J'étais là pour elle. Même si elle n'était plus mon apprentie, même si elle n'était pas censée avoir besoin de moi, même si j'avais beaucoup de responsabilités et peu de temps, j'étais là si elle avait besoin d'aide, ou simplement de décharger son trop plein d'émotions sur quelqu'un qui ne la jugerait pas pour ça. Elle pouvait compter sur moi, et j'étais content qu'elle s'en rende compte.
Pour le manque de recul et de remise en question de ses supérieurs - enfin, de l'agent Orchent, pour le coup - je préférais ne rien dire. Peut-être qu'elle le faisait, peut-être pas. C'était pas à moi d'en juger. Quoi qu'il en soit, Emy n'était pas plus convaincue que moi d'obtenir une réponse de sa supérieure. Peu importe, l'essentiel était qu'elle avait fait la démarche. Elles ne seraient sans doute pas amenées à retravailler ensemble avant un moment, puisqu'à son niveau Orchent pouvait choisir les membres de son équipe.
Emy ne voulait pas me déranger, mais elle me remerciait quand même pour la proposition. Certes, se pointer chez moi aurait pu être délicat, surtout maintenant que je vivais officiellement avec ma famille - d'ailleurs Emy devait être au courant, maintenant, de l'existence de ma femme et de mes enfants, même si on n'avait pas pris le temps d'en parler. Mais on pouvait toujours se voir ailleurs. Ou simplement s'appeler, comme elle le suggérait.
« Quand tu veux. Je te préparerai d'autres métaphores. Et je s'rai toujours dispo pour te botter les fesses quand tu en auras besoin. »
Bon, mission accomplie en quelque sorte. Je m'apprêtai à me relever pour partir lorsqu'elle me demanda comment j'allais. Je lui adressai un tendre sourire. Elle se préoccupait toujours des autres, même quand c'était elle qui avait besoin qu'on s'occupe d'elle.
« Je vais bien. Je vais mieux. Beaucoup de boulot, mais ça m'plaît. Et puis j'ai retrouvé ma famille, ils sont auprès de moi maintenant, et ça fait un bien fou. »
Certes, mes nouvelles responsabilités faisaient que j'avais toujours beaucoup à faire, mais ce nouvel aspect du travail me plaisait. J'étais moins sur le terrain, mais quand j'y allais c'était pour des missions importantes, et je passais beaucoup de temps à entraîner les jeunes recrues, ce que j'aimais bien faire. Et pouvoir rentrer à la maison chaque soir pour retrouver femme et enfants était un pur bonheur. J'étais donc sincère quand je disais que j'allais mieux.
« Bon ! J'vais t'laisser bosser, de toute façon faut qu'j'y retourne aussi. Tu prends soin d'toi, d'accord ? »
Je me levai, posai ma main sur son épaule et la serrai brièvement, dans un geste amical et de soutien. Il était temps que je retourne bosser. Mais ce détour par ce bureau n'avait pas été une perte de temps, bien au contraire. Même si ça ne m'avait pas fait plaisir en soi de remonter les bretelles à Emy, j'étais satisfait de l'avoir fait, car je ne l'avais fait que pour l'aider.
24 septembre 2024, Bureaux du S.H.I.E.L.D, Manhattan, New-York
Emy aimait beaucoup Clint parce qu’il avait toujours été là pour elle tout comme Aaron ces derniers mois. Elle avait retrouvé son équilibre grace à ces deux personnes, même si Clint, elle le connaissait d’avant l’accident. Bien sûr, un jour, elle pourrait passer chez lui pour lui rendre visite, mais elle n’aimait pas déranger. Surtout depuis que Clint avait ramené sa famille auprès de lui. C’était peut-être encore plus délicat de venir toquer à la porte un jour où on en a besoin. C’est pour cela que Emy ne voulait pas déranger. Oh, elle se doutait que Madame Barton était une femme très gentille et les enfants aussi, mais Emy n’aimait pas déranger. Clint lui dit alors qu’elle pouvait l’appeler quand elle voulait et qu’il lui préparait d’autres métaphores. Emy eut un grand sourire quand il lui dit qu’il serait toujours là pour lui botter les fesses quand elle en aura de besoin. Elle savait qu’il en était capable. Clint allait partir lorsqu’Emy lui demanda comment il allait. Elle avait beaucoup parler d’elle, mais elle ne voulait pas qu’il parte avant de savoir comment ça se passait pour lui. Il lui dit qu’il allait bien, qu’il allait mieux. Il avait beaucoup de travail, mais c’était ce qui lui plaisait. Et le fait que sa famille soit auprès de lui l’aidait beaucoup. Emy eut un petit sourire. C’était ce que Clint avait besoin. Elle eut une pensée pour son autre frère, James, qui était toujours vivant, mais qu’elle n’avait pas revu depuis des mois... Est-ce qu’il lui en voulait toujours ? Sans doute... Elle secoua la tête avant d’entendre Clint qu’il allait la laisser bosser et qu’elle devait prendre soin d’elle. Emy hocha doucement la tête avant de lui dire :
“Oui, ne t’inquiète pas. Prends soin de toi aussi et de ta famille. C’est important.”
Emy le regarda partir avant de replonger devant son écran d’ordinateur. Certes, Clint était venu pour lui remonter les bretelles, mais il avait été là pour l’écouter aussi. Ce n’était pas Célestine Orchent qui allait démoraliser Emy. Au contraire, c’était le moment de comprendre que Emy, elle était un être humain comme les autres et que parfois, elle pouvait faire des erreurs. Maintenant, il fallait juste qu’elle essaye d’en faire moins !
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