"Cela pèse lourd, une absence. Bien plus lourd qu'une disparition. Parce que avec les morts, c'est commode, on sait qu'ils ne reviendront pas. Tandis que les lointains nous narguent ou nous font espérer." - Philippe Besson
Charles avait répondu aux questions de Lynda avec complicité et gentillesse bien qu’il ne s’attarda pas sur le sujet. En effet, si la découverte de cet endroit était merveilleuse, il ne fallait qu’ils oublient la véritable raison de leur venue ici, retrouver les Owen et Natan. Lorsque Charles expliqua ce qu’il avait en tête pour les retrouver, Lynda acquiesça en retour, non sans une certaine appréhension. En soit, la mutante n’avait aucune idée de comment une telle machine pouvait fonctionner et elle ne voulait pas que Charles souffre ou se mette en danger. Avant qu’il ne se concentre, elle murmura quelques mots :
« Faites attention à vous tout de même. »
Puis elle regarda les lumières rouges qui commençait à défiler sous ses yeux. Après plusieurs secondes, les regarder devint douloureux alors elle préféra se concentrer sur le Professeur, observant peu à peu sa persévérance devenir de plus en plus oppressante. Charles transpirait et Lynda remarqua qu’il tournait un bouton qu’elle comprit rapidement comme étant le régulateur de puissance du Cerebro. Plus il augmentait la puissance, plus Lynda pouvait sentir la crispation de son corps. Elle se pencha vers lui et posa ses doigts sur son poignet pour prendre son pouls en disant :
« Charles ? Est-ce que ça va ? »
Question totalement ironique car Lynda voyait bien que cela n’allait pas du tout. Son pouls était en train de s’emballer signe que son cœur était en souffrance et vu la crispation de tout son corps, il risquait la crise cardiaque ou la rupture d’anévrisme à chaque instant. Charles ne répondit pas mais augmenta encore la puissance de la machine. Lynda le regarda faire mais ne lui lâchait plus le poignet pour vérifier ses constantes.
« Charles, parlez-moi… s’il vous plaît »
Il était dans sa bulle, il ne l’entendait pas et Lynda ne pouvait pas le laisser faire. Elle se redressa pour reprendre l’équilibre alors que la passerelle tremblait de plus en plus. Lynda eut un léger coup d’œil pour les silhouettes rouges qui dansaient autour d’eux mais ce n’était plus le souci, elle s’inquiétait grandement pour Charles. Se redressant, elle tourna le fauteuil et plaça une de ses mains sur la joue du Professeur sous le casque, l’obligeant à tourner la tête vers elle. Elle plongea alors ses yeux dans les siens espérant qu’il la verrait :
« Charles, stop, vous allez vous faire du mal. Il n’en n’ai pas question. Arrêtez tout je vous en prie. »
La voix de Lynda était suppliante et remplie de peur pour cet homme qui était obstiné et déterminé à trouver une solution, quittes à se mettre en danger. La main de Lynda glissa son poignet où elle prenait les constantes pour se glisser de force dans celle de Charles, espérant retrouver ce contact, cette harmonie et cette complicité qu’ils avaient ressentis quelques instants auparavant.
Dans un dernier élan pour l’aider, elle prit la décision de tout stopper elle-même. Gardant sa main dans la sienne, elle se retourna vers le tableau et tourna le bouton – qui semblait régler la puissance - dans le sens inverse. Puis elle retira vivement le casque qu’elle reposa sur le tableau de bord avant de se pencher vers Charles, une main délicate sur son visage tremblant et en sueur. La mutante voulait revoir ce regard bleu et serein. Elle voulait retrouver l’homme calme et apaisant qu’elle connaissait. Pour l’heure, Lynda avait peur pour lui, peur qu’il lui arrive quelque chose qu’elle ne pourrait pas guérir. Peur de le perdre.
