James Buchanam Barnes. Le Soldat de l’Hiver. Loki connaissait cette histoire par coeur, celle du “super soldat” dont Hydra était encore fière un siècle plus tard. Un soldat fantomatique, destiné à tuer les ennemis de l’organisation et à déstabiliser des régimes entiers. Un seul homme qui se distinguait des autres, au milieu d’expériences toujours plus terribles les unes que les autres. Ayant vécu dans un palais royal, on pourrait croire que le Dieu de la Malice ne connaissait rien de la douleur, du sentiment d’impuissance qui accompagnait la torture; cependant il n’en était rien, bien qu’il fasse son possible pour l’oublier. Peut-être était-ce pour cela qu’il n’employait jamais la torture physique avec ses victimes, contrairement à Hydra. Peut-être que ce passé glissé sous le tapis était également la raison pour laquelle il refusait d’assister aux expériences de vivisection que ses informateurs pratiquaient régulièrement. Quoi qu’il en fut, l’histoire du Soldat de l’Hiver le mettait étrangement mal à l’aise.
Malheureusement il s’était échappé, cet homme qui avait pourtant été programmé comme une machine à tuer. Il s’était enfui, et avait rejoint les Avengers à terme. Un dossier long comme le bras qui se terminait par l’une des erreurs les plus fatales d’Hydra, cela représentait bien l’organisation toute entière aux yeux de Loki. Il n’était pas là pour les aider, mais par facilité; ce qu’il se gardait bien de leur dévoiler. Aussi, lorsque les agents s’étaient succédés pour mentionner le Soldat de l’Hiver et leurs tentatives pour le récupérer, le Dieu de la Malice a fait la sourde oreille. Du moins, jusqu’à ce que la demande se fasse plus claire, plus…pressante. A l’évidence, soit Barnes avait été responsable d’un échec cuisant de l’organisation, soit celle-ci prévoyait de frapper un grand coup. Dans les deux cas, ils avaient besoin de remettre la main sur lui.
Pensif, les yeux rivés sur une photographie du soldat en question, Loki ne laissait pas voir au général qui venait de lui donner les informations à quel point ce visage déclenchait un milliard de tourments en lui. Tout ça à cause d’une stupide dette qu’il ne comptait pas honorer de toute manière. Barnes lui avait sauvé la vie quelques mois plus tôt, de manière totalement désintéressée, et c’était surtout ce qui le déstabilisait encore aujourd’hui. Pour le Dieu de la Malice, personne n’agissait sans raison. En l’aidant à fuir, l’Avenger avait mis en péril ce qu’il avait pu construire jusque là. Pourquoi risquer sa vie actuelle pour celui qui devrait être son ennemi? Ca n’avait aucun sens, c’était complètement stupide. Peut-être que le lavage de cerveau de Hydra l’avait réduit en bouillie, au final.
Et puis il y avait Wanda. Wanda qui était proche de Barnes, il l’avait appris lors de son petit séjour dans le corps de son frère; et grâce à certaines photos prises par Hydra également, même s’il était compliqué de déterminer leur relation avec des bribes d’information. Deux hommes et une femme au centre, c’était peut-être la raison pour laquelle la frontière entre eux était floue. Mais ça n’expliquait toujours pas le comportement de Barnes.
Il était également imprudent, cet homme qui pourtant avait déjà essuyé quelques attentats à sa personne par le passé. Souvent seul, visiblement secret, il était une cible parfaite pour Hydra qui avait commencé à tisser sa toile autour de lui. Loki observait tout cela avec détachement, ne sachant pas réellement comment agir. Allait-il laisser l’organisation remettre la main sur son soldat? Il serait une arme parfaite contre les Avengers, surtout depuis que Rogers avait disparu des radars et ne pouvait le ramener à la raison. Cependant il était devenu trop puissant pour simplement l’enlever comme à l’époque, alors qu’il était blessé et encore fragile mentalement. Sa haine envers Hydra lui donnerait certainement la force de résister, et il ne serait donc d’aucune utilité. Le capturer signerait donc son arrêt de mort.
Mais s’il était possible de lui retourner le cerveau…lui faire comprendre que ses nouveaux petits amis étaient loin d’être bien pour lui, briser sa confiance envers ceux qui l’hébergeaient…était-ce seulement possible? Oui, peut-être. Complexe, mais pas insurmontable. Loki avait confiance en sa capacité de manipulation. Au final, il sauverait la vie de cet homme à son tour, et son malaise n’aurait plus lieu d’être, n’est-ce pas?
Le soleil était couché depuis un petit moment déjà, mais les rues ne semblaient pas désemplir dans ce quartier populaire. Vêtu de son habituel costume noir et emmitoufflé dans un long manteau, l’Asgardien observait les environs avec intérêt. Partout, des agents d’Hydra pouvaient être cachés en attendant l’arrivée du Soldat de l’Hiver. Se battre dans les rues ne les avait jamais dérangés, au risque de se dévoiler au grand public. Un tic nerveux agita le visage de Loki, tandis qu’il s’approchait de l’emplacement ciblé. Selon les informations qu’il avait pu glaner, Barnes se rendait assez régulièrement ici. Suffisamment pour être ciblé, en tout cas. Et justement…le voilà qui débarquait, avec son air de chien battu.
Tout se passa très vite. A peine le Soldat fut-il dans son champ de vision que Loki s’approcha de lui, déterminé. Cependant il n’était pas le seul à agir; une camionnette fit crisser ses pneus sur l’asphalte, forçant les passants à s’écarter, et des hommes masqués en sortirent promptement. Autant pour la discrétion. Le Dieu de la Malice claqua de la langue, mais ne ralentit pas l’allure pour autant. Son costume se transforma en son armure asgardienne, par pure précaution, tandis qu’il conjurait le Tesseract d’un geste de la main.
“Barnes!”
Sans plus de cérémonie, l’Asgardien poussa l’Avenger dans le portail nouvellement créé, non sans lancer un regard méprisant aux agents qui commençaient déjà à leur tirer dessus sans prendre garde aux civils. Pas qu’ils intéressaient particulièrement celui qui les avait sûrement davantage traumatisés par le passé, mais le manque de subtilité de Hydra dans son entier lui faisait lever les yeux au ciel. Il referma le portail, et reporta son attention sur le Soldat, non sans afficher un air triomphant.
“Nous sommes déjà plus au calme, ici.”
Le bâtiment semblait désaffecté, remplis d'échafaudages et de bâches blanches qui prenaient la poussière. Certes, ils étaient toujours à Brooklyn; mais ils avaient également un peu de temps avant que Hydra ne les retrouve, et vienne confronter le Dieu de la Malice concernant ses agissements suspects.
