Charles n'avait pas beaucoup dormi cette nuit. La soirée de gala s'était pourtant révélée bien plus intéressante que prévu. Surprenante, émotionnellement éprouvante, mais avec une résolution des plus délectables. Hélas, telle Cendrillon forcée de quitter le bal à minuit, il avait bien fallu que le prince et la princesse de la soirée se séparent pour retourner à leurs obligations, lui de professeur, elle de médecin.
Sur la route du retour, Charles n'avait eu que des pensées douces et agréables, se remémorant le goût des lèvres de Lynda sur les siennes, la douceur de sa peau, son parfum enivrant, la beauté de ses yeux émeraude. Mais une fois allongé dans son lit, dans la pénombre de sa chambre, il s'était mis à cogiter. Comment allait-il concilier ses responsabilités à l'Institut avec une relation amoureuse ? Ne risquait-il pas de la mettre en danger ? Saurait-il encore comment s'y prendre, alors qu'il avait fait le choix douloureux mais nécessaire - du moins le pensait-il vingt ans plus tôt - de se fermer à l'amour ? Ces questions, il se les posait depuis des semaines, mais à présent que cela devenait concret, réel, il y songeait encore plus.
Par-dessus ses doutes et ses craintes, s'ajoutaient des interrogations sur Raven. Pourquoi diable avait-elle agi de la sorte ? Était-ce pour le protéger ? Était-ce par jalousie ? Était-ce une sorte de petit jeu malsain dont les conséquences lui avaient échappées ? Il avait besoin de comprendre. Il avait besoin de lui en parler.
Ses sens psychiques à l'affût, il guettait le moindre signe d'éveil émanant de la chambre de sa sœur, voisine à la sienne. Vers 9h, il perçut une étincelle de conscience. Il se leva aussitôt pour s'installer dans son fauteuil, sans prendre le temps de s'habiller, et alla ouvrir la porte de Raven, la cueillant au saut du lit. Il entra dans sa chambre sans dire un mot, indifférent à ses éventuelles questions ou objections. Il referma la porte derrière lui et fixa sa sœur d'un regard sévère. Il resta silencieux quelques secondes, le visage fermé, avant de lui dire sur un ton froid, teinté de reproches :
« J'ai croisé Lynda au gala hier soir. Nous avons beaucoup discuté... »
Il n'estimait pas avoir besoin d'en dire plus. Raven était loin d'être stupide, elle allait comprendre tout de suite ce qu'il insinuait. Elle était démasquée. A présent, elle avait intérêt à s'expliquer.
Codage par Never Utopia
Dernière édition par Charles Xavier le Dim 4 Avr 2021 - 19:19, édité 1 fois
Petite soeur ? Il faut qu'on parle ... × ft. Raven & Charles
Dimanche matin. J'étais enchantée. J'allais enfin pouvoir dormir et prendre soin de moi pendant cette journée. J'avais tout un petit programme de prévu. Grasse matinée, brunch, petite balade dans le parc, long bain bien chaud avec soins et tout ce qui allait avec. Un petit dimanche tranquille en apparence. Mais la réalité fut vraiment tout autre. Mes pensées et mon inquiétude pour Peter me perturbaient bien plus que je n'aurai voulu l'admettre. J'avais été tiré de mon sommeil par toutes ces pensées qui tournaient en boucle dans ma tête beaucoup trop tôt. J'ouvris un œil regardant le réveil.
- C'est pas vrai.
De rage je pris un oreiller et le lançait sur mon réveil afin qu'il disparaisse de ma vie ainsi que cette fameuse heure si précoce qu'il m'annonçait : 9h00. Je poussais un profond soupire en fermant les yeux espérant me rendormir mais non. Mon esprit fut accaparé par tout autre chose. Comment avais-je pu oublier ? Je fouillais de ma main le dernier endroit où je l'avais posé, et trouvais ce que je cherchais, me redressant en position assise. Mon cœur s'accéléra alors que je vis une petite diode lumineuse indiquant la réception d'un message. Fébrile, je déverrouillais mon téléphone mais la déception fut grande ... Un mail. Juste un mail et pas ce que j'attendais. Je laissais alors tomber mon téléphone me laissant retomber allongée sur le lit une peine pouvant se lire sur mon visage.
