"La patisserie est l'art d'utiliser la nourriture pour créer du bonheur"
Cela faisait des jours que j’en rêvais. Des jours que je voulais m’engloutir des pâtisseries. Et des jours que je ne faisais que cela ou presque à chaque repas. Tout y était passé, pâtisseries françaises, ibériques, tunisiennes, et j’en passe. Et à chaque bouchée j’avais l’impression de revivre mes voyages il y a tant d’années… La France et ses choux à la crème, ses croissants, ses pains au chocolat me donnait des frissons rien que d’y penser. Etait-ce un de mes délires de femmes enceinte ? Très certainement. Mais peut importait. Tous les matins je me rendais à N-Y en train. Arrivée à Grand-Central, je descendais pour marcher dans les rues, à la recherche des meilleures pâtisseries du pays que je voulais visiter ce jour. Et aujourd’hui, je m’étais réveillée avec une envie de pâtisseries nordiques. Encore dans mon lit, au matin, j’avais navigué sur mon téléphone, ouvert plein d’onglets pour comparer les avis, et je m’étais finalement décidée. Cette pâtisserie était la mieux notée sur les sites des natifs de Scandinavie. Les pages d’attrapes touristes très peu pour moi. Je cherchais toujours des lieux atypiques pittoresques qui pourraient me faire me souvenir mes voyages.
Dans le train j’avais donc lu une petite quantité d’informations sur la pâtisserie dans laquelle j’allais me rendre histoire de rajouter du charme à mon voyage et d’en savoir plus. J’en profitais également pour déjà réfléchir à ce que j’allais commander. A vrai dire j’avais en tête une pâtisserie bien particulière.
Vêtue d’une petite robe très vintage bleu clair vichy je sortais de la rame du train, traversais le hall de cette célèbre gare puis, armée de mon téléphone et de son application de localisation je marchais vers ma destination. Je n’avais nulle envie de prendre le taxi ou d’aller m’enfermer dans les couloirs étouffants du métro. Peut importe le nombre de kilomètres je m’y rendais toujours à pieds, accompagnée d’une petite paire de sneakers toutes blanches avec des petits nuages bleu ciel par endroit en rappel aux couleurs de ma robe.
Après six bons kilomètres avalés j’arrivais enfin à destination. Poussant un petit soupire de soulagement je poussais la porte de l’établissement, laissant sur mon passage retentir une petite clochette significative. Un sourire radieux aux lèvres, j’inspirais pour sentir les délicieuses odeurs de pâtisseries. J’observais la boutique, satisfaite, avant de me rendre au comptoir pour commander un chocolat froid ne pouvant pas me permettre réellement autre chose à cause des petits habitants qui me faisait sous le nombril. Je demandais également au vendeur s’il avait LA pâtisserie que je cherchais. Il me regarda avec un petit sourire étrange au visage puis m’indiqua une table avec des plats en libre-service le temps qu’il prépare ma boisson. Satisfaite de sa réponse, je m’approchais de la table et commençais à lire les étiquettes et observer toutes ces merveilles, des étoiles plein les yeux. LA ! Je tendis la main vers la pince qui se trouvait dans le plat. Il n’en restait plus qu’une ! Et à ma plus grande surprise… Ma main rencontra celle d’un homme.
"Have you ever looked at a tiger and thought you ought to cover it up? You are an exquisite creature, Raven. All your life the world has tried to tame you. It’s time for you to be free."
« Le destin ne cesse de nous rattraper. » Anita Loos
MI JUILLET AVEC LA SUBLIME RAVEN DARKHÖLME
Son royaume déchu ne cessait de le hanter. Dans ses rêves de mélancolie, Asgard resplendissait sous le soleil naissant, et les alentours étaient baignés dans une lumière dorée presque irréelle. Seules les hautes tours du palais royal de Valaskjalf s’extirpaient du paysage montagneux, frôlant, il était fort aisé de le croire, les nuages hauts dans le ciel. Le vent tourbillonnait avec grande délicatesse sur les dédales d’Asgard, emportant les vibrations d’une vie jadis : l’hennissement des chevaux, le cliquetis des épées dont le fer se mordait lorsque les guerrières et les guerriers s’entraînaient, les voix des discussions secrètes… Et le feu. Cruel. Inéluctable. Asgard était tombée. Odin disait qu’ils étaient en ces lieux comme la lueur d’espoir brillant à travers les étoiles ; la lueur d’espoir n’était plus. La cité d’or avait été détruite. Et, peut-être, une partie de son âme était morte avec elle ce jour-là.
