[Terminé] Derrière un long voyage, il y a toujours des retrouvailles

Derrière un long voyage, il y a toujours des retrouvailles

Dans la vie il y a toujours des moments d'hésitations. C'est bien normal, il faut toujours faire preuve de réflexions pour ses choix futurs. Cependant, il venait un temps où il fallait prendre des décisions. Pour ce qui est de toi, tu es sur le point de prendre l'un des tournants les plus importants de ton existence. Oui, te voici devant ce grand portail emblématique. Le regard baissé, tu déglutis et tu sembles paralysé par tes doutes et tes craintes. En effet, après avoir longtemps réfléchi sur tes choix de vie entre retourner au Kenya ou reprendre le dialogue avec l'institut, ta décision a été portée par les diverses discutions que tu as eu avec Hank, Malicia et avec le cours particulier que tu as également donné à Earwen en septembre. En revanche, faire un choix est une chose simple, appliquer la décision dans les actes est plus compliquée. Pourquoi tu n'arrives pas à avancer au-delà de ce fichu portail ?! Tu te l’es pourtant bien dit en prenant la route vers ce manoir depuis New-York : c'est une…

« Allez bon sang ! C'est une étape importante à passer... »

Tu secoues la tête. Comme si tu voulais chasser les doutes qui sont encore bien ancrés dans ton esprit. Tu prends finalement ton courage à deux mains et un pas après l'autre, tu t'avances vers la propriété du professeur Xavier et là… Tous les souvenirs ressurgissent de plus belle. Les mêmes odeurs, le même chemin en gravier qui est décoré par des arbustes tout au long. Ta tête est toujours baissée. Malgré le léger vent frais d'Automne qui s'est installé dans l'atmosphère, certains élèves étaient dehors à étudier ou à simplement discuter. Certains lèvent leurs têtes dans ta direction et d'autre te reconnaisse. Des murmures se font entendre et tu as cette sensation que l'on parle de toi petit à petit. Beaucoup sont surpris de te revoir et d'autre ne te connaisse tout simplement pas. Oui, tu avais loupé la rentrée des classes après-tout, c'est normal qu'il y ait des nouvelles têtes. Tu continues malgré tout ton chemin vers l'entrée principale, mais tu es rapidement interpellé par une voix que tu connais assez bien.

« Madame Munroe… Madame Munroe ! Vous êtes revenue ?!»

« Salut Jenny… » Dis-tu en te tournant doucement vers l’une de tes anciennes élèves. « Je voudrais parler au professeur Xavier, tu sais s’il est disponible ? »

« Oh… Eh bien… J’crois bien qu’il donne un cours aujourd’hui. Enfin, je n’en suis pas sûr. » Tu hoches la tête avec un sourire pour la remercier de ses informations, puis tu continues ton chemin. Cependant, voilà qu’elle t’interpelle à nouveau : « Ça fait super plaisir d’vous revoir ! »

Tu t'arrêtes à nouveau sur le coup. Là, il ne faut pas que tu te retournes. Sa dernière phrase pleine de tendresse vient te toucher en plein cœur et si ton regard croise le sien tu vas commencer à te mettre à pleurer. Essai de gérer tes émotions, veux-tu ? Tu viens à peine de revenir, ce n'est pas pour craquer au bout de cinq minutes. Dos à elle et sans te retourner tu lèves la main pour lui faire signe. Puis tu continues ta traversée jusqu'aux escaliers qui mènent vers les portes principales de l'institut. Pourquoi le moindre petit détail te demande un tel effort ? Ce ne sont que des escaliers. Tu grimpes petit à petit et tu souhaites maintenant ouvrir cette fichu porte pour en finir le plus vite possible avec cette foutue culpabilité de revenir… Cependant, les portes s'ouvrent d'elles-mêmes et la personne qui est en train de te faire face tu la connais bien elle aussi. Tu l'as même connu en image bien avant de la rencontrer. Ton cœur manque presque un battement lorsque tu te retrouves en face d'elle.

