Dès lors qu'elle avait senti l'arrivée de la créature de phase, Älskade avait utilisé un pentacle habilement caché au-dessus de la porte d'entrée. Le point de sortie était étroit, même pour un humain et c'est donc une version miniature de la démone déjà en format compact qui en sortit.
Elle contempla un instant le plafond. La présence du sorcier comme allié lui simplifiait grandement les choses. Non, pour être exact, cela lui évitait d'avoir à se faire tirer les oreilles par McCormick plus tard. Car si la démone avait eut son mot à dire, elle aurait simplement attrapé la progéniture, fait exploser l'intégralité du bâtiment autour d'elle et hop, mission accomplie.
Maintenant, elle avait quelqu'un pour lui servir la créature sur un plateau d'argent. Et elle n'allait pas s'en priver.
Un sourire amusé aux lèvres, Älskade ferma ses yeux.
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Dans la dimension miroir, un feu follet émergea de la pénombre sous le bureau.
Simple flamme semblant pouvoir s'éteindre à tout moment, la créature s'avança en flottant aussi vite qu'elle le pouvait en direction de Strange. Lorsqu'elle arriva au niveau de la tête de ce dernier, une énergie pulsa en son centre. La voix d'Älskade sous la forme d'un murmure s'adressa au sorcier.
- Docteur Stephen Strange. Je me suis permis de suspendre notre marché le temps d'accomplir ma mission qui, il me semble, est prioritaire en cet instant. Je suis au rez-de-chaussée. Si vous parvenez à paralyser la créature ou simplement m'amener directement à son contact, je pourrais vous en débarrasser.
L'énergie s'arrêta et la voix s'éteignit comme pour mieux révéler l'hyperventilation de Jessy.
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La voix est différente. C'est un piège.
Je ne sais pas de quoi elle parle, je ne l'entends pas. Le sang bat dans mes veines comme si il voulait les quitter.
Une douleur vive au niveau de ma gorge me fait me crisper, touchant involontairement la créature qui me tient.
Un flot d'images. De sons. De sensations. Je suis... lui. Je tue des gens, des créatures. Je me téléporte sans effort. Je hurle à la mort. Le reste n'est qu'un torrent opaque que je ne comprends pas mais ressent pourtant. Alors même que la vision cesse, je m'effondre sur le sol.
Ma respiration s'accélère. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Qu'est ce qu'elle m'a fait ? Des larmes commencent à couler, mais déjà, je n'arrive plus à respirer. J'arriverais sûrement à identifier les symptômes d'une crise de panique si je n'étais pas trop occupée à en faire une.
Je lance un regard paniqué à Strange avant de me retourner pour tenter de voir celle que je crains. Et... je le vois lui. Lui ? Mon cerveau n'arrive plus à suivre. Là où ma peur me dit que Raven se tient, mes yeux et mes souvenirs me hurlent que ce n'est pas elle. J'étais lui. Ca n'a aucun sens, mais c'est une certitude. Peut-être est-ce une de ses transformations ? Non. Pourquoi non ? Je reste figée ainsi, pris dans le maelström de mes souvenirs, de mes perceptions et mes émotions.
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- Ahah, Zerios m'avait bien dit que tu avais quelques tours dans ton sac, mais tu penses pouvoir m'arrêter avec si peu, humain ?
Fritz avait beau faire le malin, il n'en menait pas large non plus. Alors qu'il avait essayé de se téléporter aux côtés de la fille, il s'était retrouvé à nouveau dans la pièce, seul. Enfin, il y avait bien l'autre individu, mais ce n'était pas la fille. Il avait besoin de la fille.
Avec un grognement râleur, il se téléporta aux côtés de Grem, la main sur son épaule alors que celui-ci commençait à reprendre ses esprits. Tout ce qu'il avait à faire c'était prendre celui-ci en otage, le négocier pour la fille ou juste attendre qu'elle sorte de la dimension étrange dans laquelle elle était. Facile, non ?
Ses longues griffes se plaquèrent contre la gorge du sorcier. Avec un sourire arrogant, il fixa l'endroit où se trouvait la fille un peu plus tôt. Son plan était infaillible, il le savait.
