J’ai pris une semaine pour réfléchir. Enfin, la réflexion a été rapidement faite mais j’ai pris une semaine pour que l’agacement qui l’accompagnait se dissipe et que je puisse voir si ma conclusion restait inchangée. Elle l’est. Lui ne l’est pas. Raven en a fait les frais. C’était une erreur sur plusieurs plans que d’aller la voir. Que ce soit personnellement ou professionnellement. Elle a pris plus que sa part. Elle a appris plus que sa part. Je ne peux revenir sur cela. Néanmoins, je peux continuer sur ce qui était mon objectif à l’origine. Les Illuminati. Est-ce que les X-Men y auront un représentant ? C’est désormais sur la balance. Celle qui devait être la cheffe de groupe n’est en réalité qu’une mascotte. Celui que je voulais y inviter depuis des mois n’a jamais eu le temps pour discuter avec moi. Pas plus que pour s’intéresser à la communauté qu’il est sensé défendre.
C’en est assez.
Je prends le risque.
Ne pas avoir forcé les choses auprès de Xavier par appréhension vis-à-vis de ses pouvoirs lui a laissé l’oisiveté de ne rien faire alors que les Masques venaient refaire à New York ce qu’ils avaient fait à Kathleen Hunter. J’ai récupéré la gamine à son arrivée à New York City et j’ai récupéré les informations auprès de maître Hamir, puisque la Loge et le Sanctuaire de Londres avaient une entente. J’ai même essayé de guider Nathaniel Pearson jusqu’à l’Institut lorsqu’il est arrivé en ville, à son tour. S’il faut que le projet de coordination de Stark se transforme en ingérence de ma part, cela me va. Les choses ne sont pas à propos de moi. Elles sont à propos des autres. Des victimes des Masques. De l’inaction des X-Men.
Je prends une grande inspiration nasale. La fenêtre du Sanctum Sanctorum, marquée du symbole d’Agamotto, laisse filtrer la lumière de la ville. A mes pieds, mon ombre s’étend en fuite de celle-ci. Elle le fait jusqu’aux escaliers qui mènent à l’étage en dessous. Mon ombre s’agite. Une nouvelle source de lumière apparait. Les étincelles s’écartent rapidement et dissimulent à mon regard le reste de ma demeure pour me dévoiler celle de quelqu’un d’autre. Le Manoir Graymalkin contenant l’Institution Charles Xavier et leur propriétaire à tous deux.
Une botte montante, lacée et sanglée, franchit les étincelles orangées de son bleu royal. Ce même bleu qui s’étend sur le pantalon s’échappant des chausses. Puis sur la robe traditionnelle sans manche qui le recouvre, à l’instar d’une tunique en denim sombre. Les hauts sont enserrés de sept ceintures de cuir ou de tissage dont les boucles cuivrées entrent en écho avec l’Œil d’Agamotto qui repose sur eux, au niveau de mon cœur. Cuivre et bleus sont en complémentarité avec les fermoirs en or à incrustation de rubis et le rouge profond de la laine qui tisse la Cape de Lévitation. Alors que je termine de franchir le portail de téléportation, sa lumière m’auréole les cheveux noirs aux tempes grisonnantes. Mon regard hétérochrome mélange le bleu et le vert mais est, en cet instant, glacial.
J’ignore ce que Charles Xavier peut bien faire à cette heure. Dans les deux sens du terme. Je veux le voir lui et je le verrais, qu’importe les modalités. C’est à lui que le portail m’a amené et, comme cela a affolé Rocket Raccoon en son temps, il n’y a aucune protection pour m’empêcher d’aller et venir comme je le décide. Un Anneau de Téléportation est tout ce dont j’ai besoin pour le trouver et le rejoindre. Un anneau qui se trouve sur l’index et le majeur de ma main gauche, dont les cicatrices ressortent d’autant mieux que le poing est fermé.
« Xavier, énonce-je en guise de salutation, regrettant d’avoir libéré ma colère contre Raven tout en sachant pertinemment, comme l’a découverte la sœur adoptive de mon interlocuteur, que je peux repartir bien vite. Pourquoi est-ce que les X-Men existent ? »
La question a été posée à Raven, qui n’y a pas répondu. C’est une réponse en soit. J’espère ne pas avoir le même laïus concernant leur besoin de réadaptation, d’essayer de vivre avec "tout le reste". Ils observent ? Ils écoutent ? Ils analysent ? Ils obéissent ? Ce ne sont pas des réponses. Qui sont-ils pour s’imposer face à tous les autres ? Face aux Avengers, aux Gardiens de la Galaxie, au SHIELD et à "tous les supers en tout genre" ? Il ne s’agit pas de s’imposer, il s’agit de faire sa partie. Ce pour quoi on existe. Si Xavier voulait s’imposer, rares sont les personnes sur Terre à avoir l’esprit suffisant pour lui résister. C’est l’un de mes problèmes avec le fait de le confronter. Qu’importe mes entrainements dans l’art astral, je ne peux pas lui résister s’il décide d’utiliser ses pouvoirs. Probablement, je ne peux même pas le savoir. Avec le temps et une négociation auprès de Cyttorak, je pourrais surement obtenir l’étrange acier de la Dimension Cramoisie afin de me protéger. Sans doute s’agirait-il d’un point de non-retour. J’aurai aimé garder cette option secrète mais c’est au bon vouloir de Xavier, non au mien. Après, je pense avoir un moyen de le forcer à dévoiler s’il consulte mon esprit ou non. J’ai une exceptionnelle mémoire et la supposition qu’il n’arriverait à rester impassible au souvenir de mon coïte avec sa sœur. Je me dégoute moi-même d’en arriver là, en plus de m’enserrer le cœur, mais c’est pertinent. En définitive, tout le crédit et la bonne foi accordée lors de notre rencontre en 2018 aurait simplement pu être son fait. Pas le mien.
