Le Slime rencontrait beaucoup de difficultés ces derniers temps. Déjà, il y avait ce dont avait parlé l’humaine l’autre soir. Il avait tenté de « travailler » pour gagner plus de papier-argent, en faisant du nettoyage. Mais tout ne s’était pas passé comme prévu. D’abord, il avait essayé de se renseigner, mais c’était vraiment trop compliqué. Ensuite, il avait essayé de demander, mais on lui demandait des choses comme une carte ou un compte. Il avait bien essayé d’obtenir une carte de la ville, mais ça ne semblait pas convenir.
Au final, il traînait toujours dans le rue en essayant de comprendre comment faire après de nombreux échecs, changeant de forme en fonction de ses humeurs, même si ces derniers temps, sa frustration l’avait instinctivement poussé à prendre la forme mâle plus souvent que d’habitude. Et cette situation le confrontait désormais à une autre difficulté : il faisait chaud. Trop chaud.
Le Slime était bien loin de connaître le cycle des saisons et tout ce qu’il impliquait, mais il savait quand il faisait trop chaud. Les pieds de ses formes humaines montait à ébullition au contact du goudron brûlant, il devait sans cesse chercher un point d’eau pour se reconstituer. L’ombre était une amie bienvenue, pas assez fraîche en général, mais au moins, il ne bouillait pas. Bien qu’étranger à la fatigue, il la ressentait quand même au travers de ses déboires, si bien qu’il finit par se lover dans une ruelle, abandonnant sa forme humaine, espérant sortir la nuit plus que le jour.
Le soir venu, enfin, le soleil disparaissant à l’horizon et sa chaleur accablante était largement amoindrie, même si l’air restait très chaud. Le Slime adopta de nouveau une forme humaine, la mâle, et se risqua enfin hors de sa cachette. Il aimait beaucoup la nuit, toutes les lumières de cette ville le fascinaient. Un peu trop, sans doute, parce que dans ses errances, il ne prêtait gare qu’à la présence des humains et de leurs lumières.
Lorsque se présentèrent de hautes lumières étranges, le Slime ne put s’empêcher d’aller dans cette direction, se retrouvant soudain piégé au milieu de la circulation. Soudain harcelés de lumières, de voix, de klaxons et de la chaleur omniprésente qui obscurcissaient ses sens, le Slime désorienté tenta d’échapper au flot de voitures… pour s’écraser contre un bus blanc aux vitres noires.
S’écraser ne fut toutefois pas le mot exact. Disons plutôt qu’il avait explosé, répandant sa masse gélatineuse bleutée sur l’avant du véhicule et une partie de ses côtés, dans un grand splash semblable à celui que ferait une bombe à eau géante. Mais plus encore, la carrosserie de l’engin, en particulier l’avant, était brûlant par l’effet combiné de la chaleur de la journée et celle du moteur qui tournait. Le Slime commençait à s’évaporer. Cherchant à fuir la source de chaleur, il commença à s’infiltrer dans les interstices des portes et des ventilations.
J’entends Enzo crier puis le bus piler alors que j’en étais à passer mon peignoir blanc sur ma chemise de nuit grise. Je suis sur les fesses, littéralement du fait du ralentissement forcé – merci ma Chance, la cuvette des toilettes était fermée donc je n’ai ni trop d’indignité ni à changer de vêtement – et métaphoriquement, du fait de cette phrase que je cris en sortant en trombe de la salle de bain un instant plus tard.
« Non, non et non, répète-je en remontant à travers du séjour, manquant de glisser sur le carrelage avant de me rattraper sur la moquette tout en écartant les bras et le peignoir pour garder dans la chute en avant qui résume ma course. Pas deux chiennes de fois dans la même niche de journée ! »
Avoir une rencontre renversante avec un Avenger, surtout pour lui, en allant pique-niquer ce midi, car on n’est plus à l’aise dans les restaurants depuis dimanche dernier que celui où l’on était nous a sauter à la figure, c’est une chose. Mais renverser à nouveau quelqu’un ce soir… C’est la faute d’Enzo cette fois, en plus, et c’est frontal pas à reculons…
Mes pensées se bloquent lorsque je cesse de regarder où je mets les pieds de peur de les y rejoindre afin de regarder dans quoi Enzo nous a fait mettre les pieds et qui nous y a rejoint. Et… euh… What ? On vient d’emboutir un pudding géant parfum… y’a quoi comme parfum avec du colorant bleu ? C’est pas une couleur qui se mange le bleu !
« C’était un mec… »
Enzo est estomaqué. Assis dans le grand siège conducteur, le trentenaire d’un mètre quatre-vingt-sept voit son teint halé pâlir alors que son visage au large front, au nez proéminent et à la mâchoire forte se décompose sous le choc. Ses cheveux bruns attachés lui tombent à l’arrière de la nuque alors qu’il ne porte, à cette heure, plus qu’une chemise blanche au col déboutonné, un pantalon de toile noire et des chaussures de ville en cuir. Ses yeux marrons se tournent vers sa droite, à laquelle je viens d’entrer en trombe et en me retenant des deux mains sur le cadre de la porte coulissante.