« C’est bien toi… Raven ? »

C'est vraiment tout ce que tu avais à lui dire ? C'était vraiment les premières paroles qu'elle allait entendre de ta part ? Est-ce qu'il faut te rappeler que tu n'as pas répondu à un seul de ses appels lorsque tu étais partie et quelle n'a pas eu de nouvelle de ta part depuis des mois ? Il s'agirait de choisir tes mots avec plus de discernement…

Codage par Libella sur Graphiorum

Le temps ne te fait pas perdre tes amis, il te fait comprendre qui sont ceux qui comptent, les véritables amis. Ororo & Raven
       
       

Il fallait peu de temps pour qu’une rumeur circule dans les couloirs de l’Institut. J’étais bien placé pour le savoir… Elles allaient d’ailleurs de bon train concernant la paternité de mon bébé. Beaucoup ignorait d’ailleurs que j’attendais des jumeaux. Mais cela ne les regardait pas. En ce temps assez frais d’automne, robe pull noire, avec un col bateau sur le dos, je marchais dans les couloirs, lorsque mon regard fut attiré vers l’extérieur. Mes pas se stoppèrent et je dus regarder à plusieurs reprises pour être bien sûre de ce que je venais de voir.

Une tignasse, reconnaissable entre mille. Des cheveux argentés et noirs en racine. Ororo. J’abandonnais alors tout ce que j’étais partie faire pour me dépêcher de me rendre devant les portes de l’Institut. Avec un peu de chance, les élèves qui te saluaient allaient un peu te parler et me permettrais d’arriver …. A temps.

J’ouvris les portes en grand, sur le haut des marches, dominant Tornade par la taille, aidée par ma paire de talons, je la fixais sans rien dire jusqu’à ce que tu prennes enfin la parole. Si c’était bien moi ? Oui. Evidemment. Il était vrai que tu avais quitté l’Institut il y a plusieurs mois déjà, et à ce moment là mon ventre était plat.

- Fidèle au poste.

Dis-je alors le plus simplement du monde, bien que cette phrase veuille dire bien plus de choses qu’il n’en paraissait aux premiers abords. Sous-entendus, je ne suis pas partie. Je suis restée, même dans les moments les plus difficiles, et surtout, j’ai envoyé des dizaines de messages qui sont restés sans réponses de ta part. Je pouvais paraitre hautaine à première vue. Mais en réalité j’étais tout simplement blessée de n’avoir reçu absolument aucunes nouvelles de toi malgré mes multiples sollicitations. Et ceux qui commençaient à me connaitre savait pertinemment que derrière cette froideur apparente se cachait le cœur d’une femme qui ne voulait plus souffrir.

- Je suppose que tu es venue voir Charles.

Ajoutais-je complétement détachée, du moins ma voix l’était, alors que mon regard lui, était perçant et je savais pertinemment qu’il trahissait le fond de ma pensée mais je ne voulais pas non plus le cacher. A quoi bon. Cela ne servait à rien.

- Il est absent pour le moment. Mais peut-être que je peux prendre un message.

J’agissais comme une secrétaire, comme si je ne te connaissais pas, comme si ton départ ne m’avait pas affectée. Alors que c'était tout l’inverse.

       
       

Derrière un long voyage, il y a toujours des retrouvailles

Toutes les petites filles avaient leurs héroïnes, une personne avec qui elle pouvait s'identifier, se construire et se développer. Une figure qui permettait d'avancer dans les tumultes de la vie. Pour toi, c'était clairement Raven, après son coup d'éclat et l'existence des mutants dans les années 70 elle était pour toi la guerrière bleue qui portait l'espoir des tiens et qui était fière de son existence en tant que porteuse du gène X. Lors de la bataille du Caire, c'est elle qui par sa simple présence, t'as fait chavirer du côté des X-Men face au mal incarné. Certes, tu avais pondéré ton idolâtrie en ayant partagé le même toit qu'elle, mais elle était toujours restée cette source d'inspiration te concernant, celle qui n'abandonnait jamais pour la cause qu'elle défend… Alors, lorsqu'elle était apparue derrière cette porte, tu étais très contente de la revoir. Tu n'avais vu que son visage, mais en prenant le temps de contempler sa silhouette une légère rougeur vient se faire voir sur ton visage. C'est quoi ce ventre arrondi ? Nan, ce n'est pas vrai… Elle est enceinte ?! Pour une surprise, c'est vraiment une surprise.

« Heu… Ouais… » Dis-tu totalement déstabilisé en tentant de reprendre le dessus sur l’étonnement. « Tu as toujours été un pilier de cette école de toute façon ! »

Sérieusement ? Tu n'as vraiment pas remarqué le passif-agressif qu'elle vient de te faire ? Tu lui accordes un grand sourire en n'ayant totalement rien capté de son sous-entendu. Bon, c'est bien normal. Il faut bien digérer le fait que la métamorphe était en train d'attendre un heureux évènement et les milliers de questions que cela pouvait soulever. Tu prends la décision de ne pas lui en parler tout de suite. Chaque chose en son temps et ton objectif est de voir le professeur Xavier. Mystique est une personne très perspicace et elle s'en doutait sans même que tu n’aies eu besoin de lui expliquer. C'est super, Raven est toujours prompt à t'aider quelle que soit la problématique ! Ou pas… Elle vient de dire qu'il n'est pas disponible, mais qu'elle peut transmettre le message. Ton regard croise le sien et l'un de tes sourcils vient alors se hausser d'une nouvelle surprise. Ton sourire s'efface, peu à peu lorsque tu constates un ton plutôt détaché et un air de mépris.

