Son téléphone dans la main, Emy ne fait que sourire. Pourquoi ? Parce qu’elle venait de se dire que l’année ne pouvait pas se terminer plus mal. Elle était toute seule dans sa maison, avec son chien, sa bouteille de vin dans son salon... Elle venait de recevoir un sms de la part d’Aaron qui lui souhaitait un bon réveillon et le coeur de la jeune femme avait fait un petit bond. Il y avait longtemps qu’elle n’avait pas vu Aaron. Leurs métiers respectifs les tenaient éloigner l’un de l’autre. Ils pouvaient se croiser de temps en temps, mais c’était rare. Alors l’occasion était trop belle pour se voir. Lorsque Aaron lui dit qu’il était tout seul chez lui, Emy savait que la soirée n’allait pas être si pourrie que ça... Elle lui proposa de venir chez elle, mais il lui dit qu’il venait de faire à manger et qu’elle était la bienvenue avec Pico et sa bouteille de vin. Trop heureuse de ne pas finir l’année toute seule, Emy avait sauté sur l’occasion pour s’inviter chez Aaron. Deux amis qui finissent l’année en discutant de tout et de rien, c’était suffisant pour la jeune femme. Elle regarda ses habits et dit à Pico :
“Hum, par contre, je ne vais pas y aller en survêtements... Même si je pense que Aaron s’en fiche un peu, je vais faire un petit effort quand même.”
Filant en quatrième vitesse dans sa chambre pour attraper un jean et un pull digne de ce nom, Emy prit la direction de la salle de bains pour appliquer un peu de maquillage. Elle avait déjà bu un peu trop de vin, mais ce n’était pas grave, son teint n’en était pas altéré. Pico était assit devant la porte de la salle de bains. Il sentait qu’ils allaient sortir tous les deux, sa maitresse et lui. Il ne savait pas pourquoi, mais il était toujours ravi de sortir. Emy recoiffa rapidement ses cheveux avant de s’avouer satisfaite. Elle se dirigea vers la porte d’entrée avec sa bouteille de vin et ses clés. Elle enfila son manteau et ses gants avant d’ouvrir la porte à Pico qui courrut dans la neige fraichement tombé. Emy eut un petit rire et elle ferma la porte. Le chien ne savait pas où ils allaient mais il restait près de sa maitresse. Cette dernière prit la direction de la rue donnant sur la maison des Barton puis d’Aaron. Les lumières dans les différentes maisons faisaient plaisir à voir. Les gens étaient réunit autour de leurs familles et c’était merveilleux à voir. Emy aurait voulu en faire de même avec son frère, mais ce dernier ne lui parlait plus depuis des années déjà, depuis qu’elle avait tué leur autre frère sans le faire exprès... Elle secoua la tête. Elle n’avait pas envie d’y penser. Elle laissa tomber son bouclier mental le temps de prendre les émotions positives des gens puis le remonta pour se diriger vers chez Aaron.
La maison de ce dernier se profila rapidement. Pico avait l’habitude d’y aller lorsque Emy était en mission et que Aaron était disponible. Il connaissait le terrain et il se dirigea vers la porte d’entrée et s’assit devant. Emy rigola avant de sonner.
“On voit que tu as l’habitude de venir ici.”
Lorsque Aaron ouvrit la porte d’entrée, une délicieuse odeur se dirigea vers Emy qui ferma les yeux.
“Hum, ça sent bon... J’ai emmené ma bouteille entamée !”
Après avoir été inviter à rentrer, Emy posa son manteau et ses bottes dans l’entrée et suivit Aaron..
