Point trop n’en faut en une journée. Les excuses d’hier étaient pour Raven, ayant obtenu des fruits inattendus. Celles d’aujourd’hui sont pour son frère. Pas parce que l’on a décidé d’être ensemble, non. Je me moque qu’il m’apprécie ou non. Je tâche néanmoins d’apprendre de mes erreurs et suis l’un de mes principaux ennemis ; j’ai donc souvent de la matière pour le faire. Après, j’apprécierais aussi que ma compagne ne soit pas trop malaisée lorsqu’elle se décidera à parler de notre couple avec Xavier. Chose qu’elle fera en son temps, c’est son initiative et non la mienne. Ce qui me fait un piège télépathique lorsque j’y pense : si le télépathe entre dans ma tête, il découvrira le pot-aux-roses et y réagira surement émotionnellement. Reste à ce que je sois capable de voir à travers le masque qu’il porte. Je pense y arriver mieux que la plupart mais je dois me méfier de ne pas surestimer mes capacités. Je suis dans analogue situation à ce qui advient lorsque je fais face à des entités dépassant ma compréhension : perdant par avance. Toute la puissance que j’ai accumulée est obsolète, il faut que je réussisse à être plus intelligent. Dommage que cela soit impossible face à quelqu’un capable d’entendre mon intelligence voire de la dominer.
Par ses pouvoirs, évidemment.
Ce genre de pensées est également un problème. Au mesurage doctoral, je perds contre Xavier. Deux contre trois. Le Haut Potentiel Intellectuel et la mémoire eidétique, ainsi que tout le rythme de travail obtenu à faire ses stages dans les urgences du Metro-General Hospital, semblent obsolètes face à un télépathe. S’il est capable d’apprendre à travers l’esprit des gens, qui sait combien de secondes il lui faudrait pour posséder toutes les canalisations mystiques en ma possession ? Cela lui permettrait même de marcher à nouveau et ferait de lui l’équivalent, si ce n’est le supérieur, de Jean Grey. Je déteste cette idée. Je déteste ce constat que les suprématistes mutants ont raison sur la supériorité de leur espèce et l’obsolescence de l’être humain. Les arts mystiques peuvent aider à compenser la différence, notamment au niveau des capacités psychiques, mais les enseigner à large échelle serait une erreur monumentale. Cela accroitrait le nombre de criminels mystiques, actuellement très peu important même si généralement très dangereux du fait, et complexifierait la tâche de Kamar-Taj de veiller sur l’Humanité. Sans parler des attentions que des idiots pourraient attirer dans leur quête de pouvoir. Je suis évidemment différent d’eux : je ne suis pas idiot. Je suis juste suffisamment intelligent pour que les opposés se ressemblent de temps à autre.
Est-il besoin de décrire mon entrée ?
Le portail étincelant s’ouvre à quelques mètres des portes de l’entrée principale du Manoir Graymalkin. Normalement, je suis suffisamment loin pour que Xavier puisse me voir depuis la grande fenêtre de son bureau et il doit se trouver dans celui-ci à cet horaire. Il a déjà vu le reste : la grande cape rouge accompagnant les deux teintes de bleu de la robe, de la tunique et du pantalon, ainsi que le bronze des fermoirs s’accordant avec celui ces ceintures et de l’Anneau de Téléportation à mes doigts. Bronze qui s’oppose à l’or de l’Œil d’Agamotto, sur mon torse. Et ceinture de cuir et de tissus similaires à ceux de mes bottes et leurs lacets. Dos droit et bras le long du corps, j’attends que le Professeur fasse face au Docteur pour m’exprimer.
« Professeur Xavier, salues-je simplement. Je suis ici pour vous présenter mes excuses. »
Le mois d’octobre s’était écoulé, doucement mais sûrement. Le professeur avait passé beaucoup de temps en dehors de l’Institut, dans divers locaux du S.H.I.E.L.D., à « interroger » des Héritiers pour démanteler l’organisation terroriste. Il avait également donné des conférences pour instruire la population sur les mutants, prôner la paix, la tolérance et l’acceptation. Il avait d’ailleurs eu, lors d’une de ces conférences, un échange des plus intéressants avec le nouveau Captain America.