« Quand l'ennemi nous fait une fleur, souvent s'émousse la rancoeur. » (Szczepan Yamenski)
« Merci Laurren, passe une bonne soirée et à la prochaine ! » Lance-t-il d’une voix enjouée à la dame derrière le comptoir qui, outrageusement maquillée et ayant toujours son caniche blanc dans les bras, était invariablement postée derrière son comptoir étroit et rouillé, tenant la seule petit épicerie en bas de son immeuble. Ouvert du matin au soir, l’endroit aurait pu s’appeler le temple de la malbouffe tant on pouvait trouver une ribambelle de sodas chimiques, des chips et bonbons à volonté, des boites types macaronis au fromage à passer au microonde et, surtout, des donuts perlés de glaçage. C’est précisément ce que l’homme au bras métallique dissimulé sous son sweat bleu foncé était venu chercher : des donuts. Et il en avait acheté un certain nombre, trop pour lui tout seul mais Laurren savait très bien que Captain aurait droit à sa part, comme d’habitude, car il le gâtait beaucoup trop comme elle disait. Mais, qui sait, peut-être que June allait le rejoindre, ce soir ?
Ne pouvant s’empêcher de veiller sur sa petite protégée, surtout après les derniers évènements la concernant, Bucky sort de l’épicerie en dégainant son téléphone pour lui envoyer un message qui questionne son état tout en demandant où elle se trouve, juste pour être sûr qu’elle va bien et qu’elle n’est pas en danger. Qu’elle n’est plus en danger. Planté au milieu du trottoir, obligeant ainsi les nombreux passants à le contourner pour ne pas le percuter de plein fouet, le menton baissé sur l’écran tactile de son portable, le brun ne remarque pas qu’il est l’objet d’une surveillance menaçante, prête à lui bondir dessus pour l’asservir de nouveau, ou l’éradiquer une bonne fois pour toutes. Voilà bien longtemps qu’HYDRA n’a plus rien tenté contre lui et, avec la perte de l’agent Campbell, il songe peut-être qu’ils ont plus urgent à faire mais… « Barnes ! » La voix, qu’il reconnait aisément, le fait immédiatement froncer les sourcils et il lève son menton dans le même mouvement, cherchant du regard la silhouette du Dieu qui ne devrait pas se trouver ici. Il s’apprête à formuler un mot, sans nul doute le nom de celui qui vient de l’interpeller mais, les balles commencent à siffler dans son dos et il n’a guère le temps de parler qu’il se retrouve propulsé dans un portail créé par Loki, atterrissant la seconde d’après dans un bâtiment en apparence abandonné, aux murs couverts de graffitis dont les couleurs sont devenues fades, et dont le sol est jonché de débris de verres, et de tous les matériaux délaissés par les ouvriers. « C’est quoi ce bordel » Souffle-t-il en parcourant rapidement le hangar sombre et poussiéreux des yeux, les sourcils toujours crispés, si bien qu’un petit creux se forme rapidement entre ces derniers. Il se retourne rapidement vers le Dieu de la Malice, qui affiche une mine triomphante, pour le questionner du regard. Évidemment, il ne changera jamais celui-là.
« Nous sommes déjà plus au calme, ici. » Est-ce que Loki vient de le sauver d’une attaque en pleine rue ? L’idée semble difficile à croire mais, la situation lui échappe quelque peu. Il n’est pas vraiment impressionné ni craintif de la présence du fils adoptif d’Odin, car il est suffisamment lucide pour savoir que si le Jötunn voulait sa mort, il ne serait déjà plus de ce monde. Mais en admettant qu’il l’ait sauvé, encore faut-il savoir pourquoi et de qui. Et sur ce deuxième point, le Soldat a son idée. « C’était HYDRA, n’est-ce pas ? » La gratitude viendra après, peut-être. Rien n'est moins sûr. Mais il ne semble pas vraiment surpris, et se permet même un instant de lever les yeux au ciel en soupirant. Ils veulent probablement se venger de la perte de June, mais est-ce que cela veut dire qu’elle est en danger, elle-aussi ? Il se rassure en se disant que Rocket doit être avec elle ou qu’elle est dans les locaux du S.H.I.E.L.D., donc qu’elle ne craint rien, et qu’il doit pour l’instant penser à sa propre sécurité. Après tout, peut-être que Loki l’a sauvé des griffes de l’Hydre pour l’achever lui-même ?
Se rapprochant du Dieu après avoir abandonné son sac remplit de donuts sur une montagne de morceaux de fer rouillé, le cyborg lui adresse quelques mots d’une voix dépourvue de méchanceté ou d’agressivité, qui exige seulement une réponse claire : « Qu’est-ce que tu veux, Loki ? » Après tout, ils ne sont pas amis, mais ne sont pas vraiment des ennemis non plus. Mais s’il se retrouve là, c’est que le Dieu doit avoir des choses importantes à lui dire… ou à demander.
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Loki Odinson God of Mischief
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Evidemment, Barnes était perturbé par l’enchaînement d’actions qui venaient de se produire. Loki ne souhaitait pour le moment pas lever le voile sur ses doutes, et préférait rester dans le flou par commodité. Laisser l’Avenger tirer ses propres conclusions, ne rien affirmer pour se rétracter par la suite. Il jeta un regard ennuyé sur les débris, dégoûté qu’un tel endroit puisse exister sur terre, mais reporta bien vite son attention sur son invité.
Pour un soldat dont le cerveau fut réduit en bouillie, il n’était pas si stupide que cela. Deviner que Hydra était derrière l’attaque…peut-être était-ce simplement la paranoïa qui parlait, le pauvre homme ayant dû fuir une bonne partie de sa vie ceux qui cherchaient à le contrôler à tout prix. Il avait tout de même mis le doigt dessus relativement vite. Le Dieu de la Malice en était impressionné, quand bien même il ne comptait pas lui révéler la vérité. Il se contenta donc de sourire sans avancer quoi que ce soit.
“Le Soldat de l’Hiver intéresse de nombreux groupuscules, ton histoire est tristement célèbre sur cette planète. Hydra ou non, je doute que ces hommes te voulaient du bien.”
C’était également le cas pour lui, d’ailleurs. Loki ne l’avait pas tiré d'affaires de bonté de coeur, ce serait mal connaître l’énergumène. Ainsi dévoiler que plusieurs personnes souhaitaient le contacter était peut-être risqué, cependant l’Asgardien avait pleinement confiance en ses capacités de persuasion. Pour le moment, malheureusement, ils ne jouaient pas dans le même camp; il lui fallait mesurer ses paroles, et ne surtout pas appuyer sur un souvenir déclencheur qui risquerait de faire basculer le Soldat de l’Hiver dans la violence.
“Sur la défensive, à ce que je vois.”