« Oh et bien… C'est gentil de ta part, mais tu sais, je peux patienter jusqu'à ce qu'il soit disponible. J'aimerais lui parler de vive voix, j'espère que tu comprends… »

Ce regard tu le connais bien. C'est celui qu'aborde Raven pour démontrer sa froideur envers les gens qu'elle n'apprécie pas ou pour montrer que quelque chose ne lui convient pas. Tu dois l'avouer, c'est très amusant lorsque ce sont les autres qui ont droit à cette expression, mais lorsque c'est toi, là c'est beaucoup moins drôle. Tu n'es pas télépathe et tu ne sais pas ce que peut ressentir la belle mutante en ce moment. Tu espères que tu te trompes sur ses intentions, il se peut qu'elle soit simplement fatiguée par sa grossesse. Oh seigneur… Faites qu'elle soit simplement épuisée et non pas en colère contre toi. Bon tu choisis finalement le déni et tu décides de lui sourire à nouveau. Peut-être que sur un malentendu, tu t'es totalement trompée et que tu t'imagines des choses totalement paranoïaques. Tu lui ferais bien un câlin, mais tu es instinctivement sur la défensive, tu te dis que si tu as le malheur de l'enlacer, tu risquerais de le regretter amèrement.

« Sinon, ça va toi ? Ça fait un bail. »

Non, tu ne viens pas de faire vraiment cela ? Est-ce qu’il faut te faire un dessin Tornade ? Avec cette question idiote, tu viens de tendre le bâton pour te faire battre. Pour sûr, tu es dans le déni d’une possible confrontation, mais ce n’est pas une raison pour ne pas assurer tes arrières. Tu ne sais pas pourquoi, tu as un mauvais pressentiment pour la suite des choses.

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Visiblement je n’étais pas suffisamment claire car tu semblais ne pas vraiment comprendre pour quoi je pouvais avoir une certaine … Dirons-nous, rancœur envers toi. Oui certes j’étais mal placée mais en attendant, depuis notre réapparition suite au claquement de doigt de Thanos, j’étais restée présente, aux côtés de l’Institut. Exception faire du mois de mai dernier mais je n’étais pas vraiment moi-même donc cela ne compte pas si ? Non ? Non.

-J'avais bien compris que tu n'étais pas très messages.

Je n’étais pas sans ignorer l’admiration que tu m’avais porté dès ta plus tendre enfance, mais je n’étais plus l’héroïne qui avait fait vibrer tant les foules. Cette femme s’était éteinte petit à petit. Mais je n’avais jamais perdu cette flamme qui brulait toujours en moi.

- Je suppose que tu veux lui parler de ta réintégration ?

Ma place n’avait pas changé, je ne m’étais pas spécialement décalée pour te faire passer devant moi pour rejoindre l’intérieur de l’Institut. Au contraire. Je restais là sur le palier, m’adossant légèrement au chambranle de la porte, je croisais les bras sur ma poitrine, alors que je ne te lâchais pas du regard. Je cherchais le moindre petit détail physique qui pouvait avoir changé depuis ton départ, et le premier changement était ta coupe de cheveux. Cela t’allait bien. Tu étais une belle femme de toute manière c’était indéniable.

Au moins je ne te renvoyais pas de là où tu venais, et je cherchais la conversation en te posant des questions et non pas à terminer la conversation le plus rapidement possible.

Les bras toujours croisés sur ma poitrine cela mettait encore plus en relief le ventre rond qui tronait maintenant. Mon regard se baissa alors naturellement vers ce dernier, puis il remonta finalement vers toi, les lèvres pincées.

- Beaucoup de choses ont changé… Comme tu peux le voir.

Tu n’étais ni aveugle, ni stupide. Tu l’avais forcément remarqué. En tout cas je n’allais pas me priver d’une petite réflexion. Garder les rancœurs ne servaient à rien. Je l’avais plus ou moins compris avec les années mais ce n’était pas toujours évident d’agir en adulte mature, responsable et raisonnable.

