Work from home

Work from Home

Ce fut la veille que mon téléphone, ou plus précisément une notification de mon téléphone me rappela le rendez-vous que nous avions convenu toutes les deux. Heureusement qu’il était là car j’avais complétement oublié. L’arrivée des bébés approchant, je stressais de plus en plus et j’avais du mal à rester concentrer sur une chose tellement des pensées m’envahissaient. Et si ? Et si l’accouchement se passait mal ? Et s’ils naissaient bleus ? Et si … Et si … Et si ….

Ah ce n’était pas facile d’être une future maman. Je pouvais le garantir. Alors, lorsque j’avais lu cette notification elle m’avait, étonnamment, mis du baume au cœur. J’allais avoir l’occasion de me concentrer sur autre chose que mes pensées parasites pour en retrouver un autre.

J’étais dure de te comparer à un parasite. Surtout que je ne le pensais absolument pas. Tu étais juste … Exubérante. Mais c’était dans ta personnalité. Surement une vieille histoire de famille … Et il fallait dire que quand je voyais ta sœur et son mythique balai dans le derrière … Cela ne m’étonnait pas. Un psychiatre ferait fortune avec vous !

C’était bien à moi de dire cela d’ailleurs. Quelle était l’expression consacrée ? La poêle qui se fout du chaudron ? L’hôpital qui se moque de la charité ? Enfin peut-importait. Car après tout. Si je ne t’appréciais pas un minimum jamais je ne serais revenue vers toi, et je t’aurai encore moins donné mes coordonnées te permettant, en théorie de me contacter n’importe quand, ce qu’en pratique tu ne faisais pas, dieu merci.

Tu étais du genre … Pénible mais attachante. Je crois que j’avais vu une femme se promener avec un tee-shirt qui résumait bien ta situation l’été dernier …. Comment c’était déjà …. ? Ah ! Oui ! Attachiante. Voilà ! C’était parfait pour toi ! Attachiante. Je garderai mon commentaire pour moi, je ne te le dirais pas en face. Quoi que … J’en étais parfaitement capable. L’avantage entre toi et moi c’est qu’on ne s’encombrait pas forcément de se demander ce que l’autre allait penser de mal ou pas vu comment notre relation avait débutée.

C’était sur ces pensées que je sonnais pile à l’heure de notre rendez-vous à la porte de ton immeuble. Emmitouflée dans mon manteau, bien au chaud, gants aux mains, bottes fourrées aux pieds, bonnet vissé sur la tête, sac pendant à mon bras, j’attendais patiemment que quelqu’un m’ouvre. Vu la taille de ta maison tu avais forcément un employé de maison et je ne m’attendais pas à ce que cela soit toi, en personne qui vienne m’ouvrir.

Comment définir notre relation ? En trois mots : je sais pas. T’es ma stalkeuse préférée et j’aime beaucoup ta forme bleue pour son aspect artistique. J’ai presqu’autant envie de jouer avec tes pouvoirs de métamorphe que tu n’auras pas envie que je le fasse lorsque tu seras au courant. Reste qu’une relation ne se limite pas à ma seule appréciation et que je suis incertaine de la tienne. Il y a cet aspect stalkeuse qui est un red flag plutôt massif tout comme le fait que tu te sois introduite jusqu’à moi mais tu l’as fait pour m’avertir de dangers me concernant. Il y a cet aspect collaboratif qui s’exprime pour la seconde fois aujourd’hui. Il y a ces quiproquos à répétition : te penser compagne de Jean puis mère de Jean comme de Kurt. Et il y a ce double-jeu lié à ton identité secrète et à ton identité publique ainsi que mes maladresses dans le domaine. Je pense qu’on est plus que des connaissances puisque tu m’aides et me surveilles mais je ne suis pas certaines qu’on soit des amies. Après, c’est peut-être une différence de génération : tu as au moins quatre-vingt ans quand on y pense ! Je suis plus proche d’être ta petite fille que ton amie, en fait.

Tout cela pour dire que j’ai pas su comment m’habiller ce matin. Le premier réflexe a été le jeans et veste de tailleur ouverte sur un soutien-gorge, le tout en noir, puisque c’est la tenue d’interview que j’utilise pour voir comment réagissent les potentielles recrues à la Marvel League face à mon originalité. Puis je me suis dit que non : on n’était pas dans ce cadre-là même si on parlait de ce sujet-là. Ma tenue professionnelle toujours provoquante mais moins exagérée, avec le pantalon de toile blanc et la veste de tailleur ouverte sur le bustier ? Oui mais non. Pas cette fois. La veste de tailleur blanche à liseré noir ? Après tout j’ai fait mon coming-out super-héroïque dedans et tu ne m’as pas reprise pour ça ! C’est Clint Barton qui s’en est chargé mais c’est hors sujet. Sauf si ça te donne l’occasion de faire des commentaires sur cela aussi, ce qui ne serait pas hors sujet mais dans la continuité.