Le feu follet ne m’attire qu’un regard afin de déterminer s’il s’agit d’un danger ou non. Dès que mon nom est évoqué, je me reconcentre sur mon plan afin d’éviter que la Muspel ne le fasse foirer comme craint. La permission de suspendre notre marché est d’une hypocrisie digne de la mienne qui le délai ; je n’ai donc rien à y redire. Elle se croit plus maline que moi comme anticipé. Peut-être pense-t-elle méritera plus que moi d’être Sorcière Suprême de la Terre ? Qu’elle reste au rez-de-chaussée, tant qu’elle ne perturbe ni l’évacuation ni mes affaires cela me va. Je n’ai pas l’intention de lui laisser tuer qui que ce soit.
L’hyperventilation derrière moi ne m’attire pas un regard. Je m’en occuperai plus tard. Cela n’est assurément pas dangereux, à moins que la gamine ne soit mutante et ne perde le contrôle de ses pouvoirs en cet instant. C’est toujours une possibilité, quoi que rare, et je compte sur la Cape de Lévitation pour me protéger si tel est le cas.
L’évocation de l’ennemi s’approche d’un Grem qui n’en mène pas large et je déclenche le portail étincelant. Une téléportation et les griffes s’en vont à la gorge du Disciple. Un portail de téléportation de la taille de la Macchina di Kadavus puis j’active celle-ci afin qu’elle absorbe l’énergie permettant à l’évocation d’être dans notre monde ; et donc expédiant ladite évocation à l’intérieur de la boite, exactement comme avec son prédécesseur. Mon plan était complet. La créature de phase m’a pris au dépourvu, celle de téléportation non. J’ai appris entre les deux.
Après m’être assuré que la créature soit prisonnière, je renvoie l’artéfact dans les sous-sols du Sanctuaire de New York. Je me penche pour jeter un œil à Grem par l’intermédiaire du petit portail.
« Prends ton temps mais pas trop quand même, lui dis-je sobrement de ma voix forte, au cas où il y ait un autre round. »
Je laisse le portail se dissiper alors que je me retourne vers Wilde. Elle n’a pas l’air bien. Crispant la mâchoire en me disant que je ne suis pas la bonne personne pour ce qui va suivre à l’inverse des instants précédant, je fais quelque pas vers elle.
« Bon travail, souligne-je avec la neutralité d’un constat avant d’essayer de prendre un ton plus léger. Vous pourrez peut-être donner deux-trois conseils à Grem sur comment servir d’appât : vous faites ça très bien. »
Le peu de sarcasme de mon trait d’humour m’impressionne mais ne m’arrête pas. Je ne le fais qu’après avoir récupérer la chaise miroir du bureau et être arrivé auprès de Wilde. Je pousse la chaise vers elle.
« Asseyez-vous et calmez-vous… »
S’il vous plait ? Non. Il doit logiquement lui plaire mais l’aspect plaisant n’entre pas en compte dans son processus décisionnel actuel. Donc on va rester sur une demande douce sous-entendant un ordre. Et retenir un soupir parce que je sens que la partie humaine va être encore bien plus compliquée que la partie mystique. Je suis un bon artiste mystique, pour ne pas dire le meilleur, mais je suis un humain déplorable. Ce qui me va parfaitement.
La confiance de Fritz s'évanouit sitôt le portail ouvert. Même l'être arrogant qu'il était savait ce que signifiait ce dernier. Il fit un bond comme pour s'enfuir, mais il était déjà trop tard. Aspiré par le portail, il ne resta de lui qu'un cri s'évanouissant rapidement :
- Quoiiiiiiiii ?
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La créature bleue disparait soudainement, ne faisant qu'accroitre ma paranoïa. Je ferme les yeux et me recroqueville, prête à sentir à nouveau les griffes sur ma gorge.
Rien ne vient.
Ma tête tourne.
Je crois que le docteur Strange me parle. J'ai l'impression que c'est de l'humour à son ton, mais je n'ai pas compris un seul mot.
Ce que je comprends en revanche beaucoup mieux, c'est la chaise qui est poussée devant moi et l'ordre simple qui m'est donné. `Ça c'est simple. Je peux le faire. Tremblotante, je me relève et m'assied péniblement sur la chaise, mes genoux ayant décidé de danser la samba sans l'accord du reste de mon corps.
Sa présence est rassurante et, progressivement, ma respiration se calme un peu. Un peu moins d'oxygène à mon cerveau lui fait ironiquement un grand bien et ce dernier se décide même à faire la connexion entre la disparition de la créature et le calme du docteur. Elle a disparu. Pour de bon.
