Thanos was wrong.
Il y a tellement d’axes pour le prouver. Economiquement, avec le fait que les ressources sont inégalement réparties et que supprimer la moitié des bénéficiaires n’y changera rien voire accélérera la polarisation des richesses. Sociologiquement, avec le fait que l’évolution des populations tend à se stabiliser une fois un certain niveau de développement atteint et que certaines zones connaissent même un vieillissement de leur population par absence du renouvellement générationnel. Philosophiquement, avec le fait d’avoir deux sous de bon sens ! Après, mon approche à moi va être plus personnelle. Elle va se baser sur mon histoire et celle de ma famille, afin de témoigner d’un nouvel axe : la créativité humaine.
Mon nom de scène est The Lucky One mais évidemment que mes parents ne m’appellent pas ainsi. D’un autre côté, mes parents ne m’appellent pas par mon nom non plus… mais c’est du leur, enfin du notre, de nom, dont il est question. Il y en a parmi vous qui sont chez OBIF ? C’est la banque familiale. Je suis une petite suisse, vous vous attendiez à quoi ? Un yaourt, bonne réponse ! Orchent donc, c’est un nom de famille qui apparait au XIe siècle puisque le territoire du Valais se germanise avec l’intégration au Saint-Empire romain germanique. On avait la partie romaine et on a plutôt bien intégré la partie germanique, en gros. Ce qu’il faut savoir, c’est que ce sont les romains qui ont fait les premiers services bancaires de dépôts, de crédits, de tenue de comptes et de services de chèques ; les argentarri, lesquels accompagnaient souvent les légions et ont ainsi créé le premier réseau bancaire international. Oui, dans la famille, transporter, garder et utiliser l’argent des autres ça fait très longtemps qu’on pratique. Plus longtemps qu’on porte notre nom, en fait. Cependant, pour ne pas se perdre trop vite et vous emmener avec moi, polysémie volontaire, on va en rester au fait qu’il faut attendre le XIIe pour que les premières guildes se forment et la fin du XIIIe pour que les banques en face de même. Venise devient la plateforme monétaire du monde de l’époque. Son succès repose sur l’arbitrage entre les cours respectifs de l’or et de l’argent entre orient et occident, ce qui lui permet d’assécher l’argent existant en Europe et de provoquer des difficultés monétaires qui favorisent les manipulations, monétaires toujours. Morale de l’histoire ? L’arbitre gagne toujours. Sauf en cas de coup de boule. Mais le joueur perd aussi, du coup… de boule. Enfin Bref, si on ne peut pas les battre on les rejoint alors voilà que nait la première branche de la famille Orchent : mon ancêtre de l’époque, que l’on nommera Dédé pour plus de commodité, envoie son fils, que l’on ne nommera pas pour plus de simplicité, installer des commodités, justement, à Venise histoire de participer. Voilà comment on obtient des Italiens avec un nom allemand avant même que l’Allemagne ou l’Italie n’existent !
Fin XIVe, la branche du Valais se fait scier le tronc par une petite révolution qui implique que le seigneur local se fasse saigner par l’évêque de Sion. Les valeurs chrétiennes, la paix, l’autre joue, tout ça tout ça… les procès pour sorcellerie ? Ah bah, euh, oui, aussi…
Courant XVe siècle, mes ancêtres reviennent sur les terres de leurs homologues partagés avec moi, nos ancêtres donc, pour y faire leurs affaires de banquiers. Ils fondent la Société de Conversation Orchent, parce qu’ils aiment avoir leur nom partout. Officiellement, il s’agit de conserver œuvres d’art et patrimoine. Officieusement, ils récupèrent quelques supposées sorcières avant le feu de joie, pour la plus grande des leurs de joie, afin d’essayer d’en trouver des vraies qui auraient alors une dette envers eux. D’ailleurs, histoire de régler les comptes de deux façons différentes, mes aïeux financent les Patriotes pour qu’ils virent l’influence de l’Evêque de Sion et créent la République des Sept-Dizains. République dont les Orchent maitrisent la dette publique, du coup. De boule, oui assez ! C’est grâce à leurs relations avec le pouvoir qu’ils deviennent une grande famille banquière. Relations qu’ils étendent aux cantons suisses, alliés du Valais, et qu’ils reprennent dans la tronche avec la Révolution française, la République helvétique, l’indépendance théorique et Napoléon 1er avant qu’enfin ils rejoignent la Confédération suisse à partir. Qu’est-ce qu’on disait déjà ? Si on ne peut pas les battre on les rejoint ? Ça fait beaucoup de monde à rejoindre en pas beaucoup de temps tout ça. Les Orchent de l’époque semblent bien apprécier les Français : ils prennent le parti du Valais francophone lorsque celui-ci menace de se diviser en deux et ils rallient la Confédération Suisse lorsque le Valais prend ses valises dans une alliance germanophone. Actuellement, on est donc à une famille italienne avec un nom allemand qui se bat pour la francophonie en Suisse. Vous comprenez maintenant pourquoi je suis perchée ? J’ai de qui me tenir et je le fais, m’y tenir !
