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 A Princess Story

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The Lucky One
Lucy Orchent
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The Lucky One

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MessageSujet: A Princess Story A Princess Story EmptyVen 11 Mar - 22:06


/!\ Temps de lecture estimé à 55-60 minutes
A Princess
Story
Un conte musical par The Lucky One
En semaine du 22/07/24 au 20/09/24
De 20h à 21h30 au BAM Opera House

La structure du morceau est aussi marquée que reconnaissable, un commencement classique avec un morceau classique. Si ma main gauche pianote des arpèges, le motif développé par ma main droite imite l’écriture. Je rédige avec un La mineur en guise de stylo, chantant sans mot le début d’une histoire que tout le monde a déjà entendu ; le début, l’histoire, le morceau.

Le Peter Jay Sharp Building, situé au 30 Lafayette Avenue, dans le quartier historique de Fort Greene à Brooklyn, est en bâtiment en forme de U et de style néo-Renaissance ; inspiré de l’architecture de la Renaissance mais aux contours flous, populaire à la fin du XIXe siècle chez les anglo-saxons. Si la forme ne se distingue pas de la rue, la cour intérieure étant justement à l’intérieur, la base de granite s’accompagne de briques aux couleurs crème garnies de terre cuite avec des détails de marbre dessus se retrouve tant dans la rue que dans les intérieurs. Ceux-ci abritent la Brooklyn Academy of Music, un centre culturel doté de deux salles de spectacles : le BAM Rose Cinéma et, celui où nous nous trouvons, le Howard Gilman Opera House. 2.109 places réparties entre la salle, deux balcons et douze loges. Actuellement, tout cela est dans le noir.

Seule la scène est éclairée.

A l’extérieur, sur la partie la plus proche des coulisses, un panneau de décor présente un ciel d’azur qui échappe aux ombres. Celles-ci, en plus des naturelles, sont produites par les panneaux suivants, aux trois quarts de la scène. L’imitation de la pierre et les arches occupées tour à tour par des fenêtres et des statues d’instrumentistes forment le plan en coupe d’une tour. Au sol, un ovale vient marquer celui de la pièce. Outre le mobilier d’une chambre, ce loft médiéval a pour centre, et partie plus remarquable, un grand piano à double clavier, un classique et l’autre de synthétiseur. C’est là que les projecteurs éclairent. C’est là que je me tiens, rangée dans une robe fourreau verte couverte de pierres brillantes des bretelles jusqu’aux genoux. Après cela, le soyeux tissu émeraude délaisse la fonction de mouler ma silhouette pour préférer la légèreté d’une jupe pouvant voler au rythme de mes mouvements. La chaleur des projecteurs fait briller ma robe comme ma chevelure, toutes deux en contrastes, et donne à ma peau une teinte dorée presque divine. Mes cheveux dégagent une partie de mon visage et la quasi-totalité de mon buste alors que je continue mon écriture musicale sur le premier clavier.

Trois minutes s’écoulent puis la musique termine de le faire. Saisissant des feuilles invisibles, je me relis.

« Il était une fois,
Dans un pays lointain,
Une jeune fille en émois,
Dans un donjon ancien.
»

Avec douceur, j’en reviens à mon premier clavier.


« Where have all the good men gone,
And where are all the gods ?
Where's the street-wise Hercules
To fight the rising odds ?
Isn't there a white knight upon a fiery steed ?
Late at night I toss and turn and dream of what I need…

Hit it !
»

Un rire, que je ne parviens jamais à retenir. Je change de clavier alors que les statues s’animent dans leurs alcôves et que les projecteurs s’écartent de moi en une explosion de lumière avant de chercher chaotiquement ce dont je parle sur la scène pour maximiser les jeux de lumière et d’ombres sur les statues instrumentistes comme sur moi.

« I need a hero !
I'm holding out for a hero 'til the end of the night.
He's gotta be strong,
And he's gotta be fast,
And he's gotta be fresh from the fight.
I need a hero !
I'm holding out for a hero 'til the morning light !
He's gotta be sure !
And it's gotta be soon !
And he's gotta be larger than life, larger than life…
»

Il n’y a personne pour danser. Chacun d’entre nous reste à sa place, à l’exception du violon ; absent même lors de son bref solo.