Réfugié parmi les mortels après avoir écumé la galaxie, Thor était à New-York depuis plusieurs semaines déjà. Depuis les terribles révélations du Jour des Héros ; lorsqu’il avait appris que Loki avait pris sa place auprès des Avengers — en avait-il était réellement surpris ? et que Wanda était désormais ce qui s’apparait à une ennemie, bien qu’il se refusait encore à la nommer de la sorte. Vivre parmi les Terriens n’était pas toujours chose aisée, principalement parce que son royaume céleste lui manquait terriblement, mais il avait fini par trouver un certain équilibre, qu’il savait fragile et qu’il s’efforçait de conserver.
Ce matin-là, n’ayant aucune obligation au QG des Avengers, Thor s’était habillé convenablement pour déambuler dans les rues de New-York, s’affublant d’un jean simple, d’un t-shirt blanc aux manches courtes et de chaussures confortables et légères, avant de rejoindre le centre-ville par les airs. Il ne s’embarrassait que trop rarement des moyens de transport humain, puisque de toute façon rares étaient ceux qui ne le reconnaissaient pas ! Il fallait dire que l’Asgardien ne passait pas inaperçu, avec sa taille imposante et ses muscles importants. Allant où ses pas le menaient, il eut fini par atterrir dans une pâtisserie qui se voulait nordique ; curieux, bien qu’il n’était plus tout à fait un spécialiste du genre, le Dieu s’était glissé à l’intérieur en enfonçant ses deux mains dans les poches de son pantalon, laissant son regard bifurquer à gauche et à droite. Il n’avait pas vraiment prévu de s’arrêter quelque part, juste de marcher, de se vider la tête et de prendre un peu l’air mais… Maintenant qu’il était à l’intérieur de cet établissement, il sentait que la faim ne tarderait pas à poindre dans son estomac. Se baladant ainsi dans les allées, le blond s’arrêta finalement devant une table généreusement garnie, recouverte de paniers comportant des dizaines de pâtisseries différentes, mais toutes alléchantes. En voyant une qui lui plaisait particulièrement, bien qu’il n’était pas du bon côté de la table pour savoir ce qu’elle contenait comme ingrédient, le Tonnerre avait tendu sa main pour attraper la fameuse pince mais… Il sentit comme une résistance en voulant la rapprocher de lui. D’autres doigts, bien plus fins que les siens, s’étaient saisis de la pince au même moment ; loin d’en être affligé, Thor avait levé un regard curieux sur la fameuse demoiselle, qu’il avait déjà croisé… Où ? Ses paupières se plissant légèrement tandis qu’il l’observait, ses lèvres avaient fini par former un sourire jovial alors qu’il lançait, sans lâcher la précieuse pince :
« Tiens donc… Quelle sacrée surprise. »
Relevant légèrement sa nuque tout en haussant brièvement ses sourcils, il avait un instant baissé les yeux vers la pince qu’ils tenaient tous deux, en espérant qu’elle finisse par la lâcher. Mais vu la façon dont elle le toisait, il en doutait…
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Une petite ride se creusa entre mes sourcils face à l’incompréhension de la situation. Une autre main voulait la pâtisserie dont je rêvais depuis ce matin. La toute dernière. Toujours concentrée sur mon précieux… butin, je n’avais pas encore remarqué que l’inconnu ne l’était pas tant que cela.
