Charles Xavier - Fenris “ Promenons nous dans les bois... ”
Ainsi sa sérénité dépendait de son respect des règles établies par les Midgardiens. Elle serait végétarienne bien avant qu'une telle chose arrive. Il ne s'agissait pour le moment que de passer inaperçu au milieu d'eux. Jamais elle ne serait une Midgardienne. Jamais elle ne respecterait les règles arbitraires de ces faibles vermisseaux. Partout dans l'Univers, la Loi du plus fort s'imposait et aucun des ces habitants de Midgard ne lui arrivait à la cheville, hormis quelques monstres dont ce "Charles" pouvait faire partie. De ce que Loki lui avait raconté et surtout de ce qu'elle en avait vu, ces Midgardiens étaient égoïstes, irrespectueux de leurs propres règles, destructeurs. Leur extermination ne serait pas une grande perte pour l'Arbre Monde. Néanmoins, ces derniers ne se laisseraient pas faire.
Fenris s'essuya la bouche en écoutant la réponse du Chauve à sa précédente question. Était-il comme tous les autre Midgardiens ? Ou bien un monstre comme elle. Les sourcils froncés, elle accueillit l'avertissement qu'il lui donna en souriant en coin. Sa réflexion était simpliste et donc très compréhensible pour la Louve. Il la considérait comme un danger. Comme une menace. Du moins pour ses "enfants" s'ils venaient à la rencontrer. Néanmoins, il ne semblait pas la craindre. Au contraire, il était même prêt à l'affronter. Peut-être devrait-elle y réfléchir si d'aventure elle croisant un de ses fameux "enfants".
Pourtant, la menace se confirma clairement. Désormais le chauve semblait manifester des intentions belliqueuses. "Ne pas la laisser partir ?" Cela ressemblait à tout sauf à du pacifisme. Ce Charles cédait-il à la peur pour ses petits protégés ? Au point de la provoquer à ce point. " Toi...bien...monstre... Pas...suivre...règles... Suivre...propres...règles " Affirma-t-elle en souriant en coin. Enlevant un morceau de viande coincée entre ses dents, elle tourna volontairement le dos au Midgardien, prenant appui avec son épaule sur l'arbre. Oserait-il l'attaquer dans le dos ? Elle lui en laissait l'occasion. De toute façon, il y avait peu de chance qu'il se lève de son fauteuil pour l'attaquer avec un gourdin ou toute autre arme improvisée trouvée dans la forêt. Se retournant finalement, son bras gauche dissimulé par l'arbre, son sourire devint mauvais et son regard redevint celui d'un prédateur. " Moi...libre... Personne...retenir...moi. Plus...jamais. Si...toi... attaquer...moi. Toi...tes enfants. Tous...devenir...mes proies. " Prêt à pousser l'arbre pour qu'il tombe en direction de ce Charles et de son tacot lévitant, elle attendit sa réaction en grognant doucement, produisant le même son qu'un loup. La diversion de la chute de l'arbre lui permettrait sans doute de fuir... ou de dévoiler sa véritable forme. Ce monstre capable de parler dans sa tête pourrait-il le faire alors qu'elle serait au maximum de ses capacités ? Elle avait promis à Loki de ne pas se dévoiler, pas tout de suite, mais les circonstances allaient peut-être l'exiger.
Les mots étaient dits. Il ne voulait pas se montrer belliqueux, mais elle ne lui laissait pas le choix. Il devait protéger les siens avant tout. S'il ne parvenait pas à lui faire comprendre par un raisonnement logique qu'elle ne devait pas tuer d'humains, il lui ferait comprendre par la menace et la peur des conséquences. Quand bien même elle ne semblait pas craindre grand chose.
Elle sourit en coin à ses réponses, le qualifia de monstre. Il n'était pas certain que ce terme ait une consonnance pleinement négative dans la bouche de la louve. Après tout, ne s'était-elle pas qualifiée elle-même ainsi ? Il n'était cependant pas d'accord avec elle. S'il avait voulu suivre ses propres règles, il aurait modelé l'esprit de la prédatrice, pour la rendre inoffensive, pour l'empêcher brutalement de nuire, pour lui enlever son essence. C'était là le genre de limites qu'il se refusait à franchir.
Elle lui tourna le dos, comme pour le provoquer. S'imaginait-elle qu'il allait l'attaquer physiquement ? Elle n'avait donc pas encore compris ce qu'il était capable de faire. Il attendit. Elle finit par lui faire face de nouveau, lui adressant un regard à glacer le sang, empli de défi bestial. Il soutint ce regard, abandonnant sa douceur et sa bienveillance pour afficher un visage dur et déterminé.
« Je te l'ai dit. Je ne veux pas me battre avec toi. Je ne veux que protéger les miens. »
Malgré les grognements de la louve et ses menaces, Charles ne bougea pas d'un pouce. Il n'avait plus le choix. Elle attendait une démonstration de force, il allait lui en donner une. Elle ne devait pas seulement craindre qu'il puisse potentiellement la dominer, elle devait en avoir la preuve. Le télépathe fit le vide en lui pour se concentrer pleinement sur l'esprit de la louve. Au prix d'un effort psychique conséquent, dû à la nature extra-terrestre de son adversaire, il parvint à s'introduire dans ses lobes frontaux pour atteindre la zone de son cerveau qui contrôlait les prises de décision.