« Somewhere after midnight,
In my wildest fantasy,
Somewhere just beyond my reach
Someone’s reaching back for me !
Racing on the thunder and rising with the heat,
It's gonna take a superman to sweep me off my feet !
»

Verront-ils l’ombre se dessiner au loin sur le ciel bleuté ? Il y en a une de chaque côté, afin que chacun puisse la voir. Cependant, il faut décrocher les yeux de cet orchestre et de sa princesse qui s’y donnent à cœur-joie, lumières tournoyantes autour et entre eux.

« Up where the mountains meet the heavens above,
Out where the lightning splits the sea,
I could swear that there's someone somewhere watching me !
Through the wind end the chill and the rain,
And the storm and the flood,
I can feel his approach like the fire in my blood !
»

Les statues reprennent les derniers mots, les ombres se dressent un peu plus.

Le violon redevient seul, pour un plus long moment.

Le tambour marque des battements de cœur.

Les statues énoncent les prochains mots, les ombres se dressent un peu plus.

Pour ma part, je reste rêveuse, mon sourire s’étendant jusqu’à mon micro de joue, jusqu’à ce qu’il me faille reprendre de plus belle.

« I need a hero !
I'm holding out for a hero 'til the morning light.
And he's gotta be sure,
And it's gotta be soon,
And he's gotta be larger than life !
I need a hero !
I'm holding out for a hero 'til the end of the night.
And he's gotta be strong,
And he's gotta be fast,
And he's gotta be fresh from the fight.
I need a hero !
»

Brusquement, je me lève de mon siège en un cri muet, en une pose d’appel. Brusquement, les lumières s’éteignent. La tour est enténébrée, laissant des formes aussi indistinctes que celles du public s’y agiter puis s’y immobiliser. Je me rassois.


Je recommence à pianoter, plus doucement cette fois. L’éclat est passé, même si un autre finir par venir.

Après une vingtaine de seconde, au piano dépond le violon. Invisible, imaginaire, et pourtant toujours plus présent. Nos échanges se mélangent, notre correspondance s’intensifie. Toujours douce. Toujours harmonieuse. Toujours passionnée ; une passion qui croit sans jamais devenir brutale, sage comme un rêve de jeune fille.

Une lumière revient, délicate. Elle éclaire l’horizon, non pas sur scène mais entre les rangées de sièges, prêt de la porte d’entrée principale.

Au piano dépond le violon. Le prince le manipule, vêtu d’un costume bleu rêve accompagné d’une chevelure blonde, alors qu’il avance parmi les rangs des spectateurs, toujours plus prêt de la princesse de vert vêtue et de rouge accompagnée. Les notes s’accélèrent, l’émerveillement aussi. On se regarde, on se sourit. Ses yeux bleus sont intenses, sa pilosité brune courte encadre son visage grâce en renfort de barbe et moustache de trois jours. Son sourire est fin, charmeur, là où le mien est enfantin, s’étendant non seulement jusqu’à mes yeux mais dressant la pulpeuse lèvre inférieure comme une scène pour mes blanches dents supérieures. Sous les sons et lumières qui s’élèvent, notre rencontre.

Notre répétition s’envole toujours plus, nos regards s’accrochent sans plus aucune considération pour le public. Le morceau est pour nous, nous seuls. Les pieds du prince sont comme ceux d’une ballerine, venant se poser avec délicatesse à mon côté lorsqu’il a escaladé cette haute tour qu’est la scène. Les choses sont à leur place. La lumière veille doucement sur tout cela. Sur nous.

Un mouvement, un regard, alors que l’on continue de jouer, de discuter, de se répondre, de s’aimer.

Et cela continue, quelques minutes encore. Un moment hors du temps. Hors de l’espace. Pourtant, ancré en eux. Un tout.

Puis, lorsqu’il s’arrête, je me lève vivement et prends ses joues de mes mains avant de l’embrasser passionnément. Une explosion de lumière alors que toute la scène est illuminée à égalité, malgré une insistance sur le prince.


« Ooh, baby, do you know what that's worth ?
Ooh heaven is a place on earth.
They say in heaven love comes first,
We'll make heaven a place on earth.
Ooh heaven is a place on earth…
»

Précipitamment, je me rassois pour en revenir à mon clavier. Le prince, lui, pose son violon sur le piano et commence à danser. J’étouffe un rire à ma conception du romantisme via une danse des années 80. Les statues, elles aussi, s’animent.

