[Terminé] Singing the blues (feat. Charles Xavier)

Kali referma doucement la porte de sa chambre. Dans les couloirs de l'institut, le calme régnait encore. Il fallait dire qu'à sept heures et demi un weekend, peu de monde parcourait l'institut. C'était exactement le genre d'heure qui lui convenait : elle ne rencontrait personne, pouvait profiter d'une certaine quiétude inhabituelle en ces lieux et cela lui permettait de se préparer un peu en ressassant ses souvenirs.

Comme toutes les semaines, la jeune mutante se rendait dans le bureau de Charles Xavier pour une séance de psychanalyse. Les séances habituelles étaient généralement courtes et revenaient simplement sur les évènements de la semaine et ses ressentis. Mais d'autres, plus importantes, se concentraient également sur son passé comme celle d'aujourd'hui. C'est néanmoins sans appréhension qu'elle toqua à la porte de son professeur.

Après qu'un invitation à entrer se fit entendre de l'autre côté de la porte, Kali se faufila dans l'ouverture et marcha d'un pas assuré jusqu'à leur point habituel de conversation. Comme à son habitude, elle gratifia Charles d'un "Bonjour." laconique. Assise sur le canapé, le dos bien droit, elle attendit que Charles vienne la rejoindre.

Malgré la température plus qu'agréable - pour le commun des mortels - qui régnait dans le bureau de Charles Xavier, Kali avait tout de même un pull assez épais sur elle. Elle l'était déjà lorsqu'elle était plus jeune et vivait encore au Texas, mais maintenant qu'elle avait "déménagé", il était rare de la voir vêtue d'un simple t-shirt si la pièce n'était pas surchauffée. Plus rare - voire même impossible - était de la voir en robe. Kali ne se séparait jamais d'un jean ou d'un short lorsque les températures montaient.

Charles la rejoignit, demandant tout d'abord si elle avait bien dormi. Comme presque toutes ses nuits depuis son enlèvement, Kali faisait des cauchemars. Alors, pour elle, le sommeil était quantifié au nombre d'heures dormies plutôt qu'à sa qualité. C'est donc avec un haussement d'épaules qu'elle répondit :

"J'ai suffisamment dormi."

Même si elle savait que Charles lui posait cette question par un réel intérêt pour le bien-être de sa personne - quelque chose que n'aurait pas pu faire Kali sans hypocrisie - elle se doutait également que c'était sa façon à lui de la mettre en jambe avant de passer aux choses sérieuses. Au fil des séances, elle avait pu comprendre un peu mieux sa façon de penser et surtout d'être.

Les deux premières séances avaient été assez désastreuses. La jeune mutante avait été quasiment incapable de s'endormir pendant les deux semaines qui avaient suivis sont arrivée, sa chambre étant... trop confortable pour elle. Le matelas de son lit était beaucoup trop mou pour elle et les quelques siestes effectuées sur le tapis n'arrangeaient pas la chose. Elle avait fini par se forcer à rester dans le lit pour au final commencer à grapiller un peu plus de sommeil chaque jour, jusqu'à reprendre un rythme normal au cours de la troisième semaine. Mais pendant les deux précédentes, elle avait effectué ses tâches au sein de l'institut comme un zombie et s'était même - à sa grande honte - endormie lors de leur deuxième séance. Malgré ses progrès, Kali restait plutôt insomniaque et avait reçu la permission de sortir dans les couloirs la nuit pour se dégourdir les jambes (et éviter qu'elle se sente prisonnière).

"Désirez-vous que nous commencions par un résumé de la semaine ?"

La question était plutôt rhétorique, mais elle préférait toujours rester formelle. De plus, il y avait matière à alimenter une discussion cette semaine, ce qu'elle était sûre que le professeur pouvait entrevoir dans son esprit puisqu'elle lui avait donné l'autorisation permanente de lire ses pensées.