mardi 31 décembre 2024, soir du nouvel an, maison d’Aaron
La bouteille d’ores et déjà entamée sur le comptoir de la cuisine avec mon verre à moitié plein – ou à moitié vide selon le point de vue – je me repassais cette année en mémoire comme pour faire un bilan plus que mitigé sur cette année 2024. Certes, il y avait eu des bons points comme le fait que je savais que ma fille était en vie et heureuse là où elle était. D’une certaine manière, j’étais heureux pour elle-même si cela a été synonyme de ne plus être à ses côtés pour la voir grandir et évoluer. Il y avait eu ma promotion également qui m’avait permis d’avoir des responsabilités supplémentaires avec les aléas qui les accompagnent. Mais ces bonnes nouvelles – à double tranchant – avaient été accompagnées de nouvelles moins enthousiastes comme le départ de Sam qui était reparti dans sa famille. Mon meilleur ami avait le don de me manquer, mais je peux comprendre qu’il ait eu envie de prendre ses distances avec cette ville de fou. Parce qu’il s’en était passé des choses dans New-York cette année, mine de rien et que lorsque je faisais le bilan, je n'arrivais pas à me décider si cela avait été une bonne ou une mauvaise année…
Et puis en reposant mon verre alors que la casserole bouillait à petit feu devant moi en prévision du festin que je m’étais préparé, j’eus le réflexe de prendre mon téléphone sans vraiment réfléchir. J’envoyais un message à Clint pour lui souhaiter une bonne soirée en famille et mon second message fut pour Aemon et sa famille pour le même message. Autant Clint et moi, l’on s’était rapprochés professionnellement parlant, passant même pour ma part au statut d’ami, tandis qu’Aemon et moi nous étions éloignés autant personnellement que professionnellement. Comme s’il ne voulait plus avoir à faire avec moi, encore plus depuis que j’avais eu ma promotion. Je ne pensais pas que c’était une forme de jalousie, mais à vrai dire, venant de lui, je ne savais plus trop quoi en penser… Mon troisième message fut pour Emy… Emy… J’eus un sourire sur les lèvres en pensant à elle. Ce petit bout de nana qui avait drôlement bien évolué en un an. Elle qui était tétanisée à l’idée de sortir des Q.G. du S.H.I.E.L.D. pour se retrouver dans le grand monde, faisait maintenant des missions et avait sa maison ainsi qu’une meilleure maîtrise de ses pouvoirs. J’étais fier d’elle, même si je ne lui ai jamais vraiment dit de vive-voix, j’étais impressionné du chemin qu’elle avait parcouru, et cela, même s’il lui arrivait de faire des boulettes au travail, comme d’autres agents à dire vrai. L’échange de SMS que nous avons me fait plaisir même si je me retrouve rapidement à l’inviter chez moi pour manger. Je sais que cela me fera plus que plaisir de ne pas être seul pour le réveillon, mais avoir Emy à ma table est au-delà de ce que j’avais imaginé pour ma soirée. Le sourire sur mes lèvres ne me quitte plus – surement la cause aussi la moitié de la bouteille de vin que je me suis d’ores et déjà enfilé – et je songe à la relation que nous avons actuellement. Elle pourrait s’apparenter à une relation amicale limite fraternelle, mais c’est comme si elle était plus que cela sans que l’on se l’avoue l’un l’autre forcément. Enfin, c'était étrange comme sensation, mais je me sentais bien à l’idée qu’elle débarque chez moi avec Pico, ce chien que je considérais comme le mien autant que le sien. Cette boule de poils avait même ses affaires chez moi, son panier dans le salon, un autre dans ma chambre, sa gamelle et même des jouets. Un vrai pacha. Je termine mon verre et croise rapidement mon reflet dans le micro-ondes en constatant que j’ai taché mon t-shirt avec la sauce du plat français que je suis en train de préparer.
Aussitôt et sans même attendre d’avoir quitté la cuisine, j’ôte mon t-shirt et m’éclipse jusque dans ma chambre pour le jeter dans le panier de linge et prendre une chemise bleu marine. C’est ça d’aimer cuisiner. C’est vrai que je m’étais trouvé un passe-temps assez cool et avec mes pouvoirs, j’avais la possibilité de me retrouver un peu dans tous les pays du monde pour avoir les bons ingrédients et les bons conseils. Donc, quand je n’étais pas en mission, j’aimais bien me faire un truc sympa à manger. Je retrousse mes manches en redescendant alors que l’on sonne à la porte. Sans même réfléchir ou hésiter, j’ouvre la porte pour caresser Pico tout content dans un premier :
« Oui, mon pépère…. Moi aussi j’suis content de te voir… »
Je lui accorde quelques caresses avant qu’il n’entre en premier et que je reporte mon attention sur Emy, belle comme tout et bien apprêtée. Je souris à son compliment et lui accorde une accolade amicale avant de m’écarter pour la laisser entrer :
« Merci… C’est français ce soir, gratin dauphanois, j’suis pas certain de la prononciation, mais ce sont des pommes de terres, et avec une viande de bœuf mijotée… »
Une fois qu’elle est entrée dans la maison, je referme la porte et ne tarde pas à me retrouver derrière elle pour attraper son manteau afin de la débarrasser.