« When the night falls down,
I wait for you
And you come around.
And the world's alive
With the sound of kids
On the street outside…
»

Dansant entre le public et moi, le prince leur adresse des regards et me permet d’en faire autant. L’amusement est là, de part et d’autre.

« When you walk into the room,
You pull me close and we start to move,
And we're spinning with the stars above,
And you lift me up in a wave of love.
»

Il me regarde, me sourit, repart vers le public.

« Ooh, baby, do you know what that's worth ?
Ooh heaven is a place on earth.
They say in heaven love comes first,
We'll make heaven a place on earth.
Ooh heaven is a place on earth…
»

Il s’éloigne, joue de l’espace, de l’attention.

« When I feel alone,
I reach for you
And you bring me home.
When I'm lost at sea,
I hear your voice
And it carries me.
»

Il s’arrête, m’invite à danser et reprend. Sur mon siège, je me trémousse de mon mieux.

« In this world we're just beginning
To understand the miracle of living,
Baby I was afraid before
But I'm not afraid anymore !
»

Je me lève, penchée pour pianoter mais dansante. Il entreprend de faire le tour de la tour et de la scène.

« Ooh, baby, do you know what that's worth ?
Ooh heaven is a place on earth.
They say in heaven love comes first,
We'll make heaven a place on earth.
Ooh heaven is a place on earth…
»

Puis revient vers moi, prenant son temps, prenant l’attention. Les statues, en chœur distant et discret, en prenne également avec les échos qu’elles font de mes mots passés.

« In this world we're just beginning
To understand the miracle of living,
Baby I was afraid before
But I'm not afraid anymore !
»

Nous sommes à nouveau aussi face à face que la présence d’un public et d’un piano nous le permet, échangeant des regards ravis.

« Ooh, baby, do you know what that's worth ?
Ooh heaven is a place on earth.
They say in heaven love comes first,
We'll make heaven a place on earth.
Ooh heaven is a place on earth…
»

Sons et lumières s’abaissent progressivement jusqu’à se taire, laissant une nouvelle pénombre.


Quelques notes de piano, incertaines. Une réponse du violon, cassante. Un silence.

Doucement, je parle, les lumières parlent. La scène se sonorise et s’éclaire. Tout vibre lorsque le violon répond, lorsque le prince me tourne le dos. Le dialogue, la tentative. Dans le son, dans la lumière. Entre nous. Chaque note du violon, chaque pas, le fait s’avancer et refluer vers moi, se tournant et se retournant, contractant et distendant les lumières. Penchée, je m’inquiète. Levé, il s’agite.

La dispute s’en va et vient, s’accroit et se calme, comme lui, là où je suis accrochée à mon drame.

Les statues finissent par s’animer discrètement. Le prince revient, nous jouons ensemble. Les sourires reviennent. Puis repartent. Je finis par avoir un hoquet de sanglots, une répétition que j’accompagne du corps sans libérer ma voix.

Les choses s’amplifient, s’enveniment. On se fait face, on se détourne. On essaye de se parler, on essaye de s’écouter. Essaye.

Les choses s’amplifient, s’enveniment. On se fait face, on se détourne. On essaye de se parler, on essaye de s’écouter. Essaye.

Il finit par monopoliser la conversation, je me ratatine. Je finis par avoir un hoquet de sanglots, une répétition que j’accompagne du corps sans libérer ma voix. Puis viennent les pleurs chauds, réguliers.

Il se calme, me parle, m’explique. Les lumières nous fixent crument. C’est la fin.

Les lumières continuent de nous regarder. Lui s’est assis les bras croisés, vers les coulisses. Moi je reste immobile, face au public. Mes larmes luisent sont les feux des projecteurs. Mes yeux sont clos.


Il me faut bien une quinzaine de secondes de larmes et de notes pour que je réussisse à rouvrir la bouche. Rien ne bouge durant celles-ci. Puis, quand je parle, les lumières font le va-et-vient entre lui et moi à mesure d’un dialogue inexistant.

« Where are those happy days, they seem so hard to find…
I tried to reach for you, but you have closed your mind…
Whatever happened to our love ?
I wish I understood…
It used to be so nice, it used to be so good…
»

Le prince, épaules basses, finit par être le seul élément humain à rester immobile alors que les statues et moi chantons en chœur.