-Je …
Mon regard passa de l’inconnu à la pâtisserie de nombreuses fois avant de laisser un petit « o » de surprise. Clignant des yeux plusieurs fois histoire d’être bien sûre de qui j’avais sous le nez le vendeur à son comptoir derrière toi, me faisait le signe du pouce en l’air et de sourire. Visiblement je ne me trompais pas. C’était bien un Dieu que j’avais sous les yeux et … Effectivement les photos ne mentaient pas. Celui dont j’avais pris l’apparence une fois dans le Milano était bien à mes côtés et convoitait la même chose que moi.
Il semblait même me connaitre mais j’étais sûre de ne l’avoir absolument jamais vu si ce n’est dans un fantasme ou deux. A moins de l’avoir croisé sans faire attention lors d’une de mes multiples visites au S.H.I.E.L.D. Oui cela devait être ça. Il savait qui j’étais car il avait dû lire mon dossier, et me croiser sans que je ne le voie.
-Je … Vais bien.
J’étais visiblement légèrement perturbée ne sachant pas trop quoi répondre dans l’instant. Si le fils d’Odin me tutoyait … Non je devais vraiment rêver. Avais-je mangé des spaces cakes récemment ? Les brownies qui trainaient dans la cuisine d’hier soir que j’avais complétement raflé ? En tout cas Dieu ou pas il était hors de question que je batte des cils et que je le laisse prendre ma pâtisserie. Je n’allais pas jouer les midinettes ou les fangirl. La nourriture c’était sacré chez moi. Aussi sexy sexy soit-il, je ne lacherai pas l’affaire si facilement.
La pince entre nous que visiblement aucun de nous deux ne refusait de lâcher était le seul obstacle entre mon gâteau et moi. Les sourcils froncés je posais mes yeux bleus dans les tiens argumentant.
-Je propose un défi. Celui qui connait le plus de chose sur ces pâtisseries repartira avec ? Alors … Joueur ?
La tête légèrement relevée vers le géant que tu étais, mon regard pétillait de malice. Certes je savais peu de chose mais je comptais sur ma mémoire pour avoir plus d’information pertinentes et repartir avec le gros lot. Hors de question que je perde, même si c’était face au Dieu du Tonnerre. Et un combat de la sorte était le seul moyen pour lui de l’obtenir… et pour moi d’accepter une potentielle défaite.
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Les circonstances de cette rencontre relevaient d’un hasard assez étonnant, mais qui ne lui souriait point ; bien qu’il n’était pas déçu de sa froide réaction, il se trouvait véritablement dubitatif et ce sentiment était visible jusque dans le pli creusé entre ses deux sourcils. La belle était hésitante dans ses réponses… Ou perplexe. Et elle le regardait en lui donnant l’impression de ne pas véritablement comprendre de quoi il parlait. Voilà qui ne pouvait que l’intriguer… Est-ce qu’elle ne se souvenait pas de lui ? Il n’en était pas véritablement vexé (quoique) mais il devait reconnaître que c’était bien la première fois que cela lui arrivait. Et ce n’était pas particulièrement flatteur, ni agréable.
« Tant mieux. »
Avait-il répondu d’une voix plus neutre en haussant ses sourcils et en affichant brièvement un sourire qui se voulait poli, sans encore lâcher le côté de la pince qu’il tenait fermement entre ses doigts. Quelques personnes passèrent à côté d’eux en se demandant ce qu’ils faisaient, se disputant silencieusement la dernière pâtisserie du panier comme deux enfants capricieux… Ils avaient un peu l’air idiots, certes, il fallait l’avouer. Et même si la coutume aurait voulu qu’il s’écrase en parfait gentleman pour lui laisser, comme elle ne le reconnaissait pas, il n’allait pas lui faire ce plaisir. De ce fait, si elle pensait qu’il allait lui céder le dernier gâteau simplement pour ses beaux yeux, elle se fourvoyait largement ; il était d’ailleurs sur le point de lui dire, avant qu’elle ne lance un défi qui lui avait arraché un sourire espiègle.
