Pour une fois, le choix de ma tenue n’a pris guère de temps. C’est bien la seule chose qui l’a fait, cependant. Le choix du restaurant n’a pas été simple et à conséquemment requis des recherches. Le choix de l’agent du SHIELD a requis des recherches et n’a pas réellement été mien. Si mes échanges avec Célestine sont toujours courts, le sms comme nos horaires respectifs faisant, elle m’a néanmoins aidé à trouver mon interlocuteur. Ce qui est de loin le plus chronophage de cette histoire : quatorze jours. Deux semaines depuis la rencontre de la Slime et une demi-douzaine de rencontres notables, ainsi qu’un TED Talk qui m’a occupée l’esprit et distraite de l’attente de réponse quant à un agent qui serait apte à me conseiller sur la découverte d’un nouveau surhumain. Evidemment, la première réponse de ma sœur est l’évidence : "aller en parler au SHIELD et laisser l’administratif m’affecter un agent". Alors oui mais en même temps je marche sur des œufs ici et, pour le bien de la future rencontre avec ledit surhumain, il me faut le bon agent. Célestine a accepté de chercher et m’a trouvée la personne qu’elle juge être la plus capable : Emy Carthew. Pourquoi est-elle la plus capable ? Aucune idée. J’ai simplement eu son contact et l’avis de ma sœur. C’est pratique d’avoir un membre de sa famille travaillant temporairement dans une base secrète du SHIELD pour avoir des contacts au sein de l’organisme de gestion de la communauté surhumaine. C’est moins pratique quand on espère pouvoir interagir avec elle autrement qu’avec des sms. Elle me manque et je pense qu’elle m’évite, utilisant son travail comme excuse. Je ne l’en blâme pas. Je la comprends, même : elle a fait son deuil de moi après avoir intégré le SHIELD pour chercher un moyen d’annuler le Snap. Que les Avengers aient réussi là où elle a échoué doit avoir un sentiment ambivalent chez elle, tout comme mon existence : je suis morte pour elle, elle n’a pas réussi à l’accepter pendant des années et après quantre ans à s’acharner à me ramener, elle a abandonné. Maintenant, tout cela ne fait plus aucun sens. Je suis triste pour elle.
Cependant, je lui laisserai le temps dont elle aura besoin pour revenir. C’est important pour elle. De plus, je ne manque pas d’occupations. Ce qui me fait retomber sur mes pattes : par mail, j’ai invité l’agent Carthew au 10 Columbus Cir, à New York City. Il s’agit du Time Warner Center, le grand centre commercial au rond-point de Columbus Circle, à la jonction entre Broadway et les routes autour du coin sud-ouest de Central Park. Quarante-cinq magasins, un hôtel cinq étoiles, dix centres de loisirs, dix-neuf centres beauté et santé ainsi que tout autant de bars et restaurants, c’est un endroit sympathique et utile. Parmi ces derniers se trouvent le Per Se, considéré comme l’un des meilleurs restaurants au monde et le meilleur de New York, et le Masa, considéré comme le meilleur restaurant japonais des Etats-Unis. Les deux étant trois étoiles au guide Michelin, la note maximum il va de soi, j’ai pris le plus petit des deux : le Masa. Une table à leur salle à manger s’élève à $750 par personne, sans inclure les taxes et les boissons dont les bouteilles sont à $200 l’unité. En rajoutant cette somme, il est possible d’être aux bars devant les cuisiniers mais je choisis le plus petit pour l’intimité ainsi la table pour deux me convient mieux. A défaut de pouvoir charger ce diner sur le compte d’une entreprise, il n’en reste pas moins lié à des affaires.
Je suis habillée en conséquence, même si c’est coloré. La veste de tailleur est jaune comme portée en cape tandis que la chemise est carrelée de rouges et de bleus foncés. La jupe et les bottes à cuissarde sont noires afin de contraster avec la bande de peau pâle qui se trouvent entre elles, au niveau de mes cuisses. Ma pochette est de cuir sombre, pour aller avec le tout. De quoi respecter le dress code "casual et confortable". A ce titre, également, j’ai respecté la consigne de faire attention à la quantité de parfum que j’ai mise afin de ne pas que mon odeur florale agréable et douce n’aille se sentir chez mes voisins de table.
Arrivée au quatrième étage du Time Warner Center, je n’ai qu’à suivre les panneaux pour arriver au Masa. Récupérée à l’accueil, je suis guidée par une jeune femme asiatique jusqu’à une salle ayant pour porte deux rideaux bleus marqué du sigle de l’établissement. De part et d’autre d’un long couloir central sur plancher de bois, des rideaux courts me séparent d’une rangée de tables encadrées d’une chaise, côté couloir, et d’un banc de cuir, côté mur ; lequel ne colle pas du tout avec le reste de la décoration à mes yeux. Qu’importe, comme il y a plus de place sur le banc, je m’y installe et pose ma pochette à mon côté, debout contre l’oreiller me séparant de la place adjacente. Après un regard à mon téléphone pour avoir la confirmation sms que Nathan et Enzo sont bien installés également à l’un des comptoirs, je range l’appareil dans la poche intérieure de ma veste. De ma pochette, j’extirpe un carnet à spirales et entreprends de dessiner l’endroit ; les photos y sont interdites, pas les dessins. De toute façon, je n’aurai jamais plus de temps qu’une esquisse avant que l’agent Carthew n’arrive.
La réservation est à mon nom. Orchent. Comme Célestine Orchent, docteure en ingénierie dans je ne sais quelle base du SHIELD et spécialiste des technologies Stark comme du Nouvel Élément Stark, dont la structure moléculaire a été construite d’après le Tesseract vers 2010, il me semble. J’ignore comment l’agent Carthew et ma sœur se connaissent. J’imagine parfaitement qu’elles ne se connaissent pas et que Célestine ait fait suivre ma demande à l’un de ses supérieurs pour trouver une réponse. Après tout, les chercheurs et les agents de terrain ne doivent pas beaucoup se croiser. Enfin je suppose. J’ignore comment le SHIELD fonctionne même si je me doute qu’il a mis mon téléphone sur écoute. Ce n’est qu’une question de temps avant que ses agents ne découvrent ce dont je suis capable, les @robeez notamment, pour peu que ceux qui travaillent avec ma sœur ne le sachent pas déjà. Aucune de nous n’est la nouvelle Tony Stark. Néanmoins, nous sommes toutes deux suffisamment créatives, éduquées et connectées pour faire de belles choses. Là où Célestine aime étudier, cependant, j’aime créer. Elle apprend plus vite que moi et est plus reconnue que moi mais je suis la plus inventive et créative, je pense. Après, j’ai six ans de retard.
Arrêtant mon dessin lorsqu’on me le demande poliment, j’en retourne à mes quelques notes qui le précèdent. Le témoignage concernant ma rencontre avec la Slime, des croquis annotés de sa Poupée et de sa Gelée, un dessin de l’horreur de la seconde envahissant ma Lucky Mobile, quelques théories sur sa structure moléculaire et d’éventuelles applications dans le domaine médical. Je n’ai pas pris en note mes moyens de l’endommager chimiquement, sait-on jamais que je me fasse confisquer ou que je donne le carnet. Après avoir accepté les deux menus tendus par la serveuse, j’entreprends de consulter le mien en attendant l’arrivée de l’agent Carthew.
A celle-ci, je me lève avec mon plus beau sourire ; l’enfantin où ma lèvre du haut se retrousse pour dévoiler mes dents blanches tandis que ma lèvre du bas reste à les souligner. Ensuite, je lui tends une main d’une poignée ferme et d’un geste assez court, même si mon bras est pleinement tendu vers elle. J’espère pouvoir analyser sa poignée de main et en déduire ses intentions même si je m’attends à ce qu’une agente du SHIELD ait été formée au langage non-verbal.
« Mademoiselle Carthew, accompagne-je ma poignée de main, enchantée. »
Après m’être rassise, je me penche en avant d’intérêt et amène mes deux avant-bras contre le rebord de la table. Je croise les doigts pour verrouiller ma posture tout en sachant que cela ne tiendra pas longtemps.
« S’il vous plait, appelez-moi Lucy, reprends-je une fois qu’elle s’est installée également. Je vous remercie de m’accorder du temps, j’espère sur vos heures de travail. »
Un déjeuner d’affaire, en somme. J’ignore si c’est courant pour les agents du SHIELD, je ne pense pas et ne négocierai pas de note de frai de toute façon, mais c’est ce que c’est pour moi. J’attends que la serveuse ayant accompagné l’agent Carthew jusqu’ici reparte pour nous laisser le temps de choisir nos entrées avant de reprendre la parole.
« Comme on a dû vous l’expliquer, je n’ai pas l’intention de "dénoncer" la découverte d’un surhumain. Je veux savoir comment le SHIELD peut accompagner celui-ci. Ainsi que comment je peux garder un œil sur ce qui se passe. »
Il est probablement déjà connu de l’agent Carthew que j’ai échoué trois fois au test pour savoir si j’avais un Gène X ainsi ne devrait-elle pas me considérer comme une surhumaine s’inventant un ami imaginaire pour dissimuler le fait qu’elle le soit. De plus, j’aurai été ravie d’être surhumaine ! Sous réserve de possession d’un pouvoir cool et d’impact mineur sur ma tenue en société, évidemment… Enfin Bref, c’est hors sujet ; d’autant que si le SHIELD sait pour les @robeez, chose que j’ignore mais qui ne me parait pas improbable entre l’éventuelle mise sur écoute de mon téléphone et la possible surveillance des dépôts de brevet, il est possible que je sois considérée comme une Super par mes inventions. Tant qu’elles restent secrètes et miennes, cela me va. J’ai accès à suffisamment d’avocats pour que cela reste le cas, je pense, et ne suis même pas sûre que le SHIELD essaierait de me les prendre : lorsque le Gouvernement des Etats-Unis a essayé de prendre les armures de Tony Stark, le SHIELD a préféré engager celui-ci. D’une certaine manière. Jusqu’aux Avengers, leur collaboration est méconnue. Enfin Bref, deux fois.
Les missions avaient reprises pour Emy et elle en était très contente. Elle avait besoin d’actions et surtout, elle avait besoin de se dépenser après avoir passé presque six ans à rien faire. Sa dernière mission avec le Docteur Strange et Clint s’était déroulée comme elle le devait et la jeune femme avait reprit confiance peu à peu en elle. C’était une bonne chose, mais il restait tellement de choses à faire. Pourtant, ce n’est pas une mission de terrain qu’on lui confia cette fois ci, mais plutôt une mission d’aide. Enfin, c’est comme ça qu’on l’a lui présenta. Ses supérieurs lui avaient envoyé un message en disant qu’une certaine Lucy Orchent voulait la rencontrer pour lui parler de quelqu’un ayant des capacités surhumaines. Emy avait froncé les yeux car ce n’était pas dans ses missions en tant normal, mais on lui avait dit que c’était elle que l’on voulait. D’accord… Elle n’avait pas trop comprit ce qu’elle venait faire la dedans, mais elle accepte la mission. De toute façon, cela lui faisait de l’expérience si un jour, elle devait changé de service… On ne lui avait pas dit non plus que c’était la soeur de Orchent, Celestine, ingénieure dans une des bases du S.H.I.E.L.D qui avait insisté pour avoir Emy comme agent. Il y avait tellement d’agents dans les différentes bases du S.H.I.E.L.D que l’agent ne connaissait pas tout le monde…
Lorsque Emy reçu le mail de Lucy Orchent lui demandant de se présenter au Masa, un restaurant japonais qui était très bien réputé, l’agent ne pu caché son inquiétude. Bien que ce soit une mission pour le S.H.I.E.L.D et donc que tous les frais étaient prit en compte, est-ce que ce n’était pas un peu trop là ? Emy n’avait pas vraiment l’habitude de ce genre de restaurant… Elle avait même demander des conseils à d’autres agents qui étaient plus habitué à ce genre de missions. Bien sûr, le S.H.I.E.L.D prenait tout en charge et même sa tenue si elle devait en acheter une. Oh. La tenue. Emy n’était pas toujours à l’aise avec les robes, mais elle se dit qu’elle pouvait faire un effort quand même. Pas la peine de se démarquer en arrivant avec sa tenue d’agent. En deux temps trois mouvements, elle avait été voir le fameux centre commercial au 10 Columbus Cir, à New-York City. Elle y était aller quelques heures avant son rendez vous et avait prévu de prendre la robe, de l’enfiler et d’aller directement au rendez vous par la suite. Elle savait qu’elle pouvait le faire et elle demandrait aux vendeuses de lui garder ses vêtements de civl en attendant.
