J'aurais du me douter qu'on m'attendait au tournant. Le malheur de ces gens me touchait plus que personne ne l'imaginait. C'était difficile de ne pas répondre à leurs attentes. Nous étions fautifs à bien des égards. Mais je faisais de mon mieux pour que ces gens retrouve de la décence et une vie convenable. Le temps que je pouvais donner ici était aussi important. Et ce que cet homme m'avait dit - même si cela ne m'était pas seulement adressé - me touchait. Bien sûr les choses n'allaient pas assez vite, mais elle avançaient. En attendant, cet homme trouverait du réconfort jusqu'à ce que ce soit possible de retrouver sa vie.
J'aurais du en vouloir à Jericho de ne pas être intervenu plus tôt, mais en fin de compte, cela avait été salvateur de comprendre ce que pouvait réellement ressentir ces gens au quotidien, dans la rue. Je comprenais combien nous pouvions faire du mal, même et surtout sans le vouloir et sans le savoir ou encore sans le comprendre. Cela me responsabilisait encore plus et je pourrais témoigner de ce malheur auprès des autres pour agir différemment. Nous aurions du tous être mis face à ce malheur bien plus tôt pour essayer de répondre différemment et de nous impliquer un peu plus dans la reconstruction après une attaque qui avait coûté si cher au civils.
La journée ne faisait que commencer et je sentais que je serais de nouveau confronter à d'autres scènes de ce genre. Jericho finissait par poser une main sur mon épaule, sûrement satisfait par mon courage d'avoir affronter le regard et la colère de cet homme. Mes paroles seules ne pouvaient avoir d'impact, mais si je donnerais tout pour que les choses bougent en faveur de ces gens.
Il était temps de reprendre notre chemin. Je pensais encore et encore à la réaction de Walt. Je restais silencieux un long moment avant de me tourner vers Jericho alors que nous continuions notre distribution.
- J'aurais du me douter que cela se passerait comme ça. Nous n'avions jamais vraiment été confrontés aux malheurs provoqués après les attaques. Je me doutais que des gens avaient tout perdu, mais je comprend bien mieux leur souffrance. Je fais ce que je peux pour les aider, mais cela ne suffit jamais. Ils restent marqués à tout jamais.
Je sentais une certaine compassion dans son regard, et je comprenais combien ce qu'il faisait était important. Ca l'était pour moi aussi.
- Alors donner mon temps est une chose, mais je ferais en sorte également que vous ayez des moyens, à tous les niveaux possible. J'aimerais que tu me dises de quoi vous avez besoin et je verrais ce que je peux faire.
En attendant, la distribution continuait et les paroles de réconforts suivaient. Ces gens avait réellement besoin de ce réconfort, de se sentir épaulés, aidés. Je savais que je faisais ce qu'il fallait malgré tous les reproches que j'allais essuyer.
La scène avec ce fameux Walt avait sans aucun doute marqué à jamais l'esprit de l'ancien soldat. Au moment où vous alliez partir il vient alors t'expliquer qu'il n'avait jamais vraiment vu ce genre de contrecoup des Avengers. Que cela lui permettait de comprendre la souffrance de l'autre, de se mettre à la place de l'autre. C'était déjà le cas, sans doute. Cependant, la sensibilité du faucon amène à vouloir agir au plus vite. Tu espères simplement qu'il ne va pas s'auto flageller de ses actions. Ce n'est pas simplement que de son fait et il s'agit là plus d'un concours de circonstances. Il souhaite mettre en place tous les moyens mis à sa disposition pour t'aider. Tu lui accordes un nouveau sourire compatissant et tu viens placer ta main face à lui, de manière à lui dire qu'il n'y avait pas de raison de se précipiter inutilement. La détermination de Sam était toujours plus que notable, mais il ne fallait pas confondre engagement avec précipitation.