Avant de commencer son récit, Kali s'empara de sa tasse de chocolat chaud pour en boire une gorgée. Même si la jeune mutante ne voyait pas toujours l'intérêt de ces séances, elle devait admettre qu'elles étaient rarement désagréables pour autant. Le petit déjeuner était bon, l'atmosphère était plus tranquille que celle d'une classe et le professeur se pliait toujours en quatre pour essayer de la mettre à l'aise. Ce n'était pas nécessaire, néanmoins le geste était apprécié - d'autant plus qu'elle savait pertinemment que le degré de liberté qu'elle avait au manoir était supérieur à celui de l'élève lambda. Il tenait donc sa promesse.

Reposant sa tasse pour mieux saisir un pain au chocolat qu'elle sépara méthodiquement en quatre, Kali commença son récit :

"Le lundi s'est passé sans encombres. Je suis allé en classe et j'ai révisé le soir. D'ici une semaine, je devrais avoir rattrapé mon retard dans la plupart des matières, hormis l'histoire."

Ce cours lui donnait beaucoup de fil à retordre. Kali avait beau être une excellente élève - probablement une des meilleures de sa classe une fois qu'elle aurait fini son rattrapage -  il lui avait tout de même fallu repartir à zéro. Sans le savoir, elle avait accumulé des années de savoir basées sur des mensonges éhontés, appris dans des manuels scolaires biaisés. L'enseignement typiquement conservateur qu'elle avait reçu avait notamment minimisé l'importance de l'esclavagisme aux États-Unis et du génocide des autochtones. Un enseignement "patriotique" qui effaçait l'horreur pavant les bases du pays. C'était donc un procédé assez frustrant que celui de devoir se remettre constamment en question et de reprendre des sujets qu'elle considérait jusque là comme acquis. Mais elle y arriverait - le procédé serait long et pénible, certes, cependant ce n'était pas le genre d'obstacle qui l'empêcherait de progresser indéfiniment.

"Je n'ai rien à signaler pour le mardi. La routine s'installe pour ce qui est d'aller en cours en tout cas."

Kali marqua un temps d'hésitation avant de continuer. Elle ne savait pas comment aborder le prochain sujet.

"Je pense... que ça sera plus simple de vous montrer."

Un quart de pain au chocolat englouti plus tard, la jeune mutant ferma les yeux pour se concentrer sur ses souvenirs.

Elle marchait d'un pas rapide dans les couloirs de l'institut, ses cahiers à la main. Derrière elle, courant presque, se trouvait Singularity qui tentait d'initier une conversation. C'était la troisième tentative du genre depuis son arrivée à l'institut; l'étoile filante avait vite repéré l'arrivée de Kali et son côté solitaire, pensant que cette dernière avait juste besoin d'amis. Depuis, elle avait tenté de l'aborder à plusieurs reprises, ce qui avait eu l'effet contraire : la mutante solitaire l'esquivait comme la peste. Mais il fallait se rendre à l'évidence que cela ne marchait pas. Alors, Kali puisa dans son for intérieur pour trouver toute la diplomatie qu'elle avait et se retourna vers elle.

"Arrête de me suivre. Je n'ai pas besoin d'amis... s'il te plait."

Sa locution était loin d'être parfaite, mais l'idée générale était présente. Singularity avait même arrêté de la suivre pour la journée.

Et pourtant, le lendemain, elle était revenue à la charge comme si leur échange n'avait jamais eu lieu. En la voyant arriver avec son grand sourire sempiternel, Kali avait ressenti un mélange de frustration, de mépris et de confusion. La frustration venait évidemment du fait que cette dernière refusait de la laisser tranquille - elle n'avait pas besoin d'amis ou d'une attention autre que celle de ses professeurs dans le cadre scolaire. Le mépris venait quant à lui du côté pacifiste de Singularity : si elle voulait jouer les superhéroïnes, il fallait qu'elle comprenne un jour qu'elle ne pourrait pas rester passive. Tant qu'elle ne l'admettrait pas, elle ne resterait qu'un enfant dans un monde d'adultes. La confusion venait du fait que même si le comportement de cette dernière l'irritait, cela ne la frustrait pas autant que cela aurait dû.

