[Terminé] Trous noirs & Mains coupées

Trous noirs & mains coupées

ft Charles Xavier

L'esprit de Singularity vagabondait tandis qu'elle se promenait, skateboard à la main, dans les couloirs de l'institut. Comme tous les samedis, l'établissement était quasiment vide, uniquement peuplé par quelques professeurs et les rares élèves qui restaient à l'année. Sans surprise, elle n'en croisa aucun - les professeurs planifiaient généralement leurs prochains cours ou profitait d'un weekend bien mérité. Elle soupçonnait cependant que les élèves avait une tout autre raison de rester dans leur chambre : le discours d'hier.

C'était hier que le professeur Xavier avait incité tout le monde à la prudence, en particulier ceux qui rentraient lors des weekends. En effet, un tueur en série des plus sordides semblait sévir dans les environs de New-York et s'attaquait aux mutants esseulés. Si Charles Xavier avait su faire preuve de retenue dans les détails qu'il avait donné, ce n'était pas le cas des médias qui s'en donnaient à cœur joie dans l'abondance de détails morbides. Cette annonce avait fait l'effet d'une douche froide sur la plupart des étudiants et les plus jeunes avaient même tendance à rester dans leur chambre, de peur qu'un super-villain vienne les kidnapper.

Et même si elle était perturbée, il en aurait fallu bien plus pour abattre la bonne humeur de Singularity. Maintenant sur son fidèle skateboard - un cadeau que lui avait fait un autre étudiant qui ne désirait plus en faire - elle se dirigea en direction du terrain de basket. Légèrement à l'écart des fenêtres, celui-ci lui permettrait de s'entrainer sur un terrain égal sans faire un bruit de skatepark à elle toute seule.

Depuis son arrivée, la jeune mutante en avait fait aussi souvent que possible et son niveau était rapidement devenu bon. Son challenge du moment ? Faire cinq kickflips de suite. Pourquoi ? Simplement parce qu'elle trouvait l'idée drôle.
Ses premiers essais furent laborieux, mais ce n'était pour elle que son échauffement. Au bout de deux minutes, elle réussit à en faire trois de suite. Puis deux. Et soudain l'improbable sembla se produire. Elle enchaina parfaitement les trois premiers. Puis le quatrième. Prise d'euphorie, elle s'égosilla :

"Kickfliiiiiiii..."

Alors qu'elle était en plein dans son saut final, le sol sembla s'éloigner. Elle réalisa alors que ce n'était pas une impression et que son pouvoir de vol était en train de la faire léviter et tourner sur elle-même. Sans se démonter, elle enroula ses jambes autour du panier qui par chance avait été au-dessus d'elle lors de son dernier kick. Et son pouvoir, comme à son habitude, l'abandonna.

"...iiiiiiiip."

Ce n'est que suspendue au panier, la tête à l'envers et les vêtements holographiques défiants la gravité qu'elle se rendit compte que le professeur l'observait.

"Charles !"

Elle se laissa tomber et se rattrapa avec souplesse en tournant sur elle-même au dernier moment. Puis, elle ramassa son skateboard et courut en direction du fauteuil roulant. Elle voyait assez régulièrement Charles, qui avait la gentillesse de s'inquiéter de son sort et - même si elle leur accordait une importance moindre - de ses souvenirs.

"Vous venez me voir faire des figures ?"

Singularity lui offrit un grand sourire en tenant son skateboard contre elle avec fierté.

@lexy

Trous noirs et mains coupées

Singularity et Charles

Charles n'avait pas passé une nuit sereine. Il avait mis du temps à trouver le sommeil, l'esprit préoccupé par le tueur de mutants, par le retour d'Erik, par sa rencontre avec Lynda... De plus, il fut brutalement réveillé vers cinq heures du matin par la petite Lizzie, mutante métamorphe de dix ans, qui était en plein cauchemar. Le télépathe perçut sa détresse si fortement que cela le tira du sommeil. Il se rendit jusqu'à sa chambre et constata que Lizzie avait pris sa forme de guerre, lycanthrope mi-humaine mi-louve, ses griffes déchiraient son matelas et elle poussait des couinements de peur qui risquaient de réveiller ses quelques camarades encore présents. Il entreprit de la réveiller.

Il passa plus d'une heure à son chevet, afin de la réconforter et de la rassurer. Le discours de la veille à propos du tueur de mutants avait profondément terrifié la jeune fille. Le professeur usa de beaucoup de douceur et de gentillesse, il la rassura sur la sécurité de l'Institut, et la discussion alla bien au-delà tandis qu'ils évoquaient ensemble les dangers du monde, la nature humaine, la jalousie et le rejet de ce qui était différent, mais également des valeurs de paix, de tolérance, de justice, d'acceptation de l'autre...