Cette mission, Emy ne s’y attendait pas, mais elle avait bien l’intention de la mener à bien. Un être surhumain demandait à être intégrer dans le monde des humains. Du moins, c’était ce que cette Lucy voulait d’après ses supérieurs… L’agent se demandait ce qu’elle pouvait bien en tirer cette jeune femme dans cette histoire… Emy était concentrée dans ses essayages et finalement, elle choisit une robe noire toute simple, un peu échancré, fendu sur le coté avec une paire d’escarpins. Elle s’était maquillée légèrement le matin même et avait un petit sac noir pour mettre son téléphone. Elle devait enregistrer cette conversation, les analystes du S.H.I.E.L.D pourraient peut-être trouver quelque chose dans cette histoire. Lorsqu’elle fut prête, Emy se rendit au Masa. Lorsqu’elle arriva devant le restaurant, elle se dit qu’elle n’aurait sans doute jamais mis les pieds ici et encore moins en voyant les prix sur la carte à l’entrée. C’était hors de prix. Heureusement pour elle que le S.H.I.E.L.D prenait tout en charge. Une serveuse vient vers elle et lui demanda si elle avait réservé.
« Je suis attendue par mademoiselle Orchent. »
La serveuse lui fit signe de la suivre et Emy se sentit tout de suite mal à l’aise dans cet environnement qui n’était pas du tout le sien. Elle aimait l’ambiance japonaise, mais ce luxe… Ce n’était pas pour elle… Mais elle choisit de prendre une grande inspiration et de sourire, sans doute un faux sourire avant de voir une jeune femme déjà assise à table qui s’était levée en lui souriant. Un peu trop confiante la demoiselle sans doute. Emy remonta son bouclier mental et lui sourit doucement avant de lui serrer la main à son tour.
« De même. »
Après s’être assise, Emy se rendit compte que la jeune femme était plutôt quelqu’un de direct et qui allait droit au but. Elle lui dit qu’elle pouvait l’appeler Lucy et qu’elle la remerciait de lui accorder du temps.
« Je ne fais que mon travail Lucy. Ne vous inquiétez pas pour mes heures de travail, c’est prit en compte. »
Emy ne lui dit pas de l’appeler par son prénom, voulant garder une distance dans cette discussion. La serveuse repart et l’agent du S.H.I.E.L.D prend le menu pour le regarder tout en gardant un oeil sur la fameuse Lucy qui lui dit qu’elle n’a pas l’intention de dénoncer la découvert d’un surhumain, mais elle voulait savoir comment le S.H.I.E.L.D peut l’accompagner et comment elle pouvait garder un oeil sur ce qui se passait. Emy baissa légèrement le menu pour regarder la jeune femme. Elle semblait vraiment être très sure d’elle. Mais l’agent n’avait pas l’intention de lui la faire facile.
« Vous savez que la découverte d’un surhumain doit être prise en compte le plus rapidement possible pour évaluer les potentiels dangers qu’il pourrait commettre ou s’il est un danger lui-même. La sécurité des citoyens est importante tout comme celle des surhumains. Avant toute chose, il est important pour le S.H.I.E.L.D de rencontrer ce surhumain et de comprendre ses pouvoirs. Pour mieux l’aider par la suite à s’intégrer. »
Emy fit signe à la serveuse pour lui demander un verre d’eau avant de reprendre.
« Je suis assez curieuse de savoir pourquoi vous voulez garder un oeil sur ce qui se passe ? D’autant que je le sache, vous n’êtes pas agent du S.H.I.E.L.D Mademoiselle Orchent. »
Emy gardait une distance entre elle. Elle allait sans doute sentir un léger agacement de la part de la jeune femme en face d’elle, mais ce n’était pas grave. Elle n’était pas là pour se faire des amies. Elle était là pour comprendre pourquoi une civile voulait garder un oeil sur l’accompagnement de ce surhumain…
L’agent Carthew et moi n’avons pas la même définition de casual et confortable : je ne peux retenir une belle surprise lorsque je la vois arriver avec une robe noire très découpée et laissant voir de la peau. Si elle mesure environ une dizaine de centimètres de moins que moi, mes talons me portant au mètre quatre-vingt lorsque je suis debout, elle est plus musclée. Si j’ai un peu de mal à savoir ce qui est le plus marqué entre son duo lèvres/mâchoire et nez/yeux, chose qui me perturbe avec son visage, les iris bleues sont agréables et le visage est aussi apprêté que les cheveux bruns. De quoi m’en faire déglutir un instant ! Et me déconcentrer plusieurs, même si j’arrive à ratterrir sur mes pattes mentales après mon roulé-boulé mental aussi. Oui, j’ai l’impression d’être là pour un date alors que ce n’en est pas. Heureusement, pour moi plus que pour l’agente Carthew, elle a le malaise dû à son absence de capital symbolique. Pour résumer la notion, on n’est pas riche à partir d’une certaine somme d’argent possédée : on est riche à partir d’un certain nombre de formes de richesse. Selon le théoricien, cela varie entre quatre et six. Capital économique, évidemment ; millionnaire, multimillionnaire, milliardaire, multimilliardaire. Capital culturel, également : l’approche et la possession de l’art sous différentes formes mais de préférence visibles, comme les tableaux et les sculptures. Capital social et familial : le fait d’appartenir à une famille, d’avoir un nom, et d’être intégré à la classe sociale riche via les mondanités et les listes VIP. Enfin, le capital symbolique : le fait d’être perçu comme étant riche, de paraitre comme étant riche et d’être traité comme étant riche. C’est cette absence de capital et la violence symbolique qui en découle qui fait pression sur l’agente du SHIELD. Elle n’a pas sa place dans un tel restaurant. Heureusement que j’ai évité le Per Se.
L’aparté sociologique mis à part, la poignée de main que l’Agente m’offre est particulièrement frustrante : totalement maitrisée. Le sourire mimétique qui la précède est doux mais le geste de reconnaissance des intentions ne retraduit rien de cette douceur ou de quoi que ce soit d’autre. Tant pis, je passe rapidement à autre chose. On est sur mon terrain, j’invite dans les deux sens du terme, et du coup je mène la danse. Néanmoins, l’agente commence à resserrer son emprise également : chose parfaitement normal s’il en est. Ne pas l’appeler par son prénom est compréhensible, question de distance professionnelle. Aucun souci de mon côté, tant que je ne prends pas du "madame" dans la figure ; chose que l’Agente n’a pas fait, d’ailleurs. Mademoiselle Orchent, ça me va !
Que l’Agente ne fasse que son travail me fait acquiescer sobrement mais lorsqu’elle me dit que c’est effectivement pris sur ses horaires, mon sourire revient. C’est cool, être payé à manger dans un restaurant trois étoiles ; même s’il s’agit d’une discussion 100% professionnelle. Je dois rester ferme là-dessus et elle m’aide !
« Vous savez que la découverte d’un surhumain doit être prise en compte le plus rapidement possible pour évaluer les potentiels dangers qu’il pourrait commettre ou s’il est un danger lui-même, déclare-t-elle avec professionnalisme, me faisant imaginer le SHIELD espionner les dossiers médicaux de tous les pays occidentaux pour pouvoir rendre une visite à tous les jeunes enfants dont un test génétique dévoile la présence du Gène X ; ce qui doit faire un paquet, même si je suppose bien que tout le monde n’a pas le même accès aux tests. La sécurité des citoyens est importante tout comme celle des surhumains. Avant toute chose, il est important pour le S.H.I.E.L.D de rencontrer ce surhumain et de comprendre ses pouvoirs. Pour mieux l’aider par la suite à s’intégrer. »
La main droite contre la mâchoire avec l’index pour clore mes lèvres, j’écoute avec attention ce qu’elle me dit même si je ne saurais réellement arrêter mes digressions ; c’est le problème de penser plus vite que les gens parlent. Ce qui m’inclus également ! Plus je parle, plus j’accélère dans mes propos afin d’essayer de suivre la vitesse de ma pensée… sauf que je n’y arrive jamais.
L’appel à la serveuse et l’inter-commande me laissent amplement le temps d’observer, en plus d’écouter. Le verre d’eau avant l’entrée est encore un témoin de malaise, un malaise très bien caché par madame Carthew puisqu’il ne parait pas trop sur sa posture. Si cela pourrait être de la surinterprétation, le fait qu’elle demande un simple verre et non une bouteille est un indice. Elle n’ose pas prendre ce qui est de norme dans un restaurant.
L’Agente se déclare curieuse de savoir pourquoi je veux continuer d’intervenir dans cette histoire, chose qui me fait me redresser et rompre mon silence imposé. Mon buste et mon visage se lèvent tandis que ma main accompagne ma réponse.
« Je pense que c’est analogue à l’appel aux services sociaux, dis-je sans hésitation, avant de marquer une seconde de pause. Il y a des gens, lorsqu’ils trouvent un enfant, qui souhaitent juste "le remettre aux autorités compétentes". Moi, je veux savoir ce qu’il devient et je veux l’aider si je le peux, tout en reconnaissant qu’il n’est pas sage de le faire sans impliquer les autorités compétentes. »
Autant que l’agente du SHIELD le sache, je ne suis pas son homologue : je ne réponds volontairement pas à cela. Nous ne sommes pas sur un pied d’égalité, j’ai bien compris. Elle veut m’être supérieure, soit. Cela me facilitera la flagornerie si besoin est.
« Je pense que le surhumain que j’ai trouvé a environ cinq ans d’âge mental… cependant je ne le pense pas humain, donc la comparaison psychologique est surement hors de propos. »
Je me contredis toute seule ? C’est une question de point de vue. Outre la pensée arborescente, il s’agit surtout de faire comprendre à l’Agente la situation via des comparaisons. Profitant de l’arrivée du verre d’eau avec la bouteille l’accompagnant et la serveuse les portant tous deux, je signale que mon choix d’entrée se porte sur le tataki de bœuf Ohmi avec les truffes italiennes. D’accord, une viande très brièvement saisie à la flamme puis brièvement marinée dans du vinaigre avant d’être assaisonnée de gingembre n’est pas le plus pertinent pour un non-date mais je n’atteindrais jamais le niveau de celui avec Rocket Raccoon ; de non-date, pas de bœuf.
« Ses pouvoirs lui permettent de se faire passer pour humaine cependant ses apprentissages basiques et sa sociabilisation sont encore en cours, reprends-je une fois la serveuse repartie. Elle sait s’exprimer correctement mais ne comprend pas tout. De plus, j’ai commencé à lui apprendre l’alphabet lors de notre rencontre. »
La pause que je marque à ce moment-là s’accompagne d’un acquiescement : oui, on en est à ce niveau-là. Après avoir joint mes deux mains pour croiser les doigts et posé les avant-bras sur la table, je reprends calmement.