« Si ça ressemble à un mec, que ça se comporte comme un mec mais que ça explose en gelée, t’as pas besoin de Chuck Noris pour t’expliquer que c’est pas un mec. »
Nathan est crispé. Assis sans le plus petit siège passager, le mi-vingtenaire est légèrement plus petit que son collègue mais plus lourd et manifestement plus musclé. Son débardeur blanc ne cache rien de ses larges épaules ni de ses imposants bras tandis que son jeans tombe sur des basket similicuir. Une main large sur la rambarde devant lui, il se passe l’autre dans ses cheveux châtains aussi longs que sa barbe de trois jours alors que son regard bleu exprime l’inquiétude.
« Ça fume…
- Ça s’évapore ?
- C’est encore vivant !
- Merci ma Chance !
- Conseil d’avocat : prends la chance directement, la chance dans la malchance c’est une arnaque.
- Putain c’est en train de rentrer ! »
Après avoir attrapé Enzo par le bras alors que je suis très occupée à regarder la gelée s’infiltrer par les portes, Nathan le lève de son siège et me le balance assez littéralement au museau ! Et quand les mecs de 80kg se lancent entre eux, la nana de 50 finit une nouvelle fois sur les fesses quelques pas plus loin. Plusieurs années de judo m’ont appris à tomber correctement pour ne pas me faire mal, ce à quoi la moquette aide aussi, tandis qu’Enzo termine son involontaire tour sur lui-même en se rattrapant des deux mains et de l’amitié.
« Jafar, Jafar, j’suis coincée. »
Ma tête n’a pas touché le sol, amortie par le dos et un bras en appui avec l’un des réflexes les plus utiles de ma vie, mais, outre la douleur dans les côtes du fait des restes de dimanche, j’ai de l’italien jusqu’au niveau du ventre et il pèse son poids le Enzo !
« Excusez-nous, c’était un accident. »
Nathan se tient d’en l’encadrement de la porte avec les deux mains devant lui pour appuyer ses paroles.
« J’espère que vous n’avez… rien de cassé ? Pourrait-on en discuter calmement ?
- Lu ?
- Les matraques électriques sont branchées dans la chambre. Tu fais la cavalerie. »
Nathan pratique le Kali Arnis, un art martial philippin célèbre pour le maniement de deux bâtons, tandis qu’Enzo est plutôt escrime. Néanmoins, c’est pour le garde du corps qu’on a financé une arme de défense non-létale, pas l’avocat ! Après, on fait ce qu’on peut avec ce qu’on a et le taux de survie de notre trio est de 99% actuellement ! Oui, ça fait un moment qu’on a perdu la crédibilité, paix à son âme.
Et en parlant de ça, je viens de faire une connerie. D’après l’analyse empirique de nos mésaventures, le combiné Enzo et moi avec Nathan qui arrive après la bataille ça signifie qu’Enzo mange et que je m’en sors. En revanche, dans celui Nathan et moi avec Enzo qui arrive après la bataille, c’est moi qui morfle.
Après qu’Enzo ait marché au-dessus de moi pour se rendre plus vite vers l’arrière, j’entreprends de me relever tout en imaginant la troisième occurrence où Nathan serait capable de me chopper par la cheville et de me trainer hors de danger comme une merde. La première fois, c’était au ski. La seconde fois, c’était dans du paintball. Cette fois, c’est de sa faute si je suis parterre ! Ce midi, c’était totalement de ma faute et j’en suis pleinement satisfaite : renverser un vengeur avec un bras en métal du coté blindé en faisant une marche-arrière, c’est un Marvel World Success ; un succès du monde merveilleux. Ce soir, je dois avouer que je suis innocente et que j’aimerai le rester dans le bon sens du terme !
Histoire d’accroitre mes chances de ne pas finir victime, je me tiens bien sur mes appuis en fixant la scène devant Nathan sans réaliser que je me trouve dessous la VCM du salon, dont le moteur crachote face à une obstruction.
L’intérieur de ce véhicule en métal trop chaud était frais par rapport à l’extérieur, bien plus que dans les ruelles assombries cachées du soleil. De la fraicheur, enfin ! En plus, il y avait moins de bruits dedans que dehors, où les klaxons se déchaînaient tellement que la surface du Slime ondulait sous leur effet.
Son processus d’invasion s’accéléra soudainement, passant de la lente infiltration à la succion complète vers l’intérieur par tous les interstices possibles, échappant à la chaleur terrifiante du métal pour la fraicheur tant recherchée, et même une humidité ambiante due à la douche qui avait récemment coulée. Le cadre idéal !