Quand Lizzie se rendormit enfin, rassurée, il était près de 6h30. Le professeur jugea qu'il était inutile qu'il retourne se coucher, il s'habilla donc puis se rendit dans la cuisine pour se préparer un café. Il pensait y être seul, mais il y retrouva Jean Grey, une de ses étudiantes les plus âgées, une télépathe qui avait aussi été réveillée par le cauchemar de Lizzie. Ils discutèrent également un long moment ensemble, notamment des possibilités d'action et d'investigation sur ce tueur de mutants, et de la pertinence de se mêler de cette affaire.

Puis Jean retourna à l'étage pour prendre une douche et se préparer pour la journée, tandis que les collègues de Charles qui restaient à l'Institut se levaient les uns après les autres et venaient prendre leur petit-déjeuner.
Le temps passa rapidement jusqu'aux alentours de 9h30, lorsque Charles sortit de la cuisine et posa son regard sur une fenêtre donnant sur l'arrière du parc. Il y aperçut la jeune Singularity, occupée à faire du skateboard sur le terrain de basket. Un sourire attendri se forma sur son visage. Les soucis de ce monde semblaient glisser sur elle. Cependant il préférait s'assurer qu'elle allait bien.

Le temps qu'il la rejoigne, elle s'était débrouillée pour se retrouver la tête en bas, agrippée par les jambes au panier de basket. C'était le genre de situation insolite qui ne paraissait pas si inhabituelle dans une école de mutants.
Voyant qu'il l'observait, la jeune mutante enthousiaste cria son prénom - elle était l'une des rares pensionnaires à ne pas l'appeler "professeur Xavier" - avant de se laisser soudainement tomber. Le professeur ouvrit la bouche pour lui dire de faire attention, craignant qu'elle se fracasse le crâne, mais elle se retourna au dernier moment pour atterrir en souplesse, tel un félin.
Charles poussa un soupir de soulagement, et lui adressa un sourire amusé.

« Je vois que tu te débrouilles très bien. Mais je serais tout de même plus serein si tu portais un casque... »

Ce n'était pas un ordre ou une réprimande, mais plutôt un conseil paternel. Il tenait à la sécurité physique et morale de tous ses pensionnaires, même si la tâche était parfois ardue, au vu des déferlements de pouvoirs que ses élèves pouvaient provoquer, plus ou moins consciemment.
Repensant à la petite Lizzie et à ses cauchemars, il ajouta :

« Je viens surtout voir comment tu vas. As-tu bien dormi ? »

Codage par Never Utopia

Trous noirs & mains coupées

ft Charles Xavier

Face à l'inquiétude de Charles, Singularity eut un grand sourire.

"Je fais attention. Puis mon crâne est dur !" fit-elle en tapotant son skateboard pour produire un bruit métallique.

Elle était déjà tombée de multiples fois en skateboard mais elle n'avait que rarement dépassé le stade de l'égratignure. La plus grosse blessure qu'elle avait subie ces derniers mois restait celle de son exode jusqu'à l'institut - principalement des écorchures plus ou moins profondes et un épuisement significatif.

A la question sur son sommeil, Singularity réprima un bâillement instinctif.

Elle était du genre à se coucher tôt pour se réveiller tôt, mais son début de matinée avait été un peu plus mouvementé que d'habitude, sa camarade de chambre semblant avoir eu du mal à dormir. Elle était allée la rejoindre dans son lit le temps qu'elle se rendorme - sa présence avait souvent un effet calmant sur les gens qui l'entourait.

Néanmoins, elle avait dû abandonner l'idée de se rendormir elle-même et s'était habillée de son hologramme et de son skateboard avant de sortir.

"Meliké avait du mal à dormir. Je suis restée un peu avec elle ce matin mais je n'ai pas réussi à me rendormir alors je suis venu faire un peu de skateboard pour m'occuper. Et vous ?"

Elle ne connaissait pas vraiment les horaires du professeur. Pour elle, il était un peu cet homme omniscient et omniprésent qui avait le don d'être au bon endroit au bon moment. Elle n'était évidemment pas naïve au point de penser que cela n'avait rien à voir avec son pouvoir de télépathie - celui-ci n'avait guère d'égal hormis peut-être celui de Jean. La mutante avait d'ailleurs bien du mal à imaginer comment on pouvait comparer la puissance de deux télépathes; était-ce celui qui devinait le plus souvent le nombre de doigts cachés derrière son dos qui gagnait ?

