Messages : 1440 Date d'inscription : 10/02/2022 Emploi/loisirs : Héritière, inventrice, artiste performeuse, organisatrice de spectacle et de festivités, consultante au SHIELD, égérie, super-héroïne
Tu n'es pas vexée de mes constats. Parfait. Tant mieux. Ce qu’on veut. Est-ce que ça me soulage ? Oui. Un peu. Beaucoup. Mais pas encore la suite. La suite, c’est les questions. Mes questions. On verra si on en passe à la folie ou au pas du tout. Suis-je ici pour prouver un point ? Pour être un appât ? Inutile de demander cela. L’envisager est suffisamment dérangeant.
Que tu aimes faire des vagues n’est pas la réponse qui me convient le plus et je pense que la crispation de mes sourires et mains, notamment celle sur ton bras, en témoignent aussi bien que l’expiration nasale brève qui les accompagne.
Que tu aimes faire dans l’insolence n’est pas forcément une vague en plus d’avoir déjà été constaté mais je suis partagée entre la connivence d’un "je sais" et la crainte d’un "jusqu’à quel point ?". Ainsi reste-je sur ma réaction précédente ainsi que suspendue à ton suspens.
Que tu aimes fleurter avec les limites et les transgressions n’est pas étonnant ni une véritable réponse : fleurter peut mal se passer. Cela peut amener à la suite. Suis-je ici pour voir jusqu’où tu vas ? Archibald ne peut pas déjà être le crash-test pour ça ? Il a signé volontairement même s’il doit ignorer ta nature extraterrestre. Moi j’ai pas signé même si je savais pour ladite nature qui n’implique pas une mauvaise nature ; ou une nature dangereuse. Enfin, les Asgardiens sont dangereux par leurs capacités mais cela ne signifie pas qu’ils veuillent être dangereux. Que veux-tu, toi ?
A part jouer ? Ta provocation entache le rayonnement de ton sourire pour moi, cette fois, et je le regarde en perdant le sourire malaisé précédent.
« Je ne suis pas femme à me soumettre et à accepter l'autorité. »
Voilà pourquoi c’est moi qui suis ici et non un agent du SHIELD. Je n’ai aucune autorité dans notre relation.
« Un défaut, j'en ai pleinement conscience… mais que voulez-vous ? »
Deux minutes afin de vous faire une liste non-exhaustive qui sera néanmoins une meilleure réponse à une telle question.
« Il n'est pas évident de se refaire. Surtout pas après deux siècles d'existence. »
Deux siècles sur cinq millénaires. Soit 2/50 et 1/25. Si on considère l’espérance de vie d’un humain comme de cent ans puisque je ne suis pas certaine que tous les Asgardiens vivent cinq mille ans et que ça me simplifie les calculs, tu es à la même étape de sa vie qu’un enfant de quatre ans. Par ma Chance ! Tu approches juste l’âge de raison je crois… Après, le développement psychologique est peut-être très différent ? Genre tu serais dans ton adolescence. Je sais pas si c’est mieux, en fait…
Qu’es-tu, Amora ? Je te regarde regarder les autres sans avoir réellement de réponse à cette question qui soit suffisamment développée. Aussi charmante que provocante, surement par connaissance du fait que ton sexe et ton physique feront qu’on te pardonnera plus de "bêtises" que la moyenne tant que tu ne vas pas trop loin. Reste, encore une fois, à définir ledit "trop loin". Reste à savoir quelles valeurs ont les lois et les vies d’une espèce qui vie moins d’un cinquantième de toi. Pour un humain, cela reviendrait à considérer les lois et les vies des hamsters nains (deux ans d’espérance de vie contre cent pour nous, donc un cinquantième encore une fois) comme étant égales aux nôtres ; même s’il faut reconnaitre que la différence de morphologie entre humains et hamsters est plus grande qu’entre humains et Asgardiens, ce qui n’aident pas à l’égalitarisme. Et que les hamsters n’ont pas de lois, aussi. Tu as raison : retiens-moi de ta main. Je suis en train de partir loin. Nous sommes en train de nous éloigner. Je raccroche à défaut de savoir si ton geste pour me retenir est une bénédiction ou une malédiction : j’attends de voir ce que j’en déduirais. J’attends de comprendre.
As-tu toujours été ainsi ? Attends une seconde : ainsi quoi ? Je penche légèrement la tête sur le côté alors que je fixe bien ton nez en un réflexe pour ne pas détourner le regard en compagnie d’un autre pour changer mes points de vue et d’audition.
Les mauvaises langues seront égales à elles-mêmes avec un "oui". La réponse, ta réponse, est donc "non". Où se trouve la vérité ? Il est facile d’accuser autrui. Il est plus dur de faire ses preuves. J’ai le lien de la main, tu as le lien des yeux.
Les autres t’ont modelée en ce qu’ils te reprochent d’être ? Modelée… le terme doit être important. Je n’arrive pas encore à en saisir la nuance. Trop d’incertitudes, parmi lesquels : qui a commencé ? Eux ou toi ?
La peur mène à la colère. La colère mène à la haine. La haine mène à la souffrance. Peut-être a-t-on sauté la seconde étape mais il semble que tu ais été haïe et il reste à déterminer si tu es la seule à en avoir souffert ; car je pense que tu en as souffert.
« Ironie du sort, quand tu nous tiens. La boucle est bouclée, à l'image de Jörmungand. »
On est peut-être effectivement dans une thématique adolescente. Malgré la rébellion, l’enfant évolue tout de même vers ce que l’expérience de l’adulte lui fait anticiper. J’ai plus de mal à voir le rapport entre une boucle bouclée et un ouroboros comme Jörmungand mais peut-être la symbolique est-elle différente entre Asgard et la Terre ; quand bien même le Serpent de Midgard doit être basé sur un être réel, à défaut de pouvoir exister physiquement en l’état actuel de nos connaissances géographiques. Peut-être que Thor l’a tué ? Aucune idée autre que le fait que ce soit hors sujet.