Et ce n'était que le début ... Je fus surprise d'entendre la porte de ma chambre s'ouvrir. Un instant je cru qu'il était revenu, je me redressais en vitesse après avoir ouvert les yeux mais non. Ce n'était pas lui. Mais mon frère, toi. Qu'est ce que tu faisais dans ma chambre à cette heure-ci ? Et encore dans ton petit pyjama en flanelle ? L'angoisse marqua alors mes traits. Qui était mort ? Qui ? J'allais poser la question mais ce que pouvais lire dans ton regard m'indiqua que ce n'était pas cela le problème. J'eu la réponse très rapidement. Ton regard, le ton de ta voix, si froid, distant, et plein de reproches. Lynda.
Je restais un instant sans rien dire préférant que tu finisses de parler pour répondre mais je n'eu que deux phrases ... Il n'y avait pas besoin de plus pour que je comprenne. Je baissais un instant le regard avant de le poser à nouveau sur toi.
"Have you ever looked at a tiger and thought you ought to cover it up? You are an exquisite creature, Raven. All your life the world has tried to tame you. It’s time for you to be free."
Charles devait faire de grands efforts de self-control pour contenir sa colère. Le manque de sommeil ne l'aidait pas. Son bouleversement émotionnel non plus. En ce moment, il aurait dû être sur un petit nuage, enchanté d'avoir enfin osé ouvrir son cœur à Lynda, et d'avoir reçu le sien en échange. Mais un élément assombrissait le tableau. Une intervention mesquine qui aurait pu tout gâcher.
Il observait le doux visage de sa sœur, celle qu'il aimait plus que tout malgré leurs différences, celle à qui il faisait beaucoup plus confiance qu'elle ne semblait le penser. Une partie de lui refusait toujours de croire en ce qu'il avait vu dans l'esprit de Lynda. Jamais il n'aurait pensé que Raven ait pu lui faire une chose pareille. Il se sentait trahi. Il ne comprenait pas.
Il se refusait à lire en elle, d'une part car il redoutait ce qu'il pourrait y découvrir, d'autre part car il tenait à entendre ses explications de vive voix. Il ne pouvait donc se fier qu'à ses réactions. Son visage marqua une certaine angoisse lorsqu'il referma la porte derrière lui. Puis de la gêne lorsqu'elle comprit qu'il avait découvert ce qu'elle avait fait.
Fort heureusement, elle ne chercha pas à le nier. Ca aurait été parfaitement inutile, elle le savait très bien. Elle s'était toujours montrée honnête avec lui. Du moins le pensait-il. A la question qu'elle lui posa, il répondit sur un ton autoritaire :
« C'est de ça dont tu vas me parler. »
Il n'en dit pas plus. Il sentait que s'il commençait à vider son sac, ses paroles allaient dépasser sa pensée. Il fallait qu'il la laisse s'expliquer, qu'il tente de garder un esprit ouvert pour comprendre ses motivations, qui pour l'heure lui étaient parfaitement incompréhensibles. Enfin, il avait bien quelques hypothèses… Mais aucune ne lui plaisait. Pourvu qu'il se trompe… Pourvu qu'il y ait une explication logique et bienveillante…
Petite soeur ? Il faut qu'on parle ... × ft. Raven & Charles
Tu n’avais pas besoin de parler pour exprimer ta colère. C’était comme si elle vibrait dans l’atmosphère. Je savais que tu allais être très certainement en colère mais je ne m’attendais pas non plus à une telle réaction de ta part. Elle devait vraiment te plaire la jolie Lynda pour réagir comme cela. En revanche, j’étais pertinemment consciente que j’avais mal agis en me présentant sous le nom de Mme Xavier. Lynda et moi n’avions en aucun cas évoqué le fait que j’étais la femme de l’homme qu’elle semblait aimer. Rien de tout cela. C’était elle qui avait du en tirer des conclusions … Regrettables certes. Je pinçais mes lèvrs un petit moment, mon regard dardant le tien pendant longtemps avant de reprendre la parole. Tirant un peu la couette sur moi, mettant correctement l’oreiller et me plaçant correctement redressée, je pris enfin la parole. Tout aurait été plus simple de te laisser lire en moi, mais pas maintenant, c’était mon ultime recours si jamais tu ne me croyais pas. Et vu l’état dans lequel tu étais, même si tu étais connu pour un homme calme et raisonné je ne t’avais jamais vu comme cela ou presque. Ma propre main passa sur mon visage un instant, les yeux clos un court moment je tentais de me rappeler de la scène au maximum.