Charles refusait d'arrêter, quitte à se mettre en danger. Était-ce son ego qui l'empêchait de s'avouer vaincu ? Ou son abnégation qui le poussait à se sacrifier pour le bien des autres ? Sans doute un peu des deux. De plus, ce que Lynda ignorait, c'était que l'enjeu était plus important que de retrouver les mutants du refuge. Le professeur se sentait responsable d'une autre disparition. Un autre mutant était actuellement entre les mains du tueur, et ce jeune homme était sous la protection de Charles. Il était donc impensable pour le professeur d'échouer à le protéger.
Lorsqu'il commença à augmenter la puissance et que les lumières commencèrent à s'agiter, il sentit vaguement les doigts de Lynda serrer son poignet, et perçut sa voix de très loin, sans réellement discerner ce qu'elle lui disait. Il choisit délibérément de ne pas l'entendre, ne pouvant pas se concentrer pleinement sur le Cerebro s'il consacrait une partie de son attention à la femme à ses côtés.
Lorsque la situation devint critique, elle le força néanmoins à rediriger en partie son esprit vers elle. Son champ de vision se modifia alors qu'elle fit pivoter son fauteuil et saisit son visage pour tourner sa tête vers elle. Le regard apeuré et la voix suppliante de Lynda serrèrent le cœur du télépathe, mais sa détermination était plus forte. Élevant le ton pour couvrir les vrombissements de la machine, il répliqua d'une voix résolue :
« Non ! Je refuse de les abandonner ! »
Il reporta son regard vers le tourbillon de lumières, avec l'énergie du désespoir. Il savait, au fond de lui, qu'il était proche de l'évanouissement. Son corps céderait avant sa volonté. Mais il ne fut pas nécessaire d'en arriver là. Lynda diminua la puissance du Cerebro, avant de retirer le casque du télépathe, rompant brutalement la connexion. Charles poussa un bref hurlement, à la fois de douleur et de frustration, et porta les mains à sa tête en fermant les yeux. La salle cessa de vibrer, les lumières rouges s'éteignirent et les murs retrouvèrent leur teinte bleue naturelle.
Le télépathe mit quelques instants à revenir pleinement à la réalité. Sa respiration se ralentit, ses tremblements s'estompèrent. Lorsqu'il entendit la voix inquiète de Lynda, il rouvrit les yeux, reposa lentement les mains sur les accoudoirs de son fauteuil et leva vers elle un regard triste mais calme. Il ne lui avait fallu que quelques secondes pour retrouver la pleine possession de ses moyens, motivé sans doute par la volonté de ne pas inquiéter d'avantage la mutante. D'une voix douce, presque un murmure, contrastant avec le chaos ambiant précédent, il lui dit :
« Je suis désolé... Je n'arrive pas à le localiser... Quelque chose bloque... »
Il posa doucement sa main sur celle de Lynda et l'ôta de son visage pour l'enlacer, dans un geste de réconfort. Ce contact de sa main dans la sienne lui donna également le courage de lui révéler ce qu'il n'avait pas encore pu lui avouer.
« Lynda, il faut que je te dise... Natan n'est pas le premier mutant que je recherche aujourd'hui. Charlie a été enlevé hier soir. Ses parents m'ont appelé ce matin pour me dire qu'il n'était pas rentré chez lui. Je l'ai cherché durant plusieurs heures, mais un phénomène m'empêche de le percevoir. A l'évidence, c'est la même chose pour Natan. »
Toute autre personne aurait détourné le regard. Mais s'il se sentait responsable et rongé par la culpabilité de ne pas avoir pu protéger son élève, il garda ses yeux clairs fixés sur Lynda, à l'écoute de ses réactions. Il voulait être là pour elle, se montrer fort, lui faire comprendre qu'il ne laisserait pas tomber.