Sinon, c’est une bonne pioche : la Confédération gagne, réintègre les cantons rebelles, et les Orchent sont toujours plus près du pouvoir. D’autant plus près qu’ils se lancent dans le financement des transports ferroviaires et routiers entre deux périodes de bazar politique. Ainsi naissent les Transports Orchent, afin de pouvoir exploiter les réseaux de communication financés précédemment. C’est beau quand même : on vous prête pour que vous construisiez les axes et vous nous remboursez avec intérêt pendant qu’on utilise les axes ! Presque au niveau des autoroutes de France… Enfin Bref, cette période est tellement prospère pour la famille que les Transports et les Banques peuvent aller dans d’autres pays. En plus de l’Italie et de la Suisse, on oublie que le Saint-Empire n’existe plus : Magdebourg voit une branche allemande s’installer et Amsterdam a le droit à une néerlandaise. La première a pour but d’assurer l’unité territoriale de la famille tandis que la seconde doit ouvrir les portes du transport maritime, chose qui manque quand même cruellement à la Suisse il faut bien l’avouer. On a bien quelques lacs mais niveau eau salée s’est surtout nos larmes. Les Transports Orchent sont divisés entre la branche néerlandaise pour le maritime, quoi que "diviser" soit un terme sympa puisqu’ils n’existaient pas avant, et la branche allemande pour le terrestre, puisque l’Allemagne est à un bon carrefour de l’Europe. Comme la Suisse, oui, mais sans les montagnes et ça facilite quand même un peu le voyage. Demandez à Gandalf. Après, pour vous rassurer, la branche suisse garde la banque. Là, mon imaginaire fait un "NAMOE" digne d’un mélange entre l’oncle Picsou et les mouettes du Monde de Némo. D’ailleurs, pendant que les trois mousquetaires se répartissent les parties, il reste d’Artagnan pour se toucher le dard : oui, j’ai nommé la branche vénitienne. Eh bien, 1861, c’est l’unification de l’Italie. Comment vous dire que ça se passe mal quand les Italiens… ben le deviennent, en fait. La banque de Venise est fermée et le dernier Orchent local meurt sans enfant. Le pire étant que l’internationalisation des entreprises Orchent est en cours et que de nouvelles banques, contrôlées par la branche suisse, ne tardent pas à rouvrir dans le pays. Parallèlement les Orchent financent les débuts du tourisme dans le Valais avec une méthode simple : les Transports acheminent les matériaux tandis que les Banques prêtent l’argent nécessaires aux constructions et prennent des parts dans les futures stations touristiques. Cette méthode se généralise avec les sociétés pour lesquelles les Transports commencent à travailler : ils transportent et les banques rachètent des parts, histoire de s’assurer la clientèle, le contrôle et les revenus. Tout le monde y gagne, juste que certains y gagnent plus que d’autres.