« Celle-ci, la rencontre, m’a appris qu’elle peut être aussi terrifiante qu’adorable, la surhumaine. Quoi que la rencontre aussi. Un danger pour elle-même, probablement pas ; sauf si vous comptez l’incapacité à discerner les bonnes influences des mauvaises par absence de compréhension de la norme, chose qu’elle cherche à faire, et de la morale, chose plus ésotérique. »
Je marque une pause après cette déclaration, le temps de réfléchir un peu. Ce point est assez grave, puisque c’est la morale et l’éthique qui permettent de faire adhérer la plupart des gens au système de valeur manichéen ; le bien et le mal, en somme. C’est d’autant plus grave que le SHIELD a déjà fait des projets pour pouvoir exterminer tous les surhumains de la Terre, heureusement interrompus par Captain America à l’époque. Le SHIELD n’est pas tout blanc et ce n’est pas pour rien qu’il a été suspendu des mois durant afin d’être passé au crible par d’autres institutions étatiques et internationales. Cela étant, le SHIELD n’est pas tout noir non plus : sans lui, l’évacuation de Novi Grad durant la Bataille de Sokovie n’aurait pas été possibles. Nous sommes dans un monde de nuances de gris mais c’est quelque chose qu’il est difficile de faire comprendre sans l’expérience. Le SHIELD est probablement un danger pour tous les surhumains sur Terre, puisqu’ils doivent avoir des contremesures les concernant, et n’agit pas selon la morale ou l’éthique : sans quoi ils ne chercheraient pas à ficher les êtres dotés de super-pouvoirs. Je ne suis pas là pour dénoncer un surhumain afin qu’il soit fiché, comme dit, mais je ne pense pas que l’Agente Carthew ait cet objectif. C’est surement une simple étape protocolaire. Sauf que le protocole m’est inconnu et risque de compromettre une surhumaine incapable de le comprendre ; en plus de potentiellement impliquer, sous couvert de l’étude de ses capacités, la récupération de son ADN… chose qui doit signifier que le SHIELD peut créer des mutants artificiels basés sur les pouvoirs de mutants préexistants. L’organisation est proprement terrifiante dans ce qu’elle peut faire et dans son opacité, même si beaucoup de fichiers ont fui sur internet durant la Bataille du Triskellion.
« Un danger pour les autres… oui, admets-je sans peine après plusieurs secondes, écartant les pouces sans décroiser les doigts. Cependant, lorsqu’elle a eu l’occasion de manger mes amis et moi-même, elle ne l’a pas fait. Elle a totalement pillé notre frigo et nos réserves d’eau après avoir envahi notre bus résidentiel, certes, mais elle ne nous a pas fait de mal. Outre la peur de nos vies. »
Je ne la pense pas à sa première action du genre, même si le renversement par absence de connaissance des passages piétons et des feux de signalisations, ou plutôt de comment ils fonctionnent, a créé des circonstances que je suppose particulières.
« Je ne vous demande ni confirmation ni infirmation, je comprends que vous ne puissiez me donner de détails. Ce qui m’intéresse, c’est de pouvoir suivre son accompagnement, y contribuer, et qu’elle puisse être intégrée sans contrepartie… traumatisante. »
Me penchant en avant, je fixe l’agent Carthew dans les yeux.
« Elle n’a pas de nom mais si je devais lui en donner un basé sur ses pouvoirs… je parlerai de Slime. C’est plus court qu’une forme alternative semi-liquide métamorphique. Forme à la fois visqueuse, gluante et colorée. »
Je ponctue ma déclaration d’un petit sourire, essayant de savoir à la réaction faciale de l’Agente si elle est surprise par mes dires ou non.
« Rien qu’avec ce descriptif, je pense que vous avez déjà dû identifié la surhumaine dont je parle, dis-je avec un sourire de connivence. Elle a déjà très probablement déjà été signalée ou repérée. Néanmoins, comme elle m’a dit qu’elle n’avait jamais rencontré de gens voulant l’aider à s’insérer, je suppose qu’elle n’a pas rencontré d’agents comme vous. »
Ce qui n’exclut pas qu’elle n’ait jamais rencontré d’agents du SHIELD, la nuance est faible. Cependant, il m’est impossible de savoir ce qui est vrai et ce qui est faux puisque je n’ai aucune visibilité. J’espère que ma Chance interviendra et que la Gelée aura déjà été observée puis jugée comme non-dangereuse par le SHIELD mais j’ai un doute : elle peut être dangereuse. J’ignore s’il s’agit de son caractère ou d’un apprentissage mais elle ne se nourrit pas d’humains. Cependant, je ne peux m’empêcher de repenser à la couleur verte et à son "comme ça d’avant", lequel devrait être létal pour un humain très rapidement selon la surface de contact. Alors, certes, quand la majorité des super-forces permettent de couper la chair et les os, rendant ainsi le moindre coup de poing plus létal qu’une balle, mettre dix ou vingt secondes à tuer quelqu’un c’est beaucoup. Cependant, c’est peut-être suffisant à ce qu’elle finisse dans un laboratoire.
« Pouvez-vous me parlez des conditions d’accueil d’un mineur, sans responsable légal et d’une faible maturité intellectuelle, au sein de vos infrastructures ? »
C’est une question à la fois simple, puisqu’on peut y répondre par "oui" ou "non", et à la fois complexe, puisqu’un "oui" comme un "non" peut amener pas mal de développement. Même en cas de "oui", néanmoins, je ne m’attends à guère de détails. Le SHIELD n’a pas vocation à être transparent, indiscutablement, et je ne prendrais pas mal un "non". Celui-ci devrait néanmoins s’accompagner d’explications également, sans quoi il serait contreproductif. Soit le SHIELD a déjà identifié la Slime et le fait qu’elle se promène en liberté sans surveillance signifie qu’il la laisse faire, soit le SHIELD n’a pas identifié la Slime et je suis la piste d’informations la plus prometteuse. De plus, comme tout est enregistré, il y aura les preuves audios de ma démarche et cela pourra m’être utile s’il est besoin d’entreprendre des actions en justice.
Emy ne savait pas pourquoi elle avait accepté cette mission, mais elle était prête à prendre n’importe quelle mission pour pouvoir avancer dans sa reprise au S.H.I.E.L.D et clairement, cette mission n’allait pas être celle avec laquelle elle allait être le plus à l’aise. Juste l’endroit n’était pas du tout dans le style de Emy, mais elle prit sur elle et elle se fit conduire jusqu’à Lucy. Cette dernière semblait être beaucoup plus à l’aise qu’elle dans ce décor, l’agent du S.H.I.E.L.D pouvait le ressentir à des kilomètres à la ronde. Mais ce n’était pas grave, elle prévoyait de manger un petit bout avant de mener cette mission et de rentrer. Elle était loin de s’imaginer que son interlocutrice avait des questions bien précises et surtout, qu’elle aimait parler.
Le sujet était planté. Un nouvel surhumain. Emy avait regardé des dernières signalisations de surhumains ces derniers jours et il y en avait beaucoup, peut-être que Lucy allait lui parler de l’un d’eux. Elle ne savait pas. Celle qui l’avait invité dans ce restaurant lui expliqua le but de sa présence et Emy lui fit un petit discours en lui disant que chaque surhumain était important tout comme les humains. Il fallait qu’ils évaluent les dangers de cet surhumain. Puis, Emy est surprise de l’entendre lui dire qu’elle souhaitait suivre l’intégration… Hum. Pourquoi ? L’agent du S.H.I.E.L.D. n’avait jamais entendu parler d’un citoyen qui veut suivre l’intégration d’un surhumain. Qu’est-ce qui se cachait derrière ça encore ? Lucy lui répondit qu’elle voulait seulement savoir ce qu’il deviendrait et qu’elle voulait l’aider si elle le pouvait. Hum. D’accord. Elle allait lui répondre lorsqu’elle rajouta une information de taille : Le surhumain qu’elle avait trouvé avait environ cinq ans d’âge mental, mais qu’il n’était pas humain. Emy vit la serveuse revenir et prendre la commande de Lucy et l’agent choisit de prendre la même chose. De toute façon, elle n’était pas là pour manger, elle n’allait sans doute pas toucher à ce qu’elle allait commander. Elle regarda toujours Lucy qui lui dit que les pouvoirs du surhumain la faisait passer pour humaine, mais que les apprentissages basiques et la socialisation étaient encore cours. Emy fronça légèrement les sourcils. Il y avait eu un signalement de ce genre, mais ce n’était pas une femme, mais un homme. Est-ce que c’était possible que ce soit la même personne ?
« Nous avons eu un signalement de ce genre aussi… Mais il est possible que ce ne soit pas la même personne…. »
Lucy reprit en disant que lors de leur rencontre, elle avait appris que la surhumaine était aussi terrifiante qu’adorable. C’était possible ? Elle n’était pas un danger pour elle même, mais sans doute pour les autres oui. Elle ne comprenait pas toujours ce qui se passait autour d’elle, la surhumaine. Il fallait qu’ils l’aident. Emy prit un gorgée d’eau avant de dire :
« Je pense que le S.H.I.E.L.D peut l’aider, mais pour cela, il faudra qu’elle le veuille. Parce qu’on ne peut pas l’imposer, cependant on pourra toujours la suivre de loin parce qu’on ne peut pas la laisser toute seule. Dans mon sens, je pense que le S.H.I.E.L.D peut l’aider, mais si elle n’est pas un véritable danger, si elle n’a pas l’intention de prendre la planète en otage… »
Lucy lui confirma qu’elle pouvait être un danger pour les autres puisque lors de leur raconter, elle aurait pu les manger, ses amis et elle, mais la surhumaine de ne l’avait pas fait. Elle avait totalement pillé le frigo et les réserves d’eau, mais elle ne leur avait pas fait de mal. Emy fronça les sourcils avant de lui dire :
« Vous avez peut-être eu de la chance pour cette fois. Avec ce genre de surhumain, il faut faire attention. »
Emy regarda Lucy qui s’était penchée vers elle en lui demanda s’il était possible de pouvoir suivre son accompagnement, d’y contribuer et qu’elle puisse être intégrée sans contre partie traumatisante. L’agent du S.H.I.E.L.D prit le temps de réfléchir pendant quelques instants avant de lui répondre :
« Je pense que la seule personne qui pourrait suivre cet accompagnement, ce serait moi si je me lance dans cette aventure. Mais je ne suis pas une agent de liaison. Je suis avant tout une agent de terrain et ce genre de dossier ne me regarde pas en temps normal. Peut-être qu’il serait possible de vous faire contribuer a l’accompagnement en tant que consultante, mais il faudra que vous montrez patte blanche… D’ailleurs, comment avez vous été mit en relation avec moi ? Je suis prête à parier ce que vous voulez que vous connaissez quelqu’un au sein du S.H.I.E.L.D, peut-être un membre de votre famille ? »
Emy avait un petit sourire et écouta Lucy lui dire que la surhumaine n’avait pas de nom, mais on pouvait l’appeler Le Slime. L’agent du S.H.I.E.L.D retient le nom et se promit de vérifier ses informations concernant l’autre surhumain qui avait été signalé dernièrement, version mâle… Lucy rajouta qu’avec la description, Emy avait sans doute reconnu la surhumaine. Elle hocha doucement la tête avant de lui dire :
« Il y a bien eu un signalement de la sorte, mais ce n’était pas une surhumaine, mais un surhumain. Est-ce qu’il est possible que votre créature soit capable de prendre un coté féminin et un coté masculin ? Si c’est le cas, ça complique un peu plus les choses… »
Emy regarda autour d’elle pour savoir si la serveuse n’allait pas tarder à revenir ou pas. C’est que malgré tout, elle commençait à avoir faim et que cette discussion promettait d’être très longue. Lucy lui posa une nouvelle question et un petit sourire narquois se dessina sur les lèvres de l’agent. Il fallait dire qu’elle s’attendait à cette question. Elle se pencha à son tour vers la jeune femme et lui dit :
« Je suis contrainte de vous dire non. Non parce que pour l’instant, nous n’avons jamais eu la situation. Donc je ne peux pas vous dire ce qui se passera. Je ne peux pas non plus vous promettre que vous allez pouvoir suivre l’évolution et l’accompagnement de votre surhumaine. Comprenez bien que le S.H.I.E.L.D a des responsabilités à tenir et qu’une personne comme vous ne doit pas trop en savoir. Ce n’est pas contre vous, mais moins les secrets du S.H.I.E.L.D sont connus, moins nous avons de soucis. Et je sais que vous pensez déjà à des polémiques envers le S.H.I.E.L.D, je vous arrête tout de suite. Si la surhumaine est coopérative et qu’on trouve la bonne personne pour l’aider, tout se passera bien. »
L’agent Carthew n’a pas l’air des plus convaincues par ma motivation à accompagner. Je n’ai aucune idée du pourquoi et guère l’envie ou le temps de faire des hypothèses, préférant continuer à l’expliquer. Même si l’Agente cherche à assoir son contrôle sur la situation et à poser sa dominance, ça reste mon terrain. Le fait de suivre mon choix d’entrée, le bœuf aux truffes, est un indice de cela. Qu’elle n’accorde pas d’importance à ce qu’elle va manger ou qu’elle face confiance en mon jugement, elle va dans le même sens que moi. C’est encourageant. Bien plus que les doutes qu’exprime l’agent du SHIELD par la suite : il y a un autre signalement comme le mien mais "il est possible que ce ne soit la même personne". Voilà qui m’interrompt et me surprend, d’une parce que je ne suis pas certaine d’avoir bien compris la phrase et de deux parce qu’il n’y aurait rien d’étonnant à ce que la Slime ne soit pas le seul membre de son espèce. Extraterrestre ? Ça compterait quand même comme la découverte d’une forme de vie mais ça serait probablement moins exotique : j’en connais déjà trois et j’ai même cosplayé en une quatrième, avec ses propres affaires… qu’il faudra que je rende à l’occasion. Une occasion de rencontrer une autre membre des Gardiens de la Galaxie, je ne m’en plaindrai pas ! Après, pour l’instant, c’est hors sujet.