Dire que la semaine avait été éprouvante aurait été un euphémisme. Après les attentats anti-mutants qui avaient ébranlé New-York et l'Amérique, la vie à l'Institut avait repris son cours tant bien que mal. Deux enseignantes et une élève avaient été directement touchées, heureusement sans blessure grave. Par chance, aucun pensionnaire n'avait été tué. Mais plus de quatre cents personnes, en grande majorité des mutants, avaient perdu la vie au cours de ces attaques terroristes, ce qui avait une triste influence sur le moral des élèves et des adultes.
Le professeur Xavier, quant à lui, avait passé beaucoup de temps dans les locaux du S.H.I.E.L.D. et dans la salle du Cerebro pour aider à démanteler l'organisation des Héritiers. Cela leur prendrait encore quelques semaines d'investigations et d'interrogatoires, et explorer la psyché d'exterminateurs de mutants qui les considéraient comme le mal incarné n'était pas vraiment plaisant pour le télépathe. Lorsque sa foi en un avenir meilleur pour les mutants était trop mise à l'épreuve, il se consolait en songeant que cette secte terroriste n'existerait bientôt plus et qu'il avait grandement contribué à sa dissolution.
Dès le début de la semaine suivante, il se rendrait en Europe pour retrouver le laboratoire que Nathaniel lui avait indiqué. Puisque ses carnets avaient disparu durant l'assaut contre la base des Héritiers, il était impératif de rapidement vider le laboratoire de son contenu. Charles surveillait les lieux à distance, pour s'assurer que personne ne s'y rendrait avant lui. Il ferait l'aller-retour en personne lundi.
Mais pour l'heure, c'était le week-end ! Lynda avait pu se libérer pour la nuit et ils passaient la soirée en amoureux. Ils n'avaient pas pu se voir depuis quinze jours, et pour la mutante médecin qui vivait au cœur de la ville, cette semaine post-attentats avait également été très rude. Après avoir dîné en tête à tête dans la petite cuisine de l'Institut - Charles avait fait livrer un bon repas par un traiteur - ils montèrent rapidement dans la chambre du directeur pour profiter le plus possible du temps qu'ils pouvaient passer tous les deux.
S'ils commencèrent sagement par allumer la télévision, ils ne regardèrent que les premières minutes du film. Ils avaient accumulé tant de tension et de sentiments négatifs qu'ils avaient tous deux un grand besoin d'amour et de tendresse. Les vêtements furent rapidement retirés et balancés sur le sol de la chambre. Après quelques préliminaires, Lynda enfourcha Charles - son handicap ne leur permettait pas de varier beaucoup les positions - mais alors qu'elle venait tout juste de commencer les mouvements de va-et-vient sur lui, la pièce fut illuminée par un grand cercle d'étincelles.
Reconnaissant là un portail de téléportation de sorcier, Charles se redressa vivement pour attraper la couette et recouvrir Lynda - qui le recouvrait lui - mais le docteur Strange avait déjà traversé le cercle et prit la parole, sans se soucier le moins du monde de déranger. Il eut donc quelques instants pour observer le spectacle de deux corps nus entrelacés avant que le drap ne les recouvre et que Charles ne s'exclame :
« Docteur Strange ! Bonsoir. Il me semble que vous connaissez ma compagne, Lynda Mac Taggert ? »
Charles était un gentleman. Il s'efforçait de rester calme, digne et courtois en toutes circonstances. Si Lynda put aisément le sentir se crisper alors qu'il faisait au mieux pour couvrir leur nudité et leur pudeur, il s'adressa néanmoins à leur invité surprise comme si tout était normal et qu'il les avait simplement interrompus pendant qu'ils prenaient le thé.
« Comme vous pouvez le constater, nous étions occupés. Je vous saurais gré de sortir de la chambre quelques minutes. Le temps de me rhabiller et je suis à vous. Enfin, façon de parler… »
Charles n'était pas certain que cette petite touche d'humour suffise à désamorcer la situation. Il savait pertinemment que la relation entre Stephen et Lynda n'était guère amicale, ni même cordiale. Il craignait donc que sa compagne ne réagisse pas aussi calmement et poliment que lui…
5 octobre 2024, soirée, chambre de Charles, Institut Xavier
Les attentats anti-mutants, c’était ainsi qu’ils avaient été nommés ou l’attaque des héritiers - puisque c’était ce groupe-là qui avait orchestré le massacre - avait eu lieu il y a tout juste une semaine et le monde de Lynda avait pris une sacré claque. Elle qui avait réussi à faire en sorte que dans son Refuge la tolérance soit de mise avait depuis près d’un an déchanté… le chasseur de têtes il y a quelques mois et maintenant les héritiers… Une sombre pensée qui avait obscurci son visage depuis plusieurs jours craignant la prochaine menace… L'hôpital avait été pris d’assaut ce soir-là et par la suite, c’était la traque des héritiers qui avait été mise en place. L’idée d’une véritable chasse à l’homme ne lui plaisait pas mais forcée de constater qu’il y avait désormais une fêlure dans la confiance qu’elle donnait aux Hommes, elle ne pouvait que panser ses plaies tandis que Charles avait travaillé sans relâche pour aider à les mettre hors d’état de nuire et Lynda le savait, cette tâche n’était pas encore terminée. De son côté, la mutante avait dû faire face aux conséquences de ces attaques, plusieurs mutants, réfugiés du refuge avaient été directement touchés, tout comme des membres de l'hôpital dans lequel elle travaillait. Les mutants existent, c’était un fait mais beaucoup étaient cachés non révélés au monde. Si Lynda ne cachait pas ses pouvoirs elle se demandait désormais s’il ne faudrait pas mieux pour elle de ne plus les révélés. Une façon de penser qu’elle avait opérée lorsqu’elle était à l’armée mais qui dorénavant semblait vitale à sa survie.