Côté Institut, adultes et enfants avaient accueilli avec joie le retour du professeur Munroe. En revanche, Charles ne pouvait que tristement constater l’éloignement social progressif des trois sœurs Cuckoos, à qui leurs deux sœurs disparues manquaient terriblement. Et dans la catégorie des évènements désagréables, il y avait eu l’intervention de Strange et cette dispute improbable que le télépathe ne comprenait toujours pas.
Et en parlant de Strange… voilà qu’il se pointait à nouveau, encore par un de ses satanés portails, encore sans avoir prévenu ou demandé avant. Lorsque Charles aperçut du coin de l’œil l’éclat du portail dans ses jardins, à quelques mètres de sa fenêtre, il marqua un temps d’arrêt dans le formulaire qu’il était en train de remplir, le stylo levé dans sa main, et il soupira :
« Oh non... »
Il n’avait aucune envie de revoir le sorcier. Mais qu’est-ce qu’il lui voulait encore ? S’il revenait pour le critiquer ou insulter sa sœur, cette fois Charles ne se montrerait pas aussi pacifiste. Il fut d’ailleurs tenté de le laisser mariner, de faire comme s’il ne l’avait pas vu… mais s’il pouvait le voir depuis sa fenêtre, l’inverse devait être vrai également. Il laissa donc tomber son stylo sur sa feuille en poussant un profond soupir, puis sortit de derrière sa table de travail pour aller enfiler sa veste et sortir à la rencontre du sorcier.
Il avança son fauteuil jusqu’à lui sans dire un mot, sans même le saluer. Il n’avait aucune envie de se montrer hypocrite, et si son « invité » ne se sentait pas le bienvenu, il aurait bien raison. Charles nota toutefois l’effort de Strange qui cette fois ne l’appela pas simplement « Xavier » mais y ajouta son titre professoral. Il haussa un sourcil surpris, mais guère impressionné, en entendant que le sorcier venait lui présenter ses excuses, et lui répondit sobrement, avec une froideur parfaitement assumée :
Xavier a l’air aussi ravi de me voir que moi d’être ici. Nous sommes au moins en accord sur quelque chose. Si l’on suppose que le fait de considérer l’autre comme un connard est réciproque, ça en fait deux. J’en ai peut-être le comportement mais lui en a les actions et la duplicité d’essayer de le dissimuler. A notre première rencontre, en 2018, il m’a eu. Il faut le reconnaitre : il m’a eu. Je l’ai pris pour un homme bon. C’est cette même croyance en ses mensonges qui m’a fait le contacter lorsque j’ai retrouvé Jean Grey après sa fugue. Avant d’apprendre la vérité sur leur relation. L’homme a tué les parents de la fillette puis lui a lavé le cerveau afin qu’elle le voie comme un père et qu’il puisse l’utiliser. Lorsque j’ai appris que les X-Men avait récupéré la gamine, j’ai eu un choix à faire et j’ai fait le même que les autres : sacrifier la jeune femme sur l’autel de l’impossibilité de s’opposer à Xavier s’il n’a pas la magnanimité de nous laisser le faire. Je ne comprenais pas pourquoi les X-Men n’avaient pas été présents contre le Thanos Alternatif, les deux télépathes pouvant vaincre le Titan Fou seuls et sans trop suer, mais je pense que Wong avait, comme toujours, plus de sagesse que moi.