Ma terreur se mue en gratitude profonde et je me jette hors de ma chaise pour étreindre mon héros.
- Merci... Je... J'ai eu si peur... Ça lui ressemblait et... Quand il m'a touché j'ai vu des choses horribles et...
Un sanglot éclate et je fonds en larmes. Adieu l'hyperventilation, bonjour l'apnée larmesque. La tête tournée, je fais tout de même l'effort de ne pas salir ses vêtements - c'est une capacité qu'on débloque quand on a tendance à un peu pleurer pour rien - ce qui me permet de voir qu'à défaut d'une créature bleue, une rouge attend patiemment dans un coin de la pièce. Si le docteur n'est pas affolé, je ne le suis pas non plus.
- Désolée... Je suis... désolée.
Des pleurs, de mon inutilité dans la situation et de lui faire perdre son temps. C'est qu'il a l'embarras du choix ! Je suis sûr qu'il en est ravi, d'ailleurs.
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Älskade affichait un sourire amusé, plantée dans un coin de la pièce. Elle observait le sorcier tenter de rassurer celle qu'elle aurait dû protéger. Son intervention n'avait pas été nécessaire, puisque la créature s'était révélée bien plus faible qu'anticipé et surtout, parce que l'homme devant elle n'en avait fait qu'une bouchée. Métaphorique.
Sentant la présence de son ennemi disparaitre, elle avait calmement monté les escaliers pour ensuite se placer à bonne distance de la conversation entre les deux humains.
C'était là une véritable honte que d'envoyer des soldats aussi incompétents, pensait-elle, son quart d'heure de divertissement s'étant transformé en une quinzaine de secondes.
Elle attendit donc patiemment, sans sourciller, que le sorcier daigne lui accorder son attention. Malgré sa feinte, elle tenait à remplir sa part du marché.
- Sorcier Suprême, félicitations, ce fut rapidement expédié.
L’absence de réaction de Wilde me fait craindre à un état de choc. Qu’elle fasse gaffe sinon je la téléporte à sa mère et je les laisse faire leurs affaires entre elles. Moi, c’est avec Alskade, McCormick et Zerios que j’ai à faire ; dans cet ordre. Heureusement pour l’adolescente, elle finit par réagir. Cela n’exclut pas l’état de choc mais lui donne un peu de temps de répit. J’écarte néanmoins les mains à la voir ainsi tremblante, d’anticipation qu’elle ne chute. Elle ne le fait pas. Bien.
Les secondes se passent en silence alors que je prends mon mal en patience pour qu’elle puisse prendre son temps à récupérer. Cela arrive progressivement. Puis c’est le drame. L’autre folle me saute dessus et j’ai une hésitation à projeter de la lumière entre nous. Wilde m’étreint. D’accord, la prochaine fois c’est chez sa mère directement. Qu’elle fasse cela avec quelqu’un qui apprécie. Et avec qui cela n’est pas inconvenant. "Merci", oui-oui. "Avoir si peur", ça se comprend. Ça ressemblait à qui ? Voir des choses horribles ? Malheureusement pour moi, ce sont des sanglots qui ponctuent l’hésitante déclaration et non des informations utiles. Je me rengorge en levant les yeux au ciel. Elle va finir par se calmer, c’est là-encore une question de temps. Elle le fait. Très bien.
« Désolée, bredouille-t-elle après s’être reculée et avoir remarqué le retour de la grande rouge désormais qu’on s’est débarassé du petit bleu ; grande rouge à qui je peux faire subir similaire sort puisqu’elle est aussi liée à notre monde par intrication. Je suis… désolée.
- Y’a pas de quoi, dis-je avec un double sens alors que je me tourne vers la Muspel qui nous regarde avec amusement. Vous n’étiez pas retournée dans les dimensions physiques vous ?
- Sorcier Suprême, félicitations, ce fut rapidement expédié.
- Si vous voulez me donner du défi, envoyez-moi Surtur, propose-je avec assurance tout en faisant un pas entre la démone de feu et l’adolescente, au cas où.
- Il me semble que vous aviez des questions ?
- En effet : c’est quoi ce bordel ? Votre rencontre avec McCormick, les informations que vous avez sur lui, sur Zerios et sur leur relation. »
Je ponctue ma demande en me tournant vers Wilde, parlant rapidement et gérant les deux situations à la fois.