Après, on arrive au XXe siècle. On met les casques et on va faire la Der’ des Der’ ? Vas-y Janine ! Niveau Orchent, WWI signifie que les Transports terrestres, allemands, sont récupérés par les Transports maritimes, néerlandais, car les Pays-Bas sont aussi neutres que la Suisse ! Oui, ça retombe comme un mauvais soufflet mais ça a évité de se faire souffler en même temps que le pays du milieu avec le traité qui lui a mis au fond… Enfin Bref, la branche allemande a déjà perdu de la superbe et la montée du nazisme l’amène à perdre tout ce qu’elle avait, pour trahison. C’est ainsi qu’elle se termine. Celle d’Amsterdam ne tarde pas avoir chaud aussi car les nazis et la neutralité c’est pareil pour tout le futur Benelux : on lui roule dessus et avec des blindés s’il-vous-plait ! Et même s’il-vous-plait pas, d’ailleurs. Les propriétés et les biens néerlandais sont saisis à leur tour mais, l’avantage d’avoir des bateaux, c’est qu’on peut se tirer à la rame ! La branche a le temps de fuir avec sa reine chez celle d’en face, à Londres. Entre l’engagement des plus jeunes dans l’armée et les bombardements sur la ville, la dernière génération est exterminée. Et la branche suisse, alors ? Continue-t-elle de suivre le Théorème du Prof de Sport ? Celui qui dit c’est celui qui ne fait pas ? Au début oui. Puis après, il y a Papy. Sebastian Orchent. Né en 1926, le vieux est adolescent durant WWII. Par idéalisme, il a fait parvenir des cartes de la famille sur le réseau routier et ferroviaire européen annotées afin de coordonner des sabotages et des évacuations de réfugiés. Sa plus grande réussite cependant c’est vis-à-vis de la Société de Conversation Orchent, laquelle parvint à récupérer des œuvres d’art et à les préserver. Sans sortir des ombres, il a continué son manège jusqu’à la fin de la guerre. Cependant, c’est après le conflit qu’il a prouvé à quel point c’était un monstre.
Papy a été le premier de la famille qu’on a réellement pu considérer comme un polymathe. Non seulement il a impliqué les restes de la fortune familiale dans la reconstruction de l’Europe mais il a développé des capacités d’ingénieur, d’architecte et d’urbaniste en traversant les ruines dévastées ainsi que d’autres d’homme politique légèrement mafieux ; en plus des attendues aptitudes de banquier et d’investisseur avisé évidemment. Il a réussi à récupérer les propriétés néerlandaises pour faire renaitre les Transports et continuer le manège de financement, acheminement, reconstruction, financement, ses parties sur le plateau il remporte la partie avec le gros lot. En plus des transports aux Pays-Bas et des banques en Suisse, Papy a utilisé l’évolution de la réglementation pour créer les Entreprises Orchent, la holding destinée à gérer les deux entreprises et leurs influences sur celles dont elles prenaient les parts. Inutile de dire qu’avec les déréglementations des années 80, il a pété pas mal de records ! Papy a donc fait évoluer son petit Pokémon "Banques Orchent" en "Orchent Bank, Insurance & Financial" ! L’OBIF de tout à l’heure. Elles restent en Suisse, à l’inverse d’Orchent Enterprises qui suit le fleuve jusqu’à Amsterdam pour squatter Orchent International, l’évolution des Transports Orchent, et profiter du paradis fiscal et de l’accord avec les US qui implique qu’on puisse éviter de payer des impôts dans aucun des deux pays. Une minute de silence pour cet accord, d’ailleurs, mais il aura bien vécu, le décès date de moins de dix ans. Avec pour Trust le Club de Londres à la City de ladite ville, un paradis bancaire aussi, ainsi qu’un Trustee très amical, Papy et Papounet nous ont mis très bien. Ils ont utilisé leurs esprits et leur énergie d’enfants pour toucher à tout et gagner au jeu de la vie !
Du coup, Papounet… il a été le premier crash-test de l’éducation de Papy. C’est un peu comme les ainés, on peut pas tout réussir du premier coup. Même de boule ! Bref, après son mariage avec Amanda Edelweiss, une politicienne d’excellente famille, Papy a eu Papounet et s’est donné pour objectif que son fils soit meilleur que lui sur tous les plans. Tout était fait sous forme de jeu afin que le fils tente de battre le père. Le premier a vite compris qu’il fallait essayer de trouver de nouveaux terrains de jeu histoire que le second n’en connaisse pas toutes les règles et ils se sont affrontés ainsi sur tout et sur n’importe quoi surtout. Papounet est de 1963, il a donc eu son mot à dire quand sont venues les dérégulations des années 80. Et oui, adolescent, il étudiait les nouveaux textes de loi de pays étrangers pour comprendre comment fonctionnait cette nouvelle mise à jour du jeu et mutchking the fuck out of it ! Il a appelé ça le "Monopoly Reaganien", une sorte de Donjon & Dragon où on joue le gobelin d’Harry Potter… alors qu’aucun des deux n’était sorti ! Après, contrairement à Papy, Papounet a un certain sens artistique… notamment car l’art, il a réussi à y battre son père ! Papounet a réussi à utiliser la Société de Conversation Orchent, qui bénéficie de fonds grâce à nos rentes, pour jouer avec les impôts par le prêt d’œuvres d’arts à des musées nationaux voire à spéculer sur les variations des prix desdites œuvres d’arts aux enchères. Comme m’a dit Papy un jour, "l’art c’est quelque chose où tu ne comprends pas pourquoi les gens sont prêts à payer aussi cher pour et où tu comprends encore moins s’ils t’expliquent". En l’occurrence, c’était moi qui tentais de lui expliquer…
L’art, c’est ce qui a permis à mes parents de se rencontrer. Maman est la fille de Sylvain et d’Innocente Ganis, le premier étant un important militaire suisse, et est de 1972. Danseuse et chanteuse de formation, elle a connu une fin de carrière précipitée à cause d’une mauvaise chute et de deux opérations du genou. Cela lui a permis d’avoir ma sœur assez jeune. Si Papounet c’est un gamin, Maman elle c’est une gamine de militaire… comment vous dire que j’ai jamais eu à me demander à qui j’allais avouer mes bêtises ? Je pense que c’est pour ça que Papounet l’a fait passer DG d’Œ, comme ça les membres du conseil d’administration n’essaient plus de négocier… Néanmoins, elle a toujours été là pour moi et c’est celle qui a eu le plus de facilité à comprendre que, non, faire du spectacle vivant n’est pas un hobby mais un vrai métier.
