Phoebe écoute avec attention la nouvelle explication de mademoiselle Yukio concernant ses connaissances. Majoritairement l’électronique et l’électricité, impliquant mathématiques, chimie, physique, mécanique, conception d’architecture matérielle et fonctionnelle d’équipements électroniques ; ingénierie électronique, donc. Sans le titre d’ingénieure, du fait de l’absence de diplôme, mais avec déjà une certaine expérience. Mademoiselle ignore ce que cela vaudrait comparé à celle de monsieur McCoy mais, considérant les exploits de celui-ci dans les domaines de l’aéronautique et de la protection balistique ainsi que ses percées dans la transmission d’ondes mentales, on n’est pas certaines que ça soit vraiment comparable.
« L’ingénieur de l’Institut est très doué, résume sobrement Phoebe. Il dispose d’une grande expérience et de champs de compétences très diversifiés ; plus que je ne suis en capacité de vous les énoncer. »
Menteuse, ricane Mindee. Je connais des trucs que peut faire monsieur McCoy mais pas tout non plus, souligne Céleste. Irma, chocolat, rappelle Phoebe.
Suite à cela, elle ajoute les pensées de monsieur Xavier aux nôtres afin de lui transmettre notre souvenir puis maintient le partage des pensées instantanées afin qu’il puisse percevoir à travers elle. Etonnamment, sachant qu’il est là, on est plus calmes d’un coup. Bon, pas exactement calmes, mais plus que pas grand-chose c’est pas difficile.
J’arrive avec le chocolat chaud et le thé ! T’aurais voulu faire exprès d’attendre ce moment que t’aurais pas fait mieux. Fayote. Oui à vous deux. On l’est toutes de toute façon. Oui, je sais…
Les explications sur l’art martial interne et ses objectifs de maitrise, de soi comme des techniques qui le permettent, ont nos attentions, nos concentrations et nos commentaires il faut bien avouer. Utiliser la maitrise de l’énergie corporelle pour apprendre à en faire de même avec une bioélectricité amplifiée est intelligent, d’autant qu’une électrokinésie repose également sur l’altération de la polarité magnétique corporelle ; si notre mémoire est bonne.
« Il peut s'agir en effet d'une forme de méditation, entreprend de développer mademoiselle Yukio, obtenant un léger acquiescement de Phoebe, car le pratiquant se recentre sur lui-même pour ensuite ressentir tout ce qu'il y a autour de lui, prenant conscience qu'il fait partie d'un tout plus grand. L'air autour de lui, la Terre sous ses pieds. Le Tai-Chi apporte le calme, la sérénité et l'équilibre. »
Si les sens télépathiques nous apportent également cette sensation, c’est une ressource que l’on ne peut pas partager. A défaut d’avoir jamais enseigné l’art martial, Mademoiselle peut essayer de le faire. Le Tai-Chi l’a beaucoup aidée et nous sommes tous en accord sur le fait qu’il pourrait le faire d’autres personnes. Le sourire de conclusion est partagé avec Phoebe, laquelle se lève en même temps que la voix de monsieur Xavier pénètre le salon et dissipe l’énergie bleutée de ses iris.
Debout, elle a les mains jointes sur son ventre avec le geste signature de Mindee et elle s’incline légèrement lorsque son supérieur lui adresse un regard de remerciement.
Elle est contente. Elle est contente ! Vous me gâchez tout ! Mais non c'est faux. Désolée. Va chier.
Se rasseyant une fois les présentations faites, Phoebe reste silencieusement à sa place en attendant l’arrivée des boissons.
La petite Licorne avait présenté la majorité de ses compétences à l'assistante du Professeur Xavier. Il ne restait plus que les langues étrangères. L'Institut disposait déjà de compétences martiales, de compétences d’ingénierie. Les options se réduisaient. Néanmoins, ses connaissances en Tai-Chi semblaient avoir fait mouche. Le professeur ne tarderait pas à les rejoindre. Ce qu'il fit à peine la tirade de Yukio. Mademoiselle Cuckoo se leva et s'inclina. Penchant légèrement la tête sur le côté, la mutante vit venir à elle cet homme chauve quarantenaire dans un fauteuil high-tech. Des dizaines de questions se bousculèrent dans son esprit, mais lorsque le professeur se présenta à elle, la raison reprit le dessus. Imitant l'assistante, Yukio se leva et serra la main tendue en inclinant respectueusement la tête. Réflexe d'usage lorsque la Licorne rencontrait une personne hiérarchiquement supérieure. Ici, un professeur et également directeur de l'Institut qu'elle serait susceptible d'intégrer. " Je suis honorée de vous rencontrer professeur Xavier. Je vous remercie pour votre accueil. " Répondit-elle avec une étiquette qu'elle maitrisait mais n'utilisait que rarement. La mutante était un peu intimidée, mais pas assez pour lui faire perdre son sourire.
Se rasseyant, Yukio jeta un bref coup d’œil à Mademoiselle Cuckoo qui semblait attendre patiemment. Le relais avait été passé à son supérieur. Le professeur Xavier serait donc son nouvel interlocuteur pour la fin de l'entretien. L'assistante interviendrait-elle encore néanmoins ? La Licorne l'espérait. " Je ne voudrais pas vous importuner avec cette observation Professeur, mais je ne m'attendais pas à rencontrer un homme à l'apparence aussi jeune. " Confia-t-elle en souriant à son hôte. Si le Manoir avait accueillit des mutants dans les années 80, la Licorne avait supposé que le Directeur n'avait pas changé. Néanmoins, si tel avait été le cas, le professeur Xavier aurait été bien plus âgé. A moins qu'il ne s'agisse là d'une mutation. Le Professeur était sans aucun doute un semblable. Mais quelle était donc sa mutation ? Sa présence dans un fauteuil était-il un effet secondaire ? Tant de questions qui se bousculaient à nouveau dans l'esprit de la petite Licorne. Il était cependant nécessaire d'y mettre un peu d'ordre. " Vous pensez donc que mes connaissances en Tai-Chi pourrait être bénéfique à l'Institut ? " Penchant la tête sur le côté, la mutante poursuivit. Si Mademoiselle Cuckoo avait transmis leur conversation au Professeur, ce dernier devait déjà avoir une idée sur la question. " Des élèves auraient-ils besoin d'équilibre, de calme ou bien de sérénité ? " Une supposition loin d'être dénuée de sens. Elle-même avait trouvé au sein du Tai-Chi une façon d'être en paix avec sa mutation et de s'assurer parfaitement de son contrôle. Beaucoup de ses semblables n'avaient peut-être pas eu cette chance. Si elle pouvait l'offrir à ne serait-ce que l'un d'entre-eux, la Licorne se sentirait privilégiée. Mais une autre question importante se posait... Qu'en était-il du chocolat chaud ?
