Certaines personnes me diraient qu’aujourd’hui, je suis à l’aube de ma vie, j'ai tout juste vingt ans et pourtant, j’ai l’impression d’avoir déjà vécu plus d’une vie …
Je suis née à Londres, Le Grand Brouillard, tel est le surnom qu’on lui donne … et je n’étais qu’une âme errante, une énième personne perdue au milieu de son dédales de rues et de coupes-gorges. Je n’avais pas passée ma 1ère année que déjà je suis devenue orpheline et pupille de l'État. Mes premières années, comme tout bon bébé, je n’en ai aucun souvenir … des brides floues et des vagues impressions de déjà vu, rien de plus.
J’ai passé le début de ma vie dans un centre de je ne sais plus quoi mais bon, c’était une manière de dire. Le lieu était simplement un orphelinat qui ne voulait pas se nommer.
Petite, on me disait que j’étais éveillée; différente. Je trouvais cela drôle, mais si elles savaient à quel point cela serait devenu vrai plus tard … J’étais juste une enfant curieuse et impatiente. Je voulais tout comprendre, tout et tout de suite. Je donnais des cheveux blancs à ceux qui nous élevaient, les rendant dingue parfois. J’étais habile, un vrai petit singe, j’adorais courir, sauter, escalader tout et n’importe quoi mais en même temps, je ne pouvais m’empêcher d’observer et tenter de créer des liens, d’apprendre, de comprendre. Cette partie de ma vie, si je ne peux dire qu’elle était la plus belle de ma vie, fut plus ou moins la plus paisible … car la vie semblait presque normale et simple.
Cependant, aux alentours de mes 10 ans, on m’arracha à cet havre de paix pour m’envoyer dans une famille d’accueil. Et les conneries ont commencé. J’étais sans repère, dans un environnement proche de toutes les dérives. Je suivais les plus grands dans leurs petits larcins. Les vols, les dégradations. Je trouvais cela presque marrant, alors que j’entrais doucement dans l’adolescence. Je finissais même par faire l’école buissonnière, apprenant de moi-même avec les livres que je pouvais trouver. L’école … j’avais l’impression d’être au milieu d’attardés là-bas. Et je leur ressemblais tellement peu … je n’avais rien en commun avec ses enfants là, à commencer par le fait que moi, je n’avais aucun parents pour prendre soin de moi. Les familles d’accueil se succédaient, de pire en pire alors que je devenais une vraie gamine des rues. La ville … c’était notre … non … mon terrain de jeu. Pas une fois, je me suis fait arrêter. Avant, j’étais avec les grands, et plus tard, j’appris à avoir le pas léger, la main presque invisible. J’étais une petite voleuse mais je préférais cela que de mendier …
Mais la différence entre moi et le monde extérieur s’accentua encore quand un jour, alors que je tentais je ne sais plus quelle connerie, une chose très étrange se passa … j’étais terriblement énervée car une de mes amies s’étaient fait attrapé par les flics et je n’avais rien pu faire. Sur le toit de l’immeuble de la famille d’accueil qui m’hébergeait, je faisais les cents pas, claquant des doigts avec frénésie, repassant en boucle le film dans mon esprit, comme pour me persuader que j’aurais pu faire quelques choses, pour m’en convaincre et me rendre encore plus en rage contre moi-même. Je claquais des doigts jusqu’à sentir une soudaine et brûlante chaleur sur ma jambe. Mon pantalon était en train de cramer !! En panique, je réussis à l’éteindre avant de rester interdite entre la peur et la colère. En claquant des doigts, j’avais créé des étincelles qui avaient manqué de me transformer en torche humaine enfin presque… il n’y avait que mon pantalon qui avait brûlé, pas une trace sur ma peau … un tourbillon d’émotion me prenait littéralement alors que cela résonnait dans mon esprit. Il me fallut un temps pour l’accepter, me demandant si j’étais pas un putain de monstres ou une sorcière qui n’avait pas reçu sa lettre pour aller à Poudlard … un temps avant que je ne l’accepte, plus ou moins, et décide de l’exploiter.
