[Terminé] Un dernier pas vers l'avenir

@Stephen Strange

Un dernier regard sur la mallette qui se trouve sur la table de la cuisine. Je suis nerveux. Est-ce que cela se voit ? Sûrement parce que je ne suis pas le meilleur pour cacher clairement mes émotions. Même si je suis maintenant la figure emblématique des Avengers, je ne suis pas le boss pour autant. Mon rôle est plus subtile que cela. Je sais que je représente un peuple, une nation, mais pas seulement. Je suis la vitrine, celui qu'on voit plus que les autres. Je n'ai pas tout ce que Steve possédait, mais j'ai cette capacité à parler, à donner envie, à reprendre les idéaux que Steve avait en rejoignant les Avengers. Je suis le leader figuratif, mais pas sur le papier. Cela reviens au plus gradé des agents du SHIELD et je ne suis pas un agent, tout comme Steve ne l'était pas à ses début. Par la force des choses, il l'est devenu, mais je ne suis pas certain qu'il ait signé un jour pour ça... Mais mon instinct de militaire avait tapé dans l'œil de Steve qui avait vu en moi ce qu'il avait toujours cherché pour un successeur.

Il est mon modèle. Il a fait en partie de moi l'homme que je suis. Et maintenant ? Et bien c'est à moi de jouer. Je ne cherche pas à l'imiter, mais je reprend les idées et je me sers de tout ce que j'ai appris aux côtés de Steve et des Avengers. Voilà qui je suis aujourd'hui. Mais le travail n'est pas fini. Le faucon devient un aigle, celui qui représente un pays tout entier. Qui je suis ? Je suis Captain America !

Il m'a fallu le temps de m'en persuadé. J'ai longtemps cru que je ne méritais pas l'honneur que Steve m'avait fait. Mais il m'avait choisi pour une bonne raison, je le sais. Et aujourd'hui je choisi même d'arborer les couleurs, de montrer ce que je suis devenu et celui que j'accepte d'être désormais. L'entourage y fait toujours beaucoup. Et tout le monde me disait que j'étais fait pour ça. C'est juste que je me voyais mal dans ce costume, je pense ne pas être légitimement celui que Steve a vu en moi, dès le premier jour. Une rencontre fortuite qui allait changer mon avenir à jamais.

Je prend la mallette et je descend les quelques étages qui menait à ma voiture. Je place la près de moi. Un dernier regard et je prend i=une profonde inspiration. Il est temps de partir. Direction Manhattan et le sanctuaire de Strange. Comment en est-on arrivé là ? Et bien, une conversation glissée un jour où un centre commercial c'était effondré à cause d'un pouvoir mutant découvert par une gamine. Et le fait que le costume devait être plus accessible. Ne pouvant évidemment pas me balader avec mon matériel à chaque instant et surtout un bouclier que j'aurais constamment sur le dos... j'avais retourné la question des centaines de fois et un magicien m'offrait la solution sur un plateau.

Alors une fois le nouveau costume élaboré, avec l'aide d'un génie en herbe désireux de me donner un sérieux coup de main. Je décide de contacter Strange pour qu'il me parle de son idée d'invocation du costume. Même si j'étais étranger de ce genre de pratique, étant plus Terre à Terre, je me dis qu'il est temps de vivre avec son temps et de franchir le cap pour enfin me dire que le danger n'attend jamais, alors autant avoir toujours son matériel sous la main. J'avais déjà vu le sorcier s'équiper de la sorte, mais j'avais encore des réticences à faire de même. Mais après l'expérience de Mall, j'avais un peu bousculé mes convictions pour me décider enfin.

Un petit message sans fioritures au sorcier et il me donnait rendez-vous dans son antre avec le nécessaire pour travailler. Et me voilà au volant de mon véhicule à penser à tout ce que cela allait impliquer. Un tournant de ma vie allait prendre fin pour ouvrir un nouveau chapitre. Le Falcon devenait un Captain ailé mais bien armé et surtout bientôt préparé. Ensuite, plus rien ne m'arrêterait. Le fait d'être toujours prêt en cas d'attaque et surtout en cas de besoin avait un avantage certain.

- Nous y voilà.