"Comment fonctionne votre télépathie exactement, Charles ? Est-ce que vous pouvez lire n'importe quel esprit ? Et à quelle distance ?"

Son esprit papillonnant venait d'auto-piquer sa curiosité. Elle ne connaissait que les pouvoirs du professeur dans ses grandes largeurs, la jeune mutante ne s'étant jusque là intéressée qu'aux dons de ses camarades forcément plus disponibles que l'équipe de l'institut.

"Par exemple si je me concentre sur Jean..."

Son visage souriant se transforma soudain en l'image même de la concentration, ses yeux fermés néanmoins plissés semblant tenter de discerner quelque chose que seule elle pouvait voir.

Quand elle utilisait son pouvoir, elle imaginait une galaxie. Un océan d'étoiles dans lequel son esprit nageait, petite étoile parmi tant d'autres. Et c'est comme si son esprit était happé par la personne qu'elle tentait de trouver, leur astre brillant d'un rouge qui la faisait ressortir du lot. On lui avait dit qu'à l'extérieur, sa peau se mettait à scintiller légèrement et que - les rares fois où elle les avait ouverts - ses yeux brillaient d'un blanc plus prononcé, comme une lumière pure. Puis, alors qu'elle s'approchait de l'astre dans sa conscience, la position de la véritable personne sur terre lui était révélée.

Mais de façon très floue.

"... je peux vous affirmer qu'elle se trouve aux États-Unis, dans cette direction là."

Elle tendit le bras en direction de l'institut.

"Est-ce que c'est pareil pour vous? Ou est-ce que c'est plus précis parce que vous êtes plus... expérimenté ?"

Elle avait bien failli dire âgé.

Une autre question lui brûlait soudainement les lèvres (pouvait-il percevoir quelqu'un qu'il ne connaissait pas ?) mais elle se retint. Si elle évoquait le vide à la place de ses souvenirs, Charles risquait de s'inquiéter pour rien et elle ne voulait pas lui causer du souci. Surtout pour de la simple curiosité.

@lexy

Trous noirs et mains coupées

Singularity et Charles

Singularity répondit à son inquiétude paternelle par un grand sourire et affirma qu'elle avait le crâne dur. Elle avait surtout un optimisme à toute épreuve. On disait souvent de Charles qu'il était un idéaliste, mais ce n'était rien comparé à sa jeune élève, qui semblait ne jamais réellement s'inquiéter de rien plus de quelques secondes. C'était un trait de caractère plaisant à observer, néanmoins le professeur redoutait le jour où elle serait confrontée aux horreurs de ce monde. La perte de son innocence serait une terrible épreuve pour elle.

Sa camarade de chambre n'avait pas bien dormi. Décidément... Il avait pourtant mis les formes pour tenter de ne pas trop effrayer ses élèves, mais le fond les avait apeurés. Ils vivaient déjà dans une peur constante du rejet des autres, alors apprendre qu'un tueur de mutants sévissait si près de leur refuge ne pouvait pas les aider à se sentir en sécurité. Il faudrait qu'il organise quelque chose aujourd'hui pour leur changer les idées.
Elle lui retourna sa question. Elle s'inquiétait pour lui ? C'était mignon.

« La nuit fut courte... Une enfant a fait un cauchemar et j'ai passé du temps à son chevet. »

Il resta assez évasif, d'une part car il estimait par pudeur que les désagréments des uns ne concernaient pas les autres, d'autre part car il ne voulait pas alarmer sa jeune élève si joyeuse.
Elle lui posa des questions sur le fonctionnement de sa télépathie, voulant savoir s'il pouvait lire n'importe quel esprit, et à quelle distance. Elle fit la comparaison avec son propre pouvoir, se concentrant pour percevoir l'esprit de Jean. Il eut un sourire encourageant lorsqu'elle lui donna sa réponse.

« C'est tout à fait juste ! »

Elle lui demanda s'il faisait la même chose, ou s'il pouvait être plus précis grâce à son expérience. Il haussa un sourcil, ayant parfaitement compris qu'elle avait d'abord songé à son âge plus qu'à ses qualifications, mais il ne releva pas. Après tout, lorsque l'on a seize ans, tous les adultes paraissent vieux.