D’ailleurs, il est temps d’arrêter l’histoire AM pour passer à l’histoire PM ! Qu’est-ce que vous ne comprenez pas ? AM et PM ? C’est comme avec les horloges : AM c’est Avant Moi : ça veut dire qu’il est trop tôt pour exister. PM c’est Pour Moi, ça veut dire que "Ayé, je suis là ; pas forcément bien réveillée mais là quand même" ! Le PM commence le jour le plus improbable du calendrier. Après, le problème du début de ma vie est, comme tout le monde je pense, qu’elle commence par l’enfance. Or l’enfance c’est comme être bourré : tout le monde se souvient de ce que j’ai fait, sauf moi… mais j’ai eu les dossiers ! La première chose à savoir, c’est que toute l’éducation des Orchent est faite dans l’objectif de développer nos connaissances et nos compétences, évidemment, mais notre créativité, également. Comme si les enfants avaient besoin de cela… En fait, comme l’a si bien dit Sir Ken Robinson, l’éducateur britannique pas l’homme politique canadien, la difficulté est qu’on grandit hors de la créativité ; pas avec elle. Très bon TED Talk, si vous ne devez en voir qu’un, voyez celui-là. Celui de 2006… je vous avoue qu’il a fait mes dix ans mais je m’égare. On n’en est pas encore là : je suis née à domicile, j’ai sauté la case baptême car ma famille et la religion c’est une histoire de révolution puis j’ai pas vu beaucoup de Suisse durant mes trois premières années. Mes parents m’ont trimballée, de ma naissance à la scolarité de ma grande sœur, à travers le monde entier afin d’au mieux me stimuler. Grâce à ça, j’ai non seulement diversifié mes expériences mais j’ai aussi mérité mon titre de DTT. Dormeuse Tout Terrain ! Train, avion, bateau, voiture, sac à dos… la qualité de mon sommeil est inversement proportionnelle au mouvement autour de moi. Si c’est votre cas aussi, je vous conseille de prévenir votre moniteur d’auto-école avant la première leçon. C’est aussi dangereux que vexant quand on pique du nez au volant, un cours de conduite durant !