« So when you're near me, darling can't you hear me S. O. S. ?
The love you gave me, nothing else can save me S. O. S. !
When you're gone,
How can I even try to go on ?
When you're gone,
Though I try how can I carry on ?
»

Immobile. Je reprends seule. Face à lui. Face aux projecteurs. Face au public.

« You seem so far away though you are standing near…
You made me feel alive, but something died I fear…
I really tried to make it out.
I wish I understood…
What happened to our love, it used to be so good.
»

Immobile. On reprend en chœur. Autour de lui. Sous les projecteurs. Emplissant la scène.

« So when you're near me, darling can't you hear me S. O. S. ?
The love you gave me, nothing else can save me S. O. S. !
When you're gone,
How can I even try to go on ?
When you're gone,
Though I try how can I carry on ?
»

D’un geste de la main par-dessus son épaule, il me congédie sans un regard.
De gestes des mains sur mes claviers, je pianote mon désespoir.

« So when you're near me, darling can't you hear me S. O. S. ?
And the love you gave me, nothing else can save me S. O. S. !
When you're gone,
How can I even try to go on ?
When you're gone,
Though I try how can I carry on ?
When you're gone,
How can I even try to go on ?
When you're gone,
Though I try how can I carry on ?
»

Lassé, il se lève et s’en va, faisant mourir mes notes de piano.

Noir.

Long.

Les lumières renaissantes ne font plus scintiller mes larmes, essuyées à l’abri de la nuit, mais joignent mes ombres à celles qui m’entourent. La tour et ses alcôves, statues incluses, restent dissimulées dans la pénombre.

Seul reste le ciel azur. Seul reste le piano. Seule reste la princesse. Seule sur scène. Seule face au public, au monde.


Des notes répétitives, apaisantes. L’idéal pour me remettre des émotions précédentes.

L’écoulement du temps. Une respiration.

Puis la passion revient, d’un coup. Les choses se complexifient. Le recul advient. Je ferme les yeux, profite et fais profiter. Le sourire n’est pas là. La paix, en revanche, l’est. Il suffit de se laisser porter. Durant plus de quatre minutes, j’invite à le faire.

J’aurai énormément à dire sur cette partie du spectacle, le choix de cette partition. Sa concurrence avec une autre du même compositeur, après que j’ai terminé la troisième sélection et fait la première répétition. Les doutes sont encore présents dans mon esprit, "et si ?" interminables, cependant l’invitation à la paix m’apaise. Peut-être est-ce pour cela que j’ai choisi ce morceau, par rapport à son frère.

Pour l’enchainement qu’il me permet, aussi.


Je suis seule à jouer au début mais bien vite rejointe. Une légère brume tombe du plafond, accompagnée d’instruments et de voix. Seule la lumière reste timide. Evitante.

« One day, one night, one moment,
My dreams could be, tomorrow.
One step, one fall, one falter,
East or west, over earth or by ocean.
One way to be my journey,
This way could be my book of days.
»

Les chœurs statufiés continuent seuls quelques instants avant que je ne reprenne la parole.

« No day, no night, no moment,
Can hold me back from trying.
I'll flag, I'll fall, I'll falter,
I'll find my day may be,
Far and away,
Far and away.
»

Sous les feux des projecteurs descendants, la brume fait naitre nombre d’arc-en-ciel autour de moi. L’instant est toujours plus magique.

« One day, one night, one moment,
With a dream to believe in.
One step, one fall, one falter,
And a new earth across a wide ocean.
This way became my journey,
This day ends together,
Far and away.
»

Je disparais dans les particules d’eau et de couleurs.

« This day ends together,
Far and away.
Far and away.
»


Le morceau est connu, lui aussi. Alors que la brume redescend, les notes de piano montent à nouveau et les lumières s’en retourne à l’inexistence.

Le violon revient. Invisible, à nouveau.

Peut-être est-il, lui aussi, dans la brume. Peut-être est-il, à nouveau, dissimulé au sein du public.

Nos échanges se poursuivent, quel que soit la réponse. S’intensifient, encore.

