[Terminé] Getting to know you - Ravenda

L’été était terminé. Lynda se doutait que la journée de rentrée n’avait dû être facile pour personne. Pour autant elle avait tenté de faire abstraction tout au long de la journée pour rester concentrer sur son travail à l’hôpital le matin et au refuge dans l’après-midi. Ce n’est qu’après avoir passé un peu de temps avec sa fille Jessy qu’elle avait finalement pris la route pour se rendre au manoir Xavier. Après une bonne heure et demi de route avec la musique à fond pour se détendre et savourer un instant de solitude, elle avait franchi le portail pour être accueillit par Hank en personne. Il conduisit alors la médecin dans le bureau du Professeur en lui expliquant qu’il était encore retenu avec des élèves. En soit rien d’étonnant pour la mutante qui savait Ô combien les élèves de cette école passaient avant tout le reste.

Elle se retrouva alors rapidement seule dans ce bureau et après s’est autorisé un verre d’eau, elle attrapa un livre pour se poser dans le canapé afin de passer le temps. Vêtue d’un jean et d’un chemisier blanc, elle avait rapidement fait tomber la veste de couleur kaki pour la poser sur le dossier d’un des fauteuils avec son sac à main. Sac qui ressemblait plutôt à un petit sac de voyage afin d’emmener tout le nécessaire pour dormir ici. Charles avait insisté pour que Lynda laisse des affaires mais jusqu’à présent, la mutante n’avait pas réussi à se mettre suffisamment à son aise.

Après plusieurs minutes d’une lecture au calme, Lynda fut interrompu par quelqu’un qui frappait à la porte. Sans prendre le temps de réfléchir, elle se leva tout en gardant son livre en main, ajustant son doigt à l’intérieur pour garder sa page et ouvrit la porte de sa main libre. L’entrain mis pout ouvrir la porte se stoppa net alors qu’elle reconnut aussitôt Raven, la sœur de Charles. Restant figée, comme bloquée, Lynda mis quelques secondes avant de reprendre le dessus.

« Charles n’est pas là, je l’attends. Il est avec des élèves, si tu voulais le voir. »

Le ton n’était pas froid mais il était loin d’être chaleureux. L’entente entre les deux femmes n’était toujours pas au rendez-vous, au plus grand désarroi de Charles qui ne pouvait rien faire à vrai dire. C’était à elles de régler cette histoire mais Lynda avait constamment en tête le visage de sa fille terrorisé dès qu’elle voyait Raven. C’était toujours compliqué de faire abstraction même si elle savait qu’au fond ce n’était pas de la faute de la métamorphe.

La haine profonde n'était plus du tout d'actualité mais la méfiance était toujours de rigueur pour la médecin qui finalement n'avait jamais eu de véritable conversation avec la sœur de cœur de son compagnon depuis le jour de l'agression de sa version maléfique. C'est pour cette raison que l’accueil de la mutante n'est pas des plus amicale dès lors qu'elle se retrouve en face d'elle, supposant que Raven est là pour Charles et non pour elle. Mais finalement, la surprise soudaine peut se lire sur le visage de Lynda alors la métamorphe précise que c'est bien elle qu'elle est venue voir et non le professeur.

« Ah ?! »

La bouche entrouverte, les sourcils levés, Lynda ne s'attendait pas à une telle demande de communication. Légèrement partagée entre la compassion, l'envie de renouer les liens pour elles deux et pour Charles mais également la rancune et l'instinct protecteur d'une mère pour sa fille, elle ne savait pas vraiment comment réagir. Gardant la main sur la porte, elle conserva également son regard sur la jeune femme en face d'elle qui semblait chercher ses mots tout en comprenant qu'une justification semblait nécessaire.

Des excuses... est-ce que dans le fond, ce n'était pas ce que Lynda attendait. Certes il y avait déjà eut des excuses écrites que Lynda avaient lues sans pour autant y accorder autant de crédits que la conversation actuelle. De vraies paroles en face à face, c'était peut-être finalement ce qui lui manquait pour prendre de plein fouet la culpabilité de la jeune femme. Elle s'en voulait sérieusement et sincèrement et espérait une part de rédemption en se présentant à la médecin. Alors qu'elle s'apprêtait à répondre, Lynda aperçu des élèves derrière Raven qui semblait ne pas leur prêter attention mais autant ne pas prendre de risque, elle s'écarta pour faire signe à Raven d'entrer dans le bureau de Charles. Elles seraient toutes les deux plus au calme pour discuter. Refermant la porte, elle entendit Raven qui reprenait la parole pour évoquer le professeur justement. Définitivement, toutes les deux s'étaient bien rendues compte de la peine indirecte ressentie par Charles. Cette peine qui avait pousser Raven à venir s'expliquer, cette peine qui avait pousser Lynda à écouter et finalement à essayer de pardonner.