C’est donc ainsi que je descends, pieds nus et les cheveux liés par un ruban noir en la tresse de la Reine des Neiges, depuis le bureau inclut dans la suite de maître afin d’aller attendre mon rendez-vous du matin. Viendras-tu en elle, en il ou en ça ? Nous verrons bien. Puisqu’il ne faut pas oublier qu’en plus de ma demande, il y a ma demande à traiter. Un coup de mains pour l’entrainement de la Marvel League et un autre pour l’accompagnement de Morticia.

J’arrive dans le foyer de mon immeuble par l’une des deux portes du fond ; la gauche. La lumière extérieure provient des deux grandes fenêtres à barreaux. Entre celles-ci se trouve un tableau tandis qu’à leurs pieds se tient un canapé dont deux des pieds sont posés sur la mosaïque de marbre délimitant le petit salon ; et étant fort heureusement chauffée. Mes pieds en sont satisfaits et moi aussi, du fait, alors que je contourne le fauteuil puis les deux tables basses hexagonales qui me séparent du canapé sur lequel je m’en vais m’installer pour regarder dehors. C’est ainsi, jambes en sirène et ventre comme bras contre le dossier, que j’attends les gens. Je ne le fais jamais trop longtemps parce que je suis une suisse et que j’arrive à l’heure donc tout dépend de ceux que j’attends.

Et tu arrives pile à l’heure ! Sous ta forme féminine, la blonde enceinte. Ce qui me laisse me demander si tu as fait prendre à ta forme masculine de l’embonpoint pour expliquer ton ventre ou si tes capacités d’ingénierie anatomique te permettent de déplacer tes bébés et les organes liés ailleurs pour que rien ne se voit. Je n’y ai pas pensé avant sinon je serais allée revoir tes dernières interventions publiques sous ta forme masculine pour avoir la réponse. Heureusement, je me le demande vite : il ne faudrait pas te faire attendre. Tu as une tenue exprimant combien tu aimes l’hiver newyorkais et il faut reconnaitre que le combiné des températures avoisinants le 0°C et du fait que les buildings de Manhattan créent des couloirs d’un vent marin abouti à un froid médiant mais qui s’infiltre jusqu’aux os en donnant une température ressentie bien plus négative ! En un mot comme en cent, je me dépêche de venir t’ouvrir.

La porte est sur le mur où se trouvent les fenêtres, il me faut moins d’une minute pour l’atteindre et l’ouvrir. Je le fais avec un sourire content malgré que l’assaut du frais extérieur soit pas forcément le plus agréable avec mon décolleté… mais ce n’est pas réellement cela qui m’interrompt. Non, c’est la surprise. Sourcils relevés et mâchoire entrouverte, je reste là à regarder l’homme qui n’a effectivement pas grossi comme je me l’étais demandé.

Raven, ma chère, t’es-tu inspirée d’une étoile de mer ? On te coupe en deux et tu régénères les deux bouts ? Nan parce que l’autre explication qui me vient à l’esprit c’est de l’usurpation d’identité et là c’est pas la même limonade. Ni étoile de mer d’ailleurs.

En prenant une inspiration alors que je reste dans le courant d’air, je croise mes bras sous mes seins comme tu as l’habitude de le faire, mais pas pour la même raison, et je détaille la scène et l’imprévu.

« Okay, me dis-je à moi-même en réfléchissant à comment faire pour ne pas encore plus risquer tes secrets comme je l’ai fait hier ET en voulant en apprendre au moins un parce que C’EST QUOI CE BAZAR ? Bonjour, commence-je avec douceur dans l’un des moments les plus imprévisibles et les plus awkward de ma vie qui promet d’ailleurs d’augmenter sur au moins l’un de ces deux critères prochainement. Bonne année. »

Je ne suis pas perturbée DU TOUT. Nan franchement, là j’improvise au fur et à mesure. Encore plus que d’ordinaire quoi puisque d’ordinaire j’ai un plan sur lequel improviser.

Je me tourne donc pour crier un coup.

« Jo, j’ai besoin d’un coup de main ! C’est urgent. »

Cela fait, je me retourne vers mes deux invités et décroise mes mains, paumes vers le sol en signe d’apaisement, pour les tendre vers celui que je suppose être le vrai monsieur Xavier ; ce qui signifie que ce n’est pas toi, Raven. Cette fois, le quiproquo c’est de ta faute.