La tension monte alors que je fais face à l’approche de Xavier. Je canalise la lumière afin d’empêcher mes mains de trembler. Je ne lui ferais pas ce plaisir. Surtout qu’il me demande, avec la froideur logique considérant les circonstances, de développer. Ne sait-il pas que plus je parle et plus j’empire les choses ? Est-ce là ce qu’il veut ? Plus d’occasion pour lui de démontrer aux autres à quel point il est le bon et je suis le mauvais ? Il est, comme toujours dans sa vie, en position de force. Capable de faire ce qu’il veut et de le faire faire aux autres. Je ne peux pas y échapper. Je ne peux rien y faire. J’en serre la mâchoire comme s’il me l’arrachait avant de soupirer et de baisser les épaules ; le visage l’étant déjà face à celui qui trône sur le monde lorsqu’il le désire.
« Je n’aurais pas dû perdre le contrôle, réponds-je donc avec une sincérité forcée tant s’excuser est plus aisé dans le général que dans le détail. Je continue de penser que vous interrompre, dans quelques activités que ce soit, lorsqu’il est question de la vie d’innocents est justifié. »
Mais. Si, Stephen, là tu ajoutes un MAIS.
« Néanmoins, j’aurais dû m’excuser de le faire à ce moment-là. Pour limiter la casse. »
Un peu comme maintenant. Je ne souhaitais pas gêner Xavier dans sa vie intime, sous réserve que le consentement de Mac Taggert le concernant soit vrai et non falsifié comme le télépathe l’a fait avec la personnalité du Phénix, mais je ne m’en veux pas de l’avoir fait. Il y a plus important qu’une partie de jambes en l’air où seule la moitié des participants peut les lever. Il y a plus important que nos propres personnes. Ce n’est pas à propos de nous ; l’ultime leçon de l’Ancienne à mon égard.
« Je suis désolé d’être intervenu trop tard. Quitte à le faire, je m’excuse de ne pas l’avoir fait mieux. Dans les formes. »
Bras le long du corps et dos droit, je continue de me forcer à parler sur des réflexions depuis longtemps faites. Ma motivation ici est de reconnaitre mes erreurs comme d’apaiser l’être le plus puissant de notre monde. Améliorations et peurs ont néanmoins du mal à vaincre ma mauvaise foi et la haine qui se développe peu à peu pour Xavier.
« J’aurais dû venir à l’Institut, pas à vous. J’ai déjà appris de cette erreur. »
La preuve en étant, nous sommes dehors. Pas dans son bureau. Reste à savoir quelle destination j’utiliserais si j’ai à nouveau besoin de le voir en urgence. Le fait d’ouvrir un portail directement sur lui ne l’avait pas gêné lorsque j’étais son pion dans la recherche de Jean Grey ; d’ailleurs, je me souviens l’avoir dérangé auprès d’une femme allongée et inconsciente au sein d’un lieu qui ne ressemblait pas à l’Institut. Que lui faisait-il ?
Ma gorge se serre.
Est-ce là une nouvelle chose sur laquelle je dois fermer les yeux pour des raisons politiques ? Parce que, à part l’assassiner, je n’ai aucun moyen de m’opposer à Xavier ? Alors même que je n’ai pas encore l’exténuation de me résoudre à tuer quelqu’un, comme face à Thanos ? Peut-être même que je ne peux simplement pas le faire car il ne m’en laisserait pas le droit.
Je fais face à Xavier comme je faisais face à Dormammu. Effrayé et conscient que je vais souffrir tout comme que je n’ai pas le choix. Faire des compromis et se compromettre. Face à Dormammu au moins, j’avais l’assurance que cela permettrait aux autres de s’en sortir. Là, c’est juste une question du plus grand nombre. Laisser Xavier faire ce qu’il veut de quelques-uns en espérant qu’il fera du bien pour encore plus. Un mal nécessaire.