-C’était pendant ton voyage à Londres, début mars dernier. Elle est venu à l’institut pour te voir mais tu n’étais pas là … Je ne voulais pas la laisser repartir après avoir fait toute cette route donc je lui ai proposé d’entrer boire un thé. Et … Je me suis présentée comme Madame Xavier.
Je levais une main en l’air comme pour te couper de toute riposte. Ce n’était pas encore le moment et je savais pertinemment que tes mots allaient me blesser. Comme si j’avais besoin de cela d’ailleurs …
-J’ai tout de suite su qui elle était sans qu’elle ne se présente. Elle avait fait des efforts, elle était très belle et rayonnante, elle pensait vraiment te voir, étant donné que tu ne lui avais pas donné de nouvelles …
Il n’y avait pas de raison pour que tu sois le seul à me faire des reproches non ? Tu étais loin d’être innocent dans l’histoire !
"Have you ever looked at a tiger and thought you ought to cover it up? You are an exquisite creature, Raven. All your life the world has tried to tame you. It’s time for you to be free."
Amer et impatient, il écouta Raven lui raconter ce qu'il savait déjà. Il connaissait les circonstances, il avait vu sa sœur dans l'esprit de Lynda faire cette fameuse présentation. Il n'avait pas besoin de savoir comment elle s'y était pris, mais pourquoi elle avait fait cela. Il ouvrit la bouche pour lui dire d'en venir au fait, mais elle leva la main pour qu'il ne l'interrompe pas. Elle le connaissait si bien.
Etonnamment, il ne perçut même pas le reproche déguisé qu'elle lui fit sur son silence vis-à-vis de Lynda. Il était trop obnubilé par les actions de sa sœur. Tout ce qu'il retint de son discours était qu'elle savait pertinemment qui était Lynda lorsqu'elle s'était présentée à elle, et qu'elle avait également compris qu'elle venait pour le voir. Elle avait donc agi en pleine connaissance de cause.
« Comment as-tu pu… ? »
Non. Ce n'était pas la bonne question. Ce n'était pas la bonne méthode. S'il terminait cette phrase, il allait formuler des reproches sans avoir l'explication dont il avait besoin. Une fois qu'il saurait les raisons qui l'avaient poussée à faire cela, il pourrait laisser éclater sa colère, sa tristesse ou sa déception.
« Pourquoi ? »
Raven était peut-être sa sœur, puisque la mère de Charles l'avait recueillie et qu'ils avaient grandi ensemble, mais elle n'avait jamais porté son nom. Elle ne s'était jamais présentée comme étant madame Xavier. Si elle l'avait fait pour Lynda, c'était clairement parce qu'elle voulait que Lynda croie qu'elle était sa femme. Pas besoin d'explication pour cela. En revanche, il voulait, il devait savoir pourquoi…
Petite soeur ? Il faut qu'on parle ... × ft. Raven & Charles
Je savais que j’allais passer un mauvais moment un très mauvais moment. Il était évident que quoi que je dise tu allais forcément mal le prendre. Après toutes ces années j’avais à te connaitre et je savais interpréter le moindre petit mouvement de sourcil. Mais … Tu avais changé récemment et tu partageais moins avec moi. Peut-être l’amour qui te faisait perdre la tête et oublier ta famille ? Je ne pouvais pas t’en vouloir, j’étais heureuse pour toi. Bon très bien heureuse et un peu jalouse à la fois mais je savais que tu avais le droit au bonheur. Tu le méritais tellement.