Tu perds ton sourire, Amora, et je savais que cela arriverait à partir du moment où il a été question de ton passé. C’est même surprenant que cela ne soit pas arrivé lorsque tu parlais des "ces autres qui t’ont modelée ainsi". Non, c’est vraiment la notion de magie et de son emploi sur les autres qui te chagrine. Ai-je touché à cette crainte qu’avaient lesdits autres envers toi ? La remise en question de tes atouts naturels pour des artificiels ? Le fait que cette mutation de "beauté surnaturelle" t’amène à être une mauvaise personne car le pouvoir corrompt et que le tient t’amène à corrompre les autres pour être "toi-même" ? Suis-je en train de me faire complètement avoir ?
Tu romps le contact visuel. Tu romps le contact physique.
J’hésite à garder ma main sur ton bras. J’hésite à chercher ton regard.
Le pont entre nous est rompu. Telle est ma crainte de l’illégalité. Tricher et mentir. Perdre automatiquement si l’on est découvert alors que cela ne permet pas forcément de gagner. Les raisons pour lesquels je ne le fais pas. Reste à savoir si tu le fais, Amora.
"Tu imagines ne rien avoir fait de mal ou de contraire à nos lois et à notre morale… tout du moins, pas volontairement". Je penche le visage en avant. Je vois la difficulté avec laquelle tu parles et je sais que c’est probablement vrai, au moins pour la partie légale. L’inverse aurait surement conduit à une arrestation, même si seuls les Avengers doivent en être capables dans l’optique où tu puisses résister.
« Quant à l'attraction que je fais naître chez les autres... elle est naturelle, et en aucun cas liée à une quelconque aptitude surnaturelle. Je... je n'ai plus accès à la magie qui était la mienne. J'en suis à présent totalement dépourvue. »
Ta conclusion est douloureuse pour toi et tu l’expédies comme si ça facilitait la tâche. J’avais les bras croisés pour m’auto-soutenir mais j’avance tout de même le buste avant que je prononce mon onomatopée et tende une main jusqu’à ton menton.
« Ey, dis-je avec douceur dans mon essai à récupérer ton attention, je comprends. Je pense. Ta vie a été régit par une prophétie autoréalisatrice, où les craintes quand au fait que ta beauté ne t’amène à devenir manipulatrice ont elles-mêmes amené à ce que tu doives manipuler pour faire abaisser les défenses, et tu as perdu l’art dans lequel tu as choisi d’exercer et où ton naturel n’était pas impliqué, sans doute à cause des conséquences des craintes et de ta correspondance à celles-ci. »
L’ouroboros, qui se mord la queue. La limite entre l’océan primordial et le monde ordonné, entourant donc la totalité du monde existant. L’union du monde chthonien et du monde céleste. Le cycle du temps et de l’éternité, tour à tour symbole de rajeunissement et de résurrection, protecteur, ou d’autodestruction et d’anéantissement, destructeur. Le début, la fin et le recommencement de toute chose. L’union de deux principes opposés. Le mouvement, la continuité, l’autofécondation et, en conséquence, l’éternel retour. L’ambivalence et les contradictions. Les difficultés à apprendre malgré une éternelle évolution.
L’ironie n’est pas pour les mauvaises langues à qui tu as donné raison, Amora. L’ironie est pour toi dont l’amour des vagues, de l’insolence et des transgressions comme l’inacceptation de l’autorité proviennent du fait qu’une autorité t’a considérée ainsi durant ta construction personnelle.
J’inspire si profondément que je dois en écarter les lèvres. Il n’y a aucun sourire lorsqu’elles se closent à nouveau. Je te regarde non-plus avec la séduction précédente car je vois au-delà de ta beauté à présent. Je vois les pigments de peinture qui composent le tableau.
« J’ai peur de me faire avoir par une utilisation de ta vulnérabilité à l’égale de celle de ta beauté, te dis-je franchement, tout autant consciente que le tutoiement fera jaser comme tu l’as dit précédemment que le fait que tout ce que l’on fait le fera également comme je l’ai dit précédemment. Mais je pense que, si le SHIELD ne m’a rien dit de ton passif, c’est aussi pour éviter cette prophétie auto-réalisatrice envers toi. »
Il n’y a surement pas que cela mais ça en fait peut-être parti. Je choisi de l’envisager et de l’énoncer. Mais je suis biaisé par le souvenir et l’amour que je porte à ma sœur.
« Je ne suis pas seulement biaisée parce que je fais parti des gens que tu aurais plus de facilité à manipuler, reprends-je après une seconde de pause et avant que les coins de mes lèvres ne se plissent en un sourire encourageant. Je le suis aussi parce que je tâche de me comporter avec les autres comme j’aimerais qu’ils se comportent avec moi. Ce qui inclus les aider. »
Je suis prête à essuyer d’un pouce une éventuelle larme comme à ramener ma main droite sur ma pochette, laquelle pend désormais au-devant de mon entrejambe et en bout de mon bras gauche.
« Puisque je ne suis pas une autorité, est-ce que tu veux essayer ? »
La joie est ma première émotion. C’est celle que j’aime vivre et faire partager. La peur est ma seconde émotion. C’est celle avec laquelle je dois composer.
J’ai peur de devenir ton pion, Amora. D’être une Archibald qui aurait toujours des cheveux sans avoir besoin de recourir aux implants. D’être moins qu’une Archibald sans que je sache si ça serait bien ou mauvais. D’être plus qu’une Archibald avec la même interrogation que précédemment.
J’ai peur et je fais face. Parce que ce qui peut arriver pour le pire peut aussi le faire pour le meilleur. Parce que je choisis ce que je veux encourager. Parce qu’être gentil et le rester est souvent la chose la plus difficile à faire au monde mais que je tiens à l’être et le rester. Miaou.