Léger détail, le fauteuil ne lévite pas actuellement ^^ Il a bien un mode lévitation, mais il n'est pas utilisé en permanence. Le fauteuil actuel ressemble à un fauteuil électrique avec des roues, un peu plus moderne qu'un modèle classique.
Une licorne à l'Institut
Yukio, Phoebe et Charles
Charles réprima un sourire lorsqu'il vit Phoebe se lever presque militairement, en tout cas solennellement, à son entrée dans la pièce. Suivant son exemple, Yukio se mit debout à son tour pour le saluer, inclinant également la tête, dans une attitude polie très japonaise. Le professeur était habitué à ce que les membres du personnel lui témoignent du respect, mais pas au point de se lever sur son passage. D'autant plus que dans son cas, comme lui-même ne pouvait se tenir debout, ce mouvement n'avait pas beaucoup de sens ni d'intérêt pratique, le forçant à regarder vers le haut. Il comprenait l'intention néanmoins, et n'était pas du genre à leur en tenir rigueur. Fort heureusement, elles se rassirent assez rapidement.
Après avoir serré la main de Yukio, Charles recula son fauteuil de manière à former un triangle à peu près équilatéral avec les emplacements des deux mutantes. S'il était fort probable que Phoebe le laisse mener la suite de l'échange, il tenait à ce qu'elle ait la possibilité de s'exprimer si elle en ressentait le besoin ou l'envie. Il tourna la tête vers leur invitée surprise et écouta avec attention et bienveillance ce qu'elle avait à dire.
Son observation sur son âge le fit sourire. Elle n'était pas la première, loin de là, à lui faire cette remarque. Sans la faille temporelle et le snap, il aurait eu quarante ans de plus. Comme l'Institut portait son nom, il était logique de supposer qu'il en était le créateur, et comme Phoebe avait situé l'école en 1983, l'interrogation de Yukio était légitime. Ne tenant pas à se lancer dans de grandes explications sur les voyages dans le temps, il resta évasif sur le sujet et répondit simplement, avec légèreté :
« Oh je ne fais pas mon âge. »
Il n'était pas venu pour parler de lui, même si en soi quelques questions ne le dérangeaient pas, mais pour parler de Yukio et de ce qu'elle pouvait apporter à son école. Il était évident pour lui que sa philosophie et ses compétences en Tai-Chi pouvaient être bénéfiques pour ses élèves.
« Oh oui. Nous accueillons des jeunes mutants qui ont entre dix et vingt ans et qui doivent donc gérer, en plus des bouleversements de l'adolescence, l'apparition souvent chaotique de pouvoirs qui les dépassent. Votre savoir-faire leur sera bénéfique, c'est certain. »
Il n'avait pas besoin d'en apprendre plus que ce qu'il savait déjà. Les entretiens d'embauche duraient rarement longtemps avec le télépathe, il n'avait généralement besoin que de quelques instants pour savoir si la personne intéressée pouvait faire l'affaire ou non. Il était de toute manière extrêmement rare qu'il refuse d'apporter son aide à qui que ce soit. Yukio cherchait un travail, elle voulait être auprès de ses semblables, et possédait des talents atypiques qui seraient bénéfiques à l'Institut : il n'y avait pas besoin de chercher plus loin.
« Votre absence de diplôme ne vous fera pas défaut ici. Je peux créer votre poste dès aujourd'hui, si vous le souhaitez. Vous serez rémunérée bien sûr, mais également logée, nourrie et blanchie. L'école fonctionne sur un système d'internat. Nous ne prodiguons pas aux élèves qu'une éducation scolaire sur des temps de classe, nous les aidons à se construire au quotidien, en tant que citoyens du monde. Cela implique un investissement certain, mais c'est un accompagnement enrichissant et épanouissant, pour nous comme pour eux. Cela vous conviendrait-il ? »
Le respect montré par mademoiselle Yukio nous satisfait, même si c’est une considération complètement accessoire et que l’on n’aurait fait aucun commentaire physique dans le cas contraire. La participation de Phoebe est désormais en attente tandis que celle de Mindee se fait attendre. A part écouter et observer, on est devenues inutiles jusqu’à nouvel ordre ; chose assez littérale.
La question sur l’âge fait tiquer. Certes, Mademoiselle ne veut pas importuner avec cette observation, cependant elle a absolument raison. Si l’on a fait l’effort d’omission et n’a pas l’intention de mentir, l’histoire de l’Institut Charles Xavier et de son propriétaire éponyme ont effectivement un "trou" de quelques décennies. Néanmoins, il est aisément possible de parler de transmission nominale : Charles Xavier serait ainsi appelé d’après son père, en faisant Charles Xavier Junior, voire de son grand-père, en faisant Charles Xavier III. Après, il suffit de faire +1 à chaque génération.
