Je… suis pas sûr de voir l’intérêt. Mais si, mais si ! Y a des dizaines de cafés différents. Qui a besoin de dizaines de… Avec de la crème, avec du sirop, enchaîne Ola avec un enthousiasme imperturbable tandis qu’elle tracte à moitié son nouvel ami derrière elle, dans les rues de Brooklyn, en direction d’un coffee shop branché. et ils font un petit coeur dessus ! Dessus quoi ? Ben le café. Avec quoi ?
La jeune fille hausse les épaules.
Je sais pas. C’t’une technique. Pour nous draguer ? Pour nous… Hein ? Ben, si c’est un coeur… Ah !
Elle lui fait un clin d’oeil complice.
T’es en manque, hein ?
Genesis se met aussitôt à rougir et à bafouiller toutes sortes de justifications devenues inaudibles, parce qu’ils sont rentrés dans le coffee shop et que la musique d’ambiance est trop forte. Il y a des jeunes avec leurs portables design, des jeunes avec leurs bonnets, des jeunes avec leurs chemises à carreaux et même un type de moins cinquante ans qui porte une moustache : Genesis vient de pénétrer en territoire inconnu.
Ola le traîne devant le comptoir où un employé exagérément sympathique leur demande si « ça groove ».
Eeeeuh…, répond Genesis. Tu veux quoi, demande Ola ? C’est moi qui invite.
Gen’ lève un regard paniqué vers la liste des cafés au nom tous plus impénétrables les uns que les autres qui s’étagent au-dessus de la tête de l’employé.
… euh… Il va prendre un mocha avec du sirop à la vanille. Ah bon, s’étonne Genesis ?
Le type derrière le comptoir lui demande son nom.
Gen’.
Cinq minutes plus tard, Genesis est assis sur un tabouret et il considère sa boisson avec le même air méfiant que si on venait de lui servir un poisson considérablement faisandé. Une télé sur le mur parle d’un phénomène inexpliqué qui agite la communauté des astronomes, une histoire de comète dont le vecteur d’entrée dans l’atmosphère, quelques jours plus tôt, était fort singulier. Et puis l’émission repasse à de la musique branchée.
Gen’ reporte son attention sur Ola. Elle est gentille, Ola, mais elle parle beaucoup et le jeune homme n’est pas sûr de toujours s’y retrouver. Apparemment, les relations sociales entre les filles de l’Institut Xavier sont d’une extraordinaire complexité. Gen’ tente de faire illusion avec des « hmm hmm » et des « ah oui ? » bien placés, mais il sent au regard de plus en plus soupçonneux de son interlocutrice qu’il risque de ne pas toujours s’en tirer à si bon compte.
Il est sauvé par des cris dans la rue. Des chants. Des sirènes.
Non mais regarde-moi ces gros nazes, commente quelqu’un à la table voisine.
Ola et Gen’ tournent la tête vers la vitrine. De l’autre côté, le cortège d’une manifestation est en train d’envahir la rue. Des gens qui n’ont pas tous l’air recommandable brandissent des banderoles et des pancartes tout en hurlant des slogans.
— Super, super, super-di-tion ! Non non non ! À la mutation ! — Muutant ! Si tu savais ! Tes pouvoireuhs, tes pouvoirs ! Mutant ! Si tu savais ! Tes pouvoirs où on les met ! — Aucu ! Aucu ! Aucune hésitation ! Non non non ! À la mutation !
Les fumigènes remplissent la rue. Ola et Gen’ échangent un regard.
On devrait…, commence la jeune fille.
Mais l’un des manifestants lance un pavé contre la vitrine. Elle explose en mille morceaux de verre et…
Les morceaux se figent. Le pavé aussi. Gen’ jette un regard à Ola. La jeune fille a les mains tendues. Le pavé fait marche arrière sur la même trajectoire et la vitrine se reconstitue sous les yeux des spectateurs ébahis.
Dans la rue, une voix beugle :
— Y a des mutants dans le café ! Par ici, lance l’une des employées Par l’arrière boutique ! Il y a une autre sortie.
Tout le monde se précipite. Gen’ pousse Ola dans la direction indiquée.
Mais… Et toi ? J’arrive. T’inquiète.