« J’ai moi aussi une bouteille entamée… Si on les termine l’une et l’autre, l’on va p’tet le regretter demain, mais en même temps, il parait qu’il faut faire la fête ce soir… »
Je rigole en posant son manteau avant de reprendre le chemin de la cuisine pour remuer ma casserole de viande qui émet un clapotis et des petites bulles qui me plaisent bien. Avant de refermer la gamelle, j’attrape une cuillère pour prendre un peu de jus et goûter… C’est trop bon… Je reprends une cuillère, souffle dessus et la propose à Emy :
« Tu veux goûter ? »
Une fois qu’elle a goûté, je repose la cuillère et sors un second verre pour la servir avec ma bouteille déjà entamée :
« Tu goutes le mien, je goute le tien ? Cela te va ? »
Les fêtes de fin d’année étaient toujours quelque chose que Emy avait adoré jusqu’au moment où elle s’était retrouvée toute seule après tuer son frère sans le vouloir. Il faut dire que ça mettait une sale ambiance... Et puis, Emy n’avait plus ses parents depuis longtemps, il ne lui restait que son plus jeune frère, qui ne lui parlait plus depuis ce fameux jour. Alors, depuis quelques années, il faut dire que Emy n’avait pas très envie de faire Noël... mais le Nouvel an, ce n’était pas pareil. C’était le passage à la nouvelle année, quelque chose qui permettait le changement et le renouveau. Cette année, elle avait bien évolué et elle avait bien l’intention de continuer dans la même direction. Et surtout, elle avait envie de s’améliorer et de ne plus faire des bêtises même si tous les agents en faisaient une au moins une fois dans leur carrière... Emy devait faire attention, même si elle n’avait pas l’intention de monter dans les échelons tout de suite, cela ne devait pas entâcher son dossier... Même si le fait qu’elle se soit opposé à Célestine Orchent pouvait être quelque chose qui pourrait bloqué sa carrière... Emy préférait ne pas y penser...
Sur le chemin menant à la maison d’Aaron, Emy se posait beaucoup de questions. Il y avait longtemps qu’Aaron et elle ne s’étaient pas retrouvé tous seuls. Leur relation était un peu bizarre avec le temps. La jeune femme appréciait beaucoup le jeune homme et elle s’était même demandé à un moment donné si elle n’était pas amoureuse de lui. C’était sans doute le cas, c’est peut-être encore le cas à ce jour, mais Emy préférait ne pas se faire des idées. Parce que la vie d’agent du S.H.I.E.L.D n’était pas facile alors un couple avec deux agents... Elle préférait ne pas y penser. Ce soir, Aaron l’avait invité chez lui pour passer la nouvelle année ensemble, ce n’était pas pour se faire des noeuds dans le cerveau ! Elle allait en profiter, profiter d’un moment entre amis pour fêter la nouvelle année.
Arrivés devant chez Aaron, Emy ne peut s’empêcher de rigoler. Pico connait tellement la maison, qu’il a ses petites habitudes. Il a même deux paniers dans la maison, ses gamelles et même des jouets. C’était comme si Emy faisait la garde partagée avec Aaron pour le chien. C’était rassurant pour la jeune femme de savoir que son chien était entre de bonnes mains. Elle partait en mission l’esprit tranquille. Après avoir sonnée et attendue quelques secondes que la porte s’ouvre, Emy fut attendrit par la scène devant elle : Pico, tout content qui profite de quelques caresses de la part d’Aaron. Tous les deux s’entendaient très bien et c’était le plus important. Elle le complimenta sur la bonne odeur qui se dégageait de la maison et après une rapide accolade, Emy suivit Aaron dans la maison. Il venait de la remercier et lui dit qu’il avait préparé un gatin dauphanois et une viande de boeuf mijoté. Le tout français. Pour le taquiner un peu, Emy lui dit :
“Faudra reprendre des cours de français mon cher. C’est gratin dauphinois.”
Et avec l’accent s’il vous plait ! L’avantage de travailler au S.H.I.E.L.D, c’était que Emy pouvait parler plusieurs langues et elle adorait le français ! Aaron l’aida à se débarasser de son manteau et lui dit qu’il avait aussi une bouteille entamée. S’ils la terminaient l’un et l’autre, ils allaient sans doute le regretter le lendemain, mais dans un autre sens, c’était la fête ce soir. Emy suivit le jeune homme dans la cuisine et lui répondit :
“C’est bien pour ça que je ne travaille pas demain ! J’avoue que je ne suis pas certaine que j’aurai ouvert une bouteille si je devais me lever demain...”
