« Je t’assure que je vais bien, Sif. » Le message est soufflé d’une voix épuisée, une voix qui trahit le mensonge porté par la bouche du leader qui, il faut bien l’admettre, ne parvient à convaincre personne tant il n’est plus que l’ombre de lui-même. La peau de son visage est terne, cireux et diaphane, ses lèvres affichent une teinte presque mauve et ses yeux sont effroyablement cernés, ne brillant point d’une malice qui, d’ordinaire, accompagne pourtant chacun de ses regards — ou presque. Mais si son apparence est inquiétante, nul doute que son esprit est davantage en lambeaux ; mais cela, il ne le dira jamais, Ezekiel. Il préfère détourner toute possibilité d’évoquer le traumatisme en parlant de tout et de rien, en étant perpétuellement dans la confrontation : s’il est insupportable, on a moins envie de savoir comment il va. « J’ai pas besoin de tout ça… »Ça, c’est la perfusion reliée à son bras, qu’il redresse d’un geste vif en dirigeant le dénommé en direction de sa belle-soeur, postée tout près de lui. C’est sa jumelle, infirmière de métier, qui a insisté pour poser toutes ces poches visant à le réhydrater dans un premier temps, mais il considère les liquides suspendus à un support d’un regard presque dédaigneux, le milieu de son nez se fronçant tandis qu’il plisse ses sourcils, retroussant sa lèvre supérieure en tendant sa nuque vers la brune. « Franchement, j’ai ces trucs depuis des heures… J’peux les enlever maintenant, non ? » La réponse se trouvant déjà dans sa question, il gonfle ses joues pour souffler un air agacé en détournant le regard, fixant un point invisible devant lui avant de remettre correctement l’oreiller blanc qui soutient sa nuque, rendue aussi douloureuse que le reste de son corps durement malmené ces derniers jours.
Mais puisqu’il est coincé ici pour une durée indéterminée, le russe est bien obligé de prendre son mal en patience, ce qui n’est clairement pas dans ses habitudes et cela transparait jusqu’au langage non verbal de son corps ; il mordille furieusement l’intérieur de sa joue en balayant l’intérieur de l’entrepôt d’un regard curieux, agitant l’un de ses pieds recouverts de chaussettes noires dans un rythme aussi nerveux que frénétique. « C’est sympa, chez vous. On ne se croit pas dans un entrepôt désaffecté en tout cas. » Les doigts entrelacés sur son ventre plat, il prend une fine inspiration en levant légèrement son menton pour tenter d’apercevoir la figure de sa belle-soeur, à laquelle il adresse un sourire presque mutin, semblable à un enfant qui tente d’attendrir un adulte avant de réclamer quelque chose : « J’ai faim. T’as quoi à manger, ici ? » Après avoir emmerdé Caïn pour obtenir de la nourriture, c’est autour de Sif de subir les exigences de son appétit ; mais puisqu’il n’a presque pas mangé depuis quatre jours, nul doute que sa belle-soeur lui pardonnera volontiers.
crédits/aiwenore
TROUBLE NEVER LOOKED SO DAMN FINE ᭸ I came back and brought the crown with me. I might, just might kick your butt, go run amok then paint my nails. Never learned to raise my hand, was too busy raising hell.
Ils étaient revenus la veille de Sleepy Hollow. Ezekiel et Luhan avaient été sauvé et Vladimir Ranevskaia était enfin mort. Enfin ses enfants survivants pourraient vivre leur existence en paix sans avoir le mafieux pour la leur pourrir.
Beaucoup d'entre eux avaient été blessé. Marlowe, que Sif avait retrouvé (elle s'était mise à l'abris), les autres également. La gravité différait d'un à l'autre dont un des leurs qui avait du être emmené, en plein combat, à l'hôpital le plus proche. Luhan s'en était bien sorti...Si on excluait les blessures morales. Ezekiel avait été torturé. Il aurait du aller à l'hôpital...
Mais...
« Je t’assure que je vais bien, Sif. »
Il était là! Allongé comme un pacha, sur un des lits de l'infirmerie du Q.G. DES TSILLAH! Il aurait du allé à l'hôpital mais la personne qui y parviendrait n'était, malheureusement, pas encore née! Il avait tout bonnement refusé et, en désespoir de causes, Sif et les autres avaient acceptés de l'emmener dans la planque des mercenaires à la solde de l'asgardienne. Les pauvres avaient fait de drôles de tronches en les voyant arriver tout aussi blessés les uns que les autres.
Enfin bref, tout ce bon monde avait été pris en charge par les spécialistes médicaux du groupe.