Et pour les repas de famille, c’est le bazar ! Oui, c’est pas faux ça. Mindee, non… "Charles, passe-moi le sel s’il te plait". "Lequel ?". "De Charles ou de sel ?"…
Appuyant ses mains l’une contre l’autre pour ne pas trop sourire à la stupidité partagée, Phoebe tâche de se concentrer quand Monsieur Xavier dit qu’il ne fait pas son âge. Il pourrait y avoir tout un débat sur le sujet de savoir quel est son vrai âge mais on va tâcher de l’avoir plus tard. Pour l’instant, concentration. Tai-Chi, Institut, équilibre, calme, sérénité, Irma chocolat…
S’arrêtant dans le couloir, la concernée consternée qu’on n’emploie pas son surnom attend avec son plateau dans les mains. Comme pour nous, le poste de Mademoiselle sera créé pour les besoins de celle-ci et elle pourra vivre ici. Ensuite, on se demande si, comme pour nous, Madame Darkhölme réagira mal vis-à-vis de Mademoiselle. On n’espère pas et trouve des arguments pour : Mademoiselle Yukio n’est pas blonde, elle ne concurrence donc pas Madame sur la blondeur, tandis qu’elle n’est assistante d’aucun membre masculin de l’établissement. Certes, elles seront professeures toutes les deux et dans un domaine qui sera assez proche, pour peu que Mademoiselle fasse de l’excès de zèle, mais cela signifie qu’elles pourraient collaborer plus qu’être en rivalité… non ?
Bien loin de nous l’idée de tenter une explication sur ce sujet, celles de monsieur Xavier étant irréprochable. Oui, la vie de mademoiselle Yukio tournera autour de son service auprès des élèves puisqu’elle habitera sur place et elle ne sortira donc que rarement de son rôle de professeure mais elle pourra s’épanouir dans celui-ci. On acquiesce à deux, même s’il n’y en a qu’une d’actuellement présente pour le manifester.
Lorsque la réponse de Mademoiselle est fournie, notre seconde se décide à entrer.
« Bonjour Monsieur, commence-t-elle en s’inclinant également, un geste identique à celui fait par notre première, avant de poursuivre en en faisant de même envers notre nouvelle collègue. Bonjour Mademoiselle. »
Les salutations données, elle apporte doucement le plateau. Deux tasses avec soutasse s’y trouvent, l’une avec un thé britannique pour monsieur Xavier et l’autre d’un chocolat chaud accompagné d’un pot de sucre avec cuillère et d’un autre de chocolat en poudre, au cas où la commande actuelle ne soit pas assez chocolatée.
Lorsqu’elle pose le plateau sur la table basse, notre seconde s’arrange pour placer chaque tasse en direction de son destinataire. Elle tâche d’être la plus silencieuse possible, pour ne pas perturber la conversation qu’elle suit grâce aux yeux de la première et à nos deux paires d’oreilles.
C’est fou mais j’ai l’impression d’être Céleste, se dit Mindee. Il n’y a aucun mal à essayer d’être discrète, se dit Céleste. Si seulement tu pouvais te taire comme elle, se dit Phoebe. De quel garçon doit-on parler pour qu’elle pollue notre espace mental plus que moi ? Alors… Céleste la ferme. Héhé. C’est-vraimentrop’injuste. Concentrez-vous espèce d’adolescentes avariées !
La petite Licorne n'insista pas du côté de l'apparence du professeur, interprétant son sourire et sa réponse comme une confirmation de ses suppositions. Il devait bien s'agir des effets de sa mutation. Quand bien même, il n'était de toute façon pas question d'importuner son hôte avec trop d'insistance. Écoutant avec attention les mots du Directeur concernant la problématique qui était la sienne, la petite Licorne ne put qu'acquiescer à sa suite. Elle-même avait rencontré des difficultés dans son adolescence avec sa mutation. Néanmoins, la jeune fille venait d'apprendre quelque-chose. A dix ans déjà, ses semblables pouvaient avoir développé une mutation génétique ? La puberté pouvait commencer tôt chez les filles, vers 8 ans environs. La Licorne n'avait constaté l'apparition de son don que bien plus tard, vers douze ans. Quatre ans de différences, une éternité à ces âges où l'être humain apprenait autant et se forgeait son caractère.
Le professeur Xavier parla ensuite de savoir-faire, mais il s'agissait là d'un savoir-faire acquis et non inné. Sans l'aide de son Sifu et du Tai-Chi, les choses auraient pu être bien différentes. Son travail ici consisterait simplement à transmettre son expérience ? Cette question en souleva d'autres dans l'esprit de la jeune fille qui écouta la suite du discours de son hôte. Quelques mots rassurants pour balayer les inquiétudes concernant le manque de diplôme, l'entérinement de son intégration au corps professoral de l'Institut, l'assurance d'un foyer, d'un salaire, d'une subsistance complète, mais également d'une ouverture plus large de son apport à l'Institut. Plus qu'instruire via des cours, l'établissement avait pour but de préparer les élèves au monde, au contact des autres citoyens. L'investissement était colossal, mais l'objectif final le méritait amplement. Pouvoir faire changer les mentalités, faire accepter ces êtres dotés d'une mutation génétique simplement différente de celles du reste des habitants du monde. Un monde où tous pourraient vivre en harmonie. C'était un bel objectif et la petite Licorne avait la chance de pouvoir y participer.