- Peut-être que tu aurais été au courant plus tôt si tu avais répondu à mes messages …


       
       

Derrière un long voyage, il y a toujours des retrouvailles

Bon sang, les paroles de Raven sont aussi tranchantes qu'une lame de rasoir lorsqu'elle décide de s'y mettre. Sa remarque sur le fait que tu ne sois pas tellement message te fait froncer les sourcils de plus belle. Bon, au moins tu as le cœur net sur ses intentions, elle est bien sur la défensive avec toi. Pas très message, pas très message… Mince, mais de quoi elle est en train de faire allusion ? Oh misère, ça te revient. Les nombreux appels manqués et les SMS auxquels tu n'as jamais répondu... C'est vrai qu'après ton départ tu n'avais pas eu le cœur de répondre à celle qui t'avait tant fait rêver pendant ton adolescence, mais il n'y avait pas qu'elle. C'était une période où tu avais estimé que tu n'étais plus digne d'enseigner dans ce manoir et où tu avais jugé bon de couper les ponts avec tout le personnel. Là, tu viens enfin de trouver la force de venir ici et il faut que ce soit elle qui vienne refroidir tes ardeurs. Elle évoque ton souhait de réintégration… Ce n’est pas vrai, c'était à croire que Raven lisait en toi comme dans un livre ouvert.

« Ouais on peut dire ça. Cache ta joie, hein… J’voudrais pas que mon souhait de revenir à l’institut t’étouffe d’enthousiasme. »

Tiens donc, tes paroles ironiques sont bien acerbes tout à coup. Tu vas vraiment dans la confrontation avec la métamorphe ? Tu n'aurais jamais osé auparavant et il faut bien avouer qu'elle n'a pas totalement torts sur certains points. Le fait que tu n'as pas répondu à ses messages l'a vexée et il n'y a rien de plus normale à cela, le manque de communication mène forcément à l'incompréhension et à la tristesse. Cependant, tu ne sembles pas vouloir prendre ta part de responsabilité sur ce coup. La change-peau te montre son état en disant que les choses étaient différentes et que tu aurais pu être au courant si tu avais daigné garder le contact avec elle. Ton visage se ferme. Elle a beau avoir un caractère bien trempé, c'est indéniable, mais elle n'est pas la seule à avoir le sang chaud et un tempérament de cochon. Toi aussi à ta manière, tu pouvais devenir entêtée et après un léger moment de flottement pour la laisser terminer tu décides de prendre la parole.

« A croire que je faisais exprès de ne pas répondre à tes messages pour te blesser personnellement, à croire que la perte de Shane ne m’a pas affecté plus que cela et que la décision de partir ne m’a pas brisé en mille morceaux. » Tu lèves les yeux au ciel, comme pour éviter son regard. « Est-ce que tu peux t’imaginer ne serait-ce qu’une seule seconde dans l’état où j’étais lorsque je suis partie ? Non, je t’assure que tu ne pouvais pas comprendre un centième de ma douleur à ce moment-là alors s’il te plait, arrête de prendre les choses pour toi. »

C'est pénible. Il faut faire à chaque fois attention de ne pas blesser les autres alors que l'on est nous-même à l'agonie… Tu le sais que mystique est une personne qui s'attache profondément aux autres et qui prend les choses à cœur lorsqu'il s'agit de son cercle privé. Cependant, ce n'est pas une raison pour t'en mettre plein la gueule sous prétexte que tu aurais dû répondre à des fichus messages. C'est naturel qu'elle veuille comprendre ce qui s'était réellement passé, mais il y a des manières de faire ! Tu emboîtes alors à nouveau le pas en finissant complètement de monter les escaliers et tu te diriges vers l'entrer. En revanche, tu observes qu'elle bloque totalement le passage. Elle joue à quoi au juste ? Son but final est de te faire tous les reproches possibles et inimaginables pour te dégouter de ta décision ? C'est à croire que tu avais fait le mauvais choix en retournant au manoir. Tu ne t'attendais vraiment pas à devoir t'expliquer, enfin si, mais pas comme cela…

« Raven… Laisse-moi passer, s’il te plait. Je n’ai pas envie de me disputer avec toi. »

Peut-être que tu voulais surtout fuir la conversation qui s’annonçait houleuse. Sans doute que tu souhaitais fuir les justifications que tu aurais à apporter. Ce n’est pas vrai, tu es de retour dans une école ou dans un tribunal correctionnel à la fin ?

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- A-i-je dis un seul instant que je ne voulais pas que tu reviennes à l’Institut ? Je ne crois pas non.