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Amora L'Enchanteresse
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Peu à peu, l'ambiance de cette conversation changeait, perdant de son insouciante et de sa lumière. Au fur et à mesure que Lucy en apprenait un peu plus au sujet de son interlocutrice, à chacune des révélations et des réponses que cette dernière lui apportait, la jeune femme à la chevelure flamboyante voyait son sourire se faner. La proximité entre les deux femmes s'étiolait également, Mademoiselle Orchent devenant de plus en plus distante, malgré le fait qu'elle semblait s'évertuer à toujours vouloir garder une certaine forme de contact avec l'Ase, ce que soit par le toucher ou bien par le regard. Mais pourtant, malgré tous ses efforts, l'illusion et le charme de l'Enchanteresse se ternissaient face à la vérité, leur magie naturelle perdant de leur influence sur la midgardienne.
Toutefois, la bienveillance dont faisait preuve Lucy restait intacte, et même alors qu'elle prenait de plus en plus conscience du piège que pouvait représenter la personne en face d'elle, elle ne fuyait pas. De toute évidence, sa curiosité, son désir de comprendre et sa soif de réponses étaient plus fortes que ses craintes, tout autant que sa volonté d'aider son prochain.
Quant à Amora, hantée par les souvenirs de ce passé qu'elle venait d'évoquer, elle n'était plus vraiment en mesure de faire bonne figure. Son sourire de façade avait à présent disparu, remplacé par un masque froid et dénué de la moindre émotion. Son regard était devenu insoudable tandis qu'elle s'était renfermée sur elle-même suite à toutes ces confidences. C'était comme si une part d'elle-même s'était isolée, loin de cette soirée ... de ces convives ... de Lucy. Ce qui l'a ramena au monde réel, ce fut le contact de cette main sur sa joue. Un geste auquel elle ne s'était pas attendue ... une attention qui ne lui était pas vraiment familière. De surprise, elle se raidit légèrement, fronçant quelque peu les sourcils tout en braquant un regard vif sur la propriétaire de cette main. Amora réalisa alors qu'elle s'était laissée gagner par ses émotions ... qu'elle s'était montrée vulnérable ... exposant un instant de faiblesse. D'un geste délicat, l'Ase écarta cette main de son visage, ressentant une forme de colère envers elle-même pour avoir ainsi baissé sa garde. Lucy avait de toute évidence compris une partie de ce qui avait fait d'Amora l'Enchanteresse. Pour autant, l'Ase refusait qu'on la prenne en pitié.
Les traits de son visage toujours légèrement tendus par cette déception envers elle-même, Amora continuait de fixer la mortelle tandis que celle-ci lui faisait part de son point de vue ... de sa façon de mener sa propre vie. Aider son prochain et le traiter de la même façon qu'elle-même désirerait être traitée. Dans le regard de l'Ase, c'était à présent une certaine forme d'incompréhension qui transparaissait, alors qu'elle continuait de fixer son interlocutrice sans pour autant émettre la moindre parole.
Fury l'avait sous-entendu lors de leur entretien : l'arrivée sur Terre d'Amora était l'occasion pour elle d'un nouveau départ ... en somme, une seconde chance d'échapper à cette prophétie ... de donner tort aux Nornes. Est-ce que cette voie était aussi simple que le prétendait Lucy ? L'Enchanteresse en doutait fortement ... mais une part d'elle souhaitait y croire ... une part d'elle envisageait la possibilité que l'Ase ait fait fausse route.
Faire preuve de gentillesse et de bonté d'âme ... par le passé, cela n'avait jamais réussi à celle qui avait fini par devenir l'Enchanteresse. Pourquoi les choses se dérouleraient autrement sur ce monde ? Qu'est-ce qui pourrait bien faire que cette fois-ci, les choses ne passeraient d'une autre manière ?
Se ressaisissant, Amora chassa les dernières traces de trouble qui auraient encore pu être décelable sur son visage. Pour autant, ses traits ne s'étaient pas véritablement radoucis, adoptant plutôt une expression froide et sérieuse.
"N'ayez crainte, il n'y a que peu d'intérêt à vous manipuler ou à vous séduire. Après tout, vous l'avez dit vous-même, vous n'avez aucune autorité", finit-elle par lui annoncer d'une voix détachée, mais dépourvue de toute méchanceté.
De son côté, Amora avait naturellement continué de faire usage du vouvoiement sans même véritablement y réfléchir. Sans doute était-ce une façon de conserver une certaine distance avec Lucy, non pas par mépris, mais plutôt afin de se préserver elle-même. Tenir les autres à distance afin de ne pas tomber dans l'affect ... c'était une stratégie qu'Amora employait depuis bien longtemps afin de s'éviter tout risque d'attachement et de déception. C'était en partie pour cela que par moment, elle pouvait se montrer hautaine et sarcastique.
"Quant à agir avec les autres de la même façon que je souhaiterais être traitée, j'ignore si je suis prête pour cela. Pensez-vous réellement ce que vous dites ?, poursuivit-elle. Mademoiselle Orchent, j'admire votre courage et votre persévérance. Vous êtes de toute évidence une personne intelligente et à l'esprit curieux, deux qualités que je respecte au plus haut point. Et pourtant, en vous écoutant, je pourrais presque vous soupçonner de poser sur le monde un regard un peu trop candide."
Lucy Orchent The Lucky One
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Il y a quelque chose de troublant à voir ton visage inexpressif, et non impassible. Jusqu’où le contrôles-tu et est-il capable d’exprimer quoi que ce soit involontairement ? La peur. Voilà le sentiment à l’origine de ce doute. J’ai vu des expressions que je pense involontaire. J’y crois. Je ne suis cependant pas capable de sonder cette statue de perfection ou les fenêtres d’une âme ancienne. Au-delà.