Je gare enfin la voiture dans une ruelle pas loin. J'ai une chance insolente de trouver si près. L'heure de pointe passée, les gens travaillent et quelques places se sont malgré tout libérée. Je prend enfin la mallette près de moi et je quitte la voiture et marche d'un pas assuré vers l'entrée de l'immense bâtiment ancien mais très chic. J'inspire et expire avant de m'avancer vers la porte. On y est. L'avenir m'appelle. Le nouveau Captain va se servir de tous les outils à sa disposition. Il est temps de dépoussiérer mes convictions et de m'ouvrir à un nouveau monde. Je n'ai pas le choix, si je ne fais pas, un jour je n'aurais pas le temps de réagir que mon monde aura disparu. Il était temps que je change tout ça et Strange allait m'y aider.

Situé au croisement entre Bleecker Street et Sullivan Street, le Sanctuaire de New York est une grande maison de ville qui surplombe les bâtiments environnants. Ses fenêtres sont encadrées de colonnades à l’exception du premier étage, ou rez-de-chaussée pour les non-américains, et du toit, où se trouve une grande fenêtre ronde marquée du symbole des Maîtres des Arts Mystiques ; l’Œil d’Agamotto. La double-porte de bois est également encadrée de deux colonnes. Bien que vitrée, il n’est possible d’y voir au travers du fait des motifs fractals qui se trouvent sur le verre. A sa droite se trouve une sonnette. L’un des grands mystères de l’existence est donc de savoir pourquoi la majorité des gens toque contre le bois ou la vitre plutôt que de l’employer.

J’ai bien une théorie à ce sujet et elle implique le coefficient intellectuel à deux chiffres d’au moins la moitié de la population. Car toquer à la porte d’une bâtisse aussi grande que la mienne c’est s’assurer que je ne puisse entendre si je ne me trouve pas dans l’atrium. Donc stupide. On pourrait penser similaire chose de la sonnette mais celle-ci effectue son office là où on lui dit de le faire, donc jusqu’à mon bureau sous les toits. Elle est là pour cela. Après, étant vivant, le Sanctuaire peut m’avertir de quiconque toque ou sonne même lorsque je suis hors de portée ; tant que je suis en son sein. Et, en l’absence de besoins, je suis toujours en sein. Je suis son Gardien.

Mes Apprentis ont été prévenus que je serais en retard pour la séance d’apprentissage théorique s’étendant de 9am à 11am. J’ai un rendez-vous qui ne les concerne pas. Qu’ils prennent leurs lectures et s’installent là où ils le souhaitent. On ne se croisera pas avant que j’en ai terminé. Même si, pour m’emmerder, le "là où ils le souhaitent" s’avère être le foyer qui se trouve au niveau de l’atrium, après le vestibule et la porte d’entrée.

En effet, lorsque Wilson sonne ou, s’il est de cette catégorie, toque, je demande au Sanctuaire de me faire une image mentale pour vérifier qu’il s’agit bien de lui puis de le transporter du seuil, devant les portes, jusqu’à mon salon privatif, sous les toits. Thor a déjà fait l’expérience de ce déplacement instantané qui peut, pour les non-habitués, désorienter à l’arrivée.

Tandis qu’une grande arche rectangulaire donne sur le reste du Sanctum Sanctorum, avec un escalier droit et une pièce digne d’un musée, l’espace dans lequel on se trouve est centré autour d’un grand fauteuil de cuir tourné vers la porte-fenêtre et d’une chaise de bois dos à celle-ci. Entre ladite chaise et ladite porte-fenêtre se trouve un globe terrestre sur piédestal, un grand vase, deux guéridons et deux bibliothèques vitrées. Je me tiens au côté de la chaise, comme toujours vêtu de ma tenue de Maître des Arts Mystiques : le bleu royal de ma robe et de mon pantalon ainsi que le bleu sombre de ma tunique en denim contrastent avec le rouge profond de la Cape de Lévitation, dont les fermoirs en or renvoient au cuivre de l’Œil d’Agamotto sur mon torse comme des boucles des sept ceintures sur mon bassin ; l’une d’elle supportant un Anneau de Téléportation.

« Captain Wilson, salue-je de la tête comme de la voix avant de désigner d’une main couturée de cicatrices le fauteuil de cuir, installez-vous, je vous en prie. »

Derrière le grand fauteuil de cuir, le coin de pièce est occupé par un autre fauteuil avec une lampe de cheveux éclairant un tableau. Se trouve ensuite un paravent vitré permettant de voir la salle de musée. En miroir de l’arche précédente s’en trouve une autre donnant sur un bureau.

Parallèlement, je m’avance jusqu’à ma propre chaise puis amène mes mains contre la Cape afin de m’assoir correctement sur les deux.