« Je pense que le S.H.I.E.L.D peut l’aider, mais pour cela, il faudra qu’elle le veuille, confirme l’agent Carthew, m’amenant à sobrement acquiescer car une partie du problème est là comment convaincre un enfant de cinq ans de faire quelque chose sur le long terme, sachant qu’il peut devenir dangereux et se traumatiser si on l’y force ? Parce qu’on ne peut pas l’imposer, cependant on pourra toujours la suivre de loin parce qu’on ne peut pas la laisser toute seule. »
Nous sommes en accord mais je n’ai pas réellement le temps de l’exprimer avant que je ne me fasse heurter par le point de vue de l’Agente : "si elle n’est pas un véritable danger, si elle n’a pas l’intention de prendre la planète en otage" ; Wait A Minute… What ?! Les véritables dangers sont ceux qui ont l’intention, je ne parle pas des capacités, de prendre la planète en otage ?! Il y en a vraiment ?! Nan parce que ça met la barre quand même très haut là. Pas certaine qu’à part Ultron, beaucoup des ennemis d’Ironman soient considérés comme dangereux du fait ; pas Whisplash, pas le Mandarin, à la limite l’AIM même si pas forcément non plus. Loki oui mais Loki toujours. Même le Baron Zemo, il n’est pas dans cette échelle. Ouais, en fait, dans cette échelle, historiquement, il y a Magneto, Apocalypse, Loki, l’autre zoouf des Elfes Noirs, Ultron, Thanos, Loki parce qu’il compte double, l’Hydra peut-être, et je vois pas des masses d’autres. Sûr que c’est pas une gelée qui fait les poussières et le recyclage qui risque de faire cela.
« Vous avez peut-être eu de la chance pour cette fois, poursuit l’Agente, me faisant me retenir de dire que oui j’ai eu de la chance mais que j’ai de la Chance de manière générale. Avec ce genre de surhumain, il faut faire attention. »
Avec tous les surhumains, il faut faire attention. Comme avec n’importe quel type armé. Après, je considère quelqu’un comme Luke Hunt infiniment plus dangereux que la Slime et ce n’est pas pour rien que je détruirais sa vie, aidée du SHIELD d’ailleurs, s’il me menace à nouveau. Bazar de litière et dans celle-ci, il a même fallu que Raven Darkhölme vienne m’avertir qu’à vouloir combattre le racisme anti-mutant par la science je risquais de devenir la cible de mutants mécontents ! Et cette histoire, c’était hier soir ! Les surhumains sont des armes biologiques en puissance, je suis lucide là-dessus. Comme avec la Slime, cependant, je préfère l’optimisme et encourager à être bon par l’éducation et l’accompagnement que la peur et les contre-mesures… même si depuis ma rencontre avec Rocket Raccoon, j’ai arrêté de dire qu’il fallait mieux que je me mette en danger à ne pas risquer de blesser les autres. La survie n’est pas une question de morale. Désormais, si des surhumains s’en prennent à moi, j’ai des contremesures générales qui doivent fonctionner contre la plupart d’entre eux. Comme le SHIELD, je suis intelligente dans ce que je fais et je n’ai pas l’intention de la jouer à la loyale : comprendre les règles, exploiter les règles, faire tourner le système pour ses intérêts. Voilà qui laisse une ombre passer sur mon visage, même si c’est bref. J’ai beaucoup d’autres choses à demander et à considérer que l’effrayante réalité des surhumains à laquelle je tente de faire face avec l’humour et la bienveillance.
L’Agente pense être la seule personne qui pourrait suivre l’accompagnement de la Slime. Si elle se lance dans cette aventure. Mais elle n’est pas un agent de liaison. Ce genre de dossier ne la concerne pas en temps normal. Plus elle parle et plus mon expression se décompose. C’est donc limité à une personne incompétente dans le domaine qui n’a pas vocation à agir dans celui-ci. En somme, c’est de la bureaucratie incapable de s’adapter. J’en suis à me dire qu’il faudrait que je trouve un autre interlocuteur tout en comprenant que l’agent Carthew est déjà une bonne personne de m’expliquer cela sincèrement plutôt que d’essayer de me tromper pour accéder à la Slime… lorsque l’Agente ouvre une possibilité de consultance. Être payée pour faire un truc que je voulais faire de base ? Voilà qui me fait sourire. Sourire qui ne vacille même pas au fait que je doive montrer patte blanche. Si l’Agente a des doutes me concernant, j’en ai beaucoup moins. Sur le coup. Puis la militarisation des @robeez par un organisme comme le SHIELD me revient à l’esprit et je cherche un moyen d’en garder la propriété comme Tony Stark et ses armures en son temps. J’en vois plusieurs. Incluant celui que le SHIELD ne me les demande pas, pas plus qu’il n’a demandé les armures Ironman, ainsi que celle où je rejoigne les Avengers pour être assurément du bon côté ; chose qui ne devrait pas être difficile, j’en connais deux et je pense pouvoir les intéresser avec les @robeez suscitées. Je peux intéresser tout le monde avec elles, notamment sur ce qu’elles peuvent amener à comprendre de moi.
« D’ailleurs, comment avez-vous été mise en relation avec moi, me demande l’agent Carthew, me surprenant un instant. Je suis prête à parier ce que vous voulez que vous connaissez quelqu’un au sein du S.H.I.E.L.D, peut-être un membre de votre famille ?
- Si vous avez raison, je deviens consultante, et si vous avez tord je ne le deviens pas, souris-je avec une demi-plaisanterie avant que mon expression s’assagisse et s’attriste légèrement. C’est le réseau, en effet. Ma sœur est en R&D. Sa spécialisation est le Nouvel Élément Stark avec ses applications à l’étude des Pierres d’Infinité. »
De ce qui a été publié, le Nouvel Elément a été synthétisé à partir de la structure de la Pierre de l’Espace et cela a laissé espérer, durant les Années Sombres, qu’il soit possible de recréer les Pierres. Les conclusions officielles sont cependant que les Pierres d’Infinité ne sont pas un phénomène naturel résultant du Big Bang, même si c’est cet événement qui a été utilisé pour les créer, et qu’il nous est impossible de les recréer sans l’intervention de ce qui les a créés la première fois. Chose actuellement inconnue, ou tout du moins non disponible dans la littérature scientifique. Après, tout ça est hors sujet puisqu’on est sur une échelle individuelle, non planétaire : la Slime, l’Agente et moi. Titre.
L’Agente sourit en apprenant que la Slime n’a pas de nom et que je l’appelle donc comme ça ; la Slime. Oui, je nomme les choses avec la culture que j’ai et Flubber m’est venu à l’esprit ! Quand au fait qu’il y ait un "signalement de la sorte", je me reconcentre sur l’écoute et fixe donc l’Agente qui me partage des informations : "pas une surhumaine mais un surhumain". Si la première idée qui me vienne est que la Slime ne soit pas seule représentante de son espèce et que c’est probablement une bonne chose qu’il y ait également un mâle, l’approche de l’agent Carthew est différente.
« Est-ce qu’il est possible que votre créature soit capable de prendre un côté féminin et un côté masculin ? Si c’est le cas, ça complique un peu plus les choses…
- Considérant que sa structure cellulaire est très différente de celle d’un organisme comme le notre mais qu’elle est capable d’imiter notre morphologie ainsi que celle de nos vêtements, dis-je avec la simplicité d’une hypothèse que j’ai déjà eu et qui me semble assez facile à assumer, non seulement elle pourrait imiter n’importe quelle créature qu’elle ait suffisamment étudiée, avec des contraintes volumiques plus que morphologiques, mais également de n’importe quel objet. »
Doigts croisés et mains sur la table, je reste légèrement avancé même si mon intérêt pour cette partie de la discussion est d’un sérieux qui n’a rien du frivole que je peux avoir par moment ; notamment lorsque j’ai envie de jouer aux Sims avec la Slime.
« Selon mes observation, cependant, elle n’a pas encore appris à changer la consistance. Son contact physique reste donc visqueux, humide et froid. Qu’importe la forme. »
Je retiens une petite grimace frissonnante à cette idée, ayant eu plus de contacts avec la Slime que je n’aurais apprécié pour une première rencontre. D’un côté, j’aimerai beaucoup travailler avec elle pour que son contact ne soit plus aussi désagréable. D’un autre côté, c’est pas forcément une bonne idée puisque cela améliorerait ses capacités d’infiltration. D’un troisième côté, c’est quelque chose qu’elle risque fort d’apprendre à faire par elle-même, sous réserve qu’elle en soit capable, ainsi l’accompagner dans cet apprentissage c’est aussi l’observer le faire et donc en savoir plus sur elle comme pouvoir la guider vers notre version du bien, des limites qu’elle doit apposer à ses propres actions.