« Nous aurons le temps d’en discuter. Le fait que tu viennes déjà avec nous, sur le terrain, en tant que bénévole du Lazarus est très précieux pour nous et pour moi. Ne te tracasse trop sur ce que tu viens de vivre. La réalité de la rue est toujours difficile à avaler, mais c’est pour cela qu’on prend le temps d’agir pour le bien de tous. »
La réalité de la rue. C'était d'une justesse plutôt étonnante venant de toi. Les actes héroïques ont forcément des conséquences et ce sont les « monsieur et madame tout le monde » qui payait les pots cassés. C'était pour cela qu'il fallait avancer. Ne pas s'arrêter sur une situation difficile et déployer tous les moyens nécessaires pour venir en aide à la population de la grande pomme. Tu notes bien dans un coin de ton esprit qu'il allait falloir faire un inventaire de toutes les choses qu'aurait besoin le centre. Par ses contacts et son réseau, Wilson pourra aisément trouver du matériel et des fonds pour que l'association puisse prospérer dans l'aide et dans l'humanitaire. Néanmoins, chaque chose en son temps. Pour l'heure, il allait falloir continuer à avancer. Tu remontes alors dans le véhicule avec ton équipe pour voir s'il y avait d'autres personnes dans le besoin. Le but était clairement de leur donner un repas, une couverture et des informations sur le Lazarus Center.
« James t'a repéré d'autres personnes, non ? »
« Ouais… Un groupe de jeunes un peu plus loin, c'était vers cette intersection là-bas. »
James avait le coup d'œil et semblait apprécier un peu plus le jeune Samuel depuis son discours envers le sans domicile fixe. C'était une bonne chose que le faucon fasse finalement bonne impression, même si ce n'était pas gagné. Avec tes trois comparses, tu viens alors te garer vers ladite intersection pour prendre une nouvelle fois un repas à l'arrière du coffre. Tu laisses les autres prendre le soin de prendre une couverture et d'autres repas. En voyant qu'il n'y avait personne, tu jettes un regard surpris à James qui te pointe du doigt la petite ruelle isolée. Tu arpentes donc cette ruelle en cherchant ce fameux groupe, lorsqu'un jeune capuchonner viens te confronter. Son regard est méfiant et ses poings se serrent. Tu aperçois alors tout son corps se transformer en pierre et tu comprends aisément qu'il pouvait s'agir d'un mutant. Ses amis ne tardèrent pas à vous rejoindre pour une confrontation.
« Barrez-vous d’ici ! Vous nous suivez c’est ça ?! »
« On se détend fils… On veut juste discuter. »
Eh bien… Tout le monde semble être sur la défensive aujourd’hui ! Regarde leurs yeux Jericho. Ils sont effrayés. Il va encore falloir la jouer fine pour ne pas te prendre un coup de poing en granite dans la tête. Je suis curieux de savoir comment vous allez encore vous en sortir et si l’Avengers est encore capable de faire des miracles.
Notre balade reprenait et nous allions cette fois nous rapprocher d'un groupe de jeune. James nous montrait le groupe et Jericho roulait lentement vers eux. Le véhicule s'arrête et nous prenons des repas et des couvertures. Nous nous avançons lentement vers eux mais l'accueil n'est pas jovial, là encore. Je comprenais que les jeunes gens étaient sur la défensive comme des chiens de garde protégeant leur territoire. L'un d'eux semblait être un mutant. Il avançait vers nous, suivi de ses comparses, le corps devenu de la pierre et les poings serrés. Il s'avance vers Jericho en l'invectivant.
- Barrez-vous d’ici ! Vous nous suivez c’est ça ?!
Sur ce, Jericho tente le de calmer, je le laisse faire :
- On se détend fils… On veut juste discuter.
Je ne voulais pas croire cette fois que ma présence les menaçait. Il ne m'avait peut-être même pas reconnu. Ils avaient pourtant bien vu que nous avions des vivres et des couvertures. Alors je disais simplement :
- Nous avons des couvertures et des repas, rien de plus. Nous sommes là pour vous aider. Nous sommes bénévoles au Lazarus Center.
La présentation était un bon moyen de peut-être faire tomber la tension. Beaucoup de gens connaissaient le Lazarus. Ils connaissaient les bienfaiteurs qui parcourraient les rues pour distribuer vivres, couvertures et réconfort verbal. Ils ne pouvaient ignorer que nous étions simplement là pour les aider. Il fallait espérer qu'ils accepteraient de nous laisser approcher. Ils voyaient bien que noua n'avions rien de plus que les couvertures et repas que nous avions entre les mains.