« Je vais vous renvoyer auprès de Grem. N’oubliez pas ce que je vous ai dit et trouvez-moi quelque chose qui appartient à McCormick. Clair ? »
Dès qu’elle m’a dit oui, car j’anticipe qu’elle me le dise, je tends le bras gauche vers le sol à ses pieds. A mesure que j’y tourne la main, un portail d’étincelle s’y ouvre pour se servir de la gravité afin de la renvoyer à la même position mais au côté de l’autre Maitre des Arts Mystiques. Wilde congédiée, je me retourne vers Alskade et l’écoute en me concentrant pour enregistrer le souvenir avec exactitude. Il est temps d’avancer avec cette affaire et je n’ai pas l’intention d’y impliquer Wilde plus avant, pour sa sécurité et celle de mon espace vital à présent. Il faut néanmoins que je l’interroge, voire que j’en fasse de même à sa mère, vis-à-vis des visions d’horreur et de la personne à qui "ça ressemblait". Reste à tout faire en même temps !
Eeeet comme prévu, le docteur n'est pas ravi de devoir s'occuper d'une morveuse au sens un peu trop littéral du terme. Qu'à cela ne tienne, je n'ai pas assez de dignité actuellement pour m'en offusquer.
J'écoute un temps la conversation entre l'être rouge et lui, sans pour autant arriver à m'y intéresser complètement - les visions restent omniprésentes dans mon esprit, ainsi que la peur. C'est donc en silence que je les écoute parler, avant que Strange ne s'adresse finalement à nouveau à moi. Brutalement extirpée de mes réminiscences, je me contente de bredouiller un :
- Euh, d'accord !
Et hop, ni une ni deux, je suis expédiée aux côtés de Grem, mais avec une mission ! Probablement une mission impossible, connaissant le bonhomme mais au moins je peux être utile à quelque chose. Je pointe du doigt un placard du bureau et nous nous dirigeons sans plus attendre à la recherche d'indices.
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La démone de feu ne put s'empêcher d'éclater de rire à la mention de Surtur. Cet humain était définitivement très sûr de lui.
Cependant, sa simple présence ici suggérait qu'il avait les moyens de réaliser ses ambitions. Il semblait malheureusement se méprendre sur ses intentions, par contre. Älskade n'avait aucune envie d'abattre la fille qu'elle était censée protéger, surtout après s'être fait damer le pion aussi rapidement. Une avalanche de questions suivit, toutes plus avares en détails.
Avant qu'elle ne puisse répondre cependant, le sorcier congédia l'humaine, lui demandant de trouver un effet personnel de celui qui l'avait invoqué. Flairant la une très mauvaise idée, elle ajouta un avertissement à ce qu'elle avait initialement prévu de lui dire.
- Pour répondre à vos questions, ce "bordel" est le résultat d'une rivalité unilatérale de la part de Zerios. Les deux se sont connus pendant leur jeunesse et, de par son égo fragile - pardonnez l'euphémisme - Zerios a toujours jalousé McCormick et a fini par s'auto-proclamer rival. Si le conflit était au départ peu dangereux, c'était sans compter sur l'absence de réciprocité de la part de celui qu'il voyait comme son némésis. Les choses se sont envenimées et Zerios a commencé à invoquer des créatures de plus en plus dangereuses.
Son ton devint dédaigneux lorsqu'elle parla desdites créatures. On était très loin de son propre stade de dangerosité.
- McCormick avait une bonne maitrise de la magie runique, sans pour autant atteindre le niveau des Asgardiens. Sauf qu'avec l'armée qui l'avait conscrit, il avait déjà suffisamment de pain sur la planche pour devoir en plus se concentrer sur les lubies de l'autre mégalomane. C'est donc ainsi qu'il m'a invoqué, en cherchant un allié puissant. Le contrat m'arrangeait - j'étais libre de quitter Muspelheim et je n'avais qu'à détruire des créatures de temps en temps.
Des éclats de voix surexcités de l'humaine l'interrompirent un court instant avant qu'elle ne reprenne.
- Après la guerre, McCormick a passé un court moment ici, avant de se rendre compte qu'il mettait une cible sur le dos de la propriétaire des lieux. Il a donc décidé de me lier temporairement à cet endroit pour assurer la défense de sa progéniture. Voilà le fin mot de l'histoire. Je me permettrais simplement d'ajouter qu'il serait malvenu d'essayer d'approcher directement McCormick. L'endroit dans lequel il se trouve actuellement est piégé et je ne pas dévoiler son emplacement. Cependant, si le problème de Zerios venait à être réglé, je suis sûre qu'il viendrait à votre rencontre.