" Cela me conviendrait parfaitement Professeur. Merci. " Répondit Yukio les mains jointes en inclinant brièvement la tête. " L'opportunité que vous me donner est très généreuse et je souhaitais justement pouvoir vous offrir davantage que mon savoir-faire avec le Tai-Chi. Si l'Institut à besoin de moi, d'une quelconque façon, même en dehors de son cadre, je répondrais présente. " Une promesse, un engagement, que la petite Licorne s'emploierait à tenir. Aussitôt sa réponse donnée, Yukio vit entrer dans la pièce une deuxième Mademoiselle Cuckoo, parfaitement identique à la précédente. Penchant légèrement la tête sur le côté, développant une multitude de théories allant de simples jumelles à une capacité mutante, la Licorne vit ses pensées s'évanouir quand la délicieuse odeur d'un cacao lacté parvint à ses narines. " Bonjour. " Répondit-elle à retardement. Voyant le précieux breuvage déposer devant-elle, Yukio saisit la tasse avec délicatesse, accompagnant le geste avec son autre main. Se délectant du parfum, la jeune mutante porta le liquide à ses lèvres et en but quelques petites gorgées. La chaleur du chocolat inonda son être et la fit frissonner légèrement de plaisir avant qu'un large sourire, encore plus large que d'habitude, ne se dessine sur son visage. Chaud, sucré, réconfortant, il n'y avait décidément aucune boisson capable de rivaliser avec un chocolat chaud. Peut-être était-ce un élément à inclure dans son futur cours ? Ces élèves stressés, tourmentés avaient-ils seulement déjà essayé le chocolat chaud ? " Délicieux. Merci beaucoup. " Dit la petite Licorne à l'attention de la Cuckoo numéro 2, avant que son regard n'oblique en direction de la Cuckoo numéro 1. " Vous voulez partager Mademoiselle Cuckoo ? " Demanda-t-elle en constatant que rien n'avait été prévu pour l'assistante du Directeur, avant de retourner son regard vers ce dernier. " Enseignez-vous une matière en particulier au sein de l'Institut professeur ? " Un moyen de poursuivre un peu la conversation autant que de satisfaire sa curiosité, l'entretien semblant s'être achevé avec l'arrivée de la Cuckoo numéro 2. Néanmoins, cette question semblait véritablement sortir de nulle part. " Excusez-moi. J'ai des milliers de questions en tête et c'est celle-ci qui en est ressortie. " S'excusa Yukio avant de porter à nouveau la tasse à ses lèvres, un peu gênée.
Le professeur savait bien qu'il ne proposait pas des emplois traditionnels. Rares étaient les enseignants du secteur public ou même privé qui auraient accepté ces conditions de travail. L'Institut n'était clairement pas une école comme les autres. Ce n'était pas une école où l'éducation se cantonnait aux heures de classe. Mais Yukio avait tout à fait le profil, et Charles connaissait déjà sa réponse lorsqu'il lui demanda si cela pouvait lui convenir.
Il nota dans un coin de son esprit la proposition de Yukio de s'investir au-delà de son rôle de professeur. Si elle prenait bien ses marques au sein de l'Institut, en fonction de ses aspirations et de ses relations avec les autres adultes, il serait possible de lui parler des X-Men. Ce ne serait néanmoins pas à lui d'en décider, mais à sa sœur qui était en charge du projet. Il n'évoqua donc pas le sujet pour le moment.
« C'est parfait. Ce n'est pas un simple poste que je vous offre, c'est une nouvelle vie. J'espère qu'elle vous permettra, à vous aussi, de vous épanouir. Bienvenue à l'Institut Xavier, mademoiselle Yukio. »
Une seconde sœur Cuckoo entra alors dans le petit salon - il était plus que probable qu'elle ait attendu la fin de cet échange afin de ne pas l'interrompre. Elle portait un plateau avec deux tasses. Charles supposa dans un premier temps qu'elles étaient pour Yukio et Phoebe, puisque l'échange était entre elles au départ, mais il haussa un sourcil en voyant que la tasse était tournée vers lui.
« Bonjour Mindee. Merci pour le thé. »
Considérant comme la pire des impolitesses de refuser un thé préparé pour vous, Charles prit la tasse et en huma le contenu, tout en se promettant de faire plus tard deux petites remarques à ses assistantes : ne pas l'appeler "Monsieur" mais plutôt "Charles" ou "Professeur" si le prénom leur semblait trop familier ; ne pas s'oublier elles-mêmes et prévoir des boissons pour elles lorsqu'elles tenaient à en préparer pour les autres. En attendant cette petite mise au point qui se déroulerait en privé pour ne pas (trop) les perturber, il but une gorgée de thé puis désigna Mindee d'un geste élégant de la main tout en regardant Yukio :
« Mindee Cuckoo est en charge de l'accompagnement des élèves, dans tous ses aspects. Mindee, je te présente Yukio. Elle intègre l'équipe enseignante en tant que professeur de Tai-Chi et de méditation. »
Présenter Yukio à Mindee était inutile, puisqu'elle avait probablement suivi toute la conversation grâce au lien télépathique avec ses sœurs, mais Yukio ne le savait pas, il aurait donc pu paraître impoli de ne pas faire les présentations. De plus, cela permettait d'inclure Mindee à la conversation si elle le désirait, et de ne pas la faire passer simplement pour "celle qui sert le café". Yukio, de son côté, apprécia grandement le chocolat chaud et proposa à Phoebe de le partager. Son altruisme était très appréciable et Charles était convaincu qu'elle s'intégrerait très vite. Il s'empressa de la rassurer suite à ses nouvelles interrogations.
« Ne vous excusez pas voyons, la curiosité est un charmant défaut. Je pourrais moi-même avoir des milliers de questions si Phoebe ne m'avait pas transmis votre conversation. Pour ma part, j'assure essentiellement la direction de cet Institut mais il m'arrive parfois de donner quelques cours, selon les besoins. J'ai des doctorats en génétique, biophysique et psychologie, mes cours parlent donc essentiellement de la mutation et de comment la gérer. »
Pour mademoiselle Yukio comme pour nous, monsieur Xavier crée les postes non en fonction des besoins de l’Institut mais des possibilités de recrutement. A les écouter discuter, Mademoiselle et lui, on réalise une autre partie de cette démarche. Il ne s’agit peut-être pas uniquement d’aider les gens de son personnel comme le Directeur le fait de ses élèves. Il peut également s’agir d’offrir une diversité à tous. Une communauté. Cela tient à cœur pour Yukio, comme elle l’exprime en parlant de "ses semblables". Si le sentiment de communautarisme nous est étranger, puisque même notre sororité n’est pas liée par cela, on comprend son ambivalence au fur et à mesure. Avoir une communauté ne signifie pas forcément s’isoler des autres. Rassembler la similarité. Oui, l’Institut accueille des mutants et la mutation est diverse par sa nature aléatoire. Cependant, il accueille des gens de tous horizons. Depuis des armes clonées pour des raisons mystérieuses à une jeune ingénieure martiale. De plus, ce n’est pas que la mutation qui nous uni et, dans nos cas, nous vaut notre poste. C’est également notre envie de nous investir. D’aider.