« On ne doit pas perdre espoir. Je dois continuer à essayer. »
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Lynda Mac Taggert Protecteur
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"Cela pèse lourd, une absence. Bien plus lourd qu'une disparition. Parce que avec les morts, c'est commode, on sait qu'ils ne reviendront pas. Tandis que les lointains nous narguent ou nous font espérer." - Philippe Besson
En retirant le casque de façon aussi brutale, Lynda sentit qu’elle arrachait Charles de son antre. Mais c’était un mal nécessaire pour le sortir de cette obsession. Son cri de douleur fut un véritable déchirement pour Lynda mais elle savait qu’elle avait bien fait en sentant le calme revenir dans la salle. Elle se disait alors que le calme allait également revenir dans l’esprit du professeur. Lynda s’accroupit alors posant une main sur le visage de Charles en lui parlant. Elle voulait retrouver l’homme calme et paisible. Pourtant dans la précipitation du moment, elle négligea le vouvoiement et le pria de lui parler. Pour toute réponse, Charles gardait les yeux clos et semblait reprendre ses esprits. Lynda, toute médecin qu’elle était savait que lorsque le cerveau était sollicité, il était nécessaire de lui laisser le temps. Elle posa naturellement sa seconde main sur le genou de Charles, attendant patiemment un geste de sa part. Au bout de quelques secondes, Charles rouvrit les yeux et un très léger sourire de soulagement se forma sur les lèvres de la jeune femme avant de s'estomper pour revenir à la gravité de la situation.
Charles s’excusa mais pas de son comportement mais plutôt du fait qu’il n’avait pas localiser les mutants. Lynda fronça légèrement les sourcils d'incompréhension. Il n’avait pas à s'excuser pour cela. Elle avait parfaitement compris qu’il avait donné le meilleur et le pire de lui-même pour essayer de les retrouver. Alors qu’elle allait répondre, il lui prit sa main. Ce contact retrouvé était comme un second souffle, un pouvoir mystérieux se déclencher chaque fois que leurs mains se touchaient comme si elles en avaient besoin. Comme si Lynda avait besoin de Charles et inversement pour être bien, pour être complet. Leurs regards se fixèrent l’un dans l’autre alors que Charles commença une confession. Charlie ? La surprise et la peur apparurent aussitôt sur le visage de la gérante du refuge. Charlie était tellement important à ses yeux. Il était comme un second enfant, un fils pour elle. Alors le savoir aux griffes de ce monstre fut aussi douloureux qu’un poignard en plein cœur. Sa main serre encore plus fort celle de Charles. La nouvelle n’était évidente à avaler. Lynda ferma les yeux un instant et souffla en pensant à une chose. Maîtriser ses émotions et rester fort et concentrée pour Charlie, Natan et Owen. Trois de ses réfugiés étaient … non il fallait les sortir de là. Charles lui confia qu’il devait continuer d’essayer, mais à quel prix ? Un prix que Lynda ne voulait pas connaitre...
Lynda rouvrit les yeux en respirant le plus calmement possible, serrant toujours la main de Charles, au point que les extrémités de ses doigts devinrent presque blanc. Soutenant à nouveau son regard, elle y vit à nouveau de la fatigue et de l’épuisement. Même si l’envie de retrouver ses protégés était plus que présente, elle ne devait pas négliger l’homme qui était devant elle.
“Charlie est tout aussi important que les autres… Si ce n’est plus à mes yeux. Mais tu ne dois pas t’obstiner ainsi. Ton corps et ton esprit son éreintés. Je suis médecin et je l’ai bien observé. Tu as montré tous les signes d’une attaque cardiaque. Ton cœur aurait très bien pu lâcher ou ton cerveau… Et je n’aurais rien pu faire malgré mes pouvoirs.”
Lynda repris sa respiration mais ne laissa pas le temps à Charles de reprendre la parole, elle posa sa seconde main sur la sienne pour accentuer ses dires.
“Si tu te sacrifies Charles, plus personne ne pourra les retrouver… Je ne dis pas que tu dois abandonner, non surtout pas. Mais je te demande de te préserver. Si tu ne le fais pas pour toi, fais-le pour moi, ou alors pour les autres jeunes qui sont à l’étage du dessus qui comptent sur toi. Je ne veux pas te perdre aussi Charles.”