« Thé, demande-je avant d’éventuellement faire apparaitre une tasse de thé népalais, très semblable à du darjeeling, directement dans la main libre de l’Avenger. Pour rappel de notre discussion, il s’agit de pouvoir invoquer votre matériel, probablement costume, jet-pack et bouclier, sur n’importe lesquels de vos vêtements civils. »

Je m’adosse pleinement, mains sur les accoudoirs.

« Comme je ne vais pas pouvoir superposer tous vos vêtements civils, il faudrait un objet passe partout, avec lequel vous pourriez interagir. J’avais imaginé un collier avec pendentif de bouclier Captain America. »

Illustrant mon propos, je tends l’une de mes mains vers mon interlocuteur puis fais apparaitre une petite babiole attrape-touriste, dont l’achat doit tout de même rapporter des royalties à Rogers ou Wilson par le biais de Stark Industries.

« Pour démarrer l’invocation, vous retireriez le bouclier du collier. Le bouclier semblera reprendre sa taille normale, il faudra donc l’attraper, tandis que votre costume, jet-pack inclus, recouvrira vos vêtements. »

Je ne prends pas la peine de montrer comment on retire le pendentif du collier : c’est l’un de ces gadgets magnétiques afin d’encourager les gens à faire la collection des symboles des Avengers, sur un même collier ou plusieurs. Une main sur la chaine, l’autre sur le mini-bouclier, on tire un coup et voilà.

« Faire entrer en contact votre bouclier avec l’avant de votre gorge, au niveau du col, permettrait alors de faire disparaitre le tout au profit du collier et de son pendentif. J’ai choisi ce geste parce qu’il est improbable que vous le fassiez involontairement mais cela fonctionnerait si quelqu’un vous met un coup de votre bouclier dans la gorge, en théorie. »

Chose qui ferait peut-être disparaitre le costume mais aussi les équipements, évitant qu’un adversaire ayant désarmé puisse à nouveau frapper à l’aide dudit bouclier puisque celui-ci disparaitrait.

« Des questions et des préférences ? »

@Stephen Strange

Il m'est difficile de cacher ma nervosité. Quand on connait le personnage et son arrogance naturelle, il faut prendre sur soi et essayer de comprendre qu'en dépit de cela, il reste une personne de caractère difficile à duper et avec une intelligence hors norme. Il n'est sûrement pas dépourvu de compassion, mais il ne montre pas ses émotions comme le commun des mortels. Bref, je préfère me dire que son aide par d'un sentiment d'aide et de partage. Nos avis ont souvent divergés, mais quand s'agit d'agir, au final, nous allons tous dans la même direction. C'est pour cela que je lui fait confiance. Il sait exactement ce qui peut être un atout et ce qui ne l'est pas. C'est à cette part de l'homme que je fais appel aujourd'hui. N'oublions pas qu'il était à la base de ce rendez-vous après tout.

Comme j'aurais du m'en douter, le transfert de la porte à l'intérieur du bâtiment n'était pas commun. Gain de temps ? Très certainement. Mais la désorientation qui allait avec était un peu déroutante. Mais mon oreille interne, habituée à des mouvements bien plus bizarres s'habituait finalement très vite et je n'étais pas trop secoué. Je n'avais pas à me rééquilibrer plus que ça et je sentais juste une légère montée d'adrénaline liée plus à la surprise.

Il se dégageait des lieux une odeur de vieux livre, de cire et de bois ancien. Une note d'ambré, comme l'odeur d'une volute de cigare, mais une odeur qui correspondait à une bâtisse ancienne mais entretenue. La décoration était sobre, mais les moulure boisée étaient présentes partout. La clarté était amoindrie, mais la lumière chaude était agréable. Une lourd fauteuil de cuir m'attendait près d'un guéridon rustique. Cela devait être la pièce où il recevait les gens, son bureau très certainement. J'avais pu apercevoir un coin lecture, une table et une vielle lampe, ressemblant à une vieille lampe à huile. La décoration va avec le style de la maison.

- Thé.

Je pensais d'abord à une question, mais une tasse fumante apparaissait dans ma main. Une légère odeur familière remontait à mes narines et j'avais tout juste le temps de le remercier qu'il continuait. Je sentais qu'on allait perdre notre temps... Et bien allons-y !

- Pour rappel de notre discussion, il s’agit de pouvoir invoquer votre matériel, probablement costume, jet-pack et bouclier, sur n’importe lesquels de vos vêtements civils.