Mademoiselle Yukio en parle ainsi. Elle veut faire plus que son poste. Offrir plus que son Tai-Chi. Que dirait-elle si elle savait pour les X-Men ? Partirait-elle en mission comme on nous l’a demandé vis-à-vis de mademoiselle Maximoff ? A voir avec mademoiselle Darkhölme. De notre côté, c’est ce qui bloque. Comme on l’a déjà considéré, cependant, Mystique nous déprécie pour des raisons qui ne devraient pas se retrouver chez Mademoiselle. La blondeur comme l’assistance.
Est-il ironique de constater que la seule qui n’est pas réellement "assistante" d’entre nous joue les assistantes en préparant et apportant la boisson ? On ne limite pas nos services à nos missions et on est toujours prêtes à faire ce que l’on nous demande. On a été éduquées pour cela et c’est notre raison d’être. Une ironie qui nous a longtemps échappée : Cuckoo, Coucou, l’oiseau pratiquant le parasitisme de couvée. Pour ne pas avoir à s’occuper de ses petits, il pond ses œufs dans les nids des autres. Les petits prennent alors toute la place, éjectant les autres œufs ou poussins, et grandissent ainsi. Notre nom, s’il est réellement notre d’ailleurs, nous convient-il donc ? Père, puisqu’il est notre père même s’il ne s’avère pas être notre géniteur, ne nous a jamais appelées "Cuckoos". Nous étions "les files". "Ses filles". "Ses poussines". Et nous étions trop jeunes et trop fières de ce surnom pour le voir comme infantilisant.
Tss, Phoebe oublie de faire les présentations, ricane intérieurement Mindee. Heureusement que monsieur Xavier nous sauve, flagorne intérieurement Céleste. On a oublié toutes les trois puis vous êtes là depuis le début, râle intérieurement Phoebe.
« Vous voulez partager Mademoiselle Cuckoo ? »
Hein ? Deux ? Trois ?
C’est bien trois têtes qui se penchent sur le côté, même si deux seulement peuvent regarder Mademoiselle, suite à la surprise causée par la proposition surprenante.
Hum… Oh… Ah…
Il nous a fallu une bonne seconde pour comprendre.
« C’est très généreux à vous, répondent en chœur les deux impliquées avec un sourire de gratitude, cependant nous ne saurions accepter. Merci de la proposition. »
Je suis pas sure qu’elle était destinée à tout le monde. Une tasse pour trois, c’est peu. Une tasse pour deux, c’est qu’un tier mieux. Un tier de moins en plus ? Un demi-tier de plus en plus ? Vos gueules.
S’asseyant à côté de son binôme, notre nouvelle impliquée écoute avec la même attention que son homologue la question suivante quant à l’engagement professoral du "Professeur". Avec un tel pseudonyme, il serait dur de ne pas enseigner ; c’est pas faux. Encore un truc auquel on n’avait jamais pensé.
Lorsqu’il est question que la curiosité soit un charmant défaut, on échange à deux un seul regard. Un mot : Charlynda. Un silence, aussi. Puis une fierté qui se répand sur nos deux visages présents.
Phoebe est une bonne rapporteuse. On est toutes de bonnes rapporteuses. Oui mais c’est mon supérieur.
Il n’y a rien à ajouter sur les horaires de monsieur Xavier, ainsi que le fait qu’il soit mieux à même que Mindee d’assurer le suivi des élèves. Après comme il est Directeur entier et pas assistant de direction, il est mieux à même que Phoebe de faire son taff aussi non ? Une pour, une contre, une qui vote blanc, on est pas unanimes. Néanmoins, on comprend la génétique pour l’étude de l’évolution qui amène à avoir les pouvoirs, la biophysique pour l’étude du fonctionnement desdits pouvoirs et la psychologie pour l’individu qui dispose des pouvoirs. Autrement dit : C’est quoi ? Comment ça marche ? Est-ce que ça va ?
« Le Docteur Xavier est une éminence dans son domaine, ajoute-t-on à deux, ponctuant d’un silence avant de nous corriger. Enfin, ses domaines.
- Sans compter l’exploit d’obtenir trois doctorats sans passer quinze ans à l’université, précise l’assistante, assise à gauche du canapé.
- Il est le cœur de l’Institut et le premier à appliquer ses principes de dons de soi pour les autres, continue la serveuse, assise à droite du canapé.
- Si vous avez besoin d’aide, conclut-on à deux, n’hésitez jamais à aller trouver monsieur Xavier. »
On pourrait continuer notre éloge bien au-delà de cette introduction, puisqu’on l’a en haute estime. Exception faite de Père, Charles Xavier est celui qui nous accompagne le plus et on suppose bien qu’on n’est pas les seules à être dans ce cas-là. Certes, on est télépathes… et cela peut porter à du communautarisme à la réflexion. Si l’exploration télépathique qu’a été notre entretien d’embauche et les découvertes crèvecœurs qui l’ont accompagné n’auraient été possibles sans nos mutations respectives, la volonté d’aider, de nous aider, n’était pas liée à cela. Sans doute y avait-il de ces "milliers de questions en tête", énoncés par mademoiselle Yukio, comme du fait que la "curiosité est un charmant défaut", considéré par monsieur Xavier. Cependant, on pense qu’il chercherait à en faire de même pour n’importe qui. Mademoiselle Herrera est une preuve de cela, considérant son passif encore plus trouble et problématique que le nôtre.