Aie. Tu commençais à me rentrer dedans et ce n’était pas vraiment le bon jour. Depuis ma dispute avec les imprimantes 3D d’il y avait quelques jours j’avais du mal à redescendre, et la moindre des contrariétés me rendait… Particulièrement désagréable. Encore plus qu’habituellement vous me diriez … Moi de mon côté je ne penchais pas pour un caractère de cochon mais je mettais bel et bien la culpabilité sur ma grossesse et ces fameuses hormones. Bien qu’en réalité ce n’était surement absolument pas le cas. Ma voix ne devient pas des plus cordiales mais je reste tout de même aussi posée que précédemment. Je ne monte pas dans les tours. Je ne m’énerve pas.

Je t’écoute. Je te laisse finir de parler. Je sais qu’il n’est pas agréable d’être coupée en plein milieu d’un monologue ou d’un long discours. Surtout sous le coup de l’énervement. Car je le vois. Je t’énerve. Tu es sur la défensive. Et si c’est le cas c’est que j’ai très certainement raison. Pas certainement. J’ai raison. Je le sais.

Je secoue négativement la tête alors que tu souhaites entrer dans l’Institut. Je refuse de te laisser entrer dans cet état, et surtout sans avoir fini ma conversation avec toi.

- Tu n’entreras pas Ororo.

J’avance d’un petit pas et je ferme la porte derrière nous, les élèves qui pourraient passer n’ont pas besoin d’assister à la scène qui se déroule sur le perron de l’école. Et hors de questions de te dire ce que je voulais devant eux. J’avais peut-être une « grande gueule » comme disait certains, mais j’avais également un simili de cœur de pierre qui en réalité n’était qu’une façade.

- Je refuse de te laisser entrer et clore cette conversation.

Je fais un pas vers toi réduisant encore plus la distance nous séparant. La proximité physique ne me perturbe nullement.

- A croire que nous ne comptions pas assez pour que tu daignes nous donner des nouvelles ? A croire que nous n’étions que des monstres sans cœur qui ne ressentaient rien ? Tu n’es pas la seule a avoir perdu Shane. Nous l’avons tous perdu. Mais plutôt que de fuir comme tu l’as fait tu aurais pu compter sur la famille que je pensais que nous formions. Ensemble, nous aurions pu affronter le deuil de la perte d’un élève. Peut-être que tu avais besoin d’une pause, je peux le concevoir. Mais est-ce que je pensais que nous méritions plus qu’un silence de mort pendant tous ces mois ? Oui. Ton départ ne m’a pas seulement affecté moi, mais également tout l’Institut. C’est normalement dans les moments difficiles que l’on reconnait ceux qui nous aime vraiment. Et je pensais être plus qu’une simple collègue pour toi. Mais visiblement c’était le cas. Pour nous tous. Charles, Hank, Jean, Kurt, Scott et moi, nous nous leurrions sur les sentiments que tu pouvais éprouver pour nous. Mais nous aurions compris si tu nous avais expliqué plutôt que de nous laisser croire que tu étais potentiellement morte quelque part. Tu es partie sur un coup de tête sans te retourner ….

Je laisse une petite pause de quelques secondes à peine avant de reprendre la parole.

- Alors moi non plus, je ne veux pas me disputer avec toi, mais je refuse de te laisser croire que tu étais seule dans cette situation, que nous ne t’aimions pas assez pour te soutenir et oui, je le prends pour moi également.

Je plante mon regard dans le tien, bien que mes yeux semblent voilés l’espace d’un instant parce que qui pourrait passer pour une montée de larmes soudaines. Mais je ne pleure pas. J’affronte.
       
       

Derrière un long voyage, il y a toujours des retrouvailles

Un frisson désagréable vient parcourir toute ton échine lorsque ton modèle vient t'annoncer que tu n'entreras pas dans l'enceinte du manoir. Tes yeux s'écarquillent et ta bouche vient s'entrouvrir sous l'ébahissement de l’impact des mots de la métamorphe. Elle veut finir cette conversation, mais toi tu veux t'enfuir. Esquiver encore une fois ce moment pourtant si fatidique dans ton existence. Les élèves qui étaient dehors commencèrent à rentrer en voyant la tension palpable qu'il pouvait y avoir entre vous deux. Tous savaient qu'il ne valait mieux pas être spectateur de ce moment. Lorsque vous êtes seules sur le perron. Le professeur d'histoire vient s'avancer vers toi pour réduire la proximité. Tu baisses les yeux, d'un réflexe presque de soumission. Cela ne te ressemblait pas. Raven souhaitait crever cet abcès une bonne fois pour toute, mais c'était tellement douloureux de le faire. Lorsqu'elle commença son monologue et la mise en place de ses arguments, tu essayais d'en placer une, mais c'était peine perdue…