Cela faisait beaucoup de mots, bien plus qu'elle n'en avait l'habitude avec son partenaire.
Son regard fut attiré par des grands mouvements de main de la part de la fille qui semblait vouloir attirer l'attention du sorcier.
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Bon, autant dire que notre petite escapade dans le placard a été des plus infructueuses. A part de la poussière et une photo particulièrement gênante de ma personne, il n'y avait pas la moindre trace d'effets personnels lui appartenant. Mais c'est en regardant par la fenêtre que j'ai eu une épiphanie. Un élément de la vision que je n'avais pas compris sur le coup et qui me semblait plus clair à présent que j'étais… calmée dirons-nous.
Je me souviens m'être téléportée dans la vision, d'une ruelle en face à une chambre. Mais la façade de l'immeuble ne m'était pas inconnue, comme si hors-vision je l'avais déjà vue. Et c'est en la décrivant que Grem m'a fait la suggestion d'un hôtel - le Ritz-Carlton. Une visite de Google Maps plus tard et c'était le bon ! En plus la fenêtre était vachement facile à reconnaitre, c'était la plus en haut à droite possible.
C'est donc avec un enthousiasme modeste que je pointe du doigt mon téléphone en l'agitant dans la direction du Docteur pour qu'il délaisse la sulfureuse créature pour mieux se concentrer sur ma euh... personne tiède ?
La grande rouge se marre à la mention de l’être le plus puissant de son monde. A loisir, je gère les deux situations en même temps et le Fléau d’Asgard a pu être défait par Thor ainsi ne m’en inquiète-je pas : je suis plus puissant que le Dieu du Tonnerre et mes faiblesses sont difficilement exploitables par les attaques directes que pourrait me porter le démon de feu. Thanos en témoigne.
Au niveau de Wilde, ma demande est aussi vite expédiée que la petite brune et j’enregistre ce que me dit la grande rouge : "bordel résultant d’une rivalité unilatérale de Zerios envers McComick pour des questions d’égo chez le premier et de talent chez le second ; jalousie, donc. Mes yeux se plissent alors que je me retourne vers Älskade.
« Si le conflit était au départ peu dangereux, c'était sans compter sur l'absence de réciprocité de la part de celui qu'il voyait comme son némésis, précise-t-elle alors que je me tiens droit face à elle, bras le long du corps et yeux toujours plissés. Les choses se sont envenimées et Zerios a commencé à invoquer des créatures de plus en plus dangereuses. »
Mes sourcils se relèvent en une perplexité muette face à la "dangerosité" des deux créatures. Après, sans doute le sont-elles pour le commun. Je suis Sorcier Suprême et destiné à être le plus grand artiste mystique que l’Humanité aie jamais connu. Ce n’est pas sensé être rien. De plus, le dédain de la démone m’apprend qu’elle considère aussi le terme "dangereux" de façon relatif.
McMormick "avait une bonne maîtrise de la magie runique, sans pour autant atteindre le niveau des Asgardiens". Est-ce un indice sur ses précepteurs en la matière et le lieu de son apprentissage ?
« Sauf qu'avec l'armée qui l'avait conscrit, il avait déjà suffisamment de pain sur la planche pour devoir en plus se concentrer sur les lubies de l'autre mégalomane, continue-t-elle en me faisant me crisper, puisqu’il est question d’avoir appris les runes sur Terre et que je n’en ai jamais été averti ; même si l’Ancienne était Sorcière Suprême à l’époque évoquée et qu’il est beaucoup de ses connaissances que j’ignore encore. C'est donc ainsi qu'il m'a invoqué, en cherchant un allié puissant. »
Des dates, il me faut des dates. Sait-on jamais qu’il y ait là une dissimulation vis-à-vis de Kamar-Taj et des gens à engueuler. Le contrat à beau arranger la démone du feu, elle s’est retrouvée à faire le job des Maîtres des Arts Mystiques et ils ont intérêt à être au courant comme à avoir une bonne explication sur leur non-intervention ! On n’est par sur du Karl qui vole la magie de ceux qui l’utilisent égoïstement sans les tuer, il y aurait pu avoir des morts !