Je ne m'étais pas annoncé. Je voulais voir s'ils acceptaient déjà de parler. Il fallait y aller pas à pas dans ces cas là. Nous étions sur leur territoire. Il fallait donc respecter ce fait, Jericho le savait, et attendre qu'ils acceptent notre présence. C'était une négociation amicale pour commencer. On se présentait pour leur montrer qu'on ne représentait pas une menace. Il fallait voir si la tactique fonctionnerait. Je ne parlais cette fois pas en mon nom, mais en celui du centre que je représentais aujourd'hui, un simple bénévole près à aider son prochain, quel qu'il soit.
Tu n'es pas le seul à essayer de calmer les esprits de ces jeunes gens. Sam tentait également de les prévenir que vous n'étiez pas une menace et que vous n'aviez simplement que des couvertures et des repas. De simple mots ne suffiront simplement pas à atténuer leur agressivité. Cependant, tu estimes qu'il fallait tout de même continuer le dialogue. Si ce garçon au pouvoir de pierre utilisait ses pouvoirs contre toi, cela veut dire qu'il pourrait utiliser à nouveau ses capacités sur quelqu'un d'autre. Cela pourrait être un problème avec ce groupe qui pourrait autant se mettre en danger que mettre en péril la sécurité des autres. Il allait donc falloir prendre ses précautions pour que le dialogue ne déborde pas. Si les choses s'enveniment trop il faudra partir, tu le sais. Sam Wilson ne possède pas son costume et tu ne peux pas te permettre de passer toi-même à l'offensive. Tu voudrais conserver ton anonymat et éviter de blesser n’importe qui.
« Premièrement, j'suis pas ton fils et deuxièmement on n'en a rien à foutre de vos repas ! Depuis les attentats de ces saletés de masque je n'ai plus confiance en vous les humains ! »
Oui Jericho. Tu devais bien t'en douter. La raison principale de leur animosité est cette série d'attaque qui a été perpétré par un groupe terroriste paramilitaire et anti-mutant par-dessus le marché. Leur nom était les héritiers et de ce que tu en sais ils ont fait beaucoup de victime au niveau des mutants et même envers les non-mutants. Cela avait eu d'ailleurs un impact médiatique retentissant. Tu avais été touché par ces attentats et par toutes ces vies qui étaient perdues. Fort heureusement, le S.H.I.E.L.D avait réussi à démanteler cette organisation, mais encore une fois cela ne ramènera pas les morts qui avaient eu le malheur de croiser la route de ces personnes prêtes à tout pour arriver à leurs fins macabres. Donc, la question qui se pose est : qui sont ces jeunes gens face à toi ? Est-ce qu'il s'agit de jeunes ayant suivis l'affaire dans les médias et qui étaient profondément choqués par les actions ? Tu ne le penses pas. Vu leurs menaces
« Vous étiez dans les attentats c’est bien ça ? »
« Ouais et qu’est-ce que ça peut te foutre ?! »
« Ne t'énerve pas. Je voulais simplement connaître ton histoire. » Tu commences à tourner les talons pour partir d'ici en faisant un signe de tête au chef de la bande. « Nous n'étions pas là pour causer des ennuis, on s'en va ne vous en faites pas. »
Décidément le chef de la bande qui peut se transformer en pierre n'est franchement pas prompt au dialogue. Voilà qui est bien dommage, mais tu t'en doutais un peu. Après, tu as des craintes sur le fait qu'il puisse avoir des problèmes à utiliser ses pouvoirs à tout bout de champ. Tu tenteras de surveiller le groupe comme tu le pourras et tu ne comptes pas les balancer aux autorités compétentes. Le Shield a sans doute un œil sur eux. Ils ont un œil sur tout le monde. Tu repenses à Samuel et à sa pas première journée qui n'est pas de tout repos. Tu fais ensuite un signe de tête pour continuer à marcher dans la direction opposée au groupe. Il faudra faire un point sur ce qu'il vient de se passer. Le faucon aurait sans doute des choses à exprimer ou des questionnements. Dans tous les cas, l'heure n'est plus au dialogue avec ce groupe. Tu baisses les bras, petit frère ? Déjà ? Ce n'est pas quelque chose qui te ressemble pourtant. Tu pourrais avoir des surprises.