Avant d’apprendre à conduite, il a fallu que j’apprenne à me conduire. D’ailleurs, vous n’avez jamais trouvé ça bizarre, vous, que nos parents passent autant de temps à nous apprendre à marcher et à parler pour finalement nous dire de nous assoir et de nous taire ? Litière, faudrait savoir ! Après, je ne suis pas sûre de la cohérence qu’on peut attendre de gens qui nomment "crise d’adolescence" une période où ils sont généralement ceux qui crisent le plus fort. Heureusement, ils ont ouvert les hostilités sur ma sœur d’abord. On a neuf mois de différence. Quitte à prendre trois ans de voyage, mes parents en ont pris quatre et m’ont faite sur la route. Enfin, je suis pas certaine du transport mais vous avez l’idée. Moi aussi maintenant, ce qui n’est jamais une bonne chose quand on parle de ses parents… Enfin Bref. Ma sœur et moi, on a appris la plupart des choses ensembles et on a toujours été encouragées à être une équipe. Comme notre père avant nous, l’objectif était de faire mieux que lui. Contrairement à lui, on s’entraidait autant qu’on le pouvait. On a fait de ses plans pour essayer de le battre, c’était improbable. Remarquez, c’est toujours aussi improbable, le passage du temps n’a rien changé. Niveau exemple, je peux vous donner l’anti-télépathie low-cost ! Notre père nous a fait croire qu’on pouvait rien lui cacher car il lisait nos pensées, on a fait des recherches pour savoir comment et on a découvert les mutants télépathes… soit, on allait trouver une solution pour lui cacher des trucs ! Notre idée : bloquer les passages d’ondes comme ça celles des autres esprits ne pouvaient plus atteindre les nôtres. Mon résultat : j’ai dépiauté le micro-ondes avant de tout coller sur une bombe d’équitation… si ça marche ? J’en ai pas la moindre idée, j’ai jamais rencontré l’occasion de tester. Enfin, contre un télépathe. Niveau coup de boule par contre, ça marche ! Comment ça, j’ai une obsession avec les coups de boule ? C’est de la sélection naturelle de neurones ! Et puis on peut faire cinquante nuances de coup de boule, depuis l’affectueux, qui signifie qu’on est là, à l’agressif, qui signifie que l’autre ferait mieux de se casser s’il ne veut pas qu’on le casse lui. Après, je pense que tout a commencé, pour moi, quand on m’a dit "utilise ta tête". Malheureusement, on est encore dans la période des "on m’a dit" or il est presque temps de passer dans celle où je me souviens. Avant de le faire, j’ai deux anecdotes importantes. La première est la classique question "qu’est-ce que tu voudras faire quand tu seras plus grande ?". J’ai dit que je voulais être heureuse et faire partager. N’avais-je réellement pas compris la question ou avais-je au contraire tout compris dans mon hors sujet ? Ce qui nous amène au second sujet hors sujet : "pourquoi Lucky ?". Au départ, c’était à cause d’un défaut de prononciation. Oui, j’ai fait un aller-retour chez l’orthophoniste et j’y ai découvert ma mauvaise foi ! J’ai appris à prononcer mon nom correctement, Lucy, mais j’ai aussi appris que Lucky voulait dire chanceuse alors j’ai décidé de garder ! Là, je suis 100% sure d’avoir tout bon ! Voilà, désormais que mon avant est passé après mon après, je peux en revenir à l’après dont je parlais avant.
En Suisse, l’école primaire obligatoire de premier cycle commence à 4-5 ans et se poursuit jusqu’à 6-7, avant qu’on passe au second cycle jusqu’à 11-12. Comme vous l’aurez compris, mes premiers souvenirs remontent à cette époque. Ma sœur et moi étions sous la tutelle d’un professeur particulier, polysémie volontaire, nommé Israfil Omardha. J’étais trop jeune pour me rendre compte d’à quel point il était ironique et cynique, ce qui fait que je n’arrive toujours pas à savoir s’il était réellement l’un ou l’autre d’ailleurs sachant que l’ironie annule le cynisme selon moi, mais ce que je sais c’est que cet érudit et ancien médecin a modelé ma vie. Ses méthodes d’apprentissage partaient du principe "pour apprendre, il faut utiliser". Afin de l’expliquer, je vais vous citer un poème de mon cru :
"Aux sept heures le levé,
Un peu de yoga puis le petit déjeuner,
Avant de s’en aller en marchant,
Jusqu’à l’institution de cet homme charmant.
Des huit aux onze heures,
C’étaient des ateliers techniques :
Dessin, lecture, écriture, calcul, expression orale et musique ;
Les six bases de l’approche intellectuelle du monde selon ses mœurs.
Chacune d’elles nous armerait,
A toutes les études que l’on mènerait.
Après une heure de récréation,
Où nous étions encouragés à prendre une collation,
S’en venait le midi,
Et la seconde partie.
L’approche physique était divisée en quatre sections,
La culture végétale, l’athlétisme, la cuisine et la danse,
Chaque jour ayant une action,
Alors qu’on se préoccupait surtout de notre panse.
Aux treize heures elle arrivait,
Même si participer il nous fallait.
Des quatorze aux quinze heures nous étions en autonomie,
La sieste ayant vite été bannie,
Puis jusqu’aux dix-sept revenaient,
Similaires enseignements à la matinée."
Un peu de yoga puis le petit déjeuner,
Avant de s’en aller en marchant,
Jusqu’à l’institution de cet homme charmant.