Tout en continuant d’écouter le désagréable récit, je tourne mes yeux vers l’autre côté du miroir où une Wilde s’ensauvage pour désigner son téléphone à ce qui doit être le vide de son côté ; puisque je suis toujours dans la Dimension Miroir.
"Après la guerre, McCormick a passé un court moment" au Jack’s Refuge. Puis il s’est rappelé de son plus grand fan et qu’il mettait les autres en danger. Du fait, il a fait appelle à sa girltoy plutôt que d’appeler les professionnels qui ne s’étaient jamais bougé le cul jusque-là et a lié la première à l’endroit où il avait passé un court moment pour "assurer la défense de sa progéniture". Attendez… Wilde est la progéniture de McCormick ? Ça explique bien des choses.
« Je me permettrais simplement d'ajouter qu'il serait malvenu d'essayer d'approcher directement McCormick, souligne la démone du feu. L'endroit dans lequel il se trouve actuellement est piégé et je ne pas dévoiler son emplacement. »
S’eut été dommage que le piège n’ait pas été à l’intention de Zerios ou que la démone de feu ait fini par être utile à autre chose qu’agrémenter le décor. Et essayer de m’utiliser, évidemment.
« Il aurait dû venir me voir dès que des innocents ont été impliqués, rappelle-je voire reproche-je, même si ce n’est pas la démon qui a décidé quoi que ce soit, à part de faire des escapades bastons sur un monde qui n’est pas le sien à la demande d’un crétin, tout ouvrant un nouveau cercle étincelant à destination de Wilde. Qu’est-ce ? »
Ma demande tâche de ne pas être trop sèche alors même que je tends la main à travers le portail de téléportation pour désigner le téléphone que l’adolescente me pointe. Si elle me répond qu’il s’agit d’une image d’un hôtel, je lui soupire au visage avant d’insister du regard pour savoir si c’est un endroit lié à McCormick.
Alors oui, pour un observateur extérieur, je n'ai pas l'air très fine à montrer mon téléphone à... rien du tout. Mais c'est pour la bonne cause !
Et quelques instants plus tard, un cercle étincelant s'ouvre, m'offrant une fenêtre ouvrant sur la fin de la conversation entre la grande rouge et le grand sorcier. La démone se contente d'ailleurs d'hausser les épaules dans une moue qui fait très "c'est pas à moi qu'il faut le dire", tandis que mon héros semble un poil contrarié.
Qu'à cela ne tienne, je suis là pour lui remonter le moral ! Enfin, Si je parviens à formuler une phrase digne de ce nom, avec l'excitation que je ressens : - Je crois que c'est là que la personne qui a envoyé la créature se cache ! Ou en tout cas elle est passée par là. Quand j'ai eu une vision des souvenirs de l'autre bleu, je l'ai vu se téléporter à cette fenêtre.
Je pointe de mon gros doigt la fenêtre la plus en haut à droite, zoomant même un peu au passage.
- Par contre, je n'ai rien trouvé de McCormick, désolée.
Et c'était pas faute de chercher... Seulement, ça fait un bon moment qu'il est passé par là et le bougre n'était pas du genre à se répandre en cadeaux ou à laisser trainer le peu d'effets personnels qu'il avait.
Mon regard se porte un instant sur la grande rouge, qui semble très intéressée par ce qu'elle voit. Ah. C'est vrai que je n'ai pas pensé qu'elle voudrait peut-être le transformer en merguez. Oops.
Cependant, celle-ci se tourne vers le Docteur avec un soupir et un air de déception qui ne semble pas feint sur son visage pour lui dire :
- J'imagine que je dois vous le laisser ?
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Affalé dans un des fauteuils en velours de sa suite, Zerios lisait le New York Times d'un air enjoué. Il venait de sentir une de ses créatures utiliser ses talents pour ce qu'il présumait être l'assassinat de sa cible.
Ce n'était maintenant plus qu'une question de temps avant qu'elle ne revienne pour lui porter les bonnes nouvelles. Réajustant son peignoir, Zerios - de son vrai nom Thomas Wittman - se demandait ce qu'il allait bien pouvoir manger ce midi. Homard ou une pièce de choix ? Tant qu'il pourrait déguster du caviar en entrée, cela ne lui importait guère. Le champagne était déjà dans le mini-bar de sa chambre, prêt à être ouvert.
Cette journée ne pouvait être que belle de toute façon.