Sif soupira à la réplique de son beau-frère. Elle insistait pour qu'il reste tranquille, faute d'avoir accepté d'être envoyé dans un vrai lieu de soins. Evidemment, c'était un vrai chat sauvage mixé avec un lionceau et une sauterelle. INCAPABLE DE RESTER TRANQUILLE. Preuve étant quand il était à un cheveux de retirer lui-même la perfusion que Azael lui avait posée. PAS TOUCHE! Bordel! Pire qu'un gosse de 5 ans! Même Luhan était plus mature que ça quand on l'a ausculté pour vérifier que tout allait bien.
Quand il demanda si il pouvait enlever l'attirail, Sif le fusilla du regard. Non. Niet. No. Nada. Нет. A côté, Marlowe - installée dans un simple fauteuil puisqu'elle s'était bien remise de ses blessures, dont une tentative de strangulation - observait la seule mi- amusée, mi- blasée par le comportement enfantin du beau-frère. Si il n'avait pas tout l'attirail médical, personne ne pourrait deviner qu'il avait frôlé la mort de très très près. T'es pire qu'un gosse, Ezekiel! On te l'a déjà dit?! RESTE TRANQUILLE! Sif soupira: ta sœur fait des miracles. Je suis la première à le reconnaitre! Et j'dis pas ça parce que c'est ma chérie... Oui, bon: un peu quand même! Pas ma faute, quand Azael est dans l'équation: je suis tout sauf impartiale. MAIS cria-t-elle. Oopsie! Pas hurler sur un estropié! ...Je doute FRANCHEMENT que tu vas aller mieux instantanément. Laisse le traitement faire son œuvre et laisse Azael décider quand on pourra te l'enlever. Elle mit une main sur sa taille et l'autre bougea en l'air d'un air désinvolte, d'un ton humoristique, elle lâcha: t'as peur qu'elle t'oublie et que tu sois condamné à y être relié ou comment ça s'passe?!
Heureusement qu'elle avait pris un bouquin. D'un œil, elle vérifiait qu'il profitait pas qu'elle soit inattentive pour arracher discretos sa perfusion et de l'autre, elle lisait un bouquin quelquonque qu'elle avait chopé dans une foire aux livres. Un livre dédié aux mythes nordiques. Ouais, nostalgie quand tu nous tiens.
« J’ai faim. T’as quoi à manger, ici ? » RO PUTAIN! Dernière fois que je joue les gardes-malade! Je vais le tuer cet ab... Attendez une seconde!
Quoi?
Elle leva la tête de son livre, les yeux reflétant clairement le trouble qui se passait dans son cerveau, comme si elle tentait de résoudre les problèmes du prix du millénaire, les célèbres problèmes mathématiques réputés insurmontables, et après un blanc aussi long que chiant, elle dit: t'as faim maintenant? Bon, c'est plutôt bon signe vu qu'il n'avait rien avalé depuis plusieurs jours. Pas faute d'avoir proposé mais, après les supplices, son corps s'était retrouvé dans l'incapacité d'avaler quoique ce soit. Elle soupira: tu veux quoi? En règle générale, on imposerait certainement à un menu à quelqu'un qui avait aussi blessé que son beau-frère mais ce dernier était plein de surprise. Si il demandait un grand menu BigMac provenant de la célèbre chaîne de restaurants Fastfood, elle irait lui en faire chercher.