Je n'arrive pas à m'imaginer comment on peut faire apparaître un costume et un bouclier sur des vêtements civils en un clin d'oeil, mais je fais confiance au sorcier. Si celui-ci me dit qu'on peut le faire, c'est que c'est faisable. Il le fait sûrement lui-même après tout. Mais je le laisse poursuivre en hochant simplement la tête et en sirotant le thé parfumé. Un pur délice cela dit en passant. Oserais-je lui demander comment s'en procurer ? Peut-être pas maintenant... Je préfère l'écouter dans un premier temps.

Il fait apparaître dans sa main et me montre un collier portant un de ces pendentifs que j'ai déjà vu où on peut coller un genre de médaillon magnétique, vendu au touristes fans des héros et portant leur emblème. Celui-ci est un bouclier, bien entendu. L'image porte à sourire, mais le clin d'œil est plutôt amusant. Enfin pour ce qui me concerne. Ce petit objet, détachable du collier servirait à invoquer la totalité du matériel, qui se placerait donc de lui-même sur moi, recouvrant mes vêtements. Intéressant !

- Pour démarrer l’invocation, vous retireriez le bouclier du collier. Le bouclier semblera reprendre sa taille normale, il faudra donc l’attraper, tandis que votre costume, jet-pack inclus, recouvrira vos vêtements.

Il me faudrait donc voir comment attraper le bouclier magnétique qui deviendrait le bouclier que je connais. Mais après avoir appris à le manipuler, envisageant maintes façon de l'attraper, je pense qu'il ne serait pas difficile de l'attraper au passage. Mais cela demanderait de voir évidemment et ainsi, le reste du costume suivrait en un instant et je serais prêt à agir, en tenue, avec tout le matériel. Je dois avouer que c'est vraiment intéressant. Etrez toujours prêt à un avantage certain et peut sauver bien des vies. Les incidents au Queen's Mall en est un exemple parfait.

- Faire entrer en contact votre bouclier avec l’avant de votre gorge, au niveau du col, permettrait alors de faire disparaitre le tout au profit du collier et de son pendentif. J’ai choisi ce geste parce qu’il est improbable que vous le fassiez involontairement mais cela fonctionnerait si quelqu’un vous met un coup de votre bouclier dans la gorge, en théorie.

Il a semble avoir pensé à tout. Mais il nous connait plutôt bien. Il a du songer à pas mal de solutions avant de trouver la plus sensée pour terminer le charme. Je ne réagis que par mimique, grimaces, acquiescements, mais je reste muet le temps de ses explications. Il me semble qu'il n'y ait pas grand chose à dire. Là, tout de suite, à froid, je ne voit pas comment argumenter. Cela me semble plutôt pas mal. Il faut voir si cela fonctionne bien. Seule la pratique peut aider à voir si les choses fonctionnent et s'il faudrait changer quoi que ce soit.

- Des questions et des préférences ?

- Il me semble que vous ayez eu le temps de retourner le problème. Je pense que je devrais essayer pour voir si cela fonctionne et si cela me paraît facile ou si quelque chose me gêne. Je ne vous cache pas que je ne suis pas familier de ce genre de chose et que je vais devoir apprendre à m'y habituer, mais le fait que vous m'apportiez cette opportunité de réagir plus vite est vivement appréciée.

C'était la vérité. Nous essayions de travailler ensemble, même si cela pouvait paraître inconcevable. Et le fait de partager était également appréciable. Je ne pouvait pas lui apporter grand chose en retour sauf la garantie de toujours travailler conjointement dans l'intérêt de la sauvegarde de la réalité qu'il était sensé protéger. Je ne m'attendais pas à un Je vous en pris", mais je comprenais pourquoi il faisait ce genre de chose. C'était déjà une chose incroyable que de partager son savoir pour le mettre au service de la protection des être humains, des être vivants.

- Je suppose que vous avez déjà fait le nécessaire ? Je ne savais pas si vous aviez besoin du costume. J'ai préféré l'apporter avec moi, au cas où.

La mallette était encore dans la voiture, sagement installée dans le coffre. Je pensais ne même pas avoir à me déplacer pour aller la chercher, connaissant le magicien. Mais peut-être n'avait-il pas besoin du matériel après tout. Je ne savais pas comment tout ceci fonctionnait. C'était lui, le magicien, pas moi.

Wilson s’en sort bien mieux que Thor en son temps. Ce qui ne change rien à ma vitesse, néanmoins. Je suis peut-être toujours un peu trop rapide pour lui d’ailleurs, puisque j’ai l’impression qu’il confirme ma proposition de temps avant que sa surprise ne me laisse un doute : il m’a déjà vu faire apparaitre des objets "de nulle part", c’est même pour cela qu’il est là, ainsi ça ne devrait pas être surprenant. Dans tous les cas, ça n’a pas réelle importance.