Il y a quelque chose de rassurant à voir ton visage se ranimer. A te voir revenir. La surprise est l’émotion la plus difficile à feindre. C’est surement une réponse à mon interrogation précédente. Après la surprise vient la tension. La peur, là aussi ? Aurais-tu peur que je t’atteigne, Amora ?
Tu écartes ma main de ton visage, sans m’amputer ou me briser le moindre os alors que ça te serait si facile. Ta colère, elle est contre toi-même n’est-ce pas ? J’appose ma main droite en compagnie de son homologue gauche sur ma pochette blanche, en protection de mon entrejambe, alors que j’acquiesce avec douceur et un sourire qui se fane. Je comprends et je respecte. Je te fais face. Je t’attends.
Je parle d’un sujet que je maitrise : moi. Un sujet duquel tu pourrais apprendre. Je comprends qu’il n’y ait aucune urgence à faire quoi que ce soit lorsqu’on a cinq millénaires pour le faire. C’est pour cela que les humains évoluent aussi vite. Ils n’ont que quelques décennies. Même si mon expérience pourrait paraitre dérisoire face à la tienne, peut-être qu’elle peut aider.
Fixe-moi.
Réfléchis-y.
Ton silence ne me gêne pas. Pas même lorsqu’il devient nôtre car j’ai fini de parler. Ton regard ne me gêne pas. Pas même lorsqu’il est notre dernier lien car j’ai fini de parler.
Je t’attends.
Même si mon nez me gratouille un petit peu. C’est saugrenu mais cela arrive toujours lorsqu’on ne peut pas se gratter le nez. Et y penser, voire en parler, ne fait qu’empirer la chose. Surtout que même un petit jeu de lèvres pour essayer de faire bouger le nez n’y change rien : ça donne juste envie d’éternuer et, pour éviter, de renifler. Bon, du coup je me gratouille le nez. Voilà. Mais ce n’est pas de la gêne !
Tu me dis de n’avoir de crainte avec froid et sérieux. J’ai des craintes. J’aurais toujours des craintes. C’est ainsi. Tu illustres le peu d’intérêt à me manipuler ou à me séduire. "Après tout, je l’ai dit moi-même, je n’ai aucune autorité". Je souris avec une douceur amusée à cet énoncé. Je n’ai aucune autorité, c’est vrai.
Tout comme Archibald lorsqu’on y pense. J’ignore si j’ai plus de patrimoine que lui. Probablement pas. Sauf si on inclut l’Empire Orchent. Je pense avoir plus de ressources que lui en revanche, sans quoi ce serait lui et non moi que le SHIELD aurait envoyé. Je ne le prends néanmoins pas comme une blessure d’orgueil : tu es sincère et je t’en remercie. Il y a aussi quelque chose de rassurant à savoir que tu n’as aucune raison de le faire, même si l’énoncer pourrait être un moyen de le faire justement. Je ne le pense pas.
Notre relation est enfin réciproque. Franchise et respect, dans la distance comme les aspirations. C’est plus que ce que beaucoup doivent pouvoir avoir. C’est la récompense pour avoir agit avec franchise et respect.
Tout commence par un saut de foi.
Il n’y a aucun souci à ce que tu aies trop de bagage pour être prête à ce saut de foi. Quant à réellement penser ce que je dis, j’acquiesce avec douceur. Ne l’ai-je pas prouvé jusqu’ici ?
Ma main droite s’en revient à mon visage, le contournant pour aller replacer une mèche derrière une oreille invisible sous bien d’autres mèches et disparaissant à nouveau dès que mes doigts s’éloignent, alors qu’il est question que tu m’admires. Courage, c’est ma façon de répondre à la peur. Persévérance… généralement on dit plutôt "tête de mulle". Une tête de mulle qui fait l’âne, même ! Intelligente, oui. Je suis un esprit brillant qui n’a pas la lumière à tous les étages. Curieuse, aussi : comme un chat après un pointeur laser.
« Et pourtant, en vous écoutant, je pourrais presque vous soupçonner de poser sur le monde un regard un peu trop candide, conclues-tu en me faisant baisser le visage et sourire dans un premier temps puis le relever alors que j’inspire par le nez dans un second ; temps, toujours.
- J’ai pris cinq ans de retard sur mon âge, assume-je avec douceur. Même si j’ai perdu ma vie une fois, je n’ai qu’une expérience limitée de la souffrance. Généralement, j’essaie de l’apaiser chez autrui. »
J’avale ma salive en connaissance du fait que plusieurs de mes proches ne viennent vers moi que lorsqu’ils ont une invitation de ma part ou une souffrance à apaiser. Ces relations peuvent être assez unilatérales et je me demande parfois s’ils seraient présents si j’avais, moi, de la souffrance à leur faire partager. Je crois que oui. Que j’ai raison ou tort, je suis présente pour eux comme j’aimerais qu’ils le soient pour moi. Et consciente que je suis douée pour ne pas avoir besoin d’eux, ayant déjà un cœur de proches stables et présents dans le bon comme le mauvais qu’il y ait invitation ou pas. C’est ainsi que je trouve mon bonheur, selon un enseignement candide justement.
« Candide est peut-être la description la plus juste que l’on ait pu faire de ma vision de regarder le monde, approuve-je une fois l’association d’idées faite. Candide ou l’Optimisme est un conte que tu ne devrais avoir de mal à trouver. A lire. Sa morale est que l’on est capable d’améliorer notre propre condition et que le bonheur passe par le travail et l’amitié. »
Mon sourire revient et j’espère qu’il est encourageant.
« Je suis également chanceuse. Chanceuse de faire un travail qui me plait, d’avoir une famille et des amis qui sont vrais ; me soutenant quand j’en ai besoin et me confrontant dans les mêmes conditions. »
Le bonheur tel que défini précédemment, en somme.