Sans s’en rendre compte, tout en parlant, Lynda s’était rapproché de Charles, empiétant grandement sur son espace vital. Elle voulut se reculer mais son corps était figé et elle n’arrivait plus à bouger. Comme si cette proximité lui faisait du bien tout autant qu’elle l’effrayait. Lynda pouvait sentir le parfum enivrant de Charles et son souffle sur sa peau… Finalement elle ferma les yeux et doucement relâcha la pression sur les mains de Charles. Il fallait rester concentrer sur la situation actuelle. Reportant son regard sur le tableau de bord du Cerebro, son côté militaire reprit le dessus :
“J’ai analysé son mode opératoire avec les coupures de presses, Il ne peut pas être à l’autre bout du monde. Ce n’est pas possible, je n’y crois pas. Fixe-toi sur New-York et les proches alentours. Inutile de mettre le Cerebro en pleine puissance. Je te conseilles de ne pas replonger comme tu viens de le faire.”
Lynda repris sa place, debout aux côtés de Charles mais alors qu’il reprenait le casque entre ses mains, elle le stoppa dans son élan, posa une main sur son bras en se baissant pour lui dire plus bas sur le ton de la confidence.
“Fais attention à toi Charles, J’ai vraiment cru que j’allais te perdre et je ne peux pas l’imaginer.”
Avouer qu'il avait perdu Charlie avait été difficile. Voir la peur dans les yeux de Lynda fut encore plus douloureux, mais cela renforça sa détermination à le retrouver. Elle serra sa main plus fort et ferma les yeux, pour contenir ses émotions. Lorsqu'elle les rouvrit et lui parla, il fut rassuré de constater qu'elle ne semblait pas lui en vouloir. Elle parla surtout de son inquiétude pour lui.
Il haussa légèrement les sourcils lorsqu'elle le sermonna gentiment. Il n'avait pas l'habitude que l'on se soucie de sa santé ou de son bien-être. Aux yeux de tous, il était un grand et sage professeur, un mutant extrêmement puissant, quasiment infaillible. Entendre parler d'attaque cardiaque était étrange pour lui. Bien qu'il soit un scientifique, il n'avait jamais envisagé les retombées médicales concrètes que sa mutation pouvait avoir sur son corps. Pour lui, son esprit était le plus important, son corps ne comptait que peu.
Lorsque Lynda reprit sa respiration, il ouvrit la bouche pour lui répondre, pour la rassurer, mais elle ne lui laissa pas le temps de parler. Ému par ses mots, il lui adressa un sourire attendri. Elle se confiait à lui avec une telle sincérité, formulant des sentiments si profonds et si purs, inhabituels lors d'une seconde rencontre, mais qui paraissaient pourtant si naturels. Il en resta sans voix. Les mots de Lynda le touchèrent si intimement qu'il sentit les larmes lui monter aux yeux.
Elle était à présent si proche de lui, de son visage, qu'il pouvait presque sentir la chaleur de sa peau. Il se perdit dans son regard, songeant que s'il baissait les yeux ne serait-ce que de quelques centimètres, il éprouverait l'envie, irrépressible et pourtant légitime, de l'embrasser. Mais ce n'était absolument pas le moment. Son devoir passait avant ses désirs. Ils eurent le même réflexe, au même moment, de fermer les yeux pour interrompre cette connexion inappropriée avant de reporter leur concentration sur la table de contrôle du Cerebro.