Le remerciement de la tête me convient également à cette vitesse. Suivant.

Mes explications se font avec ma vitesse de parler rapide, lorsque je m’autorise à le faire, et Wilson les écoute en sirotant le thé qu’il a peut-être ou peut-être pas demandé ainsi qu’en acquiesçant.

Il a tout de même besoin de réfléchir pour répondre à mon ouverture et commence par énoncer une évidence : oui, j’ai réfléchi au problème. J’ai eu le temps de le faire mais le faire ne m’a pris guère de temps. Quelques secondes, je dirais. La préférence à essayer pour voir si cela marche, et comment le faire marcher au mieux, me semble une bonne base. Pour le reste d’énoncé d’évidence quand au fait qu’il ne soit pas familier avec l’art invocatoire ou la manœuvre et qu’il doive s’y habituer, j’écoute cela en espérant que ça s’accompagne de quelque chose de concret. L’appréciation. Ce n’est pas réellement à ça que je tourne mais soit. Suivant.

« Je suppose que vous avez déjà fait le nécessaire, finit-il par me demander en me surprenant sincèrement. Je ne savais pas si vous aviez besoin du costume. J'ai préféré l'apporter avec moi, au cas où.

- Ce qui est sage, confirme-je. Si je n’avais pas besoin de votre costume pour le superposer à ce collier, vous ne seriez pas ici. Où est-il ? »

Mon coude droit reste sur son accoudoir alors que ma main s’en vient poser son majeur et son index contre ma tempe. Il est manifeste que Wilson n’a pas le costume sur lui. Reste à déterminer où il l’a apporté, donc. Ce qui est probablement hors du Sanctuaire.

Je lève la paume de ma main gauche pour y faire apparaitre la tasse de Wilson un instant avant que lui se retrouve devant ma porte. Ce n’est qu’ensuite que je soupire le plus longuement du monde au fait qu’il ne s’en sorte pas beaucoup mieux que Thor au final. Certes, il ne touche à rien ni n’abîme quoi que ce soit autre que ma patience mais tout de même. Ce qui aurait pu prendre quelques minutes vient de doubler à tripler de temps.

J’ai clairement envie de refiler l’affaire à Dominique d’ailleurs, qui est capable de le faire sans avoir à me faire perdre patience. Quoi qu’il pourrait tout de même essayer de me faire perdre patience, pour s’amuser. C’est moindre qu’avant depuis la tragédie du Queens Center Mall mais chasser le naturel et il revient au galop. Un peu comme moi avec mon impatience face à ce que je juge être la bêtise humaine ; normalisée, malheureusement.

Je me lève pour faire quelques pas jusqu’à la table de mon bureau puis rester debout devant elle, son plan de travail évidé en prévision, avec le thé en main. Lorsque Wilson revient à ma porte, c’est en face de moi, de l’autre côté du bureau, que je demande au Sanctuaire de le transporter.

« Allongez le matériel sur la table, je vous prie. »

Il est nouveau. C’est une observation comme une autre. On a plus de blanc que chez Rogers mais on reste sur une filiation claire, même si accrocher le bouclier me semble gêner le largage du drone et que devoir utiliser un bras pour utiliser ledit bouclier me semble contreproductif avec le guidage des ailes par lesdits bras. Néanmoins, je ne suis pas habitué à cela et je laisse Wilson le faire pour essayer de concilier au mieux ce qui semble se contredire au premier abord. J’ignore les raisons de passation de bouclier de Rogers mais je me doute que le choix entre Wilson, qui veut bien faire malgré la difficulté, et Barnes, qui est prêt à faire foirer la mission pour sauver son aimée par mièvrerie voire pure stupidité, était vite fait.

Une fois le matériel installé, je tends à Wilson son thé et écarte mes mains couturées de cicatrices autant que je peux au-dessus de l’attirail. L’une est au niveau du col, l’autre des genoux.

« Nous y voilà. »

Je me concentre pour me connecter avec les objets présents puis referme les mains jusqu’à ce qu’elles se touchent, la tenue semblant rapetissir jusqu’à ce qu’elle disparaisse et qu’il ne reste plus que le collier avec son bouclier magnétique.

« Passez-le autour du cou et tirez le pendentif. »

Si tout se passe comme prévu, le bouclier de Captain America replacera le pendentif et la totalité de la tenue du Nouveau Captain America apparaitra sur lui. Sur ses vêtements ainsi que sur le collier magnétique.