« Je ne m’excuserai pas de ne pas vous avoir montré la même déférence que tout autre, dis-je en serrant les poings. Comme eux, je tolérerais vos crimes en espérant que les sacrifices ainsi faits bénéficient à l’entièreté de l’Humanité. »
Ou peut-être parce qu’il me contrôle dans cette décision. Perdre le contrôle. La tragédie de ma vie. Pire encore que les boucles temporelles dans lesquelles je m’enfermais pour perdre à l’infini sans que mes adversaires puissent gagner. Je regrette de ne plus pouvoir le faire. Il fallait que les Pierres d’Infinité soient détruites afin d’assurer l’avenir de notre univers. Je regrette néanmoins qu’il ne soit ainsi plus possible, en l’état actuel de mes capacités, de faire face à des télépathes. Xavier peut faire ce qu’il veut puisque personne n’est capable de s’opposer à lui. Même moi. Je continuerai de chercher une contre-mesure et je dois censurer ma pensée concernant celle-ci où il saura ; sous réserve qu’il ne sache pas déjà. Tout est à recommencer. Toujours.
Je soupire du nez puis avance à nouveau ma mâchoire.
« Ce ne sont pas les excuses que vous voulez mais ce sont les miennes, conclus-je en me positionnant de biais afin d’entreprendre de vitrifier une partie de l’espace afin de me faire une porte de sortie. Je m’excuse d’avoir perdu le contrôle, de… d’être intervenu trop tard. D’être venu à vous, non à l’Institut. »
Charles était à l'écoute. Sincèrement. Même si le docteur Strange lui inspirait une profonde antipathie, le télépathe n'était pas homme à se fermer aux relations humaines, mêmes les plus complexes. Si cet homme faisait l'effort de mettre un peu son ego de côté pour venir présenter ses excuses, alors Charles était disposé à écouter ce qu'il avait à dire. Leur relation pourrait peut-être s'arranger.
Son empathie ne l'aidait guère à faire la part des choses et à envisager la relation avec Strange de manière neutre. Les émotions négatives qu'il se prenait de plein fouet étaient aussi incompréhensibles que désagréables, aussi choisit-il de s'y fermer complètement, verrouillant son esprit et ce qu'il pouvait percevoir bien malgré lui. Le silence émotionnel était préférable, s'il voulait pouvoir entendre objectivement les excuses de Strange.
Il n'aurait pas dû perdre le contrôle. Certes. Mais cela pouvait arriver à tout le monde et c'était aisément pardonnable. Il n'aurait pas dû l'interrompre dans sa vie intime avec Lynda, ou aurait au minimum dû s'en excuser sur le coup. Certes. Cependant Charles ne savait toujours pas vraiment pourquoi Strange l'avait "interrompu" de la sorte. Il ne lui avait pas demandé d'aide, il n'y avait pas eu d'innocents à sauver. Uniquement des reproches infondés, des menaces et des insultes. Mais laissons-le poursuivre.
Il était intervenu trop tard. Ah. Il s'agissait donc bel et bien des Héritiers et d'un manque de communication. Charles le déplorait également. Il aurait dû réagir plus tôt, il en avait conscience. Il avait laissé le S.H.I.E.L.D. agir. Trop tard. Une fois de plus. Il le regrettait. Mais on lui répétait suffisamment souvent qu'il ne pouvait porter le poids de toutes les tragédies du monde sur ses épaules, qu'il ne pouvait pas toujours sauver tout le monde… Il fallait bien qu'il tente de s'en convaincre de temps en temps.
Il n'aurait pas dû s'adresser à lui directement. Pourquoi ? Qu'avait-il à lui reprocher, pour détester autant sa présence ? Cela restait un grand mystère pour Charles. Les deux hommes avaient pourtant collaboré, Strange avait recueilli Jean suite à sa fuite de l'Institut lorsque la Sorcière Sombre avait éveillé le Phoenix. Strange avait participé au rééquilibrage de Wanda et Willow, et Raven était en vie en grande partie grâce à lui. Charles lui en était reconnaissant. Et pourtant, le sorcier éprouvait pour lui une grande aversion, qu'il ne comprenait pas.