Il tente de négocier, d’abord par une moue enfantine qui se veut attendrissante puis par une exclamation boudeuse, mais sa belle-soeur est inflexible et refuse de le laisser filer aussi simplement : la preuve que pas tout le monde cède devant sa jolie frimousse, aussi chiante soit-elle. Il a gagné la bataille concernant l’hôpital mais l’ennemi l’a attaqué en traitre et le voilà relié à une perfusion qui, paraît-il, doit améliorer son état : ne jamais faire confiance à sa soeur jumelle qui a une formation d’infirmière, c’est la leçon à retenir. « PAS TOUCHE ! » Un grognement agacé s’extirpe de ses lèvres tandis qu’il replie le fameux bras contre son torse, en fronçant ses sourcils et en la considérant d’une oeillade froissée, qui brille de reproches muets ; les dits reproches vont rester muets car il a sait très bien que le refus de la brune est motivé par l’inquiétude qu’il lui cause. « Mais je t’ai dit que j’allais bien ! » Cherchant du soutien dans le regard de Marlowe, il se heurte à un refus effronté là encore, ce qui l’oblige à enfoncer son crâne dans le soutien tout en soufflant un air furieux par la bouche. « D’façon on me croit jamais alors… » - « T'es pire qu'un gosse, Ezekiel ! On te l'a déjà dit ?! » Évidemment qu’on lui a déjà dit, pas plus tard qu’hier d’ailleurs, mais il ne comprend toujours pas pourquoi. « RESTE TRANQUILLE ! » Il se perche sur ses coudes pour la regarder d’un air ahuri, visiblement outré de ce qu’elle lui hurle dessus en cet instant, si bien que son visage exprime une grimace outrée. « MAIS JE SUIS TRANQUILLE JE N’AI RIEN FAIT » Il se défend avant de retomber sur le canapé en grognant de nouveau, croisant ses bras contre son torse avant de gémir de douleur à cause du cathéter, qui l’oblige à déplier les bras. « Ta sœur fait des miracles. Je suis la première à le reconnaitre ! » C’est sans vraiment réfléchir qu’il s’entend dire : « Ce qui se passe dans votre chambre ne me regarde pas, tu sais. » Il est fier de sa blague de beauf donc il adresse un sourire enjoué à Marlowe et Sif, avant de l’entendre crier. Mais qu’est-ce qu’elle est nerveuse, celle-là ! « MAIS,... Je doute FRANCHEMENT que tu vas aller mieux instantanément. Laisse le traitement faire son œuvre et laisse Azael décider quand on pourra te l'enlever. » Autant dire que ce compromis n’en est pas vraiment un pour lui, si bien qu’il se redresse sur le canapé pour s’y asseoir, visiblement dépité de la situation mais résigné à obéir, puisqu’il n’a pas le choix. « Pourquoi c’est elle qui décide, déjà ? » Parce que c’est elle l’infirmière, oui, il le sait mais ce n’est pas vraiment une raison suffisante selon lui. « T’as peur qu'elle t'oublie et que tu sois condamné à y être relié ou comment ça s'passe?! » Se sentant un peu bête (et il l’est probablement un peu), il grimace en appuyant sa nuque contre le dossier su canapé, sans la quitter encore des yeux. « Elle ne peut pas m’oublier, je suis son frère. » Et si jamais quelqu’un l’a oublié : « Son jumeau. »
Mais, comme il est à présent bien réveillé, il a faim. Et il ne tarde pas à le manifester. « T’as faim maintenant ? » Un peu surpris de cette question, il hausse ses sourcils en répondant le plus simplement du monde : « Ben oui, sinon je ne te le dirais pas ? » Cela lui semble tellement logique qu’il s’étonne de devoir le préciser, si bien qu’il grimace légèrement en observant sa comparse. « Tu veux quoi ? » - « Comment je peux choisir si je ne sais pas ce que tu as ? » Oui, il est chiant : il ne fait pas exprès. « Tu as quoi à manger ? Non tu sais quoi, fais-moi la surprise. » Marquant une petite pause, il pointe son livre de l’index en demandant, d’une petite voix : « Je peux avoir ton livre ? Il a l’air bien. »
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Le frère de sa femme était aussi énergique - même après avoir frôlé les frontières du pays des Morts - que l'intéressée était discrète. A croire qu'Ezekiel avait décidé d'être voyant pour deux!
En temps, Sif savait que le rôle de garde-malade n'était pas pour elle. Elle appréciait Ezekiel mais, franchement, s'occuper de lui était comme s'occuper d'un chat sauvage tout juste adopté.
Au bout d'un moment et de quelques remontrances, certaines faites pour - semble-t-il - la forme, Ezekiel décida enfin de rester tranquille et se comporter en blessé de guerre. Sif ne releva pas la pique sur sa vie conjugale avec Azael mais en revanche: on se demande en quoi...Et si c'est elle qui décide c'est parce qu'elle s'y connait en soins médicaux! Lâcha-t-elle dans un souffle quand Ezekiel précisa être le jumeau d'Azael. Dans les faits, c'était vrai: les deux russes étaient très différents l'un de l'autre. Ben alors tu vois? Tu vas pouvoir partir et gambader dans les rues de notre chère ville bien aimée très bientôt et revoir ton Club ainsi que ses membres. Dont Ivan. Sif espérait, de tout cœur, que ce dernier n'avait pas encore explosé une voiture de flics comme au soir du Nouvel An. Je peux demander à ce qu'on t'apporte un jeu d'échecs si tu veux. Je suis sure que Marlowe voudrait apprendre. La dite Marlowe releva à peine son nez d'une des inventions mais leva un pouce en l'air en accord.