Le travail était toujours très important pour Emy alors, ce n’était pas parce que c’était la nouvelle année, qu’elle devait faire les choses de travers... Mais cette année, elle avait eu envie de profiter un peu pour rester chez elle et déguster les différents vins qui l’attendaient... Mais la soirée promettait d’être beaucoup plus intéressante que de rester seule chez soi. Emy se plaça au niveau du comptoir de façon à regarder Aaron remuer le contenu d’un plat. L’odeur donnait très faim à la jeune femme. Il prit une cuillère pour lui faire gouter le contenu. Prévoyant, il avait déjà souffler dessus et Emy approcha doucement sa bouche au niveau de la cuillière et en gouta le contenu. Elle ferma les yeux et murmura :
“C’est délicieux... Et je n’ai que gouté. Je sens que je vais me régaler ce soir !”
Elle ouvrit de nouveau les yeux et sourit à pleines dents. Peut-être que le vin aidait beaucoup, mais Emy était heureuse à ce moment précis. Elle vit que Pico avait prit place dans son panier au salon, le repas promettait d’être délicieux et Aaron était plus beau que jamais. Oui, elle le trouvait encore plus beau, peut-être le vin aidant ? Non, Emy avait toujours trouvé l’agent du S.H.I.E.L.D très attirant sans pour autant paraitre envahissante. Alors, elle décida de ne rien dire et écouta Aaron lui dit qu’elle pouvait gouter son vin et inversement. Elle posa sa bouteille sur le comptoir car elle la tenait toujours dans sa main et lui dit :
“Ca me va ! Tu as une coupe ? On va faire les choses bien !”
Après avoir trouver un nouveau verre, Emy versa doucement le contenu de sa bouteille dans le verre de Aaron et attendit que ce dernier en fasse de même. Une fois fait, Emy leva son verre et dit :
“Merci de m’avoir inviter. J’étais décidée à passer une soirée seule pour décompresser un peu, mais un peu de compagnie ne fait pas de mal... Surtout quand je sens ce bon repas que tu prépares... Où vas-tu chercher ces idées ? Et surtout, je ne savais pas que tu aimais la cuisine ! Bravo, c’est toujours un plus chez une personne !”
Elle n’osait pas dire qu’elle était complètement à coté de la plaque niveau cuisine. Elle arrivait à se préparer des plats simples, mais c’était surtout par manque de temps qu’elle ne prenait pas le temps de faire à manger. Peut-être qu’elle était douée aussi ? Ou pas. Emy avait d’autres talents que la cuisine, c’était une évidance. Ce soir, elle avait bien l’intention de profiter de l’hospitalité d’Aaron, sans trop en faire bien sûr. Après avoir trinquer, la jeune femme demanda :
“Tu réponds si tu as envie... Tu as eu des nouvelles d’Elena ? C’est les fêtes de fin d’année, j’ai tendance à croire que les gens donnent des nouvelles à ce moment...”
Emy pensa à James, son frère, qui devait être dans les rues de New-York en train de faire ce qu’il faisait depuis des années : Voler... Secouant la tête, elle préférait se concentrer sur la réponse d’Aaron que sur son propre malheur...
mardi 31 décembre 2024, soir du Nouvel An, maison d’Aaron
Profiter de la soirée, se détendre et se dire que l’année prochaine ne peut qu’être meilleure. C’était l’idée de la soirée d’un Nouvel An, mais ce n’était pas forcément mon idée de base. Cependant, maintenant qu’Emy était présente, je songeais à être plus positif et à voir le bon côté des choses pour cette soirée et pour l’année à venir.