« Et mon animal totémique c’est le chat : le monde est comme il est, je fais ma vie comme j’ai envie de la faire en son sein. Peut-être que je pourrais le changer. Peut-être pas. Je ne le fais que parce que j’ai envie d’essayer. »
Et ma Chance sait que cela aussi, c’est dur. L’inertie d’un monde qui existait avant soi et continuera de le faire après, avec des systèmes mis en place dans ces conditions et étant réfractaire à être remis en cause. Pourquoi changer alors que ça dysfonctionne très bien comme c’est ? Parce que j’en ai fait le choix.
« Nous vivions dans un monde imprévisible et instable. A chaque instant, un humain à côté de nous peut découvrir ses pouvoirs mutants et nous tuer accidentellement. A chaque instant, un extraterrestre à l’autre bout de l’univers peut claquer des doigts et nous tuer volontairement. Que fait-on, alors ? A part être terrifié ? »
Mon sourire vacille mais reste. Ma question est rhétorique, évidemment. J’y ai trouvé une réponse.
« Beaucoup s’abandonnent à l’impuissance, à l’épuisement, à l’apathie et à l’émoussement des émotions. Et je les comprends. D’autres s’abandonnent à la peur, à la colère, à la haine et à la souffrance. Et je les comprends aussi. »
Je connais des gens dans les deux cas. J’aime des gens dans les deux cas. Je suis ici, à l’origine, pour retrouver ma sœur et je ne suis pas certaine d’où elle se trouve sur ce spectre, actuellement. J’attends qu’elle soit prête sans avoir la certitude qu’elle le sera un jour.
« Mais j’ai choisi d’espérer. D’être optimiste. Parce qu’un optimiste qui avance va plus loin qu’un pessimiste, qu’un réaliste, qui reste immobile. Parce que ma Chance me sourit toujours, même quand cela implique m’aider à me sortir d’une situation périlleuse qui amènerait beaucoup de gens à voir la malchance que j’ai eu d’y être impliquée. Parce que je suis persuadée que la plupart des gens est dans analogue situation avec la mienne et que nos différences peuvent être une force si on se donne l’occasion de travailler ensemble. »
"Ce qu'il y a de plus pitoyable au monde, c'est, je crois, l'incapacité de l'esprit humain à relier tout ce qu'il renferme. Nous vivons sur une île placide d'ignorance, environnée de noirs océans d'infinitude que nous n'avons pas été destinés à parcourir bien loin. Les sciences, chacune s'évertuant dans sa propre direction, nous ont jusqu'à présent peu nui. Un jour, cependant, la coordination des connaissances éparses nous ouvrira des perspectives si terrifiantes sur le réel et sur l'effroyable position que nous y occupons qu'il ne nous restera plus qu'à sombrer dans la folie devant cette révélation ou à fuir cette lumière mortelle pour nous réfugier dans la paix et la sécurité d'un nouvel obscurantisme". Howard Phillips Lovecraft, L’Appel de Cthulhu. Cette déclaration raisonne de vérité, tout particulièrement dans un monde comme le nôtre et selon les paramètres de gens à pouvoirs, qu’ils soient humains mutants ou extraterrestres, déjà énoncés. Qu’est-ce qu’un humain face à un Asgardien ? Sachant qu’un humain n’est déjà pas grand-chose s’il n’est pas mutant. Comment y réagir ? Est-ce que la croyance du fait que les Super-Héros seront toujours nos protecteurs est une folie ou un retour à un obscurantisme auprès d’un nouveau panthéon de divinités ? Est-ce que choisir de considérer que l’absence de valeur à quoi que ce soit permet à chacun d’accorder de la valeur individuellement et donc de trouver la liberté est une folie ou un retour à un obscurantisme auprès d’une vie qu’il vivait avait d’être conscience de tout cela ? Ces questions sont terrifiantes en elles-même mais je n’ai qu’une vie. Alors je ferais face à la peur afin de la vivre comme je l’entends.
« Je tâche d’être ce que j’aimerais que les autres, que le monde, soit. Et, avec les bonnes personnes, cela fonctionne. Regarde-toi : nous sommes franches et sincères envers l’autre. Plus de masque, j’espère. Je ne croiserais pas que des bonnes personnes mais j’aurais toujours l’occasion de faire le tri. »
La fin du monde est relative. Il s’agit le plus souvent de la fin d’un monde, non du monde, et tant qu’il y a des survivants alors les choses se reconstruiront. Je veux construire. Je fais de mon mieux pour cela. J’y arriverais, même si c’est dur. Et si cela est détruit, alors je reconstruirais. Et si un jour cela me tue, ben je n’aurais plus à craindre ces considérations : je serais morte. Et paf, après Voltaire, les chats, Lucas, Lovecraft et le nihilisme optimiste, voilà Epicure ! Et comme la philosophie terrienne c’est une private joke du point de vue d’une Asgardienne, je suis une troll de niveau olympique !
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Dernière édition par Lucy Orchent le Dim 2 Juin 2024 - 15:53, édité 1 fois
Amora L'Enchanteresse
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Face à la remarque d'Amora, la midgardienne ne s'offensa pas. Au contraire, elle semblait plutôt en accord avec les observations de l'Ase. D'une certaine façon, Lucy s'en félicitait même, défendant son point de vue sur le monde, ainsi que la façon dont elle entendait mener sa vie. Une chose était sûre, ses arguments tenaient la route, et l'Ase ne voyait rien à y redire.
Il était évident que la courte espérance de vie des midgardiens, ne leur permettait pas de s'adonner à la flânerie et à l'immobilisme existentiel, au risque de passer à côté de la vie elle-même et de tout ce qu'elle avait à offrir. Ils disposaient de moins d'un siècle pour vivre le maximum d'expériences. Se laisser ralentir par des craintes ou des doutes n'étaient donc que pure perte. Et cela, Lucy l'avait bien compris.