« Monsieur Xavier, on va venir vous aider à monter, assure-je avec un sourire forcé avant de nous tourner, mon sourire forcé, mes mains et moi, vers Raven. Elsa, est-ce qu’on peut se parler en privé ? S’il-te-plait. »

Si tu dis "oui", je te demanderais de laisser tes chaussures dans le meuble fait pour cela à côté de la porte, voire ton manteau sur le porte-manteau qui l’accompagne si ma maison qui est en train d’autant se refroidir que moi est suffisamment chaude pour toi, avant de te crocheter le bras pour t’embarquer dans la porte au fond à droite du petit salon ; oui, nous retournerions aux WC afin d’avoir de l’intimité pour pouvoir discuter.

Si tu dis "non", ben débrouilles-toi quoi.

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J’attendais, plus ou moins sagement ou patiemment que quelqu’un vienne m’ouvrir quand une voix que je ne connaissais que trop bien e tira de mes pensées éparses. Pivotant sur mes talons je me retrouve pour me retrouver dans un face à face à distance avec mon frère. Il m’ôte alors les mots de la bouche sur la raison de sa présence ici en me demandant la mienne.

- J’ai rendez-vous avec Miss Lucy Orchent. Et toi ? Que fais-tu ici ?

D’un pas ou deux ou trois, je passe derrière ton fauteuil pour t’aider à franchir les fameuses trois petites marches. Je savais bien que ton fauteuil te permettait de le faire tout seul mais c’était aussi pour m’occuper l’esprit et surtout avoir le temps d’entendre ta réponse. Pour le coup j’espérais que la jeune Lucy se fasse un peu désirer et nous laisse grelotter dans le froid hivernal.

Puis, enfin, la porte s’ouvre sur une tenue qui si elle ne me choque pas risque bien de ne pas ravir du tout mon frère.  J’hausse les sourcils alors que je vois la surprise se manifester sur le visage de la rousse. Elle devait s’attendre à ce que nous soyons deux si elle nous avait tous les deux invités aux mêmes horaires. Je ne comprenais d’ailleurs pas très bien pourquoi nous faire venir en même temps. Si c’était une question d’écologie pour ne venir qu’à une seule voiture du même endroit… Et bien c’était loupé car visiblement ni Charles ni moi n’étions au courant du rendez-vous de l’un ou de l’autre.

Il y a donc des marches encore vu que la jeune femme appelle son toutou pour venir s’occuper de mon frère. Hum … Je doute que l’attitude lui plaise mais ce n’est pas mon problème.

- Pourrais-tu s’il te plait arrêter de m’appeler Elsa ? Car de nous deux celle qui a le plus de vibes la reine des neiges c’est toi.

Dis-je d’une voix légèrement ennuyée en faisant bien sur référence à ta tresse pendante sur le côté. Des mains se tendent vers moi, au premier coup d’œil je vois qu’elles sont contractées. Mais qu’est-ce qui a bien pu se passer dans la vie de cette rouquine pour qu’elle réagisse comme cela alors que des personnes qu’elle a elle-même invité arrivent. Décidément … Ce petit bout, ce grand bout de femme, restera un mystère pour moi.

Je me laisse entrainer dans le sillage de la rousse en adressant un regard à mon frère qui veut dire « Je ne sais pas encore quelle mouche l’a piqué je ne comprends pas ! ». Je comprends rapidement que je dois enlever mes chaussures ce que je fais rapidement mais je garde mon manteau pour le moment me retrouvant entrainée dans … des toilettes ?

- Mais qu’est-ce qui se passe encore ?

Oui ma voix insistait sur le encore. Je n’étais pas vraiment venue pour me retrouver une fois de plus au petit coin avec elle.

Okay, je suis tellement perturbée que je ne remarque pas que Charles Xavier le vrai a déjà été monté jusqu’à mon palier par Charles Xavier la fausse. Ce n’est pas nécessaire d’appeler Nathan ? Oui mais je le fais quand même. C’est pas mal d’avoir un Nathan sous la main quand on s’y Nathan pas. Oui, je pense ce que je veux quand je suis en panique moi Madame ! Surtout que tu snobes mon excentricité comme à ton habitude, ça je ne suis pas assez perturbée pour ne pas le voir ! Tout comme le fait que le vrai Charles Xavier ne le fait pas, lui. Merci !

Pourrais-je, s’il me plait, arrêter de t’appeler Elsa ? Mais bien sûre ma chère. Comment préfères-tu que je t’appelle ? Charles ? J’ai le plus de vibes de la Reines des Neiges mais au moins je ne prétends pas être elle ! Sois ennuyée, vas-y, peut-être que tu arriveras à égaliser avec ton niveau d’ennuyante. Parce que sur ce coup-là t’as la palme et aux quatre membres. Choses que tu dois être capable de faire d’ailleurs et dont je suis curieuse malgré le fait que ce soit pleinement hors sujet.