« Vous vous rappelez comment on fait tout disparaitre ? »

Il existe une bonne réponse à cette question. Et je fixe Wilson pour qu’il me la donne. Au plus vite.

@Stephen Strange

Le sorcier est toujours aussi insondable. Mais il n'est pas connu pour son sens de l'amitié. Pourtant, quand on peut avoir besoin de lui, il est là. Cela prouve que ses priorités, encore une fois, sont bien différentes des nôtres. Mais il a bien plus de responsabilité que nous pauvres mortels ! Une réalité à protéger paraît peu de chose par rapport à une simple planète perdue dans l'immensité de l'univers. Je comprend pourquoi on a pu le choisir. Il semble avoir les qualités nécessaires et il a un talent certain dans ce domaine. Il a été un allié précieux durant la guerre contre Thanos.

Je suis un bon soldat, j'ai l'habitude d'écouter. Les missions sont un genre de briefing verbale, donc, si je ne savais pas écouter et surtout comprendre, je ne serais pas un bon soldat. J'avais bien des défauts, mais j'avais une excellente mémoire.

Et lorsqu'il me demande où se trouve le costume, je baisse les yeux sur la mallette lourde et protégée par un système biométrique. Et m'invite, en se levant à installer le matériel sur la table poliment. La table est large, ancienne et semble lourde. Mais voilà, j'ouvre la mallette et je commence à installer le costume sur la table bien étiré de tout son long, le bouclier sur le dessus. Tout est là et attend. Je suis curieux de le voir manœuvrer.

La magie a toujours été un domaine qui me fascinait. Et même si je ne la comprend pas, parce qu'il faut avouer que celle-ci est plutôt particulière, cela reste un domaine fascinant. Alors le regarder faire est assez impressionnant. Je ne pose cependant aucune question. Je ne comprendrais sûrement pas tout ce dont il parlerait sans doute. Mais nous y sommes. Le premier test.

- Passez-le autour du cou et tirez le pendentif.

Je m'exécute. Je n'attend pas à ce que j'attrape le bouclier du premier coup et pourtant... C'est une sensation très perturbante pour une personne terre à terre comme moi. Et me voilà, le bouclier à la main et en tenue complète, lunette sur le nez. Il semble que le charme est fait son effet et que cela fonctionne à merveille. Mes réflexes semblent être un atout. Le bouclier à simplement glisser et il ne restait qu'à attraper la lanière et la glisser comme lors des entraînements pour qu'il prenne place naturellement sur mon bras.

- Vous vous rappelez comment on fait tout disparaitre ?

Je hoche simplement la tête et j'attrape le bouclier et le penche pour que la tranche touche le collier à proximité de ma gorge comme indiqué par Strange plus tôt. Et là, le costume reprend sa place sur la table et le collier reste autour de mon cou, attendant que le pendentif reprenne sa place. Le bouclier reposé sur la partie haute comme précédemment. Il semble que le charme fonctionne à merveille. Je suis étonné, évidemment, mais cela va grandement me faciliter la tâche. C'est un atout de pouvoir avoir son matériel sur demande, parce qu'on sait tous que le mal n'attend pas. Et si on peut être toujours prêt, c'est une très bonne chose.

- Impressionnant, mais très efficace !

Le sorcier à vraiment compris que le fait de pouvoir être sur le qui vive à chaque instant et prêt en toutes circonstances était une chose qui allait de paire avec notre statut de héros. Les événements ressent avaient démontré cette nécessité. Et son aide était grandement apprécié en la matière. Evidemment, il me faudrait m'habituer au fait d'utiliser des arts qui me paraissaient bien subtiles, mais forts utiles. Il semblait que je sois devenu un Captain America des temps moderne, utilisant toutes les armes mis à sa disposition pour être toujours prêt à agir.

Le réflexe d’attraper le bouclier alors qu’il passe du pendentif imitatoire au réel bouclier de Vibranium est expert. Wilson s’est déjà entrainé à manipuler l’objet et celle nouvelle utilisation le perturbe somme toute moins que les premières téléportations précédentes.

Le geste à avoir pour se déséquiper est également retenu, n’importe quel contact entre le véritable bouclier et le collier permettant que l’équipement du Nouveau Captain America laisse place au pendentif auquel il est désormais lié. Cette fois, ledit Nouveau Captain America est surpris. Pour ma part, j’attends avec ma posture habituelle : le dos droit et les bras le long du corps. Mon visage est inexpressif alors que j’observe les choses se faire.