"Force m'est de reconnaître que votre courte vie ne vous laisser guère la possibilité de vous perdre en conjectures", concéda l'Ase.
Toutefois, il y avait un autre point qui motivait Mademoiselle Orchent à se montrer aussi confiante envers la vie et les gens qu'elle rencontrait. Un point qu'Amora n'aurait jamais deviné, et qui pourtant pesait lourd dans la balance. La chance insolente dont semblait faire preuve la jeune femme, ou tout du moins, donc elle était persuadée être la détentrice. Etait-ce possible d'être à ce point un pied de nez aux probabilités et à l'équilibre de l'univers ? Une anomalie qui ne manqua pas d'attiser la curiosité de la magicienne. Au cours de sa vie, l'Ase n'avait rencontré qu'en une seule occasion des créatures capables d'infléchir la Destinée elle-même : les Nornes. Et le moins que la blonde pouvait dire ... c'était qu'elle ne les portait pas en odeur de sainteté. Alors, même si Lucy n'avait aucun lien avec ces mégères, Amora n'écartait pas la possibilité que la midgardienne soit effectivement une sorte de singularité malgré elle sur la grande trame du Destin.
"Décidément, vous êtes pleine de surprises, Mademoiselle Orchent, fit-elle remarquer, associant ses paroles à un sourire. Et cette bonne étoile dont vous semblez être la protégée, est effectivement une excellente raison de mener votre existence comme vous le faites. S'en priver serait, d'une certaine façon, presque insultant pour les simples individus devant composer avec les caprices des probabilités."
Une nouvelle fois, Amora laissa son regard acéré glisser sur les invités d'Archibald, les toisant avec tout le naturel glacial dont elle avait le secret. Silencieusement, elle jugea cette assemblée, ne voyant là qu'une bande de profiteurs et d'arrivistes, se pensant supérieurs au reste du monde, simplement parce qu'ils pouvaient prétendre appartenir à la haute société ... petit groupe sélect et auto-proclamé. Puis, elle reporta ses iris sur Lucy, et subtilement, son visage se fit plus chaleureux et souriant. Elle était différente des autres. C'était indéniable. Une étrangère à son clan, en quelque sorte. Une position que l'Ase ne connaissait que trop.
"C'est très noble de votre part de penser et d'agir comme vous le faites, et tout à votre honneur. Reste à vous souhaiter que votre 'chance' perdure", conclut l'Ase.
A présent, c'était sur ce cher Archibald qu'Amora posait son regard, alors qu'il se tenait avec un groupe de personnes un peu plus loin dans la salle de réception. Lorsque ce dernier reporta à son tour son attention sur elle, et ceci malgré la conversation dans laquelle il était engagé, l'Ase lui adressa un sourire comblé, mais purement fictif, ainsi qu'un subtile signe de la main. Il était très important de flatter l'ego de ce genre de personne, ainsi que ... de régulièrement les rassurer. Puis, sans quitter le millionnaire du regard, Amora s'adressa de nouveau à son interlocutrice.
"Mais comme vous l'avez fait remarquer un peu plus tôt, je ne suis qu'une sugar baby ... il ne m'est donc pas toujours possible d'agir comme je l'entends, chacun devant composer avec ses choix de vie. A défaut d'avoir votre particularité, je dois moi-même me créer ma propre chance, et cela a toujours un coût."
Lucy Orchent The Lucky One
Messages : 1440 Date d'inscription : 10/02/2022 Emploi/loisirs : Héritière, inventrice, artiste performeuse, organisatrice de spectacle et de festivités, consultante au SHIELD, égérie, super-héroïne
Tu m’arraches un rire lorsque tu me concèdes de force que les humains ne vivent pas assez longtemps pour se perdre en conjectures. On le fait très bien mais ça ne nous prend pas des années et on fait autre chose à côté ! Après, "très bien" est sans doute relatif pour quelqu’un qui peut le faire plus longtemps que l’on vivra, c’est vrai. Raison de plus de ne pas vivre longtemps : la vie semble moins pénible. Moins difficile. Chose qui est effrayante en soi lorsqu’on sait à quel point elle peut être l’un et l’autre. Mais je reste sur ma position puisqu’elle ne date pas d’hier. Et je l’exprime comme tel.
Cela te surprend que je sois chanceuse ? C’est comme le Port-Salut, et non le Porc-Salut comme je l’ai longtemps cru : c’est marqué dessus. Lucky. The Lucky One. Un hasard bien fait puisque l’orthophoniste qui m’a appris à prononcer Lucy correctement m’a aussi appris que ma mauvaise prononciation signifiait chanceuse et que j’ai décidé de m’entêter dans cette histoire.
« Décidément, vous êtes pleine de surprises, Mademoiselle Orchent, me complimentes-tu avec un sourire des plus communicatifs qui me donne envie de te faire un clin d’œil ; chose que je fais donc immédiatement. Et cette bonne étoile dont vous semblez être la protégée, est effectivement une excellente raison de mener votre existence comme vous le faites. »
J’acquiesce avant même que tu ais fini tant mon accord est grand, accord qui s’étend à la suite parce que je suis persuadée que s’en priver serait dommage… sauf qu’il s’agit d’être insultant envers les gens qui m’ont pas ma Chance ; donc tout le monde quoi, moins la petite minorité de proches à qui je porte bonheur de temps à autre et qui n’est pas forcément d’accord sur ce fait-là par mauvaise foi et volonté de ne pas me remercier de compenser la poisse qui leur est habituelle. Surtout Enzo. Nathan… il est très chanceux aussi. Mais c’est grâce à moi ! Après, je me dis aussi que tu t’inclus dans "les simples individus devant composer avec les caprices des probabilités". Tu n’es pas simple, Amora, mais j’ai bien compris que la malchance t’accompagne. Même si ce sont les invités de ton sugar daddy que tu toises actuellement. Tes yeux me déclenchent un frisson dans le dos.