« Attendez… » Tu viens simplement t'arrêter, regarder le jeune-homme qui semblait être en pleine réflexion et le laisser parler. « Nous étions au White Rabbit Hole lorsque ça s'est passé. On a perdu deux de nos copains durant cette attaque et je ne sais même pas comment on a pu s'en sortir. C'était le chaos le plus total dans cette boite… Des flammes et des balles. J'ai perdu connaissance et sans l'aide des personnes qui étaient présentes dans ce bâtiment, je ne serais sans doute pas en train de vous parler. »
C’est parfois au moment où l’on s’y attend le moins que les personnes décident de s’exprimer. Le chef de la bande avait sans doute vu que vous n’étiez pas une menace. Tu viens alors t’approcher de lui et lui tendre la boite de repas en signe de paix. Elle avait sans doute dû refroidir depuis, mais qu’importe. C’était l’intention qui comptait.
Si tu as la moindre question concernent l'event des héritiers ou s'il y a des choses que tu ne comprends pas n'hésite pas à me contacter en priver pour que je puisse éclairer ta lanterne
J'imaginais qu'ils avaient souvent bien du mal avec des gens de ce genre. Il fallait avoir un mental de plomb et une patience d'or pour arriver à se faire accepter dans la rue. Aider de façon même désintéressée devenait un sacerdoce pour ces bénévole qui ne faisait que leur apporter pourtant du réconfort. Mais il était indéniable que notre ami Jericho maîtrisait bien son sujet. Et sur ce coup là, j'étais spectateur. Je le laissais parler et écoutais.
Ce jeune en particulier, un mutant semblait avoir une rancœur profonde en l'humanité, mais cela devenait compréhensible quand on savait ce qui s'était passé au White Rabbit Hole. De nombreux mutant y avait perdu la vie et on pouvait comprendre que le ressentiment était intense. Mais ce n'était pas pour autant que nous étions tous à mettre dans le même panier. De nombreux non-mutant étaient près à les aider.
Le pauvre jeune homme faisait partie des nombreuses victime de ce carnage. Il avait perdu des proches et s'en était tiré par miracle. C'était déchirant de l'écouter parler de cet attentat monstrueux. Il était triste de voir à quel point des personnes étaient prêtes à décimer une population parce qu'elle était différente. Je pouvais comprendre ça bien mieux que n'importe qui. Pourtant, le dialogue était là et nous profitions de ce fait pour faire ce que nous étions venu faire.
Je pensais au plus profond de moi même : "Mais comment des gens peuvent-ils exterminer d'autres personnes sans état d'âmes." C'était pourtant un triste constat qui avait même tendance à se répéter. Ils n'essayaient pas de les comprendre et de les aider, mais les traitaient comme de la vermine, des nuisibles. Tout ceci me rendait malade.
Il valait mieux laisser parler Jericho. En parlant davantage;, j'aurais peut-être briser cette confiance fragile que Jericho avait réussi à établir. Alors je me tenait près de lui et suivait la conversation. Je comprenais combien leur bénévolat était difficile. J'espérais qu'ils connaissaient des jours plus facile. C'était en tout cas une belle entrée en matière.
Le jeune mutant avait donc perdu deux de ses amis lors des attentats des héritiers. Des séquelles traumatiques qui resteraient encrées dans son esprit pendant de longues années et voir même toute sa vie. Tu lui avais donc tendu ce repas qu'il avait finalement accepté. Le dialogue était posé et le change-forme semblait être finalement reconnaissant de ton geste. Même s'il était toujours sur la réserve au moins il ne vous voyait plus comme des dangers. La distribution de couverture et de repas peut donc se faire pour le reste du groupe et tu te devais de rester au final. Histoire de ne pas partir comme un voleur. Il devait sans aucun doute avoir des images de ce qui s'était passé au White Rabbit Hole, il devait encore avoir ce sentiment d'injustice qui bouillonnait en lui. Ce syndrome du survivant qui devait persister dans son être. Tu l'observais avec une certaine compassion. Tu ne pouvais qu'être empathique face à situation.