Marquant toujours un silence après chacune de tes questions je réfléchissais soigneusement à ce que j’allais pouvoir te répondre pour ne pas déclencher une vague de fureur. J’avais cette peur que tu viennes farfouiller dans mon esprit en guise de représailles même si ce n'était pas ton genre habituellement… Peinée je passais une main sur mon visage comme si je cherchais à tout remettre en place.
-Votre rapprochement était si soudain… Si intense. Je voulais être sûre qu’elle ne profitait pas de toi. Aussi bien de tes pouvoirs que de ton argent.
A nouveau un profond soupire m’échappa alors que je rapprochais mes deux jambes, pliées de ma poitrine comme pour me mettre en petite boule, sachant très bien que j’avais mal agit.
-Je ne me suis jamais présentée comme ton épouse, ta femme ou autre. C’est elle qui en a déduit que j’étais ta femme. J’étais inquiète … pour toi … Je voulais être sûre de ces intentions.
Si tu me sortais l’excuse du « Je suis grand je peux me débrouiller tout seul » je n’allais pas te rater. Combien de fois m’avais-tu reproché sans même ouvrir la bouche ma relation avec Erik ? Mais je ne préférais pas en parler. J’attendais de voir à quelle sauce j’allais être dévorée.
"Have you ever looked at a tiger and thought you ought to cover it up? You are an exquisite creature, Raven. All your life the world has tried to tame you. It’s time for you to be free."
Il eut enfin un début d'explication. Une réponse, qui soulevait de nouvelles questions. Il voulait bien entendre qu'elle avait voulu le protéger. En d'autres circonstances, il aurait trouvé cela adorable de sa part. Mais bon sang, le pensait-elle incapable de se débrouiller tout seul ? Oubliait-elle les pouvoirs qu'il possédait ? Lorsqu'elle soupira, il ne put se retenir de commenter avec une ironie acerbe :
« Oui, bien sûr. Après tout, je ne suis que télépathe, je ne sais pas cerner les gens. »
Raven se plaça instinctivement dans une posture de défense, se repliant sur elle-même pour se protéger. Puis elle tenta de se justifier. Mais ses mots ne firent qu'attiser l'agacement de Charles. Une telle mauvaise foi ! C'était typique d'elle, ça. Elle aimait jouer avec les autres, les faire tourner en bourrique, manipuler les sous-entendus. Mais il la connaissait trop bien. Il leva les yeux au ciel et monta d'un ton.
« Oh je t'en prie, ton intention était évidente ! D'autant plus que tu ne t'es pas donné la peine de la détromper ! »
Au-delà de l'erreur qu'elle avait commise en s'en prenant à Lynda, la femme la plus bienveillante et dénuée de mauvaises intentions au monde, il avait surtout du mal à avaler que Raven n'ait rien fait pour corriger son erreur, et qu'elle ne lui en ai pas parlé.
« Tu te rends compte des conséquences que ton petit jeu pernicieux aurait pu avoir ? Tu te rends compte que si je n'avais pas croisé Lynda par hasard hier soir, nous aurions pu ne jamais nous revoir ? Qu'elle serait restée convaincue que j'étais marié, qu'il ne pouvait rien y avoir entre nous ? »
Petite soeur ? Il faut qu'on parle ... × ft. Raven & Charles
Je m’attendais à me faire dévorer toute crue et ce fut clairement le cas. Ce ton, ce regard, tout dans tes paroles laissais clairement entendre ton énérvement face à la situation. Je voyais bien que physiquement tu tentais de le cacher, mais après tout, ta meilleure offensive n’avait-elle pas toujours été les mots ? En tout cas tu ne te privais pas de me rabaisser et de me faire sentir toute petite. Serrant les poings je changeais de tactique. A quoi bon ? De toutes façons tu ne m’écoutais pas vraiment. Tu savais déjà que tu étais venu dans ma chambre de si bon matin pour me passer un savon et c’était exactement ce que tu étais entrain de faire. Déglutissant avec difficulté, je pris la décision de ne pas me laisser faire. Tu voulais un affrontement ? Tu allais l’avoir. Et tu allais aussi également te remémorer que je pouvais être, moi aussi, blessante sans avoir à bouger le petit doigt. Mes jambes maintenant glissantes contre le drap je quittais ma posture de petite boule pour te regarder dans les yeux froidement.