Il apparait enfin, après presque trois minutes. Doux, beau comme au premier jour. Il descend du plafond cette fois, porté par des ailes angéliques et sur la lumière des projecteurs. Il chasse la brume à son approche. La tour émerge, toujours plus, de la brume comme de la pénombre. Le prince touche terre sur le premier point où elles ont disparu. Dans sa danse, il continue de les chasser. Dans son avance, il révèle le décor, tournant comme un doux tourbillon. Une à une, les alcôves sont dévoilées. Un à un, les musiciens et le chœur sont dévoilés. Seul le piano signifie encore ma présence. Ça et le centre du semi-tourbillon, l’objectif de cette coquille d’escargot, que forme la chorégraphie du prince violoniste.

Il s’approche, me dévoile après plusieurs minutes de danse. Le prince de bleu vêtu et de blond accompagné fait face à la princesse de vert vêtue et de rouge accompagnée. Je suis toujours fascinée par lui. Les notes s’accélèrent, l’émerveillement aussi.

On se regarde, on se sourit. Ses yeux bleus sont intenses, sa pilosité brune courte encadre son visage grâce en renfort de barbe et moustache de trois jours. Son sourire est fin, charmeur, là où le mien est enfantin, s’étendant non seulement jusqu’à mes yeux mais dressant la pulpeuse lèvre inférieure comme une scène pour mes blanches dents supérieures. Sous les sons et lumières qui s’élèvent, nos retrouvailles.

Notre répétition s’envole toujours plus, nos regards s’accrochent sans plus aucune considération pour le public. Le morceau est pour nous, nous seuls. Les pieds du prince sont comme ceux d’une ballerine, venant se poser avec cette délicatesse à mon côté lorsqu’il est descendu des cieux. Les choses sont à leur place.

Pourtant, le morceau continue.

Une lourdeur. Un apprentissage. Une intensité qu’il n’y avait pas la première fois. Cela dure deux bonnes minutes. Du suspens, j’espère. Nos lèvres se rapprochent toujours plus…


Puis une note, qui sonne comme fausse, et sa suite. Les lumières aussi clignotent. Toujours face au prince, je commence à lui parler des mots et de notes qui surprendrons.

« At first I was afraid, I was petrified,
Kept thinkin’ I could never live without you by my side
And then I spent so, so many nights
Thinking how you did me wrong
And I grew strong,
And I learned how to get along.
And so you’re back, from outer space,
I just walked in to find you here
With that sad look upon your face.
I should have changed that stupid lock,
I should’ve made you leave your key,
If I had known for just one second you’d be back to bother me.
Go on now go,
Walk out the door,
Just turn around now.
Cause  you’re not welcome anymore.
Weren’t you the one who tried to hurt me with goodbye ?
Did you think I’d crumble ?
Did you think I’d lay down and die ?
Oh no not I.
I will survive.
Oh as long as I know how to love,
I know I’ll stay alive.
I’ve got all my life to live,
I’ve got all my love to give.
And I’ll survive.
I will survive.
Hey, hey !
»

Décontenancé, le prince recule alors que la dissonance l’assaille. Il tente de me faire face alors je reprends la parole, ferme sur mes positions et soutenue de l’éclairage éclectique comme, petit à petit, le chœur statufié.

« It took all the strength I had not to fall apart,
Keep trying hard to mend the pieces of my broken heart.
And I spent oh so many nights
Just feelin’ sorry for myself, I used to cry…
And now I hold my head up high
And you see me, somebody new.
I’m not that chained up little person still in love with you.
So you felt like droppin’ in
Don’t expect me to be free
‘Cause I’m saving all my lovin’ for someone who’s lovin’ me.
Go on now go,
Walk out the door.
Just turn around now,
‘Cause you’re not welcome anymore.
Weren’t you the one who tried to hurt me with goodbye ?
Didya think I’d crumble ?
Didya think I’d lay down and die ?
Oh no not I !
I will survive.
Oh as long as I know how to love,
I know I’ll stay alive.
I’ve got all my life to live,
And I’ve got all my love to give,
And I’ll survive.
Heyyey, yeayyy…
»

J’achève le prince de quelques onomatopées et d’un petit rire que j’aimerai, un jour, arrêter de lâcher.

Après avoir fait face encore quelques secondes, le prince s’en va, vaincu et jugé des yeux comme des projecteurs.