Le week-end était arrivé et Lynda avait réussi à se libérer de ses obligations professionnelles et Jessy était avait ses amies. Sans attendre, elle avait préparé un petit sac, une préparation devenue courante maintenant qu’elle faisait souvent l’aller-retour en New-York et l’Institut. La soirée s’annonçait reposante pour une fois et surtout propice à un moment en amoureux. Car oui, si Lynda se rendait à l’Institut ce n’était principalement que pour voir Charles désormais. Hank était reclus dans son laboratoire et l’infirmerie n’avait pas lieu de recevoir ses consultations, de fait lorsqu’elle venait dans ce manoir, c’était pour Charles. La soirée avait parfaitement commencé, un dîner en amoureux, une conversation plaisante, un début de film qui avait pris court lorsque la tendresse de l’instant avait pris le pas sur la solennité de cette soirée. La main de Charles sur sa peau, le regard échangé des deux amants et l’instant suivant Lynda était sur Charles, totalement dénudés l’un comme l’autre, entrant lentement dans une danse qu’ils désiraient autant l’un que l’autre. L’instant aussi fougueux et passionné soit-il fut de courte durée car interrompu par une intrusion que Lynda n’aurait pas cru possible.
« Strange ! »
Lynda se plaqua aussitôt sur Charles pour protéger la nudité de son corps alors que celui-ci remontait rapidement le drap sur eux. Son regard si doux et tendre il y a encore quelques secondes se dirigea sur Stephen Strange avec des iris noir de colère et de frustration. Sa main cachée sur la couette qui était sur le torse de Charles se ferma en un poing qu’elle lui aurait bien mis en pleine figure. Charles parle le premier mais elle aurait voulu ajouter tout un tas de noms d’oiseaux à sa requête. Pour autant elle ne bougerait pas tout pendant que Strange n’aurait pas daigné quitter la pièce pour leur laisser l’intimité nécessaire. Cependant, elle savait que la conversation ne serait pas non plus éternelle - surtout connaissant les deux hommes - et que plus vite Strange aurait ses réponses, plus vite il dégagerait partirait.
Ne pas avoir forcé les choses auprès de Xavier par appréhension vis-à-vis de ses pouvoirs lui a laissé l’oisiveté de ne rien faire alors que les Masques venaient refaire à New York ce qu’ils avaient fait à Kathleen Hunter. Je constate l’oisiveté. Considérant l’horaire, je me dis que les élèves et le personnel ne doivent pas partager les mêmes locaux au sein du Manoir Graymalkin sans quoi beaucoup pourraient se douter de ce qui se trame ici. Sans parler de ceux possédant des perceptions accrues. Certains imagines des choses, d’autres les pratiquent. C’est ce qui se passe ici.
Je me souviens du coït. Xavier le fait.
« Strange ! »
Je connais la voix et n’ai pas le temps de corriger que l’autre s’en charge.
« Docteur Strange, énonce-t-il avec calme alors qu’il tâche de cacher la femme sous les draps et à mon regard froid. Bonsoir. Il me semble que vous connaissez ma compagne, Lynda Mac Taggert ?
- Oui, réponds-je simplement en me demandant si prendre des nouvelles de Wilde est pertinent présentement ; pour la double utilité de la provocation et du fait que je n’effectue pas le suivi psychologique de l’adolescente. Mac Taggert. »
Je me contente d’un salut de la tête lorsqu’elle est capable de le voir. Sa colère m’indiffère. Qu’elle me fusille du regard comme cela lui vient, ça ne changera rien. Mac Taggert est capable de me tolérer lorsqu’il s’agit de sauver sa vie, celle de son assistance, celle de sa fille et celles dans son refuge. Elle devra tolérer mon implication ce soir, même si aucun de ses proches n’est en danger.
« Comme vous pouvez le constater, nous étions occupés, continue un Xavier comme si j’en avais quelque chose à faire ; cela fait depuis la fugue de Jean Grey qu’il est occupé ainsi cet état de fait n’a plus aucune valeur à mes yeux. Je vous saurais gré de sortir de la chambre quelques minutes. Le temps de me rhabiller et je suis à vous. Enfin, façon de parler…
- Vous en avez trois, réponds-je froidement alors que mon portail de téléportation se réduit dans mon dos. Et c’est littéral. »
Je me retourne alors que les étincelles complètent encore un peu l’éclairage permis par la télévision. Tous deux m’offrent de quoi repérer la porte d’entrée et je m’en vais vers celle-ci. L’ouverture est sans cérémonie. La fermeture non plus.