Si j’ai verrouillé mon buste et ma posture en croisant les mains sur la table et en y apposant les poignets, l’agent Carthew reste très libre et regarde le décor à la recherche d’une serveuse, surement. Ma nouvelle question la ramène à moi en compagnie d’un sourire moqueur, qui continue d’aller dans le sens de sa supériorité sur moi. Comme je l’ai anticipé, non seulement j’ai droit à un "non" en guise de réponse mais la question faussement simple entraine nombre d’explications. Notamment que le SHIELD n’a jamais eu à accueillir un mineur sans responsable légal et d’une faible maturité intellectuelle, chose qui me surprend. Pas d’adolescent mutant ayant tué ses parents lors de l’apparition de ses pouvoirs ? Pas d’enfant extraterrestre devant être confié au soin d’autre chose que les services sociaux qui n’auraient pas su le gérer ? D’un côté, ça pourrait être encourageant de se dire que ça n’arrive pas. D’un autre côté, ça pourrait être décourageant de se dire qu’ils n’ont aucune expérience dans le domaine. D’un troisième, c’est probablement faux puisqu’il me semble que le SHIELD, pré-découverte d’Hydra il faut le notifier, a déjà employé au moins un enfant-soldat lorsqu’ils avaient des pouvoirs intéressants. Ghost. Merci Natasha Romanoff d’avoir envoyé leurs fichiers sur internet lors de la découverte de l’Hydra, il y a plein de petits bijoux lorsqu’on tombe sur les bons dossiers.
« Comprenez bien que le S.H.I.E.L.D. a des responsabilités à tenir et qu’une personne comme vous ne doit pas trop en savoir. Ce n’est pas contre vous, mais moins les secrets du S.H.I.E.L.D sont connus, moins nous avons de soucis. Et je sais que vous pensez déjà à des polémiques envers le S.H.I.E.L.D., je vous arrête tout de suite. Si la surhumaine est coopérative et qu’on trouve la bonne personne pour l’aider, tout se passera bien. »
Mon sourire est triste alors que j’écoute l’agent du SHIELD essayer de me convaincre de faire confiance à un système qui ne semble pas capable de faire ce pourquoi il est important que je lui fasse confiance.
« Agent Carthew, nous sommes d’accord sur les paramètres, souligne-je sans sourire, la regardant dans les yeux avec malaise. "Si la surhumaine est coopérative", cela peut changer plusieurs fois au cours d’une discussion. De plus, je crains que la Slime que j’ai observée ne réponde mal à la contrainte. »
La domination. Ce lieu, par son standing, rappelle à l’agent Carthew qu’elle fait partie d’une classe sociale dominée. Cette affaire, par sa nature, encourage l’agent Carthew à se montrer dominante sur moi. Ces notions, intériorisées par la socialisation, n’existe pas chez la Slime que j’ai rencontrée. Aborder ainsi les choses c’est aller à la catastrophe.
« Lors de ma rencontre, j’ai fait mon possible pour toujours aller dans le sens de celle que je percevais comme une menace pour ma vie ; sous le coup de l’émotion, établis-je pour commencer, levant mes mains et les séparant pour qu’elles puissent accompagner mon propos de gestes brefs soulignant l’importance de mes mots comme lorsque je fais des apartés. Plusieurs fois, elle n’a pas été contente de choses et a voulu n’en faire qu’à sa tête. A chacune, j’ai dû être inventive pour essayer de réguler l’action sans avoir de conflit direct. Cela réclame de la pédagogie, non de la domination. Pour peu, on pourrait presque parler de "caprices" même si la Slime est très zen donc que la comparaison ne serait pas totalement juste. »
Je marche sur des œufs mais ils ne seront pas cuits si je suis crue moi-même !
« Vous avez expliqué que, si elle n’est pas coopérative, vous la surveillerez en restant à distance. C’est rassurant, dans le sens où vous ne créerez pas du renforcement négatif en la punissant, mais cela risque d’arriver dès qu’elle s’ennuiera ; qu’elle ne soit plus coopérative. La question est donc de réussir à garder son intérêt et à la responsabiliser pour qu’elle s’insère, plutôt qu’elle continue à balader comme avant voire qu’elle vous perçoive comme une menace si elle comprend que vous l’espionnez. Ce qui nous amène au second paramètre. »
Oui, même s’il semble chaotique, mon propos a une structure : chaque chaos contient une harmonie secrète !
« Trouver la bonne personne pour l’aider, reprends-je plus lentement. C’était ma demande auprès de mon contact et il semblerait que vos supérieurs pensent que ça soit vous. Or, comme vous l’avez dit, vous n’avez jamais fait cela, vous n’êtes pas une agente de liaison et le SHIELD lui-même n’a pas de procédure qui vous soit connue. »
Je marque une pause, pinçant les lèvres d’un air peu convaincue.
J’ouvre la bouche, pour reprendre la parole, mais me retrouve à regarder le vide entre nous sans trop savoir quoi dire ; ou plutôt comment le dire.
Je me lance.
« L’absence de protocole est un avantage. Plutôt que de demander à l’individu de s’adapter au système préexistant, comme avec l’école publique, on peut créer un système qui s’adapte à l’individu, comme les écoles alternatives. C’est ce que vous disiez avec le fait de ne pas imposer. Je suis un produit d’une école alternative et je suis en capacité de vous faire des propositions de protocoles d’accompagnement tenant compte des spécificités biologiques et psychologiques qui me sont connues du, ou des, Slime(s). »
A chaque proposition subordonnée à propos de l’école, mes mains partent sur le côté et s’immobilisent. A chaque proposition principale me désignant, mes doigts se replient vers moi pour en faire de même ; me désigner. A la proposition de propositions sur les protocoles, mes doigts s’ouvrent vers l’agent Carthew et mes paumes se présentent vers le ciel, comme pour porter un présent.
« Je pense que, malgré l’inexpérience dont vous me parlez, vous avez les qualités pour ce dossier, dis-je en avançant légèrement les mains, le buste et le visage vers l’Agent Carthew. Je crois aussi que vous savez pourquoi vous êtes ici, alors que c’est aussi loin de votre modus operandi. Je ne sais pas si vous me le direz, pas plus que je ne sais si vous avez la possibilité de me parler du Slime mâle et de vos observations le concernant… »
Je m’en vais chercher quelque chose au sein de ma pochette alors que je continue.
« Je peux vous en parler de mon côté. Je vous fais entièrement confiance pour la partie sécuritaire, ce n’est pas celle qui m’intéresse à participer. C’est pour l’insertion que je veux aider. »
Ecartant mon carnet, je m’en vais chercher une petite boite argentée. J’en ouvre le clapet et en sors une carte de visite que je tends à l’agent Carthew.
« Voici la carte d’Enzo Lombardi, mon avocat, explique-je sobrement, résistant au sourire publicitaire qui aurait quand même tendance à aller avec le geste. Il est habileté à négocier mes contrats en mon nom. Je suppose que ce sont les agents qui font leur demande de consultant, que je ne peux pas contacter quelqu’un pour proposer mes services. »
J’ignore comment ce passe la gestion des Ressources Humaines au SHIELD mais, autant je suppose qu’il y a des bureaux de candidatures pour les futurs agents, autant les consultants doivent dépendre exclusivement des agents qui les consultent. Ça me semble logique. Au moins, si on fait cela, l’Agent Carthew sera effectivement ma supérieure hiérarchique dans le système du SHIELD !
« Je me soumettrais aux investigations du SHIELD, assure-je avec le retour d’un petit sourire, même si je les suppose déjà bien avancées me concernant. Je n’ai jamais rien fait d’illégal. »
Pourquoi transgresser les règles et prendre le risque d’être puni pour cela alors qu’elles sont faites pour être utilisées à des fins personnelles sans que cela soit condamnable ? Je suppose que c’est une question de moyens : certains n’ont pas l’intelligence et l’influence pour pouvoir agir à un niveau systémique, là où on m’a appris à raisonner ainsi. Différence de classe sociale, probablement.
« J’espère pouvoir vous aider non seulement à changer au mieux la vie de ma protégée, dis-je avec un sourire doux, mais potentiellement celles d’autres jeunes surhumains qui pourraient rencontrer similaires difficultés. »
Cette discussion, c’était un peu comme marcher sur des oeufs. Emy n’avait jamais fait ça avant et surtout, ce n’était pas son boulot en temps normal ! Elle n’avait jamais fait ça avant et on lui avait demandé de le faire, au pied levé. Parce qu’on pensait qu’elle en avait les capacités. Est-ce qu’on commençait à la mettre de coté pour les missions ? Cela ne lui plaisait pas du tout. Mais pour le moment, ce n’était pas le sujet. Elle pourrait râler quand elle ne sera plus avec Lucy. Mademoiselle Orchent. Toujours garder une distance entre elle et son interlocutrice.
La discussion tournait autour du Slime. Cet être qui semblait avoir cinq ans d’âge mental, qui devait s’adapter à son environnement. Mademoiselle Orchent demandait comment il serait possible de l’insérer dans la société. Il fallait déjà qu’elle lui en dise plus sur cet être. Emy n’avait pas toutes les informations, elle le sentait bien. Alors, elle demanda comment elle avait été mise en relation avec elle. C’était sans doute un membre de sa famille qui travaillait au S.H.I.E.L.D, c’était souvent le cas. Avec un sourire, la jeune femme en face d’elle lui dit qu’elle avait raison, que c’était le réseau. Sa soeur travaillait au R&D, spécialisation, le Nouvel Element Stark. Hum. Intéressant. Mais c’était un peu bizarre que ce soit une technicienne qui l’est guider vers elle. Elle se promit de demander au S.H.I.E.L.D. pourquoi on l’avait envoyer là. Puis, le sujet passa sur un autre surhumain qui avait été signalé. Est-ce que c’était possible que ce soit la même personne ou alors qu’il y avait deux surhumains qui partageaient la même composition ? L’une ou l’autre des théories étaient plausibles… Emy posa donc la question à Lucy, lui demanda si c’était possible que sa surhumaine puisse prendre l’apparence d’un homme aussi. La réponse ne tarda pas. Mademoiselle Orchent lui dit que non seulement elle pourrait prendre l’apparence d’un homme, mais de toute autre créature donc elle pourrait avoir étudier suffisamment les capacités, les contraintes volumiques et morphologiques… Mais il y avait aussi n’importe quel objet. Le visage de Emy se décomposa légèrement. Si ce genre de surhumain était sur Terre, les choses allaient grandement se compliquer… Cependant, son interlocutrice rajouta que selon ses observations, elle n’a pas appris à changer de consistance. Il suffit de toucher le Slime pour se rendre compte qu’il est visqueux, humide et froid, peu importe la forme. Intéressant. Il serait possible de mettre en place une machine qui prenne en compte ses paramètres et qu’ils puissent la suivre à la trace… C’était une idée comme une autre bien sûr, mais elle la garda dans un coin de sa tête. S’il fallait suivre le Slime, autant mettre toutes les chances de son coté.