Amusé néanmoins, le Dieu de la Malice se rapprocha de la fenêtre à moitié condamnée par des planches pour jeter un coup d’oeil à l’extérieur. Ils étaient toujours dans le même quartier, deux rues plus loin, mais les petits amis de Barnes ne les trouveraient probablement pas ici. Cependant, afin d’être sûr, le sorcier envoya une image miroir de lui-même au quartier général de Hydra, ainsi qu’une seconde là d’où ils venaient. Son attention divisée autant que son énergie n’était pas une bonne chose au cas où quelqu’un les attaque; il avait pourtant confiance en l’Avenger pour ne pas se battre inutilement contre un dieu. La surveillance était plus importante que la sécurité, à cet instant.
“J’ai du mal à comprendre ta psychée, Barnes.”
Il resta silencieux un court moment tandis que ses images lui renvoyaient les informations nécessaires. Les hommes de Hydra fouillaient les environs, et leurs chefs vociféraient dés ordres à leurs troupes sans être certains de ce qui avait permis à leur cible de s’échapper. Bientôt, l’information remonterait; quelqu’un l’avait forcément reconnu, et il aurait droit à un interrogatoire énervant de la part de ces idiots. Loki avait été très clair quant à ses agissements pourtant; il ne faisait pas partie de l’organisation et suivait ses propres plans, même si ceux-ci risquaient d’entrer en collision avec ses alliés.
“Tu fais partie de leur groupe, les Avengers. Rogers n’y est pas pour rien, je le conçois. Ils voulaient t’exécuter à l’origine, après tout. Mais pourtant, au lieu de te tenir à carreau et tout faire pour gagner leur confiance absolue, tu aides l’un de leurs pires ennemis à fuir. Non…je ne comprends pas cette décision.”
Des mois s’étaient écoulés depuis l’événement auquel Loki faisait référence, aussi il paraissait certainement étrange d’un point de vue extérieur qu’il s’intéresse aujourd’hui à cela. Seulement avec l’effervescence dans les locaux de Hydra, difficile d’oublier le cyborg au passé troublé.
Il n’y avait pas que cela, bien entendu. Le Dieu de la Malice avait d'autres questions à poser concernant une certaine Sorcière Rouge, mais n’osait pas encore les prononcer. Wanda avait disparu des radars à cause des Avengers, et il n’avait pas encore rassemblé son courage pour lui rendre visite incognito. Son esprit était déchiré entre l’envie de la revoir et la certitude qu’il devait faire son deuil, le besoin de s’assurer qu’elle allait bien et la nécessité de l’éliminer au plus vite. Barnes était le seul suffisamment détaché des autres “héros” pour lui offrir des réponses sans chercher à le duper.
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L’attaque éclaire, qu’il avouerait sans difficulté ne pas avoir pu venir, fut aussitôt créditée à la solde de l’Hydre machiavélique le poursuivant depuis bien trop d’années. Dans la bouche du Soldat, malgré la rancoeur et la haine sous-jacentes, on ne pouvait entendre aucune note de surprise : ce n’était pas la première fois, et sûrement pas la dernière. Encore plus au vue des derniers évènements. Ayant portée ces accusations à voix haute, demandant confirmation à celui qui s’imposait comme le sauveur du jour, le Soldat n’eut, comme réponse de la part du Dieu, qu’une brume épaisse à travers laquelle aucun aveu n’était donné. Rien de surprenant de la part du Prince dont la fourberie n’était plus à prouver. Glissant ses mains gantées dans ses poches, il ne put s’empêcher de soupirer tout en disant, d’un ton narquois mais point colérique : « Et toi, tu traînais par hasard dans le coin, c’est ça ? » L’ironie flirtant dans sa bouche avec le coin d’un sourire, l’Avenger avait mollement haussé ses épaules à l’élocution du Dieu, qui demeurait étrangement calme. Que pouvait-il avoir derrière la tête ?
Le voyant s’approcher de la fenêtre pour y faire on-ne-sait-quoi, le brun avait levé les yeux au ciel tout en pivotant sur lui-même pour parcourir la grande pièce du regard, à la recherche d’un objet en particulier : une chaise. Visiblement, cette rencontre venait tout juste de commencer et le Dieu, d’humeur joueuse et mystérieuse, n’allait pas le laisser filer facilement. Il avait donc des raisons d’être sur la défensive, mais ce fut un discours bien plus ironique qui sortit de sa bouche, alors qu’il s’avançait de quelques pas pour attraper une chaise qui traînait là. « De quoi tu parles, j’ai même apporté des donuts. » Tirant la chaise d’un geste vif, il avait entrepris de l’éloigner des bâches blanches pleines de poussières avant de s’y asseoir, en soupirant de nouveau. Cette soirée allait être longue, il le sentait. « Il y a quoi d’intéressant, dehors ? » Ne sachant toujours pas ce que le Fourbe fabriquait dans son coin, le nez collé à la fenêtre, l’Avenger avait croisé les bras contre son torse finement musclé, attendant de voir quelle fantaisie son hôte allait inventer, encore.
Finalement, ce fut un phrase dès plus posée qui sortit de sa bouche ; il avait du mal à le comprendre. C’était, sans nul doute, leur premier point commun : ils ne se comprenaient pas. Mais qui pouvait se targuer de comprendre Loki ? Prenant une fine inspiration, il vint froisser son visage à l’aide de sa main humaine tout en marmonnant, un peu désabusé : « Pitié, me dis pas que tu veux être mon psy. » Arquant l’un de ses sourcils, il avait passé la pointe de sa langue sur ses lèvres en basculant sa nuque en arrière durant quelques secondes ; des psys, il en avait vu des tas et continuaient à en voir certains, puisque les gens de cette époque affirmaient qu’il en avait besoin. Parler devrait le libérer. Foutaises. Ces psys ne l’aident en rien, sauf gaspiller son temps. D’ailleurs, il honorait de moins en moins ses rendez-vous : et il ne s’en portait pas plus mal.