Je regarde le couloir cossu qui m’environne en me disant que je suis peut-être le premier humain non-mutant à y mettre les pieds. J’avance de quelques pas en détaillant les locaux, dont la parenté avec le Sanctuaire se retrouve dans cette architecture et cette décoration coloniale. Ensuite, je m’arrête en me demandant si Jean Grey est présente. Pas le Phénix, que tous appellent Jean Grey car ils n’ont connu qu’elle, mais bien la personnalité originelle qui s’est retrouvée enfermée dans un souvenir parce que Xavier le jugeait préférable. A-t-elle de nouveau disparu de cette vie qui lui a été volée ? A-t-elle trouvé un terrain d’entente avec l’autre personnalité et appris à vivre avec le TPM ? Y a-t-il encore eu des manipulations télépathiques dans cette histoire ? Je soupire et reprends ma marche.
Ces putains de télépathes m’énervent. Tout comme les "X-Men" qui, étonnamment, en regroupent le plus grand pourcentage. Leur puissance vient de là. Le fait qu’on les prenne au sérieux aussi. La Confrérie n’a pas pareils éléments et n’est pas particulièrement considérée comme une menace ; malgré la présence du danger planétaire qu’est Magneto. D’ailleurs, amusant de voir que les X-Men ne sont pas énormément à la recherche de celui-ci. Un sujet à aborder avec le SHIELD, sans doute. Nouveau soupire alors que je réfléchis à la preuve vivante de la connivence entre X-Men et Confrérie : Darkhölme. Darkhölme qui s’est éloignée de l’Institut et faisait sa vie à New York pendant que Xavier faisant sa vie ici. Darkhölme qui a été dévastée par mon passage, parce que j’ai cru qu’elle avait les épaules et une quelconque influence sur la gestion des X-Men. Je n’aurais pas dû aller la voir. Quant à son éloignement de l’Institut, je me demande s’il ne s’agit pas d’une preuve que les X-Men n’existent pas réellement. Si elle en était la cheffe, s’éloigner ainsi n’aurait pas été sage ; même si le téléporteur présent lors de la capture de Maximoff peut se charger de la récupérer en cas de besoin. Néanmoins, même le fait de ne pas en être la cheffe n’enlèverait rien à la symbolique du fait de quitter l’Institut. Je vais avoir à me renseigner là-dessus. Son lieu de vie à New York n’avait pas l’air d’un point de surveillance de la ville et elle en aurait parlé pour démontrer qu’ils étaient actifs, si cela avait été le cas. Non, il y a plus derrière cela. Observer, écouter, analyser, obéir, ne pas s’imposer… et si c’était sa façon à elle d’aborder les choses ? Je retiens ma respiration et m’immobilise.
Je vais attendre de voir ce qu’en dit Xavier, tout en sachant qu’il a possiblement épié toutes mes considérations. A défaut d’avoir vu que j’ai baisé sa sœur, il sera au moins pleinement conscient que je lui ai brisé le moral. Nous tâcherons que cela ne soit pas une occasion de plus pour lui d’être occupé… tout en anticipant que ça soit une occasion pour moi de lui faire mal sous le coup de la colère. S’il faut que des proches des X-Men souffrent pour qu’ils se décident à agir, j’aurai au moins la réponse de pourquoi ils existent. Ils seraient la milice privée de Charles Xavier et n’auraient d’autres ambitions que de protéger son Institut et ses proches. Je prends une inspiration et reviens sur mes pas.
Si Charles s'était naturellement crispé à cause de l'impudeur de la situation, Lynda s'était raidie sous le coup de la colère que provoquait en elle l'intrusion de cet homme qu'elle ne portait pas dans son cœur. Son compagnon l'avait déjà connue froide, sur la défensive, mais jamais en colère. Il n'aimait pas voir cette animosité dans ces jolis yeux verts qui reflétaient habituellement tant de douceur et de gentillesse. Cela lui ressemblait si peu.
Le sorcier ne fit rien pour arranger les choses. Visiblement peu concerné par sa propre inconvenance, il ne parut pas le moins du monde gêné ou désolé pour son intrusion et la réponse qu'il fit au directeur de l'Institut lui déplut fortement. Mais pour qui se prenait-il ? Il n'avait certainement pas d'ordre à lui donner. Charles resta poli mais son ton se fit un peu plus froid lorsqu'il répondit à son invité indésirable avant qu'il n'ait quitté la pièce :
« Je crains que vous n'ayez à patienter davantage. Ma condition physique ne me permet pas de répondre rapidement à vos exigences impromptues et vos yeux en ont assez vu pour ce soir. Vous attendrez donc dans le couloir jusqu'à ce que je sois prêt à converser avec vous. »
Après que Strange soit sorti de la chambre, Charles se retint de pousser un soupir d'exaspération. La colère de Lynda était encore bien trop forte et il ne voulait pas verser de l'huile sur le feu. Après avoir déposé un chaste baiser sur sa joue, il la serra quelques instants contre lui et lui dit à voix basse :
« Je suis navré de ce contretemps. Mais s'il a éprouvé le besoin de venir ici sans s'annoncer au préalable, c'est que l'affaire doit être importante. »
Dans le contexte actuel, avec les tragiques évènements récents, la présence du sorcier suprême à l'Institut était même inquiétante. Charles aurait évidemment préféré rester dans le doux cocon de sa chambre avec sa bien-aimée, mais le devoir l'appelait, de toute évidence. Lynda le comprendrait sûrement. Elle ne répondit rien mais l'aida à ramasser ses vêtements éparpillés sur le sol afin qu'il puisse se rhabiller efficacement, bien que plus lentement qu'une personne valide.