« Impressionnant, mais très efficace ! »

L’exclamation de Wilson me fait froncer les sourcils un instant car je ne comprends pas la conjonction de coordination. Néanmoins, je ne m’en embarrasse pas non plus.

« En effet, conclus-je donc en me détournant légèrement. Nous en avons donc terminé. »

Je fais quelques pas à destination de la pièce centrale du Sanctum Sanctorum tout en m’apprêtant à demander au Sanctuaire de renvoyer Wilson à la porte mais je m’interromps ; dans la demande comme dans l’avance. Tournant le dos à mon interlocuteur, je soupire.

« Le Queen Center Mall n’était pas le bon endroit pour cela… mais j’espère que le temps passé a diminué votre stress d’être le Nouveau Captain America. »

Je me retourne d’un quart vers lui.

« Que vous avez pu voir chaque Avenger individuellement afin de recommencer à souder l’équipe. »

J’étais autrefois venu à la rencontre de Wilson avec les reproches lié à l’inaction face aux Héritiers. J’avais trouvé un Wilson croulant sous le poids de ses nouvelles responsabilités. Il est dur de passé de mini-Captain America à Captain America entier. Il est dur de ramasser les restes des Avengers après les disparitions de Stark, de Rogers et de Romanoff. Surtout quand les Avengers se retrouvent à manœuvrer avec des Maîtres des Arts Mystiques plus interventionnistes et des X-Men venus du passé qui n’interviennent que selon leurs intérêts privés.

Fury a repris le projet de coopération après que je l’ai fait foirer par mon agréable et ma diplomatie. J’ignore où en sont les choses du fait. J’ignore qui sera le représentant des Avengers. J’étais venu voir Wilson car il n’avait pas le conflit d’intérêt de Barton mais les choses ne semblent pas avoir bougé de ce côté-là. Je serais là pour représenter les Maîtres des Arts Mystiques. Je serais là au besoin. Je le suis toujours.

@Stephen Strange

Il fallait vivre avec son temps. Mais est-ce que je suis prêt ? Bien entendu. J'ai vu tellement de choses qui défiaient l'entendement en quelques années passées avec les Avengers que plus rien ne me surprend vraiment. Mais pour la première fois, c'est moi qui suit impliqué dans un processus que je ne comprend même pas. Mais le Maître des Arts Mystique connait bien son sujet et je peux lui faire plus que confiance. Il est le sorcier le plus puissant sur cette planète et on le sait tous. Le fait qu'il mette ses connaissances à m'aider est un geste vraiment apprécier. Il pourrait nous laisser avec nos méthodes bien archaïques, mais le combat nous a rassemblé et nous ressemble toujours. Alors autant mettre tous nos œufs dans le même panier et travailler de concert.

Le geste pour récupérer la bouclier était naturel. C'est le reflet d'heure d'entrainement pour le manipuler et le ressentir comme une partie de soi-même. Il doit être une extension de moi-même au combat et je le manipule assez pour savoir comment le rattraper dans toutes les situations. Le geste est donc fluide, facile et instinctif. Le sorcier aurait peut-être espérer que j'ai besoin de plus de temps pour m'y habituer, mais pas besoin au final. La réaction ne venait pas non plus, mais le sorcier n'est pas connu pour ça non plus.

Je m'attendais à quitter les lieux rapidement. Nous avions fini, mais il se tournait pour simplement me poser une question. Je me souviens alors de la conversation peu reluisante qui avait amené le sorcier à se demander quand les Avengers seraient de nouveau opérationnel. Nous avions tous pris de la distance suite la guerre contre Thanos et les divulgations nécessaire pour que  le SHIED soit enfin débarrassé d'Hydra. Beaucoup de choses qui avaient touchés tout le monde. Nous avions besoin de nous reconstruire après tout ça. Le deuil était une étape nécessaire avant de pouvoir vraiment reprendre sereinement. Sans Natacha et Stark, et avec Steve à la retraite, les choses avaient bien changées. Mais il avait raison, le temps était venu d'enfin reprendre et de montrer au monde que nous étions toujours là. Moi, le premier. Maintenant que j'avais enfin compris qui j'étais, ce que je devais faire et armes en mains, je pouvais enfin m'investir dans la tâche qui était devenue la mienne.

- Le Queen Center Mall n’était pas le bon endroit pour cela… mais j’espère que le temps passé a diminué votre stress d’être le Nouveau Captain America.