Une fois Pico et Emy entrés dans la maison, le chien ne tarde pas à retrouver son panier qui lui appartient dans le salon tandis qu’Emy et moi-même nous nous retrouvons dans la cuisine ouverte sur la salle à manger et le salon afin de parler du plat que je suis en train de préparer. Je lui sors le nom du plat malgré mon français incertain. Je suis bien plus doué dans les langues asiatiques ou même d’Amérique du Sud plutôt que celles d’Europe. Je souris à sa rectification et reprend avec amusement et un accent trésor poussé :
« Gratin Dauphiiiinois. »
J’évoque nos bouteilles, même si je ne suis pas certain qu’il soit raisonnable de boire les deux, je me dis que ce genre de soirée n’arrive pas tous les jours et qu’il faut en profiter :
« Je ne travaille pas non plus normalement, mais je sais que maintenant que je suis niveau 7, je peux être amené à être appelé n’importe quand. »
C’était déjà le cas en tant que niveau 6, mais j’ai comme l’impression que c’est plus récurrent lorsque le niveau est supérieur. Finalement, la raisonnabilité n’est pas mon fort ce soir et je propose même de faire des mélanges entre les deux bouteilles. Après nous être servis l’un l’autre, nous trinquons à cet instant passé tous les deux.
« Merci à toi d’avoir accepté l’invitation… Et puis j’me suis dit que cela serait plus sympa de passer un moment tous les deux… enfin tous les trois… J’t’oublie pas mon vieux. »
Je souris à Pico qui relève la tête avant de répondre à Emy concernant la nourriture :
« Je n’sais pas trop. Je voyage beaucoup donc je pioche des recettes par-ci par-là et puis j’me dis que c’est important de bien manger. Si je ne cuisinais pas, imagine que je serais toujours en train de faire du sport pour compenser le gras des repas rapides… »
Un peu ironique bien entendu parce que malgré tout, j'étais souvent fourré à la salle de sport pour faire un peu d’entrainement. Après avoir trinqué et bu une gorgée, je reposais mon verre pour terminer la préparation du repas tandis qu’Emy me posait des questions sur Elena. Je sentais aussitôt ma mine renfrognée qui pointait le bout de son nez. Elena était mon point faible, mon sujet sensible et même avec Emy, j'avais bien du mal à en parler :
« Non… Pas de nouvelles… J’ai songé un moment aller sur Alfheim, mais j’sais pas trop comment faire… Après tout, j'ai ma vie ici, mais Elena me manque beaucoup… … »
Je relevais mes yeux vers Emy en ajoutant :
« C’est ma fille… tu comprends ? »
Je sens que je pourrais me laisser emporter par mes émotions et je sais qu’Emy n’a pas besoin de cela alors, je me racle aussitôt la gorge, je me reprends et je me reconcentre sur mon verre et sur le repas tout en tâchant d’être moins en proie à mes émotions. Je bégaie un peu, mais je sais qu’Emy comprendra mon point de vue :
« Je… hum… Est-ce que tu pourrais mettre la table s’te plaît ? C’est presque prêt. »
Je sais qu’elle connait la maison, un peu comme Pico, donc je n’ai pas besoin de lui dire où sont les choses. Cependant, alors que j’avais besoin d’un plat pour mettre en place le repas, je me retourne un peu brusquement et Emy était en train d’ouvrir le placard pour prendre les assiettes. J’évite la porte de peu, mais en revanche, je ne peux pas éviter Emy que je bouscule malgré moi. Aussitôt inquiet de lui avoir fait mal, je pose une main sur son épaule :
« Je t’ai pas fait mal ? J’suis désolé Em’… »
Mon regard plonge dans le sien et j’ai une sensation étrange dans la main, comme si un fin courant électrique, c'était produit sans que je n’arrive à l’expliquer. Je conserve mon regard dans le sien encore plusieurs secondes, le temps s’est soudainement suspendu entre nous.
La soirée promettait d’être excellente. Emy ne regrettait pas d’avoir accepté l’invitation d’Aaron parce qu’elle savait qu’elle pouvait avoir confiance en lui pour passer un bon moment. Emy se moque gentillement d’Aaron qui a du mal à prononcer les mots “gratin dauphinois”. Le jeune homme se reprend avec amusement et un accent très poussé. Emy ne peut s’empêcher de rigoler.
“C’est bien, tu apprends vite !”
Après avoir évoquer les bouteilles, Emy a envie de profiter de cette soirée. Elle n’a pas prévu de travailler le lendemain, mais Aaron, qui a monté en niveau, peut peut-être être appeler ? Ce dernier le lui confirme en disant que maintenant qu’il était niveau 7, il pouvait être appelé à tout moment. C’était déjà le cas depuis le niveau 6, Emy s’en doutait bien, mais peut-être que c’était plus souvent le cas lorsqu’on montait de niveau ? Les responsabilités étaient plus nombreuses lorsque le niveau d’accréditation augmente. C’était en autre pour ça que Emy n’avait pas demandé à être augmenter de niveau. Elle aimait le terrain et surtout, elle ne se sentait pas ligitime d’avoir plus de responsabilités. C’était une chose donc elle ne se sentait pas prête a assumer. Un jour peut-être...