« Je peux repérer les esprits sur une assez grande distance. Je peux couvrir environ 250 miles (400 kilomètres) sans difficulté. Je repère en premier lieu des pensées, et en me concentrant dessus je peux voir ce que les gens voient, ressentir ce qu'ils ressentent. Pour reprendre ton exemple... »

Il porta son index et son majeur à sa tempe et se concentra quelques instants. Puis il reposa sa main sur l'accoudoir de son fauteuil et annonça avec un léger sourire :

« Jean se trouve actuellement devant la chambre d'un de ses camarades, et elle hésite à frapper à la porte.
Cela étant dit, je n'ai pas toujours été capable de faire cela. Comme tu l'as supposé, c'est venu avec... l'expérience.
Au départ, mon don s'est manifesté par des voix dans ma tête. Il m'a fallu du temps pour comprendre qu'elles appartenaient à d'autres personnes, pour apprendre à les distinguer et à ne les percevoir que lorsque je le désirais. Ton pouvoir se précisera lui aussi, avec le temps et la pratique. »

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Trous noirs & mains coupées

ft Charles Xavier

250 miles ! Si la distance du pouvoir du professeur n'impressionnait pas Singularity plus que ça, son degré de précision la laissait presque bouche bée, en revanche. Elle ne ressentait elle-même qu'une vague impression, comme si elle savait que l'aiguille était cachée dans la botte de foin sans pour autant voir où, ou à quoi elle ressemblait.

"Est-ce que ça veut dire que vous entendez des voix tout autour de vous sur 250 miles ? Ça a dû être terrifiant au départ, non?"

On pouvait lire dans ses yeux une certaine préoccupation pour Charles. C'était d'ailleurs ironiquement ainsi qu'elle fonctionnait, s'inquiétant de la façon dont les pouvoirs de ses camarades mutants les affectaient sans jamais se soucier des siens.

Non pas qu'elle n'avait jamais eu d'ennuis avec les siens : un panier de basket figurait parmi les endroits les moins incongrus où elle avait fini. Sans compter la fois où elle avait failli se faire faucher par le X-jet, ses petits pieds bleus ayant quitté le sol à toute vitesse lorsqu'un bond d'excitation - à l'idée de voir la sorcière rouge - s'était transformé en un décollage de fusée à la verticale.

Une idée lui vint soudain.

"Est-ce que vous pensez que ma mémoire est aussi liée à la maitrise de mes pouvoirs ?"

Pour elle, cela pouvait avoir du sens, comme un de ces jeux-vidéos auxquels jouaient certains camarades de l'institut pendant leur temps libre : on débloquait des éléments narratifs en progressant dans le jeu, lorsque le personnage devenait plus fort.

"Parce que j'ai beau me concentrer mais rien ne vient, autant pour les pouvoirs que la mémoire..."

Et sur ce, elle fit un effort de concentration pour essayer de se rappeler de quelque chose du passé - n'importe quoi.

La concentration sur son visage laissa place à une expression impassible. Ses yeux semblaient comme ajustés sur un élément du décor très lointain, totalement indifférents au monde qui l'entourait. Même ses étoiles semblèrent perdre un peu de leur éclat.

Toute émotion en elle avait laissé place à un vide horrible, aspirant ses pensées, son espoir, sa conscience. Elle n'était plus qu'un petit astre dans un univers vide. Sans passé ni futur et son présent en suspens.

Cinq secondes passèrent et comme si rien ne s'était passé, l'expression de Singularity revint à la normale et ses yeux se posèrent à nouveau sur le professeur. Elle ne semblait manifestement pas se rappeler de quoique ce soit, comme à chaque fois qu'elle tentait de le faire.

"Rien du tout ! J'ai juste un peu la tête qui tourne."

Elle posa son skateboard à terre et s'assit dessus. Ses jambes tremblotaient un peu, mais rien de bien terrible sinon. C'était une sensation similaire à celle d'avoir trop usé de ses pouvoirs, une sorte d'hypotension.

De sa veste, elle sortit une brique de jus d'orange. Il était temps de recharger ses batteries.

@lexy

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Singularity et Charles

Les questions de Singularity amusaient le professeur, mais il les trouvait également touchantes. Il était assez rare qu'on lui pose des questions sur ses pouvoirs, du moins des questions aussi précises. La jeune mutante faisait preuve de beaucoup d'empathie, et semblait avide de connaissances. Elle désirait apprendre, et n'hésitait pas à poser les questions nécessaires à sa compréhension du monde. Aussi le professeur se faisait-il un plaisir de lui répondre, développant ses réponses pour qu'elle puisse comprendre le plus de choses possibles.

« Non, fort heureusement non. Je ne couvre pas toute la zone d'un coup. C'est comme une sorte de... projection de conscience. Je projette mon esprit, à la recherche d'autres esprits et j'entre en communion avec eux. Je n'entends leurs pensées que si je cherche activement à les percevoir. Bien qu'il m'arrive parfois de percevoir des émanations psychiques puissantes, notamment de mes proches, lorsqu'ils sont submergés par des émotions très fortes. »

Il marqua une légère pause avant de poursuivre, pour lui laisser le temps d'assimiler ce qu'il lui expliquait. Puis il répondit à la seconde question. Cette fois il ne donna pas trop de détails, en partie pour ne pas l'effrayer, mais également parce que parler de son enfance était toujours compliqué pour lui.

« Et oui, bien sûr, c'était terrifiant. Au début j'ai cru que je devenais fou. D'autant plus qu'à l'époque, l'existence des mutants n'était pas un fait connu, et que je n'avais personne à qui en parler. J'ai dû apprendre à maîtriser ce don par moi-même. Fort heureusement, ce n'est pas votre cas. »

Ce n'était pas un soudain vouvoiement de Singularity, il évoquait là l'ensemble de ses élèves. Il posa un regard attendri sur l'Institut, se sentant chaque jour un peu plus heureux d'être parvenu à le remettre sur pieds.
Puis il écouta les questions de Singularity sur ses propres pouvoirs, et sur sa perte de souvenirs. Il n'avait malheureusement pas de réponse précise à lui apporter, mais il pouvait toujours lui faire part d'une partie de ses réflexions.

« Difficile à dire... La plupart des mutants commencent à développer leurs pouvoirs durant l'adolescence, nous pourrions donc supposer qu'ils sont apparus récemment, et qu'il est donc logique que tu ne les maîtrises pas. Cela dit, chez certains mutants les pouvoirs se manifestent bien plus tôt, et notamment chez ceux dont une mutation physique, corporelle, est présente dès la naissance. En ce cas, il est possible que tu aies ces dons depuis longtemps, mais que ton amnésie te les ait fait oublier. Il te faudra alors tout réapprendre, à l'instar des personnes victimes d'accidents cérébraux qui doivent réapprendre à marcher. »

On aurait pu supposer qu'au vu de ses puissants pouvoirs, le télépathe aurait été capable de restaurer la mémoire de l'adolescente aisément. Mais l'esprit est une chose fragile, que Charles manipulait avec précaution et réticence. D'autant plus depuis que sa dernière excursion dans les souvenirs enfouis d'une amie proche avaient causé bien plus de mal que de bien.

« Je pense qu'il vaut mieux pour le moment te concentrer sur ton apprentissage. Te focaliser sur le présent et le futur, et non sur ce passé que tu n'arrives pas à retrouver. »

Codage par Never Utopia

Trous noirs & mains coupées

ft Charles Xavier

La description que fit Charles Xavier lui était familière. Lorsque celui-ci décrivit le fonctionnement de son pouvoir de télépathie, un écho fût éveillé en elle. C'était très similaire à l'image mentale qu'elle avait du fonctionnement de sa traque télépathique, à l'exception notable du fait que la jeune mutante avait besoin de connaitre la personne.

L'évocation de l'enfance de Charles lui fit un frisson. Imaginer des voix inconnues à la place des étoiles rendait l'expérience terrifiante, mais encore plus si l'on prenait en compte qu'il avait dû être très jeune à l'époque, contrairement à elle. Sans s'en rendre compte et buvant ses paroles avec une empathie qui ne pouvait être feinte, Singularity avait placé sa main sur le bras de Charles dans un geste inconscient de réconfort.

Elle retira celle-ci lorsqu'elle s'assit sur son skateboard, après avoir utilisé ses pouvoirs. Son jus d'orange à la main, elle écoutait attentivement ce que lui disait le professeur. L'idée d'avoir eu ses pouvoirs dès la naissance mais d'avoir oublié comment les maitriser la fit sourire. Elle se voyait en une ancienne pro du vol qui finissait maintenant à l'envers sur un panier de basket lorsqu'elle était un peu trop contente. Il était difficile pour elle de s'imaginer en victime de cette situation - elle voyait plus en cela un challenge, ses péripéties l'amusant plus qu'autre chose.

Singularity reprit enfin la parole après que Charles lui ait suggéré de se concentrer sur son présent et son futur.

"Le passé ne me trouble pas vraiment, je me demandais juste si mes pouvoirs pouvaient avoir un lien avec eux. Pour le présent..."

Son visage se mua en une moue pensive. Le présent lui était toujours très facile à imaginer : elle faisait ce qu'elle avait envie de faire ou ce dont les autres avaient besoin. Le futur était quant à lui beaucoup plus flou.

