to my surprise, there's no one to blame — (Thor)

’’Et merde’’ qu’il laisse filer entre ses lèvres quand le contenu de son carton, posé au bord de la table ronde disposée près de la fenêtre dans l’une des salles communes, bascule sous le poids qu’il contient, renversant les dits objets sur le sol. Portant son regard vers la source de ce vacarme, dont les tintements ricochent pendant quelques secondes après l’impact, le Cyborg, passé derrière le comptoir de la cuisine, soupire d’un souffle agacé qui est expulsé par le nez, en reposant la tasse qu’il n’a guère eu le temps de remplir. Contournant le comptoir en balayant sa rangée de dents supérieurs avec la pointe de sa langue, il soupire une nouvelle fois en s’agenouillant pour récupérer les babioles qu’il avait oublié dans sa chambre, et qu’il est venu récupérer suite à son emménagement dans une superbe maison de Staten Island. Il aurait dû venir récupérer ses dernières affaires bien avant mais, preuve qu’il n’est guère attaché aux biens matériels, il a tout bonnement oublié. ’’Génial.’’ Râleur dans l’âme — et jusqu’à l’essence même de ses os diront certains, il ploie néanmoins l’un de ses genoux avant d’entreprendre de remplir de nouveau le carton, avec les objets qui sont encore intacts. Usant de sa main métallique pour ramasser les débris de verres, il se dirige vers la poubelle située à côté du réfrigérateur, au moment même où une silhouette, aussi large que haute, se dessine dans l’embrasure de la porte.

La nuque légèrement courbée vers le bas, le brun oscille son menton sur le côté pour saluer le nouvel arrivant en affichant un sourire quiet, qui ne quitte point ses lèvres finement dessinées et entourées d’une courte barbe qui habille également sa mâchoire, même lorsqu’il prononce, d’une voix plus chaleureuse que précédemment : ’’Thor ! Ça faisait longtemps.’’ Maintenant son rictus sincère, il fait un pas en direction de l’Asgardien pour tendre sa main humaine en sa direction. ’’Comment tu vas ? Ça me fait plaisir de te voir.’’ Sincère, il attend que la main tendue soit saisie — ou non, avant de se reculer pour se positionner derrière le comptoir, face à la tasse abandonnée. ’’J’allais me faire un café, tu en veux un ?’’ Si la réponse est positive, Bucky sort une deuxième tasse pour la remplir pareillement de la dite boisson chaude, sinon il se contente de servir seulement sa propre personne. Portant son café à ses lippes pour en aspirer une fine gorgée, il appuie sa main libre sur le comptoir avant de tourner son torse en direction de Thor, qu’il gratifie d’un nouveau sourire. ’’T’es de retour parmi nous ? Pour de bon, je veux dire.’’

Interrompu dans sa maladresse involontaire concernant les affaires oubliées dans sa chambre, le Cyborg ne tarde pas à l’accueillir avec un sourire aussi chaleureux que sincère, auquel le Dieu répond de la même façon. Ils n’ont jamais été proches, Thor et lui, mais non pas à cause d’une quelconque animosité mais plutôt parce que les circonstances ne leur ont jamais permis de faire davantage connaissance ; il est presque effarant de considérer le fait que Bucky a passé plus de temps avec Loki qu’avec celui qui est son allié dans les Avengers, d’ailleurs. ’’Je suis heureux également de te revoir, Bu…’’ l’hésitation, qu’il sent être portée par une retenue armée par la politesse, lui fait baisser le menton de quelques degrés lorsque son sourire s’élargit et qu’il rassure, d’une voix calme : ’’Bucky c’est très bien. Tout le monde m’appelle comme ça.’’ Non, pas tout le monde ; Raven est la seule à pouvoir le nommer James, mais sa meilleure amie jouit d’une place particulière dans son coeur, et les circonstances de cette permission remontent aux années 70, un secret qu’ils gardent jalousement.

Il est heureux d’entendre le mot café, Thor, et cette joie primitive, presque enfantine tant elle est spontanée, lui arrache un bref rire tandis qu’il retourne derrière le comptoir pour servir deux cafés. ’’Sucre ?’’ lui n’en prend pas, mais si le Dieu manifeste une réponse positive, Bucky en ajoute dans sa tasse avant de lui tendre. ’’C’est moi qui l’ai fait, j’espère qu’il ne sera pas infect… Je ne suis pas très doué en cuisine.’’ raison pour laquelle il commande si souvent des pizzas : nul doute qu’il est un client que les restaurants de son quartier adorent.

’’Malheureusement, je ne sais jamais pour combien de temps je suis là. Certaines urgences sur les différents mondes qui sont également sous ma protection nécessitent que je m'y rendre, et je ne sais que rarement pour combien de temps. Heureusement’’ alors qu’il a pressé ses lèvres l’une contre l’autre d’un air désolé, les yeux du Cyborg virent un instant sur la hache de taille impressionnante avant de reporter ses iris bleutés sur le visage de son interlocuteur. ’’le trajet ne me pose plus trop de problème.’’ - ’’Pratique.’’ dit-il d’une voix malicieuse en approchant la tasse de ses lèvres pour en boire une fine gorgée. ’’Tu es revenu pour ton frère, j’imagine ? Je l’ai croisé… À de multiples reprises.’’ Il le balance sans trop de délicatesse et sans prendre de gants, mais il n’est pas connu pour sa grande douceur, Bucky, encore moins quand il s’agit d’un sujet aussi neutre que celui-ci : contrairement à ce que l’on pourrait attendre, le Soldat de l’Hiver n’affiche aucune contrariété puisque, curieusement, les choses se sont apaisées entre eux. Qui l’eut cru, après que le Dieu de la Malice ait tenté de le tuer ?

À la question posée par Thor, Bucky ondule son menton de gauche à droite pour offrir une réponse négative sans perdre son sourire, expliquant calmement ’’Seulement moi. J’ai quitté le centre-ville pour Staten Island, j’ai acheté une belle et grande maison, là-bas. Il faut que tu viennes, d’ailleurs !’’