Cela faisait maintenant deux ans que j’avais découvert ce pouvoir et je tentais de le maîtriser. C’est depuis ce jour que mes cheveux, d’un brun tirant sur le roux lorsqu’il y avait du soleil étaient devenus rouges, teints tous les mois par mes soins. Je me sentais … forte depuis que j’arrivais à contrôler un peu ce pouvoir. Je l’avais gardé secret pendant deux ans, l’utilisant parfois pour me sortir de petites embrouilles mais toujours de la manière la plus discrète possible.
Pourtant, un jour, dans mon monde presque stable … un homme croisa ma route … Nathaniel …
Pour moi, au premier regard, il n’était qu’un mec qui avait l’air du fric. Des chaussures et des fringues de bonne qualité … l’air plutôt en forme. Il semblait bizarre mais rien de plus. Juste un mec qui semblait avoir le profil parfait du pigeon. Je lui fis un coup classique … faire semblant de lui rentrer dedans par inadvertance pour embarquer au passage son portefeuille. Coup qui fonctionna sans le moindre problème pour tout dire …. Sauf qu’il s’en rendit compte bien trop tôt, j’avais à peine fais un pas de plus à faire dire. Je tenais encore mon butin dans la main quand il se retourna vers moi. Je n’avais pas eu le temps de ranger son portefeuille … et un petit carnet que j’avais eu dans le même temps.
L’homme m’interpella et commença à me courir après alors que moi-même, je décampais. Je courais vite, slalomant entre les passants, sautant par-dessus les barrières ou clôtures. J’étais dans mon élément. La ville, la jungle urbaine, c’était mon monde. J’avais appris ce qu’était le parkour depuis des années déjà … mais il lâchait pas l’affaire. Merde, j’avais la bague de sa fiancé ou quoi dans son portefeuille en prime ? Cela me donnait encore moins envie de lui rendre le butin.
Pourtant, on arriva dans un cul de sac. Je pourrais toujours rejoindre les échelles de secours, en sautant du mur sur la poubelle et en prenant mon élan. Mais il me rattrapait plus vite que je ne le crus. Je fus surprise, première fois depuis bien longtemps que je n’avais pas été mise presque en difficulté … mais je n’étais pas échec et mat !
-Pas mal le vieux, mais t’as déjà perdu …
Presque aussitôt, je me mis à courir contre le mur, un appui, l’élan me propulsa sur le couvercle de la poubelle, d’où je sautais pour atteindre l’échelle. J’avais plus qu’à monter, m’échapper par le toit et c’était bon !
Mais, alors que je lui faisais signe de l’échelle en fer, il leva la main vers moi … et je me sentis … tirée en arrière. Je résistais, me tenant à l’échelle mais j’avais l’impression qu’un million de main me retenaient, m’attirant vers lui. Je lâchais finalement l’échelle, me retrouvant dans les airs, descendant tout doucement à sa hauteur de l’homme qui se rapprochait de moi doucement, avec un léger sourire.
-Echec gamine … dit-il alors qu’il se trouvait à quelques centimètres de moi.
Je tentais de me débattre comme une furie, alors que mes jambes et mes bras étaient encore immobilisés, comme tenue dans des entraves … j’avais l’impression d’être dans une foutue camisole de force. J’avais l’impression de devenir dingue mais lui, ça le faisait sourire. Cependant, mon regard devint presque noir de colère alors que la colère montait en moi
-Mais pas et mat !!
Mes mains s'enflammèrent et l’homme fut surpris. Avant que je ne puisse utiliser ce feu, tenter de repousser ou quoique ce soit, l’entrave se relâcha et je tombais littéralement sur le sol en lâchant un cri de surprise. Mon feu avait disparu, et je me redressais presque aussitôt … pour le voir sourire
-Oh … voyez-vous cela … intéressant Petite Flamme, on va discuter tous les deux.
C’est comme ça que je l’ai rencontré, mon mentor et celui qui devint dans mon cœur mon père. Nathaniel, l’un des membres de la Loge de Londres, un groupe plutôt discret voulant aider les mutants et les protéger. J’étais qu’une gamine de 14 ans mais il me prit son aile et prit soin de moi, fit en sorte de me sortir du merdier administratif dans lequel je me trouvais depuis si longtemps.Si au début, je le prenais vraiment pour un mec chelou, il me fallut peu de temps pour commencer à l’apprécier, même si je ne voulais pas l’avouer.