Il ne s'excuserait pas de ne pas lui montrer de déférence. Charles n'en avait pas demandé. Un minimum de respect et de politesse, oui, mais cela semblait au-dessus des capacités sociales du sorcier. Qu'importe. Il… tolérerait ses crimes ? Quels crimes ? Charles fronça les sourcils, d'incompréhension et d'un nouveau début de colère qui montait insidieusement en lui dès que Strange commençait à trop lui parler et ne parvenait plus à se retenir de l'insulter. Mais cette fois il ne répondrait pas à la provocation, il n'entrerait pas dans ce jeu malsain.
Strange conclut par un résumé de ses excuses, qui était pourtant loin d'être satisfaisant, mais qui avait le mérite d'exister. Il semblerait que les deux hommes n'étaient pas faits pour s'entendre, pour des raisons que le télépathe peinait à comprendre, mais cela valait-il vraiment la peine d'essayer ? Il ne pouvait pas sauver tout le monde, il ne pouvait pas non plus s'entendre avec tout le monde.
« Je pense qu'il est préférable que nous en restions à des relations strictement professionnelles. Lorsque des vies d'innocents seront en jeu, et que notre alliance pourra permettre de les sauver, vous pourrez évidemment venir me voir. Bonne journée, docteur Strange. »
Le sorcier n'avait pas attendu la réponse du télépathe pour commencer à préparer sa sortie, aussi n'était-il nul besoin de le retenir davantage. Charles le salua donc d'un signe poli de la tête, avant de se retourner pour rentrer dans le manoir.
Il ne faut pas que je m’emporte dans mon discourt au point d’en perdre de vue les réactions qu’il procure à mon interlocuteur. C’est difficile. Une affaire de contrôle, comme toujours. Une affaire que Xavier possède, à notre différence. Je fais de mon mieux mais je ne suis qu’un humain, pas un "Homo Sapiens Superior" ; chose ironique lorsqu’on considère l’objectivité des faits et donc ma supériorité sur la plupart des autres humains et même des mutants n’étant pas des menaces planétaires, point qui est beaucoup plus souvent le cas pour cette "espèce" que pour les humains.
Face à la question de ma perte de contrôle, je ne parviens pas à savoir s’il s’agit de compréhension ou d’indulgence. La compréhension serait inquiétante, si elle provient du fait que Xavier puisse avoir similaires agissement : je suis détestable, il serait capable d’imposer aux autres le fait qu’il a raison et qu’ils ont tort. Qu’ils l’aiment malgré sa détestabilité.
Face à la question de l’interrompre dans les formes lorsqu’il fait ce qu’il veut avec une personne dont il peut assujettir le libre-arbitre, je n’obtiens que de la perplexité. Serait-il curieux de me voir essayer de m’excuser dans une telle situation ? Voudrait-il me voir gêné ou penaud ? Cela n’arrivera pas.
Face au fait que je sois intervenu trop tard, j’ai son assentiment. Forcément, cela ne remet en cause rien que lui ait pu faire ! Est-ce de la tristesse qui l’accompagne ? Du regret ? Xavier a les pouvoirs pour stopper ce genre de menace. C’est l’affaire de pensées, peut-être d’efforts, pour lui. S’il avait voulu, il aurait pu. C’est bien mon problème avec lui ; voire mes problèmes. Il a le pouvoir de tout contrôler, ce qu’aucun être ne devrait avoir, et il ne l’utilise que pour ses intérêts personnels, pour s’assurer la fidélité et l’amour de gens comme Jean Grey. Et probablement Raven Darkhölme également.
Face au fait que je n’aurais pas dû m’adresser directement à lui, Xavier semble à nouveau perplexe. Interrogateur même. Ne sait-il donc pas que j’ai déjà appris de cette erreur et que ce n’est qu’avec avoir constaté que l’autorité de Raven sur les X-Men n’était qu’illusion, subordonnée à celle du marionnettiste, que je suis venu le voir ? Lui est un hypocrite mais peut-être que certains de ses sujets croient réellement à ce qu’il prêche. C’est vers eux qu’il faut se tourner. Peut-être agiront-ils.