Lucy continua de poser ses questions, lui demanda s’il était possible de parler des conditions d’accueil d’un mineur sans responsable légal au sein de l’infrastructure. Emy secoua légèrement la tête avant de lui dire que ce n’était pas possible. Il fallait qu’ils trouvent la bonne personne pour s’occuper du Slime. Et ce n’était pas elle qui allait le faire. Emy ne se sentait pas de le faire… mais est-ce qu’on allait lui laisser le choix ? Ce n’était pas certain. Lucy lui dit qu’elles étaient d’accord sur les paramètres. Si la surhumain était coopérative, ce qui n’était pas certain parce que ça pouvait changer plusieurs fois au cours d’une discussion. Emy fronça les sourcils. Cela allait sans doute être compliquer surtout si elle avait raison et que le Slime avait du mal à répondre à la contrainte… Lucy se lança dans un monologue, lui disant que lorsqu’elle avait rencontrée le Slime la première fois, elle avait tout fait pour aller dans son sens. Lorsque les choses semblaient rendent mécontente le Slime, elle faisait tout pour revenir à une action neutre. Intéressant… Il fallait de la pédagogie et non de la domination pour s’occuper du Slime. Emy avait bien dit que si le Slime n’était pas coopérative, il fallait la surveiller à distance, ce qui était rassurant dans un sens parce qu’elle ne la punissait pas, donc pas de négativité. Cependant, il était possible qu’elle s’ennuie et donc qu’elle ne soit plus coopérative, il fallait toujours garder son intérêt et la responsabilisé. Comme un enfant de cinq ans en soi. Emy n’était pas mère de famille, n’avait pas de neveux ou de nièces, mais elle aimait les enfants, cela pouvait marcher. Il fallait juste garder l’intérêt du Slime en priorité. Il y avait un autre paramètre à prendre en compte. Trouver la bonne personne pour l’aider. Lucy lui dit alors que les supérieurs d’Emy pensait que c’était sans doute elle la plus à même de l’aider, mais elle n’avait jamais fait ça. Elle n’était pas agent de liaison et le S.H.I.E.L.D n’avait pas de procédures pour ça… L’agente sentait que son interlocutrice allait lui dire ce qu’elle fait en tête.
Elle parla du fait que l’absence de protocole était un avantage. Plutôt que de demander à un individu de s’adapter au système, il était tout à fait possible de créer un système qui s’adapte à lui. Emy croisa ses mains au dessus de la tête, ses coudes contre le bois de la table. Ce n’était pas une mauvaise idée. Les écoles alternatives avaient toujours existé, pourquoi pas créer quelque chose qui pourrait aider le Slime à s’adapter. Lucy lui dit qu’elle était en capacité de faire des propositions de protocoles en tenant compte des spécificités biologiques et psychologiques du Slime ou des Slime. Emy allait dire quelque chose, mais Lucy reprit en disant que malgré le fait qu’elle n’avait pas d’expériences dans ce domaine, elle avait cependant les qualités pour ça. Emy savait déjà pourquoi on l’avait mise sur ce dossier. Parce que son pouvoir pouvait aider. Elle n’avait jamais tester son pouvoir autre que sur des humains… Alors si le Slime est de composition différente, est-ce que cela allait fonctionner ? La jeune femme continua de parler en lui disant qu’elle lui faisait entièrement confiance sur le coté sécurité, ce n’était pas la partie qui l’intéressait. C’était pour l’insertion qu’elle était là et qu’elle pouvait aider. Emy la regarda sortir une carte de visite de son sac et la prit lorsqu’elle lui tendit le bout de carton en lui disant que c’était son avocat. Il était celui qui négociait ses contrats. Elle supposait que c’était les agents qui faisaient leur demande de consultant, qu’elle ne pouvait pas intervenir.
« Effectivement, c’est à moi d’en faire la demande. Mais sachez que vous allez devoir vous soumettre aux investigations du S.H.I.E.L.D… »
Ce n’était pas un soucis pour la jeune femme, qui accepta en disant que de toute façon, ils avaient sans doute déjà bien avancer sur son sujet. Elle n’avait jamais rien fait d’illégal. Emy eut un petit sourire. Elle savait que le dossier concernant Lucy Orchent était déjà sur son bureau au S.H.I.E.L.D et qu’il n’y avait rien d’illégal dedans. C’était déjà une bonne chose. La demande allait sans doute être accepter. Enfin, elle l’espérait. Elle ne savait pas combien de temps cela allait prendre. Lucy conclut en disant qu’elle espérait pouvoir aider à changer la vie de sa protégée, mais aussi celles d’autres surhumains qui pourraient rencontrer des problèmes similaires. Emy prit une gorgée d’eau avant de répondre.
« Je ferais la demande de consultant quand je vais rentrer. Je pense que vous avez suffisamment d’informations sur le Slime pour nous aider et pourquoi pas monter un programme qui s’adapte aux surhumains dans le même genre ? Je suis d’accord qu’ils ne sont pas assez pris en compte. Mais ce n’est pas une capacité du S.H.I.E.L.D en temps normal. Enfin, pas quand ils sont aussi jeunes… On ne peut pas se permettre de s’en prendre au plus jeune… Et puis, il y a déjà une école pour les jeunes surhumains. Ce n’est pas un secret d’ailleurs. Je connais le directeur de l’Institut. Mais pour l’instant, laissons le en dehors de ça. On va mener notre projet ensemble et si j’ai besoin de conseils, j’irai le voir. »
Emy avait à peine toucher à son entrée, mais elle commençait à avoir faim alors elle mangea un peu avant de reprendre :
« Comme vous, je vous fais confiance concernant toute la partie protocole, système alternatif. Nous allons nous faire quelques réunions, sans doute plusieurs fois par mois en fonction de ma propre activité. Il faudra que vous soyez disponible. On pourra faire ces réunions en visio, ce n’est pas un soucis pour moi. Si vous avez besoin de l’aide d’une autre personne, vous devez m’en parler avant d’accord ? Sur ce projet, je pense que moins de personne savent des choses, mieux c’est. Mais avant toute chose, on va essayer de faire en sorte que vous soyez consultante. Ensuite, on parlera du reste. Et je contacterai votre avocat. »
L’Agent Carthew se décompose légèrement à mon évaluation des capacités du Slime ; ou des Slimes, s’ils sont plusieurs. Oui, on parle d’un organisme capable de se métamorphoser comme aucun autre, pas même Raven Darkhölme à ma connaissance, et on parle de l’aider à s’infiltrer parmi nous. Mon avis sur la question ne change pas : il vaut mieux l’accompagner dans cet apprentissage, afin de pouvoir lui inculquer l’éthique et la morale, plutôt que de la laisser le faire seule en espérant qu’elle échoue. De plus, je ne manque pas d’idées pour la surveiller ou la neutraliser même si je préfère les taire ; le sécuritaire n’est pas ma partie. C’est celle de mon interlocutrice.
Interlocutrice qui écoute avec attention mon exposé improvisé. Celui-ci est vraisemblablement suffisamment long pour qu’elle prenne une position d’appui sur la table mais l’avancement induit dans celle-ci, puisqu’elle s’appuie sur la table et non sur son dossier, montre que je continue d’accrocher son attention. Ce qui me rassure et me fait continuer, même si j’aurai continué quoi qu’il soit arrivé ! C’en est au point qu’elle n’arrive pas à en placer une, comme moi précédemment, mais je n’ai pas tout de suite le "un partout la balle au centre" dans la tête. Il vient d’y arriver néanmoins ! Sorry…
Merci ma Chance, pas de quoi vexer l’agente ; pas plus qu’elle ne m’a vexé précédemment. J’obtiens même la confirmation que je ne peux rien faire d’autre qu’attendre que l’Agente fasse la demande de consultance et que ses supérieurs la lui valident… même si, techniquement, je peux faire quelque chose. Comme l’Agente Carthew s’en rendra surement compte si elle a accès au dossier, Célestine Orchent n’est pas une technicienne. Docteure en science avec thèse sur le fonctionnement du Nouvel Element Stark et Docteure en ingénierie avec thèse sur la technologie des Réacteurs Arcs, je sais qu’elle a échoué à recréer les Pierres d’Infinité pour me ramener mais je pense qu’elle travaille sur d’autres applications des technologies Stark suscitées et elle doit diriger une ou plusieurs équipes de scientifiques. On rajoute à cela notre bagage commun, depuis le réseau lié à l’Empire Orchent jusqu’à nos capacités de polymathes, et au fait qu’elle soit la plus intelligente là où je suis la plus créative… bon, d’accord, j’ai un GROS biais sur cette histoire car j’ai toujours admiré ma grande sœur mais je pense pas qu’elle soit Charlotte la Rigolote ! Par contre, qu’elle soit un "rat de laboratoire", ça j’en doute pas ! Je suis la plus sociable des deux. Elle me manque. Et on en était où dans la conversation… ?
« Je ferais la demande de consultant quand je vais rentrer, m’assure l’Agent Carthew après une gorgée d’eau, me faisant acquiescer et me rappeler que c’était justement essayer de savoir comment agir qui m’a amener dans l’ombre de ma sœur. Je pense que vous avez suffisamment d’informations sur le Slime pour nous aider et pourquoi pas monter un programme qui s’adapte aux surhumains dans le même genre ? »
Mon sourire revient et s’étend avec douceur. L’Agente et moi sommes en accord. Je comprends que le SHIELD n’ait pas vocation à faire de l’insertion en temps normal, sauf probablement de l’insertion professionnelle pour les individus ayant des capacités intéressantes, mais c’est aussi pour ça que je m’en mêle. S’il me faut héberger la Slime et être surveillée par le SHIELD sur comment je m’y prends pour l’aider à s’adapter, j’ai aucun souci avec cela. Ce que je veux, c’est jouer selon les règles et avoir de l’aide si j’en ai besoin ; ou apporter mon aide si j’en ai l’occasion. Peut-être pense-je trop vite, puisqu’il est question d’individus "aussi jeunes"… après, ça n’est pas contradictoire avec le fait d’engager tous les surhumains intéressants !
Je me reconcentre vraiment lorsqu’il est question d’un "et puis" et, merci ma Chance, j’apprends l’existence d’une école pour jeunes surhumains. "Ce n’est pas un secret d’ailleurs", je veux bien le croire mais, ayant échoué trois fois au test pour savoir si j’avais un Gène X, je n’étais pas au courant ! Maintenant, je veux en savoir plus. L’Agente Carthew connait le directeur de cet Institut et j’ai bien l’intention de le rencontrer, reste à savoir comment obtenir l’introduction : présentation ou name-dropping.
« Mais pour l’instant, laissons-le en dehors de ça. »
Ma surprise à cette déclaration est pleine et entière. Outre qu’elle vient de mettre les deux pieds dans mon museau tendu de curiosité, l’Agente Carthew a fait du trop bon teasing pour s’arrêter là !
« On va mener notre projet ensemble et si j’ai besoin de conseils, j’irai le voir. »
Voilà qui me laisse réflexive. Une réflexion rapidement interrompue par l’arrivée de notre serveuse accompagnée de nos tatakis de bœuf Ohmi avec truffes italiennes. Certes, je les avais oubliés ceux-là. Remerciant avec un sourire, j’attends que l’Agente mange la première pour lui laisser comprendre sa dominance avant de m’attaquer à ma propre viande. J’en découpe une partie avec habileté puis j’ajoute un champignon et goûte le tout.
L’Agent Carthew me fait confiance concernant toute la partie que je me propose de faire, voilà qui me fait sourire en plus du dégradé de cuisson du bœuf Ohmi. Chacune sa partie et la tâche qu’elles soient complémentaires. Les quelques réunions par mois me font acquiescer, tout comme les nécessités de concilier nos deux horaires d’activité. Même si c’est gâché par ma légère mastication, je suis sérieuse dans mon écoute de mon interlocutrice.