« Pars. Quitte ces forêts sur le champ et n'y reviens jamais. »
Charles Xavier - Fenris “ Promenons nous dans les bois... ”
Le Chauve ne se démonta pas. Au contraire, il lui rendit sa mine dure et déterminée. L'affrontement était inévitable, peu importe ce qu'il prétendait. Il l'avait retenue en la menaçant, il en payerait les conséquences, car la pitié ne faisait pas partie du caractère de la Louve. Dans le cas contraire, elle n'aurait jamais pu affronter quiconque aux côtés de sa maitresse Hela. A eux deux ils avaient conquis tant de mondes, massacré tant de créatures, humanoïdes ou animales. La majorité d'entre eux avaient d'ailleurs terminé dans son estomac. Et pourtant, pourtant, elle avait encore et toujours faim depuis. Que pouvait bien être la sensation de satiété ? Excellente question. Non, il n'y avait que cette douleur, permanente. Cette sensation que son estomac se serrait, serrait, serrait toujours plus dans son abdomen. Une douleur devenue habituelle, familière, même si elle était sans aucun doute responsable de son mauvais caractère. Après tout,un animal qui avait faim était généralement dangereux. Un animal acculé également. Dans cette forêt, face à cet impotent, rien n'aurait pu l'empêcher de partir. Alors pourquoi restait-elle ? L'ego. L'ego et la curiosité. Elle pouvait se mesurer à un monstre de Midgard. Pas sous sa véritable forme bien entendu. Sa forme humaine suffirait-elle ? Il n'y avait qu'un moyen de le savoir. Il ne voulait pas se battre ? Uniquement protéger les siens.
" Toi...devoir...y...penser...plus...tôt." Répondit la Louve en commençant à appuyer son bras gauche sur le tronc de l'arbre. Néanmoins, son geste s'arrêta malgré elle. Sa main gauche tremblait alors que le Monstre Midgardien prononçait quelques mots qui sonnaient comme un ordre. Partir, maintenant, loin de cette forêt. Ne jamais y remettre les pieds. C'est ce qu'elle voulait faire ? C'est ce qu'elle allait faire. Il y avait encore des cerfs dans le coin pourtant. Peu importe, elle devait partir. " Moi... partir... Plus...revenir...monstre...Midgardien." Dit-elle en grognant. Elle se détourna et commença à s'éloigner. Elle se souviendrait de ce Monstre moralisateur et belliqueux. Pourtant, elle ne reviendrait pas ici pour le voir. Jamais. Prenant sa forme de Louve, elle s'élança à travers les arbres en quête d'une autre forêt et d'un autre cerf. En effet, ce précédent cervidé ne l'avait pas rassasié, quelle surprise, et son estomac criait encore famine, pour changer. La faune de l'Etat de New York n'avait pas fini de diminuer.
Il n'aimait pas ça. Faire une démonstration de force psychique, imposer sa volonté à un être conscient. Il ne le faisait qu'en dernier recours. La situation l'avait imposé. Il aurait été complètement irresponsable de sa part de laisser cette créature affamée errer dans les forêts où elle pouvait croiser la route de ses élèves. Il n'était malheureusement pas toujours possible d'arranger les choses pacifiquement. Si cette rencontre lui laissait un arrière-goût amer, il avait la conscience tranquille. Il avait fait ce qui devait être fait.
La louve céda. Avait-elle conscience que cette décision n'était pas de son fait ? Si ce n'était pas encore le cas, elle le comprendrait sans doute plus tard. Elle avait un esprit différent du modèle terrien, mais elle n'était pas dénuée d'intelligence, et il ne s'était volontairement pas montré subtil dans sa démarche télépathique pour la dominer.
Avant de partir, elle lui donna enfin une information notable sur son origine, en le nommant Midgardien. C'était ainsi que les peuples de certains mondes nommaient les habitants de la Terre. Le professeur ferait des recherches en rentrant, pour déterminer de quelle planète elle pouvait venir. Une créature lupine unique - et sans doute légendaire - issue d'un monde aujourd'hui disparu… il ne tarderait pas à comprendre qui elle était.
En avertirait-il le S.H.I.E.L.D. ? Non. Il ne leur faisait pas confiance sur leur façon de traiter les êtres différents et potentiellement belliqueux, encore moins ceux venus d'autres mondes. Le professeur gardait espoir. Peut-être que la louve, en constatant que des humains pouvaient lui tenir tête et la contraindre à agir contre sa volonté, réviserait son jugement quant à l'idée de dévorer autre chose que des gibiers à quatre pattes.
A présent qu'il connaissait son empreinte psychique, il pourrait la repérer relativement facilement. Sans doute la surveillerait-il, de temps en temps, pour voir son évolution. Et si elle commençait à poser réellement des problèmes, alors il envisagerait de la retrouver. En attendant, toute créature, aussi perdue qu'elle soit - et surtout les plus perdues - devait avoir une chance de vivre.
Accueil