Droite et digne, je recommence à pianoter alors que les lumières disparaissent peu à peu pour retrouver la discrétion du début du spectacle.


La structure du morceau est aussi marquée que reconnaissable, un commencement classique avec un morceau classique. Si ma main gauche pianote des arpèges, le motif développé par ma main droite imite l’écriture. Je rédige avec un la mineur en guise de stylo, chantant sans mot le début d’une histoire que tout le monde a déjà entendu ; le début, l’histoire, le morceau.

Tout le monde les déjà entendus. Probablement vus et vécus, également. Sans doute les spectateurs le savaient-ils déjà lorsqu’ils ont vu une publicité, lorsqu’ils ont acheté leurs billets, lorsqu’ils se sont installés dans la grande salle du BAM Opera House. Cela ne m’a pas empêché de donner ma version, de faire de mon mieux pour le faire. Et je conclus, là, au milieu de ce loft médiéval, derrière ce grand piano à double clavier. Et je conclus, là, parée d’une robe fourreau verte couverte de pierres brillantes des bretelles jusqu’aux genoux. Après cela, le soyeux tissu émeraude délaisse la fonction de mouler ma silhouette pour préférer la légèreté d’une jupe pouvant voler au rythme de mes mouvements. Et je conclus, là, la chaleur des projecteurs faisant briller ma robe comme ma chevelure et, désormais, les perles de sueur et de rosée qui constellent ma peau dorée. Mes cheveux ont perdu de leur superbe. Mon buste a perdu de sa superbe. Seul mon sourire perdure, enfantin et s’étendant non seulement jusqu’à mes yeux mais dressant aussi la pulpeuse lèvre inférieure comme une scène pour mes blanches dents supérieures.

Trois minutes s’écoulent puis la musique termine de le faire. Je m’apprête à donner la conclusion de l’histoire quand les applaudissements commencent.

Mais ?

Après quelques instants à regarder les gradins enténébrés de mes yeux ronds, je choisis de continuer avec le sourire et clos les paupières.


Quelques mots lancés les yeux fermés.

« First when there's nothing…
But a slow glowing dream…
That your fear seems to hide…
Deep inside your mind.
»

Un silence.

Quelques notes lancées les yeux fermés.

« All alone I have cried…
Silent tears full of pride…
In a world made of steel,
Made of stone…
»

La joie revient. Les lumières également. Calmes. Douces. Tout le monde peut voir que je ne les vois pas.

« What a feeling…
Being's believing..
I can have it all
Now I'm dancing for my life.
Take your passion.
And make it happen.
Pictures come alive,
You can dance right through your life.
»

Les statues font un pas en avant, pour celles dont les instruments ne sont pas trop lourds tout du moins. Puis un autre, un troisième, en rythme. Je n’ai pas besoin de le voir pour le savoir.

« Now I hear the music,
Close my eyes,
I am rhythm,
In a flash…
It takes hold of my heart…
»

J’ouvre les yeux. Regarde autour de moi. Mon équipe, toujours en spectacle.

« What a feeling !
Being's believing !
I can have it all
Now I'm dancing for my life !
Take your passion !
And make it happen !
Pictures come alive
You can dance right through your life…
»

Les statues terminent de se mettre à mon côté, silencieuses, au plus proche du public.

« What a feeling…
Being's believing !
I can have it all
Now I'm dancing for my life !
What a feeling !
Being's believing !
I can have it all
Now I'm dancing for my life !
What a feeling…
»

Ma voix se meurt et toutes les statues s’inclinent alors que les lumières s’éteignent. Le silence, une ombre mouvante. Elle s’en vient sur l’avant de la scène. Je recommence à jouer du piano.


Doucement, les projecteurs éclairent le prince, désormais tout au-devant de la scène. Des flocons de papier blanc commencent à tomber sur la scène et sur les spectateurs, leur chute s’accélérant à la mesure de la musique.

Le prince s’échauffe puis y va, donnant tout ce qu’il lui reste.

« The snow glows white on the mountain tonight,
Not a footprint to be seen…
A kingdom of isolation
And it looks like I'm the queen…
The wind is howling like this swirling storm inside.
Couldn't keep it in, heaven knows I tried…

Don't let them in, don't let them see,
Be the good girl you always have to be.
Conceal, don't feel, don't let them know…
But now they know !