Des huit aux onze heures,
C’étaient des ateliers techniques :
Dessin, lecture, écriture, calcul, expression orale et musique ;
Les six bases de l’approche intellectuelle du monde selon ses mœurs.
Chacune d’elles nous armerait,
A toutes les études que l’on mènerait.
Après une heure de récréation,
Où nous étions encouragés à prendre une collation,
S’en venait le midi,
Et la seconde partie.
L’approche physique était divisée en quatre sections,
La culture végétale, l’athlétisme, la cuisine et la danse,
Chaque jour ayant une action,
Alors qu’on se préoccupait surtout de notre panse.
Aux treize heures elle arrivait,
Même si participer il nous fallait.
Des quatorze aux quinze heures nous étions en autonomie,
La sieste ayant vite été bannie,
Puis jusqu’aux dix-sept revenaient,
Similaires enseignements à la matinée."
Je ne me souviens plus quel âge j’avais quand je l’ai écrit. Par contre, je me souviens que, lorsque mon prof m’a parlé des pieds, je lui ai demandé si je les avais mis dans le plat. Il m’a répondu que, justement, je ne les avais pas mis et j’ai passé un petit moment à les regarder du coup. J’étais une enfant spéciale ? Heureusement, je me suis améliorée en grandissant. Polysémie volontaire, là encore. Et j’étais pas seule : il y avait ma sœur. Physiquement, elle avait un an d’avance sur moi. Intellectuellement, elle avait une galaxie d’avance. Je suis douée, elle est prodigieuse. Petite, j’ai jamais eu le temps d’être jalouse tellement j’étais admirative ; comme tout le monde quoi. Puis l’adolescence est arrivée… A.D. ! Alerte Drama ! La puberté ? Nan, ça s’est bien passé. La crise ? Déjà dit, c’est les adultes qui s’en chargent. Les rallyes dansants ? Evidemment ! Avec deux filles, nos parents en ont organisé pas mal… enfin, jusqu’à ce qu’on soit assez grandes pour qu’ils nous refilent le truc ! D’un autre côté, comme l’objectif c’était de nous refiler tout court… nan, je plaisante, c’est bien plus que cela. Surtout pour moi : c’est comme ça que j’ai trouvé ma voie. Mes parents ont voulu me trouver un mari, ils m’ont trouvé un job ! Enfin, beaucoup de jobs. Ils ont eu des espoirs, cependant. Je vis encore avec deux d’entre eux.
Ah, j’en vois qui sont déjà en train de se faire des films. Triangle amoureux ? Trois zoophiles entrent dans un bar en prenant leur élan ? Rien de tout cela mais de quoi faire un autre spectacle ! Logiquement, ça fait environ vingt ans qu’on se connait, même si j’en ai manqué un bout, et je voudrais que vous leur fassiez un tonnerre d’applaudissement. A mon avocat, agent, chauffeur, assistant personnel et l’homme le plus abonné à la friendzone que je connaisse, Enzo Lombardi ! Et à mon garde du corps à mi-temps, entraineur, cuisinier, infirmier et celui grâce à qui je sais que je suis lesbienne, Jonathan Shepard ! Par contre, applaudissez pas trop non plus : on n’est pas en avance sur mon retard donc je vais continuer… Comment ça, une anecdote au minimum ? Bon, d’accord. Pourquoi je parle de garde-du-corps à mi-temps, ça vous va ? Du coup, on était au bar, à trois, et, il se trouve que Jo appréciait la serveuse tandis que j’appréciais beaucoup le whisky… et réciproquement. Quand est venue la pause de l’autre jeune femme, ils se sont absentés pour affaire. Du coup moi j’ai pas arrêté malgré les conseils avisés de mon avocat. Je sais plus trop comment ça a tourné, pour des raisons évidentes qu’on n’expliquera pas aux enfants, mais je me suis retrouvée à exploser à un mec qu’il était lourd et que je n’étais pas intéressée par ce qu’il avait entre les pattes en lui envoyant l’une des miennes à l’endroit suscité. Ses potes s’en sont mêlés, Enzo s’est fait allonger après quelques bons coups et Jo n’est revenu que lorsqu’il avait tiré le sien pour constater le bazar. De mémoire, ce qui n’est pas le plus fiable cela dit, cette historie a impliqué le reste de mon whisky d’alors et le verre qui allait avec, un ou deux plantés de talons, des dessous de verres, un chariot à roulettes, la boisson d’Enzo dont je ne me souviens plus et sa ceinture si je me souviens bien… Enzo aussi d’ailleurs… il fallait bien quelqu’un pour prendre les coups à ma place… et… c’est tout je crois. C’était pendant leur service militaire mais comme ils ont surtout appris à être de bons techniciens de surface à l’armée… voilà quoi. Ils ont néanmoins ramené de beaux fusils, j’étais impressionnée. Pas assez pour me porter volontaire, faut pas châtrer non plus. Toujours est-il que c’est pour ça cette histoire de garde du corps à mi-temps : la moitié du temps où il m’arrive rien, Jo est là. L’autre moitié, c’est Enzo qui prend. Mais je les aime tout pareil. Une paire de deux reste une paire !
