[Terminé] Recomposer le passé pour construire l'avenir

Si le décor de la chambre ne souffrait plus de la présence destructrice du Phoenix, dans l’esprit de Jean, les vestiges de son passage semblaient avoir été camouflés ; elle savait qu’il avait été là, elle se souvenait parfaitement de ses traits juvéniles, de sa souffrance et de sa colère mais, il s’était éteint quelque part derrière ses pensées, se dissimulant lui-même pour leur échapper, pour être seul. Il y avait eu de nombreux chamboulements dans son esprit autrefois morcelé, et peut-être que cette réconciliation, aussi inattendue qu’inespérée, avait été de trop. Il lui faudrait du temps pour s’en remettre, peut-être, pour trouver définitivement la paix. Mais est-ce qu’il allait revenir, un jour ?
« Elle reviendra. Lorsque tu seras trop submergée par tes émotions néfastes, la colère, la culpabilité, ou lorsque tu feras un usage trop intensif de tes pouvoirs. Mais nous allons pouvoir t'y préparer. »
Sous les paroles de Charles, Jean avait gardé ses yeux rivés vers le bas en fronçant ses sourcils, un peu perplexe quant à la question ; d’après son mentor, ses émotions néfastes allaient appeler la résurrection du Phoenix, comme si la petite fille qui habitait son esprit n’était reliée qu’à ce qu’il y avait de pire en elle. La rousse ne remettait pas en cause le jugement du professeur mais trouvait tout de même que cette idée était horriblement triste, car l’enfant qu’elle avait croisé dans son esprit appelait sa compassion et, inévitablement, son affection. La petite fille méritait bien mieux, elle avait déjà tant souffert… Mille questions tournaient dans ses pensées mais, pour l’heure, Jean s’était avancé vers Charles pour l’enlacer, lui témoignant tout l’amour et la gratitude qu’elle lui portait. Même si elle savait que ce n’était pas totalement terminé, elle avait juste envie de passer un moment avec Charles.
ㅤㅤLorsqu’ils se séparèrent après cette étreinte, Jean lui adressa un tendre sourire et, à sa proposition, elle avait hoché son menton de haut en bas en attrapant le gilet fin qui trainait sur le fauteuil, qu’elle avait enfilé à la hâte en disant, d’une voix joviale :
« Bonne idée ! J’espère ne pas prendre des coups de soleil comme la dernière fois, tu te rappelles ? J’étais brûlée… »
Grimaçant légèrement, Jean s’était dirigée la première vers la porte de sa chambre pour l’ouvrir, tirant ensuite sur les manches de son gilet pour couvrir ses avants-bras. Le temps des questions et des explications viendraient bien assez tôt ; pour l’heure, elle avait besoin de douceur, de calme et de légèreté, non pas pour être dans le déni mais pour s’offrir un moment pour respirer, pour être comme avant tous ces drames. En paix.