Les yeux légèrement plus touchés et mélancolique, Lynda mis quelques secondes avant de reposer son regard sur l'interlocutrice et puis finalement les mots sortirent tous seuls :

« Je sais que Charles en souffre et cette situation ne me plait pas non plus, comme toi j'imagine. Je sais que tu n'étais pas toi et je sais que tu culpabilises beaucoup de ce que tu m'as fait à moi et Jessy.... Mais... »

Lynda s'approcha de Raven de posa délicatement sa main sur son avant-bras en guise de compassion :

« Mais saches Raven que tu comptes pour Charles et par extension tu comptes pour moi. Je mettrais le temps qu'il faudra mais le pardon et l'acceptation viendront, je te le promets. J'ai juste besoin de temps pour oublier l'image de ma fille apeurée. C'est une image qui reste gravée en moi et je pense qu'un jour tu comprendras pourquoi. »

Cette référence à la grossesse de Raven, -découverte durant l'été et l'intervention afin de sauver les sorcières - avait été glissée avec plus ou moins de subtilité mais Lynda savait que Raven aurait elle également cet instinct maternel qui n'appartient qu'aux mères et qui ne peut pas être contrôlé.

« Tu es un belle personne Raven et je suis certaine qu'avec le temps, on arrivera à s'entendre. En tout cas, je veux apprendre à te connaître et à savoir qui tu es... qui tu es vraiment. »

Un doux sourire s'installa sur les lèvres de Lynda alors que son regard se fixa dans celui de la femme qui peut-être un jour deviendrait son amie.

La rentrée était synonyme de renouveau et de remise à zéro, c'était peut-être pour cette raison que Raven était venue au-devant de Lynda ou que Lynda avait acceptait de lui parler. Le temps était peut-être venu de remettre les choses à plat et de prendre un nouveau départ. Charles et Lynda en avait longuement discuté pendant leurs vacances pour tenter d'apaiser les tensions et finalement il lui avait avoué que Raven avait pris soin du médecin, surement dans l'espoir d'arranger les choses. Lynda ne parlerait pas forcément de ce détail mais cela avait progressivement changé son avis sur Raven, laissant – une fois la surprise passée – une possibilité à la discussion qu'elles étaient en train d'avoir.

La bienveillance de Lynda était une façon de secouer le drapeau blanc entre elles deux et visiblement cela avait eu l'effet escompté. Raven se confia un peu plus à elle, sur ses craintes de ne pas être pardonner mais également sur sa volonté de laisser de la place à Lynda dans la vie de Charles. Mais aussitôt Lynda secoua la tête en reprenant la parole :

« Je ne veux pas te chasser, bien au contraire. Il faut que l’on apprenne à vivre ensemble sous le même toit. Raven, ici c’est chez toi, je ne suis qu’une invitée et jamais je ne prendrais une quelconque place qui te revient de droit. Peut-être qu’un jour, je vivrais plus régulièrement ici mais pour l’instant ce n’est pas prévu. »

La proximité entre les deux femmes n’était pas quelque chose ont Lynda avait l’habitude mais le fait de discuter et de se confier l’une à l’autre, allait peut-être les rapprocher autant physiquement que dans la conversation. Lynda plongea son regard dans celui de la sœur de son compagnon avant d’ajouter quelques mots en rapport avec la grossesse de celle-ci :

« Tu vas être mère, il te faut être entourée et ici c’est l’endroit parfait pour ça. Jessy a grandi sans son père et je m’en suis occupée seule. Je sais combien être entourée fait du bien et si tu veux bien de moi dans ta vie, je serais ravie de t’aider pour cette nouvelle étape qui s’ouvre à toi. »

La confidente fut faite et Lynda n’avait pas encore parlé de cet aspect de sa vie à Raven. Certes, elle était la compagne de Charles mais pas seulement. Elle était également mère et médecin. D’ailleurs ce fut le côté médecin qui ressortit lorsque Lynda observa sagement le ventre de Raven :

« Tu as quel obstétricien ? Un de New-York ? Ou sage-femme d’ailleurs ? »

Déformation professionnelle que Lynda réprima aussitôt en reculant d’un pas. Peut-être avait-elle été trop loin. Peut-être s’était-elle mise trop en confiance, oubliant que Raven ne faisait pas aussi facilement confiance qu’elle aux personnes qu’elle côtoie :

« Enfin cela me regarde pas, tu n’es pas obligée de me répondre… »

Le pardon. Un simple petit mot qui est pourtant très lourd de sens lorsqu’on y pense. Pardonner c’est accepter les erreurs de l’autre et accepter d’aller de l’avant. Accorder son pardon est une étape autant pour le fautif que pour la victime mais tous les deux en sortent généralement plus grands. C’est dans cette optique que Lynda avait abordé Raven. Le pardon serait peut-être compliqué à obtenir de la part de la métamorphe mais en tentant d’aller vers elle, Lynda répondait au premier pas fait par l’autre madame Xavier.

D’autant plus que la culpabilité de Raven la toucha en plein cœur où point même qu’elle était prête à s’effacer de la vie de Charles afin de laisser Lynda et sa fille en paix. Cette issue était tout bonnement impossible à envisager pour Lynda qui avait parfaitement vu et compris le mal-être de son compagnon vis-à-vis de la relation conflictuelle entre les deux femmes.