Inconsciente des émois qu’elle provoquait, la masse bleue s’engouffra à l’intérieur pour commencer à se rassembler, juste devant le premier humain qui venait d’en jeter deux autres à l’arrière. La masse grandissait dangereusement sous la lumière diffuse des pièces voisines et de l’extérieur, ombre qui respirait la menace sourde et implacable, et dont l’esprit simpliste et innocent était purement insoupçonnable, en particulier lorsque le gobelet que le conducteur avait fait tomber lors du coup du frein disparut dans les méandres de cette masse gluante.
Dans le même temps, une autre partie du monstre s’infiltrait lui aussi à toute vitesse en engloutissant avidement toute l’humidité présente dans la salle de douche, dans un bruit de succion si fort qu’il pouvait être entendu de l’habitacle. D’ailleurs, une partie du Slime commença a entrer dans les canalisations à la recherche de l’eau salvatrice qui restaurerait son intégrité.
C’est vrai ça, on est encore en train de se faire engueuler par le trafic newyorkais… qu’ils aillent faire leur première visite "de routine" chez un vétérinaire afin qu’il s’occupe d’eux et qu’ils arrêtent de casser les nôtres ! Pas le temps de penser beaucoup plus que mon pauvre instinct vient redemander la parole car la gelée décide d’accélérer. Par quelle partie de la mécanique des fluides réussit-elle à se déplacer ainsi ? Un roulement volontaire ? En tout cas, s’il y a variation de vitesse, il y a conscience. Pas forcément cognition mais conscience. Ce que je fais de cette information ? Aucune idée. Comme le roulement volontaire en somme. J’observe, je théorise et je tache de ne pas paniquer.
Nathan aussi, même s’il recule pas à pas face à la gelée bleutée qui s’amasse désormais dans la cabine à défaut de lui répondre. C’est peut-être une question de secondes avant qu’elle ne se reconstitue et ne puisse s’exprimer mais, en attendant, c’est l’horreur ! La gelée, qui semble bien supérieure à la quantité d’eau d’un corps humain normal, se répand au plafond et change la lumière alors qu’elle couvre ses sources. Le bleu est la couleur du rêve, de la sagesse, de la sérénité, de la vérité, de la loyauté, de la fraicheur et de la mélancolie… j’en conclus donc que la gelée est hors sujet ! Si elle pouvait l’être hors de mon bus sans être hors d’elle, ça m’arrangerait franchement. Reste à trouver un moyen diplomate de dire cela… Zou ? Chou ?
Un bruit de succion me fait sursauter et me retourner vers la salle de bain d’où je sors.
« Littière, elle est plusieurs ! »
Se retenant de se retourner malgré un début de mouvement de la tête, Nathan franchit le pas pour se retrouver dans le séjour.
« C’est plusieurs et moi j’me sens seul. »
Ah, l’humour du désespoir. Son préféré. Moi je dois avouer que le mien me convient très bien. Après, c’est le mien. Il n’est pas toujours super-chaud mais en général il coule assez bien. Chaud. Couler. Gelée. Ebullition.
« Forme semi-liquide, on l’a pas blessée avec l’impact. Mais avec la chaleur !
- Ça change pas les excuses ! »
La gelée qui obstrue les lumières semble attirée par la salle d’eau ; par l’eau qui s’y trouve. Le bleu est la couleur de la fraicheur, peut-être est-ce ce qu’elle cherche ? J’ai pris ma douche, chose qui signifie que les eaux grises du bus doivent être assez chaudes puisque j’ai la main lourde sur le thermomètre, mais malgré toute ma bonne volonté je ne saurais utiliser toute l’eau propre ! Il faut bien avouer qu’à l’étude du fonctionnement de la plomberie des bus de tournée s’est ajoutée celle de la consommation en eau quotidienne me concernant. Quitte à utiliser les soutes comme fondations de ma maison mobile, autant bien les remplir ! Les batteries accumulant l’énergie solaire et la dynamo ne sauraient tout prendre, même si elles prennent pas mal, ainsi mon expertise du Tetris m’a permise de considérer la consommation moyenne de 160L/j par personne et d’arrondir à 500L d’eau propre pour une cuve d’eau grise de 400L ; d’accord, on conseillait 30 à 50% plus petite que l’autre mais je préfère assurer mes arrières en évitant qu’ils fuient. Surtout que l’on n’a pas le souci des accès aux bornes de vidanges.
« Si elle fuit la chaleur, elle va aller dans le réservoir d’eau !
- Du coup quoi ? Tu allumes les robinets au max en réclamant l’eau chaude ? Pas certain qu’on soit encore vivant dans cinq minutes. »
Oui, le ballon d’eau chaude demandant encore de la place, je suis partie sur un chauffe-eau direct. Juste que si je l’enclenche, je crains que ça soit mal pris par la gelée. Enfin, après le temps de chauffe.