Tiens d’ailleurs, qui parmi vous a déjà répondu "je sais mais ils sont tellement attachants" après que quelqu’un lui ait dit "tu es cernée aujourd’hui" ? Personne ? Enfin Bref, on y retourne ! J’avais seize ans quand les Avengers sont apparus pour défendre New York. J’avais déjà connaissance des mutants et de la magie, héritages familials disons, ainsi que de feu Tony Stark… à qui, d’ailleurs, je me dois de dire que Leonard de Vinci était ingénieur militaire avant d’être peintre ! Voilà, petit compte que je règle chaque soir parce que j’ai du mal avec le fait que le second homme que j’admire le plus raconte une connerie sur le premier … Enfin Bref. Avec ma sœur, nous avons eu une réaction tout à fait compréhensible face à la nouvelle : CQCB ? C’est Quoi Ce Bazar ? Ironman, on l’avait on était fan. Captain America, on l’avait on était fan. Black Widow, je voulais bien postuler pour les secondes noces. Hawkeye, on l’avait et on a pas mal bidouillé des flèches piégées ensuite. Par contre Hulk et Thor, on les avait pas du tout ! Pour le premier, on a supposé un mutant possiblement lié à du maïs. Pour le second par contre… il pouvait pas exister, on était athées ! Oui, Loki aussi du coup mais c’est une pièce triplement rapportée, chez nous comme chez les Asgardiens, en plus d’être une pièce démontée. L’existence de divinités, comme vous pouvez vous imaginer, ça n’a pas laissé la famille de marbre et on a beaucoup cogité pour expliquer cela scientifiquement. Tout comme un voyage entre les mondes qui ne détruise pas le nôtre au passage. J’ai décroché à ce moment-là, personnellement. Comme on l’a dit précédemment, j’ai fait mon cycle d’orientation avec les rallyes dansants et la suite de mes apprentissages s’est vraiment tournée sur comment organiser des festivités d’abord et des spectacles. Scolarité obligatoire portant bien son nom, j’ai dû faire un diplôme de commerce. Ensuite ? Ensuite IOLO ! Avec un "I" normal, pas un "Y", d’une parce que je suis pas grecque et de deux parce que je parle de moi : I Only Live Once. Ma sœur et moi avons le droit de faire ce que l’on veut jusqu’à ce qu’on hérite d’Orchent Enterprises. Papy l’a légué dans les années 2000, Papounet devrait bien pouvoir tenir jusqu’aux années 2030. Sinon, pour en revenir à l’instant présent où je vous parlais de mon passé, j’ai mis… bien huit mois à préparer mon premier spectacle. Je l’ai fait en Europe : Suisse, France, Belgique, Royaume-Uni à l’époque. Il est toujours uni actuellement mais il a pris les rames et quitté le continent, l’incontinent ! Oui, je suis une Suisse qui défend l’Union Européenne… je vous ai déjà dit que j’aimais être cernée ? Toujours est-il qu’après trois ans de tournée, tout a changé en un instant. Invitée à une conférence, j’étais assise au premier rang de la faculté à ce moment-là. Merci ma Chance, le siège était vide quand je suis réapparue.