Lentement, Kali rouvrit les yeux.

"Pour ce qui est du reste de la semaine, hormis un cauchemar particulièrement... désagréable, rien de notable."

Désagréable était un doux euphémisme. Et l'hésitation qu'elle avait marqué avant de prononcer le mot devait sûrement en trahir l'importance. Il y avait également un souvenir qui flottait parmi les autres, à la limite de l'inconscient de Kali. Il concernait toujours sa stalkeuse mais était différent : alors qu'elle allait prendre sa douche, elle était tombée sur Singularity dans sa véritable forme qui prenait la sienne, lavant ses longs cheveux étoilés en fredonnant un air que Kali ne reconnaissait pas. Les yeux fermés, elle ne s'était pas rendue compte de sa présence, alors que celle qui d'ordinaire la méprisait était restée figée. C'était un instant curieux, qu'elle n'aurait pas su expliquer. Elle observait Singularity mais ne ressentait rien - pas de mépris, de frustration, de sentiment positif ou négatif. Après une longue minute, elle avait décidé de revenir prendre sa douche plus tard.

D'un air absent, Kali sirota son chocolat chaud.

La proposition de Charles Xavier l'intéressait. Elle s'entrainait déjà avec Raven, pourquoi ne pas continuer avec elle pour les cours d'histoire ? Travailler avec Logan était tentant, mais même Kali savait qu'elle aurait besoin de quelqu'un de patient pour l'aider à démêler le nœud de fausses informations qu'était l'histoire qu'elle connaissait.

- Si c'est possible, je veux volontiers prendre des cours particuliers avec elle.

Il ne fit pas de commentaire sur ce qu'elle lui avait montré. Le comportement de Singularity devait donc lui sembler normal. Étrange. Toujours le regard dans le vide, elle fut brutalement ramenée à la réalité par sa question. Kali avait prévu d'aborder ce sujet avec lui, mais elle ne s'était pas attendue à ce qu'il aborde le sujet maintenant. Avait-il lu dans son esprit la faveur qu'elle désirait demander ? C'était peu probable, même si la discussion était désormais inévitable.

- La plupart des autres enfants ne m'aimaient pas. Quand je suis arrivée avec...

Son regard s'assombrissant, elle repoussa immédiatement toute pensée de sa sœur.

- Quand je suis arrivée là-bas, j'ai eu du mal à me lier d'amitié avec qui que ce soit. Je n'étais déjà pas très douée pour ça avant d'être enfermée. Le "traitement de faveur" que j'ai reçu par la suite n'a pas aidé.

Elle décida d'expliquer ce qu'elle entendait par là avant de continuer. C'était un élément clé qui avait affecté sa relation avec tous les autres individus au centre, y compris ses geôliers.

- Hydra s'est rapidement aperçu que j'étais plutôt douée pour les missions que j'effectuais. Ils ont décidé de me mettre en avant, de représenter le programme en quelque sorte. Cela voulait dire que mon emploi du temps était très différent du reste. Je ne passais que peu de temps avec les autres et ma cellule était plus grande et assez éloignée des autres.

Kali se doutait bien que c'était pour la mettre en valeur aux yeux d'un visiteur, comme une espèce rare dans un zoo.

- Les autres ne l'ont pas bien pris. J'étais seule en permanence, même pendant les rares moments où j'étais parmi eux. Et à ce moment là...

Se concentrer. L'oublier. Elle n'en valait pas la peine.

- Je... n'étais pas dans la meilleure condition mentale suite à... un évènement. C'est à ce moment là que Raisel est intervenu. C'était un mutant à l'apparence hybride, mi-garçon, mi-chèvre.

Presque immédiatement, la colère sourde et profonde de Kali laissa place à une émotion qui n'était encore jamais apparue dans ses séances avec Charles. La simple mention de cet ami semblait la détendre, sa garde s'abaissa momentanément et un léger sourire se fraya même un chemin sur son visage ordinairement si froid. C'était un bonheur, un vrai, pas celui malsain qu'elle ressentait en accomplissant ses missions avec succès.