Heureusement qu’on ne travaille pas toutes directement pour le Directeur. Sinon, comme Père en son temps, il se retrouverait à avoir une file indienne de filles derrière lui lors de certains déplacements. Des poussins derrière leur mère. Certes, les poussins de coucous ne se déplacent pas ainsi et c’est la figure paternelle qu’on suit à chaque fois mais on a déjà convenu avoir tout faux dans notre symbolique. Peut-être que le "poussin" est d’ailleurs plus approprié que le "coucou", nous concernant. On a la force des poussins : curiosité insatiable, vocalises discrètes mais reconnaissables entre toutes pour leur parent, discipline suffisante à suivre la bonne direction lorsqu’on nous la montre… C’est peut-être ridicule, pensé ainsi, mais c’est sans doute en effet notre animal symbolique.
Je suis prête à parier que Mademoiselle a un animal symbolique beaucoup plus classe, suppose Mindee. D’un autre côté, est-ce que c’est vraiment dur d’être plus classe qu’un poussin, demande Céleste. Ça dépend un poussin de quoi et c’est dur de savoir au début, considère Phoebe.
De quoi sommes-nous les poussins ? De qui sommes-nous les poussins ? On se doute que, lorsqu’on le découvrira, on aura besoin que le pouvoir des poussins soit avec nous...
La nouvelle venue fut présentée par le professeur, alimentant la théorie de jumelage de la Licorne. Des sœurs. Mindee s'occupait des élèves, Phoebe s'occupait du directeur. La boucle était bouclée. " Enchantée Mademoiselle..." commença Yukio avant de pencher la tête. Deux demoiselles Cuckoo, il était nécessaire de faire la distinction. " Mindee." Ceci fait, la jeune mutante écouta la réponse du professeur à sa question. Réponse supplée par les sœurs Cuckoo qui parlèrent successivement l'une après l'autre. Une telle complicité verbale était-il possible ? Deux télépathes ? Des jumeaux partageaient-ils forcément une même mutation ? Une nouvelle cargaison de théories explicatives arriva à l'esprit de la Licorne mais fut arrêtée à la douane, la conversation primant sur les interrogations.
Le directeur s'occupait donc d'administration, rien de plus normal quand on dirigeait une école, mais trouvait également le temps de dispenser des cours. Le cursus était tout bonnement monumental. Génétique, biophysique, psychologie, des domaines variés qui certifiaient d'une intelligence, d'une force d'étude et d'un talent certain, ce qui ne manqua pas d'impressionner Yukio. Que ce serait-il passé si leurs chemins s'étaient croisés dix ans plus tôt ? Un tel expert aurait-il pu l'aider à ce moment là ? Aurait-elle pu éviter l'isolement ? Le port de ces gants isolants ? La stigmatisation, même mineure, avec cette histoire de maladie de peau ? Aurait-elle seulement connu Lee ? Tant de questions qui ne trouveraient jamais véritablement de réponses exactes.
Synchronisation verbale parfaite entre les Cuckoos, qui encensèrent la performance hors du commun du professeur. Trois doctorats en moins de quinze ans ? Exceptionnel. Du cœur, du don de soi, toujours prêt à aider. Quel était donc cet individu d'une rareté... rare. L'homme parfait, zéro défaut. Cela restait difficile à croire. Tout individu en possédait. Il choisissait ensuite de les dissimuler ou de les laisser apparaitre au grand jour. Yukio ne connaissait pas encore assez bien le professeur pour juger de l'option que ce dernier avait choisi. Néanmoins, l'éloge des jumelles pouvait être un indice. Quoi qu'il en soit, la petite Licorne était conquise. Tout était beau et pourtant tout était vrai. " Je me demande qu'elle aurait été mon évolution si je vous avais rencontré dix ans plus tôt Professeur, mais il ne s'agirait que d'un simple jeu de l'esprit. Après tout, nous nous sommes rencontrés aujourd'hui. " Il y avait toujours plusieurs chemins pour arriver à destination. Malheureusement, la vie n'offrait pas toujours la possibilité de choisir. Toutefois, cette réflexion fit germer une idée dans la tête de la petite Licorne. Idée qui loin de l'effrayer, l'invita à en faire part à ses hôtes. " Professeur, Mesdemoiselles Cuckoo, avez-vous déjà eu l'impression qu'un évènement était déjà écrit à l'avance ? C'est étrange, mais après avoir analysé mon parcours, mes voyages, j'ai le sentiment que tout me destinait à venir ici. " Déclara-t-elle d'une voix excessivement sérieuse, avant de sourire et de se dérider. " J'imagine qu'il s'agit encore là de mon esprit qui me joue des tours, même si d'une certaine façon, je crois au destin. " Yukio s'arrêta là, n'évoquant pas ses croyances qui n'appartenaient qu'à elle. Shintoïsme, Zen, ses influences étaient nombreuses et l'expliquer était un exercice long et fastidieux. Effort que la petite Licorne s'était épargné jusque-là. " J'ai cru deviner que Mesdemoiselles Mindee et Phoebe étaient télépathes et fusionnelles. Je suis électrokinésiste. Et vous même Professeur, quelle est votre mutation ? " Une question qui avait brûlé les lèvres de Yukio depuis l'énonciation même de l'existence du Professeur en tant que directeur de l'Institut et qui n'avait cessé de s'intensifier au fur et à mesure des différentes étapes de l'entretien.