« Ces enfoirés de masques nous ont pris les nôtres… J’aurais tant aimé prendre leurs places dans l’autre monde. »
« Je peux le concevoir… Je t’assure que je comprends ce que tu ressens. Par contre, si tu laisses cette tristesse te dominer, si tu laisses cette rancœur te submerger alors ils auront gagné. »
« Comment est-ce que tu veux que je me relève par rapport à ça ?! »
« Il faut du temps et de la patience. »
Ce ne sont pas des paroles en l'air. Tu comprends parfaitement ce qu'il était en train de vivre et le fait de prendre la place de ses amis. Lorsque Kaecilius est venu prendre la mienne, tu étais dans un état proche de ce garçon. Sauf que toi, tu as commis l'irréparable en pactisant avec le Baron Samedi. C'est donc une bonne chose que tu décides de le conseiller sur un autre chemin à emprunter. Tu espères en tout cas l'empêcher de faire les mêmes erreurs que tu as commis. Tu lui laisses l'occasion aussi de reprendre des forces. Il était presque midi lorsque vous aviez cette conversation et tu pourras également lui proposer le Lazarus Center lorsqu'il se sentira prêt à avoir un nouveau point de repère. Ce n'était pas la même chose que l'ancien White Rabbit Hole. Pas d'élucubrations, pas de boisson alcoolisée et surtout : des humains et mutants qui devaient coexister dans un même endroit. Tu ne sais pas si le centre pourra gérer des porteurs de pouvoir. Il y a sans doute des endroits qui sont bien plus spécialisés pour gérer les mutants et les optimisés. Tu prendras le temps d'en contacter lorsque tu en auras l'occasion.
« Si jamais tu en as l’occasion… » Tu viens lui tendre une nouvelle carte du centre « n’hésite pas à contacter ce numéro ou à venir à cette adresse. Nous pourrons t’accueillir pendant un certain temps de la journée. Je sais que ce n’est pas un foyer, mais c’est toujours mieux que rien. »
« Je vois… »
Il était temps de s’en aller de nouveau. Ce groupe aurait quelque chose sur lequel s’appuyer. Un phare dans la nuit en quelque sorte. Tu aurais souhaité faire une dernière tape amicale sur l’épaule du jeune homme, mais tu vas éviter d’être trop tactile pour le moment. Tu te contentes donc de le saluer une dernière fois avant de tourner les talons. Une nouvelle situation venait d’être désamorcé et c’était une nouvelle bonne chose. Tu laisses donc le soin à Sam de suivre le groupe pour remonter dans le camion. Tu démarres et tu te permettais de regarder l’heure. Il était temps de faire une pause et de prendre des forces également, même si tu n’avais pas vraiment faim pour ta part. En effet, les personnes que tu avais rencontrées t’avaient remué et tu te disais qu’il fallait faire un point avec l’équipe sur cette matinée. Tu prends donc le temps de rouler et de venir t’arrêter vers une brasserie. Une fois le contact éteint tu te tournes vers Sam afin de lui dire.
Cet homme avait un petit quelque chose de mystique. Je le regardais avec admiration parler et nouer le contact avec un jeune adulte plutôt réfractaire au premier abord, et pourtant, le contact se fait et les paroles s'échange. Il avait un petit quelque chose. Peut-être sa nonchalance naturelle et le verbe léger, presque aérien qui savait sonner dans les oreilles qui pouvaient l'entendre. Il me fascinait. Je souhaitais en apprendre davantage sur l'homme devant moi qui parlait à ce jeune si prêt de nous envoyer dans le décor quelques minutes plus tôt. J'enregistrait chacune de ses paroles me demandant comment il était capable de désamorcer une situation critique avec une telle aisance.