Ce sourire déchirant ses lippes pour dévoiler ses dents blanches, la blonde avait pu voir que les yeux bleus du Dieu s’étaient tout à coup empli de quelques étincelles malicieuses qui lui donnaient un aspect presque enfantin, malgré sa stature plus qu’imposante et musclée. Hochant alors un coup son menton de haut en bas, il avait repris la parole d’un ton véritablement enjoué et amusé :
« J’en suis. Honneur aux dames, je te laisse commencer. »
Redressant légèrement ses épaules tout en la fixant avec un vif intérêt, sachant pertinemment qu’il serait bien plus informé qu’elle au sujet des Prinsesstårta.
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La situation était des plus étranges. Thor, le dieu millénaire me parlait comme s’il semblait me connaitre mais je n’avais absolument aucune idée d’où j’avais pu le croiser. Enfin, si j’en avais bien deux ou trois…. Mais visiblement cela n’avait pas l’air de te perturber même si une petite expression dans ton regard marqua la déception.
Il était vrai qu’un homme bâti comme toi… Cela ne s’oubliait pas. A moins d’être mentalement dégénérée. Cependant, une nouvelle lueur passa à la vitesse de l’éclair dans tes yeux. Avais-je rêvé où de véritables éclairs venaient de se former ?
Secouant la tête comme pour me remettre les idées en place, je ne perdis pas pour autant ma répartie avant d’hocher la tête plutôt favorable à cette preuve de galanterie.
-Parfait ! Alors, pour commencer cette boutique est ouverte depuis quarante neuf ans maintenant. Elle fêtera son cinquantième anniversaire dans quelques mois, en septembre pour être précise.
Et mince… Je ne me souvenais plus de la date exacte, cela me reviendrait peut-être plus tard… tirant la pince un peu dans ma direction comme j’avais la parole, je continuais mon petit discours. Le vendeur lui, toujours derrière son comptoir assistait à notre petite compétition en confirmant ou infirmant mes propos par un signe de tête.
-Pour le moment c’est point pour Madame.
Satisfaite, j’adressais un petit sourire satisfait à ce charmant vendeur avant de reposer mon regard sur toi avec un ravissant sourire, qui montrait que je n’avais pas fini ma présentation. Après tout je n’avais encore pas parlé du gâteau en lui-même.
-Je n’ai pas fini ! Prinsesstårta est un gâteau d’origine nordique. Il se compose de biscuit moelleux, en plusieurs couches séparé par de la confiture et de la crème pâtissière. Le vert qui l’enrobe est quant à lui une pâte de sucre au gout …. Et … je ….
Je levais mon autre main pour te faire comprendre que j’avais encore en effet des choses à dire, gagnant un peu de temps espérant que ma mémoire me revienne.
-Si je dois être l’arbitre de ce match Madame, Monsieur… C’est à Monsieur maintenant il ne fallait pas vous arrêter.
Un petit bruit d’agacement s’échappa de mes lèvres alors que mon bras fit finalement un mouvement dans ta direction pour t’inviter à prendre la parole.
-Bien, je continuerai mon argumentaire après.
En réalité je n’avais plus grand-chose à dire et ma description manquait de précision. Mais le temps que tu poses tes connaissances peut-être que … oui. J’allais me souvenir !
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Il n’était pas à proprement parler déçu, mais plutôt déconcerté de la situation : s’il n’avait pas l’habitude d’être oublié, principalement parce qu’il n’était point ordinaire de croiser un Dieu sur cette planète, Thor s’étonnait plutôt de son expression perplexe, qui trahissait une émotion surprenante. Elle n’était pas gênée de le retrouver là, au milieu des gâteaux et friandises, mais avait plutôt l’air de se demander où ils s’étaient déjà croisés par le passé. Est-ce qu’elle avait une mémoire défaillante ? Il semblerait que oui. Ne s’en formalisant guère davantage, l’Asgardien avait été happé par le défi qu’elle lui avait lancé ; son caractère compétitif ne pouvait décemment pas tourner le dos à une telle proposition. Des éclairs malicieux ayant jailli dans ses yeux de mer gelée, Thor avait laissé ses lippes se fendre d’un sourire enjoué tandis qu’elle avançait ses arguments, appuyée par le vendeur qui s’amusait de cette rixe gourmande.