« Je crois que c'est là que la personne qui a envoyé la créature se cache, me confirme Wilde avec son entrain enfantin. Ou en tout cas elle est passée par là. Quand j'ai eu une vision des souvenirs de l'autre bleu, je l'ai vu se téléporter à cette fenêtre. »
Je lève les deux sourcils et penche la tête en avant en un "plait-il ?" muet vis-à-vis de la dernière partie. Vraisemblablement, c’est néanmoins parfaitement normal d’avoir des visions chez Wilde.
« Par contre, je n'ai rien trouvé de McCormick, désolée.
- Aucun problème, je l’engueulerais plus tard, assure-je avec tranquilité. Mutante donc ? »
Petite confirmation de la plus grande probabilité quant à la source la plus courante et inexplicable de pouvoirs chez les humains ; ainsi que pour le fait que ça ne me regarde pas réellement. Même si les différentes formes de divination sont souvent utiles et qu’avoir ce genre d’alliés me serait agréable. S’ils arrivent à être posés, matures voire taciturnes.
Je suis ensuite le regard de Wilde sur Älskade alors que celle-ci troque sa nonchalance pour de la déception avec un soupir en guise de transition.
« J'imagine que je dois vous le laisser ?
- Votre boulot est de protéger la gamine, non ? »
Suite à quoi je laisse mon portail étincelant se refermer entre nous, laissant la démone de feu dans la dimension miroir en ayant conscience qu’elle sait s’en échapper de toute façon. Une inspiration puis je tends les bras afin de rouvrir un portail, suivant la photographie, et il me dévoile toujours plus la façade de l’immeuble comme si elle était un plancher.
Le portail ouvert, je commence à léviter et croise mes jambes en position de méditation. Mon corps astral se détache du physique pour s’envoler le long des fenêtres, dissimulé aux yeux du commun et de tout non-pratiquant de l’art astral (ou télépathe, putains de télépathes). Arrêtant mon avancée au niveau de la fenêtre, j’observe l’homme qui lit le journal au sein de la suite hôtelière.
Je franchis la fenêtre sans peine avant d’en faire de même pour la barrière cristaline entre la dimension astrale et les dimensions physiques, apparaissant comme un fantôme face à l’homme. La Cape n’est pas avec moi mais l’Œil d’Agamotto si ainsi n’ai-je guère de crainte de ne pas être reconnu.
« Zerios, salus-je avec assurance et un écho astral dans la voix. Je suis le Docteur Stephen Strange. Nous avons besoin de discuter. »
Le Docteur me fait sérieusement bugger. Mutante ? Pffft, non c'est ridicule, c'est bien trop tard pour se déclencher et en plus, comme par hasard c'est juste après avoir touché la créature ? Après, je n'ai pas spécialement envie de remettre l'expérience d'un super-héros quarantenaire en question, donc je me contente d'user de ma meilleure prose :
- Euh, je ne... pense pas ?
Simple, efficace : Jessy.
La démone de feu se fait rembarrer et le bon Docteur ferme le portail entre nous et je l'observe en ouvrir un autre, se mettre à léviter et... faire une sieste ? Non, c'est de la méditation. Il avait besoin d'air pollué pour le faire ? Confuse, je m'approche discrètement de Grem pour lui souffler un :
- Il fait quoi là ?
Quelques secondes passent et le pentacle s'allume à nouveau, dévoilant la silhouette de la démone. Celle-ci a un regard en direction du portail ouvert et, après un bref instant et un gros soupir, elle se dirige vers moi. Cela fait peut-être de moi une très mauvaise personne, mais j'aime à penser que c'est simplement son regret de ne pas pouvoir transformer Zerios en feu de camp qui s'exprime, plutôt qu'un rechignement à me protéger. Non, ça ne peut pas être les deux. Zut.
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Calé dans son fauteuil, Zerios tourna la page de son fauteuil pour continuer une histoire de fraude internationale, gloussant devant les prétendus "regrets" des criminels.
La première chose que le Docteur avait pu voir en rentrant était... la banalité du physique de l'homme en face de lui. Un embonpoint léger, des cheveux noirs à l'implantation tout sauf naturelle et une moustache parfaitement lustrée. Il avait l'air du cliché du patron capitaliste et il était évident qu'il prenait soin de lui.