Tu n’es pour Archibald, et ceux à qui il te présente, rien de plus que ce que tu étais avant, n’est-ce pas ?
Les déprécies-tu à la mesure ?
Merci ma Chance, tes yeux changent lorsqu’ils reviennent vers moi. Parce que si j’ai frissonné à te voir regarder les autres, je pense que j’aurais tremblé si tu m’avais fixé ainsi. Nous avons développé autre chose, cependant. Suis-je noble ? Oui ! C’est pas très humble dit comme ça mais c’est toi qui a proposé. C’est tout à ton honneur et doublement au mien, du coup.
« Reste à vous souhaiter que votre "chance" perdure.
- Elle le fera, assure-je sans le moindre doute. I’m the Lucky One. »
Je peux le dire lorsque j’ai besoin d’attirer l’attention de ma Chance et me donner du courage, oui, mais ma catch-phrase peut aussi être communicative. Je suis chanceuse. C’est une partie intégrante de moi. Ce n’est pas suffisant pour conserver ton regard et ton expression précédente puisque tu en reviens à l’homme de la soirée. J’alterne entre vous deux, tandis que vous n’en faites pas de même. Je cesse de le faire lorsque tu lui offres un sourire dont je doute de la véracité ; parce que je t’ai vue avant, sans quoi je me ferais autant avoir que lui. Tu me parles et je m’étire légèrement, toujours droite, avant de me tendre à la mesure ; légèrement.
« Si tes choix de vie ne te plaisent pas, réponds-je avec douceur en faisant un pas sur le côté pour tourner le dos à Archibald et me positionner en diagonale de toi ; entre vous sans obstruez votre lien visuel, pourquoi ne pas en changer ? Attends-tu de lui qu’il te lègue tout cela à sa mort, dans… vingt ans ? »
Je suis généreuse, je sais. Sur l’âge d’Archibald. Juste que j’ai un peu de mal à dire trente ans : c’est plus vieux que moi et je ne me figure pas tellement bien ce que c’est, en fait. Un battement de cœur dans ta vie, je suppose. Plus que la totalité de la mienne.
« Je ne pense pas. Mais je ne comprends pas pourquoi tu préfères rester ainsi. Ici. L’habitude ? Une certaine forme de confort dans une position laissant à désirer mais étant familière ? »
Mes questions sont douces mais intéressées. Mes théories sont énoncées et j’envisage évidemment que la vérité soit plus complexe et nuancée. Je n’ai pas l’intention de juger tes raisons ou ta décision d’ailleurs. Tu fais ce que tu peux avec ce que tu as, comme tu l’as dit.
« Si jamais tu veux changer de vie, essayer autre chose pour quelques mois voire années, contacte-moi. Je monte un projet qui pourrait t’inspirer et t’intéresser, si tu acceptes de nouvelles surprises de ma part. »
Je te fais un peu de mystère avec une tête légèrement penchée en arrière et des paupières plissées pour accompagner un sourire de ponctuation, consciente que notre échange touche à sa fin.
« Le salaire est à pratiquement 50.000 par mois, même si ça prend trois jours pleins par semaine. »
J’ai un peu raté mon occasion d’être une mommy, à défaut d’une sugar ou d’une momie, avec Morticia même si je n’ai pas l’intention de disparaitre de sa vie non plus, continuant à échanger avec elle selon ses besoins. Je ne me propose pas de remplacer Archibald dans ta dépréciation, Amora : je suis très bien à la place où je me trouve. Je t’offre simplement une possibilité. Une alternative. Un choix. Ça ne donnera peut-être rien. C’est peut-être même une mauvaise idée. Cependant, c’est là.
La Chance est offerte.
The Lucky One
Amora L'Enchanteresse
Messages : 131 Date d'inscription : 11/06/2023 Logement(s) : Midgard (New York City)
Lucy en était convaincue : jamais sa chance ne l'abandonnerait. Et c'était là tout ce que l'Ase lui souhaitait. Etait-ce de la folie ou de l'arrogance que de penser ainsi ? Que de croire que les choses étaient immuables ? Eternelles ? La rousse succombait-elle à l'orgueil en prétendant une telle chose ? Amora était persuadée que non. Ce n'était clairement pas le genre de la jeune femme qui lui faisait face. Non, c'était une fois encore son optimiste indomptable qui la poussait à penser ainsi. D'une certaine façon, l'Ase lui enviait presque ses certitudes.
En observant la relation qu'Amora entretenait avec Archibald, Lucy lui demanda pourquoi elle continuait de jouer à ce jeu si, comme elle l'avait deviné, ce dernier ne lui convenait pas. A la mention d'un éventuel héritage, l'asgardienne ne put retenir un très court rire, expression de son amusement tout autant que de son sarcasme. Non, les objectifs de la blonde n'étaient certainement pas de cet ordre. Ce n'était pas ce qu'elle recherchait. D'ailleurs, ce qu'elle souhaitait, Archibald n'était même pas en mesure de le lui apporter. Peut-être même que personne ne le pourrait. Non, si Amora s'était attirée les faveurs de l'homme d'affaire, c'était évidemment pour le confort et une certaine forme de sécurité. Mais tout ceci, elle ne avait conscience, n'était que temporaire.
Mais à la place d'une telle situation, Lucy était prête à offrir autre chose à l'Enchanteresse. Dans ses paroles, tout autant que dans le timbre de sa voix, la magicienne pouvait une nouvelle fois deviner toute la sincérité de son interlocutrice. Il n'y avait là aucune tentative de manipulation, ou de supercherie quelconque. Délicatement, Amora hocha de la tête négativement, tout en souriant. Un sourire qui ne servait qu'à dissimuler une forme d'impuissance et de résignation face à sa place sur ce monde, ainsi qu'aux options raisonnables qui s'offraient à elle.