Ne laissant aucune expression particulière trahir ses pensées, Thor l’avait écoutée avec une grande attention, hochant son visage de haut en bas sans la quitter des yeux, véritablement amusé de ce petit bout de femme qui se tenait devant lui, et qui tirait l’air de rien la pince en sa direction. C’est qu’elle ne lâchait pas le morceau ! Le vendeur, devenu arbitre de ce combat acharné et sans pitié, lui donna enfin la parole et Thor s’empressa de tirer à son tour sur la pince, la ramenant dans sa direction avec un petit sourire malicieux aux lèvres :
« Je vous remercie. Pour commencer, je ne vais parler que du gâteau : je ne souhaite pas acheter la boutique mais bien cette part. »
Haussant l’un de ses sourcils en direction du vendeur, qui avait acquiescé avec bonne foi, le laissant poursuivre :
« Tu as dit « gâteau nordique » il me semble, je trouve que c’est un peu flou… » Grimaçant d’un air faussement embêté en haussant ses sourcils, le Dieu n’avait pas perdu de temps avant de surenchérir d’une voix assurée : « Soyons précis : c’est un gâteau suédois. Il est composé de génoise, de confiture de framboises, d’une crème pâtissière à la vanille, de crème fouettée absolument délicieuse et de pâte d’amandes. C’est l’amande qui lui donne sa couleur verte, d’ailleurs ! Mais parfois elle est rose, et même rouge. »
Faisant une légère pause dans son récit, sous l’oeil amusé du vendeur qui avait les lèvres entrouvertes, Thor ne lui avait pas permis de redonner la parole à Raven et avait donc poursuivi son argumentaire :
« La recette originale est apparut pour la première fois dans les années 30, inventé par l’enseignante Jenny Akerström ; elle avait trois princesses parmi ses élèves, Margaretha, Astrid et Martha. D’où le nom du gâteau, je suppose. Ce gâteau est très populaire en Suède, si bien que depuis 2004, il existe la « semaine du Prinsesstarta », qui a lieu durant les dernières semaines de septembre. »
Songeant qu’il en avait assez dit pour le moment, Thor avait penché son visage sur le côté tout en regardant la jolie blonde, attendant de voir sa réaction.
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Pendant tout ton discours, tu me voyais plisser les yeux légèrement fixant les tiens comme si je cherchais à … a quoi ? t’intimider ? Tu n’étais pas le genre. Il pouvait m’arriver d’être intimidante je le savais mais visiblement tu ne semblais pas succomber à mon charme.
Ma bouche resta entre ouverte de longues secondes, essayant vainement de me souvenir de quelque chose de plus, de plus précis que le discours que tu venais de me faire mais rien ne sortait. Je devais admettre que j’avais perdu, et accepter la défaite.
Ma main finit enfin par relâcher la pince, alors que le serveur annonçait une victoire par KO du Dieu du Tonnerre. Esquissant un petit sourire, bien que déçue j’étais à la fois amusée d’avoir eu ce petit échange avec toi. Ce n’était pas tous les jours que l’on avait l’occasion de se battre … Verbalement parlant avec un être ô combien inestimable aux yeux de beaucoup.
-Bien ! Je reconnais ma défaite. Les informations sont beaucoup plus précises que les miennes.
Mon nez se fronça légèrement alors que je regardais pour une dernière fois la part de gâteau. Nous avions joué à la loyale, je me devais donc de respecter le marché. Ce n’était pas le moment de sortir que mes envies de femme enceinte prenaient le dessus et devait surpasser celles d’autrui. Je me gardais ce luxe avec ma garde rapprochée quitte à en abuser quand je serai à un stade plus avancé de ma grossesse.
-Je m’incline !