Au moins, tu me suis en privé. Tu me demandes ce qui se passe "encore" parce que visiblement tu ne fais pas la connexion et je ne sais pas si je dois y voir ta blondeur parfaitement imitée ou bien le fait qu’en fait je me prenne la tête pour rien et que le chauve à roulette qui veut pas qu’on s’éloigne est parfaitement au courant que tu joues les chauves à roulettes en public. Ce qui serait, on ne va pas se mentir, aussi space que bien pour moi dans le règlement de cette situation sans créer de catastrophe.

« Je ne voudrais pas paraître rude, continue l’imprévu prévu ou l’inverse alors que je tâche de ne pas interrompre ma marche tout en sachant mon impossibilité à pousser Raven dans l’autre direction si elle s’arrête, mais si vous éprouviez le besoin de vous entretenir seule à seule avec ma sœur, pourquoi ne pas nous avoir conviés à deux horaires différents ? »

Sa quoi ? Ah, mais c’est pour ça ! Je tente la glossia ou pas ? Nan parce que tenter un langage codé avec toi Raven, alors que tu vois pas le problème, je suis pas certaine que ce soit la meilleure idée du monde.

« Vous êtes frère et sœur, répète-je donc comme si j’avais une réalisation et parce qu’il vaut mieux un plan imparfait en action qu’un plan parfait en retard. C’est pour ça. Vous vous ressemblez tellement que j’ai dû vous confondre lors de notre rencontre au gala de charité de Mutant Care en Mai dernier. »

Raven, connecte. Connecte. S’il-te-plait. Moi c’est le cas. Aller. Je suis pas une bonne actrice et je pense que le monsieur là il risque de comprendre le pot-aux-roses s’il te connait vraiment ; ce qui, en fait, serait un coup de Chance puisque me simplifierait la situation comme dit plus haut.

« Vous savez, au coin des dames. »

Raven, j’espère que tu ne te retrouves pas si souvent que cela dans des toilettes avec d’autres jeunes femmes pour que cet indice ne t’installe pas le wifi. Connecte !

« Mon erreur de vous avoir invités en même temps, m’excuse-je auprès d’un Charles qui ne doit pas avoir besoin de me connaitre pour voir le stress causé par vos deux présences. Je suis néanmoins capable de mener deux conversations à la fois, afin que nous puissions discuter de mademoiselle Montoya comme du programme d’entrainement de mon équipe de super-héros. »

Juste que je sais pas prendre des notes sur deux choses à la fois, par contre, et que j’ai pas mon scribe puisqu’il n’est pas forcément au courant d’autant de choses que Nathan qui n’est pas au courant d’autant de choses que moi qui ne suit pas au courant d’autant de chose que toi, Raven, et je te laisse placer ton frangin dans la suite de connaissances ainsi établies parce que c’est toi qui te travesti en lui ; sauf si c’est son truc mais ça je veux pas le savoir ! Même si je serais plutôt satisfaite, à la réflexion, que tu acceptes de faire mumuse avec tes pouvoirs auprès d’un membre de ta famille. Outre que ça augmente mes chances de l’obtenir de toi, le faire mumuse, cela t’offrirait un peu l’occasion de te mettre en valeur. Enfin Bref…

« Je vous en prie, dis-je en désignant des deux mains le petit salon sur notre flanc où tu dois pouvoir squatter le canapé et ton frangin à côté du canapé, installez-vous.

- Bonjour, intervient Nathan, arrivé pile au bon moment pour m’éviter une révélation puisqu’il est sensé en savoir moi que moi qui en sait moi que toi et qu’il ne doit pas avoir le même degré de fiabilité donc complexifier la tâche que je t’ai donnée en espérant que tu la comprennes sinon je vais avoir envie de te traiter d’une ; de tâche.

- Nathan, Raven que tu connais et monsieur Xavier que tu connais pas, dis-je en accompagnant mes présentations de mes mains et en essayant de ne pas trop insister sur le fait que mon ami n’est pas sensé connaitre le chauve en fauteuil qui se transforme en blonde à boa qui se transforme en chat ; parce que oui il sait pour cette histoire ! Est-ce que tu peux apporter les boissons s’il te plait ? Moi je vais prendre un verre de génép’. »

Ça m’aidera à gérer. Si. J’ai géré le zoo avec la gueule de bois et la voleuse surhumaine avec l’euphorie du spectacle et un coup dans le nez donc je pense que cette situation mérite son petit, de coup. Meou.

J’attends que Nathan soit parti pour m’assoir en te relançant un regard, Raven. Fais ton explication. S’il me plait et c’est le cas.