"Ce n'est pas ... si simple, même pour moi.", finit-elle par répondre, sans perdre son sourire.
Elle avait beau être une asgardienne, dotée d'une force et d'une résistance surhumaine, elle avait beau avoir encore de nombreux siècles de vie devant elle, elle n'en restait pas moins un individu isolé et coupé de son monde, sans ressource matérielle. Et surtout, elle était consciente qu'il y avait dans cet univers, et surtout sur cette planète, des créatures bien plus puissantes qu'elle, des individus capables de la soumettre à leur volonté ... des personnes avec des griefs à son encontre, et sans doute désireuses de l'enfermer. Il était difficile de se débarrasser de son passé ... même en changeant de monde. Alors, il lui avait fallu trouver un moyen de se prémunir des menaces potentiels que de tels individus pouvaient représenter pour elle, de s'en protéger non pas par la force, mais par la ruse.
"Il y a une certaine forme de sécurité dans ce choix de vie ... et puis, il y a pire situation également. Mais, je note votre proposition, Mademoiselle Orchent. Qui sait ? Peut-être devrai-je un jour vous solliciter."
Mais en attendant, elle avait trouvé un semblant de place au sein de la société mondaine new-yorkaise, le temps de trouver mieux, ou tout du moins, le temps de trouver un moyen de résoudre ses problèmes.
Lucy Orchent The Lucky One
Messages : 1440 Date d'inscription : 10/02/2022 Emploi/loisirs : Héritière, inventrice, artiste performeuse, organisatrice de spectacle et de festivités, consultante au SHIELD, égérie, super-héroïne
Oui, je sais : parier sur l’âge d’Archibald, ou son héritage, c’est à vue de nez enviné. Je ne suis pas douée pour estimer l’âge des gens. Après, si ça fait rire, c’est toujours ça de pris ; encore plus dans la présente situation, même si je prends dans toutes les situations. La suite, même si tu la donnes en souriant, prête moins à sourire et rire : "ce n’est pas si simple, même pour toi". Mes lèvres se pincent à l’horizontal et mes épaules se soulèvent légèrement.
Je te fixe ainsi alors que tu confirmes mes thèses : une certaine forme de confort dans une position laissant à désirer mais étant familière. Une "certaine forme de sécurité". Matérielle. Confortable. Je détourne mon regard et inspire lorsqu’il est question d’avoir pire : c’est évident. Après, il peut y avoir mieux aussi. Non, on ne parle pas avec Archibald d’un argent fait en une vie. C’est un héritage. C’est du véritable argent. De la richesse au sens socio-économique du terme. Juste que tout cela n’est pas à toi. Cette situation est conditionnelle et je ne suis pas certaine que tu garderas quoi que ce soit lorsque les conditions deviendront trop pour toi.
Un acquiescement ponctue ta note de ma proposition qui, sans pouvoir jamais atteindre ce niveau de vie, te permettrait d’en avoir un raisonnable tout de même. La plissure de mes lèvres remonte un peu avec la question lancée à l’univers. Peut-être devras-tu un jour me solliciter. Peut-être pas. Je laisse le futur me répondre et ma Chance décider. Si tu ne le fais pas, c’est surement mieux. Si tu le fais, idem.
« J’ajouterais ton nom à la liste des gens que mon avocat ne filtre pas, conclus-je avant d’inspirer avec une douce espièglerie tout en me repositionnant légèrement à ton côté, regard tourné vers Archibald. Je pense qu’il y a de nouvelles présentations qui t’attendent. Bon courage. Et, Amora, sachez que j'ai été enchantée de vous enchanter. »
Je reste sur place à te regarder partir, consciente que tes devoirs t’appellent et que j’ai probablement accomplis les miens. Que vais-je pouvoir reporter de toi ? Sur toi ? Après tout, c’est pour cela que le SHIELD a fait appel à moi. Est-ce que tu es bien intégrée à la société de New York ? Oui et non. Oui tu es bien intégrée en tant que Sugar Baby mais tu n’es donc pas des plus intégrées, que ce soit au niveau de la condition sociale ou économique. Est-ce que tu ne fais pas trop de vagues ? Pas que j’ai pu en observer mais désormais que tu en as possiblement faite une avec moi je devrais pouvoir rapidement avoir des échos de celles que tu as pu faire ; socialement parlant. On surveille les rumeurs me concernant, questions de relations publiques. Est-ce que tu n’abuse pas de tes talents et est-ce que tu n’es pas retombée dans tes vieux travers ? Tu ne me sembles pas abuser de tes talents mais ton naturel est suffisant à m’abuser si je ne m’abuse donc je ne pense pas être la meilleure personne pour en juger ; je suis plutôt le genre à apprécier. Quant au fait que tu sois retombée dans tes vieux travers… oui. Certains d’entre eux, tout du moins. Ceux de trouver confort et sécurité dans un arrangement superficiel et court-termiste, tout particulièrement à ton échelle, qui n’aboutira pas forcément à une amélioration de ta situation personnelle à la fin. Tu es sans doute la femme la plus attirante que j’ai croisé, Amora, mais tu es prisonnière de cette attirance ; de son usage. Lorsqu’on passe au-delà, on perçoit la souffrance que cela te cause. Les Petty Privileges peuvent être négatifs, à chaque chose malheur et bon, or tu me sembles coincée dans un faux-positif. Oui, tu es dans une sécurité confortable. Elle n’est cependant pas épanouissante. Il va falloir que je prenne en note tout ça sur mon téléphone et j’entreprends de le faire, sortant l’objet de ma pochette, tout en cherchant celui qui m’a amenée ici et qui a plié bagage juste après.
Vincent, il est temps de vous comporter en cavalier à défaut de l’être, cavalier !