-Oui un télépathe qui l’a royalement fait fuir en violant son cerveau sans sa permission.
Je savais qu’avec cela j’allais marquer un point. La raison de la disparition soudaine de Mme MacTaggert de ta vie n’était pas uniquement de ma faute. Plissant légèrement les yeux, ayant fait mouche je continuais.
-Elle n’a jamais parlé de cela non plus. Tu veux en être sur ? Tu as qu’à fouiller dans ma tête, après tout c’est ta spécialité non ? Elle avait peur, elle voulait des réponses.
Je devais me calmer sinon je savais que j’allais dire des choses que j’allais regretter, même si, je sentais que j’allais bientôt franchir la limite. En ce moment et pour des raisons évidentes, dont tu ignorais tout, j’étais à fleur de peau et il ne fallait pas grande chose pour que je m’emporte. Je décidais de reprendre exactement la même tournure de mots que toi.
-Tu te rends compte que tu ne l’as pas prévenu de ton absence à Londres ? Tu te rends compte que tu ne l’as pas appelé depuis tout ce temps ? Je ne suis pas la fautive de votre éloignement. Tu es aussi responsable si ce n’est plus. Tu ne pouvais sortir pas ton putin de téléphone et l’appeler ? Lui envoyer un message ? Ne mets pas toute la faute sur moi Charles, mais accuse aussi ton incapacité à perdre le contrôle et à assumer ce que tu ressens vraiment.
"Have you ever looked at a tiger and thought you ought to cover it up? You are an exquisite creature, Raven. All your life the world has tried to tame you. It’s time for you to be free."
Pensait-il que sa petite sœur n'allait rien répliquer, qu'elle allait attendre, honteuse, que la tempête passe et finir par se confondre en excuses ? Probablement. C'était pourtant oublier bien vite le caractère de Raven. C'était oublier bien vite qu'elle était la seule à pouvoir lui parler aussi franchement, et lui mettre le nez dans ses défauts. Ce qui, au vu de l'ego de Charles, se devait d'être fait de temps en temps et avec le recul ne pouvait pas lui faire de mal.
Pour l'heure, il dut encaisser les remarques acerbes mais justes de Raven. Sa première réplique le pétrifia. Il ne s'attendait pas à ce qu'elle soit au courant. Il s'en voulait toujours d'avoir agi contre la volonté de Lynda, même si elle l'avait pardonné et qu'il estimait malgré tout qu'il avait fait ce qu'il avait à faire.
Se fermant comme une huître, les dents serrées et les sourcils froncés, il écouta Raven lui balancer ses quatre vérités à la figure. Il savait tout cela. Il s'était torturé l'esprit durant des semaines, refusant de laisser ses sentiments prendre le pas sur ses devoirs. Une fois de plus, il s'était érigé une carapace, se convaincant lui-même qu'il gardait ses distances avec Lynda parce qu'il devait se montrer rationnel et responsable, qu'il agissait raisonnablement pour le bien de ses proches et de ses élèves. Mais au fond de lui, il savait bien qu'il avait en fait peur de laisser ses sentiments s'exprimer, qu'il avait peur de perdre le contrôle. Il avait confié ses peurs à Lynda. Mais c'était douloureux d'entendre ces vérités de la bouche de Raven.