J’étais la cadette de cette organisation et je voulais en faire partie, aider au mieux. Si certains ne m’appréciaient pas beaucoup, moi la chieuse toujours dans leurs pattes, je faisais quand même en sorte de les assister dans les recherches, dans les soins, parfois de seconder un entraînement lorsqu’ils proposaient cela à des personnes voulant apprendre à contrôler leur capacité. Je voulais aussi sans cesse en savoir plus, sur ce que nous étions, et parfois, je posais trop de questions.
Nathaniel était une sorte de consultant, un détective privé qui enquêtait sur beaucoup de choses et il utilisait son boulot parfois pour les comptes de la Loge.
Je grandissais, les années passaient. Voir Nathaniel fier de moi était toujours l’une de mes plus grandes joies. Nous étions presque comme un père et une fille. Et je tentais toujours de le protéger, malgré le fait que ce soit normalement son rôle à lui … rôle qu’il tentait toujours de tenir, même si avec les années, je devenais plus forte, contrôlant de mieux en mieux mon potentiel. Non seulement, j’apprenais les rudiments du métier de Nathaniel, mais j’appris également à me battre, à me défendre. Nous voulions protéger nos semblables mais pour cela, nous devions réussir à nous protéger nous même …
Tout cela roulait depuis des années quand il me sembla un jour, alors que nous étions en train d’enquêter avec d’autres membres sur la disparition d’un adolescents sous la surveillance de la Loge, je me sentis étrange. Je n’eus qu’à peine le temps de relever les yeux vers Nathaniel avant que tout semble disparaître autour de moi …
Le temps d’un battement de cils, à vrai dire, je ne pouvais en décrire précisément la durée, il fit noir … et la lumière à nouveau, alors que je me retrouvais à nouveau au milieu des miens mais … c’était différent. Ils tombèrent dans mes bras, en pleurant, je ne comprenais rien. Nathaniel était là, c’est le premier qui manqua de me rompre une côté.
J’avais disparu pendant 5 ans … je fis énormément de recherches sur tout cela, sur tout ce qui était du domaine public, parla avec nombre de personnes, comme pour remplir ce vide. Je ne sais pas si je le gérais de la meilleure des manières mais en fait, rien dans ma vie n’était gérée de manière …. parfaite.
Nathaniel était bien plus protecteur après cela. J’avais beau avoir 19 ans, presque 20 ans … à nouveau dans un sens, il s’inquiétait tout le temps, dès que nous sortions en mission ou je prenais une nouvelle enquête. C’était parfois oppressant que si j’avais du mal à gérer cela, je ne pouvais qu’imaginer ce que cela avait dû être pour lui.
La Loge avait été mise à genoux mais jamais au grand jamais, après cela, elle n’avait été plus unie et plus forte.
Il faisait nuit depuis des heures alors que j’arrivais devant un bâtiment où Nathaniel m’avait donné rendez-vous. Il m’avait envoyé un message en catastrophe pour que je lui ramène plusieurs de ses carnets, ainsi que les registres des jeunes mutants potentiellement en danger que nous tenions et quelques trucs à lui. Il était quoi … presque 3h du matin ? Je regardais mon téléphone … j’avais pas eu d’autres nouvelles. C’était le vent qui me donnait ses frissons là ? J’avais une mauvaise impression. J’entrais dans le bâtiment, un vieil endroit en partie désaffecté. Il y régnait un silence de mort … c’était glaçant. Plus j’avançais, plus ce sentiment grandissait.
Je savais qu’aujourd’hui, y avait une réunion entre les membres de la Loge, une grande partie d’entre eux, presque tous même il me semble. Nathaniel m’avait dit que je n’étais pas obligé de venir, et ça m’arrangeait, j’avais une affaire à boucler. Cependant, il avait insisté pour que je lui amène tout cela au plus vite.
Une odeur commençait à monter, je me mis à courir, la peur commençait à entourer mon cœur alors que je parcourais les couloirs.