Let it go, let it go.
Can't hold it back anymore…
Let it go ! Let it go !
Turn away and slam the door !
I don't care !
What they're going to say !
Let the storm rage on…
The cold never bothered me anyway.

It's funny how some distance
Makes everything seem small…
And the fears that once controlled me
Can't get to me at all !

It's time to see what I can do,
To test the limits and break through !
No right, no wrong, no rules for me…
I'm free !

Let it go ! Let it go !
I am one with the wind and sky !
Let it go ! Let it go !
You'll never see me cry !

Here I stand !
And here I'll stay !
Let the storm rage on !

My power flurries through the air into the ground !
My soul is spiraling in frozen fractals all around !
And one thought crystallizes like an icy blast !
I'm never going back…
The past is in the past !

Let it go ! Let it go !
And I'll rise like the break of dawn.
Let it go ! Let it go !
That perfect girl is gone !

Here I stand !
In the light of day !
Let the storm rage on !
The cold never bothered me anyway !
»

Mes notes de piano concluent la chanson, reprenant la douceur et se maintenant jusqu’à disparaitre sous les applaudissements.

Les lumières de la salle s’allument, éclaboussant les spectateurs et me permettant de savoir combien ils sont. Trop. Mon cœur bat la chamade à constater le monde venu nous voir pour cette représentation. Tant de mains sonores, logiquement deux fois plus que de gens. Deux fois trop, donc. Pas que je m’en plaigne, cela dit : c’est juste impressionnant. Enfin, "juste", c’est impressionnant tout court. Ou plutôt c’est impressionnant tout du long.

Les statues contournent le piano avec la lenteur nécessaire pour que celles encore à leurs instruments les rejoignent rapidement. Ensuite, je me lève pour faire front commun avec elles et nous allons rejoindre le prince. On se prend la main pour nous incliner et je lui broie les doigts de mon mieux. J’espère que ça ne se voit pas trop. Ça ne change rien à la crispation de mon sourire mais c’est mieux que rien. Non ?

Je ne sais pas combien de temps dure les applaudissements. C’est toujours le moment le plus long et le plus irréel pour moi.
Je ne sais jamais quand m’incliner et ai toujours un petit temps de retard quand les autres le font. C’est souvent un rappel à la réalité d’ailleurs.
Je sais qu’il me revient de présenter tout le monde, une fois que les applaudissements et les inclinations sont terminées.

« A notre Prince Charmeur, Mike Kolyakov, dis-je en le désignant d’une main avant de l’applaudir des deux à mon tour. A nos statues, la Team Little Angels… A la sécurité, l’équipe du Peter Jay Sharp… A la régie et aux lumières, l’équipe du Howard Gilman Opera House et Enzo Lombardi… Aux coulisses, Jo Shepard…

- Et à tout ce qu’elle n’a pas réussi à déléguer, intervient le prince, The Lucky One ! »

Une dizaine face à deux milliers, c’est impressionnant. Une toute seule face à tout autant, c’est indescriptible. Et Mike a besoin de ses deux mains pour applaudir ! Mauvais prince antistress… histoire que les miennes, de mains, soient utiles, j’en place une sur mes hanches et continue de sourire alors que je lève l’autre pour faire les cornes du diable, repliant annulaire, majeur et pouce tandis qu’index et auriculaire sont tendus.

Je finis par laisser tomber un instant les deux bras le long de mon corps lorsque les applaudissements retombent à nouveau, ayant une dernière chose à dire. Arrivée au bord de la scène, je ramasse une petite calculette laissée là avant l’installation des spectateurs et qu’aucun ne devrait avoir remarqué.

« Alors, pour ceux qui l’ignorent, je fais un petit tirage au sort, explique-je en me relevant et allumant la machine, bien tenue en main, avant de commencer à taper dessus, avec le doigt seulement. Si vous êtes à la bonne place, vous pouvez venir me rencontrer dans trente minutes, si vous le souhaitez. »

Je fais un clin d’œil un cil exagéré puis, après avoir perdu cette exagération, reprend la parole.

« Il vous suffira de montrer votre billet à l’équipe de sécurité. Alors, Int(1+2109*Rand)… Et ma Chance invite le numéro… »

NdA:


The Lucky One
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