La voix de Strange le fit sursauter, provoquant un glapissement terrifié avant que ses mains n'abattent lentement le journal qu'il tenait. Ses yeux s'agrandirent, son teint pâlit et sa voix d'ordinaire assurée le fit sonner comme un dictionnaire tombant dans les escaliers :
- Quel-qui-je-mais-comment-Strange ?
Quelques secondes passèrent avant que ses neurones ne se réalignent pour pouvoir formuler une phrase digne de ce nom :
- Docteur que... hum, que puis-je pour vous ?
Zerios tentait de reprendre de sa superbe, mais ses mains tremblaient et son réajustement constant sur le fauteuil trahissait son envie d'être tout sauf ici.
Que Wilde ne pense pas être une mutante m’indiffère : avec une capacité aussi peu destructrice que la précognition et la rétrocogntition, son émergence peut être passée inaperçue. Pas besoin de dévaster sa classe pour avoir des pouvoirs, quand on y pense. A voir si elle aura besoin de moi pour les travailler, lorsqu’elle aura fini par les accepter. Et si je prendrais le temps.
Actuellement, mon temps s’en va sur le cas Zerios.
Zerios qui semble presque sorti d’un Monopoli et que je surprends autant que j’effraie. Ça commence bien et sans ironie. Qu’il quitte son journal et qu’il s’en débarrasse, ça sera pour le mieux. S’il est de l’art runique afin de pratiquer ses invocations, il a besoin de quoi tracer. S’il les fait en cercle de téléportation, il aura besoin d’un Anneau mais c’est bien plus dur à trouver. Le plus dangereux c’est s’il les fait en art invocatoire pur, comme avec mes objets.
« Quel-qui-je-mais-comment-Strange, est une introduction encore plus éloquente que celle de Wilde et qui me blase tout autant, chose que je laisse pleinement paraitre sur mon visage alors que je m’approche en lévitant. Docteur que… hum, que puis-je pour vous ?
- Expliquez-moi à quel moment vous avez considéré que l’invocation de créatures venus d’autres mondes pour vous mesurer le pénis avec un autre mystique était une bonne idée. »
Je ne suis pas réellement passif-agressif avec cette demande. Plutôt purement agressif.
« Et à quel même vous avez cru que cela passerait sous les radars des Maîtres des Arts Mystiques ? »
Il faut reconnaitre que la rivalité de McCormick et Zerios ainsi que la cabale dans laquelle elle a pu naitre et ils ont pu développer leurs arts mystiques l’ont effectivement fait : passer sous les radars des Maîtres des Arts Mystiques. Sauf si leurs apprentissages datent d’avant mon intronisation, ce qui n’est pas impossible considérant que McCormick est un collègue d’armée de Mac Taggert si je me rappelle bien ; et que la guerre qu’ils ont fait ne date pas d’hier. Je m’occuperais de ladite cabale plus tard : pour l’instant, j’ai affaire avec le débile en face de moi.
Zerios n’est pas le plus en confiance et c’est mon principal avantage. Je ne pense pas qu’il tente quoi que ce soit tant que je suis sous forme astrale, puisqu’il ne peut pas forcément l’atteindre. Ainsi délaye-je le combat même si je suis prêt à l’engager. Toute action suspecte me verrait ainsi disparaitre de devant lui pour réintégrer mon corps, auprès de Wilde. Ensuite, je fermerais immédiatement le portail de téléportation avant d’en ouvrir un autre au sein du sous-sols du Sanctuaire de New York ; au niveau de la prison. Un petit portail de téléportation sous Zerios afin qu’il atterrisse entre les trois murs de pierre puis l’activation de l’enchantement pour l’enfermer et on pourra discuter sans qu’il soit une menace. Je n’ai pas l’intention de me battre à la loyale et lui non plus : ses invocations se battent pour lui. Si j’arrive à m’épargner un nouveau tour de manège, tant mieux. Sinon… et bien, on verra s’il dispose de mieux que ce qu’il a déployé jusque-là.
Je ne m’inquiète pas particulièrement sur une nouvelle tentative à l’encontre de Wilde : Älskade aura alors l’occasion de servir à quelque chose. Quant à mon corps, j’ai la Cape pour cela et je saurais le réintégrer bien vite.
Non, définitivement : je m’occupe de Zerios, je m’occupe de McCormick et je m’occupe de leur cabale. Une bonne journée de travail. Ah, il y a Wilde aussi. On ne peut pas l’envoyer à l’Institut.
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