Et d’un geste, j’entrais dans la grande salle, ouvrant d’un coup sec les deux grandes portes … et mon visage devint blême. Du sang … partout …
La grande salle était jonchée de cadavres, de corps plus ou moins en bon état, mais tout recouvert de sang. C’était … mon corps se mit à trembler alors que les jambes chancelantes, j’avançais au milieu de ce massacre… je ne savais où poser les yeux … mon cœur tambourinait dans ma poitrine. J’avançais doucement, alors que mon esprit était semblable à une tornade d’émotion. Mes pas étaient lents mais je réfléchissais si vite que j’avais peur d’en perdre le fil. Je les reconnaissais … presque tous. Certains étaient si défigurés mais je ne pouvais pas mettre un nom sur leur corps. Certains pourtant ne semblaient pas d’ici, leurs tenues même étaient différentes. J’étais perdue, en train de me briser de l’intérieur … Pourtant, au milieu de ce chaos environnemental et émotionnel, j’avais un but …
Et je le trouvais, un peu plus loin, le corps adossé à un pilier … je me précipitais vers lui, les larmes se mirent à dévaler mes joues … non non non !! C’était un cauchemar, rien qu’un putain de cauchemar ….
-NATHANIEL !!
Je tombais face à lui, les genoux dans le sang, prenant son visage entre mes mains. Non …. Pas lui … tout mais pas lui …
Il se mit à tousser, crachant du sang avant de très difficilement relever la tête vers moi. Je vis sa souffrance dans ses yeux, il avait été littéralement cloué au pilier, par une lame qui le maintenait encore dans la pierre.
-Kat’ …
-Non, dis rien … je … je vais te tirer de là … tu vas t’en sortir …
Je disais n’importe quoi, pleurant toutes les larmes de mon corps. Je n’avais aucune idée de ce qu’il pouvait se passer … mais je n’avais pas envie de reconnaître la réalité autour de moi …
-Tu dois … partir …
-Non ! Pas sans toi ….
-Ils sont touj…
Je ressentis soudain une violente douleur dans la main, et cette douleur sembla m'entraîner contre le mur, juste à côté de la colonne. Nathaniel avait bien tenté de me retenir mais il n’en avait pas eu ni la force, ni le réflexe. Et moi … Il me fallut une seconde pour comprendre qu’une flèche venait littéralement de me clouer la main au mur, en plein cœur de la paume. Un hurlement de douleur s'échappa de ma gorge avant que je ne tourne la tête vers la blessure. Je tentais d’encaisser mais ça avait été si soudain … putain, c’était quoi ce merdier … ?!
Un homme se rapprocha de nous, il portait un masque, semblable à celui de Guy Fawke … il avait lâché l’arc dont il venait de se servir, sortant pour le remplacer un poignard d’un fourreau accroché à sa cuisse. Mais c’était qui ce con ?
-Aaah, je croyais qu’on avait eu tout le monde mais un petit moineau allait nous échapper visiblement …
Je tentais de me dégager, envoyant des vagues de plus en plus fortes de douleur à mon corps. J’avais mal … bordel ! Nathaniel aussi semblait vouloir se redresser mais …
-Petit, petit, petit … chantonnant l’autre con alors qu’il se rapprochait toujours plus proche.
De rage, j’enflammais ma main pour faire fondre le bois pour me dégager, et pris la première chose qui me tomba sous la main dans les gravas de la salle … à savoir une large barre de fer
-T’APPROCHES PAS !
-Et tu vas faire quoi moineau ?
Une ronde de boules de feu apparut autour de moi, alors que je me tenais devant mon mentor … mon sac toujours autour de moi, ma main dégoulinante de sang malgré le fait que le feu ait presque cautérisé la plaie. Je luttais entre la douleur, la peur, et la rage. Il était hors de question qu’il nous approche, qu’il lui fasse plus de mal. Je ne l’acceptais pas.
Il avait tué les miens, ceux que je considérais comme ma famille. Toute la Loge semblait avoir été massacrée de la pire des façons mais je le sauverais, je n’acceptais pas d’autres alternatives … Nathaniel ne mourrait pas aujourd’hui … je ne l’acceptais pas …
Mes orbes de feu commencèrent à se déverser sur lui, alors que je me lançais à l’assaut. Les boules de feu le distrayant un peu, je pus porter quelques coups pour le faire reculer. Il ne s’y attendait pas à cette résistance. Un nouveau coup qui le mit au sol … ma chance ! J’allais pour frapper directement son crâne, mon bras entièrement enflammé quand son cri résonna dans toute l’enceinte …
-ÇA SUFFIT !!