Il se passa les mains sur le visage pour essuyer la sueur et focaliser son esprit sur leur mission. Puis il tourna son fauteuil pour faire de nouveau face à la machine. Il était d'accord avec elle, le chasseur de mutants devait se trouver à New-York ou aux alentours. Il acquiesça aux conseils de Lynda et prit le casque. Elle posa alors sa main sur son bras et se pencha vers lui. Une fois de plus, ses mots le touchèrent en plein cœur et éveillèrent des sentiments qu'il pensait trop enfouis pour qu'il puisse à nouveau les éprouver. Il lui sourit et lui répondit avec beaucoup de douceur :
« Je suis plus résistant que je n'en ai l'air. Et puis, tu es à mes côtés... »
Il actionna le Cerebro et partit explorer New-York à la recherche de Charlie, partant de Manhattan pour ensuite monter vers le Bronx, et ensuite redescendre sur le Queens... Il écarquilla les yeux et laissa échapper une brève exclamation de surprise et de joie. Il le percevait ! Enfin ! Sa main chercha à tâtons celle de Lynda tandis qu'il se concentrait sur sa perception et que l'image se précisait. Il ne pouvait malheureusement pas partager sa vision avec elle, de peur de perdre la connexion ou de ne pas avoir suffisamment d'énergie, mais il lui annonça :
« Je l'ai trouvé ! »
Charlie se trouvait dans une salle lugubre, aux éclairages froids, probablement en sous-sol. Il était difficile de fixer l'image précise du lieu, car l'endroit semblait entouré d'une sorte de zone obscure, le genre de flou psychique auquel Charles avait déjà été confronté par le passé, dans le sous-marin de Shaw. Renonçant à préciser le décor, le télépathe se concentra sur Charlie. Le jeune mutant était seul, attaché sur un lit d'hôpital. Charles entra immédiatement en contact télépathique avec lui.
Charlie ? C'est le professeur Xavier. Comment vas-tu ? Je te cherche depuis ce matin, je n'arrivais pas à te localiser...
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Lynda Mac Taggert Protecteur
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"Cela pèse lourd, une absence. Bien plus lourd qu'une disparition. Parce que avec les morts, c'est commode, on sait qu'ils ne reviendront pas. Tandis que les lointains nous narguent ou nous font espérer." - Philippe Besson
Si le sourire de Charles était rassurant et son regard bienveillant, Lynda n’en restait pas moins inquiète pour lui. Elle savait que l’homme ferait tout pour retrouver leurs protégés, quittes à mettre sa vie en jeu. Mais Lynda n’était pas du même avis. Pour elle la vie était un don précieux et il fallait tout faire pour la préserver. Charles n’écoutait pas assez son corps, il était fixé sur son esprit. Et même s’il avait un esprit plus que brillant, il avait un corps déjà affaibli par sa paralysie. Alors le malmener comme il l’avait fait n’était pas acceptable pour le docteur. Lynda parlait avec franchise et surtout elle parlait avec son cœur, comme à son habitude. C’était une passionnée. Le plus souvent, elle arrivait à toucher les personnes qu’elle rencontrait, rien qu’avec les mots. Mais lorsqu’elle s’adresse à Charles, elle n’était sûre de rien. Allait-il l’écouter ? Allait-il se laisser sermonner même si c’était fait avec douceur? Allait-il accepter que quelqu’un se préoccupe de lui ?
Lynda comprit que Charles voulais s’exprimer mais elle n’avait pas terminé. Elle voulait se montrer plus douce. Lui faire comprendre qu’il comptait pour elle malgré leur toute récente rencontre. La frayeur qu’il venait de lui faire avait fait comprendre à Lynda que peut-être elle s’était attachée bien plus qu’elle ne l’aurait voulu. Perdu dans le regard l’un de l’autre ils laissèrent quelques précieuses secondes en suspend avant de finalement avoir la même réaction en même temps. La raison avait repris le dessous. C’était visiblement un autre trait de caractère en commun : De faire passer les autres avant leur bien-être.
Pourtant Lynda ne put s’empêcher une dernière mise en garde avant qu’il ne reprenne les recherches, lui avouant par la même occasion qu’elle ne s’imaginait plus la vie sans lui. Charles répondit avec une telle douceur que Lynda réprima un frisson et lui sourit cette fois-ci avec plus de sérénité. Il avait raison, elle resterait à ses côtés. Elle veillerait sur lui.