Machinalement, je me penchais un peu vers l’avant comme si je tenais une robe de princesse. La situation était des plus cocasse… M’inclinais-je face à un roi, un prince ou bien face à ma défaite ? La réponse était évidente mais le double sens de la situation et des protagonistes était assez amusant.
Une question restait tout de même dans ma tête … comment faisais-tu pour en savoir autant sur ce dessert en particulier ? Tes origines surement… Peut-être qu’il y avait les mêmes du temps d’Asgard ? Je faisais tout de même bien attention de ne pas évoquer le sujet me doutant que voir sa planète, ses amis, et sa famille mourir n’avait rien de plaisant à revivre quotidiennement. Mieux valait rester dans cette petite compétition amicale entre deux inconnus pour un bout de prinsesstårta …
-Je n’ai pas l’habitude de perdre un combat … Mais je dois admettre mes échecs même si cela n’arrive pas souvent.
Je t’adressais un doux sourire ainsi qu’un petit clin d’œil alors je prenais une petite boite en bambou sur le côté pour la tendre dans ta direction afin que tu puisses te servir et te saisir de ta récompense. Une main glissée dans mes cheveux pour remettre une mèche qui s’était échappée de derrière mon oreille lors de ma petite révérence, je saisis une autre boite, d’un format beaucoup plus important pour commencer à la remplir à ras-bord de pâtisseries autres … Mais ce n’était pas des prinsesstårta …
-Bon appétit en tout cas ! J’espère que cette version de la recette de Jenny Akerström sera fidèle à la recette originelle….
Ajoutais-je en relevant mes yeux bleutés vers les tiens non sans intérieurement vouloir dévorer le contenu de ta boite.
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La victoire ne se fit point attendre pour le Dieu au caractère ô combien compétitif qui, faisant fi des termes de galanteries auxquels il était pourtant coutumier, avait offert un sourire grandement réjoui à l’arbitre et à son adversaire. Il avait gagné, c’était là d’une évidence peu commune et il n’en avait jamais douté, mais il se galvanisait de l’entendre de la bouche d’autrui. C’était un bien maigre butin mais il devait reconnaître que c’était à la fois amusant et gratifiant, bien que sévèrement enfantin Mais c’était un moment léger et distrayant comme il n’en avait plus connu depuis un temps… Depuis la destruction d’Asgard, peut-être. Sa cité d’or n’était jamais bien loin de ses pensées.
« Bel esprit. »
Commenta-t-il d’une voix encore joviale et d’un sourire poli, tandis qu’elle reconnaissait sa défaite sans être revancharde. Elle eut fini par lâcher la précieuse pince permettant de s’enquérir de la dernière part de gâteau, après avoir mimé une petite révérence qui le fit de nouveau sourire, avec une certaine tendresse. Suivant le mouvement, il avait légèrement incliné le torse et le menton vers le sol avant de rire de bon coeur, le vendeur profitant de la fin du combat pour retourner derrière sa caisse, où des clients attendaient pour régler leurs achats.
« Moi non plus, je n’ai pas l’habitude de perdre un combat. »
Mais il en avait perdu. Beaucoup. Trop, peut-être. Un nuage assombri passant sur son visage, il avait légèrement haussé ses sourcils tout en affichant un sourire amoindri, bien que sincère. Prenant délicatement la petite boite qu’elle lui tendait, il avait glissé le morceau de gâteau à l’intérieur avant de reposer la pince en métal dans le panier vide, tandis que la jolie perdante remplissait sa propre boite. En relevant les yeux vers elle, il sentit poindre comme une petite lueur de culpabilité… Frigga, sa mère, n’aurait pas été très fière de lui. Mais l’avait-elle déjà été ?
« Je l’espère. Bonne journée à vous. »
Lui accordant un dernier sourire qui se voulait complice, Thor avait faiblement hoché son menton de haut en bas avant de s’éloigner de quelques pas pour rejoindre la caisse, payant la part de gâteau durement gagnée. Mais plutôt que de l’emporter avec lui, il demanda discrètement au vendeur de la mettre de côté et de l’offrir à son ancienne adversaire, qui lui tournait encore le dos : le vendeur eut un sourire à la fois amusé et attendri et accepta sans rechigner, lui donnant même une boite vide pour parfaire le subterfuge.