« Si vous avez besoin de l’aide d’une autre personne, vous devez m’en parler avant d’accord, me demande-t-elle, me faisant acquiescer avec naturel avant même qu’elle ne donne ses explications. Sur ce projet, je pense que moins de personne savent des choses, mieux c’est. »
Le SHIELD ressemble un peu à une société à mystères. Le savoir c’est le pouvoir et chaque palier de la pyramide contient moins d’informations que celui du dessus. Quand aux extérieurs, ils doivent en savoir le moins possible. L’Agente Carthew me l’a déjà fait comprendre et, sans apprécier, je le comprends bien également. Plus sur les systèmes d’optimisation fiscale même si, concernant ceux-ci, ma famille et moi-même pouvons être transparent sans nuire à nos images publiques. C’est déjà très bien !
Acquiesçant au fait que l’Agente du SHIELD doit d’abord faire en sorte que je sois sa consultante et qu’elle contactera Enzo une fois que cela sera près, je finis ma bouche avec dignité avant de reprendre un point.
« Merci pour tout, Agent Carthew, introduis-je simplement et sincèrement, car je comprends bien qu’elle a beaucoup parlé à nouveau ; beaucoup plus qu’elle aurait pu le faire. Pour parler du reste, nous avons deux heures devant nous. »
Reprenant le menu d’une main, j’y jette un œil habitué et compte les courses.
« Avec dix-huit courses plus entrée et dessert, je dirais que ça nous fait… 120/20=12/2=6… une étape toute les six minutes. »
Ça va, c’est plutôt rapide. De mémoire, le Per Se en a pour quatre heures et je ne suis pas certaine qu’il ait autant de course. Je ne me souviens plus. Mais six minutes pour manger du sushi gastronomique, ça ira très vite. A ce titre, je reprends mon apéritif dès que j’ai relâché le menu pour en couper une nouvelle bouchée. On pique, on tranche, on pique l’accompagnement, on mange. Simple. Digne. Doux.
« Vous disiez qu’il y a une école pour surhumains, reprends-je une fois ma bouchée avalée. Au risque de me tirer une balle dans le pied, et pas le genre qu’on s’envoie pour le plaisir, pourquoi ne pas l’y envoyer ? La Slime, pas la balle. Elle est encore trop jeune ? »
C’est la principale explication que je me fais, même si je n’aurais peut-être pas dû la suggérer. Après, c’est plus de la curiosité envers l’école que de la crainte de me voir écartée au profit de plus compétents que moi ; d’où l’histoire de jouer contre mon camp. Si, se tirer une balle dans le pied c’est jouer contre son camp quelque soit le camp ou le type de balle dont on parle ! Même au basket, qui est d’ailleurs le nom d’une chaussure donc tout est logique, c’est bête de se faire un rebond sur le pied. Histoire d’arrêter d’en faire dans ma tête, néanmoins, je la penche en avant.
« Vous pourriez me passer le contact de cet Institut, demande-je avec un espoir mais aussi l’appréhension d’un nouveau soufflet sur le museau. Ce n’est pas non plus un secret que je suis pro-mutante et, franchement, une école pour surhumains me vend pas mal de rêve. »
Je rigole un peu mais c’est totalement vrai et je pense que je ferais bien de l’expliquer.
« Au niveau école alternative et adaptation à l’individu, une école spécialisée dans les surhumains doit avoir des années d’avance. Si je peux comprendre que vous ne souhaitiez les impliquer officiellement dans notre affaire, je pourrais toujours leur demander de l’observation afin de m’inspirer de leurs méthodes. »
Malgré le fait d’être bienfaitrice de l’association Mutant Care depuis mai de cette année, je n’ai jamais entendu parler de similaire école et j’ai plus l’impression que c’est dans le cadre d’associations que dans le cadre scolaire que les jeunes surhumains, des mutants principalement, ont l’occasion de trouver conseils et mentors. L’école publique américaine étant une catastrophe, cela n’est pas étonnant. Le business des études ne fonctionne pas très bien avant les études supérieures ; et à ce moment-là, les banques et les universités se font énormément d’argent sur le dos des étudiants. On parle de centaines de millier de dollars par étudiant. Quand je me suis intéressée au cas de Peter Parker pour Columbia University, il en était à devoir payer trois ou quatre cents milles dollar pour quatre ans. Le pauvre travaillait d’arrache-pied pour essayer de rassembler le dixième de la somme nécessaire à ce qu’il puisse obtenir un prêt sur vingt ans minimum… et ce pour son premier diplôme ; il en a potentiellement trois à passer, s’il veut le doctorat. J’ai pris le temps de deux coups de fils, un à ma mère pour obtenir le numéro et le second au directeur de l’OBIF de New York City, afin de lui donner l’occasion d’obtenir un prêt à moindre frai. Comme lesdits frais s’élèvent à des milliers de dollars, ça n’est pas rien pour lui. Il devra encore travailler en parallèle de ses études mais j’espère que ses stages à Stark Industries seront correctement rémunérés pour lui permettre de n’avoir rien d’autre à faire à côté. Et si c’est pas le cas, je remettrais mon nez dans l’histoire pour voir comment placer ses revenus afin de couvrir son prêt et ses besoins. D’ailleurs, il faut que je vois où en est l’acquisition de mon immeuble pour pouvoir lui proposer de louer un logement décent. Tellement de choses et si peu de temps… Merci ma Chance, j’ai des gens pour faire les intermédiaires.
La discussion avançait à vitesse grand v sans doute parce qu’elles étaient sur la même longueur d’onde. Ce n’était pas le genre de mission auquel Emy avait l’habitude, mais ça promettait d’être quelque chose d’enrichissant. Mais les missions physiques et de sauvetages seraient toujours des priorités pour la jeune femme. Elle avait besoin d’action et après avoir passer presque six années à ne pas être sur le terrain, il était hors de questions qu’elle se contente de ce genre de mission. Bien sûr, c’était aussi important que les différents surhumains puissent s’adapter à la vie sur Terre, mais il y avait tellement de personne qui pouvait faire ce genre de choses… Mais Emy avait bien comprit que Lucy avait besoin du S.H.I.E.L.D alors elle l’avait écouter jusqu’au bout et surtout, elle prenait le temps de répondre à ses questions même si certaines devaient être éviter. Elle n’allait pas donner toutes les réponses ce jour, mais elle en avait donné une bonne partie. Après la discussion, Emy dit à son interlocutrice qu’elle allait faire une demande de consultant dès qu’elle allait rentrer. Elle était certaine que Lucy avait beaucoup d’informations et de capacités pour mener ce genre de projet. Elle lui faisait confiance. Elle ne dégageait pas de méfiance ou d’intérêt qui pourrait mettre en danger la Terre. N’oublions pas que Emy avait le don d’empathie et elle pouvait littéralement lire les sentiments et émotions de chaque personne en face d’elle. Alors Lucy n’était pas un danger pour elle. L’agent du S.H.I.E.L.D parla de l’Institut de Charles Xavier sans entrer dans les détails car pour le moment, elle ne savait pas dans quoi elle s’embarquait. Si elle avait besoin de conseils, elle savait qu’elle allait pouvoir lui demander de l’aide. Avant de reprendre la discussion, la serveuse vient leurs emmener leurs entrées qu’Emy avait totalement oublié. Son ventre commençait à lui faire sentir qu’il avait faim alors elle prit ses couverts et commença à manger. Lucy semblait attendre que ça et mangea aussi avant que la brune ne reprenne en donnant ses conditions de travail. Si Lucy avait besoin de l’avis de quelqu’un, Emy devait le savoir parce qu’elle n’avait pas l’intention de mettre trop de monde sur ça. Il était important de tenir les choses secrètes un certain temps. Elle dit aussi qu’elle allait contacté l’avocat de la jeune femme pour le contrat. C’était la moindre des choses non ? Lucy la remercia beaucoup pour tout ça et lui dit qu’elles avaient encore deux heures devant elle. L’agent eut un petit sourire. Il était certain qu’elle n’allait pas la lâcher aussi facilement. Elle pouvait voir que Lucy avait beaucoup de questions à lui poser. Elle ne comprit pas ce qu’elle lui parla d’une histoire d’étapes, mais elle continua de manger. Elle sentait que la jeune femme avait beaucoup de questions et que ça n’allait pas tarder à venir. Et cela ne se fit pas attendre. Pendant qu’elle mangeait, Lucy lui demanda alors pourquoi ne pas envoyer le Slime dans l’école pour surhumains, parce qu’elle était trop jeune ? Emy prit le temps de mâcher avant de lui répondre :
« Si physiquement le Slime est « adulte » puisqu’elle peut prendre l’apparence qu’elle veut, enfin, d’après ce que j’ai compris de ce que vous m’avez dit et des informations que j’ai lu sur l’autre Slime, je pense qu’au contraire, elle serait trop âgé pour y aller… Mais psychologiquement, elle n’est qu’une enfant et l’autre Slime aussi sans doute… Il faudrait que je demande au professeur Xavier ce qu’il en pense… »
Elle se promit de lui envoyer un mail dès qu’elle sera chez elle. Elle avait besoin de son avis sur ça aussi. Mais d’autant qu’elle le sache, l’Institut était bien rempli ces derniers temps et ce n’était peut-être pas une bonne idée d’introduire un surhumain qui ne connaissait pas vraiment le comportement des humains, même mutant… Peut-être qu’il faudrait juste l’introduire dans la société avant de l’introduire dans l’Institut. Emy allait vraiment loin dans ses réflexions… Elle en fut sortit par Lucy qui lui dit qu’elle pourrait lui passer le contact pour l’Institut, rajoutant que ce n’était pas un secret qu’elle était pro-mutante et que l’école pour surhumain la faisait rêver. Emy prit son verre pour boire une gorgée d’eau et l’écouta lui dire qu’une école alternative et adapté à l’individu, surtout spécialisé pour les surhumains devait avoir des années d’avance. Elle rajouta qu’elle comprenait qu’elle ne voulait pas les impliquer officiellement dans l’affaire, mais elle pourrait toujours observer leurs méthodes pour s’en inspirer. Emy eut de nouveau un petit sourire avant de lui dire :
« Pour le moment, laissons l’Institut en dehors de ça. Je vous donnerais le contact quand cette affaire sera bien avancer. Et pour rien vous cachez, pour le moment, ils ont autre chose à penser. Je ne suis pas certaine que le contact soit établi rapidement. »
La jeune femme voulait que le sujet soit clair : L’Institut sera au courant au dernier moment. Elle n’avait pas envie que Lucy aille les harceler sur leurs méthodes. Non pas qu’elle ne lui faisait pas confiance, mais les différents professeurs de l’Institut avaient autre chose à penser avec la rentrée qui arrivait bientôt…
« Mais je vous promets de vous mettre en contact avec eux dès que possible. Vous aurez tout le loisir de leurs poser des questions… S’ils sont d’accord. »
Elle insistait bien la dessus parce qu’elle ne voulait pas introduire une personne qui s’incruste dans le quotidien de ses élèves donc le quotidien était déjà bien difficile. Pour revenir au sujet principal de leur discussion, Emy demanda :
Le fait que la dégustation de dix-huit types de sushis différents, en plus de l’apéritif actuel et du dessert qui conclura le repas, prenne deux heures n’a pas l’air d’effrayer l’Agent Carthew ; au contraire, elle sourit ! Parfait. Être payé à déguster les meilleurs sushis gastronomiques du pays, n’est-ce pas une bonne journée de travail ?
A l’opposé de ma supposition, l’Agente considère que la Slime est trop vieille pour aller à l’école pour surhumains. Voilà qui me fait plisser les yeux sans me surprendre, puisque l’explication est claire. Après, à chaque problème sa solution donc, si c’est une question d’apparence, il suffit d’apprendre à la Slime à en adopter une plus jeune ; je suis sure qu’elle resterait adorable avec quelques années de moins ! Encore après vient le nom du professeur Xavier, lequel me dit quelque chose sans que je ne me souvienne réellement quoi actuellement. Cela étant, entre le nom de l’école, l’Institut, et le nom du contact là-bas, Xavier, je dois pouvoir trouver l’adresse et le numéro de téléphone sur internet. Merci le registre des entreprises ! Merci ma Chance que l’Agent Carthew donne autant d’indices, puisqu’elle ne veut pas faire l’introduction tout de suite.