Quelques instants passèrent jusqu'à ce que Ezekiel demande à manger. Si il avait faim, c'était qu'il était sur le chemin de la guérison. Si tu as faim, c'est que le traitement d'Azael fait effet. Sourit-elle. Ou sinon, je peux t'envoyer quelqu'un te chercher un fastfood. Il y en avait un pas très loin où certains Tsillah se rendaient quand le menu du jour ne leur disait rien. C'était une célèbre chaine dont on taira le nom parce qu'on veut pas faire de pub! Fouillant dans un dossier, elle en sorti le menu à emporter: tiens. Dis moi ce que tu veux et j'enverrais quelqu'un le chercher. Un menu digne d'un restaurant rapide à quelqu'un en convalescence était pas recommandé. Mais Ezekiel faisait rien comme tout le monde, donc rendu-là: Sif préférait lui accorder quelques caprices tant qu'il ne bougeait pas de son emplacement actuel.
C'est à dire: à l'horizontale avec ses perfusions.
Il se tient tranquille, puisqu’elle l’a demandée. Ou plutôt, il essaye de se tenir tranquille. Il essaye d’essayer de se tenir tranquille ? Il doit ronger son frein pour garder le silence, puisque de toute évidence Sif n’est pas comme sa soeur et refuse de céder à ses caprices, alors il croise ses bras contre son torse avant de grimacer sous la douleur de l’aiguille pliée, étant bien obligé de rallonger ses bras le long de son corps ; même témoigner silencieusement son mécontentement, il ne peut pas ! ’’C’est vraiment pas juste.’’ il se larmoie sans exagérer, ou si peu, si bien qu’il pousse ses lèvres en avant dans une petite moue boudeuse, levant les cils vers la brune afin de l’attendrir mais… ’’on se demande en quoi...Et si c'est elle qui décide c'est parce qu'elle s'y connait en soins médicaux!’’ certes, sa jumelle est la seule des deux à être diplômée en la matière mais il est encore le mieux placé pour juger ce qui se passe dans son corps, et à moins qu’on lui démontre le contraire elle n’y est pas, elle, dans son corps — phrase à ne pas sortir de son contexte, merci. ’’Je dis juste que c’est long’’ non il ne fera pas cette blague : il n’y a pas Ivan pour rire avec lui de toute façon ’’On peut pas accélérer le débit ? Ou je peux pas le boire directement ? Franchement, donnez-moi un verre avec une paille l’histoire est réglée en cinq secondes.’’ est-ce qu’il parle de sincèrement boire le contenu des poches à perfusion ? Oui. Est-ce qu’il serait capable de le faire ? Oui. ’’Je peux demander à ce qu'on t'apporte un jeu d'échecs si tu veux. Je suis sure que Marlowe voudrait apprendre.’’ là, ses yeux s’illuminent et il se redresse sur le canapé pour s’y asseoir, en portant toute son attention sur celle qui a répondu par un pouce levé. ’’Allez viens, Marlowe. Je vais faire de toi une championne.’’ il fait un instant danser ses sourcils sur son front, avant de s’amuser à enrouler le tuyau de sa perfusion autour de son poignet mais, malin comme un singe, il empêche ainsi le liquide d’accéder à sa veine ’’J’crois que ça marche pas votre truc’’ fait-il remarquer en levant le menton vers sa belle-soeur, visiblement décidé à tester sa patience : autant dire qu’elle va en avoir besoin.
Et le pire est à venir car il a faim ; fallait s’y attendre, il n’a rien d’autre à faire que réclamer des choses. ’’Si tu as faim, c'est que le traitement d'Azael fait effet.’’ il ne voit pas trop le rapport mais puisque Sif sourit, il sourit à son tour : c’est le signe qu’on va bientôt le délivrer ! ’’Ou sinon, je peux t'envoyer quelqu'un te chercher un fastfood.’’ c’est une idée suffisamment bonne pour qu’il claque des doigts avant de la désigner de l’index, un grand sourire ornant ses lèvres. ’’Je veux un hamburger avec des frites ! Et un grand soda.’’ dit-il avant de se saisir du dépliant qu’elle lui tend, le parcourant des yeux rapidement au cas-où. ’’Je veux du poulet pané aussi… Marlowe, tu veux quelque chose ? Qui partage une glace avec moi ?’’ se retournant vers Sif, il lui offre un sourire espiègle quand il demande, l’air de rien en se disant que, sur un malentendu ça peut marcher ’’Sinon, je peux téléporter quelqu’un là-bas !’’ qui ne tente rien n’a rien : il s’attend à rien, mais il tente quand même !
crédits/aiwenore
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