« C’est ridicule, je n’… »

N'espère pas couper sa parole qui était d'or. Elle avait des choses à te dire et comptait bien terminer ses explications envers toi. Premièrement, tu n'étais pas la seule à avoir perdu un être cher à ce moment-là, c'était toute l'institut qui avait pleuré la perte de l'élève. Elle attendait de toi que tu en parles, que tu puisses communiquer avec elle. Au lieu de cela, tu avais coupé les ponts avec la change-peau, mais aussi avec tout le personnel de l'école. Vous étiez plus que de simples collègues, vous étiez une famille. Cette famille devait se serrer les coudes dans les moments plus compliqué. Cependant, tu as disparu et sans laisser aucune trace. L'inquiétude pouvait être mortifère pour tout le monde. Ses mots te touchèrent en plein cœur et le coup de grâce fut donné lorsqu'elle affirme que tout le monde se trompait sur les sentiments que tu pouvais avoir envers le professeur Xavier, Jean, Kurt, Scott, Logan et elle. Non… C'est faux… Elle n'a pas le droit de dire cela. Selon-elle, tu ne les appréciais pas assez pour en parler et pour expliquer ton mal être. Elle avait à peine le temps de finir son monologue que tu viens attraper son col. Ton corps avait presque réagi tout seul, ce n'était pas un geste de colère ou de rage, mais de tristesse et de détresse. Elle n'avait pas le droit de dire cela.

« Je t'interdit… De dire ne serait-ce qu'un seul instant que vous ne comptiez pas pour moi ! » Ton regard croisa à nouveau le sien et tenter de contrôler tes larmes était presque mission impossible. Ta voix se fait plus forte « Pas une seule nuit ne s'est passée sans que je pense à vous et à ma décision ! Toute ma vie n'a été qu'une suite d'erreurs. Rejoindre Apocalypse pour des projets qui ne me ressemblaient pas, ne pas avoir pu sauver Shane lorsqu'il était le plus en danger et bien sûr avoir quitté mon foyer !! » Tes yeux devinrent humides et tes pupilles prirent une couleur blanchâtre. Ton pouvoir venait de s'activer sous le coup de l'émotion. « Tu sais ce que ça fait ?! De se tromper à chaque fois dans ses décisions, tu crois vraiment que je suis insensible à tout ça ?!! »

Au fur et à mesure de tes propos, les nuages s'étaient rassemblés. Lorsque tu avais terminé ton cri du cœur Raven pouvait sentir une goutte tomber sur son épaule. Une goutte… Deux gouttes… C'est alors que la pluie venait s'inviter à la scène. C'était comme si le ciel lui-même venait pleurer avec toi. Tu t'étais rendu compte l'espace d'un instant que tu avais empoigné le col de ton amie et se faisant tu relâches lentement ta poigne. Tu ne sais pas si elle avait été effrayée par la transformation de tes yeux, elle le savait de toute façon que tes émotions étaient le moteur principal de ta mutation. Lorsque les gouttes vinrent aussi mouiller ta chevelure d'argent tu relèves lentement les yeux vers ce ciel grisâtre. Tu pensais d'abords à calmer cette intempérie que tu avais causée, puis tu te dis que cela ne pouvait être qu'une preuve de plus que tu n'étais pas dénué de tout sentiment… Bien sûr que si ! Tout le monde comptait pour toi. Qu'est-ce qu'il ne fallait pas entendre… Ta voix devenait plus calme lors de ta prochaine parole. Ta tristesse et ta détresse se répercutaient sur tout ton être et tu commençais à trembler de chagrin.

« Moi… Je voudrais simplement… Au moins une fois dans ma vie… Faire le bon choix. »

Tu venais de lui avouer à demi-mot que tu t'étais trompé. Tout ce qu'a dit Raven était juste. Tes décisions n'engagent pas que toi, mais elles engagent belle et bien les gens qui tenaient à toi. Tu n'es pas seule sur cette barque. Cependant, tu es perdue. C'est comme si ton cœur allait exploser sous ta poitrine. Tu fermes les yeux l'espace d'un instant et tu tentes d'essuyer ces larmes qui étaient mélangées avec cette pluie battante.

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La tension était plus que palpable entre nous deux. Mais elle était différente de ce que j’avais pu avoir avec d’autres personnes. Toi. Je t’aimais. Et cette énergie entre nous résultait de nos sentiments et de nos égos qui avaient été blessés chacun à leur manière.