"Je ne sais pas trop ce que je devrais faire pour le futur. Je veux me concentrer sur mon apprentissage pour maitriser mes pouvoirs et en apprendre plus sur les mutants, mais je ne vois pas ce que je pourrais faire après. J'aime aider les gens et faire du skateboard, mais je ne suis pas sûre que ce soit très utile. Qu'est ce que vous pensez que je devrais faire ?"

Elle regarda le professeur, attendant sa réponse avec impatience. Elle était sûre qu'il pourrait parvenir à lui trouver un travail ou une occupation qui lui irait comme un gant, sage comme il l'était. Singularity avait pensé à plein de futurs métiers possibles : attrapeuse de chats dans les arbres, skateboardeuse professionnelle, globe-trotter... Mais tout cela lui semblait limité dans une optique d'aider les gens.

Une brise plus fraiche que les précédentes souffla et Singularity réprima un frisson. Elle n'était pas du genre frileuse, mais le vent très frais du mois de février avait le don d'éteindre toute chaleur en elle. D'un geste souple, elle se leva de son skateboard, pliant au passage la brique de jus d'orange qu'elle venait de boire pour la mettre dans sa poche arrière.

"Est-ce que ça vous dérangerait de rentrer dans l'institut ? Je crois que le vent se lève et je n'ai pas pris ma veste la plus chaude."

Sa forme naturelle conservait bien la chaleur, mais même elle pouvait avoir besoin de vêtements chauds. Ce n'était d'ailleurs pas l'hologramme qui allait la réchauffer. Attrapant son skateboard à la main - elle ne voulait pas faire trop de bruit devant les fenêtres - elle commença à se diriger en direction de l'institut. A la vue de celui-ci une question farfelue lui vint à l'esprit.

"Vous avez une pièce préférée dans le manoir ? Je pense que la mienne c'est la salle de classe avec vue sur le parc. J'aime beaucoup voir les saisons défiler pendant que j'apprends."

Elle n'en avait vu que deux, certes. Mais c'était pour elle un cadre magique et toujours plein de surprises.

@lexy

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Singularity et Charles

Charles adressa à la jeune mutante un sourire attendri lorsqu'elle posa délicatement sa main sur son bras, dans un geste de compassion et de réconfort. Comme beaucoup de mutants dotés de pouvoirs psychiques, Singularity faisait preuve de beaucoup d'empathie. Un don qui pouvait être vécu parfois comme une malédiction, tant elle accroissait la sensibilité de ceux qui en étaient pourvus. Mais l'empathie leur permettait aussi d'être très tournés vers les autres, leur donnant une envie naturelle d'aider leur prochain.

Après s'être assise pour déguster sa brique de jus d'orange, elle expliqua que son passé - ou plutôt son absence de passé - ne la troublait pas vraiment. Pour le présent, elle l'accueillait comme il venait, tâchant de tirer le meilleur de chaque nouvelle expérience qu'elle pouvait vivre. Quant au futur... Comme beaucoup d'adolescents, et encore plus chez les mutants, elle ne savait pas encore ce qu'elle pourrait faire. Il lui adressa un regard rassurant et lui répondis :

« Tu es jeune, tu as le temps de trouver ta place dans ce monde. J'imagine qu'une carrière dans le social te conviendrait bien, cela dit tu as encore beaucoup de choses à découvrir, des talents à développer, tes goûts et tes intérêts à forger. En apprenant à connaître le monde et à te connaître toi-même, tu trouveras ta vocation. Le déclic se fera naturellement. »

Elle se releva avec agilité et réprima un frisson. Il n'était pas encore dix heures, et le soleil peinait à percer à travers les nuages du ciel gris de cette fin d'hiver. Elle lui demanda poliment s'ils pouvaient rentrer dans le Manoir, il acquiesça, bien entendu. Comme elle avait cessé son entraînement sportif, elle devait commencer à avoir froid.

Tandis qu'ils contournaient l'édifice pour rejoindre l'entrée principale, elle lui posa une question qui fit apparaître sur les lèvres du professeur un sourire nostalgique. Sa pièce préférée du manoir... Il avait grandi dans cette immense maison, il en aimait chaque recoin, malgré des souvenirs d'enfance pas toujours joyeux. Mais la venue de sa sœur de cœur avait égayé son adolescence. Aussi pensa-t-il immédiatement à la cuisine de l'aile ouest, où il avait rencontré Raven. Mais c'était un souvenir bien trop personnel pour qu'il le partage avec une de ses étudiantes. Aussi choisit-il de répondre :

« J'ai grandi dans ce manoir, aussi m'est-il difficile de ne choisir qu'une pièce... Mais je dirai la salle du Cerebro. Elle me permet une ouverture au monde tout à fait exceptionnelle. »

Bien entendu, Singularity n'était jamais entrée dans cette salle. Sans doute n'était-elle jamais allée au second sous-sol, comme la grande majorité des étudiants. Mais ils connaissaient l'existence du Cerebro, et de nombreuses rumeurs couraient sur son utilité, ainsi que sur ce qui se trouvait à cet étage secret. La plupart étaient fausses, issues de l'imagination des élèves, mais il subsistait souvent un fond de vérité. Charles s'amusait beaucoup de l'aura de mystère qui entourait le second sous-sol.