Lorsqu'il sortit de la chambre, il trouva le docteur Strange planté devant sa porte. Le professeur haussa brièvement un sourcil désapprobateur mais ne fit pas de commentaire. La porte se referma derrière lui, sans doute claquée par une Lynda encore bien agacée par le comportement du sorcier. Charles, quant à lui, ne comptait pas revenir sur ce qui venait de se passer.
« Venez dans mon bureau, nous y serons plus à l'aise pour discuter. »
Il n'accorda pas à Strange le sourire amical et bienveillant qui ornait pourtant si souvent son visage. Il avança son fauteuil vers l'ascenseur pour conduire son invité jusqu'au rez-de-chaussée sans ajouter un mot jusqu'à ce qu'ils soient arrivés dans son bureau. Il ne prit pas non plus la peine de proposer une collation ou un rafraîchissement au sorcier, puisque celui-ci était visiblement trop empressé pour s'embarrasser des convenances.
Xavier craint que je ne doive patienter plus que trois minutes. Je n’ai cure de sa condition physique et si sa compagne ne suffit pas à l’aider je peux m’en charger aussi. Je n’ai jamais essayé d’habiller quelqu’un d’autre par transfert quantique mais ça ne me prendra pas trois minutes de le faire. Quant à en avoir assez vu pour ce soir… j’en ai déjà assez, assez vu et assez fait. Peut-être même trop dans toutes les catégories. Je n’aime pas son ordre mais je n’ai pas le choix, sans que je puisse jamais savoir si c’est ma décision ou la sienne. Je dois réussir à développer le bouclier spirituel ou à obtenir de Cyttorak le métal immunisant à la télépathie. C’est un impératif. L’entrainement à l’astral est plus simple et moins dangereux, mais plus long. J’ai réussi à apprendre la Projection Astrale avec des années d’avance mais le reste du domaine me pose des difficultés. J’en soupire nasalement avec une violence sèche.
Ma balade ne fait rien pour me calmer les nerfs. Pas plus que la semaine prise pour réfléchir afin de ne pas exploser. En plus de la colère de l’inaction des "héros" communautaristes des mutants alors même qu’ils avaient beaucoup d’informations sous la main et juste besoin d’agir pour prévenir, il y a la colère du fait que ce soit Raven qui ait ramassé alors que son rôle dans l’organisation est illusoire. Peut-être aussi illusoire que l’organisation elle-même. A quoi sert cet Institut, si ce n’est entrainer des X-Men ? Venir en aide à une poignée de mutants sélectionnés selon des critères occultes et qui n’auront pas la reconnaissance nécessaire à vouloir rester auprès de leurs mentors afin de former la nouvelle génération ? Entre les Avengers qui ne forment personne alors qu’ils ont perdu des membres et les X-Men qui peuvent former des gens alors qu’ils ne font rien, heureusement que le SHIELD a été remis en fonction. SHIELD à qui il manque des télépathes… même si ce n’est pas réellement une mauvaise chose. Kamar-Taj compensera très vite cette faiblesse, de par l’accès à l’art astral ; même s’il est l’un des plus difficiles. Je souffle encore une fois : pas certain qu’avoir des télépathes soit un bon plan de notre côté non plus. Des résistants et des immunisés, c’est une nécessité et cela arrivera. Une fois que ça sera fait, il n’y aura plus grand monde pour pouvoir nous arrêter. Heureusement que nous connaissons notre place et que nous savoir la garder. Pour la plupart. Je suis au-delà de ma fonction ce soir. Dommage que je ne puisse pas en avoir rien à foutre, moi aussi.
Une porte claque. Un chauve roule. Un con se retourne vers tout cela.
« Venez dans mon bureau, déclara-t-il sans que je sache s’il s’agit d’une invitation ou d’un ordre, nous y serons plus à l'aise pour discuter.
- Ne le soyez pas trop, invite-je de mon côté, sans plus de sourire ou de bienveillance, alors que je lève ma main gauche toujours baguée de l’Anneau de Téléportation. Après vous. »
Quelques tours de main droite me permettent d’ouvrir un portail étincelant vers la pièce visée, puisqu’il est hors de question que je me retrouve à attendre l’ascenseur et à profiter de la promiscuité agaçante d’une telle boite pour avoir à discuter. Si la téléportation n’intéresse le Professeur, je l’attendrais dans la pièce probablement fermer à clé puisqu’elle ne saurait se préserver de moi. Chacun ses avantages : les X-Men ont ces putains de télépathes, les Maîtres des Arts Mystiques ont ces saletés de téléporteurs. Le SHIELD a des informaticiens et les Avengers… non, eux s’en sortent bien au niveau de ne plus emmerder personne. Stark est mort.
Debout entre le petit salon et le bureau, je garde les bras le long du corps et tâche de ne pas exploser tout de suite malgré la difficulté d’un Xavier qui a déjà oublié la question posée précédemment. Je le répète donc lentement, prenant soin d’articuler.