Après avoir trouver deux coupes, Emy verse le contenu de sa bouteille dans les deux coupes. Aaron propose même de mélanger les deux bouteilles. Ce n’était pas une mauvaise idée, heureusement que la jeune femme pouvait rester chez Aaron parce qu’elle n’était pas certaine de pouvoir retourner chez elle même s’il n’y avait que quelques mètres entre leurs maisons. Aaron remercia la jeune femme d’avoir accepter l’invitation, qu’il s’était dit que ce serait plus sympa de passer un moment tous les deux... enfin, tous les trois. Emy pouffa de rire en voyant Pico levé la tête pour les regarder. Aaron continua en lui répondant qu’il ne savait pas comment lui venait les idées. Il voyageait beaucoup donc il piochait des recettes par ci par là et il rajouta qu’il était important de bien manger. Il lui dit que s’il ne cuisinait pas, il serait sans doute en train de faire du sport pour compenser le gras des repas rapide. Emy bu une gorgée de sa coupe avant de dire :
“Un peu comme moi... J’ai honte de ne pas prendre le temps de cuisiner, j’avoue que les plats rapides, c’est ce qui est le plus facile pour moi... Et je me rajoute quelques séances de sport en plus de l’entrainement au S.H.I.E.L.D...”
Changeant de sujet, Emy se dirigea vers une pente descendante : Elena, la fille d’Aaron. La jeune femme savait que pour son ami, la famille était importante. Elle suivait depuis des mois le fait que la fille d’Aaron était toujours sur Alfheim, qu’elle était heureuse d’après lui. L’agent du S.H.I.E.L.D lui répondit qu’il n’avait pas de nouvelles, qu’il avait même songer à aller sur Alfheim mais il ne savait pas comment faire... Il avait sa vie de ce coté, mais sa fille lui manquait beaucoup. Aaron releva les yeux vers elle et il lui dit que c’était sa fille, lui demandant si elle comprenait. Elle sentait que le sujet était fragile pour Aaron, malgré son bouclier mental, elle sentait la tristesse de son ami. Elle n’insista pas sur le sujet, elle lui dit doucement :
“Je peux le comprendre malgré le fait que je n’ai pas d’enfants. J’ai presque élevé mes frères depuis que nos parents sont décédés... Je pense que c’est pour ça j’ai eu du mal à passer le cap quand j’ai... j’ai tué mon frère. J’ai toujours pensé que j’étais pas à la hauteur. Alors, j’espère de tout coeur que Elena pourra comprendre un jour comment tu t’es inquiété pour elle... Tu es un super père Aaron.”
Le sujet étant difficile pour le jeune homme, Emy l’entend raclé sa gorge puis il se reconcentre sur son verre et sur le repas pour ne pas être en proie avec ses émotions. La brunette aurait aimé poser une main sur son bras, le prendre dans ses bras pour qu’il accepte de se laisser aller dans ses sentiments. Il ne peut pas le cacher de toute façon, Emy ressent le mal être d’Aaron, mais elle accepte qu’il ne veule pas en parler tout de suite. Peut-être un jour... Légèrement bégayant, Aaron lui demande si elle peut mettre la table car le repas est presque prête. La jeune femme hoche doucement la tête avec un léger sourire avant de poser son verre. Elle se tourne vers le placard où ce trouve les assiettes, mais au même moment, Aaron se retourne un peu brusquement et tout en évitant la porte du placard de peu. Cependant, il bouscule Emy qui se rattrape au comptoir. Elle n’a pas mal, mais Aaron semble inquiet de l’avoir blesser. Il lui demande s’il lui a fait mal, s’excusant par la même occasion. Leurs regards se croisent alors que la main d’Aaron sur son épaule lui faisait une sensation bizarre. Une sensation de chaleur... De courant électrique... Les yeux d’Emy sont toujours plongés dans ceux d’Aaron et le temps semble s’arrêté...