Puis, enfin, l’explication de ce sauvetage et de cette rencontre ; Loki voulait comprendre pourquoi Bucky l’avait sauvé lors du Jour des Héros. Personne ne lui avait jamais demandé des comptes à ce sujet, et il était assez surprenant de réaliser que Loki était le premier à le faire, des mois après l’évènement en question. Prenant quelques secondes pour y réfléchir, ou pour organiser ses pensées, il avait fini par simplement hausser ses épaules d’un air désinvolte avant de courber le dos, joignant ses mains et appuyant ses coudes sur ses genoux. « Parce qu’elle t’aurait tué, là-bas. » Inutile de préciser qui était le elle en question, mais comme Bucky ignorait à quel point le prénom de sa bien-aimée était sensible aux oreilles de la divinité, il s’était abstenu de la nommer. Sans attendre, il poursuivit en le fixant du regard. « C’est elle qui a révélé ta véritable identité, non ? À ton avis, pourquoi ? Elle voulait probablement qu’on s’entretue, voilà pourquoi. » Était-ce suffisant pour satisfaire la curiosité du Dieu de la Malice ? Probablement pas. Bucky se doutait que cette révélation allait entraîner davantage de questions et, prenant les devants, il ne put s’empêcher de surenchérir : « À l’époque, tout le monde pensait qu’elle t’aimait. Je ne voulais pas qu’elle souffre de te perdre, et encore moins de porter la culpabilité de ta mort. Pour elle, tu avais changé, tu pouvais devenir quelqu’un de bien… Et je le croyais aussi. Voilà pourquoi je t’ai aidé à fuir. » Est-ce qu’il venait d’avouer, à demi-mots, qu’il avait été prêt à accueillir Loki parmi les Avengers, parmi ceux que l’on nomme les Super-Héros ? Absolument. La réponse pouvait paraître étrange, mais il ne se pensait pas meilleur que Loki. Il avait été un meurtrier, il avait été un assassin ; mais peut-on réellement cesser, un jour, de l’être ? Si Loki avait voulu suivre Wanda, Bucky l’aurait accepté, et il les aurait soutenu. Tous les deux.
Mais les choses avaient diamétralement changé. Aujourd’hui, Wanda n’était plus avec Loki mais avec lui. Et cela, Loki allait peut-être lui faire payer…
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Loki Odinson God of Mischief
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Loki conservait l'ironie de la phrase, sachant très bien que Barnes n'était pas dupe. S'il avait compris l'implication de Hydra dans l'attaque, il savait que le Dieu de la Malice s'intéressait à lui. Le pourquoi lui était certainement inconnu - personne ne pouvait se targuer de voir clair dans ses actions - cependant il n'était pas en position de s'échapper. C'était son aîné ou Hydra, et ce dernier n'avait aucun doute concernant le choix du Soldat.
L'Asgardien laissa échapper un petit rire à sa réflexion. Son invité semblait particulièrement détendu; avec la vie qu'il menait pour Hydra, puis à la suite de son évasion, il devait avoir suffisamment vécu d'expériences traumatisantes pour ne pas s'offusquer de la présence d'un dieu. Quand bien même cette vérité frustrait Loki, le côté pratique de ne pas avoir à se battre pour se faire entendre prévalait sur ses émotions.
"Je m'assure seulement que tes nouveaux amis ne nous interrompent pas."
Son illusion au quartier général brouillait les pistes, tout en laissant entendre aux généraux que leur décision d'attaquer de front était stupide. S'ils agissaient ainsi, sans réfléchir plus de cinq secondes aux conséquences, ils ne pourraient jamais gagner. N'avaient-ils pas perdu un agent, récemment ? Leur gestion des "extras" était à revoir. Le Dieu de la Malice savait que s'il devait s'assurer de la fidélité d'une potentielle arme humaine, comme Barnes et Campbell étaient censés être, les emprisonner tel des animaux sans cervelle ne serait pas une option. Il soupira un instant, exaspéré par ses alliés peu fiables, et reporta son attention sur le Soldat.
Son coeur rata un battement, cependant son visage resta impassible. "Elle t'aurait tué". Cette affirmation le perturbait plus qu'il ne l'aurait imaginé. D'un côté, l'arrogance prenait le dessus; comment une simple Midgardienne, certes dotée de pouvoirs puissants issus d'une pierre d'infinité, pourrait mettre fin à la vie d'un véritable Dieu également détenteur d'une pierre d'infinité ? Comment croire que qui que ce soit parviendrait à éliminer Loki, Dieu de la Malice, héritier des royaumes d'Asgard et de Jötunheim ? Certes, sa version originale avait fini par perdre la vie aux mains de Thanos - mais Thanos était un titan, un être naturellement puissant, qui en prime possédait à ce moment-là deux pierres, et lui aucune. Wanda faisait pâle figure en comparaison.
Cependant d'un autre côté, l'Asgardien avait découvert une faiblesse supplémentaire en son for intérieur. Cette faiblesse était étroitement liée à la Sorcière Rouge, qui pouvait l'exploiter à foison. Peut-être, dans les circonstances de l'événement qui avait effacé sa couverture, la jeune femme aurait-elle réussi à le blesser. Peut-être l'aurait-elle même forcé à se retirer quelques semaines, le temps de se remettre physiquement. Mais de là à le tuer? L'arrogance du Dieu de la Malice riait à cette idée. Le déstabiliser, oui; mais rien de plus.
"Qu'elle me tue? Tu me sous-estime, Barnes. C'est une erreur que trop d'hommes avant toi ont faite, et cela ne s'est jamais bien terminé pour eux."
Cela pouvait sonner comme une menace, néanmoins le but n'était pas de se placer en ennemi. Depuis son retour sur Midgard, on ne cessait de le sous-estimer; la faute à une légende quant à ses actions et sa véritable fin, mais également la faute de Thanos et du traumatisme qu'il avait infligé dans l'univers entier. Il lui fallait constamment rappeler sa puissance, son intelligence, ses capacités hors du commun pour être pris au sérieux. C'était fatiguant à la longue.
Soudain, quelque chose dans les paroles de Barnes le fit se figer sur place. Wanda…l'aimait? Oui, c'était évident. Loki avait profité de cet amour, l'avait embobinée pour s'assurer de sa loyauté, pour au final la perdre de façon stupide. Elle pensait qu'il changerait, qu'il basculerait du côté du "bien" selon la définition des Avengers. Mais qui lui avait placé ces idées stupides dans la tête ? Pas son partenaire temporaire en tout cas, bien que celui-ci ait laissé planer le doute. Croyait-elle réellement en sa potentielle rédemption ?
"C’est donc pour elle que tu as agi. Quelle précieuse attention.”
Il n'y avait pas que cela. L'inquiétude de Barnes vis-à-vis de Wanda, les mots qu'il choisissait à son encontre, tout cela cachait des sentiments. Loki était doué pour les déceler chez les autres ; un peu moins en lui-même, mais là n'était pas le propos. Il observa un moment son vis-à-vis, interdit.
"Vous les Midgardiens avez des idées absurdes. Mais je suppose que…vous avez une sorte de connexion tous les deux, qui vous amène à la même conclusion me concernant.”
Une colère sourde monta en lui, silencieuse, seulement capable d'altérer son jugement et ses pouvoirs, dont la source lui échappait. Tout d'abord, ses illusions vacillèrent avant de disparaître sans crier gare, laissant ses pseudo alliés libres de sa surveillance. Ses dagues apparurent dans ses mains, plus par instinct que suivant sa volonté, tandis que la magie affluait dans ses veines et se manifestait par une faible lueur verte au niveau de ses paumes.