Charles regarda la chorégraphie des mains de Strange et le nouveau portail étincelant qui s’ouvrait devant eux, donnant sur l’intérieur de son bureau. S’il s’en serait d’ordinaire émerveillé – cette magie était puissante et belle à observer – le professeur estimait que l’usage qu’en faisait le sorcier était bien trop intrusif et pour le coup peu utile. L’ascenseur ne leur aurait pris que deux minutes de leur temps. Mais il passa à travers le cercle magique malgré tout, ne tenant pas à accentuer leur agacement mutuel.
Une fois dans le bureau, il s’approcha de la porte pour actionner l’interrupteur et allumer les lumières de la pièce, tout en posant sa question. La réponse était une autre question, la même, mot pour mot, que Strange avait énoncée en pénétrant sans crier gare dans sa chambre. Le professeur fronça les sourcils, se tourna vers le magicien, le fixa quelques instants en silence, avant de finalement répondre :
« Je ne vois pas en quoi cela vous concerne, d’autant plus que vous ne devriez même pas être au courant de l’existence de ce projet. »
Il n’y avait donc pas que la magie de Strange qui était intrusive. Certes, le sorcier avait pour mission de protéger la Terre, il n’était donc pas incohérent qu’il ait fait des recherches sur Charles Xavier et son groupe de mutants, surtout après qu’ils aient débarqué sans explication devant le manoir de Graymalkin Lane, d’un bond de trente-cinq ans et de cinq-mille-six-cents miles. Mais en quoi le projet X-Men pouvait-il le concerner ? Et qu’en savait-il ? Estimant qu’il ne courait pas de grands risques à évoquer le passé, le professeur apporta quelques explications, partielles certes, mais qui répondaient à la question.
« Mais puisque vous avez pris la peine de venir me déranger, je peux bien vous donner un rapide cours d’histoire. Le groupe des X-Men a été créé pour contrer les projets d’un groupe de mutants qui voulait déclencher la troisième guerre mondiale. Le groupe s’est reconstitué une seconde fois pour empêcher un évènement qui aurait causé la traque intensive de tous les mutants de la Terre jusqu’à provoquer leur extinction, puis une troisième fois pour arrêter un mutant extrêmement puissant qui menaçait d’annihiler l’espèce humaine. »
Ce n’était probablement pas la réponse que le sorcier attendait, mais comme celui-ci n’avait pas fait d’effort pour clarifier la raison de sa venue, le professeur ne pouvait pas deviner ce qu’il sous-entendait par cette question. Enfin si, il le pouvait, bien évidemment, mais il n’y tenait pas. Il n’avait aucune envie d’entrer dans la tête de Strange à son insu et n’était pas d’humeur à jouer à lire entre les lignes. Si le sorcier avait quelque chose à dire, qu'il le dise franchement. Cela semblait bien être dans ses habitudes.
Lorsque l’éclairage artificiel vient outrepasser celui de mes étincelles et s’échapper dans la nuit à travers la grande fenêtre du bureau de Xavier, je laisse mon portail de téléportation se refermer. Après avoir fixé le propriétaire des lieux pour poser ma question, j’hésite à me tourner vers la fenêtre afin d’y canaliser ma colère. Puis sa réponse me convainc de continuer à lui faire face en m’arrachant un ricanement muet.
"Je ne devrais même pas être au courant de ce projet".
« Lorsque l’on voit débarquer les héros du siècle dernier, on ne s’attend pas à les voir glander, réponds-je vivement. Lorsqu’on vient les aider à arrêter la Sorcière Rouge, on sait qu’ils sont de nouveaux actifs. Même si ce n’est pas une "mission X-Men mais un sauvetage d’amie". »
A moins que Xavier n’envoie des adolescents non préparés au combat, cela va de soi. Ce qui ne serait pas incohérent avec le fait que, sans mon intervention et ma défiance du plan fait par Barton et lui, le faux assassinat de Barnes par "Loki" aurait abouti soit à la mort de Raven – sacrifice compréhensible considérant la différence de puissance entre elle et Maximoff mais nous ne sommes pas aux échecs – soit au dévoilement de la trahison de leur téléporteur afin qu’il sauve le meurtrier et donc antagonise à nouveau la sorcière. Sans parler de l’éventualité que ladite sorcière ne les tue tous, ou transforme tous, avec la bulle de magie du chaos. Je n’ai pas besoin de ses remerciements, pas plus que de ceux de quiconque. Qu’il ne me prenne pas pour un con, en revanche…
Alors qu’il continue de parler, je me tourne vers la fenêtre pour fixer mon reflet et la campagne qui se trouve au-delà. Le cours d’histoire prétentieux m’arrache un sourire sarcastique. Raven a déjà tenté et perdu sur ce point. Au moins a-t-elle essayé de parler d’un présent sur lequel elle n’a aucun contrôle pour se défendre de l’inaction des X-Men.
1962. Crise de Cuba. C’est dans les cours d’Histoire. Tout comme les assassinats perpétrés par Magneto et la Confrérie des mutants dans les années qui ont suivi.
1973. La prise de contrôle des Sentinelles par Magneto.
1983. Bataille du Caire. La tentative de Magneto d’exterminer la vie humaine sur Terre. La preuve qu’il y a un télépathe suffisamment puissant pour contacter n’importe qui sur ladite planète. Xavier.