Dans la tête d’Emy, c’est la tempête. Elle avait toujours eu des sentiments forts pour Aaron. Elle ne savait pas si c’était une forte amitié ou de l’amour... Peut-être que c’était un mélange des deux. La jeune femme s’était toujours bien sentie avec Aaron et ce, depuis le premier jour où ils s’étaient rencontrés. La vie avait fait qu’ils s’étaient éloignés pendant quelques mois pour mieux se retrouver ce soir... Emy se sentait bien avec Aaron. La main de ce dernier était toujours sur son épaule, la jeune femme posa doucement une main sur le bras tendu, légèrement caressante...
“Je vais bien... Je n’ai pas mal, ne t’inquiète pas...”
Le retour à la réalité se fait lorsque Pico vient dans la cuisine pour s’assoir a coté d’Aaron et d’Emy, aboyant légèrement comme pour leur faire comprendre qu’ils n’étaient pas tout seuls et qu’il y avait le repas sur le feu. Emy sursauta légèrement et enleva sa main du bras d’Aaron avant de se dégager doucement pour attraper les assiettes légèrement en hauteur.
“Hum.. je vais finir de mettre la table.”
Légèrement rouge, Emy secoua doucement la tête pour se remettre les idées en place. Elle n’avait jamais osé toucher Aaron car elle n’avait jamais vu qu’une simple amitié entre eux même si, de son coté, elle ressentait sans doute quelque chose de beaucoup plus fort qu’elle ne le pensait. Ce soir, l’alcool aidant, peut-être qu’Emy allait se lâcher un peu plus. Il fallait qu’elle soit sur de quelque chose. Qu’est-ce qui se passait entre eux ? Qu’est-ce qu’il se passerait s’ils sautaient le pas ? Deux agents du S.H.I.E.L.D ensemble, cela ne faisait jamais bon ménage... Mais dans un coin de sa tête, elle avait toujours le couple Bakerville en tête. Ils étaient un exemple pour elle... Alors peut-être... Tout en mettant la table, elle essaya de rester concentrer. Après avoir mit la table, elle posa doucement les verres devant leurs assiettes et les bouteilles de vin toute proche. Emy replaça une mèche derrière son oreille et revient vers Aaron pour lui demander :
“J’ai fini de mettre la table... As-tu besoin d’aide ?”
mardi 31 décembre 2024, soir du Nouvel An, maison d’Aaron
C’est fou comme elle me donne le sourire. Comme si depuis qu’elle était arrivée, j’oubliais mes soucis et mes tracas du quotidien. Au final, je suis content de lui avoir dit de venir et d’autant plus ravi qu’elle ait accepté et qu’elle soit là maintenant.
Les sujets sont fluides et faciles avec elle, je parle de tout et de rien sans craintes d’être jugé ou même sans vraiment de filtre. Je dis ce que je pense avec elle, je suis moi-même. Le sujet de la nourriture est évoqué et c’est vrai que j’adore cuisiner c’est une de mes petites passions cachées, connues par mes amis pour qui j’ai déjà cuisiné. Et je parle sans réfléchir en lui répondant :
« Tu sais que les trois quarts du temps je cuisine trop, j’en congèle beaucoup… Si tu veux je pourrais t’en passer… tu auras des repas rapides mais fait maison… Mais il ne faut pas négliger les entrainements parce que ça nous maintien en forme… »
Je rigole doucement parce que c’est vrai que je ne suis pas un grand sportif mais je m’entretiens malgré tout. C’est un jogging au moins deux à trois par semaine et deux séances d’entrainements dans les salles du S.H.I.E.L.D. par semaine… Alors ouais je suis du genre à m’entretenir mais je pense que chaque agent de terrain se doit de le faire. Emy aborda le sujet de ma fille et même si c’était toujours sensible pour moi j’arrivais un peu mieux à en parler, surtout avec les personnes de confiance. Et puis de toute manière ma fille était en vie. Dans le fond c’était tout ce qui comptait véritablement. Même si elle n’était pas avec moi ou dans mon monde, elle était en vie quelque part dans l’univers et pour moi cela n’avait pas de prix. Une part de moi voulait partir, la rejoindre, mais finalement ma vie était ici et mes responsabilités et je n’étais pas un elfe. Je n’avais rien à foutre là-bas. Alors qu’elle y était depuis si longtemps qu’elle avait les mœurs et la longévité. Chose que moi en tant qu’adulte je ne pouvais pas avoir. Lorsqu’elle évoque ses frères, son frère, je relève aussitôt la tête vers elle, un regard empli de compassion :