Le Cerebro fut remis en route et Charles repartit en quête des protégés disparus. Le tout était plus calme cependant. Rien ne tremblait ou ne devenait trop instable. Lynda ne regardait plus l'étendue des images fournie par le Cerebro, non, elle regardait Charles du coin de l’œil. Elle observait chaque centimètre de son visage. Une petite voix dans sa tête aurait dire qu’elle te trouvait beau mais elle se taisait car ce n’était pas le moment de se perdre dans de telles pensées. A la place, il y avait des pensées d'inquiétudes à guetter le moindre signe de faiblesse de l’homme qui était à ses côtés. Lorsqu’il émit une certaine surprise, Lynda fronça les sourcils rapidement avant de comprendre que c’était positif. Charles cherchait sa main. Aussitôt Lynda se plaça à genoux à ses côtés et prit sa main dans la sienne. Elle allait lui demander ce qu’il se passait quand le télépathe lui confirma qu’il avait trouvé. Natan ? Charlie ? Owen ? En soit cela n’avait pas une espèce d’importance de qui il avait trouvé. S’ils arrivaient à en trouver un, ils trouveraient les autres.
Lynda ne prononça aucun mot, elle se contenta d’être présente pour Charles, serrant un plus fort sa main. Elle écouta alors Charles s’adressant à quelqu’un d’autre, à Charlie. Dans un souffle, elle laisse échapper quelques mots :
“Dieu merci il est en vie”
Posant son front sur la main de Charles dans un soulagement, elle ferme les yeux et écoute la suite de la conversation avec beaucoup d’intérêt...
Leurs efforts conjugués avaient fini par payer. Le professeur n'avait pas perdu espoir, et il avait eu raison. Il avait enfin retrouvé la trace psychique de Charlie. Même s'il était difficile de maintenir la connexion à cause de la zone obscure, il disposait de quelques précieuses secondes pour s'assurer de l'état de santé de son jeune élève et pour obtenir des renseignements sur l'endroit où il se trouvait.
Charlie réagit très bien, en donnant rapidement les informations essentielles. Il énonça plusieurs noms, la plupart ne disaient rien au professeur. Au moins avait-il la confirmation que Owen était présent également. Mais Natan ? Il évoqua également un brouilleur qui les privait de leurs pouvoirs. C'était donc l'explication de la zone obscure, c'était pour cela que le télépathe n'avait pas pu les percevoir jusqu'à présent.
« Je suis avec Lynda, nous allons venir vous chercher. »
Sa main serra plus fort celle de Lynda tandis qu'il percevait un homme en blouse blanche, empli de colère et de haine, qui entrait dans la zone claire, proche de Charlie. Charles devait faire vite. Tandis que le scientifique s'occupait de sangler un homme inconscient, le télépathe sonda rapidement la mémoire de Charlie pour savoir comment il avait été enlevé et ce qu'il avait vécu depuis. Il constata avec soulagement qu'il n'avait pas été trop malmené. Mais ce n'était sans doute qu'une question de temps...
Les hurlements de l'homme l'arrachèrent à son exploration télépathique. Charles serra les dents tandis qu'il ressentait la douleur du mutant et la haine intense de l'humain. Il dût faire un grand effort de volonté pour ne pas intervenir. S'il dévoilait sa présence, il risquait de mettre Charlie et les autres en danger. Heureusement que Lynda ne pouvait pas voir cette atroce scène de torture... Hammond se douta de quelque chose. Il se tourna vers le jeune mutant et lui hurla dessus, lui demandant à qui il parlait.
« Ne lui dis surtout pas ! Dis lui que tu pries. Ne lutte pas contre lui, fais comme si de rien n'était. Il faut que tu restes en vie jusqu'à ce que nous arrivions. »
S'il était soulagé d'avoir retrouvé son élève, il était tout de même très inquiet pour lui. Il aurait pu empêcher Hammond de s'en prendre à Charlie, mais de façon temporaire, et sans doute pas assez longtemps pour permettre de libérer les mutants emprisonnés. Une prise de contrôle totale d'un esprit humain aurait nécessité que Charles soit présent sur place. Et il se sentait de toute façon bien trop faible physiquement pour envoyer une décharge psychique à travers la connexion instable du Cerebro. Il devait se ménager. Pour Lynda...