« Je crois qu’elle nous ignore, dis-je, bien que mon cœur batte à toute vitesse afin que je sois au mieux capable de m’enfuir ; ce qui, dans un bus, fait une course assez limitée surtout désormais que j’ai peur de m’approche de la salle de bain pour rejoindre Enzo, l’Atelier et l’issue de secours dissimulée en lieu et place de l’ancienne porte secondaire.
- Moi j’ai l’impression qu’elle se forme pour discuter. Tu veux échanger ? »
C’est vrai qu’il y a cela aussi. Cela étant, si elle reprend forme humaine, elle devrait pouvoir communiquer et on pourra même avoir la politesse de lui offrir un verre. Wait A Minute ! Je prends une grande inspiration nasale et pâli un bon coup à l’idée que la gelée se nourrisse par absorption d’eau, ce qui nous laisserait un bon 300L d’eau propre pour elle et d’emmerde pour nous. MAIS, cela me donne aussi une idée.
Prenant mon courage à deux mains aux poings au moins aussi serrés que ma gorge, je m’approche de la partie cuisine, dont l’évier témoigne du tourisme canalisateur, et ouvre le tiroir vertical contenant le présentoir à alcool. Je choppe la première bouteille présente, du whisky à l’érable du Canada, avant de venir me positionner à côté de Nathan dont l’une des mains est sur la porte coulissante ; sans pour autant la refermer.
Il me regarde une seconde, surpris.
« Avec deux glaçons s’il te plait.
- C’est pas pour toi, réponds-je en débouchant la bouteille.
- Merci d’te soucier d’ma santé. »
On ricane tous les deux, entre la nervosité et l’amusement. Plus de nervosité quand même, soyons franc.
« I’m the Lucky One… »
Un pas à côté d’un Nathan prêt à me pousser en arrière avec la délicatesse qu’on lui connait, je tends la bouteille d’alcool en direction de la masse de gelée qui me fait glace le sang. Du fait, je tiens la bouteille par son pied, la main la plus éloignée possible du goulot et de l'odeur sucrée qui s'en échappe.
« Vous en voulez ? »
Nathan me regarde d’un air atterré, que je soutirerais par "c’est quoi le plan ? La saouler jusqu’à ce qu’elle fasse un coma éthylique ?!" C’est en cours… réponse qui vaut pour les deux questions !
Tant d’eau à disposition, c’était une bénédiction pour le Slime, qui s’en abreuvait de bon cœur. Eau chaude, eau froide, eau sale, peu importait, tout était bon. Mais ça devenait trop. Trop d’eau serait un problème pour lui, il ne voulait pas se diluer. Il lui fallait de la matière organique pour se consolider et éviter la dilution. Désormais entièrement à l’intérieur du bus, il cessa de s’étendre et commença à couler le long des murs, libérant les lumières de son influence bleutée.
La partie qui se rassemblait dans l’entrée du bus avait désormais la taille de ces gros ballons de plage que les enfants peinent à porter tant ils sont encombrant. Elle ne prenait pas de forme précise, mais des pseudopodes de diverses tailles s’étaient formées pour se maintenir en place. Certains de ces appendices s’approchèrent d’ailleurs de l’humain juste devant, se stoppant à une cinquantaine de centimètres de lui. Pour le Slime, c’était un moyen de mieux percevoir les sons qu’il émettait, mais pour l’humain, ça pouvait sembler menaçant.
Du côté de la salle d’eau, c’était désormais une énorme masse gélatineuse qui en sortait, trop grosse pour être contenue dans ce petit espace, et bloquant désormais l’accès à l’arrière du bus. Elle avait toutefois cessé de grossir, de peur de se perdre dans un excès aqueux.
Puis une humaine lui tendit une bouteille du bout des doigts. L’odeur qui s’en échappait était curieuse, il ne la connaissait pas. La masse gélatineuse changea alors de couleur, virant vers un teint rosâtre, et quitta les murs pour former un long filet au sol reliant ses deux parties jusque là indépendantes. Ce qui bloquait l’entrée se mit alors à diminuer, coulant tranquillement dans ce conduit, au profit de l’énorme volume à l’arrière qui n’était plus à ça près.
De l’énorme masse sortirent timidement une série de pseudopodes qui s’approchèrent du goulot de la bouteille présentée, avec une curiosité visible. Puis soudainement, l’un d’eux s’engouffra dans la bouteille, aspirant tout son contenu. Du liquide. Goûteux. Mais trop liquide. Il lui fallait de la nourriture.
Alors qu’elle absorbait l’alcool, une partie du Slime repéra le réfrigérateur, qu’il ouvrit en grand. De la nourriture ! De quoi se consolider ! Détournant son attention des humains, la chose s’engouffra dans le frigo en absorbant tout ce qui s’y trouvait. Il fut ainsi très vite possible de voir flotter dans son énorme corps le malheureux contenu, chaque élément se désagrégeant à plus ou moins grande vitesse, à l’exception du verre et des métaux qui semblaient très bien résister à l’influence du Slime.