Alors qu'il actionnait l'ouverture des grandes portes pour entrer dans l'Institut, un petit bip émana de son bracelet connecté. Il y jeta un bref regard, eut un sourire attendri, et tapota le petit écran de sa montre. Son expression se fit alors légèrement inquiète, et il annonça à son élève :

« Je te prie de m'excuser, je dois répondre à ce message... »

Il sortit alors son téléphone dernier cri de la poche intérieure de sa veste et entreprit de pianoter sur le clavier pour écrire un message. Une fois le sms envoyé, il rangea l'appareil et releva la tête vers Singularity.

« As-tu pris ton petit-déjeuner ? Le réfectoire est fermé à cette heure, mais nous avons des réserves dans la cuisine si tu veux. »

La cuisine était plutôt réservée aux adultes et à certains étudiants - Jean, Scott, Kurt - vu que les élèves prenaient leurs repas dans le grand réfectoire, mais il arrivait parfois que des jeunes viennent dans la cuisine, en dehors des heures de repas, pour chiper une collation dans le frigo. Aussi Charles veillait-il à ce qu'il soit toujours bien rempli.

Codage par Never Utopia

Trous noirs & mains coupées

ft Charles Xavier

Aux mots de Charles, Singularity contempla le manoir d'un oeil perplexe. Elle avait du mal à imaginer une personne - ou une famille - vivant dans un espace aussi grand sans s'ennuyer ou être triste. Une grande maison devrait être remplie de monde pensait-elle, l'institut dans son état actuel lui semblant être la seule façon optimale de vivre dans un manoir. Sans mot dire, elle avait vu le visage de Charles s'assombrir furtivement alors qu'il ressassait ses souvenirs. Il lui semblait déplacé de l'interroger sur le sujet... et sa réponse était bien plus intéressante.

Cerebro. La salle était souvent évoquée chez les plus jeunes avec une aura de mystère digne d'un conte de fées. Singularity avait entendu toute sorte de récits tous plus farfelus les uns que les autres. Son préféré restait quand même l'hypothèse selon laquelle la salle renfermait un gros cerveau vivant qui avait la réponse à toutes les questions que l'on pouvait se poser. Pour sa part, la jeune mutante restait très curieuse, surtout de part la façon dont Charles et les adultes décrivaient la salle.

"J'aimerais bien voir la salle un jour, "une ouverture au monde exceptionnelle" me semble très intéressant. Et ce serait dommage de ne pas voir votre salle préférée."

Le tout était dit sans arrière-pensée, Singularity étant du genre curieuse et prompte à établir des liens avec qui que ce soit, ado ou adulte.

Alors que les portes s'ouvraient sur cette déclaration, le bracelet de Charles bipa, ce qui attira l'attention de la mutante. Un pointe de curiosité s'installa alors que Charles posait un regard attendri sur le nom de l'expéditeur du message, qui se mua rapidement en inquiétude lorsque celui-ci passa au contenu du message. Presque malgré elle, elle ne put s'empêcher de faire une remarque sur le sujet :

"Tout va bien ?"

Elle ignorait le contenu du message, mais voir son professeur ne serait-ce qu'un peu inquiet avait le don de la troubler autant, comme par une sorte de réflexe empathique.

La suggestion de Charles lui sembla très à-propos, son ventre ayant laissé échapper un grognement quelques secondes plus tôt.

"Je veux bien, si ça ne dérange personne. Après avoir remis Meliké au lit, je me suis baladée et il était encore trop tôt pour déjeuner. Donc j'ai oublié. Oups."

Elle suivit ainsi de près son mentor, ne s'étant jamais rendue dans la cuisine auparavant. Il faut dire qu'elle était loin d'être du genre à voler des plats dans le réfrigérateur, un sentiment de culpabilité l'envahissant déjà alors qu'elle faisait ses premiers pas dans une salle normalement réservée aux adultes.