Pendant qu’elle se rue vers l’arrière-boutique et qu’un groupe de manifestants très remontés se dirige vers le café, Genesis s’approche d’une femme qui a l’air bien plus sereine que le reste des clients. Tout bas, il lui souffle :
Je sens que vous n’êtes pas humaine. Vous devriez venir avec nous. Ça peut être dangereux pour les gens comme nous de rester ici. On sera plus en sécurité de l’autre côté.
Carol Danvers Captain Marvel Agent du S.H.I.E.L.D. Niveau 6
Y a des matins comme ça. Je me lève pas trop tard. Je suis bien reposée. Je regarde par la fenêtre, une belle journée s'annonce. Tout est calme au dehors. Je suis en paix avec moi même. Chewie dors encore paisiblement sur le côte de mon oreiller. Il s'étire tout juste et commence à peine à ouvrir ces prunelles sur le monde qui l'entoure. Un sourire en coin, je sors de la chambre dans mon joli pyjama. Je sens que la petite boule de poils ne va pas tarder à descendre du lit pour me suivre dans la cuisine. Et là c'est le drame !
La vie de super héroïne, même au quotidien, c'est pas génial parce que le plein de placard se fait pas tout seul ! Il est temps d'aller faire le plein... Je grimace et je me lance un café. Boisson quasi universelle dans l'univers ! Tous les mondes ont leur boissons énergisante du matin, mais le goût reste très similaire. Alors oui, le café est universelle ! Les yeux fermés, je respire l'odeur envoutante douce amer de la boisson fumante que je tiens entre mes mains. Une gorgée plut tard, je peux enfin me détendre... Chewie grimpe alors sur le plan de travail, s'aidant de la chaise et commence son balais dansant devant moi miaulement timidement obtenir mes faveurs.
- Tu perds pas le nord toi !
Quand il s'agit de câlin, caresse, attention en tout genre, il sait se faire comprendre. Il se doute que je vais devoir le laisser quelques heures le temps de faire ma corvée de courses. Mais il est tellement chou quand il me regarde comme ça, sa petite frimousse me regardant, assis sur le plan de travail à réclamer un peu d'amour. Il n'avait pas fière allure lorsque je l'avais récupéré au refuge avec Bucky. Mais le coup de foudre avait été instantané. Et depuis, il avait repris du poil de la bête et montrait un tout autre visage. Un chat épanoui eet plein de santé.
* **
Une fois les placards rempli, Chewie miaule en se frottant à mon bras, installer sur le plan de travail de la cuisine. Le repas approche... l'heure du repas est là et j'ai pas encore pu me restaurer. Et... "Flute !" j'ai oublier le café ! Je devrais faire une liste. Et encore, je ne suis pas sûre que je serais capable de ne pas oublier quelque chose tout de même. Alors pour une fois, j'allais m'offrir le coffee shop tendance de la ville et j'allais profiter du reste de la journée à faire un peu de shopping.
- Je ne pars que l'après-midi.
Le ton un peu mou et le geste délicat sur le pelage de mon ami à quatre pattes, je lui fais une sorte de promesse. Je ne le laisserais pas seul longtemps. Alors une fois le sac près, je peux descendre jusqu'au parking. Je suis dans mon style habituel lorsque je prend la moto. Les voitures à New York, c'est une perte de temps. Je peux au moins me réjouir de ne pas avoir à râler après les automobilistes... enfin le plus souvent.
La moto de Natacha, gentiment mise à ma disposition par Sam est entre de bonne main. Un cadeau un peu spécial qui reste comme qui dirait dans la famille. Je prend soin à ne pas l'abîmer, mais ce n'est pas sans compter sur les ahuris qui devraient repasser leur permis ! Mais j'en prend soin, c'est ce qui compte. Cette machine de précision me rend bien de services. Surtout maintenant que je travaille pour le SHIELD. Qui aurait cru que j'accepte de m'enchainer à un job. J'en avais en effet assez de courir. Et la galaxie était plutôt calme. On savait où me trouver de toute façon. Et je voulais protéger ma planète d'origine des menaces. La Terre était un monde seulement ouvert aux différentes technologies, surtout issue de la rétro ingénierie. Elle découvrait seulement son potentiel. Et les extraterrestres venus sur Terre ces dernières années avait aidé à ce développement. Mais elle demeurait une planète exposée, et fragile comparer à certains mondes que je connaissais et j'en connaissais beaucoup...
Il ne me fallait pas longtemps pour trouver un endroit où garer la moto, dans une petite ruelle, non loin du café en question. Je pensais d'ailleurs y trouver plus de monde. Mais un barrage improvisé me masquait un peu la vue et je devais le contourner pour accéder au trottoir d'en face. Les banderoles et les chants étaient plutôt clairs, ils en avaient après les mutants. Mais savaient-ils que Carol Danvers en faisait partie, d'une certaine manière ? Sûrement, mais il fallait qu'on me reconnaisse. Dans mes vêtements civils, personne n'aurait soupçonné qui je pouvais être. Cela me convenait pas mal. Mais visiblement le convois n'avait pas envie que les choses se passent de façon pacifique. Le pavé qui traversait dans un premier temps la vitre le prouvait. Je me pressais de rejoindre le trottoir et me calait près du café. Et l'impensable arriva...
Le temps semblait tourner à l'envers. Mais c'était étrange. Le mouvement était comme un film qu'on rembobinait. La vitre reprenait son allure initiale et le pavé revenait en arrière pour revenir dans la main de celui qui venait de le lancer. "Cool !" Mais la situation allait vite dégénérer.
- Y a des mutants dans le café !
Je me fraye un chemin alors que je tente de devancer les éléments perturbateurs. Et je me place devant le troupeau qui commence à entrer. Un jeune homme, apparemment seul avec le personnel du café, s'adresse à moi plutôt calmement, même si je sens une certaine nervosité.
- Je sens que vous n’êtes pas humaine. Vous devriez venir avec nous. Ça peut être dangereux pour les gens comme nous de rester ici. On sera plus en sécurité de l’autre côté.
Et sans autre forme de réponse je me tourne vers le groupe en faisant luire mes paumes.
- T'inquiète bonhomme, je gère !
Je sens un temps d'arrêt et je penche la tête sur le côté en m'adressant aux premiers intervenant, qui semblait vouloir attraper le jeune homme. Je ne savais évidemment pas qu'il avait des amis avec lui qui s'étaient déjà échappé par l'arrière du café.
- Je vous déconseille d'essayer !
Le temps semble suspendu et on sent une hésitation. Et l'un d'eux crie pour que tout le monde l'entende.
- C'est Captain Marvel !
Alors oui, c'est tout à fait ça, mais c'est sensé dire quoi ? Je ne suis pas venu pour jouer des coude avec une bande de manifestant intégristes qui ne veulent pas des mutants. Je souhaite seulement profiter d'un café tranquille. Mais faut négocier et c'est pas gagné !
- On veut les mutants !
- Alors là, ça va pas être possible ! Sauf si vous voulez souffrir un peu... Parce que c'est ce qui va arriver. On s'en prend à personne. On retourne sagement dans la rue et on poursuit sa petite marche peinard. Et y aurait pas de blessés !
Je me doute que ça va pas coopérer, mais j'ai le droit d'espérer. Une main s'avance et un corps jaillit, essayant de me dépasser pour atteindre le garçon juste derrière moi. En une fraction de seconde, je tend la paume et le fait reculer en envoyant un jet de photon plutôt contrôlé. Il tombe sur les fesses et glisse vers le mur en contrebas de la vitrine.
- Je ne plaisante pas ! Sortez d'ici et tout de suite !
le temps semble être maintenant suspendu. On va faire ça encore combien de temps. Je suis seule contre un groupe et je ne sais pas si l'un d'eux est armé. Je n'ai pas grand chose à craindre, il est vrai, mais ce n'est pas forcément le cas des gens présents dans le café et dehors...
MALICE
C. DANVERS Stories always begins by freindships...
Genesis ne vit pas complètement dans une grotte et il sait à peu près qui est Captain Marvel. Impressionnant. Une vraie célébrité. Le jeune mutant jette un regard en biais à sa protectrice. Et maintenant ? Elle va tabasser tout le monde ou les mecs d’en face vont se décider à se calmer ?
Le gros de la manifestation est passé et il ne reste qu’une dizaine de gars venus pour en découdre, des loubards qui se trouveraient sans doute une autre raison de tabasser des gens si celle-ci ne s’était pas présenté à eux. Certains restent quelques pas en arrière, pas tout à fait sûrs de vouloir se frotter à Captain Marvel. D’autres y voient une sorte de point d’honneur.
OK, c’est le festival de la masculinité toxique, là…, marmonne Genesis.
Le mutant plisse les yeux et se met à fixer intensément l’un des types en première ligne, qui est en train de faire craquer des phalanges, façon street fighter menaçant dans un mauvais jeu vidéo.
Ce type-là est un mutant, souffle Genesis à Marvel.
Est-ce que le mec est au courant ? Est-ce qu’il refoule la conscience de sa propre identité ? Gen’ est bien placé pour savoir ce que ça fait.
Ses muscles sont… ouais… j’sais pas… denses ? Un truc comme ça.
Ce n’est pas très précis, mais il n’a rejoint l’Institut Xavier qu’il y a peu et son éducation médicale reste largement lacunaire. En tout cas, le type s’élance et la première réplique de Marvel le fait à peine tituber. Gen’ fait un pas de côté alors que le combat s’engage.
Une main s’abat sur son épaule.
Tu défends les mutants, toi ?
Le jeune homme se retourne lentement. Y a deux crétins avec des poings américains qui le fixent méchamment. La mâchoire de Gen’ se crispe. Les autres derrière lui seront peut-être enhardis par la pugnacité du mutant caché en leur sein.
Écoute, les mecs, j’suis pas là pour chercher des noises…
Les deux gars ricanent.
Ben nous, si…
Le type lève le poing et Genesis déploie une méthode millénaire, un savoir ancestral, une prise digne des plus grands artistes martiaux.
Il lui décoche un violent coup de genou dans l’entrejambe.
L’abruti écarquille les yeux en laissant échapper un gémissement de douleur suraigu avant de se plier en deux. Tant mieux : il reçoit un deuxième coup de genou dans le menton. Et…
NYPD ! Personne ne bouge ! J’ai dit : personne ne bouge !
Merde.
Genesis n’a même pas entendu les sirènes. Mais les flics sont là, quatre voitures, deux de chaque côté de la rue, et les policiers derrière leurs portières, armes à la main. Dix contre un qu’ils viennent de le voir tabasser un mec.
Le jeune mutant lève lentement les mains. Deux gus de la manif’ tentent de filer à l’anglaise et sont ramenés à des choix de vie plus raisonnables par un coup de matraque bien administré. Le calme retombe soudain sur la rue.
Des flics quittent la protection de leur voiture pour s’approcher et passer les menottes aux protagonistes de la bagarre. L’une d’entre eux tire les poignets de Genesis dans son dos pour les attacher et commence à le bousculer pour le conduire vers un fourgon qui s’est arrêté le long de la rue perpendiculaire. Derrière un petit cordon de sécurité, à quelques mètres de là, des badauds observent la scène.
Gen’ essaie de croiser le regard de Captain Marvel, mais la super-héroïne est absorbée par une discussion avec l’un des officiers de police. On met la main sur la nuque du jeune mutant et il rentre dans le fourgon. Une dizaine de manifestants embarqués plus tard et le véhicule démarre, direction le commissariat de police.
L’ambiance à l’intérieur est tendue. Les mecs en blouson de cuir fixent Genesis avec une animosité manifeste. Heureusement que les flics sont aussi à bord, parce que sinon la situation se règlerait à grands coups de boule.
Ils arrivent au commissariat, on les débarque sans ménagement et au bout de quinze minutes, Genesis se retrouve dans une salle d’interrogatoire, face-à-face avec une flic à la mine fatiguée qui a sans doute mieux à faire de ses journées que de tirer au clair les échauffourées dans la rue.
Nom, prénom. Bearskin, Genesis. Sérieusement ? J’ai pas choisi. Vous avez des papiers ? Dans mon blouson.
Elle fait signe au type en uniforme qui l’accompagne et le gars tire le portefeuille de Gen’ de la poche du blouson. À l’intérieur, quelques billets et une unique pièce d’identité : en permis de conduire émis pendant le snap. Elle l’examine, le regarde et fait hmmm d’un air dubitatif.
Et donc, vous aimez pas les mutants ? Ah non mais ! Au contraire ! Moi, j’faisais que me défendre. Et défendre les autres. Paraît que vous avez la défense sacrément brutale.
Gen’ hausse les épaules.
V’z’avez qu’à demander à Captain Marvel. Elle me connaît. Ouais, et ma tante, c’est la reine d’Angleterre. Enfin, elle me connaît plus ou moins, quoi. Elle vous connaît ou elle vous connaît pas ? Elle… Non mais c’est pas… C’est juste… Euh… On peut recommencer depuis le début ?
Les choses ont toujours une fâcheuse façon de se dérouler. Jamais comme on voudrait et toujours de façon à vous mettre dans l'embarras, mais là, la situation va carrément viré au grand n'importe quoi. Il fallait se douter que dans ce genre de manifestation, il y aurait des intrus, des empêcheurs de tourner en rond. Mais pourquoi faire ? Ben je vous le donne en mille, pour pouvoir se défouler, tout casser, casser du flic au passage... Bref, les gars présents dans le café avec nous étaient pas là pour faire du tricot, c'est sûr. Il me semble même qu'il y en a un qui semble un peu trop sûr de lui... Et le jeune homme derrière moi, sent aussi les ennuis arriver à la vitesse de la lumière.
- OK, c’est le festival de la masculinité toxique, là…
Il a pas tort, ça joue les gros bras, mais sait-il vraiment qui se trouve en face de lui ? Pas si sûr. Mais je vais vite comprendre pourquoi il se frotte à nous, fier comme un man, le regard froid et le sourire aux lèvres.
- Ce type-là est un mutant.
- Génial !
Le jeune homme me souffle une évidence. Mais il a trouvé le moyen de le savoir. Il est un mutant, c'est certain et ces gens là ont sûrement le moyen de se reconnaître entre eux. Où une partie de son pouvoir lui permet de le savoir. Mais du coup, je comprend mieux pourquoi il semble si confient. Et le petit groupe qui le suit, va-t-il prendre part à la bagarre, parce qu'on est bien parti pour devoir en découdre.
- Ses muscles sont… ouais… j’sais pas… denses ? Un truc comme ça.
Ben je suis pas sûr que ça lui serve vraiment plus quand je lui aurais montré de quoi je suis capable. Sait-il que pratiquement rien ne me résiste. Et à moins qu'il puisse m'envoyer des éclairs ou des balles, il est pas vraiment taillé pour me battre, tout mutant qu'il est.
- Charmant. Bien...
Mais curieusement, je ne semble pas vraiment intéresser les autres, parce que je n'ai pas vraiment parlé. Mais que fait-il ici, un mutant, qui déteste les mutant... J'essaye de comprendre la concept, mais j'avoue que c'est encore un peu flou. Et pendant ce temps là je dois gérer les autres pour ne pas que cela dégénère.
- Tu défends les mutants, toi ?
Je suis pas sûr de comprendre pourquoi les deux mecs se parlent en me laissant un peu hors champ. "Allo, les gars, je suis là !" Mais bon, tant que ça bouge pas, je reste à l'écoute et les laisse parler. Mais au moindre mouvement, ça va barder ! J'illumine mes poings et le type s'avance, ne craignant pas grand chose. Je lance une première salve, mais ça a pas l'air de faire grand chose. Il chancelle, mais c'est tout. "Ah, c'est fâcheux, va falloir y mettre un peu plus de cœur." Mais les autres s'avancent. Et le balaisse à déjà attrapé le garçon. Je dois juste m'assurer que les autres feront pas grand chose. Ah ils ont fier allure avec les poings américain, leurs armes archaïques à souhait. Mais je peux m'assurer qu'ils ne bougent pas.
- Vous en voulez en peu aussi. Je me suis juste échauffer là.
Je penchais la tête en plissant les yeux et je fixais le groupe en attendant que ça bouge. Mais il semblait que l'histoire, pour le moment ne concerne que nos deux garçons en train de discuter... si on peut appeler ça discuter. Parce que je sens que ça va pas rester courtois.
- Écoute, les mecs, j’suis pas là pour chercher des noises…
- Ben nous, si…
Et hop, un petit coup de genou bien placé et hop un autre mieux placé au moment où il se plie de douleur. J'avoue, j'aurais pu aussi faire ça... Mais je sens du mouvement et pas question que les autres participent.
- Ah non, vous, vous bougez pas !
J'avance mes poings illuminé et je fronce les sourcils, le regard méchant. Mais on aura pas l'occasion de poursuivre. Des voitures arrivent toutes sirènes hurlantes. Ils se placent de manière à ne perdre personne. "Aie, les ennuis !" Mais je tiens en respect les éventuels fuyards. La situation nous échappe un peu, je crois qu'ils ne savent pas à qui ils ont à faire et je vais pas jouer à l'épreuve de force avec eux. Je suis un agent du SHIELD maintenant et il faut coopérer jusqu'à ce qu'il ait pu m'identifier. Mais pour l'heure, pas le choix, on est tous embarqué. "Carol, prochaine fois, met toi en tenue au pire !"
Bref, on nous cale gentiment dans le fourgon pour le garçon et dans la voiture pour moi. On mélange pas les genres ils paraît. Heu... Ben c'est la première fois que j'entend ça, mais soit !
- Hey les gars, je suis des vôtre moi, j'ai ma carte dans ma veste, si vous voulez bien regardez.
- La ferme ! Tu parleras au poste.
- Okay, mais vous vous plantez les gars.
Je pince les lèvres faussement amusée par leur ignorance. Mais bon, ils vont bien se rendre compte de leur erreur. Et il faut que je dise que le gamin avec moi, il y est pour rien... enfin sauf pour les coups de genoux, mais il se défendait après tout.
* **
L'endroit en bruyant. Y a de l'animation par ici. Et je suis conduite dans une salle. Le petit gars aussi. Je lui fais un clin d'oeil. J'espère qu'il comprend que je vais pas le laisser tomber. Mais pour le moment faut qu'ils comprennent leur erreur.
Je suis assise sur une chaise inconfortable, menottée sur la table à un crochet en acier. Et un officier, un homme mince, présentant plutôt bien, entre et s'installe en face de moi, l'air un peu agacé, du genre "j'ai pas envie d'être là." Et commence...
- Votre nom complet.
- Carol Danvers, ou Captain Marvel si vous préférez.
- Arrête de te payer ma tête.
- Agent gouvernemental, mais je vous apprend rien. Dans ma veste, poche intérieur, y a mon badge.
- Mais bien sûr.
- Je peux vous montrer pour voir, je peux me défaire de mes menottes et vous le montrer si vous voulez ?
Et la je fais briller mes poings en chauffant le métal et je tape sur la table pour défaire le mécanisme des menottes faussé par la chaleur. Je glisse vite ma main dans ma poche pendant que le gars manque de tomber sur sa chaise et je lui pose le badge ouvert sur la table.
- Ca vous ira comme ça ?
La mine déconfit, le gars reprend contenance, pas très rassuré et se penche sur le badge officiel du SHIELD et lis. Il ne dit rien dans un premier temps. Je le ramène à la réalité.
- Bon, maintenant que vous savez que je vous raconte pas des cracks, il est où le gosse ?
- Dans... la salle... à côté. Mes excuses mademoiselle Danvers.
- Y a pas de quoi.
Sur ce, je me lève, dépose les menottes foutues sur la table, je reprend mon badge et je sors pour allez frapper par politesse à la porte à côté. J'entre et je tend mon badge bien ouvert.
- On arrête tout de suite et on démenotte le gamin. Il n'y est pour rien.
On sent bien l'air agacé du gars qui l'entend, mais je suis pas du genre à parlementer. Et je crois que cela se voit.
- Ils t'ont pas trop malmené ?
Je préfère m'assurer qu'ils lui ont rien fait de mal. Je sais qu'on est pas vu comme des humains et certains profitent un peu de leur pouvoir pour en faire voir à ces pauvres gens qui ne demandent qu'à avoir la paix et vivre tranquille.
On lui enlève ses menottes et je l'invite à me suivre. Je voudrais enfin avoir la chance de parler avec lui. Mais faut d'abord sortir de cet endroit, et se trouver un endroit plus sympa, histoire de le mettre aussi un peu en confiance. Il pourra choisir, histoire qu'il se sent plus à l'aise.
- Sortons d'ici. On va se trouver un endroit cool pour discuter... si tu veux bien, évidemment.
MALICE
C. DANVERS Stories always begins by freindships...
Non non, ça va…, marmonne-t-il, avec toute la mauvaise grâce dont on est capable à cet âge-là, et avec un regard plein de reproches au flic qui ne sait plus où se mettre.
Le jeune mutant se laisse entraîner par la femme providentielle qui vient de le libérer de prison et probablement de lui éviter un sale quart d’heure, un peu plus tôt, dans le café. Dehors, New York est fidèle à elle-même : toujours bruyante, toujours agitée et toujours indifférente aux drames qui se sont joués ce jour-là. Gen’ est prêt à parier que la manif anti-mutant n’aura le droit qu’à un entrefilet dérisoire dans un journal de second rang, le lendemain matin.
Parce que y a des endroits cools, dans cette ville…?
OK.
Il est de mauvaise humeur.
Les mains enfoncées dans les poches, ses cheveux mi-longs indisciplinés et sauvages, il fait moins que son âge dans cette attitude, comme un ado contrarié plutôt qu’un jeune adulte. Il n’empêche qu’il emboite le pas à Captain Marvel, tandis qu’ils entreprennent de remonter la rue à la recherche d’un établissement un tant soit peu respectable.
La présence de l’héroïne à ses côtés le fascine. Peut-être pas pour les mêmes raisons que les autres. Genesis a été élevé loin des prouesses des grandes célébrités aux pouvoirs hors du commun et Captain Marvel est une figure vague dans son imaginaire personnel. Mais en revanche, il perçoit ses particularités, la manière de ce corps peu commun fonctionne. Confusément, imparfaitement, mais son pouvoir donne à l’héroïne une existence particulière.
Quatre cents mètres plus loin, faute d’endroits cools, ils s’engouffrent dans l’un de ces bars perpétuellement dans la pénombre qui n’attirent jamais qu’une poignée de fidèles habitués. À se demander comment ils font pour payer les loyers exorbitants dont New York a le secret.
Une femme essuie des verres derrière le comptoir, deux hommes en costume-cravate bon marché finissent d’avaler un café et un vieux fait des mots croisés en sirotant un porto. Plus loin, une fille qui devrait être au lycée s’escrime sur un flipper hors d’âge dans l’espoir de battre le meilleur score.
La propriétaire leur adresse un vague signe de tête. Au-dessus d’elle, enfoncée dans le bar, une télévision muette diffuse des courses hippiques, mais personne n’a l’air de s’y intéresser.
C’est cool, décrète Genesis contre toute attente, parce que l’endroit lui rappelle l’atmosphère des restaurants routiers dont il est si familier.
Captain Marvel et lui se pointent au zinc pour commander.
Un lait chocolaté.
La patronne le regarde comme un extraterrestre.
Ben… j’aime bien le chocolat… Je fais du chocolat chaud. Avec de la chantilly, demande un Genesis plein d’espoir ?
La femme se penche sur le comptoir. Elle dégage une forte odeur de cigarette avec une pointe d’alcool, mais malgré son apparence un peu intimidante, il y a dans son regard une sorte de douceur malicieuse qui rassure.
Pour un joli garçon comme toi, j’pense qu’on peut s’arranger.
La peau mate de Gen’ cache un peu de son rougissement, mais il n’en bafouille pas moins de confus remerciements.
Quelques instants plus tard, sa sauveuse et lui sont attablés au fond du bar, en tête-à-tête.
On ne peut pas dire que Genesis soit très causant : il se passionne pour son chocolat chaud, récupère la chantilly par le bout de sa cuiller, jette un oeil à la télé qui grésille entre les bouteilles d’alcool, se masse la nuque et parvient à religieusement éviter le regard de la super-héroïne. Manifestement, les relations sociales ne sont pas son fort, ce qui ne l’a pas empêché de prendre le contrôle de l’évacuation, dans le café, quand la nécessité s’en est fait sentir.
Vous pensez qu’ils vont finir en taule, demande-t-il brusquement ? Les mecs de tout à l’heure, j’veux dire. L’autre mutant et ses potes. Ou c’est juste… Je sais pas.
Haussement d’épaules;
Genre une amende ou un truc comme ça.
La vérité, c’est que Genesis n’a pas la moindre notion des punitions habituelles dans le système judiciaire. Il a grandi à la marge de la société ordinaire et ces cinq dernières années, on ne peut pas dire que la justice ait été omniprésente dans les profondeurs rurales de l’Amérique.
J'avoue que sur ce point, il a pas forcément tort, je sens bien que la manoeuvre n'a pas eu l'effet excomptée. Il est fâché et je le comprend, mais je n'y suis pour rien... bref, je me met un peu à sa place et j'aurais sûrement eu le même genre de réaction, étant donné mon caractère. Ils l'ont pas volé ces flics après tout. Ils cherchent jamais à savoir et une fois qu'on leur met l'évidence sous le nez, on n'a pas une once de regret, tout juste des excuses. Et la gamin, lui, n'en a même pas eu...
- Bon, sur ce coup là, tu te trompes, y a plein d'endroits génial à New York, sauf ceux là...
Je sous entend le commissariat, le café d'un peu plus tôt et les endroits en général où il se passe des trucs pas drôles. Mais là, c'est sa mauvaise humeur qui parle et il faut lui enlever ce sentiment pour qu'on puisse profiter de notre rencontre pleinement. Et où sont passé ses potes en fait ? Il va peut-être vouloir de leur nouvelles, histoire de s'assurer que tout va bien...
- Tu devrais rassurer tes potes. S'ils savent ce qui s'est passé, ils vont vouloir savoir si tu vas bien.
Une autre manière de l'éloigner de ses noires pensées. Et ensuite, on se trouvera un endroit assez loin de ce commissariat de malheur pour reprendre des forces et nos esprits. Je n'avais pas grand chose à craindre, merci le fait que je sois maintenant une agent d'une grande agence gouvernementale... mais le gamin, lui, aurait eu beaucoup à perdre et pas grand monde pour l'aider apparemment.
- J'espère au moins qu'ils t'ont pas accusé de quoi que ce soit ! Il l'a bien cherché l'autre gars, tout à l'heure. D'ailleurs, joli coup.
Ca prête à sourire, mais bon, autant le félicité et essayer de le faire un peu sourire. J'aurais pas fait mieux en vrai. Je pensais qu'à le faire taire celui-là. Mais le pire dans cette situation c'est que des mutants se mêlaient à la foule, dans les manifestations anti mutants pour mettre le bazar et espérer les faire taire. Un peu excessif comme méthode et la casse qui va avec, qui paye au fond pour tout ça ? Que deviennent ces pauvres gens impliqués malgré eux ? Que fait-on pour les aider. Et surtout pourquoi tant de haine au final ?
On marche d'un pas serein, nous éloignant de cet endroit de malheurs. Il faut trouver un endroit hors de vue et où on peut se poser et parler. Je souhaite en apprendre un peu plus sur lui. Il semble être un bon gars, mais a-t-il l'habitude de se trouver dans des embrouilles ? Question intéressante. Mais il ne voudra peut-être pas y répondre au fond. Et quelque mètre plus loin, derrière un coin de rue, on va se trouver un endroit. Ce n'est pas l'endroit idéal, un bar sombre et peut-être moins accueillant, mais où on peut se poser pour commander.
Visiblement le petit gars à un ticket. Peut-être que cela entamera un peu sa mauvaise humeur du moment. Je souris alors que la serveuse lui fait comprendre qu'avec son minois, il obtiendra d'elle ce qu'il souhaite. C'est touchant et amusant. Je le regarde brièvement et souris. J'espère juste qu'il voit que je ne me moque pas de lui.
- Tu t'es fait une alliée, je crois.
Je lui chuchote alors qu'elle prépare les boissons. Ce sera un capuccino pour moi. Une fois les boissons servies et payées, on peut aller s'installer dans le fond, à l'abri et libre de parler. Mais il est pas très bavard, pensif. Je comprend que ces événements le plonge dans un questionnement sur lui même... ou pas.
- Vous pensez qu’ils vont finir en taule, demande-t-il brusquement ? Les mecs de tout à l’heure, j’veux dire. L’autre mutant et ses potes. Ou c’est juste… Je sais pas.
- Non, c'est peu probable. Ils n'ont pas fait de choses assez répréhensibles pour être emprisonnés, mais un bon rappel à la loi et une amende. C'est pas cher payé, mais tant qu'ils n'auront pas vraiment plus de mal, ils n'auront pas grand chose à craindre. Tout dépend de leur passif.
La violence était courante, mais elle n'amenait pas forcément à ma prison, à moins de vraiment faire du mal et de blesser ou même tuer. Je ne crois pas qu'ils auraient été jusque là, mais ce n'est que mon avis. Cela restait de la provocation et celle-ci n'était pas vraiment répréhensible. La loi était ainsi fait et cela ne stoppait donc pas la violence de certains envers les mutants souvent innocents. Mais il était pourtant mutant, ce gars si je me souvenais bien. Alors pourquoi en vouloir à ses semblables ?
- Mais ne m'as-tu pas dit qu'il était mutant ou qu'un mutant se cachaut parmi eux ? Alors pourquoi s'en prendre à toi ?
J'essayais de comprendre...
MALICE
C. DANVERS Stories always begins by freindships...
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