Je dois avouer que je ne suis ABSOLUMENT pas sûre de moi, à tendre ma bouteille d’alcool – de qualité, il ne faut pas plaisanter – du bout de la main pour essayer d’amadouer la boule de gelée bleutée qui se forme dans la cabine de conduite alors même que le reste de la gelée est en train de couler sur les murs ! Fermer la porte ne sert plus à rien, pour peu que cela servait à quelque chose auparavant de toute façon, ainsi Nathan s’en décale pour venir contre moi. Cela serait héroïque comme position si j’avais pas l’air terrifiée et que je ne tendais pas une bouteille d’alcool. Du coup, est-ce alcoolique comme position ?
Du globe de gélatine devant nous sortent des tentacules – pourquoi des tentacules ? J’aime ABSOLUMENT pas le sous-entendu – qui me font reconsidérer mes chances de mourir d’une manière trash ainsi que le fonctionnement du simili-liquide face à nous. Point positif cependant, les tentacules ne nous approchent pas trop… pour l’instant. Sensoriels ? Est-ce que ce truc nous voit ? Mains devant lui et moi mais derrière ma propre main tendue brandissant l’excalibouteille défensivement, Nathan tente toujours d’apaiser la situation d’une garde dissimulée ; et totalement inutile, il doit le savoir autant que moi.
Le bruit qui continue de provenir de la salle d’eau ne me dit rien qui n’aille mais je ne dois ABSOLUMENT pas quitter des yeux les tentacules et la boule formée dans la cabine. Mais qu’est-ce que je viens de dire ! J’ai pas le complexe de Dieu pourtant, j’aime faire ce que je dis et pas faire ce que je fais pas ! La masse gélatineuse dégueule de la salle d’eau entre nous et le reste du bus, ce qui est une double mauvaise nouvelle : on ne peut plus fuir et, lorsqu’il mènera la charge de cavalerie, Enzo risque de nous faire perdre à la bataille diplomatique avec la gelée en lui enfonçant un bâton électrique ! Tiens, encore de la pénétration non consentie.
« Euh…
- C’est bon ou mauvais signe ? »
D’ordinaire, j’aime bien le rose. C’est ma couleur de base préférée. Déjà, le fait qu’elle ne soit pas présente sur les diffractions de la lumière, comme les arcs-en-ciel, et qu’il n’existe pas de longueur d’ondes du spectre lumineux lui étant associé est fascinant. Ensuite, sa symbolique me plait : outre que son seul trait négatif est le sexisme qui la réserve aux filles, j’aime les notions de bonheur, de tendresse, de jeunesse, de séduction, de romantisme et de féminité qui y sont rattachées. Maintenant, tout comme il faut se méfier qu’elle ne devienne pas criarde lorsqu’on l’utilise, je n’ai ABSOLUMENT aucune idée de si c’est un bon ou un mauvais signe chez une gelée. A part que cela la rend plus mangeable que le bleu…
« Miaou. »
Ce n’est qu’alors que je me rends compte, par une sensation totalement inédite, que la gelée rosée forme désormais un filet au sol… Autant Nathan a des chaussures, autant je suis pieds nus… Tout mon corps se crispe et je commence à bien trembler. Le pire, c’est que j’ai l’impression que le ballon à tentacules commence à diminuer et donc que ce qui m’englue ne va pas tarder à monter.
Pire encore, plus d’excroissances apparaissent et je ne suis plus certaine de quoi vient d’où alors que je sais pertinemment où tout le monde va.
« Lu… reste calme. »
Je n’arrive même pas à trouver une réponse. C’est pas une question de la dire, c’est une question de la penser ! Je suis en apnée. On ne fait pas plus calme qu’une pierre en apnée dans une rivière en crue, non ?
Après une analyse qui me semble durer une éternité, l’une des excroissances rentre dans la bouteille d’alcool et fait le plus gros cul-sec que j’ai vu de ma vie ; ce qui, pour une créature mouillée n’ayant pas d’anus et me faisant serrer le mien alors que je me suis séchée après la douche, est un MWS en soi. Je regarde un instant Nathan en un "et maintenant ?" déconfit auquel répond un "pardon ?! C’est à moi de te poser cette question !" décomposé.
La gelée répond à la question pour nous, nous faisant sursauter alors qu’elle ouvre violemment le frigo. Nathan comme moi, on la regarde commencer à tout engloutir d’une façon assez littérale puisqu’on voit le truc flotter en son sein. Et comment dire que ce qui est organique, et même plastique, disparait assez vite ?
« Littière, elle a la parade… »
Réalisant à ce moment que j’ai retirée ma bouteille un peu violemment en ramenant mes avant-bras contre mon torse lors du sursaut, je me dis que j’ai peut-être signé mon arrêt de mort. Ma Chance faisant, Enzo tire la porte de l’Atelier à ce moment-là et mon premier réflexe est de tendre ma main libre en une interdiction de réagir violemment au braquage qui arrive devant lui ; réflexe partagé par Nathan, d’ailleurs.
