18 février 2025

Appuyée sur la rambarde de la mezzanine, j’observe les danseuses s’échauffer et répéter en contrebas, les employés qui prennent leur service dans quelques heures vérifier les stocks du bar et nettoyer la salle. Ma main fait paresseusement tourner le liquide dans mon verre, avant de me résoudre à boire quelques gorgées. Plusieurs jours s’étaient écoulés depuis la mort de Vladimir. Plusieurs jours où j’étais restée auprès de mon fils, pour veiller sur son état, mais aussi pour laisser respirer tout le monde. Il m’avait fallu un certain contrôle pour ne pas débarquer dans l’infirmerie du Devil’s pour voir l’état d’Emma. Rassurée par Azael sur son état, j’avais pris sur moi pour la laisser se reposer. Mais l’attente avait trop duré : je devais la voir, vérifier qu’elle allait bien de mes propres yeux. Je voyais encore, en fermant les yeux, les blessures horribles d’Emma : les balles, les plaies, les hématomes… Je sais qu’Emma est une mutante puissante, mais c’est aussi ma nièce de 16 ans. Je ne peux pas m’empêcher de m’inquiéter.

Avec un soupir, je finis mon verre et je ramasse un sac à mes pieds avec douceur pour ne pas abîmer son contenu. Redescendant d’un étage, je dépose le verre sur le comptoir du bar en remerciant le barman, avant de me diriger vers l’accès au sous-sol. Un signe de tête suffit pour qu’on m’ouvre la porte. Tout en saluant les quelques employés ou mafieux qui viennent de faire affaire, je marche maintenant en direction de l’infirmerie. Deux coups brefs sur la porte pour prévenir de ma présence, puis j’ouvre la porte délicatement. J’adresse un sourire à la petite brune qui entre dans mon champ de vision, avant de me tourner pour fermer la porte. “Bonjour, Emma. Comment tu te sens, ma chérie ?” je lui glisse, d’une voix peut-être trop douce, témoin de mon inquiétude. Je pose mon sac sur une chaise, tout en m’approchant d’elle. Je l'observe sous toutes les coutures, à la recherche de la moindre blessure qui s'aggrave, à la recherche de quelque chose qui confirmerait mes inquiétudes...

18 février 2025

Ces derniers jours ont été éprouvants pour notre famille et notre organisation. Beaucoup de blessés, des souvenirs qui ne s’effacent pas aussi, des cauchemars qui, de façon étonnante, malgré la disparition définitive du croque-mitaine, s’intensifient. Dans ces moments difficiles, il fallait prendre soin les uns des autres. J’avais eu quelques jours pour m’occuper de Luhan et de moi-même, comme je le pouvais… C’était maintenant au tour de ma nièce de recevoir mon attention. Elle était encore si jeune, subir de telles blessures… Ça ne pouvait que m’inquiéter, évidemment.

Ainsi, j'ai rejoint l’infirmerie, au sous-sol, pour rendre visite à Emma. Mes affaires déposées, j’entame la conversation en m’approchant de l’adolescente. “Bonjour Tata, encore un peu mal à la main mais maman m’a dit que ça finirait par passer et que je pourrais bientôt de nouveau utiliser ma main.” Je hoche la tête doucement, alors que mes yeux se baissent vers la main blessée de la petite brune. Je me mords un peu la lèvre, le souvenir de la façon dont c’était arrivé très clair dans ma mémoire. C’était en me protégeant qu’elle a été blessée. Je suis rassurée qu’elle n’ait pas perdu l’usage de sa main… Je ne me serais jamais pardonnée qu’elle perde sa main à cause de moi. Je lui souris doucement, portant ma main sur son bras pour le caresser tendrement. “Tant mieux… Ça me rassure.”

C’est Emma qui relance la conversation avec une question. “Comment va Ezekiel? Je voudrais le voir mais maman ne me laisse pas me lever.” Un sourire doux naît sur mes lèvres, et je lâche le bras de ma nièce pour tirer une chaise et m’asseoir auprès d’elle. “Ezekiel va mieux. Je suis allée le voir hier avec Luhan.” Cela faisait du bien de le revoir au calme, en sécurité, après tout ce qui s’est passé. Cela a fait du bien à Luhan, aussi. “Je comprends ta frustration, mais ta mère a raison. Il vaut mieux que tu te remettes… Comme ça, tu pourras aller le voir en pleine forme.”