Je me permets d'amener le RP vers sa fin, car il commence à dater et j'ai d'autres sujets sur liste d'attente Ce sera donc mon dernier post, je vous laisse conclure
Une licorne à l'Institut
Yukio, deux sœurs Cuckoos et Charles
Les deux sœurs refusèrent à l'unisson l'aimable proposition de Yukio. Charles se retint de sourire. Elles étaient touchantes dans leur unicité si singulière. Le professeur comprenait aisément qu'une telle synchronisation soulève des questions chez ceux qui l'entendaient pour la première fois. Les mutantes auraient l'occasion d'en discuter entre elles plus tard, probablement, au vu de la curiosité de Yukio.
Phoebe et Mindee se lancèrent ensuite dans une sorte d'éloge du professeur, ce qui flatta son égo mais ne manqua pas de le gêner quelque peu. Certes, tout ce qu'elles disaient était vrai, mais il n'avait pas évoqué ses doctorats pour être encensé. Il ne sut quoi répondre et se contenta d'une moue humble et d'un hochement de tête.
Yukio, quant à elle, l'amena à se poser des questions bien plus métaphysiques. Que se serait-il passé s'ils s'étaient rencontrés dix ans plus tôt ? Ce n'aurait pas été possible, évidemment, puisque dix ans plus tôt il n'était pas là. Mais était-il envisageable qu'ils se soient rencontrés dans une autre ligne temporelle ? Dans ce futur, qui était désormais un hypothétique passé, qu'ils avaient modifié en 1973 ? Ces questions n'auraient jamais de réponse, et ne resteraient que des "jeux de l'esprit", comme Yukio le disait si bien.
« Oh je pense que nous forgeons notre propre destin. Certaines vies peuvent sembler toutes tracées, mais on peut toujours changer le cours du temps… »
S'il semblait s'exprimer en métaphore, il avait en fait réellement changé le cours du temps. Mais très peu de personnes étaient au courant de cela - les Cuckoos l'étaient-elles d'ailleurs ? Il n'en était pas sûr. Seules les personnes directement concernées par ce changement en avaient connaissance. Et il se voyait mal s'embarquer dans des histoires de mondes parallèles et de voyages dans le temps. On le prendrait certainement pour un fou.
« Quoi qu'il en soit, si vous pensez que votre destin vous a conduite ici, alors je suis ravi d'y prendre part. »
Même s'il ne partageait pas ses croyances, il n'avait aucune raison de ne pas les respecter. Chacun était libre de penser ce qu'il voulait. Les questions suivantes de Yukio furent bien plus concrètes et firent réaliser au professeur qu'il y avait de plus en plus de télépathes à l'Institut, même si chacun développait cette mutation de diverses manières. Il sourit de nouveau et répondit honnêtement :
« Je suis également télépathe. Je peux notamment communiquer par la pensée, contrôler et manipuler les esprits - bien que je ne le fasse qu'en dernier recours. Ma mutation me permet également de projeter ma conscience hors de mon corps et d'identifier visuellement les porteurs du gène X. Je suis également très empathique et il m'arrive souvent de ressentir les émotions fortes des gens proches de moi, sans avoir cherché à les déceler. »
Il ne s'était pas arrêté au simple terme de télépathe car il voulait satisfaire la curiosité de leur invitée, mais il espérait que ces explications n'allaient pas l'inquiéter. Il ne se montrait que rarement intrusif, préférant laisser ses proches faire leurs proches choix, selon leur libre-arbitre. Il aurait pu parler de son pouvoir et de ses possibilités encore longuement, mais il ne voulait pas non plus la surcharger d'informations.
« Bien ! Souhaitez-vous visiter votre nouveau foyer ? Une fois que vous aurez terminé votre chocolat chaud, bien sûr. »
Ce premier échange avait été intéressant et surtout rafraîchissant. Le directeur de l'Institut avait hâte d'apprendre à connaître d'avantage cette nouvelle professeur, ne doutant pas qu'ils auraient bien d'autres conversations passionnantes.
On perturbe mademoiselle Yukio. On a l’habitude. On la perturbe à deux, en plus, ce qui fait qu’on est aux deux tiers de notre potentiel perturbateur. C’est la faute à Céleste, donc. "Mademoiselle Mindee", celle de droite acquiesce. C’est elle, oui. Elle qui se synchronise et reste aussi calme que l’autre. Pour ne pas dire passive. A l’écoute, d’une écoute active et commère, mais n’alimentant guère la discussion au-delà de nos avis communs sur notre Directeur hors du commun.
Quant à la question de Mademoiselle, on ne la comprend pas réellement : on ne la connait pas assez pour savoir ce qui lui est arrivé il y a dix ans. Sans doute l’apparition de la mutation. Ce qui sous-entend beaucoup de choses suite à cela. Malheureusement, l’Institut n’était pas rouvert il y a dix ans. Les possibilités de rencontre étaient donc inexistantes. "Un simple jeu de l’esprit", oui, même s’il ne faut pas sous-estimer le temps que cela peut occuper !
Héhé. Mindee, arrête de penser en smileys ! C’est comme l’ironie en pensée, c’est interdit !
La question quant à la prédestination nous interrompt dans nos pensées et nous laisse silencieuses. Cela fait parti de notre problématique existentielle. Ce n’est pas le hasard et ses conséquences causales, comme l’amour entre deux personnes voulant construire leurs vies ensemble, qui nous a amenées à exister. On est un projet de l’Arme Plus, comme Wolverine ; même si lui avait une existence avant cela. L’Arme XIV. Artificielles. Probablement clonées. "Humaines, au sens noble du terme", comme l’a déclaré Charles Xavier.