Personne s’est jamais demandé ce que ça aurait donné, si une personne se trouvait là où une autre était au moment de la réapparition de celle-ci ? J’ai eu beau m’y intéresser, j’ai trouvé aucun témoignage d’un similaire événement. Pourtant, assise sur une chaise de faculté… mais il m’a fallu toutes les miennes, de facultés, pour comprendre ce qui s’était passé. 5 ans, oui. Environ un quart de ma vie… j’avais jamais été aussi à la bourre ! Et je me suis jamais autant dépêchée de rentrer chez mes parents. Ma sœur était partie aux Etats-Unis pour chercher des réponses et des solutions mais eux m’ont accueillie. Je dois être l’une des rares personnes qui a pu commenter sa propre épitaphe. Non mais sérieusement, on peut rater sa vie mais faut surtout pas rater sa mort : outre que ça dure bien plus longtemps, c’est le souvenir qu’on laisse de nous ! Moi j’ai dit que je voulais l’épitaphe suivante :
Comme disait Berlioz, le compositeur pas l’aristochat :
"La chance d’avoir du talent ne suffit pas,
Il faut encore le talent d’avoir de la chance".
J’ai eu les deux et j’ai été les deux.
La chance, le talent, compositrice et aristochat.
Oui, il fallait me suivre".
"La chance d’avoir du talent ne suffit pas,
Il faut encore le talent d’avoir de la chance".
J’ai eu les deux et j’ai été les deux.
La chance, le talent, compositrice et aristochat.
Oui, il fallait me suivre".
Comment ça, mes priorités ? Bien entendu que j’en avais ! J’ai repris contact avec mes proches. Enzo, il était avocat d’affaires et il se facilitait le transit intestinal. Jo, il était toujours dans l’armée et on lui facilitait le transit intestinal. Du coup, histoire d’être dans le thème, j’ai facilité le transit de tout le monde pour qu’on aille tous dans le même sens : le mien. Voilà comment je les ai recrutés. Nouveau spectacle, cette fois. Celui-ci. En Suisse d’abord et chez vous ensuite. Pourquoi chez vous ? Pour retrouver ma sœur. Je me souviendrais toujours quand elle est venue me chercher à l’aéroport. J’étais super-contente, elle m’avait dit au téléphone qu’elle ne pourrait pas le faire et qu’elle m’enverrait un chauffeur. Elle était modérément contente, puisque son chauffeur avait eu une panne en venant et qu’elle n’en avait pas d’autre de disponible ainsi elle avait dû prendre plusieurs prunes pour pas que je prenne racine en attendant qu’on s’intéresse à ma pomme. Merci ma Chance, désolée monsieur le chauffeur ! Je m’excuse à chaque spectacle mais je sais toujours pas s’il est venu en voir un en vrai. Faudra que j’essais de savoir… sauf si j’oublie. Ce qui doit s’être déjà passé plusieurs fois, mine de rien. D’ailleurs, avant d’oublier, il serait peut-être temps que je vous rappelle de quoi il est question ici.
La créativité humaine. Les ressources ne sont pas automatiques. Elles sont inventées. Feu Tony Stark n’a pas seulement changé le monde en le défendant contre Thanos. Il l’avait déjà changé en créant la seconde génération de réacteurs ARC, lesquels fournissent une énergie simili-illimitée et propre. Une ressource simili-illimitée et propre. Supprimer la moitié de la population, c’est supprimer la moitié des gens qui auraient découverts de nouvelles ressources et de nouvelles solutions pour l’avenir ! Le tout pour une solution court terme car il aurait fallu moins d’un siècle à la vie et aux populations pour avoir retrouvé leurs nombres précédents. Regardez les extinctions de masse, qui ne se sont pas limitées à la moitié de la vie sur Terre…
Thanos avait tort.
L’Humanité, et les autres races intelligentes de la galaxie, auraient trouvé et trouveront des solutions différentes à tous les problèmes qu’elles ont rencontré et rencontreront. C’est comme cela que ça marche, la vie. L’évolution n’est qu’une question de tentatives d’innovations dont certaines ont fonctionné. La technologie, pareil. Les ressources, idem. Je souhaiterai terminer sur une citation d’un téléfilm sorti en 2006 ; et oui, encore elle. Finir de démonter l’idéologie du plus grand meurtrier de masse de l’univers avec un conte de noël, ça me fait trop envie. Vous connaissez Les Contes du Disque-monde ? Adapté du livre Le Père Porcher, écrit par Terry Pratchett et paru l’année de ma naissance, son personnage principal est la Mort. A la fin, celle-ci déclare que "si l’on prend l’univers, on ne trouvera jamais un seul atome de justice, une seule molécule de pitié. Pourtant, les humains agissent comme si elles existaient". Pour elle, "on a besoin de croire à des choses qui ne sont pas réelles car c’est ainsi qu’on les fait exister". C’est ma définition de la créativité. Laissez libre court à la vôtre. Et merci !