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Lynda Mac Taggert Protecteur
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"Cela pèse lourd, une absence. Bien plus lourd qu'une disparition. Parce que avec les morts, c'est commode, on sait qu'ils ne reviendront pas. Tandis que les lointains nous narguent ou nous font espérer." - Philippe Besson
Lynda reste silencieuse relevant doucement la tête vers Charles pour écouter avec détail chacune de ses paroles avec Charlie. Bien évidemment elle n’entendait pas le jeune mutant mais en voyant l’air inquiet de Charles, Lynda se disait qu’il ne devait pas être en bonne posture. Charles précisa qu’il était en compagnie de la gérante du refuge. Sans doute pour rassurer Charlie et lui faire comprendre qu’ils allaient intervenir. En effet, pour la mutante il était hors de question de rester sans rien faire. Il fallait agir mais pas en groupe. Il fallait rester discret. Ne pas attirer l’attention des journalistes sur une potentielle chasse à l’homme. Des mutants qui agissent discrètement et sauve les leurs, ce sont des héros. Des mutants qui viennent en force pour tuer, ce sont des mercenaires. Et il était inutile d’accentuer une potentielle peur des mutants qui était déjà un peu dans les esprits. Lynda songeait au fait que Charles penserait la même chose qu’elle alors que ce dernier serra sa main un peu plus fort.
Lynda posa sa seconde main pour emprisonner celle de Charles entre les siennes afin de le soutenir au mieux. Elle aurait voulu lui transmettre de l’énergie mais elle ne savait pas comment cela pourrait se passer du fait qu’il était connecté au Cerebro. Doucement, elle posa deux doigts pour prendre le pouls de Charles au fur et à mesure. S’il était bien plus calme et stable que la première connexion, il était tout de même particulièrement anxieux et affaibli.
D’un coup Charles sembla ressentir une vive douleur. Lynda vit sa mâchoire se contracter et son regard devenir plus profond. La mutante détaillait chacune des réactions du professeur, ne voulant rien manquer de son échange avec son ancien protégé. D’un coup Charles mis en garde Charlie. Lynda fronça aussitôt les sourcils. Elle semblait comprendre que la situation était tendue. Doucement, sa main caressa le dessus de la main de Charles comme pour essayer de le calmer, d’apaiser les tensions ou tout simplement de s’apaiser elle-même.
Ne pouvant rien faire de plus que d’être présente pour lui, Lynda ne le lâchait plus des yeux attendant qu’il s’adresse à nouveau à elle...
Charlie mit en application les conseils du professeur. Hammond crut à l'histoire de la prière, qui était plus cohérente que la théorie que quelqu'un puisse être entré en contact avec l'adolescent. De son côté, le jeune mutant expliquait à son professeur l'urgence de la situation. Charlie allait être raccompagné dans sa cellule, située sans doute dans la zone obscure. C'était un soulagement, au moins la torture serait-elle épargnée à Charlie pour le moment.
Les muscles du télépathe se raidirent quelques instants lorsque son élève reçut le choc électrique, comme s'il l'avait lui-même subi. Heureusement qu'il avait appris depuis des années à museler ses émotions, afin de ne pas se laisser entièrement submerger par la douleur des autres. Percevoir la détresse et le courage de son jeune protégé ne faisait que renforcer sa détermination à aller le sauver.
Il s'apprêtait à répéter à Charlie de tenir le coup, qu'ils allaient venir à leur secours, mais il perdit brutalement la connexion. Le brouilleur avait dû être réactivé. Cela importait peu. Le professeur avait toutes les informations nécessaires. Il avait bien fait de persévérer, il avait eu raison de rester fidèle à ses convictions, de ne pas perdre espoir.
Il éteignit le Cerebro et voulut retirer son casque, mais il se rendit alors compte que sa deuxième main était enserrée dans celle de Lynda, qui ne le quittait pas des yeux. Il lui adressa un faible sourire. Il se sentait à bout de force, épuisé par une trop longue utilisation de ses pouvoirs. A présent qu'il avait retrouvé Charlie, toute l'adrénaline qui le tenait jusqu'alors était en train de retomber.