« Or donc, les X-Men n’existent que pour empêcher les mutants de s’en prendre aux humains, conclus-je. L’inverse ne vont concerne pas. Très communautariste comme raisonnement mais compréhensible. »
Je me retourne d’un quart vers Xavier avant de continuer avec un débit de parole toujours plus rapide.
« Expliquant aussi pourquoi, malgré l’accueil d’Hunter à votre Institution, vous ne vous êtes pas penchés sur les Masques qui ont massacré la Loge de Londres. Ou que vous ne vous êtes pas inquiétés de voir leur symbole apparaitre à New York. »
Sous réserve qu’ils n’ignoraient pas simplement toute cette histoire, qui ne m’a pris qu’une rencontre à découvrir avec Kathleen Hunter sachant que c’était le Sanctuaire de Londres qui venait en aide à la Loge suscitée. Notre erreur a été de considérer les autres partis comme intéressés par l’affaire et suffisamment compétents pour la mener à bien. Mon erreur.
« Si vous avez besoin de trouver Magneto afin de l’arrêter avant qu’il ne recommence, cela ne me prendra que quelques secondes. Comme ça, vous pourrez couler des journées plus paisibles en sachant que vous avez terminé votre travail. »
Lui aussi a survécu à la Bataille du Caire. Il l’a bien fait savoir au monde en souillant la statue des héros à s’être sacrifiés pour montrer qu’il était de retour. Si les X-Men existent pour lui faire face, ils devraient peut-être essayer d’être proactifs plutôt que d’attendre qu’il fasse de nouveaux morts. Soit ce qu’ils n’ont jamais fait au regard de l’Histoire, ancienne comme récente. Sans doute sont-ils trop occupés à observer, écouter, analyser et obéir ; comme l’a dit Raven. Je n’aurai pas dû lui jeter la pierre, elle a raison sur ce point. Elle n’est qu’une mascotte. J’aurai dû braver la télépathie directement plutôt que de la croire comme ayant l’influence de faire bouger les choses et la capacité de faire face aux mauvais aspects de mon être comme elle l’a fait aux bons. Ce n’est pas de la faute de Xavier si je suis ainsi. C’est de sa faute si les X-Men sont ainsi. Maintenant, voyons jusqu’où il est prêt à assumer son Histoire.
« Ayez la même intelligence que Barton, dis-je rapidement en me retournant vers Xavier, dites-moi le jour et l’heure. Je m’assurerai que votre mission se déroule comme prévue. »
"Les X-Men doivent se réadapter et essayer de vivre avec tout le reste", a dit Raven. Les X-Men sont là pour combattre Magneto, a plus ou moins dit Xavier. Peut-être que l’on peut faire d’une pierre deux coups : en usant de la raison qui les a fait exister dans le passé, on les amène à trouver leur place dans le présent. Les Avengers ou le SHIELD ne sont pas capables d’arrêter Magneto, beaucoup trop d’entre eux ont des capacités liées à des objets qu’il pourrait manipuler. Les Maîtres des Arts Mystiques n’ont pas cette mission. Je suis déjà intervenu hors du cadre de la charge de l’ordre et je peux le refaire. Sauf que je ne le fais pas par amitié. Je le fais parce que des gens vont mourir si je n’agis pas.
L'accusation de "glandouille" fit imperceptiblement se raidir le professeur. Pourtant le sorcier avait tous les éléments pour comprendre en quoi ses insinuations étaient fausses. Ils étaient "les héros du siècle dernier", en effet. Pas ceux de l'époque actuelle. Les Avengers avaient brillamment pris le relais. Et ce n'étaient pas les X-Men qui étaient venus sauver Wanda et Willow, mais leurs amis. Mais Charles ne se rabaissa pas à répondre à Strange, qui employait beaucoup de mauvaise foi à ne pas entrevoir ce qu'il aurait pourtant dû avoir l'intelligence de comprendre.
Les accusations suivantes portaient clairement sur l'inaction des X-Men durant les attentats perpétrés par les Héritiers. La raideur du professeur se fit plus perceptible. Il était hors de question que l'on lui reproche de n'avoir rien voulu faire, ou que l'on insinue qu'il avait laissé des centaines de mutants et d'humains être massacrés dans l'indifférence.
« Si vous tenez vraiment à vous plaindre de la non implication des X-Men dans cette affaire, ce n'est pas moi qu'il faut déranger, mais le S.H.I.E.L.D. »
L'agence lui avait clairement signifié qu'elle était déjà sur l'enquête, que ses meilleurs éléments étaient sur le coup et que tout serait réglé rapidement. Suite à l'assaut imparfait mais couronné de succès que le S.H.I.E.L.D. avait mené, le télépathe avait insisté, convainquant enfin Maria Hill de l'importance de son rôle pour démanteler complètement la secte terroriste. Il s'y attelait avec ardeur et n'aurait de repos que lorsque les dirigeants des Héritiers seraient derrière les barreaux et qu'il serait certain qu'ils ne pourraient plus faire de victimes.
« Cela étant dit, apprenez que les attentats sur New York n'étaient qu'une action isolée de cette secte de fanatiques et que je suis actuellement en train d'aider au démantèlement de l'ensemble de cet organe terroriste. »
Les paroles suivantes du sorcier atterrèrent le professeur qui le regarda d'un air effaré. Lynda lui avait pourtant dit que Strange était un homme fort antipathique doté d'un ego surdimensionné. Charles avait nuancé cet avis en songeant que les hommes dotés de grands pouvoirs et de grandes responsabilités disposaient nécessairement d'une certaine arrogance. Mais il commençait à croire qu'elle avait raison à son sujet.