Le jeune homme finissait pas accepter le plateau repas, les couvertures et les bouteilles d'eaux offertes par chacun d'entre nous et Jericho lui confia la carte du centre. Ce jeune avait désormais un point de chute, une oreille attentive et certainement une attention qui lui avait manqué ces derniers temps. Il avait accepté la main tendue qu'un peu plus tôt il aurait refusé catégoriquement.
Il était temps de remonter dans la camionnette. J'étais pensif. Comment arrivait-il à faire cela ? J'avais beau être un bon négociateur, je n'avais pas son talent. J'étais impatient de lui poser ces quelques questions qu'il m'avait suggéré de poser ce matin même. Nous avions besoin de nous restaurer. Jericho nous amenait près d'une brasserie. Il me confiait qu'il était temps de manger. Il voulait sans doute aussi récolter mes impressions, ce qui était normal. Je commençais à sentir la faim me creuser l'estomac même si je n'avais pas vraiment d'appétit. Tout ceci m'avait un peu remué et j'avais plus de questions que je n'avais envie de me restaurer, mais c'était un bon moyen de faire le point sur la matinée et de passer un moment plus posé.
- Je n'imaginais pas que cela soit aussi difficile pour une première journée, je dois l'avouer. Mais je suis impressionné. Je donnais déjà de mon temps, mais je n'avais pas eu à faire avec ce genre de population. En Louisiane, la communauté est bien plus proche de ce que je suis, ce que je représente. Le contact se fait donc plus aisément. J'ai beaucoup appris ce matin, je dois l'avouer.
J'attendais avec impatience d'entendre le ressenti de Jericho et peut-être même des autres. J'avais tant à apprendre d'eux. Leur travail au quotidien était loin d'être facile, mais je n'imaginais pas à quel point. L'humilité dont ils faisaient tous preuve forçait le respect. On ne pouvait le comprendre qu'on étant avec eux et en voyant le travail réalisé au quotidien.
Vous entrez dans la brasserie et vous vous installez à une table pour quatre. Un environnement rustique et chaleureux. Tu connaissais bien cet endroit et l'équipe était toujours à son aise. Un serveur arrive et vous prenez commande chacun votre tour. Tu avais pris un steak à cheval avec un verre de rhum en guise d'apéritif. Durant l'attente Sam t'affirmait qu'il trouvait votre travail difficile. Il avait ses habitudes en Louisiane et semblait plutôt impressionné par votre façon de faire. Tu prends une gorgée de rhum tout en lui souriant. Lance et James discutaient de leur côté et tu étais donc en face de l'Avengers. Selon-toi, il devrait être impressionné par lui-même. Il avait un certain talent dans la négociation avec ce sans abri et il semblait également avoir une certaine expérience dans le domaine. Qui plus est, il avait une volonté inflexible de faire le bien autour de lui, de réparer les torts qu'avaient causés les héros dans New-York. C'était clairement un homme sur lequel tout le monde pouvait compter et tu peux enfin prendre ce temps de faire un point avec lui.
« C'est ce qui sort de ta bouche qui te maintient en vie. C'est ce que disait Bob Marley en tout cas… » Une phrase énigmatique, mais tu essaies d'apporter le plus de réponses possibles au faucon. « La vie de beaucoup de gens de New-York ont basculés depuis les évènements de ces dix dernières années. L'attaque des Chitauris, le snap de Thanos, le jour des héros et les attaques des masques. En une seule matinée, tu viens de ressentir ce que la rue ressent, ce que les personnes viennent de perdre. Ce n'est pas une mince affaire à gérer. Tout le monde est sous tension et tout le monde semble avoir besoin d'un peu de réconfort. Il faut avoir le sens des mots pour apaiser les cœurs. »
Tu t'arrêtes dans tes propos en voyant vos commandes arrivées. C'était un moment d'accalmie dans toute cette matinée sous haute volée. Lance, James et toi annoncèrent un bon appétit et vous pouvez ainsi commencer à manger. Attaquant ton plat et sirotant ta boisson favorite, tu hésitais sur les prochaines paroles à employer envers le vengeur. Tu voulais te livrer un peu plus sur lui. Te livrer sur ton parcours et sur les raisons de ton travail ici. Tu avais de la tendresse envers cet homme. C'était sans doute le début d'une belle amitié. Tu n'aurais jamais cru être copain avec une telle célébrité, avec un tel héros de notre époque. Pourtant, la vie semble réserver de belles surprises et tu étais toujours admiratif de l'engagement du natif de Louisiane. Tes autres collègues ne savent évidemment pas ta seconde nature plus mystique. Cependant, ils en savent un peu sur ton passé troublé et sur les raisons d'un tel calme de ta part lorsque tu côtoies le désarroi de ce sans domicile fixe et de ce groupe de mutants. Tu estimes que Sam Wilson mérite d'en savoir un peu plus sur toi.