Je vois bien que tu tentes de n’interrompre mais je ne t’en laisse pas le temps. Tu m’observes, tu es touchée, je le sais. Ce qui me surprend en revanche c’est que tu oses le contact physique. Tu attrapes le col de mon haut. Je lève un sourcil, surprise, même si j’avais vu ta main se lever et que j’aurai pu la bloquer. Personne n’avait jamais osé tenter faire cela sans finir au mieux avec le bras cassé. Je n’avais pas réagi si pacifiquement à un tel geste de menace depuis … jamais à vrai dire.

Je lève la tête légèrement, prête tout de même à te mettre KO si jamais tu allais plus loin et que tu en venais aux mains. Mais nous n’en étions pas là. Du moins je l’espérais. Je ne me laisserai pas faire. Tu n’oserais pas frapper une femme enceinte si ?

Quoi que … Mes pupilles virent aux jaunes alors que tu parles de plus en fort. J’espère que personne ne nous regarde même si je me doute que les élèves ont su se placer là où il faut pour observer la scène. Je me risquerai bien à un regard de tueuse en direction des fenêtres qui donnaient sur le perron mais ce n’était vraiment pas le moment.

Enfin. Enfin tu pleurais et tu relâchais les émotions qui te torturaient tant. Je ne pouvais que comprendre j’étais la reine de l’autoflagellation. Tes yeux aussi changent de couleur, et des gouttes de pluie viennent percer le ciel. A l’image de tes sentiments, ces gouttes représentent pour moi tes larmes, qui d’ailleurs elles aussi ne tardent pas à venir rouler sur tes joues.

Tu relâches ton emprise. Je ne bouge pas, comme depuis le début de ta … dirons-nous… prise en main. Je t’observe longuement, puis, je prends ton visage entre mes deux mains, sous la pluie battante, mes pouces viennent caresser tes joues avec une rare douceur qui ne me caractérise pas vraiment aux premiers abords. Mais ceux qui me connaissent savent.

- Tu l’as fait. Aujourd’hui. En revenant chez toi.

Murmurais-je alors que mes vêtements étaient complétement trempés, collés contre mon corps, tout remontant une de mes mains pour venir essuyer les larmes qui coulent de tes joues. Rare moment de tendresse … Ororo. Si tu savais comme je savais ce que c’était de se tromper.

       
       

Derrière un long voyage, il y a toujours des retrouvailles

Tout le monde pouvait te le dire. Il fallait être suicidaire pour oser lever la main sur mystique. Ton geste n'avait pas été maîtrisé et il s'en est fallu de peu pour que tu finisses avec le poignet fracturé. Une rare maîtrise de Raven pour le coup. De toute façon elle devait sans doute savoir pertinemment que jamais, oh grand jamais tu allais la frapper. Il était déjà inimaginable de pouvoir de fâcher avec la belle métamorphe, mais alors en venir aux mains avec elle ? Non, ton corps à ce moment-là s'était crispé sous la tension et c'était en quelque sorte un appel à l'aide envers ton amie. Elle devait comprendre que tu ne simulais pas ton amour que tu avais pour les siens et elle devait le comprendre par les gestes, aussi idiot qu'ils soient. Tu pouvais t'attendre à des représailles de sa part et d'être définitivement chassé par la change-peau. Cependant, c'est bien le contraire qui se passa sous tes yeux humidifiés par la pluie et par les larmes. Elle venait de prendre ton visage avec douceur et te dire que tu l'avais enfin fait, ce bon choix.

« Raven… Si tu savais à quel point je suis désolée… A quel point je m'en veux de vous avoir abandonnés. »

Tu viens coller ta tête contre son épaule et tes bras viennent entourer sa nuque. Désolé si la future mère est peu tactile, mais toi tu avais besoin de ce câlin pour te faire pardonner au moins pour ton départ. Tes cheveux d’argents s’aplatissent sous le poids des gouttes d’eaux qui s’accumulaient au fur et à mesure que tu pleurais. C’était si réconfortant de la retrouver et de pouvoir l’enlacer comme l’amie qu’elle était. Il est intéressant à noter combien tes émotions influent sur la météo d’aujourd’hui. En effet, il n’y avait aucune précipitation de prévu durant cette journée. Enfin, la pluie ne te dérangeait pas plus que cela. Pour dire la vérité, tu pouvais rester pendant longtemps dans cette position réconfortante avec la sœur du professeur. Néanmoins, tu comprenais aisément qu’il lui fallait un espace à elle. C’est alors que tu cesses de l’enlacer pour venir observer son ventre arrondi. Tu étais sans doute pris par les émotions, mais tu devenais toute rouge au fur et à mesure que tu observais cette nouvelle condition.