Il resta silencieux un long moment. Raven avait raison, mais que pouvait-il lui répondre ? Il se décida finalement à aborder le sujet qui le tracassait réellement. C'était un sujet très sensible, délicat, mais il faudrait bien qu'il crève l'abcès et qu'ils en discutent tous les deux, pour mettre les choses au point.
« Je connais mes erreurs. Raven… J'éprouve des sentiments forts pour Lynda. Et j'ai la chance que ce soit réciproque. Mais avant de réellement m'engager sur cette voie, il faut que je sache… Est-ce que ça te pose un problème ? »
Sa voix s'était nettement radoucie. Raven lui avait expliqué qu'elle avait agi ainsi avec Lynda pour le protéger, mais Charles ne pouvait s'empêcher de penser qu'il y avait une part de jalousie. Il aimait sa sœur plus que quiconque, et il ne voulait surtout pas lui faire du mal, ou risquer de la perdre à nouveau.
Petite soeur ? Il faut qu'on parle ... × ft. Raven & Charles
Les émotions qui passèrent sur ton visage me firent mal. Je vis bien que je t’avais blessé. Mais qui d’autres que moi pouvait oser te dire tes quatre vérités ? Poussant la couette sur le côté, je me levais, et, te laissant le temps de réfléchir à ce que tu allais me dire je m’assis sur le rebord de mon lit, me penchant légèrement vers l’avant, je tirais ton fauteuil dans ma direction pour t’avoir face à moi. La conversation qui suivait allez être difficile pour moi je le savais, même si, j’espérais secrètement que le plus dur était passé. Mais après tout, peut-être n’étais-je que dans l’œil du cyclone ?
Ma respiration se fit toute petite comme si j’avais peur qu’elle vienne rompre le silence qui s’était installé entre nous et qui, je le savais, marquais un temps de réflexion intense de ta côté. D’une part concernant ce que j’avais pu dire, et d’autre part en te rendant compte que je n’avais dit que la plus cruelle des vérités. Mais après tout n’y avait-il pas que la vérité qui blessait ?
La réponse à mes critiques ne se fit tout de même pas trop attendre, et, à mon tour je restais un long moment muette. Comme perdue, ne sachant pas ce que j’allais te répondre. Devais-je te mentir pour te rendre heureux ? Ou bien avouer ce que je ressentais vraiment ?
Inspirant une petite gorgée d’air par la bouche, je vins prendre une tes mains pour venir la glisser entre les miennes comme si je tenais un precieux trésor. J’avais besoin de ce contact car ce que je m’apprêtais à te dire n’était pas facile. Relâchant finalement les lèvres que j’avais pincées, les yeux plongés dans les tiens, je me lançais enfin, j’avais opté pour l’honnêteté.
-Je suis très heureuse que tu es trouvé quelqu’un qui t’aime et qui soit digne de ton amour … Mais …
Parce qu’il y avait toujours un « mais » non ?
-Je … Je veux que tu me promettes de ne pas m'oublier … Je comprendrais que ... qu'elle … tu ...ne veuilles pas que je …
Les mots étaient durs à trouver. Et mes hésitations ne dévoilaient en réalité que ma grande fragilité.
-Je ne veux que ton bonheur, même si j’en suis jalouse oui et que je n’aime pas l’idée de devoir te partager. J’ai déjà l’impression de te partager avec le monde entier. Mais je sais que là c’est différent… Et si c’est auprès d’elle que tu es le plus heureux, part, va t’en ou fonce. Ne commet pas la même erreur deux fois. Tu as le droit à l’amour Charles.
Parler de Moira à cet instant n’était pas le plus facile mais je n’avais pas besoin de dire son prénom pour que tu comprennes de qui je parlais et à quel évènement je faisais référence. La soudaine disparition de Peter m’avait fait prendre douloureusement conscience qu’il ne fallait pas attendre. Je ne m’étais rendue compte que trop tard que j’étais tombée amoureuse de cet homme des étoiles qui avait fait irruption dans ma vie telle une comète, et qu’il en était reparti aussi vite qu’il était apparu sans que je ne puisse rien faire ou dire.
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