Tentant de trouver les mots justes, Lynda fit comprendre à Raven ainsi qu’elle n’avait pas à fuir, bien au contraire, que les deux femmes prendraient le temps qu’il faut mais qu’un jour elles arriveront à s’entendre.

Merci. Cet autre mot encore plus petit et plus doux que Pardon est une douce caresse aux oreilles de Lynda qui sourit avec bienveillance à Raven pour toute réponse. Elle n’a pas à la remercier mais l’avoir entendu est tout de même très bénéfique pour elles deux.

Cependant chasser le naturel, il revient au triple galop et la déformation professionnelle de Lynda ne manqua pas de se faire entendre alors que celle-ci interrogea la future maman sur son suivi de grossesse. Ce à quoi, la surprise et la gêne s'affichent sur le visage de la blonde qui mis quelques secondes à trouver les mots avant d’avouer l’inavouable. Lynda tenta de rester de marbre mais le fait est qu’elle était à la fois très surprise et en même temps elle se doutait un peu de ce type de réponse.

Les explications ne tardaient pas à arriver dans la conversation et de fait, elles étaient tout à fait légitimes. Raven ayant vécu à une époque où les mutants étaient montrés du doigt et le plus souvent traqués, sa peur du corps médical était normale - si l’on peut dire. Pour autant la réponse de Raven n'aidait pas aux divers questionnements de Lynda qui, sans décrocher son regard de Raven, lui demanda avec sérieux mais tout en gardant cette chaleur et cette douceur qui lui étaient bien connues :

« Je comprends ton point de vue en soit mais il est important que tu aies un suivi pour toi d’abord mais également pour les deux bébés. Il y a des infirmières ici en plus ou même Hank... »

Lynda comprit qu’elle n’avait peut-être pas été délicate alors elle s’expliqua avec douceur :

« Ce n’était peut-être pas le meilleur exemple, navrée. Charles m'avait évoqué votre relation un peu complexe. »

Un peu confuse et légèrement frustrée à l’idée de ne pas avoir plus d’informations, Lynda réfléchit rapidement à une solution plus ou moins immédiate  et parla en même temps que les pensées fusaient dans son esprit :

« Je pourrais te le faire… Enfin tu n’es pas obligé de dire oui mais je peux te faire un suivi ici, cela ne sortira pas du manoir et … Enfin c’est comme tu veux. Mais faudrait que tu fasses au moins une écho pour les mesurer et voir comment ils sont … et puis une prise de sang aussi pour avoir ton taux de glycémie et pour dépister les hépatites même si j’en doute fortement mais mieux vaut être certaines car cela peut nuire à la croissance des bébés… »

Le débit de paroles s’intensifiant, Lynda n’avait même pas remarqué qu’elle réfléchissait à voix haute d’une part, et en parlant avec son jargon médical d’autre part. Puis elle se rendit compte de ses paroles et de ses réflexions :

« Oh misère, je suis vraiment navrée… mais je … Non je n’ai pas d’excuses. »

Confuse et désolée, Lynda préféra se taire en attendant une quelconque réaction plutôt que de s’enfoncer davantage dans le pétrin…

La délicatesse de Lynda et surtout le fait d’avoir évoqué les confidences de Charles n’avait pas été une très bonne tactique, surtout lorsqu’elle regarda la réaction de Raven à ses mots. Cependant, il était un peu tard pour faire machine arrière alors autant ne pas évoquer à nouveau ce sujet et passer à la suite qui était cependant tout aussi important aux yeux de la médecin, à savoir le suivi de grossesse de Raven.

Là encore, lorsque la sœur de Charles avoua ne pas de suivi du tout pour sa grossesse, gémellaire qui plus est, Lynda ne put se retenir de tous les examens qu’il faudrait faire pour s’assurer du bon état de santé de ses bébés. Parlant avec réflexe et dans un jargon médical qui sans doute n’aurait en rien rassuré la future maman. Cependant une fois les dires de Lynda terminés, Raven accepta tout de même les fameux « examens ». Sentant l’hésitation dans la voix et dans les gestes de la mutante, Lynda fronça doucement les sourcils tout en tournant la tête un peu plus vers son interlocutrice afin de la regarder dans les yeux.

« Cela te tracasse ? Qu’est-ce qui t’embête exactement ? »

Lynda ne connaissait que trop le stress prénatal mais son intuition lui soufflait qu’il n’y avait surement pas que cela. Alors elle se hasarda à ajouter d’une voix douce :

« N’aies pas peur de parler de tes peurs ou de ton ressenti vis-à-vis de cette grossesse ? C’est important de réussir à parler de ce qui te tourmente. Et je pourrais peut-être répondre à tes interrogations… »

Autant Lynda pouvait être à fond dans son travail et dans les tâches que cela impliquer, autant elle savait être à l’écoute des autres, qu’ils soient ses patients, ses amis ou même des connaissances. Parfois parler un peu de ce que l’on ressent ou de que ce qui effraie aide à aller mieux et c’est encore plus facile lorsqu’il y a une oreille prête à vous écouter au besoin.

« Je suis peut-être la compagne de Charles, mais je suis aussi médecin, si tu veux que cela reste entre nous, je ne dirais rien… à personne. »

HRP: