Dans le cœur de cette ville côtière, se trouve le temple des pythons. Autrefois, il était réservé aux initiés de la religion vaudou, mais désormais ce sanctuaire sacré est ouvert aux touristes, du moins en apparence. Une cinquantaine de serpents sans venin y résident et le culte veut que lorsque l'on place un python autour de son cou, on purifie son corps. La rumeur dit que lorsqu'un être de sang-froid se pose sur un être à sang chaud, un équilibre se créer et l'un comme l'autre enlève les mauvaises ondes et les déchets spirituels. Néanmoins, il existe un endroit secret dans ce sanctuaire. Une trappe qui mène à un souterrain et c'est alors que le temple offre toutes ses caractéristiques. Une véritable vie sous terre. Des hommes et des femmes y sont quotidiennement. Des bokors qui vouent un culte aux serpents et plus particulièrement au loas de la bonté : Demballa Wedo. Dans ces cavernes et plus particulièrement dans une pièce. Un sceptre est entreposé sur une stèle.
Le bâton du serpent blanc.
Planté droit comme un I sur la pierre. Un sorcier vaudou vient s'approcher lentement vers cette relique mystique. Il s'agit là du bien le plus précieux du temple et qui semble attendre son heure. Autour de cette pierre, se trouve un étrange symbole. Le disciple du culte vaudou qui s'était alors approché vient placer de manière traditionnelle de la farine et des œufs de python. Il exécute une offrande au loas et s'agenouille alors pour se recueillir. Un silence se fait ressentir dans cette pièce. L'homme ferme les yeux, l'espace d'un instant et s'incline entièrement vers le bâton. Il se relève ensuite afin de faire demi-tour. Tout à coup, le bâton bouge de gauche à droite ! Interpellé par ce phénomène qui ne se produit que très rarement, le bokor se retourne. Le sceptre bouge de nouveau et il s'agite de plus en plus et l'homme se rapproche pour finir par l'agripper. C'est alors qu'un sifflement lui est soufflé dans l'esprit… Le murmure d'un nom lui est chuchoté…
« JjJjJericho…. »
« Qu’est-ce que… ?! »
« JjJjJjericho… » La voix persiste dans la tête du sorcier vaudou. « Drumm… »
Ni une, ni deux. Celui qui venait de faire des offrandes se rue dans la salle d'à côté. Il court à s'en époumoner et il semble qu'il doive transmettre une information des plus capitale. Dans l'endroit voisin, il y avait un autre individu. D'une carrure imposante et une prestance inébranlable. L'homme était en train d'inspecter un serpentin malade. Il manie l'animal avec douceur et respect. Ce sorcier semblait diriger le temple des pythons et plus particulièrement l'accès secret. Celui qui venait de toucher la relique fait son entrée dans l'enclos du serpentin et tente de reprendre son souffle après s'être autant précipité pour voir le Hougan de Ouidah. Pour rappel : le hougan est le chef spirituel de sa ville et/ou de son pays. C'est lui qui effectue les cérémonies et qui fait les enseignements aux autres bokor de la magie vaudou. Après s'être remis de ses émotions, le disciple décide finalement de prendre la parole envers son mentor.
« Pardonnez-moi de vous déranger Hougan… »
« Qu'y a-t-il ? On dirait que tu as vu un mauvais esprit… »
« C'est la relique. Elle a choisi un hôte ! Elle a prononcé le nom de… » Le jeune sorcier tente de se rappeler. « Jericho… Drumm. »
« Drumm ? » Un sourire vient s'afficher sur le visage du chef spirituel. « Voilà qui est bien étonnant. Décidément, le bâton de Demballa Wedo est bien capricieux. »
« Cela n'a aucun sens ! Il ne fait pas partie du culte ! »
« La relique ne choisit pas en fonction de l’identité de son porteur. Elle choisit en fonction de ses actes de bontés. » Le hougan repose le petit serpentin. Place son index vers son menton en signe de réflexion. Puis, après quelques secondes il dit. « Je te laisse informer le hougan d’Haïti que son petit-fils a reçu l’honneur de participer aux trois épreuves du chemin d’écaille afin de savoir s’il est digne… »
« Ce sera fait… »
Revenons un instant sur la relique. Planté sur cette stèle. Elle ressemble à un bâton enroulé d'un serpent. La tête du reptile qui était en boit commence à s'effriter. Plus précisément au niveau son œil. Le bois tombe en laissant apparaître une pupille jaunâtre. Pupille qui se rétracte légèrement et c'est ainsi qu'un dernier sifflement se fait entendre...
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Ouidah, ville du Bénin.