« Merci Emy… Mais tu sais, tu étais à la hauteur et tu l’es toujours. Tu es une femme forte, l’une des plus fortes qu’il m’ait été donné de rencontrer. Ce qui t’es arrivé était un accident, une tragédie mais tu as su surmonter tout ça et devenir la femme que tu es aujourd’hui. »
Malgré l’émotion de parler de ma fille et sans doute la sienne de parler de ses frères, je me reprends du mieux que je peux et je lui demande alors de mettre la table. L’instant suivant, je suis contre elle, ma main sur son épaule, perdu dans ses yeux bleus. Je m’en fais toujours pour les autres mais jamais autant que je peux m’en faire pour elle. Le moindre truc et je reste comme figé, déstabilisé. Le moment reste comme suspendu dans l’air et je me retrouve proche d’elle. Sa main se pose sur mon bras et le même courant électrique se reproduit et pourtant mon regard ne quitte pas le sien. J’ai un léger sourire à l’entendre mais j’ai pas envie de bouger comme si mon cerveau s’était mis en pause – ce qui est assez rare ces derniers temps – et ce fut finalement Pico qui le fit pour eux. Se plaçant entre eux, il s’installa comme le gros pataud qu’il était et me racle la gorge en me redressant et hoche la tête à ce qu’elle me dit. Je ne la quitte des yeux que lorsqu’elle quitte la cuisine pour la salle à manger et mes yeux descendent aussitôt vers Pico qui me regarde encore assis à mes pieds… Je murmure :
« Ben quoi ? Tu voulais que je fasse quoi ? »
Et Pico qui bougonne en se couchant la tête sur ses pattes… Non mais, c’est vrai. C’était plaisant mais… mais j’en sais rien. Je secoue la tête et me replace derrière la cuisinière pour servir le plat. Lorsqu’Emy revient, je suis prêt à servir et je relève les yeux vers elle, le sourire aux lèvres, les plats chauds dans chaque main.
« C’est prêt. »
Je regarde autour de moi mais je pense qu’elle a déjà tout emmené alors simplement je la rassure :
« Humm… non je pense que c’est bon, on va pouvoir manger… Ah si peut-être prendre des serviettes, dans le tiroir juste là s’il te plait. »
Du menton, je lui indique le tiroir avant de prendre la direction de la table pour poser les plats. Nous nous installons donc et j’ai pris soin de rapprocher le coussin de Pico pour qu’il soit avec nous, enfin entre nous deux… J’adore vraiment ce chien, c’est le sien mais c’est comme si c’était le mien. Le repas se déroule bien, l’on siffle malgré tout les deux bouteilles… J’en ouvre une nouvelle et elle est aux trois quarts entamée lorsqu’on passe au fromage. J’ai été directement en France et en Suisse pour aller en chercher certains et l’on improvise une dégustation avec Emy qui en découvre plusieurs pour son plus grand bonheur pour certains et son plus grand malheur pour d’autres mais cela nous donne quelques fous rires, il faut bien l’avouer. L’on débarrasse ensuite la table et je me rends compte que je commence à en avoir un bon coup dans le nez même si je suis tout à fait apte à poursuivre la soirée. Je propose à Emy de m’attendre dans le salon pendant que je prépare le dessert, j’avais prévu une bûche glacée, rien d’extraordinaire mais je rajoute de la chantilly et une bouteille de champagne avec ses flutes. Lorsque j’arrive dans le salon, je pose le tout sur la table basse :
« Comme il est déjà 23h30, je me suis dit qu’on pourrait passer au champagne pour le dessert et le jour de l’an. »
Je souris lorsqu’elle approuve et m’assied à côté d’elle tout en débouchant la bouteille pour nous servir les deux coupes. Je prends la mienne et lui donne la sienne avant de la regarder à nouveau dans les yeux et de trinquer avec elle à nouveau :
« Merci Emy… Ça m’a fait plaisir de t’avoir à mes côtés ce soir… l’on a bien rigolés… »
Les coupes tintent et je bois une gorgée, savourant l’alcool, avant de finalement poser la coupe pour prendre mon assiette et celle d’Emy. Je prends la télécommande pour mettre l’émission de télévision qui diffusera le feu d’artifice et savoure la bûche en charmante compagnie.
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