« J'ai fait des études de psychologie sur Haïti. J'avais un frère ainé là-bas. Il s'appelait Daniel et il était bien plus digne et bien plus doué dans son domaine que je ne le serais jamais… » Tu prends un temps de pause. Le regard vide vers ta boisson alcoolisée. « Malheureusement, il a été assassiné, dans un règlement de compte. Alors, je pense avoir cette capacité de comprendre la souffrance de ce groupe de jeunes que nous avons abordés. J'ai cette impression de comprendre la solitude de cet homme à qui nous avons parlé. »
Un blanc s'installe. En entendant tes propos, les deux autres collègues du Lazarus se stoppèrent dans leur conversation. Ils t'écoutaient attentivement. C'est sans doute la première fois que l'Avengers entend parler de mon ancienne existence. Je ne sais pas si c'est une bonne idée de lui en parler. Tu avais offert cette histoire qu'à la jeune Milena jusqu'à présent. Tu ne lui en dis pas plus sur les détails. Tu ne lui expliques pas que ce règlement de compte était en fait une bataille mystique entre les disciples de Dormammu et l'ancien gardien du sanctuaire de New-York. Je comprends le parallèle que tu es en train de faire. Cependant, est-ce que tu connais assez bien l'ancien militaire pour lui dévoiler une partie de ton passé ? Pourtant, l'alcool n'a pas encore affectée ton inhibition. Tu avais simplement le besoin qu'il comprenne le pourquoi du comment. Cette patience dont tu fais preuve envers les autres et cette abnégation envers ton métier.
« Désolé… Je ne voulais pas casser l'ambiance. » Tu continues ton repas. « Tu t'en es bien sortie en tout cas. C'est comme si tu avais fait cela toute ta vie. Impossible de savoir que c'était en réalité ton premier jour. Toutes mes félicitations, Sam. »
Tu ne voulais pas casser l'ambiance… Alors, ne parle pas de mon décès à la première personne. De toute façon je vis encore en toi. Par ta bêtise et également par ton envie de surpasser ma mort. Avec toutes les conséquences que cela établi. J'espère que cela ne fera pas fuir le faucon dans tous les cas.
La pause était la bienvenue, je commençais à avoir faim. Lorsque le serveur avait pris nos commandes, j'avais pris une omelette aux herbes et des pommes de terre sautées avec une bière. Je commençais à manger en écoutant Jericho. Il semblait vouloir m'en dire un peu plus sur lui. Pas une confession, mais une sorte de pacte de confiance. Je comprenais mieux sa façon de parler aux gens. L'expérience s'en mêlait. Mais il avait une profonde compassion, ça crevait les yeux.
- Je comprend d'où vient ton sens de la compassion et d'aider l'autre. C'est évident que quand on a perdu autour de soi, on peut comprendre mieux que les autres. Je ne prétends pas tout connaître, mais j'essaye de comprendre, je me met à la place des gens, tout comme vous.
Il me félicitait sur cette première demi journée. Je me sentais fier de moi et je savais que j'avais fait le bon choix. Au moins, je faisais du concret. Je pouvais faire plus que servir, je pouvais aider tous ces gens pour ce qu'ils avaient vécu et perdu. Nous étions un moment silencieux. J'avais juste dis un bref merci avant de reprendre mon repas. J'étais accepté dans leur groupe et je savais que ce n'était le début d'un belle aventure. Je me sentais enfin utile. Mais la journée n'était pas terminée.