- Il m'a dit qu'il ne voyait pas de raison pour que je reste seule. On s'est rapidement liés d'amitié. Pourtant, il était très différent de moi. Il était populaire avec les autres mutants et agissait plus ou moins comme intermédiaire entre eux et Hydra, pour calmer des tensions ou couvrir les besoins de tout le monde. C'était aussi un beau parleur, capable d'abaisser la garde de nos surveillants sans effort.

Le sourire disparut presque aussi vite qu'il était venu.

- Nous nous étions fait un serment. Si l'un d'entre nous avait l'occasion de s'échapper, il devait le faire, même si l'autre devait rester là-bas. Et c'est ce qui est arrivé. Au moment du snap, il a profité du chaos ambiant pour attaquer le peu de gardes restant et a réussi à s'enfuir avec la quasi-totalité des autres mutants. Lanciano ne s'en est jamais vraiment remis.

Évidemment, elle était restée en arrière, ne réapparaissant que cinq ans plus tard, dans une cellule poussiéreuse - pour le plus grand plaisir de Hydra. Pourtant, elle ne lui en avait jamais voulu. Il avait tenu sa promesse. Et même si la solitude était plus cruelle sans lui, l'expérience n'avait fait que l'endurcir un peu plus.

- Je ne l'ai pas revu depuis.

Kali hésita un instant. Devait-elle aborder le sujet maintenant ? En parler n'engageait le professeur à rien et si il ne voulait pas accepter sa requête, il pourrait toujours le faire plus tard. Après une inspiration, elle regarda Charles droit dans les yeux et se lança :

- Avec votre accord et votre aide, j'aimerais le retrouver. Il est le seul ami que j'ai jamais eu et je pense qu'il aimerait savoir que je suis encore en vie.

HRP:

Charles l'avait écouté patiemment, son visage impassible ne trahissant ses émotions qu'à deux reprises. Elle nota mentalement son sourire à la mention de sa préférence pour Raven, préférant mettre de côté cette information pour se concentre sur le deuxième sourire qui était bien plus important pour elle. Ainsi il acceptait de l'aider ? Kali eut pendant quelques instants du mal à cacher sa surprise, peu habituée à une telle preuve de confiance.

Elle ne tarda néanmoins pas à reprendre ses esprits, son visage passant de l'étonnement à une réflexion intense en une fraction de seconde. Il lui fallait se rappeler de tous les détails concernant Raisel, insignifiants ou non.

- Je sais qu'il venait d'une famille de classe moyenne et qu'il était fils unique. Nous évitions de trop parler de sa famille puisque ses parents l'ont plus ou moins abandonné lorsqu'ils ont découvert sa mutation. Je crois qu'il ne m'a jamais dit son nom de famille au final. Son nom a d'ailleurs dû changer si il s'est réintégré à la société, vu qu'il était encore mineur quand il s'est échappé.

Ses sourcils se froncèrent un peu plus. Toutes ses informations n'allaient pas aider à retrouver Raisel. Elle devait trouver bien mieux si elle espérait le revoir un jour.

- Il... il aimait beaucoup chanter. Et il était doué, même les gardes faisaient semblant de ne pas l'entendre pour profiter de ses chansons. Je sais qu'il rêvait de monter un groupe et de se produire à Broadway ou au Radio City Music Hall. Il était fan de rock et de vieux groupes de métal dont je n'avais jamais entendu parler.

Kali n'avait aucune idée du niveau d'utilité de ses informations qui resurgissaient de façon désordonnée des tréfonds de sa mémoire. Sa voix se teinta un peu de désespoir lorsqu'elle continua.

- Il avait... il a une fine cicatrice au cou et à l'arcade. Sa couleur préféré est le noir. Et... et sa chanson préférée est Rebellion in Dreamland. Je... je n'arrive pas à me rappeler de quoique ce soit d'utile de plus.

