[Super Vilain] Abel E. Tovas — Blut zieht Blut

♪ Remembrances - John Williams ♫

Les mots qui marquaient le porche d’entrée d’Auschwitz restèrent à jamais gravés dans la mémoire d’Abel. Arbeit macht frei, le travail rend libre disaient-ils … il n’avait que 12 ans lorsque, sous ce même porche, il fut séparé de sa mère et de sa sœur. Il ne les revit plus jamais, comme beaucoup d’autres à Auschwitz. Ce même jour, Abel reçut son matricule : 131416, tatoué sur la peau de son avant-bras gauche. Des chiffres qui, plus que sur sa peau, resteront à jamais gravés dans sa mémoire.

Privé de ses rations qu’il donnait à ses fils, le père d’Abel fut le premier à mourir de faim et de fatigue dans le camp de travail. Abel resta à Auschwitz jusqu’en 1945, jusqu’à l’arrivée de l’Armée Rouge. Quelques mois auparavant, il avait vu mourir son frère, éternel insurgé, sous les tirs allemands. Pendant les trois ans passés dans le camp de la mort, Abel ne tomba jamais malade. Pas une seule fois. Ses blessures guérissaient toujours, les épidémies l’évitaient sans cesse, l’eau ne l’empoisonnait jamais ; mais au-delà de sa santé de fer, c’est son caractère de jeune homme réservé et timide qui lui sauva la vie. Bien des fois. D’aucuns ne manquaient pas d’appeler cela de la lâcheté, lui préférait voir ça comme de la prudence. Il avait 15 ans lorsque les russes l’emmenèrent loin d’Auschwitz. Quinze ans, et le cœur emplis de haine.


Attentif aux leçons de l’Histoire et d’un naturel assez méfiant, Abel imposa le secret à tous ceux qui savaient. Malgré cela, un an plus tard la sœur d’Itzak – l’un de ses quatre amis – tomba elle aussi malade et face au désarrois d’Itzak, Abel accepta qu’elle vienne en Suisse pour l’aider. Dès lors, et puisque les secrets sont faits pour être dévoilés, la nouvelle, bien que discrète, se répandit chez les juifs et Abel accepta plusieurs fois d’aider les gens – toujours des juifs – Bientôt, il fut renommé Asha, le « guérisseur » par ses pairs, mais clairvoyant Abel comprit vite l’ampleur qu’une telle histoire pouvait prendre et avant le début des années cinquante, il décida d’y mettre un terme en quittant la Suisse, cette fois seul. Au lendemain de la Shoah, les juifs ne souhaitaient qu’une chose : la tranquillité. Certains, pourtant, n’arrivaient pas à se contenter de la simple défaite des allemands, et Abel en faisait partie. Parce qu’aucune justice ne vaut celle que l’on fait soi-même, Abel prit la décision de traquer les Nazis qui avaient échappé à la justice des Alliés, s’abandonnant à la colère et la rancœur si longtemps enfouie au fond de lui. Pendant près de 40 ans, il traqua et tua les partisans du IIIeme Reich, méthodiquement et avec le plus grand soin, multipliant ses identités et dissimulant ses traces toujours mieux à chaque fois. Tuer n’était pas un problème, mais trouver les allemands était long et fastidieux, et les approcher l’était plus encore, mais Abel tirait des leçons de chacune de ses erreurs. Les Nazis avaient eu l’intelligence de se cacher dans des pays reculés et cela profita à Abel, qui bénéficiait souvent du laxisme de la police locale.


En 1992, Abel fait la rencontre de Léana, une juive fille de réfugiés dont il tombe amoureux. Il finit par lui dévoiler sa véritable identité et avec cette rencontre commence sa nouvelle vie, car pour la première fois depuis les camps de concentration, un sentiment nouveau nait dans le cœur d’Abel : l’amour. Véritable lueur au cœur de l’obscurité, elle parvient à lui faire abandonner sa vendetta et le persuade de commencer une vie avec elle. Refusant d’abandonner complètement l’action, Abel décide d’intégrer la police et son expérience étant, il est rapidement apprécié au sein de leur rang. En 2000, la naissance d’une petite fille – à qui il donne le nom de sa petite sœur, Soshana – vient compléter leur famille. Afin d’éviter d’éveiller les soupçons, ils quittent le Canada pour s’installer à New York quelques mois plus tard, Abel change alors de nouveau d’identité et prend le nom d’Elijah Tovas. Pendant près de 20 ans, il jouit d’une vie normale, se pensant à l’abri des menaces qui, dans l’ombre, ne cessent de grandir.

Parce que toutes les histoires ont un jour une fin, Léana meurt en 2012, lors de la confrontation entre les Avengers et l’armée Chitauris de Loki. L’immeuble dans lequel elle se trouve vole en éclat et impuissant, Abel assiste à la scène. Anéantis, il ne tient bon que grâce l’existence de Soshana – pour qui il se soit d’être là – ainsi que celle de Tayga, sa coéquipière. Par la suite, les catastrophes mondiales se multiplient, toujours plus violentes les unes que les autres, jusqu’à l’arrivée de Thanos et de son inéluctabilité. En 2018, il fait disparaître la moitié de la population mondiale et Soshana et Tayga font partie des disparues. Pendant les 5 ans qui suivent, Abel retrouve ses vieux instincts de chasseur et replonge dans la violence, ce qui lui vaut plusieurs avertissements de la part de ses supérieurs. Lorsque Thanos est finalement vaincu et que les disparus réapparaissent, Soshana et Tayga restent introuvables. Après un énième incident, Abel est finalement mis à pied, mais cela lui importe peu … car désormais, une seule chose l’anime : retrouver sa fille, quel qu’en soit le prix.