Puis, elle explosa. Oh, rien de très effrayant pour quiconque avait pu expérimenter les pouvoirs de certains mutants; une vague d'énergie invisible émana simplement de son corps, animée par une émotion trop forte qu'il ne parvenait pas à contrôler, et envoya valser tous les objets à proximité. Outils et barres de fer s'écrasèrent contre le mur en un fracas assourdissant, manquant de justesse de décapiter le Soldat de l'Hiver.
Loki baissa les yeux sur ses mains encore figées sur ses dagues, visiblement surpris de ses propres actions; s'il voulait approcher Barnes en ami, c'était peut-être mal parti. Il inspira profondément, tentant de reprendre le dessus sur ses pouvoirs, et finit par lever les yeux au plafond en riant froidement. De l’extérieur, on pourrait croire qu’il perdait définitivement pied, que la folie envahissait son être ; mais il était désespérément lui-même. La lueur disparut enfin, lui redonnant le contrôle, et il offrit un sourire sans joie à son invité.
« Quand l'ennemi nous fait une fleur, souvent s'émousse la rancoeur. » (Szczepan Yamenski)
Par hasard. Évidemment. Le hasard fait drôlement bien les choses, alors ! Ne croyant point les mots ironiques du Dieu qui se tenait à quelques mètres de lui, le Soldat avait haussé ses sourcils tout en croisant ses bras contre son buste, ne se privant pas de lever les yeux au ciel d’un air à la fois désabusé, mais aussi un peu agacé par la situation. Il n’a pas vraiment besoin de confirmation de la part de son interlocuteur, car il devine sans mal que HYDRA se cache derrière cette attaque-éclaire, mais les intentions du Dieu restent encore trop obscures pour qu’il puisse se détendre. Inutile cependant de poursuivre dans cette voie : Loki ne dira rien de plus et cela ne sera bénéfique pour personne, car il y a fort à parier que l’issu de cette conversation se trouvera dans la colère. « Si tu le dis. » Marmonne-t-il pour clore cette discussion stérile, le regard rivé sur sa gauche sans qu’il n’ait quelque chose de probant à observer.
Et puisque l’Asgardien lui tourne encore le dos, accroché à sa fenêtre, l’Avenger le questionne : il s’assure que ses nouveaux amis ne les interrompt pas. Trop aimable. Un léger sourire emportant ses lèvres, le Soldat reporte son attention sur son vis-à-vis pour lui adresser quelques mots, lui montrant, encore une fois, qu’il est inutile de vouloir le tromper : « Ce ne sont pas de nouveaux amis. On se connait depuis longtemps, eux et moi. Votre collaboration, en revanche, est plus récente, je me trompe ? » Il a bien conscience de jouer avec le feu en parlant ainsi, car il n’est clairement pas à son avantage ; il n’a aucun pouvoir ni capacité extraordinaire, et n’a sur lui, aucune arme. Il était simplement descendu aux pieds de son immeuble pour acheter des sucreries, il n’avait pas prévu de se faire enlever par un Dieu jaloux et éconduit amoureusement par sa petite-amie, et visiblement en quête de vengeance. Est-ce qu’il a même seulement son téléphone, sur lui ? Il ne pense pas avoir l’occasion de s’en servir mais, au cas-où, il se dit qu’ils pourront le localiser… Pas avant demain, en tous cas. Il va falloir survivre cette nuit, au moins. Discrètement, profitant du fait que Loki a encore le dos tourné, Bucky fait lentement glisser sa main humaine contre la poche centrale de son sweat sombre, palpant l’objet rectangulaire et rigide qui s’y trouve : son téléphone portable. Bien. Cela le rassure un peu. Mais alors que le sujet de Wanda se pose enfin sur la table, il retire tout aussi discrètement sa main en raclant discrètement sa gorge, ne sachant plus trop quoi penser. Il a l’impression que Loki n’est pas malintentionné mais, quelque chose, au fond de lui, lui dit que les choses vont mal tourner.
« Tu as pourtant pris la fuite. » Lâche-t-il d’un ton plus sec qu’il ne l’aurait voulu, avant de poursuivre, d’un ton plus adouci : « D’accord, elle ne t’aurait pas tué. Elle t’aurait blessé, c’est mieux comme ça ? » Il ne prend pas vraiment les paroles de Loki comme une menace, mais les considère plutôt comme l’expression de son égo-démesuré. Entendre que Wanda aurait pu le tuer semble l’avoir titillé… Sa fierté en a-t-elle pris un coup ? Il fallait le brosser dans le sens du poils mais ce n’est pas vraiment dans les qualifications du Soldat qui, même en sachant que la situation n’est pas à son avantage, ne s’écrase pas. Plus jamais.
Et il voit bien que le sujet de Wanda est difficile pour Loki, même si ce dernier tente de camoufler ses émotions par de l’ironie et des railleries. Il le comprend, il a été à sa place quelques mois auparavant alors, s’il peut comprendre la douleur, il comprend moins la colère, qu’il juge puérile et foncièrement immature. Rien de bien surprenant de la part du Dieu de la Malice cependant. « Techniquement, pour vous deux. Pour que vous puissiez être ensemble. » Il ne relève pas, une nouvelle fois, l’ironie de Loki. Bucky se doute que c’est une défense visant à masquer ses défenses vacillantes, et ne souhaite pas le pousser dans ses retranchements ; ils restent donc un moment à se regarder, en silence, avant que le Dieu ne reprenne la parole, évoquant la prétendue connexion entre Wanda et Bucky. Secouant légèrement son menton de gauche à droite, Bucky rétorque : « Je n’ai aucune conclusion te concernant. » Peut-être est-ce le mot de trop ?