Et je me mis à voler, valsant à une vitesse prodigieuse vers le mur. Le choc fut d’une force inouïe, me coupant le souffle. Je lâchais ma barre qui tomba aussi lourdement que moi sur le sol. J’étais juste à côté de mon ami. Je le regardais, je sentais une chaleur poisseuse sur le crâne, et devant l’un de mes yeux passait un voile rouge … Nathaniel tendait la main vers moi. Je voyais des larmes à ses yeux …
-Pardon … murmurais-je.
J’avais si mal … j’avais mal et l’esprit qui semblait osciller entre l’ombre et la lumière. Dans un effort, je pus tendre ma main, prenant celle de Nathaniel dans la mienne. Je ne voyais que mon mentor, pas l’autre qui se relevait. Je ne voyais que cet homme qui avant d’être comme un père d’adoption était surtout l’homme que j’aimais et à qui je n’avais jamais osé avouer mes sentiments.
-Kath’ … Fais-moi confiance … trouves Charles
Je ne comprenais pas … doucement, je tentais de me relever, comme si je voulais me battre encore. Je tentais de m’adosser au moins au mur …
-Quoi ?
-Mes carnets … Pardonne moi Kath' … Trouve Charles, il te protègera …
-Quoi …
-Si je vous dérange, vous me le dites hein !!
Je relevais les yeux vers l’autre … il avait ramassé son arc et l’avait bandé. Une flèche prête à partir …
-Alors, qui je tue en premier ? Qui veut voir l’autre mourir ?!
Je tremblais … et mon regard croisa à nouveau celui de Nathaniel, qui m’observait en souriant. Pourquoi … des larmes avaient commencé à poindre à mes yeux alors que je venais de me rendre compte que ma vue se troublait un peu. Je voulus lui demander, lui poser la question avant qu’il se mette à murmurer.
- Pardonne-moi …
Avant que je ne comprenne, il lâcha ma main, je me sentis comme aspiré en arrière. Le mur qui me soutenait se déroba derrière moi et je tombais, me rattrapant tout juste sur les bras dans une flasque d’eau. Il était encore là, en face de moi mais je ne voyais plus … ni la salle, ni le masqué … juste une sorte de cercle dans la nuit ou je voyais …. Non …
-Nathaniel !
Un sourire, rien de plus, avant qu’il ne parle et que je ne lise sur ses lèvres « je t’aime Petite Flamme » … avant que la flèche ne se fiche dans son cœur …
D’un bond, je me redressais mais l’espèce de portail se referma … je hurlais, pleurant comme jamais, frappant le mur d’un bâtiment quelconque, là où l’instant d’avant s’était ouvert le portail de la conjonction. Je hurlais toujours, frappant la pierre de mes mains déjà en sang … j’avais l’impression de devenir dingue, de devenir folle …
-NON ! NON NON NON ! NATHANIEL !!
Mais pas un son, pas un mot, pas la moindre trace de lui … je n’avais même pas la moindre idée de l’endroit où je me trouvais. Je finis par tomber à genoux, couverte de sang, tenant contre moi mon sac où se trouvait les carnets qu’ils m’avaient demandé de ramener … au bout d’un moment, je réussis à me relever et commença à marcher, plutôt errer, dans les ruelles jusqu’à trouver un début de piste …
Il était aux alentours de 23h30 … et j’étais à New York … et j’étais peut être bien la dernière survivante de la Loge de Londres, je ne savais même pas précisément …
J’étais blessée, dans un état qui pourrait effrayer toute personne que je croiserais, serrant contre moi mon sac comme si de ce sac dépendait ma vie, mon esprit me semblait plus confus de minutes en minutes, mon cœur venait de se briser en un milliard de morceau qui assaillaient mon corps et un but flou … trouver Charles …
J'ai tout juste vingt ans et pourtant ... ma vie me semble bien sombre ce soir ... au moins, la pluie cache les larmes de mes joues.