« S’il y a combat, on est morts. »
Les deux matraques électriques en mains, Enzo recule d’un pas par réflexe puis les lève en signe de compréhension.
« Mademoiselle la gelée, je vous souhaite un bon appétit. Par contre, on est d’accord que mes amis et moi ne faisons pas parti du repas ? »
Je tends la main doucement vers l’excroissance la plus proche.
« Si oui, on se serre la…ppendice ? »
Nathan me regarde comme si j’étais folle. Je ne le suis pas. Par contre, je suis ABSOLUMENT désespérée et le seul point positif que je trouve c’est que je sois allée aux WC juste avant tout ceci ; sans quoi je crains fort que je serais en train de m’uriner dessus. Ça va marcher. I’m the Lucky One. I’m the Lucky One. Please, be the Lucky One !
Pour la première fois depuis son intrusion, le Slime marqua une pause et fit réellement attention aux trois humains plus qu’au reste de cet endroit. La fraicheur était revenue et il était un peu plus maître de ses pensées. Il réalisa alors que les humains lui parlaient. Gentiment qui plus est. Mais la voix de l’humaine semblait trembler. Elle était malade ? Difficile à dire.
Sous cette forme, la perception du Slime se limitait à toutes les formes de vibrations, de celles sensibles pour un humain au domaine des ultra-sons. Il n’avait aucune perception de la lumière et des couleurs et sa distinction des humains restait superficielle, au sens littéral du terme. Juger de la santé des humains était donc particulièrement difficile en l’état.
Le Slime songea à prendre forme humaine, mais se rappela que les humains n’appréciaient pas forcément sa forme normale, donc ils risquaient de l’associer à ses formes humaines et nuire ainsi à son infiltration parmi eux. D’un autre côté, il ne pouvait pas parler sans être humain. Mais maintenant qu’il avait fait des réserves, sa forme humaine serait trop grande.
Tandis qu’il réfléchissait, la teinte du Slime changea de nouveau pour un violet profond, proche de l’améthyste, souligné de reflets irisés à sa surface, mélange outrancier de l’alcool qu’il venait de prendre et des restes savonneux volés à la réserve d’eau. Toutes les parties de son corps éparpillés étaient désormais rassemblées en ce mur semi-transparent dans lequel flottaient encore les restes du frigo, donnant un aperçut en direct de ce à quoi ressemblait une digestion. Le sol était désormais débarrassé de lui-même, ainsi que les murs et les plafonds, à l’exception de l’endroit assez vaste qu’il occupait. Il ne laissait derrière lui pas une seule trace d’humidité.
Ses pseudopodes s’agitèrent soudainement, grandirent puis rétrécirent, témoins de la réflexion intense qui agitaient la créature. Et une idée vint, accompagnée d’un nouveau revirement de couleur pour reprendre son bleu originel. S’il était trop gros, il lui suffisait de se séparer ! Un pan de la gelée mouvante se détacha spontanément du reste, une masse à peine plus haute qu’un homme, qui commença à se condenser dans une forme vaguement humanoïde.
Tendre la main gauche n’est pas une bonne chose pour une poignée de main, même pour une gauchère et je suis droitière, mais c’est totalement secondaire face au fait que la couleur vire du rose au violet chez une gelée moins mobile. Violet : rêve, délicatesse, paix, amitié, méditation, mélancolie, solitude… sous réserve qu’elle ait la même signification dans la culture geléenne que chez l’humaine. Considérant le ralentissement du mouvement, on n’est pas loin de la méditation. Réflexion ? La gelée réfléchit si on est sur son menu ou pas ?! Au moins je vais me faire tuer par un truc artistique… Evidemment ! J’avais toujours su que l’art allait causer ma perte mais je dois avouer que j’aurais jamais pu imaginer de cette manière-là. Chienne, en plus j’aurais tellement voulu comprendre un minimum ce que c’est que cet organisme avec ses capacités mobiles et réfractives… Bon, à choisir, j’aurai préféré ne pas savoir qu’il existait et vivre mais… je prends une inspiration tremblante, nasale, un reniflement alors que ma gorge se serre au point que je n’arrive pas à déglutir et que mes sourcils comme les coins de mes lèvres s’abaissent.
Préparée, je pense être capable de tuer la créature. L’électrocuter est une piste, en utilisant un court-circuit à partir du frigo ou du moteur et éventuellement un bidouillage du moteur de la VMC ou encore une destruction des batteries pour utiliser les réservoirs d’eau contre lui. De même, si l’électricité ne marche pas, l’explosion du moteur à explosion entrainant celle desdites batteries devrait pouvoir l’évaporer ; quoi que le bus et nous avec, sachant qu’elle serait d’autant plus dure à provoquer que chaque élément est prévu pour éviter au maximum d’exploser. Evidemment, pour qu’on n’y passe pas avec l’électricité non plus il n’aurait pas fallu patauger dans la gelée… perdu pour perdu, emporter la raison de ma perte dans celle-ci ne me semble pas si déraisonnable. Peut-être est-ce là le fondement des considérations de destruction mutuelle de Nathan. Toujours est-il qu’actuellement, on est juste perdu.
