ce côté là non plus. Sa malédiction était omniprésente, douloureuse. Elle faisait partie intégrante de son être. Existait-il un moyen de la briser ? La chose était-elle possible ? Mais que deviendrait le Fléau des Neuf Royaumes sans cette faim perpétuelle qui attisait sa férocité et entretenait son esprit combattif ? Tant de questions. Pourtant, même le Dieu de la Malice ne semblait pouvoir y répondre.

Se retournant pour tendre la deuxième cuisse à Loki, Fenris constata que ce dernier s'était volatilisé, encore. Fronçant les sourcils, la Louve fit un sort à la viande. Le Dieu de la Malice avait probablement senti quelque-chose l'obligeant à s'absenter. Cette manie de disparaitre subitement sans prévenir... typique.