Les sourcils légèrement froncés, Bucky voit deux dagues apparaître dans les mains du Dieu, mais il décide de rester immobile malgré le danger imminent, en alerte mais sans provoqué de mouvements brusques pouvant faire vaciller la situation. Celle-ci est déjà suffisamment précaire pour le cyborg. Puis, sans qu’il ne puisse l’anticiper, une vague d’énergie invisible s’échappe de la divinité pour repousser tous les objets autour de lui ; barres de fer, morceaux de plâtre et outils rouillés s’envolent d’un seul coup, en direction du Soldat. Ce dernier, étant heureusement dotés de réflexes aiguisés, repousse une large barre de fer à l’aide de son bras robotique, échappant de peu à se la prendre en pleine figure. Ayant suivi la trajectoire des objets pour vérifier qu’ils ne revenaient pas vers lui, Bucky garde ses sourcils froncés et ses traits crispés en se retournant vers celui qui perd visiblement pied. Il regarde ses mains comme s’il découvrait la présence de ses dagues et, se mettant à rire avec froideur, il fait frissonner le Soldat qui se retrouve de plus en plus méfiant. Leur rencontre prend une mauvaise posture, surtout pour lui. Il lui faut trouver un moyen d’en réchapper mais, la question posée par Loki ne l’aide pas à entrevoir une bonne issue pour sa survie. Il prend donc quelques secondes de répit avant de lui répondre, ses yeux azurés rivés auprès des siens, debout au milieu de la pièce ravagée par le temps : « Qu’est-ce que ça peut faire ? Tu ne te sentiras pas mieux après... »
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Loki Odinson God of Mischief
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Perdre pied n’était pas dans ses habitudes, pourtant le Dieu de la Malice sentait la folie proche dans son esprit. Tout s’était enchaîné si rapidement ces derniers mois, tant et si bien qu’il ne savait plus à quoi se fier. Ses émotions qui n’avaient pourtant jamais été si importantes s’étaient muées en un cyclone dévastateur, et ce n’était pas la première fois que sa magie n’en faisait qu’à sa tête. Depuis l’histoire avec Wanda, c’était comme si son cerveau était déréglé. L’avait-elle enchanté? Etait-elle responsable de cet état? Si c’était le cas, alors Loki était dans une situation plus complexe qu’il ne l’aurait cru. Lui qui se pensait invincible voyait son assurance s’étioler, quand bien même il paraissait toujours aussi arrogant et sûr de lui. Il fallait qu’il répare les pots cassés, qu’il renforce son esprit. Après tout, de nombreuses personnes sur Midgard possédaient des pouvoirs de télépathie qui ne lui disaient rien qui vaille.
Barnes le prenait pour un agent de Hydra. Encore un…l’Asgardien commençait à trouver l’analogie lourde, à la longue. Il n’était pas un agent, et ne s’était jamais vanté d’en être un. En soi, sa collaboration avec l’organisation reposait sur du vent. Jusque là, il n’avait fait que servir ses intérêts personnels; et ce serait toujours le cas. Cependant, trop préoccupé par son propre manque de contrôle, il ne répondit pas à la provocation. Ni aux suivantes d’ailleurs, quand bien même celles-ci étaient certainement l’élément déclencheur à sa colère.
Il avait manqué de blesser l’homme qu’il venait de sauver. C’était quand même ironique, tant l’idée qu’il aide qui que ce soit que celle de le trahir sans le vouloir. Sa vie depuis qu’il avait remis les pieds sur Midgard semblait être une succession d’événements dépassant sa volonté, et Loki commençait à en avoir assez. Il serra les poings, ses jointures devenant blanches, mais souffla lentement en quittant cette position défensive qu’il n’avait même pas réalisé avoir prise. Ses dagues disparurent enfin, et il laissa échapper un rire plus naturel que le précédent.
“J’attendais seulement une réponse, malheureusement il semblerait que tu ne sois pas du genre à en donner si facilement. Je comprends. Tu es du genre à échanger par le combat. Mais vois-tu, Barnes, je ne souhaite pas me battre. Je crois que tu es assez intelligent pour comprendre qu’entre toi et moi, le niveau est bien trop disparate.”
L’Aesir se redressa dignement, effaçant toute trace de son coup d’éclat, et approcha tranquillement de son vis-à-vis l’air détaché. Il n’avait pas tort dans ses paroles: le Soldat de l’Hiver avait beau être un humain modifié, un soldat d’élite ayant subi un entraînement poussé, il ne faisait pas le poids face à un véritable dieu ayant dépassé les mille ans. L’expérience de Loki sur les champs de bataille des neuf royaumes prévalait; il avait mis en pièce des milliers d’ennemis bien plus puissants qu’un petit Midgardien au bras mécanique. Etait-ce donc de l’arrogance que de penser qu’il ne pourrait même pas l’érafler s’ils en venaient aux mains ici et maintenant?
“Wanda fait partie du passé, pour moi. Je voulais seulement m’assurer que…ce passé était bien révolu. Notre rencontre était fortuite aujourd’hui, grâce à ces messieurs. Cependant, je l’espérais depuis un moment déjà.”
La distance entre les deux hommes était désormais réduite à un petit mètre à peine, mais le Dieu de la Malice n’avait plus rien de menaçant. Oh, pour sûr, il pourrait toujours tuer Barnes d’un seul geste sans que celui-ci n'ait le temps de se défendre; mais l’idée de vengeance ne lui traversait pas l’esprit. Il se concentrait uniquement sur l’instant présent, et refusait de reconnaître le tourment déchaîné qu’il enterrait dans un coin de son esprit.
“Tu es peut-être l’une des seules personnes sur cette pauvre planète à être aussi pragmatique. Sûrement que toi aussi, tu admettras un jour que la fin justifie les moyens. Et ce jour-là, tu comprendras pourquoi j’agis ainsi. Pourquoi…”
Loki se tut d’un seul coup, les sens en alerte. Quelque chose ne tournait pas rond, mais il peinait à savoir quoi. Activant sa magie, l’Asgardien créa une illusion qui se déplaça vers les escaliers en béton non loin, tandis que ses dagues reprenaient sagement leur place au creux de ses mains. Il pensait avoir plus de temps; malheureusement, il semblerait que son éclat ne soit pas passé inaperçu. S’il avait pu maintenir ses illusions, il aurait sûrement prédit les mouvements de Hydra à l’avance. Le Dieu de la Malice claqua de la langue, agacé d’être toujours interrompu. Son illusion disparut soudainement, signe que le danger était plus proche qu’il n’espérait.
“Nous n’avons plus le temps. C’est qu’ils sont tenaces te concernant, Soldat.”
« Quand l'ennemi nous fait une fleur, souvent s'émousse la rancoeur. » (Szczepan Yamenski)
La mention de sa collaboration avec Hydra eut peut-être pour effet de l’énerver mais, le Soldat ne le remarque pas vraiment ; il faut dire que le Dieu a toujours l’air de mauvaise humeur alors difficile de démêler la vraie contrariété de son expression naturelle. Néanmoins, Bucky ne revient pas sur le sujet, car il sait combien ce serait dérisoire d’insister et, de toute façon, il connaît déjà la réponse à cette question. Loki peut se défendre de ne pas être un agent d’Hydra, mais sa collaboration avec ces derniers ne peut que les lier, c’est un fait que personne ne peut nier, pas même celui qui est couronné de mauvaise foi.