Tout comme elle, j’ai un petit sourire à cette déclaration : elle accepte mais délaie, complexifiant ma négociation de l’information. "Oui mais" c’est plus complexe à contourner que "non" puisqu’il y a le risque de le transformer en "non", justement. Après, je pense avoir déjà les moyens de faire les liens nécessaires à trouver cet Institut. Cela ne signifie pas que j’irai, ayant moi-même un horaire bien chargé et comprenant que je puisse déranger, mais un petit coup de téléphone pour savoir si je peux prendre rendez-vous est au programme. Je ne leur parlerai pas de la Slime, juste de mon intérêt pour les écoles alternatives et les mutants ; ainsi que d’une éventuelle donation à leur institution, l’argent ouvre beaucoup de portes et l’intelligence se charge des autres.
« Mais je vous promets de vous mettre en contact avec eux dès que possible, insiste l’Agent Carthew en me faisant lever mes sourcils de surprise, bien que ce ne sois pas surprenant que ma réflexion, au fait qu’elle n’était pas certaine que le contact soit établi rapidement, ait laissé comprendre à l’Agente que je comptais accélérer les choses de mon côté. Vous aurez tout le loisir de leurs poser des questions… s’ils sont d’accord.
- Cela va de soi, réponds-je avec douceur entre deux bouts de bœuf, sincère, avant de froncer les sourcils suite à une pensée parasite. Et d’eux, puisqu’ils décideront. »
L’un des avantages à jouer des introductions, qu’elles soient nominatives ou par poignée de mains, est que cela permet d’outrepasser les files d’attente et autres désintérêts potentiels. C’est le problème que j’ai eu avec Joseph Rowles : personne pour faire l’introduction, ma demande risque donc d’avoir été classée dans les sans intérêts. Cela étant, s’il en est de même pour cet Institut, l’Agent Carthew m’introduira par la suite et j’aurai donc ce que je veux. Ce n’est qu’une question de temps.
« Et le Slime ? Elle est où actuellement ? »
Je prends un instant pour réfléchir puisque de cette information découle énormément de chose ; incluant la possibilité pour l’Agent du SHIELD de ne pas tenir son engagement et de surveiller la Slime sans m’impliquer. Néanmoins, nous en sommes à de la confiance alors je le fais.
« Actuellement, je ne suis pas capable de le dire, avoue-je, consciente que ce n’est pas l’information la plus précise qui soit mais n’ayant pas la localisation exacte. Néanmoins, elle m’a dit qu’elle résidait sous l’un des ponts de l’East River. Sa méthode pour s’y rendre est de se laisser emporter par le courant et voire si elle arrive au bon pont… ce qui laisse comme principaux candidats les Brooklyn, Manhattan et Williamsburg Bridge ; les autres sont trop au nord. D’après mes observations, les deux premiers possèdent des collections d’objets trouvés, chose qui correspond à la définition de maison de la Slime. Je n’ai cependant pas loisir de surveiller les zones pour savoir quand la Slime s’y rend. »
Voilà, c’est fait : des zones à surveiller pour essayer de pister la Slime. On ne va pas se mentir, je suis un peu frustrée et déçue de n’avoir jamais réussi à la recroiser ; surtout maintenant que j’ai les @robeez et suis-je sans doute plus dangereuse qu’elle, ce qui est rassurant même si je ne pense pas qu’elle me fasse de mal.
« Réussir à suivre un métamorphe dans une métropole est bien au-delà de mes capacités, explique-je sans en être désolée. Comme elle ne sait pas utiliser de téléphone et ne sait ni lire ni écrire, je ne peux même pas la contacter à l’envie. Je l’ai rencontrée par Chance, parce qu’elle n’avait pas encore bien compris comment fonctionnent les passages piétons… mais je ne l’ai pas revue depuis. J’ai cherché, pourtant. »
Entre la fascination pour ses pouvoirs et le paradoxe du fait que j’ai envie de jouer avec comme une gamine tout en me demandant si elle ne me travaille pas l’instinct maternel, recroiser la Slime a été l’intention d’un ou deux weekends de mon côté. Pas du sien, je pense, puisque les enfants se désintéressent vite des choses qui ne sont pas immédiatement sous leur nez ; et une métropole ne manque pas d’autres distractions.
« Je peux vous dessiner son visage, afin d’aider les logiciels de reconnaissances faciales à le rechercher sur le réseau de surveillance urbaine, dis-je avec confiance, l’ayant déjà fait et n’ayant pas attendu trop longtemps pour que mes souvenirs ne soient pas trop altérés. Si cela ne suffit pas, j’ai quelques idées sur des détecteurs odorifiques ; la Slime n’étant pas humaine, son éventuelle odeur transmettra des informations différentes des humains et donc se baser sur de l’analyse des odeurs devrait permettre de l’identifier… imaginer un chien mais en version drone. »
Les odeurs corporelles transmettent énormément d’informations sur les personnes qui les émettent, jusqu’à leurs codes génétiques ; quand on apprécie l’odeur de transpiration de quelqu’un, c’est généralement qu’on a une grande diversité génétique avec lui. A l’inverse, si c’est trop proche et donc que cela n’aiderait pas les gènes à se diversifier, on trouvera cela révulsant. Je pense que cela peut permettre, outre de localiser des criminels dont on possède un échantillon d’odeur, de déterminer si l’individu est humain porteur de Gène X ; néanmoins je ne l’ai jamais déclaré parce que j’ai pas envie qu’on utilise cette idée à de mauvaises fins. Comme la plupart de mes idées, en somme. Ce qui me fait penser que j’aurai peut-être pas dû en parler à une Agente du SHIELD… Toute stressante que puisse être cette idée de voir mes créations détournées pour blesser des gens, chose que j’ai fini par faire moi-même avec les @robeez après discussion avec Rocket et afin de me protéger, le SHIELD doit déjà se douter de ce que je peux faire ; rien que la comparaison avec ma sœur doit être flatteuse. Et me placer sur la liste des individus potentiellement dangereux et assurément à surveiller. Après, si je me doute que mon téléphone est sur écoute, j’ignore ce que l’organisation a déjà découvert et je sais qu’elle découvrira tout lors de l’investigation pour que je devienne consultante. Je me demande la tête que fera l’Agent Carthew quand elle découvrira les @robeez. Je pense que je serais très vite au courant…
Pensive et légèrement stressée après l’évocation de mon génie technologique, je termine le bœuf Ohmi sans plus rien dire et en regardant l’Agente.
Finalement, la discussion était beaucoup plus intéressante que ce que Emy aurait pensé. N’ayant pas l’habitude de jouer les agents de liaison, elle s’était dit que cela allait être ennuyeux parce qu’elle avait l’habitude du terrain. Mais pour avoir passer presque six ans en dehors des missions, c’était peut-être la meilleure des façons de refaire ses bases. Et puis, elle savait qu’elle aurait d’autres missions en temps et lieux : Elle connaissait quelques personnes qui pourraient l’aider pour ça. Emy en vient à parler de l’école des surhumains de Charles Xavier, mais elle ne voulait pas les mêler à tout ça tout de suite. C’était une hypothèse de mettre Le Slime dans cette école, mais d’après la description de Lucy, la créature était beaucoup trop vieille pour y être admis, même si elle se doutait bien que Charles Xavier n’allait pas laisser tomber un surhumain : Ce n’était pas dans son tempérament. Essayant de ne pas donner trop de détails, Emy promet cependant à la jeune femme assise en face d’elle de la mettre en contact avec l’Institut dès que possible. Il fallait surtout qu’elle en parle à Charles et qu’ils soient tous d’accord la-bas. Ce n’était pas facile tous les jours pour ces jeunes mutants alors avoir une nouvelle personne qui vient leurs poser des questions sur leur vie, ce n’était pas la meilleure des choses à faire. Mais elle pouvait toujours donner le contact si besoin. Eux seuls décideront. Lucy accepte le marcher avant que Emy ne demande où se trouve Le Slime actuellement. C’était une question sans doute difficile à répondre parce que la jeune femme semble prendre le temps de réfléchir. Tout est calculé, tout est prit en compte. C’était le risque du métier sans doute. Lucy lui dit alors qu’elle n’était pas capable de le lui dire, mais qu’elle pouvait lui affirmer que Le Slime lui avait dit qu’elle vivait sous l’un des ponts de l’East River. C’était déjà un point de départ. Elle continua en lui disant que sa méthode pour s’y rendre était de se laisser porter par le courant et voir si elle arrive sous le bon point. Intéressant. Ils ne restaient que quelques ponts sous lesquels elle pouvait être. Lucy rajoute que d’après ses observations, il y a deux ponts qui pourraient être la maison du Slime. Les ponts de Brooklyn et de Manhattan. Emy se concentra sur ce que lui disait la jeune femme. C’était déjà un bon point de départ. Lucy lui dit cependant qu’elle n’avait pas le loisir de surveiller les zones pour savoir si Le Slime s’y rendait. Emy avala la bouchée qu’elle venait de prendre avant de répondre :
« Je vais voir ce que je peux faire. »
Lucy lui dit alors que pour réussir à suivre un métamorphose dans une métropole est bien au dessus de ses capacités et comme Le Slime ne pouvait pas utiliser de téléphone et qu’elle ne savait ni lire et écrire, elle ne pouvait pas la contacter. Elle l’avait rencontré par chance parce qu’elle ne savait pas comment fonctionnait les passages piétons. Elle ne l’avait pas revu depuis et pourtant, elle avait chercher. C’était quand même quelque chose d’extraordinaire. Peut-être que Le Slime ne voulait pas être retrouver ? C’était une possibilité. Peut-être que Lucy était passée devant elle plusieurs fois la voir d’ailleurs. Ou alors, elle avait la capacité de changer de forme ? C’était sans doute possible ça… Et si Le Slime croisé dans un autre quartier de New-York était le même surhumain ? C’était fort probable, mais il y avait aussi la probabilité qu’ils soient deux, il ne fallait pas l’oublier. Lucy lui dit alors qu’elle pouvait dessiner son visage, avec l’aide des logiciels de reconnaissance faciales pour le rechercher sur le réseau de surveillance urbaine. C’était une idée, mais inefficace s’il y avait changement physique. Elle avait même une idée sur des détecteurs odorifiques. Le Slime n’était pas humain alors elle avait une odeur différente et il pourrait être facile de l’identifier avec l’aide d’un drone par exemple. C’était une idée qui plaisait à Emy.
« Je pense que même si vous arriviez à faire le portrait robot du Slime, il sera difficile de la trouver dans la ville. Il nous faudrait des heures sans doute. Et je doute qu’elle garde uniquement un seul visage. J’ai l’impression que c’est un peu sa marque de fabrique. Enfin, c’est ce que je pense. Pour votre idée de détecteurs odorifiques, c’est une bonne idée. J’imagine que vous avez déjà une idée sur le comment cela pourrait fonctionner avec elle ? »
L’agent du S.H.I.E.L.D n’était pas du tout douée dans les sciences, elle laissait ça pour ceux qui savaient vraiment. La jeune femme continua de manger son entrée avant de demander :
« Pour votre projet, vous avez déjà des idées ? Je veux dire, est-ce que vous avez déjà tester ? »
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