Son visage exprima pendant quelques secondes l'inquiétude profonde qu'elle ressentait à l'idée de ne jamais revoir la seule personne avec laquelle elle pensait pouvoir se lier d'amitié, la seule qui avait été là pendant la période la plus difficile de sa vie. Et aussi soudainement que cette rare expression de ses émotions était apparue, elle laissa place à la glaciale indifférence qui régnait habituellement sur ses traits.

- Pensez-vous pouvoir le retrouver à partir de ces informations ? Entre les missions et la séparation de nos cellules, je n'ai pas pu apprendre beaucoup de sa vie avant d'être enfermé. Si vous voulez chercher plus d'informations dans mes souvenirs, vous pouvez.

Un air de frustration fugace passa sur son visage alors qu'elle reprit la parole.

- Et... je n'ai pas cherché sur internet. Je... ne maitrise pas l'outil.

Les ordinateurs la dépassaient totalement, elle qui avait grandi dans une maison où la pointe de la technologie prenait la forme d'un réfrigérateur.

Le peu d'informations qu'elle avait donné n'allait pas aider Charles. Elle s'en doutait. Malgré tout, l'idée que Raven puisse retrouver Raisel via internet la rassurait un peu. Ce n'était certes pas les pouvoirs d'un mutant qui allait l'aider, mais pour lui, elle était en mesure de faire une entorse à la règle.

- Merci. J'en parlerais également avec elle.

Elle ne savait pas trop quoi ajouter. Puisqu'il lisait dans son esprit, Charles devait savoir que ces remerciements laconiques cachait un gain d'estime en sa faveur. Jamais il ne lui serait venu à l'esprit que ce dernier puisse décider de l'aider à retrouver Raisel après si peu de temps passé au manoir. Son esprit méfiant rentrait maintenant en conflit avec cette confiance grandissante et ainsi, lorsque Charles posa la question qu'elle redoutait tant, elle ne se contenta pas d'un "non".

Repoussant à nouveau tout souvenir lié à sa sœur jusqu'au plus profond de son esprit, elle se concentra sur sa main, tachant de calmer le léger tremblement qui l'avait saisi. La simple évocation - même indirecte - de sa jumelle faisait monter une colère sourde en elle.

- Je pense que vous avez pu lire dans le rapport de la psychologue du SHIELD qu'il n'y avait pas de personnes notables hormis Raisel parmi les personnes présentes dans ma prison. Avant ça, je ne m'étais pas réellement liée d'amitié avec mes camarades de classe et je n'ai pas vraiment de sentiments positifs ou négatifs envers mes parents : ils m'ont vendu et on payé le prix fort.

Elle avait pendant des années haï ses parents pour l'avoir vendue à Hydra, mais l'ironique justice de leur mort lui avait apporté une satisfaction intense, comme une vengeance accomplie. Même Kali savait que ce n'était pas une émotion saine, cependant l'alternative - devoir gérer un sentiment d'abandon en plus - lui semblait bien pire. Tout cela l'amenait donc à la personne qu'elle tentait d'oublier de tout son être.

- Je pense voir où vous voulez en venir, ma... soeur.

Le mot lui écorchait la langue et même si elle s'efforçait d'être neutre et de maintenir une façade très sûre d'elle et indifférente, elle ressentait la rage bouillir en elle.

- Je ne désire pas parler d'elle. Elle avait une certaine importance dans ma vie pré-Hydra, mais ce n'est plus le cas maintenant.

C'était le premier vrai mensonge qu'elle formulait depuis le début de ses entretiens avec Charles.

- Je ne désire pas non plus savoir ce qu'elle est devenue, à quoi elle ressemble ou comment prendre contact avec elle. Je préférerais retourner à Hydra plutôt que la revoir.

Elle avait dit la dernière phrase malgré elle, les dents serrés. A cause de ses efforts importants de concentration, elle ne s'était pas rendue compte que sa main droite avait tordu la cuillère de son chocolat chaud tandis que sa gauche était crispée sur sa tasse. Kali refit un effort pour se calmer et tordit mentalement la cuillère pour lui faire retrouver sa forme initiale.

- Désolée pour la cuillère.