Mais après avoir échappé de justesse à une décapitation, le Soldat comprend qu’il lui faut calmer ses élans d’insolence, et être moins frontal dans son approche. Si le Dieu démontre une bonne volonté de discussion, ce qui doit être assez rare pour être notée, il faut reconnaître que son interlocuteur ne l’aide pas vraiment à poursuivre sur cette voie… Si le Cyborg veut survivre, donc, il lui faut apaiser les tensions s’étant immiscées entre eux depuis l’évocation de Wanda. Le sujet est encore sensible, des mois après la fin de leur histoire : est-ce que Loki porte toujours des sentiments amoureux envers la Sorcière ? Il semble que oui, sinon pourquoi se mettrait-il dans pareils états à la simple prononciation de son prénom ? Il n’éprouve aucune jalousie à cette pensée, ayant suffisamment confiance en Wanda et Willow pour ne pas se sentir menacé par l’homme qui se tient devant lui. Le brun décide néanmoins d’évincer le sujet plus qu’épineux, et de rebondir sur autre chose dans l’espoir de calmer ses nerfs à vif : « Donc, selon toi, je ne suis qu’une brute épaisse qui s’exprime à travers les coups. Qui fait des conclusions sur l’autre, maintenant ? » Bon, pour la diplomatie on repassera. Lançant un regard envers les barres de fer ayant précédemment manqué de le tuer, Bucky racle discrètement sa gorge tout en passant, instinctivement, sa main robotique sur la poche de son sweat qui referme son téléphone portable. Toujours dans l’impossibilité de l’utiliser, il ne peut que se rassurer de sa présence. S’il lui arrive quelque chose, ici, le S.H.I.E.L.D. pourra le retrouver. Il faut l’espérer.
« Ce passé est révolu pour elle, aussi. » Dit-il sans volonté aucune de lui nuire ou de lui faire du mal, ne désirant même pas le narguer avec l’idée, implicite, que lui est son futur. Cependant, c’est les derniers mots de Loki qui lui font tourner la tête vers ce dernier, un peu surpris d’entendre qu’il espérait le rencontrer depuis un moment, déjà. Le dos droit, les mains vers le bas de son corps, il fronce légèrement les sourcils en se rendant compte, avec une certaine appréhension, qu’ils sont bien proches l’un de l’autre, même si le Dieu n’est en rien menaçant en cet instant. « Pourquoi…Quoi ? » Demande-t-il alors en se tournant pleinement vers Loki pour lui faire face, alors que celui-ci a laissé ses mots suspendus. Arquant l’un de ses sourcils d’un air curieux, il observe quelques secondes son vis-à-vis avant de comprendre. Ils sont là.
Merde. Il n’est même pas armé. « Putain. » Marmonne-t-il tout bas en faisant quelques pas supplémentaires pour se rapprocher de Loki, le pressant d’une question sèche qui signe l’urgence de la situation : « Téléporte nous ailleurs, qu’est-ce que tu attends ? » L’écho d’un bruit sourd lui répond, et il a à peine le temps de froncer ses sourcils tout en levant la tête vers le plafond pour s’apercevoir que celui-ci est un train de rompre. Trop tard. L’explosion au coeur du bâtiment, dans les étages inférieurs, provoque un bruit assourdissant qui fait tout d’abord trembler les murs comme si un puissant géant essayait de l’arracher du sol. Cela ne dure qu’un court instant, d’infimes secondes qui ne laissent de place à aucune réaction : Loki et Bucky n’ont guère le temps d’échanger le moindre mot, peut-être seulement un regard, avant que les étages supérieurs s’effondre sur eux dans une cascade de débris lourds venus s’abattre sur eux. 10 secondes. C’est long, 10 secondes. Terriblement long lorsque le sol s’agite et que les murs tremblent : le bâtiment se met à onduler comme une feuille morte balayée par un tourbillon de vent, les bruits sourds s’enchaînent et l’ossature vétuste s’agenouille enfin. Tout implose de l’intérieur en emprisonnant le Soldat dans son ventre, qui disparaît sous les débris et le nuage de poussière.
Enseveli sous les décombres, on ne le trouve pas : ironiquement, l’effondrement de ce bâtiment vient de le sauver d’hydra. On pourrait croire qu’il se cache, qu’il reste immobile pour leur échapper mais, loin sous les morceaux de murs défaits et les débris de tuyauterie en fer, inconscient, il repose. Sérieusement blessé au crâne, aux côtes qui doivent être fêlées, à l’épaule et à la jambe, qui doit sûrement être fracturée à cette heure-ci, son sang s’écoule de ses plaies…
Il faut le retrouver. Et vite.
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Loki Odinson God of Mischief
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La téléportation, comme Barnes le demandait, était entièrement dépendante d’un objet qui possédait sa volonté propre. Le Tesseract était déjà brûlant de son utilisation prolongée des dernières semaines. Pour quitter cet endroit, Loki avait compté sur la bonne vieille méthode de la marche à pied…malheureusement les ennemis du Soldat de l’Hiver étaient tenaces. Stupides également, de s’attaquer à un véritable dieu simplement pour le plaisir de capturer un cyborg instable. Tss.
Alors qu’il s’attendait à une attaque frontale, un bruit étrange attira l’attention du Dieu de la Malice. Les sourcils froncés, sens en alerte, il tentait de comprendre d’où venait l’onde sonore. Hydra n’aurait pas osé utiliser d’armes lourdes sur le bâtiment, n’est-ce pas? Le grondement ressemblait vaguement à la colère de Hulk, qui rappelait de mauvais souvenirs à celui qui avait pu expérimenter un combat inégal avec la créature. Si c’était lui qui débarquait…
Cependant il avait terriblement tort, et s’en rendait compte bien trop tard. Ce fut la poussière tombant du plafond et lui mit la puce à l’oreille. Il ne s’agissait pas d’une attaque, mais de bien pire. A peine eut-il le temps de lever les yeux que les premières pierres commencèrent à céder; l’enfer ouvrait ses portes, et ses démons les poussaient dans ses entrailles.
Le temps semblait s’étirer, alors que l’immeuble s’effondrait en piégeant tous ses occupants. Les bras levés au niveau de son visage, Loki sentit la douleur se propager dans tout son corps. Malgré sa résistance naturelle et son armure asgardienne, les tonnes de béton et d’acier qui s’appliquaient à l’écraser lui rappelaient avec un peu trop de virulence qu’il n’était pas aussi puissant que Thor lorsqu’il s’agissait d’encaisser des coups. La mâchoire crispée, recroquevillé en espérant limiter les dégâts, l’Asgardien sentit le sol se dérober sous ses pieds. Ils n’avaient aucune chance de s’en sortir indemne.