Satisfait de ce qu’il pensait être une belle surprise pour celle qui n’était pas tout à fait une inconnue, Thor avait tourné les talons pour sortir de la boutique, se demandant ce qu’il allait faire du reste de cette journée loin du QG. Il n’avait pas encore envie de rentrer, il avait envie de flâner dans les rues, de se poser sur un banc, de prendre le temps de respirer… De faire une pause. Il l’avait bien méritée, non ? Glissant l’une de ses mains dans ses cheveux blonds, l’Asgardien avait fait quelques pas dans la ruelle pour paresser devant les vitrines, l’esprit ailleurs.
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-Mais nous sommes tous les deux de vaillants guerriers qui connaissons la valeur d’une guerre…. Qu’elle soit pour sauver des vies … ou pour des pâtisseries.
Un petit clin d’œil complice passa sur mon visage l’espace d’un instant alors que, tu me souhaitais une belle journée. Je fis de même un peu déçue de te voir partir si tôt mais pleinement satisfaite de notre échange. Bien que … Je n’avais pas ce que j’étais venue chercher.
-Belle journée !
Pendant que tu partais à la caisse payer ton prix, durement gagné à la sueur de … bon d’accord à la salive, je finissais de remplir une deuxième boite avec plein de gâteaux différents puis je me rendais rapidement en caisse. J’avais bien trop faim pour attendre encore trop longtemps avant de dévorer mes pâtisseries.
La petite clochette retentie pour indiquer que tu partais et alors que je payais ma commande, le vendeur mit mes précieux paquets et leur contenu dans un sac en papier, mais je fronçais les sourcils quand il y ajouta une troisième boite.
-Je n’ai pas …
Ma surprise fut t-elle qu’elle eut au moins le don de me faire taire et perdre mes mots. A travers la partie transparente du plastique je fis la couleur vert si reconnaissable du princesstarta pour laquelle je m’étais honteusement battue.
-C’est un présent. Il m’a dit de vous la donner.
Clignant des yeux à plusieurs reprises trouvant ce geste d’une élégance sans nom, toujours aussi surprise, machinalement, pinçais mes lèvres, choquée mais très flatée, par cette attention, n’ayant pas du tout l’habitude qu’un inconnu fasse cela pour moi.
-Je … Merci !
Dis-je d’une voix rapide en saisissant mon sac en papier que je coinçais dans ma main. Rajustant mon sac à main sur mon épaule je sortis de la boutique, regardant de chaque côté. Droite, gauche, droite, gauche… Mince ! Où était passé Thor ? Un homme de cette carrure cela ne passait pas inaperçu !
Peut-être s’était-il envolé ? Lâchant un petit juron que j’avais appris de plusieurs de mes séjours en France … Dans une autre époque bien entendu, quand mon regard capta enfin celui que je cherchais. Sans perdre de temps, je me mis à courir dans sa direction.
J’aurai pu le héler par son prénom, mais cela aurait beaucoup trop attiré les regards. Accélérant un peu le rythme je slalomais entre les passants avec une agilité assez impressionnante. Et alors que je traversais la rue confiante un taxi pila devant moi dans un grand coup de frein et de klaxon après être arrivé à vive allure.
La voiture c’était arrêté à un centimètre de mes jambes dans un grand crissement de pneus. Le corps tendu mes yeux avaient naturellement virés jaunes sous le bruit et un regard froid se posait sur le chauffeur qui ouvrait sa fenêtre pour m’insulter de tous les noms, les plus grossiers possibles pour une femme.
Cet intermède bruyant allait me faire perdre mon objectif ! Et alors que je serrais les points pour me retenir de lui en mettre une, j’inspirais fortement pour finir par donner un coup de la main sur le capot de sa voiture sous les yeux des passants médusés. Evidemment j’avais contrôlé ma force mais je me retenais vraiment de ne pas lui sauter à la gorge alors qu’il continuait les insultes.