« Lu… »
Au bord des larmes, je tourne mes yeux, jusqu’à lors perdus dans le vide, vers Nathan. Ma main s’est baissée face à mon désespoir mais lui tient le cap : fermé, froid, résolu. D’un geste du menton, il me désigne le mur si beau qui fait le lien entre la salle d’eau et le frigo, qui nous sépare d’Enzo dont la position est de biais, afin de ne présenter qu’une tranche de son corps au danger et de la protéger d’un bâton électrifié. Une garde d’escrime. Inutile tant que nous avons de la gelée sur les pieds, pour peu qu’elle soit utile face à la quantité de gelée de toute façon. C’est alors que je réalise : le contact est rompu.
On ne va pas être dissout comme tout ce qui flotte dans l’aquarium d’améthyste irisée. L’améthyste est la couleur des évêques et, si ma famille n’avait pas une rancune pluri-centenaire contre l’Eglise, je crois que j’aurai remercié Dieu. A la place, je remercie à répétition ma Chance ! Merci ma Chance ! J’aurais jamais du douter de toi, désolée. Mais il va falloir que mon avocat discute avec toi sur la méthodologie ; je sais, je suis pas en position ni en état pour demander quoi que ce soit mais, miaou. J’ai pas d’autres arguments, là.
Je cris.
Je cris quand les excroissances s’agitent soudainement alors que tout ce que je viens de penser s’effondre comme un mirage qui dévoile sa vraie nature. Nathan me prend dans ses bras, une main contre mon dos et l’autre sur ma bouche pour étouffer le bruit.
« Calme. »
Le retour de la couleur bleutée ne me dit rien qui n’aille et le fait de ne pas pouvoir respirer à mon aise va vite me donner le tournis. J’aimerai juste m’enfuir à présent qu’on le peut, que l’avant du bus nous est accessible, laissant là tout ce que j’ai construit et qui ne sert à rien pour me protéger tout comme les imbuvables newyorkais coincés dans le trafic, qui n’aurait pas lieu d’être s’ils avaient le bon sens des amstellodamois, se débrouiller avec leur inhumaine normalité et la créature qui présentement la représente. Allez-y, klaxonnez-lui dessus qu’elle s’occupe de vous et plus de nous ! On verra comment vous gérez quand le fait de lui rouler dessus entraine son indésirable invitation dans votre habitacle ! Oui, je vous déteste actuellement et je fais rien dans l’ordre au niveau des étapes de mon deuil mais c’est le mien alors laissez-moi faire ce que je veux bande de sexes féminins moyenâgeux !
« Calme. »
Travail en cours. En larmes aussi. En mode vibreur vu les tremblements et heureusement que Nathan me tient sans quoi je tomberai à genou face au pan de gelée mouvant qui se détache. Pan qui semble se modeler d’une forme humaine, m’apprenant que j’ai crisé un poil trop tôt parce qu’il semble que, non content de ne pas nous manger, la gelée accepte ma poignée et m’accorde même une main pour la faire.
Ai-je envie de la faire ? Non. Juste non. Je crève de peur de crever et je suis dévastée à cette dernière idée alors même qu’elle semble obsolète à présent. Je me rends même compte que j’ai prise la bouteille à deux mains et que je l’ai enserrée à me faire mal. Evidemment, j’ai pas la force pour abimer le verre même si l’image aurait été symbolique.
J’ai besoin d’un effort qui me semble surhumain pour décrocher ma main droite de la base de l’exalibouteille et le mouvement pour retendre la main en direction approximative de la gelée me demande de bouger nuque, épaules et buste pour que mes doigts tremblants soient présentés en signe de paix.
Nathan enlève sa main de ma bouche pour la lever, bras à l’équerre et index tendu vers le plafond, alors que ses yeux passent de moi à Enzo puis à la gelée humanoïde.
« Je… j’m’appelle Lucky… paniquée de vous rencontrer. »
Ma présentation se ponctue d’un ricanement nerveux et larmoyant. Puis je renifle pour prendre un peu contenance, ce qui est un échec assez profond je trouve.
Les cris de l’humaine gênaient le Slime dans sa transformation. Même s’il n’avait pas de mal à maintenir ses formes humaines en général, la transformation requerrait une certaine concentration, facilement perturbée par les actions des humains. Heureusement, il décidèrent de faire un câlin et cessèrent de crier.
La forme humanoïde qui s’était formée continuait de se condenser, en prenant de plus en plus de détails. D’abord, on put voir se former les jambes et les bras, puis les hanches et le torse, l’ensemble tendant vers une forme à présent clairement identifiable comme féminine. Puis des cheveux se formèrent, une chevelure longue et légèrement bouclée.