« Je sais où ils sont… Nous allons pouvoir… les sauver… »
Articuler cette dernière phrase lui avait demandé un effort inhabituel. Son pouls battait lentement, il luttait pour ne pas fermer ses yeux qui peinaient à maintenir le focus sur le charmant visage de Lynda. Il avait besoin de se reposer, juste quelques minutes… Elle veillerait sur lui… Le télépathe exténué ferma les paupières et se laissa glisser dans les bras de Morphée.
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Lynda Mac Taggert Protecteur
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La mutante sentait le stress monter en elle. Elle sentait bien que Charles avait de plus en plus de mal à tenir le lien avec Charlie. Comment elle le sentait c’était une véritable question mais elle le ressentait au plus profond d’elle-même. C’était à la fois une sensation étrange, désagréable et indispensable. Lynda se sentait comme relié au professeur bien que dans les faits, elle savait pertinemment que ni l’un ni l’autre n’utilisaient ses pouvoirs pour les lier. Lynda fixait Charles qui lui avait le regard droit devant lui. Le temps d’une fraction de seconde, elle songea au fait qu’il était incroyable cet homme qui se tenait à ses côtés. Lynda se savait chanceuse de le connaître et restait en admiration devant sa force de volonté. La seconde suivante le corps tout entier de Charles se raidit comme s’il venait de recevoir un choc. Lynda s’imagina aussitôt que c’était Charlie en temps réel qui venait de subir cela. Elle se crispa d’autant plus que la main de Charles serra en sienne encore plus, lui broyant presque les phalanges. Si la douleur était très présente, elle n’était rien comparée à la peur et la crainte du moment. Puis alors que Charles ouvrit la bouche pour parler la connexion semblait interrompue. Les couleurs du Cerebro changèrent pour se calmer progressivement. Lynda compris que c’était terminé sans pour autant savoir l’issue. De sa main disponible Charles entreprit d’éteindre le Cerebro avant d’essayer de retirer le casque. Lynda l’en empêchait, lui tenant toujours sa main. La mutante voyait bien qu’il était à bout de force. Il avait besoin de se reposer. Elle se redressa doucement conservant la main de Charles dans la sienne encore quelques précieuse secondes. Puis alors il essayait de prononcer quelques mots pour dire qu’il savait où les mutants étaient retenus, Lynda lui retira le casque avec douceur pour le poser sur le comptoir.
“Charles… Doucement…”
Il ajouta qu’ils allaient pouvoir les sauver. Lynda ne put retenir un sourire. Il avait la solution. La mutante n’en n’était que d’autant plus fière de lui. Mais elle n’en restait pas moins inquiète pour autant. Les yeux de Charles se fermaient doucement alors que Lynda se tenait devant lui, lui chuchotant quelques mots avant qu’il ne sombre:
“Je m’occupe de toi maintenant. Ne t’en fais pas.”
Elle retint le corps de Charles qui par la gravité, tomba vers l’avant. Elle plaça sa main à l’arrière du cou de Charles pour le repositionner afin qu’il ne bouge pas lors qu’elle bougerait le fauteuil. Tous les deux sortirent du Cerebro et tombèrent nez à nez avec un homme l’air pas commode qui semblait méfiant au premier abord puis qui vit Charles inconscient. Lynda lui expliqua rapidement qui elle était et ce pourquoi Charles était dans cet état. Si l’homme grogna en apprenant que Lynda l’avait peut-être mis en danger, il l’aida tout de même à amener le professeur à l’infirmerie. Lynda n’essaya pas forcément de soigner ses blessures. C’était juste de la fatigue. Il devait reprendre des forces de lui-même. Si Logan, l’homme qui l’avait aidé était toujours méfiant vis à vis de Lynda, il ne fut pas forcément méchant envers elle, voyant clairement qu’elle voulait aider Charles.
Le professeur Xavier fut alors allongé dans l’infirmerie et Lynda pris les commandes des moniteurs pour veiller à ce qu’il ne lui arrive rien. Elle resta à son chevet durant encore plusieurs heures…
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