« Puis… Je ne sais pas trop quoi dire. C’est une merveilleuse nouvelle que tu attendes un enfant. »

Au risque de te répéter. Cela posait milles et une question sur Raven. Combien de mois de grossesses ? Comment est-ce qu'elle le vit et surtout qui est le père ? Des interrogations indiscrètes que tu ne comptes pas lui poser tout de suite. Chaque chose en son temps. Elle devait être suffisamment bouleversée par ton retour sans que tu te décides à la harceler de question. Le temps n'était pas à se torturer l'esprit, mais bien aux retrouvailles. Tu prends le temps d'essuyer tes larmes, même s'il faudra que tu prennes le temps de te changer. Oui, tu étais trempée jusqu'aux os. Tu n'étais pas imperméable à ton pouvoir, pas sur ce point en tout cas. Un nouveau regard envers la métamorphe et tes yeux avaient repris leurs couleurs habituelles. Tu dois cesser de pleurer pour tout et pour rien, le chagrin t'a beaucoup accompagné ces derniers temps et tu dois faire en sorte de regagner à nouveau cette joie de vivre que tu avais jadis.

« Le voyage a été long… Mais, tout va bien maintenant. Je suis rentrée à la maison. Enfin, si vous voulez toujours de moi bien sûr… »

Un sourire se dessine sur ton visage et la pluie s'arrête par elle-même. Au final on pouvait même apercevoir une éclaircit par-delà les nuages. Un rayon de soleil dans tout ce gris. C'était comme un symbole qui s'affichait dans le ciel.

Codage par Libella sur Graphiorum

Le temps ne te fait pas perdre tes amis, il te fait comprendre qui sont ceux qui comptent, les véritables amis. Ororo & Raven
       
       

Admettre ses erreurs, reconnaitre ses fautes, ce n’était jamais une chose aisée, mais pourtant c’était ce que venais de faire. Et de mon côté, je t’accordais mon pardon, qui était, ô combien rare à obtenir. Un véritable plongeon pour nous deux. Si j’avais un sacré caractère de cochon ? La réponse était évidemment oui.

Mes pouces parcoururent ton visage bien que je ne savais pas vraiment si j’essuyais des larmes ou des gouttes de pluie qui venaient ruisseler sur tes joues

- On ne se libère pas d'une chose en l'évitant mais en la traversant. Et c’est exactement ce que tu viens de faire Ororo.

Trempée jusqu’aux os, je bénissais un court instant le professeur Joseph de m’avoir conseillé de m’habiller chaudement pendant ma grossesse et d’avoir acheté une robe avec une doublure en fourrure descendant jusqu’au genou. Mais … Elle me collait à la peau. C’est dans ces moments là que j’éprouvais légèrement de la jalousie pour Kath et son espèce de bouclier thermostat intégré à ses pouvoirs. Ne jamais avoir froid. Plutôt sympa comme mutation.

Le câlin me surprit. Cependant je ne te repoussais pas. Peu de personnes osait me toucher, et je n’étais tout simplement pas habituée. Mais je sentais que tu en avais terriblement besoin. Mes bras vinrent se caler dans ton dos pour te câliner à mon tour, et espérer te faire comprendre mes sentiments. Puis après de longues minutes bras dans les bras, sans dire un mot, sans bouger, tu relâchas l’étreinte de mes bras, abordant un point que tu avais pu sentir lors de notre moment de tendresse.

Mes dents vinrent mordre ma lèvre inférieure pendant quelques secondes, juste le temps de réfléchir à ce que j’allais bien pouvoir te dire concernant ma grossesse. Je savais bien qu’il était tout à fait normal et amical de me féliciter pour le fait de porter la vie mais j’étais bien loin de la caricature des mères ultra heureuse et épanouie à l’idée d’avoir un bébé. Et d’ailleurs c’était ce que je te précisais en grimaçant légèrement.

- Ils sont deux.

Répondis-je simplement en glissant une main dans mes cheveux qui était désormais d’un blond très sombre en raison des torrents de pluie qui s’étaient abattus sur nous.

Un rayon de soleil, éclairci de ce ciel sombre. Il ne pleuvait plus

Et ce fut côte à côte que nous franchissions l’entrée du manoir, un peu comme si rien de tout cela n’était jamais arrivé. Main dans la main, ressemblant toutes deux à des pirates ayant affronté une tempête. Ensemble.