Celui-ci pense qu’on forge son propre destin, nos quatre yeux se tournent vers lui tandis que nos visages font de leurs mieux pour rester impassible. On fait partie des vies qui semblaient toutes traces, avec le World, et maintenant… on préfère ne pas y penser. On a fait le choix de venir à l’Institut plutôt qu’au SHIELD alors que rien ne nous y prédestinait. On a changé le court de nos existences par la découverte hasardeuse de la réouverture de l’école pour mutants, qu’on connaissait comme telle. La partie Institut nous offre l’occasion d’aider comme on a découvert aimer le faire suite au Snap et à l’association pour les orphelins du Snap. La partie X-Men devait nous offrir l’occasion d’aider comme le SHIELD l’aurait permis et pour laquelle on a été éduquées. On n’est pas les bienvenues pour les X-Men ainsi est-on à l’opposé du spectre avec mademoiselle Yukio. Au final, comme pour le communautarisme, c’est une affaire de croyance personnelle. La réponse de Monsieur est la plus appropriée qui soit : l’acceptation et le contentement d’y contribuer. On sourit à deux avec une légère admiration.
« J'ai cru deviner que Mesdemoiselles Mindee et Phoebe étaient télépathes et fusionnelles, continue Mademoiselle, nous amenant à pencher la tête sur le côté à la polysémique véridique de son dernier mot. Je suis électrokinésiste. Et vous même Professeur, quelle est votre mutation ?
- Je suis également télépathe, répond Monsieur, nous faisant redresser nos têtes et nous demander s’il va tenter une liste exhaustive de son expérience dans le domaine. Je peux notamment communiquer par la pensée, contrôler et manipuler les esprits ; bien que je ne le fasse qu'en dernier recours. »
Précision utile, oui. On écoute avec une curiosité supérieure à notre curiosité moyenne, qui est déjà élevée, puisqu’on n’a jamais réellement discuté de ce qu’il savait faire ni comparé nos arbres d’apprentissage. Qu’il maitrise les trois formes de communication de base est logique et ouvre la porte aux trois formes de contrôle qui y sont liés. Quant à la communication complexe et au contrôle qui l’accompagne, on sait pour la première et on se doute pour la seconde. La projection astrale ne nous est pas familière, contrairement à l’identification des schémas cérébraux. L’aspect visuel nous laisse perplexe un instant et on se dit avec une fierté puérile qu’on pourrait peut-être l’aider à s’améliorer puisqu’on emploie l’électrolocalisation pour le faire, nous. Après, on se dit immédiatement qu’il doit essayer de simplifier le propos aussi… donc qu’on n’a rien à lui apprendre. Quand aux problèmes d’empathie… là par contre, on a bien été entrainées contre ! On a peut-être quelque chose à lui apprendre ? A lui partager ? A lui suggérer ?
Phoebe, c’est ton supérieur, tu te débrouilles. +1 Mindee. Si seulement vous pouviez effectivement me foutre la paix…
Lorsque le "Bien !" arrive, on se redresse comme s’il s’agissait du signal qu’un ordre approche. S’il est sous forme d’une question, on se doute cependant que l’on va être aux deux tiers les guides de Mademoiselle. On aura surement l’occasion de croiser notre troisième au moment de visiter le sous-sol et les laboratoires, qui devraient fortement intéresser mademoiselle Yukio. Après, rien ne presse : le chocolat chaud d’abord.
Voilà qui nous laisse le temps d’échafauder le plan de visite. D’ordinaire, on commence par les chambres pour déposer les bagages mais comme Mademoiselle n’en a pas, on n’est pas obligées de faire ainsi. Commencer par le niveau -1, puisqu’on n’a pas accès au -2, devrait être le plus intéressant pour mademoiselle Yukio : l’aile Est regroupe divers laboratoires et ateliers de recherche ! En plus, grâce à Céleste, ça fait trois jours qu’on les explore en suite de monsieur McCoy donc on commence à bien connaitre. Celui de chimie mériterait un sacré rangement d’ailleurs mais on ne dit rien. C’est celui médical qu’il faudrait qu’on approfondisse, ne serait-ce que pour étudier la forme adamantine puisque le World n’a jamais eu l’occasion de la faire, mais on attend qu’on nous le propose là-encore. Cela étant, c’est l’atelier d’électronique qui devrait être le plus intéressant pour mademoiselle Yukio.
Céleste, prend rendez-vous pour monsieur McCoy dans 15 minutes s’il te plait ! C’est pas comme ça que ça se passe. Céleste, c’est un ordre.
Or donc, niveau -1 pour commencer la visite. Puis on remonte. Il faut penser à faire lire le règlement intérieur puisque Mademoiselle sera non-seulement chargée de le connaitre mais aussi de le faire respecter. Si les difficultés sont avec les contrôles de pouvoirs plus qu’avec les désobéissances au règlement, on s’attend tout de même à ce que des jeunes courent dans les couloirs voire aillent dans les chambres du sexe opposé. Des choses qu’on est chargé d’éviter en tant que membre du personnel ! Heureusement que les adolescents ne sont pas du genre à avoir besoin de se faire répéter quotidiennement la même chose… Un peu comme avec l’ironie en pensée, quoi.
Lorsque le départ est près, c’est donc vers l’ascenseur du hall qu’on emmène Mademoiselle. Niveau -1 avec, pour le suspens, les explications sur la buanderie et les salles de stockage qui se trouvent dans le corps du manoir d’abord. Ensuite, l’aile Ouest et son gymnase, sa piscine olympique, son sauna, son bain de vapeur et sa salle de massage ; le tout accompagné de vestiaires avec douche. Finalement l’aile Est avec l’atelier d’art, l’infirmerie et la chambre d’observation de 25 lits (soit capable d’accueillir près d’un tiers des élèves de l’Institut, puisqu’on reste une école pour mutants ne contrôlant pas leurs pouvoirs et que les accidents sont réguliers tout comme souvent dangereux). De l’infirmerie, on passe au laboratoire médical ; un véritable petit hôpital qu’on affectionne un peu trop pour son aspect médical, justement. Puis enfin ceux dédiés à l’électronique, à la chimie et à la physique. Là, plus qu’une troisième Stepford, c’est un retour à notre condition de participantes passives qui s’impose !
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