- Et bien cela a été une étape nécessaire au processus, effectivement. Mais pas seulement. J'ai pu vraiment me rendre compte de celui que j'étais pour devenir celui que je suis : le successeur de Steve.

Il aura fallu du temps et des épreuves pour me rappeler que je n'étais pas Falcon mais bel et bien le nouveau Captain America.

- Que vous avez pu voir chaque Avengers individuellement afin de recommencer à souder l’équipe.

Et bien, j'ai vu chacun d'entre eux, mais je devais surtout voir le patron du SHIED pour définir les nouveaux objectifs et savoir comment opérer pour remettre le groupe sur les rails. Ses conseils seraient les bienvenus. Et on pourrait peut-être convenir de la marche à suivre dans les règles de l'art.

- Je leur ai parlé, mais pas encore des projets de retour. Il faut juste que je respecte une certaine hiérarchie. Même si Stark continue de financer le tout, le projet était bel et bien chapoté par le SHIED. Une visite s'impose pour faire ça de façon correcte, il ne faudrait pas gâcher les meilleures chance qu'on a de retrouver les Avengers.

Je tenais à ce que toutes les parties soient clairement engagées et que rien ne vienne compromettre les chances de revoir un jour les Avengers prêt à travailler ensemble, comme avant.

Le temps est un outil dont je connais l’utilité, et le prix, mieux que personne. Qu’il soit nécessaire d’en prendre pour s’habituer est normal. Qu’il soit nécessaire d’en prendre pour se découvrir, également. J’acquiesce simplement aux résultats positifs rencontrés par Wilson depuis notre avant-dernière rencontre puis enchaine sur l’autre question qui fâche.

Wilson leur a parlé. "mais pas encore des projets de retour". J’inspire désagréablement.

J’écoute le fait que Wilson doit "respecter une certaine hiérarchie" en levant des sourcils dubitatifs. N’est-ce pas pour éviter d’avoir des comptes à rendre, et sauver l’autre Crétin de l’Hiver, que les Avengers se sont divisés en 2016 ? Le SHIELD a-t-il réellement bien réussir à reprendre le contrôle des Avengers alors que Strak Industries les finance et que Fury déclare qu’il veut coopérer et non commander ?

« Une visite s'impose pour faire ça de façon correcte, continue Wilson en me faisant soupirer, il ne faudrait pas gâcher les meilleures chance qu'on a de retrouver les Avengers.

- "Retrouver les Avengers", répète-je en faisant durer mon agacement amer. Donc l’équipe qui faisait les beaux à Noël n’est que poudre aux yeux. Et le nouveau venu des profondeurs, marketing. Vous êtes toujours hors course. »

Voilà qui répond doublement à la question de savoir qui de Wilson ou de Barton j’invite au sein des Illuminati. Aucun des deux.

Je me détourne de Wilson qui n’est, au final, qu’un employé dans l’affaire. J’ai les cent pas à faire et je vais le renvoyer après une simple conclusion.

« Si le SHIELD se décide à avoir le même discourt envers tout le monde et que vous manquez de leadership, prévenez-moi. Je peux prendre la place de Stark comme vous avez pris celle de Rogers. »

N’attendant pas de réponse immédiate, je téléporte Wilson sur le palier du Sanctuaire. Mes pas me portent jusqu’au pied de l’Œil d’Agamotto qui sert de vitrail à la fenêtre rond du Sanctum Sanctorum. J’avance sur la petite estrade devant lui et fixe la lumière qui en vient alors que je m’interroge. Peut-être n’aurais-je pas du gérer les choses comme je l’ai fait. Peut-être aurais-je dû intégrer les Avengers et inviter les Maîtres des Arts Mystiques voulant faire plus que notre devoir sacré à en faire de même. Quoi que si le SHIELD tâche vraiment de les piloter en coulisse, cela aurait créé encore plus de friction. Peut-être que quelqu’un capable de tenir tête au système comme l’a fait Rogers est ce qu’il manque aux Avengers. Dommage que Wilson se pense digne successeur de Rogers. Des mots mais pas des actes, tout l’inverse du précédent Captain America.

J’ai à réfléchir à la situation politique. Peut-être que les Avengers attendent la prochaine menace planétaire pour se réunir, comme ils faisaient avant Ultron. Avant qu’ils n’en créent une. Heureusement que les peuples de la mer ne correspondent pas à cette définition…

Bordel, c’est pas un dernier pas vers l’avenir qu’il faut, c’est un bon gros coup de pied au cul.