C'est la première fois que tu voyais un homme faire preuve d'autant d'humanisme. Lorsque vous aviez commandé, tu avais jugé bon de te révéler un peu auprès de lui. Pas autant qu'il ne le fallait, pour sûr, il fallait tout de même que tu gardes secret ce rôle de maître des arts mystiques. Néanmoins, ce qu'il te répondit te fit chaud au cœur. Il semble comprendre tout à fait la compassion que tu avais pour les autres. Il semble également comprendre le pourquoi du comment. Perdre un être proche apporte plusieurs solutions à celui qui a été meurtri. La première est de se lamenter sur son sort en espérant que la douleur passe, la deuxième et de vouloir se venger à tout prix envers le bourreau de sa perte et la dernière solution est de faire en sorte de réparer autour de soi à défaut de réparer son quotidien. N'oublie jamais que tu as failli céder à la deuxième tentation en voulant te venger te mon assassin. Finalement par mes conseils et par ta foi envers l'humanité, tu as choisi la dernière solution.
« Tu fais bien Sam. Se mettre à la place de l’autre est une preuve de bon sens et de loyauté envers les plus démunis et tu as tout mon respect par rapport à cela. »
Le repas est bon. Tu prends le temps de quelques gorgé. Ce n'était pas tous les jours que tu pouvais te restaurer avec un Avengers. Le moment aurait pu être immortalisé, mais il te paraissait très malpoli de lui demander une photographie. Tu te contentes alors de terminer ton repas et d'écouter sa question qui était simple à comprendre. Qu'est-il prévu pour l'après-midi ? C'est simple. On reprend les mêmes et on recommence. Livraison de draps et de repas pour le reste de l'après-midi. Après cela, un point sera fait au Lazarus Center pour échanger une dernière fois sur cette journée. Il y avait encore du travail sur la planche. La solitude, la précarité et les inégalités ne prennent pas de pause et il faut toujours être sur le qui-vive. Cependant, tu avais cette certitude de pouvoir compter sur la nouvelle recrue pour être au taquet. De toute façon, s'il avait la moindre mission qui se profilait, la moindre intervention à devoir faire face et à devoir s'habiller de son costume du faucon, tu le laisserais partir sans sourciller. Les menaces planétaires et la sécurité du monde était privilégiés par rapport à son bénévolat au sein du centre de Lazarus.
« Nous allons continuer sur notre lancée. Distribution de couverture et de repas. En n’oubliant pas de bien communiquer auprès de notre centre d’aide. »
Le repas se termina et tout le monde avait, semblerait-il, mangé à sa faim. Tu décidas de payer la note pour tout le monde, une nouvelle preuve de ta générosité. L'après-midi était plutôt calme par rapport à la matinée. Il y avait des gens dans le besoin, certes, mais ils n'étaient pas aussi méfiant de ce que vous aviez vu pendant ce matin. Les repas et les couvertures se vidèrent et vous ne tardiez pas à avoir fait le tour de Hell's Kitchen. C'est dans une humeur un peu plus apaisée que vous rentriez au Lazarus. Tu te garais vers le parking en coupant le contact et lorsque tu entras dans le centre tu pouvais observer la vie qui était présent dans ce centre d'aide. Des personnes se faisant soigner et se reposant dans ce petit havre de paix. Angelo et Tiphaine avaient fait bon travail à rester surveiller l'établissement pendant votre absence. La fin de journée se profila alors et il était temps de faire un bref point avant de se dire au revoir. Tu avais donc pris soin de réunir toutes tes équipes en concluant avec des propos bienveillants.
« Voilà une journée de remplie. Je me doute qu'elle a été éprouvante pour les uns autant que pour les autres. Mais, c'est de beau boulot tout de même. Est-ce qu'il y a de dernières questions ? »
Personne ne semblait en avoir. Peut-être Sam ? Dans tous les cas, une fois que cela sera fait, vous pourrez fermer boutique pour ce soir. Tu dois l’avouer, tu es toi-même plutôt fatigué. C’était une journée plutôt aventureuse, mais dans le fond cela s’est bien passé.
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