Face au fait que je ne lui montrerais pas de déférence, ce n’est pas une excuse j’ai dit ! Et il est beaucoup plus calme à cette idée que moi d’ailleurs. Le salaud. Comme s’il s’en foutait.
Face au fait que je tolérerais ses crimes comme les autres, il s’interroge à nouveau et se durcit enfin. Oui, je sais. J’ai côtoyé la vraie Jean Grey, privée de son droit de grandir et d’exister au profit d’une personnalité créée par les soins de l’assassin de ses parents qui voulait pouvoir l’éduquer et la contrôler. Assassin que j’ai aidé à récupérer d’ailleurs et contre qui je ne peux plus rien faire à l’heure actuelle, m’amenant à me haïr d’une fraction de ce que je te hais toi, Xavier. M’amenant à appréhender toutes les interventions que tu aurais pu faire en douce et dont on perçoit certaines conséquences. As-tu tenté la même chose envers Maximoff qu’envers Grey ? Quid de Mac Taggert ? Quid de chaque individu dans les murs de ta forteresse déguisée en école pour humains ? Tu n’entres pas dans mon jeu car tu sais que tu n’as pas besoin de le faire pour avoir déjà gagné. Car tu sais que je sais que tu as déjà gagné. Car tu sais que je sais que tu sais que je sais que tu as déjà gagné. Putain de télépathe.
« Je pense qu'il est préférable que nous en restions à des relations strictement professionnelles, assènes-tu comme clou de ta victoire dans le cercueil de mes envies de faire le bien pour des gens qui me saoulent alors même que je n’ai jamais été doué dans l’hypocrisie et la reconnaissance hiérarchique qui résument le comportement professionnel ; dans lequel tu te complais sans doute. Lorsque des vies d'innocents seront en jeu, et que notre alliance pourra permettre de les sauver, vous pourrez évidemment venir me voir. »
Je ne jugerais pas ta mère pour sa sexualité mais je pense qu’elle aurait mieux fait d’avorter.
« Bonne journée, docteur Strange. »
Stephen… ne… Répond… PAS. Ne lui donne pas la satisfaction d’avoir gagné sur ton manque de professionnalisme. Même si cela signifie qu’il a le dernier mot. Il gagne ou il gagne, c’est comme ça.
« Comptez sur moi pour vous rappeler qu’il y a d’autres vies innocentes que celles des mutants que vous entrainez pour votre milice. »
Evidemment, c’est dit avec professionnalisme et un rendu de son hochement de tête. Il gagne peut-être pas j’ai le dernier mot. Et le professionnalisme. Voilà. Il gagne mais je ne perds pas.
Arrivé dans la Dimension Miroir, je me retourne vers Xavier pour l’observer. Il s’en retourne dans son royaume et je me dis que je pourrais l’enfermer dans celui-ci. Une solution temporaire mais à privilégier en cas d’affrontement. Après, je sais que les connexions télépathiques préexistantes ne sont pas rompues par le passage de l’autre côté du miroir. Xavier serait-il capable de contacter des gens à travers les dimensions ? Je soupire profondément et baisse le visage vers mes mains tremblantes.
Je déglutis.
Je ne peux pas prendre ce risque. Lorsque la confrontation arrivera, je devrais me résoudre à le tuer au plus vite. Les alternatives sont de chercher le pouvoir auprès de ceux qui veulent m’en donner, chose qui les servira plus que moi, puisque je resterais toujours un humain face à lui. Qu’aurait fait l’Ancienne ? A part considérer que Xavier n’était pas une menace provenant d’un autre monde et donc pas la charge des Maîtres des Arts Mystiques ? Je dois devenir plus puissant qu’elle. Qu’eux tous.
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