Scott était d'ailleurs là, jouant négligemment avec un bout de pain, ses pensées manifestement ailleurs. D'un geste nerveux, Singularity le salua, avant de se retourner en direction du réfrigérateur. D'une poigne moins ferme qu'elle l'aurait voulu, elle tira la porte pour se retrouver face à une légion de plats et d'ingrédients. Spontanément, un "Ooooh", lui échappa.

Un peu embarrassée par sa réaction et soucieuse de ne pas laisser trop longtemps la porte ouverte, elle attrapa la première chose qui lui passa par la main - une pomme. Sans plus attendre, elle ferma la porte et s'assit à une table, croquant dans sa pomme au passage.

La première bouchée passée, elle posa une question qui lui trottait par la tête alors qu'elle voyait ses deux adultes levés pour la même raison devant elle.

"Est-ce que vous pensez que le tueur de mutants pourrait être un... tueur accidentel ? Je veux dire, quelqu'un qui ne maitriserait pas ses pouvoirs et tuerait ceux à qui il ou elle demanderait de l'aide ?"

Elle savait que les chances étaient faibles, mais l'idée d'un accident lui semblait plus tolérable. Il lui était difficile de concevoir qu'on pouvait tuer quelqu'un d'autre juste pour ses différences ou par jalousie.

@lexy

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Singularity et Charles

Lorsque Singularity annonça d'un ton rêveur et admiratif qu'elle aimerait bien voir la salle du Cerebro un jour, Charles lui répondit par un simple sourire amusé. En réalité, la jeune mutante faisait partie des élèves qui pourraient potentiellement avoir accès au Cerebro à l'avenir, de part ses facultés télépathiques. Mais il était bien trop tôt pour évoquer cette possibilité. De plus, le professeur préférait laisser planer le mystère sur cette salle si extraordinaire de part sa nature secrète.

Il éprouva un léger sentiment de gêne de répondre à un SMS alors qu'il était en pleine conversation avec son élève, estimant que c'était malpoli. Mais le message de Lynda était inquiétant, et nécessitait une réponse immédiate. Il entendit la mutante s'inquiéter, lui demander si tout allait bien, ce à quoi il répondit simplement, d'une voix songeuse, tout en tapotant sur le téléphone :

« Je l'espère... »

Une fois le téléphone rangé, il retrouva bien vite le sourire, et se montra ravi d'accompagner Singularity jusqu'à la cuisine qu'elle ne connaissait pas. Le Manoir était grand, il fallait du temps pour en connaître tous les recoins accessibles, et comme certaines parties étaient plutôt pour les adultes et que la jeune mutante semblait considérer qu'elle n'avait pas à s'aventurer partout, il était logique qu'elle ne connaisse pas encore tout le bâtiment.
Tandis qu'elle découvrait le frigidaire, le professeur entama une conversation avec Scott.

« Bonjour Scott.
- Bonjour professeur.
- Tu as vu Jean ce matin ?
- Non... Pourquoi ?
- Simple curiosité... »

Un léger sourire aux lèvres, Charles se tourna vers les placards, estimant que l'heure se prêtait bien à une bonne tasse de thé. Il était américain, mais depuis ses études en Angleterre il était pour lui impensable de consommer du vulgaire thé en sachet industriel, aussi s'affaira-t-il à la préparation d'un bon thé à l'anglaise, avec des produits naturels et de haute qualité. Si la cuisine était ancienne, et donc non adaptée à son handicap, tout ce dont il avait généralement besoin était rangé dans les placards du bas, ce qui lui permettait de se débrouiller dans sa propre cuisine.
Du coin de l’œil, il vit Singularity s'asseoir à la table et croquer dans une pomme fraîche. Ses questions assombrirent quelque peu le visage du professeur, qui tâcha de répondre avec le plus de tact possible :

« C'est malheureusement peu probable... Ses méthodes sont celles d'un tueur en série. Ce sont des actes délibérés. »

A ces mots, Scott laissa tomber son morceau de paix dans son assiette d'un geste un peu sec, et répliqua sur un ton vif, avec sa fougue habituelle :

« Qu'est-ce qu'on attend pour intervenir ? Il faut qu'on l'arrête avant qu'il fasse encore plus de victimes !
- Ce n'est pas si simple, Scott...
- Pourquoi ? Les X-Men sont là pour ça non ? A quoi ça sert, sinon ?
- Nous en avons déjà discuté... Les X-Men n'interviennent qu'en cas de menace plus grande, que les humains ne sauraient résoudre. Nous ne sommes pas des justiciers au-dessus des lois, Scott.
- Alors vous n'allez rien faire ?
- Je n'ai pas dit ça. »

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Sujet: Re: [Terminé] Trous noirs & Mains coupées

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