-Salope ! Touche pas à ma caisse ! Sale pute aux yeux jaunes là ! T’es quoi ? Un monstre ? Un de ces tarés d’aliens venu d’une autre planète ?!
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Songeant que ce geste généreux et purement désintéressé allait probablement faire plaisir à celle qui l’avait curieusement oublié, Thor avait quitté la boutique de pâtisseries nordiques sans s’attarder davantage sur cet épisode divertissant. Qu’est-ce qu’il allait faire pour le reste de la journée ? Flâner dans les rues, découvrir de nouveaux coins dans le centre de New-York, boire quelques bières… Errer sur Midgard était bien loin de ce qu’il avait l’habitude de faire sur Asgard, mais il s’était fait à l’idée qu’il s’agissait-là que de la seule vie qui s’offrait à lui. Sa cité d’or n’était plus, mais son peuple était sain et sauf et c’est tout ce qui comptait.
Faisant quelques pas sur le bitume en glissant ses mains dans les poches de son jean, il avait observé les vitrines marchandes en s’étonnant et se questionnant sur l’utilité de certains objets ; il connaissait cette planète depuis fort longtemps, mais ses habitants ne cesseront jamais de l’étonner ou de le surprendre. Un sourire amusé aux lèvres, il ne fut pas véritablement surpris d’entendre des klaxons hurler dans son dos ; c’était presque coutumier dans cette fourmilière humaine. En revanche, les insultes qui fusèrent à la suite ne purent qu’interrompre sa marche tranquille, et celui qui venait d’une autre planète, certes désormais déchue, s’était lentement retourné vers l’homme venant de proférer d’odieuses insultes à l’encontre de l’un de ses semblables.
«. Salope ! Touche pas à ma caisse ! Sale pute aux yeux jaunes là ! T’es quoi ? Un monstre ? Un de ces tarés d’aliens venu d’une autre planète ?! »
Le malotru rugissait derrière sa fenêtre baissée et faisait de grands gestes depuis l’habitacle de sa voiture ; il agissait ainsi parce qu’il faisait face à une femme, et le Dieu avait alors songé qu’il était judicieux d’équilibrer un peu la balance. Se frayant un chemin pour les rejoindre d’un pas rapide, Thor avait lancé un bref sourire complice à la jolie blonde avant de se diriger vers le conducteur, qui remontait sa vitre à la vitesse de l’éclair en le fixant avec des yeux incrédules. La peur se lisait sur son visage, et il avait peut-être raison.
« Elle ne vient pas d’une autre planète. Mais moi, oui. »
Un faux sourire prenant place sur ses lèvres tandis qu’il ne quittait pas le chauve des yeux, le blond avait négligemment glissé sa main contre la portière afin de l’ouvrir — sans l’arracher, faisant trembler l’homme qui se trouvait derrière le volant et qui avait sursauté d’effroi en le voyant se pencher près de lui, une main appuyée sur le toit de la voiture qui avait alors grincé.
« Alors, tu disais ? Je n’ai pas bien entendu ? »
L’homme avait péniblement bredouillé qu’il n’avait rien dit et que tout ceci relevait d’un malheureux malentendu, propos que le Tonnerre savait mensonger. Il s’apprêtait d’ailleurs à lui faire remarquer lorsque, sans prévenir, l’homme avait appuyé sur l’accélérateur pour fuir le lieu du litige. Se reculant de justesse avant que les pneus ne passent sur ses pieds, Thor l’avait regardé s’éloigner en plissant légèrement ses paupières, les vestiges d’un sourire joueur demeurant sur ses lèvres. Bon. Au moins il n’était pas prêt de recommencer… Du moins, il fallait l’espérer.
Se retournant vers Raven, le Dieu avait haussé l’un de ses sourcils en lui demandant, véritablement soucieux de son état :
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