Les traits de sa nouvelle forme étaient encore imprécis et sa texture bleue semi-transparente rendaient la visualisation des détails difficiles, surtout quand on s’attardait sur les minuscules restes de viande qui continuaient de s’effriter dans son buste, mais on en voyait désormais assez pour constater la nudité de l’être qui se formait.
Je crois que j’ai fait sursauter la gelée humanoïde lorsque j’ai crié. Nan mais sérieusement ? Je vais provoquer une attaque défensive en faisant peur à la créature parce qu’elle me fait peur à moi ?! Darwin Awards, en veux-tu en voilà ! Mais bon, mais bien, pas d’attaque. Juste une continuité de la création d’une forme humanoïde qui se sculpte de plus en plus. Même si j’ai une légère dépréciation de la sculpture et de la peinture par rapport aux autres arts visuels, principalement parce que j’ai beaucoup plus de difficulté à y être contente de moi, je suis un peu envoutée par cette auto-sculpture qui se fait sous mes yeux ; et pas uniquement parce qu’elle est en train de me faire un nu ! Ai-je envie de jouer à la gelée à modeler ? Pas encore, j’ai trop peur pour l’instant, mais ça va venir, je me connais. Et en parlant de connaitre…
« Jo… tu vas pas nous faire une Sarah ?
- Les parties délibèrent. »
Est-ce que cela compte comme du sarcasme ? Je suis pas vraiment en état d’y apporter un jugement critique mais le trait d’humour fait néanmoins mouche, maintenant mon sourire au-delà de la nervosité qui reste très présente, cependant.
Ma main est toujours aussi tendue que tremblante mais j’arrive à déglutir, à présent. Alors que j’observe la chevelure se dessiner, je me surprends à me dire qu’elle semble faite chaque cheveu indépendamment plutôt qu’une sculpture d’ensemble ! Cela signifierait une capacité à faire des détails et à contrôler sa forme tout simplement inattingible avec la sculpture… qu’elle soit classique ou numérique ! Nonobstant la panique à l’idée qu’elle puisse nous dévorer et nous digérer vivante, cette créature est incroyable. Terrifiante et incroyable. Incroyablement terrifiante ? Euh… on va rester aux nuances de couleurs actuellement. Je demanderai l’avis du reste du public lorsque je serais moi-même en sécurité hors de celui-ci. D’ailleurs, l’irisée précédente a disparu, il me semble, ce qui signifie que nous sauver la vie en saoulant la créature n’est pas très efficace… guère étonnant, vu ce qu’elle a mangé après et la quantité qu’elle représente, au-delà de la forme humanoïde qu’elle tâche de nous présenter.
Après, la sculpture prend du temps mais je ne vais pas cracher sur celui-ci, qui permet de me calmer là où le fond sonore de klax-cons retenti toujours autant. Personne ne nous a embouti, c’est déjà ça, mais les flics ou autres urgentistes ont dû être prévenus. Après, personne n’a essayé d’entrer dans la LM non plus, donc ils doivent savoir qu’il y a danger. Au moins à l’avant. S’il y en a eu pour filmer, cela va m’être demandé en interview je sens. Bon, j’en fais pas beaucoup de toute façon. Peut-être que si j’en faisais plus, j’aurai moins le temps pour des mésaventures du genre…
Enfin Bref. Au cas où j’oublierai la dangerosité de la présente situation, un petit poisson de viande appartient au passé au sein du sein de la partie humanoïde de la gelée. Promis, je matais pas. Enfin, si, mais pas dans ce sens-là ! Lesbienne peut-être, slime-girl peut-être pas. Faut pas pousser Lucky dans le slimy !
« Comprenez-vous ce que l’on dit ? »
Il me faut pas mal de temps pour demander cela, d’une part parce qu’il faut oser le faire et d’autre part parce que j’y ai pas vraiment pensé jusque-là. Non parce qu’au point où on est rendu, je pourrais bien tendre la main pour rien… voire inciter la gelée à la gouter puisqu’après tout la dernière fois que j’ai tendu un truc c’était bon et ça l’a fait tourner rose ! J’aime faire rosir les gens – voire les choses ? – mais pas en donnant de ma personne plus que le nécessaire. En l’occurrence, pas en donnant de ma personne au sens propre. J’aime tous mes doigts et j’aimerai les garder tous, tout entier, et fonctionnels ! Je suis pianiste, entre autres choses, donc j’ai besoin de tout ce qui m’appartient. Comme tout le monde, généralement. Enfin Bref, logiquement la créature comprend sans quoi elle n’essaierait pas de prendre forme humaine pour la poignée de main. Car c’était ça l’idée de base, hein ?
Aller ma Chance. Trop de suspens tue la Lucky. Remarque, tant que c’est pas la gelée…
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![[Terminé] Splatch… Pshiiiiiit ! Clrk](https://zupimages.net/up/24/14/clrk.png)