Le silence revint enfin. La poussière épaisse empêchait le Dieu de la Malice de voir quoi que ce soit à plus d’un mètre, mais il ne s’en offusquait pas. Sonné pour le moment, il tentait surtout de comprendre dans quel état se trouvait son corps. L’horreur le prit aux tripes lorsque son regard se posa sur sa main droite, la plus proche de son visage, et qu’il put en constater la couleur. Sous les débris et le sang, une peau bleue aux cicatrices intriguantes tentait tant bien que mal de régénérer ses tissus. Laissant échapper un grognement mêlant douleur et frustration, Loki tenta d’invoquer le Tesseract; en vain. Sa magie lui échappait, comme un enfant capricieux. Pourtant, il ne se sentait pas si mal que cela! A moins que…
Loki redressa la tête, et sentit un liquide tiède couler sur son front. La sensation n’était pas si différente, lorsqu’il avait chuté du haut du Bifrost pour atterrir sur une planète inconnue. La dernière fois, quelqu’un l’avait tiré d'affaires; cette fois, il ne pouvait compter sur personne. L’Asgardien s’extirpa tant bien que mal des décombres, atteignant une poche d’air retenue par quelques piliers encore debout, et se laissa de nouveau tomber au sol. Si cet endroit s’effondrait à nouveau, il n’était pas certain de s’en sortir.
“Barnes!”
Il n’y avait aucune chance pour que le Soldat de l’Hiver ait survécu à l’effondrement. Malgré sa puissance, le sérum de Hydra et leurs expériences diverses sur lui, il restait désespérément humain. Et comme tous les humains, son enveloppe corporelle était fragile. Les dents serrées, Loki balaya tout de même les lieux du regard. Sans Tesseract et sans magie, il se sentait cruellement vulnérable. Mais s’il laissait Barnes à son sort et que la rumeur de sa présence ici venait aux oreilles des Avengers, ceux-ci se lanceraient certainement dans une chasse à l’homme qui ne lui convenait pas en pensant qu’il avait assassiné l’un des leurs. Dans cet état, comment pourrait-il les combattre? Il ne pouvait même pas conserver une apparence décente, et se voyait affublé de son enveloppe Jötunn. Tout au plus serait-il capable d’en assommer un dans le lot, et encore.
Ignorant comme il pouvait la douleur - certains de ses os étaient sûrement brisés, et il y avait fort à parier qu’il avait un traumatisme crânien à en juger par tout ce sang qui gouttait encore sur son visage - Loki se redressa pour continuer ses recherches. Grand bien lui fit; le cyborg était proche, coincé sous quelques gravats qui l’avaient bien amoché.
“Ah, ciel…est-il mort? Ce serait stupide, tout de même.”
L’air détaché malgré la situation critique, l’Asgardien chercha le pouls de son acolyte involontaire. Heureusement pour lui, le coeur de Barnes battait toujours; du moins, pour le moment. Une fois de plus, il tenta d’activer sa magie; seulement pour la sentir lui échapper à nouveau, ce qui n’arrangeait pas sa frustration. Résolu à ne surtout pas se faire cibler par des idiots armés jusqu’aux dents, que ce soit dans un camp comme dans l’autre, le Dieu de la Malice dégagea promptement le Soldat de l’Hiver et l’installa comme il put. Si sa foutue magie ne faisait pas des siennes, il pourrait peut-être tenter quelque chose…après tout, son pouvoir de métamorphose changeait les corps, ne pouvait-il pas tenter de réduire les fractures ainsi? Jamais encore il n’avait eu à l’utiliser, n’étant pas suffisamment altruiste pour s’occuper des soins lorsqu’il était sur Asgard. Quant à l’appliquer sur lui-même…impossible, lorsque la compétence en elle-même refusait son accès lorsqu’il était suffisamment blessé.
“Allez, bon sang! Pourquoi est-ce que tu me fais toujours ça lorsque j’ai le plus besoin de toi?!”
De longues minutes passèrent, sans que Loki ne puisse utiliser la moindre once de magie. Le sang avait cessé de couler de sa plaie au crâne, néanmoins il conservait cette horrible apparence de géant des glaces. Concentré comme jamais, sachant bien que sa vie était menacée par le moindre craquement qu’il pouvait entendre, il plaçait toute son énergie dans la conjuration d’un seul et unique objet: le Tesseract. S’il pouvait le tenir une fois de plus dans ses mains, s’il pouvait quitter cet endroit…
Enfin, petit à petit, son énergie se manifesta enfin. La magie afflua dans ses veines, certes bien plus faible qu’à l’ordinaire, mais suffisante pour qu’il puisse récupérer l’objet tant convoité. Le cube cosmique ressemblait à une lumière d’espoir dans un abysse de tourments. L’utiliser dans cet état était risqué; le contrôler serait peut-être impossible, mais il n’avait pas le choix. S’il ne faisait rien, Barnes succomberait à ses blessures. Pas qu’il en soit chagriné, il ne fallait pas se méprendre; sa mort signifiait simplement le début des ennuis pour le Dieu de la Malice, qui savait que ses ennemis en profiteraient pour se lancer à ses trousses sous couvert d’une vengeance. Ce qu’il avait fait à Wanda était moindre, comparé à un véritable assassinat à leurs yeux. Il serait obligé de quitter Midgard, s’il en était seulement capable.
L’hôpital le plus proche vit apparaître deux individus dans ses couloirs, qui ne manquèrent pas de faire hurler quelques infirmières au passage devant la soudaineté du geste. A genoux au sol, une main crispée sur le Tesseract et l’autre posée sur le torse de Barnes, Loki se sentait au bord du malaise. Sa tête semblait sur le point d’exploser, et son énergie semblait occupée à réparer les dégâts sur son enveloppe charnelle. Ses yeux rouge sang se levèrent vers les individus en blouse qui affluaient autour d’eux, la vue brouillée. Il ne pouvait pas rester ici. Certains le reconnaîtraient forcément et tenteraient de le tuer plutôt que de l’aider. Ces regards qu’on lui lançait, ne cachaient-ils pas de tels projets? Il esquissa un rictus de mépris en se redressant de toute sa hauteur.
“James Barnes. C’est son nom. Assurez-vous de le garder en vie, ou vous le regretterez, croyez-moi.”
Un nouveau portail ouvert, une nouvelle fuite. Retrouvant enfin un endroit sûr, à savoir le salon de son appartement, l’Asgardien tomba définitivement au sol. Le Tesseract lui échappa des mains et glissa plus loin, brûlant au passage une partie du tapis, un nouveau signe qu’il devait cesser de l’utiliser. Allongé à même le sol, l’adrénaline de l’instant semblait s’évanouir et sa conscience finit par s’envoler. Le Dieu de la Malice venait d’accomplir une bonne action mais refusait de la voir comme telle. Ce n’était qu’un peu de stratégie, rien de plus; il plaçait ses pions sur l’échiquier. Barnes survivrait à ses blessures, il ne pouvait en être autrement. Loki s’en assurerait personnellement.
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