« Mais enfin, pour qui vous prenez-vous ? Magneto n'est pas une menace pour le monde, et s'il le devenait, je saurais m'en occuper. Vous avez une bien étrange façon de proposer votre aide. Si j'ai besoin de vous, je vous le ferai savoir. Mais vos désagréables manières ne m'incitent absolument pas à vouloir faire de vous mon allié. »
Si je tiens vraiment à me plaindre du fait que les X-Men soient des glandeurs, il faut que j’aille déranger le SHIELD et non leurs "chefs". Je me suis trompé de hiérarchie alors. Il me reste donc à aller voir Fury pour savoir quel agent du SHIELD est le véritable chef des X-Men ; ou leur bouc émissaire. Barton ? Il est surement la seule raison pour laquelle les non-X-Men ont pu se mêler de l’arrestation de Maximoff, en compagnie des Avengers. Au moins, les choses sont faites avec lui. Peut-être est-ce le SHIELD également qui a demandé à Xavier de ne pas trouver de temps à m’accorder pendant plusieurs mois ? Après tout, pourquoi traiter entre nous alors que les X-Men sont subordonnés au SHIELD ?
« Cela étant dit, continue le consultant, apprenez que les attentats sur New York n'étaient qu'une action isolée de cette secte de fanatiques et que je suis actuellement en train d'aider au démantèlement de l'ensemble de cet organe terroriste. »
Apprendre quoi ? Qu’ils ont frappé à Londres ? Cela fait des mois qu’Hunter m’en a parlé. Cela fait probablement tout autant qu’elle en a parlé à l’Institut si elle y a trouvé la moindre personne curieuse de son passé et/ou de son rétablissement ! Néanmoins, même la colère refoulée durant toute la semaine ne m’empêche de noter que j’avais raison : le SHIELD n’a rien à foutre des X-Men, c’est le pouvoir de Xavier, et probablement des autres télépathes, qui les intéressent. Le reste, l’organisation a mieux.
« C’est quoi les critères pour être votre allié, réponds-je immédiatement. Vous foutre la paix et dire amen à tout ce que vous faites et ne faites pas ? Avoir trop peur de vous pour oser vous tenir tête et vous remettre en question ? »
J’avance d’un pas.
« Qu’est-ce qu’il vous faut pour que Magneto soit une menace ? Une nouvelle tentative de génocide ? Sachez que s’il tente, je le bannirai de ce monde car, non, je ne pense pas que vous serez capable de vous en occuper. Combien de fois avez-vous déjà échoué ? »
Je lèvre des mains tremblantes entre nous, me désignant d’abord avant de pointer mes doigts vers lui.
« Pour qui je me prends ? Pour quelqu’un qui a attendu des mois que vous soyez prêt à venir discuter avec lui d’échange d’informations entre nos organisations, afin de nous coordonner et de nous entraider non-pas seulement quand c’est personnel mais quand c’est altruiste également ! »
Les X-Men n’ont-ils agit que par intérêt personnel durant tout ce temps ? Les héros du siècle dernier disposent-ils d’une réputation imméritée et se sont-ils toujours opposés à Magneto et la Confrérie pour des raisons personnelles et non altruistes ? Il y a beaucoup de choses que les livres d’Histoire ne disent pas. Beaucoup de choses qui commencent à me faire penser que Xavier est un connard au moins de mon niveau mais qu’il s’arrange pour que personne ne le remarque. Je comprends que Jean Grey l’ait fui. Je me demande ce qu’il lui a fait afin de retrouver son Phénix. Si cela se trouve, la gamine est retournée dans sa prison mentale. Si cela se trouve, Magneto est effectivement le moins dangereux des deux pour le monde. Je ne suis pas encore en capacité de vaincre Xavier. Les mois d’entrainement à l’Art Astral de m’ont toujours pas permis d’avoir de résistance convaincante. J’y arriverai, ce n’est qu’une question de temps.
« Mais je suppose que le SHIELD vous a suffisamment occupé pour que vous ne trouviez pas le temps, conclus-je en me redressant et ramenant les mains le long de mon corps, visage toujours crispé. Je vais les voir. Vos supérieurs vous feront suivre les informations qu’ils jugeront adéquates. »
Je tourne un bras vers l’espace derrière moi et celui-ci commence à s’y vitrifier, comme s’il s’agissait d’un miroir brisé.
« En espérant qu’ils ne vous laissent pas faire mumuse avec vos X-Men uniquement parce qu’ils ont besoin de vos talents télépathiques. »
Il faut que cette denrée cesse d’être le monopole de cette organisation et que les autres développent au moins des moyens de s’en protéger. Les Maîtres des Arts Mystiques le font à ma demande, même si l’Art Astral est bien plus difficile à maitriser que l’Eldritch. Je ne suis pas pour qu’on puisse violer les esprits des autres, je suis pour qu’on puisse protéger les siens. Ainsi restera-t-on inférieurs à Xavier, au Phénix et aux trois blondes, mais au moins sera-t-on capable de se prémunir de leurs pouvoirs ; ne serait-ce que temporairement. J’espère que le SHIELD aura ses propres protections mais je poserais la question prochainement. Après tout, ma recherche des chefs des X-Men afin que ceux-ci se sortent les doigts n’est toujours pas terminée.
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